"- Dieu nous en garde."

Non, ce ne serait pas si mal de sortir avec Aayden et elle est sûre qu'il fera le bonheur de la fille qu'il choisira et qui le choisira, en espérant que ce sera Corny, puisque c'est de cette dernière qu'il est éprit. Mais, en ce qui la concerne, Lisa n'a absolument aucune intention de sortir avec son meilleur ami. Elle ne l'a jamais envisagé comme un partenaire potentiel. Il est comme son frère. L'homme le plus important de sa vie, celui pour qui elle ferait tout et n'importe quoi, mais elle ne l'a jamais envisagé comme un mari, ni désiré. Il faut dire qu'en-dehors d'Andy, elle n'a jamais aimé. Elle ne s'est jamais sentie amoureuse avant lui, ni même attirée par un garçon.

Un sifflement appelle les garçons pour retourner sur la glace et invite Lisa à quitter les lieux. Même si elle aimerait se glisser dans les abords de la glace pour assister à l'entraînement, le coach ne l'entend pas de cette oreille et, sans faire d'histoire, parce qu'elle n'a pas envie de gâcher son séjour avec Denden pour quoi que ce soit, elle quitte alors la patinoire, résolue à attendre ce dernier dehors.

Du temps qu'il soit en stage, elle en profite pour reprendre un taxi, refaire la route jusqu'à son hôtel, y récupérer ses affaires et régler sa sortie, pour revenir aux abords de la patinoire. S'installant avec sa valise sur un banc devant le bâtiment, elle attend alors patiemment que le jeune homme en sorte et, quand enfin il la rejoint, aussi souriant qu'un bien heureux, elle se redresse et range son téléphone pour lui tendre les bras et l'envelopper dans ces derniers.

"- On ira partout où tu voudras !" promet-elle avant d'esquisser un sourire. "Mais on pourrait d'abord déposer ça à l'hôtel ? Et on profitera du trajet pour décider de ce qu'on fait ensuite, d'où on va..."

Elle propose, avec un grand sourire, ne connaissant rien de Seattle, des choses qu'il y a à faire, à voir, par ici. Ils peuvent regarder ça ensemble, une fois qu'ils seront débarrassés de son bagage.

"- Qu'est-ce que vous avez fait aujourd'hui ? Comment ça s'est passé, ton entraînement ?"

Tu termines de ranger tes affaires dans ton sac, un peu foireusement et hoche la tête quand elle demande pour poser les affaires à l’hôtel.

- Ouais ça m’va. Comme ça j’prends une méga douche, j’balance mes affaires aux lavages et tu pourras voir la chambre qui n’a aucun sens.

Que tu clames en pouffant, avant de chercher du regard un taxi, levant la main pour en appeler un. Comme ça, tu pourras lui donner une carte, qu’elle puisse avoir l’adresse pour ne pas se perdre, retrouver l’endroit si jamais. Pas que tu te voulais protecteur, mais vous deux dans une ville que vous ne connaissiez pas bien, avec tout les risques que cela importaient… Non. Hors de question de la perdre. Tu t’en voudrais, Julia aussi et Myers encore plus. Tu soupires un peu et secoues la tête.

- Chiant. J’sens plus mes g’noux… On était par terre tout l’long. J’garde un bon classement, mais bon. M’en branle un peu. J’sais qu’ça peut m’aider pour l’dossier…

Tu hausses les épaules avant de sourire en voyant une de ces voitures jaunes qui se pointent vers vous. Tu t’approches et donnes l’adresse avant d’ouvrir le coffre avec l’aide du chauffeur pour ranger son bagage et ton sac de sport. Tu ouvres les portières, laissant ton amie entrer en premier. Tu en profites pour lui montrer à travers la fenêtre quelques endroits que tu avais déjà repérés en arrivant ici. Le trajet se fait sans encombre, profitant de cela, tu offres un bon pourboire au chauffeur et laisses le chargé des bagages de vider le coffre.

Le trajet se fait sans encombre, profitant de cela, tu offres un bon pourboire au chauffeur et laisses le chargé des bagages de vider le coffre. On vous regarde bizarrement, mais tu t’en fous. Ce sont des hommes d’affaires, des riches millionnaires qui vous croisent et toi, tu guides Lisa à l’intérieur. Marbre, tapis rouge, lustre de cristal… Tout ce qui faut pour faire rougir des gens et qui te fais vomir. Tu donnes ton nom à l’accueil, précisant bien que vous seriez désormais deux dans la suite, donnant toutes les informations concernant Lisa, les connaissant par cœur désormais. Tu hoches la tête en remerciement avant de prendre la clé.

- Aller.. C’est parti. C’est au douzième.

Que tu dis en arrivant vers l’ascenseur, suivit de prêt par le service des bagages. Tu grimaces, profitant pour regarder ton téléphone, répondant rapidement à un texto pour ton frère. Tu sors, te dirigeant vers la chambre que tu ouvres à Lisa et fait signe.

- Fait comme chez toi.

Que tu prononces, donnant un billet au groom, fermant derrière vous. Tu balances ton sac plus loin, prenant sa valise pour l’amener dans la chambre. Tu profites alors pour prendre comme prévu une douche rapide, chaude, te laissant le temps de laisser tomber toute tension. Tu t’habilles ensuite avec le strict minimum, sans faire d’effort si c’était classe ou pas. Après tout, un bon jogging était plus agréable pour marcher. Tu souris un peu en revenant vers la grande pièce, séchant tes cheveux avec une serviette.

- Vas-y si tu veux aussi. La salle de bain est chaude.

"- Alors go" souffle la demoiselle, le suivant en bordure de route pour arrêter un taxi.

Lui demandant comment s'est passée sa journée, l'homme se plaint rapidement, remarquant qu'il a mal aux genoux alors qu'il est pas mal resté par terre. Le principal malgré tout, c'est qu'il conserve un bon classement. Ce sera bien dans son dossier, ce sera utile, même s'il s'en fou. Ils savent tous les deux que ce stage n'est pas le résultat du désir du jeune homme mais seulement celui de l'ambition démesurée du père de ce dernier qui souhaite voir son fils intégrer les rangers et avoir une grande carrière dans le sport qu'il a choisit pour lui. Si Den avait eu le choix, il aurait sûrement fait autre chose de son été. Comme fantasmer sur sa jolie voisine et la contempler chaque fois qu'il en avait l'occasion.

"- Ouai, j'vois l'genre." poursuit la jeune femme comme un taxi s'arrête juste devant eux, le conducteur descendant pour les aider avec les valises. "Tant que ça te sert... Bonjour !" switche-t-elle rapidement d'interlocuteur, les laissant s'occuper du coffre et des bagages.

Approchant de la portière, elle a un petit rire comme Den la devance, lui ouvrant la portière pour la laisser grimper sur la banquette arrière avant de l'y rejoindre. Si Hardt voyait ça, elle changerait peut-être d'avis sur le p'tit con, en se rendant compte que non seulement il lui ouvre la portière mais, qu'en plus, il ne place de telle manière que personne ne puisse voir sous sa jupe pendant qu'elle monte en voiture. L'ayant rejoint, il joue les guides touristiques dès que la voiture se met à rouler, lui montrant quelques petits monuments, quelques places notables, qu'il a repérés en arrivant trois jours plus tôt.

Ils entrent bientôt dans le luxueux hôtel sans même qu'elle ne fasse attention aux regards qu'on leur lance, curieux de voir deux adolescents trainer seuls sans parents, peut-être, avoir l'air si jeunes et si grands dans un même temps, si responsables, les yeux, les regards, trahissant une maturité qui n'est pas forcément celle des autres de leur âge. Enregistrant la demoiselle au comptoir de la réception, sans rencontrer le moindre problème - preuve que la vie est toujours plus simple quand on a de l'argent - Aayden récupère bientôt sa clé et ils se dirigent vers les ascenseurs pour rejoindre le douzième. Se laissant guider jusqu'à la porte de la chambre de son meilleur ami, elle y entre rapidement comme l'homme lui dit de faire comme chez elle.

"- De toute façon, je suis toujours chez moi chez toi et tu es toujours chez toi chez moi." remarque Lisa.

La valise est rapidement abandonnée par le groom et Denden la lui ramène, si bien que Lisa commence à ranger ses affaires dans la chambre, non sans avoir jeté un regard à l'immense chambre qui a tout d'une suite. Non, ce n'est sûrement pas une chambre mais bel et bien une suite avec un superbe balcon, une vue incroyable sur la ville et tout le confort nécessaire pour un prince. Du grand Sachs père.

"- Je pense que j'vais en prendre une. Les cinq heures d'avion hein..."

Une douche lui fera du bien certainement. Elle ne se fait donc pas prier pour disparaître dans la salle de bain et sort rapidement de celle-ci, les cheveux trempés, ayant enfilé une tenue propre. Elle frotte encore ses cheveux en revenant dans la pièce.

"- J'y crois pas, ils ont vraiment des savons Dior dans la salle de bain..." souffle-t-elle. "Y'a aucun moyen que je ne mette pas tout dans la valise avant de partir." elle rit. En même temps, Sachs a payé pour ça, elle aurait tord de s'en priver. "Bon alors, le programme ? Tu veux faire quoi ?"

- Profite. L’pommeau d’douche est une tuerie !

Que tu gueules alors qu’elle disparaît à son tour dans la salle de bain. Tu profites alors pour jeter la serviette sur une chaise plus loin avant de te poser sur le canapé, regardant la baie vitrée avec vue sur la ville qui s’agite doucement alors que la soirée commence lentement à se profiler. Tu souris, bercer par le son de l’eau utilisée par ton amie alors que tu prends ton téléphone, jouant un peu dessus avant que tu ne te mettes à relire les derniers SMS reçus et envoyés. Tu grimaces un peu. Tu te mets à hésiter un instant avant de relire ceux avec Cornelia. Tu te ronges l’ongle, hésitant à envoyer un message. Mais pourquoi tu le ferais ? Il n’y a aucune raison… Tu soupires, fermant l’application avant de sourire, entendant Lisa qui s’extasie sur les savons de la salle de bain. Tu pouffes.

- Oh bah fais-toi plaisir hein ? J’pense pas qu’l’hôtel l’remarquera. Ou au pire, ça ira sur la facture.

Que tu dis avant de reprendre ton téléphone en soupirant. Tu écris quelque chose à l’intention de la patineuse restée à l’autre bout du pays avant de toute effacer. Tu serres les dents avant de hausser les épaules à la question de la rouquine. Tu avais un peu perdu de courage en peu de temps, à relire tout ça, preuves pour toi que tu n’avançais pas avec la brune que tu aimais tant.

- J’sais pas trop. J’me sens bien d’une soirée genre… Pizza et cinoche… Où kebab et Netflix.. J’en sais rien...

Que tu souffles avant de balancer ton téléphone sur la table basse, passant une main sur ton visage. Tu te maudis un peu pour cette lâcheté avant de te concentrer à nouveau sur la jeune adolescente à tes côtés. Tu fronces les sourcils, en la voyant t’observer, comme si tu avais fait ou dit quelque chose qui ne lui plaisait pas. Tu fronces à ton tour les sourcils, tentant de comprendre.

- …. Quoi ? C’quoi c’regard ?

”- TIIIIIIIIIIIIIIIIIITRE !” qu’elle cri en entrant dans la salle de bain, avant de ressortir la tête pour le regarder et lui faire une petite grimace. “En plus, ça fait longtemps qu’je me suis pas envoyé en l’air !”

Jamais, en fait, mais ceci est un autre débat. C’est c’qui arrive quand tu choisis un meilleur ami pour t’accompagner dans la vie. C’est c’qui arrive quand tu partages tout avec une autre personne, sans pourtant coucher avec, au point que la notion d’intimité n’existe plus vraiment, parce que vous avez vécut tellement de choses ensemble que, de toute façon, l'ambiguïté est enterrée depuis longtemps. Qu’est-ce qu’ils n’ont pas partagés, tous les deux, depuis quatorze années qu’ils se connaissent ? Ils se sont mutuellement vu dans des situations si discutables, si honteuses, que ce n’est pas une petite blague qui jettera le moindre froid entre eux. Au contraire. Quelque part, ça ne fait que renforcer leur amitié. Que la souder un peu plus, sous les délires qui sont les leurs.

”- Toute façon, objectivement, ils vont pas filer des flacons ouverts au client suivant, c’pas vraiment le genre de la maison je pense.” remarque la jeune femme en frictionnant encore ses cheveux, posant son regard sur lui, installé dans le canapé, à regarder la vue qu’il a sur la ville.

Il reporte son regard sur son téléphone et la jeune femme l’apperçoit taper quelques mots sur celui-ci avant qu’il ne les efface tous et il ne faut pas être devin pour comprendre que c’était sûrement un message pour Cornelia. Qu’il s’est dégonflé. Elle pousse un soupir discret avant d’avancer pour récupérer la serviette qu’il a négligemment jeté sur un meuble et s’empresse d’aller la ranger, avec la sienne, dans la salle de bain tout en écoutant sa réponse.

L’hésitation dans la voix, il semble ne pas trop savoir s’il préfère sortir ou se contenter de manger rapidement et passer la soirée sur Netflix. Lisa l’observe, revenue dans la pièce, alors qu’il continue de regarder l’écran de son téléphone, reposant celui-ci. Ok. Mode déprime activé apparemment. Et comme il semble remarquer qu’elle le regarde, elle se remet soudain en mouvement, attrapant les chaussures d’Aayden pour les lui envoyer doucement.

”- Allez, hop, pizza cinéma et on s’bouge le popotin mon p’tit gars !” lance-t-elle en enfilant ses propres chaussures. ”J’vais pas te laisser déprimer toute la soirée. T’as une ville à m’faire visiter, aussi !”

Mentir à Lisa, c'est comme être un enfant de 3 ans, le visage plein de chocolat et ouvertement dire à ses parents que non, c'est pas moi qui ai mangé le gâteau, c'est le chat. C'est devenu impossible avec le temps de cacher quelque chose, de garder un secret, pour le meilleur et pour le pire. De toute façon, tu n'aimes pas non plus lui faire subir ça. Tu préfères encore qu'elle sache ce qui te tracasse sans un mot que de croire que tout va bien dans le meilleur des mondes… Puis, tu n'as plus besoin de parler en vérité. Elle sait, sur ton visage, dans ton regard.

Tu te contentes alors de hocher la tête quand elle te bouscule gentiment. Tu pouffes même quand elle t'envoie tes chaussures presque à la figure et tu te lèves pour la rejoindre, rangeant ton téléphone en poche. De toute façon, ce sera le mieux à faire. Tu pourras lui parler de ce qui te tracasse réellement avec Cornelia, lui botter le cul de voir qu'elle est aussi lente qu'un paresseux sur une route goudronnée avec son crush et vous rigolerez en y pensant, vous gavant de gras et en profitant d'un film prit au pif dans le listing des cinéma ouvert. Signe que le séjour ne sera pas aussi désagréable que prévu.

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Vous êtes enfin sur le départ. Il est tard, tu as failli t'endormir déjà trois fois en salle d'attente, mais qu'importe. Tu avais ton certificat de stage, ton classement et la confirmation que cela sera inscrit dans ton dossier. Tu avais reçu un message de ton paternel confirmant aussi son absence de la maison quand tu arriveras, que ce sera Arthur qui viendra te chercher, sans mentionner ton amie. Mais tu t'en fichais bien. Tu avais tenté d'avoir ta mère au téléphone, mais sa non-réponse te rappelle juste qu'elle devait être devant une machine à sous d'un casino à Vegas en sirotant un martini hors de prix.

Au moins, tu avais réussi à surclasser Lisa qui serait avec toi en première, remboursant intégralement son billet en lui prenant un autre. Une technique Sachs, certes, mais qui fonctionne. C'était ça ou c'était toi qui passait en seconde classe. M'enfin, tout ça était réglé comme du papier à musique et tu as profité de l'absence de ta meilleure amie pour envoyer un message à Myers. Tu pensais devoir négocier, mais… C'était presque trop facile quand tu mettais dans la discussion le nom de la rouquine.

- Je rêve… c'était si simple..

Que tu murmures à voix haute, sans voir qu'on arrivait à tes côtés.

Les vacances touchant à leur fin, l'heure était venue de rejoindre l'aéroport international de Seattle pour leur vol retour. Ils avaient donc débarqués, chargés de leurs valises, surtout le goalie, prêts à rentrer enfin chez eux et profiter de leurs derniers jours de vacances avant la rentrée scolaire. Arrivant avec un peu d'avance pour pouvoir régler la paperasse et essayer de surclasser la demoiselle pour qu'elle puisse passer les cinq heures de vol avec son meilleur ami, ils avaient enfin pu se poser quelques dizaines de minutes plus tard pour attendre leur vol et Lisa en avait profité pour laisser son bagage cabine sous l'étroite surveillance de son meilleur ami, le temps pour aller d'aller leur acheter deux bouteilles d'eau au duty free.

Revenant auprès de lui, s'asseyant à ses côtés comme elle vient de l'entendre parler dans sa barbe, la jeune femme fronce les sourcils et jette un regard au téléphone qu'il tient entre ses mains, s'étonnant quelque peu. Est-ce qu'il vient d'envoyer un message à Cornelia ? Ça n'y ressemble pas. Elle ne sait trop le dire mais… d'habitude, il est loin de trouver ça aussi facile. Le mieux restant de lui demander directement, elle ne manque pas de le faire et semble le surprendre. À croire qu'il ne l'a pas entendu revenir. À croire qu'il était dans son monde.

”- Qu'est-ce qui est trop facile ?” demande-t-elle finalement en lui donnant sa bouteille d'eau. ”Ça a à voir avec une jolie petite brune répondant au doux nom de Cornelia ?” questionne encore la rouquine, la voix chantante pour taquiner un peu son meilleur ami en attendant qu'il lui réponde. "Tu lui disais quoi à ta belle ?"

Tu redresses rapidement la tête vers la rouquine qui venait de revenir et pouffe un peu en rangeant ton téléphone. Tu souris doucement en entendant le nom de la petite brune qui occupe tes pensées depuis des mois et secoue négativement la tête. Non, pour une fois, ce n'était pas le sujet de discussion ni l'interlocutrice mystère qui avait reçu tes derniers textos. Tu remarques les bouteilles d'eau dans les mains de ton amie et en prend une, naturellement.

- Merci.

Que tu prononces simplement avant d'en prendre une bonne gorgée. Tu t'essuies du revers de la main et grimaces un peu, tenant la bouteille du bouchon, la balançant dans le vide.

- Même pas. J'ai réussi à lui envoyer un message pendant l'séjour… J'l'ai effacé, pensant qu'elle oublierai ou répondrait pas, t'sais…

Tu rigoles nerveusement, peut-être trop pessimiste quand il s'agissait de la brune. Tu as un petit sourire triste en coin en y pensant un peu. Tu hausses les épaules.

- Au final elle a quand même répondu et a d'mandé quand on rentrait. J'ai…

Tu baisses la tête. Heureusement que vous en aviez encore pour une heure ou deux avant d'aller à votre porte d'embarquement, prendre l'avion. Tu pourras dormir pendant le trajet comme ça, avant d'appréhender le retour à la maison, la revoir à son balcon ou dans sa chambre, avoir un pincement au coeur et tenter d'ignorer tes sentiments, encore.

- J'ai tenté d'l'inviter à la maison, t'sais ? J'me disais… Qu'elle pouvait profiter d'l'absence d'mes vieux pour pouvoir v'nir et s'baigner … Mais bon … J'me suis dégonflé et j'ai effacé mon invitation… Elle aurait r'fusé de toute…

Que tu souffles en te massant la paume des mains, lâchant au sol la bouteille d'eau. Tu te redresses.

- Et en fait, j'disais que c'était trop simple parce qu'Myers, lui… Bah il a dit oui direct. Il va passer c't'aprèm ou d'main qu'il a dit. Genre il doit encore faire deux trois trucs pour ses vieux avant. J'ai pas eu à négocier, t'vois.

Tu souris en disant ça, comme ayant jeté un pavé dans la mare d'émotion que pouvait être ton amie. Tu souris, récupérant la bouteille pour y boire, attendant sa réaction avec joie et bonheur. Si tu pouvais pas avoir ta belle, hors de question que Lisa ne puisse pas avoir le sien. Tu ne veux pas l'emmener avec toi dans ton malheur.

Apparemment non, ce n’est pas avec Cornelia qu’il était en train de parler. Ce n’est pas elle qui est son interlocutrice mystère, pas elle avec qui ça a été “trop facile”. Alors quoi ? Qui, surtout ? De quoi était-il question exactement ? Sa curiosité est piquée au vif et naturellement, la jeune femme veut des réponses. Elle veut savoir ce qui fait sourire son meilleur ami comme ça, pour une fois qu’elle ne le voit pas déprimé, ces derniers temps, à cause de son abruti de père ou de la jolie petite brune qui occupe toutes ses pensées.

”- Ok et elle te disait quoi ? Tu lui demandais quoi ?” demande la demoiselle.

Il avoue enfin avoir envoyé des messages à sa jolie voisine pendant leurs vacances. Des messages qui ont trouvé réponse mais… elle sait qu’avec la petite brune, ce n’est jamais une information suffisante. Leurs échanges sont parfois calmes, posés et parfois… Parfois Corny ne peut pas s’empêcher de faire une réflexion, d’envoyer une pique, de lui rendre la monnaie des pièces qu’il a distribuées pendant des années. Elle sait donc que parfois, le simple fait que la brune réponde à un message peut être plus apocalyptique qu’une vraie bonne nouvelle.

”- ELle voulait savoir quand est-ce qu’on rentrait ?” s’étonne la jeune femme, fronçant les sourcils face à cette nouvelle. ”Comment ça elle voulait savoir quand est-ce qu’on rentrait ?” demande-t-elle.

Elle ne comprend pas. Elle ne comprend pas pourquoi Cornelia Hardt se soucierait de savoir quand rentre son voisin et ennemi de toujours. Elle ne comprend pas ce que la jeune patineuse pourrait avoir à faire de cette information. Ce n’est pas vraiment le genre de chose à laquelle elle s'attendrait de la part de la patineuse et forcément, elle songe que ça cache quelque chose. Quelque chose sur quoi elle ne peut pas mettre le doigt.

Il voulait inviter la demoiselle à venir se baigner chez lui en l’absence de ses parents mais il s’est dégonflé, pensant qu’elle aurait de toute façon refusé. C’est probable, en effet. Elle aurait pu s’imaginer qu’il voulait la noyer ou qu’il préparait un mauvais coup. Ce qui est certain, aussi, c’est que son frère ne serait probablement pas loin, lui. Et Lisa n’est pas sûre qu’il puisse faire totalement confiance à Arthur. Pas sur la question des voisins.

Quand elle entend la suite, elle se raidit. Myers. A la piscine. Elle met un peu de temps à assimiler ses mots mais… Quand son cerveau les décortique, quand elle comprend ce qu’il dit… Son cœur s’emballe. Myers en maillot de bain, encore une fois, tous ses abdos exposés, sa peau dorée par le soleil… Lisa n’a aucun mal à visualiser la chose, pour avoir déjà vécu cette situation de promiscuité aquatique. Elle ne sait pas si son coeur pourra le supporter une fois de plus. Si la torture avait une définition, ce serait celle-ci. Celle d’avoir Andy Myers sous les yeux, dans une piscine, sans pouvoir y toucher. Sans pouvoir se pelotonner contre lui. Elle se mord la lèvre inférieure en fermant les yeux.

”- Tu veux dire… Andy ? Dans ta piscine ? Tous ses abdos, sa peau au soleil et… Oh seigneur.” souffle Lisa en cachant sa tête dans ses mains, appuyant ses coudes sur ses cuisses. ”J’vais mourir !” affirme-t-elle en gémissant.

Si la question de Cornelia est vite expédiée, tu vois bien à la réaction de la rouquine que celle d’Andy reste vive et active dans la tête de la jeune adolescente. Tu ne rebondis même pas à la question, vu que tu connais la raison principale de pourquoi la brune avait demander pour le retour. C’était surtout, et à raison, par rapport à Myers, trop angoissé à l’idée de ne pas avoir de nouvelle de ton amie. Tu ne lui en voulais pas, sachant bien que ce n’était pas pour tes beaux yeux qu’elle cherchait à connaître la date de ton retour.

Tu avais peut-être un peu espéré quand tu avais reçu le message avant de te rendre à l’évidence. Voilà pourquoi tu avais longuement hésité à lancer l’invitation la première fois, que tu avais quand même osé, contre toute attente avant de lâchement effacé toute trace d’un éventuel rapprochement. C’était comme ça depuis des jours, des semaines. C’est comme ça à chaque fois avec elle. Plus parce que tu as peur qu’autre chose. C’était quelques fois piquant avec elle, froid, plus qu’un parlé naturel, mais tu savais très bien pourquoi. Alors tu hésitais, tu pesais tes mots, les réfléchissais avec soin. Tu ne voulais pas laisser ton impulsivité reprendre le dessus.

Et quelques fois, tu abandonnais juste, laissant la discussion s’éteindre comme si elle n’avait jamais commencé. Voilà pourquoi tu t’étais attardé sur Myers, au moins pour ta meilleure amie. Tu avais toujours cette idée en tête de les rapprocher avant la rentrée. Tu avais le soutien de la brune, au moins ça de positif. Tu avais rigolé à sa réaction et lui caresse le dos tranquillement.

- Roh aller… Écoute… "C’est super, j’accepte l’invitation avec joie. J’passerais peut-être cet aprèm si vous êtes pas trop fatigué, sinon je patienterais jusqu’à demain. Merci encore, Sachs.".

Tu lui donnes des petits coups de coude en souriant.

- Avoue, ça te fait plaisir. Soit pas prude.