Prendre cette décision n'avait pas été des plus simples pour Lisa. Accepter la colocation avec Andy et deux autres personnes, cela voulait dire qu'elle devait laisser sa mère. Qu'elle devait lui imposer la solitude. Ce n'était pas évident. Ce n'était pas quelque chose que Lisa s'était imaginé faire aussi vite, aussi tôt. Dans son esprit, elle avait toujours pensé que quand elle quitterait sa mère, ce serait pour s'installer avec l'homme de sa vie, après son mariage. En réalité, c'était bel et bien le cas, le mariage en moins. Et même, elle s'installait avec les deux hommes les plus importants de sa vie, puisqu'elle allait vivre avec Andy et cerise sur le gâteau, avec Aayden. Elle avait réussi. À vrai dire, le coach n'avait pas été difficile à convaincre puisque lorsque Lisa était allée le voir après la fin du cours, il lui avait révélé qu'il était déjà sur le coup, qu'il devait simplement obtenir l'accord du père Sachs. Celui-ci ne serait pas des plus simples à avoir et tous les deux le savaient très bien mais, finalement, la mère avait signé la paperasse, autorisant son fils à intégrer le programme et, pour des raisons pratiques, il avait été décidé qu'il serait dans la même colocation que sa meilleure amie de sorte à ce que, comme elle le l'avait dit à sa coach, elle a pu se surveiller que le jeune homme prenne bien ses médicaments, pense à aller à ses rendez-vous… elle était sa tête pensante, après tout. Et, cerise sur le gâteau, Cornelia venait compléter la colocation, ce qui n'avait pas manqué de faire sourire la jeune femme. Avec cette proximité, peut-être que la brunette se rendrait compte que son ancien voisin et désormais colocataire n'était pas aussi terrible qu'elle l'avait pensé pendant toutes ces années.

C'est ainsi que ce matin-là elle s'était levée tôt, prenant un bon petit déjeuner avec sa maman, avant de partir en direction de l'adresse qui lui avait été indiquée, pour la remise des clés et l'état des lieux, à dix heures tapantes. Elles avaient chargé le coffre et s'étaient rendues sur place, Lisa grimpant rapidement pour rejoindre les autres tandis que sa mère attendait en bas. En réalité, elle avait été la deuxième à arriver, juste derrière Cornelia. Andy n'avait pas tardé à suivre et… Aayden avait mit un peu plus de temps, au point que Lisa l'avait suspecté d'avoir au choix oublié son réveil ou que son père, évidemment, ait décidé de casser les ovaires. Mais, finalement, lorsque le responsable arrive pour leur faire visiter les lieux, ils sont tous bien là, devant la porte, impatients de découvrir leur nouvel environnement.

"- Oh mais…."

Sa voix se coupe immédiatement, lorsque la porte ouverte dévoile une élégante entrée donnant sur un grand séjour. Lorsqu'elle avait appris qu'ils étaient au dernier étage, elle s'était doutée qu'ils auraient une vue de folie mais elle était loin de se douter que l'appartement serait aussi spacieux, élégant et confortable.

"- On va être bien là !" souffle-t-elle pour Den.

Lorsque Cornelia avait finalement donné son accord pour rejoindre la colocation, parce qu'elle avait appris qu'elle serait dans celle occupée par Andy et Lisa, elle avait toussé lorsqu'elle avait découvert que le quatrième et dernier occupant ne serait nul autre que son ancien voisin, Aayden Sachs. À croire que cela avait été fait exprès, comme s'il n'était plus possible que ce type dégage un peu son horizon et lui laisse de l'espace. Elle avait l'impression qu'il était tout le temps dans les parages depuis quelques mois, occupant trop de ses pensées et discussions, jusqu'à parfois même la mettre en désaccord avec son meilleur ami qui, désireux de ne pas se griller avec Lisa, avait tendance à défendre le garçon même à cause duquel il avait dû la réconforter bien souvent.

La perspective de le croiser au réveil ou en sortant de la douche, ou même de le côtoyer à table, lorsqu'elle serait en train de manger, n'était pas pour la ravir. Elle ne se souvenait que trop bien de la fois où il lui avait dit qu'elle avait les joues d'un hamster. Après ça, elle avait mis des semaines, pour ne pas dire des mois, à cesser d'observer ses joues sous toutes les coutures par peur qu'il ait raison. Elle n'avait guère plus envie de le croiser en pyjama et qu'il fasse une nouvelle remarque sur la planche à pain qu'il la disait être, un complexe qu'elle n'avait pas soigné depuis. C'était quelque peu stupide puisqu'il avait rien dit lorsqu'il s'était vu au bord d'une piscine il y a quelques jours à peine, mais c'était plus fort qu'elle et les complexes ne passent pas comme ça.

Pendant toute la nuit suivante, elle avait pensé à finalement décliner la proposition mais, maintenant qu'elle avait dit à Andy qu'elle allait accepter, elle ne pouvait pas faire marche arrière. Il n'aurait pas compris, il aurait probablement cherché à lui faire changer d'avis de nouveau, et aurait plaidé la cause du hockeyeur. Elle ne le voulait pas.  Non, elle ne voulait pas se lancer dans ce genre de conversation avec lui, ne voulait pas qu'ils se disputent, aussi. Alors elle avait rongé son frein et avait appréhendé cette installation dans son coin, de sorte à ne pas gâcher le bonheur de son meilleur ami, bien trop excité à l'idée de s'installer avec la fille de ses rêves, lui. Maintenant qu'elle s'apprêtait à récupérer les clés de cet appartement… elle espérait ne pas le regretter plus tard. Ses rapports avec Aayden étant encore compliqués, elle ne savait pas vraiment à quoi s'attendre. De stress, elle avait même agrippé la main d'Andy, comme une bouée de sauvetage.

"- Je n'avais pas pensé que ce serait aussi... Grand !"

Tu devais être en train de rêver. Te voilà devant l’immeuble, avec tes valises, un peu dans ton coin pour éviter d’avoir déjà des problèmes avec les deux autres patineurs qui attendent avec Lisa et toi pour pouvoir avoir vos clés. Il était presque dix heures, tu avais failli arriver en retard, mais pour une fois que ce n’était pas de la faute de ton réveil ou de ton père… Non. Par surprise, c’était juste le reste de ta famille qui était en panique totale pour que tu puisses avoir toutes tes affaires. Ton frère avait réussi à faire rentrer ton matériel de hockey dans la camionnette et ta mère avait réuni tous tes documents médicaux pour que, citons, Lisa les ai sous la main au cas où.

Au cas où, quoi ? Que tu finisses aux urgences ? C’est ce que tu avais demandé et, ayant remarqué que ta génitrice, qui semblait sobre, n'avait finalement eu qu’un oui strict comme réponse. À croire qu’ils voulaient que tu quittes rapidement la maison dans les règles en l’absence de ton père, toujours en train de courir après Cherry pour qu’elle arrête de consommer de la poudre blanche. Non. Tu étais dans un putain de rêve pour toi. Tu n’as réalisé que lorsqu’Arthur t’a déposé à la bonne adresse et que tu avais reçu Lisa dans tes bras alors qu’il y avait derrière Myers et Nelly qui t’avaient salué plus simplement.

Ton frère t’avait pris dans tes bras pour te souhaiter bonne chance pour cette année, te demandant d’être prudent avant de partir, laissant les cartons avec le reste des affaires. Mais tu n’allais pas t’en occuper pour le moment, il fallait monter, découvrir derrière cette porte sobre, s’ouvrant dans un bruit distinct, votre nouveau lieu de vie. Tu écarquilles les yeux alors que la personne chargée de vous faire visiter vous confirme que derrière ce séjour avec cuisine ouverte, se trouvait une salle de sport. Elle affirme aussi la présence des quatre chambres à l’étage, la salle de bain commune, la réserve pour le matériel et la salle de jeux… Sans compter un mot qui te plaisait au milieu du discours…

Rooftop.

Il y avait un rooftop avec jacuzzi intégré. Cela voulait dire que tu pourrais de temps en temps avoir la chance d’observer les étoiles à ta guise, sans entendre la voix de ton père pour te rappeler à l’ordre. Cela voulait dire que tu pourrais, un peu, l’espace d’un instant, te perdre pour te calmer, espérer imaginer mille et un scénario en comptant ces boules de feu éphémères si lointaines. Tu pouffes un peu et regardes Lisa.

- Jure..

Oui, vous allez être bien.

Elle avait accepté. Elles avaient accepté toute les deux. Et le goalie serait le quatrième du quatuor. Une bonne nouvelle pour commencer une année en beauté. Tu te doutes bien que ta meilleure amie ne soit pas aux anges au début, mais tu espères pouvoir lui faire changer d’avis. C’est pour ça que tu avais fait un grand effort, te levant aux aurores pour préparer tes affaires, essayant de rassurer ta mère qui t’avait accompagné jusqu’au lieu pour parler avec la responsable avant de te laisser avec tes valises. Tu l’avais câliné, lui faisant la promesse de l’appeler aussi souvent que possible.

Puis tu avais câliné ta meilleure amie, l’embrassant sur la tempe, sentant sa nervosité. Elle appréhendait pour Sachs, c’est sûr. Puis c’était enfin l’heure de la visite, quand le blond était enfin arrivé. Sentant la main de Cornelia dans la tienne, tu lui rendis l’empoigne, prouvant que tu étais là. Tu rigoles nerveusement.

- Ok c’est immense.

Tu souris, en voyant le bar dans la cuisine ouverte. Tu observes les deux canapés dans le salon face à cet espèce de télé géante. La décoration était simple, mais assez sobre. Vous aviez la possibilité de finir vous-même cette dernière en plus. Tu écoutes attentivement le descriptif des pièces avant de te tourner vers celle qui vous fait la visite. Les jeux de clés posés sur la table, il y en avait au moins deux pour chacun, au cas où. Une dernière signature chacun et ça y est… Elle vous laisse tout seuls. Tu pouffes un peu sous le silence soudain et regardes ta meilleure amie.

- On monte voir les chambres ?

Tu regardes Lisa et Sachs, trop excité à l’idée de pouvoir vous organiser pour vivre tous ensemble pour que cette année se déroule sans accro. Lisa semble comme toi, prête à vivre complètement ceci comme une nouvelle expérience. Lui… Par contre… Semble plus sur la réserve. Peut-être aussi à cause de Cornelia.

- Histoire de savoir qui dort où ?

Que tu demandes, pour désamorcer un peu l’ambiance, continuer à s’extasier sur l’endroit bien trop magnifique à votre goût. Mais Sachs ne semble pas de cet avis. Il secoue la tête avant de rajouter doucement.

- Faites. J’ai envie d’monter au rooftop. J’prendrais la chambre qui reste.

Oh. Tu fronces les sourcils un instant. Pourquoi il ferait ça ?

L'appartement est incroyable, à la limite du penthouse si ce n'est qu'il s'agit d'un duplex, et Lisa ne sait plus où donner de la tête. Il y a trop de choses à voir. Le bar, la cuisine ouverte, l'espace salle à manger, le salon, la salle de bain, les chambres… à la mention du toit terrasse avec piscine et jacuzzi, Lisa a l'impression de rêver. Ou d'être subitement devenue une princesse. Jamais même dans ses rêves les plus fous elle n'aurait pu imaginer vivre en colocation avec Aayden et Andy dans un espace aussi incroyable, aussi fou. Jamais elle n'aurait cru qu'elle pourrait vivre dans un tel palace, même si son meilleur ami étant né dans une famille riche l'a un peu habitué à tout ce luxe, de fait. Elle n'aurait quand-même jamais imaginé qu'ils puissent vivre quelque chose d'aussi fou. Elle en oublie presque les sacrifices nécessaires pour ça, comme laisser sa mère et couper le cordon, ce qui sommes toutes n'est pas si simple, même si elle est relativement indépendante depuis un petit moment.

"- Tu penses à ce que je pense ?" souffle la demoiselle avec un sourire pour Aayden à la mention du rooftop.

Bien sûr qu'ils pensent à la même chose. Bien sûr qu'ils pensent à la possibilité de contempler les étoiles, allongés l'un et l'autre l'un contre l'autre sur cette terrasse. Bien sûr qu'ils pensent au calme d'une nuit à la belle étoile à refaire le monde et parler pendant des heures, se confier l'un à l'autre. Bien sûr qu'ils pensent sûrement tous deux à la même chose. Ils ont toujours été sur la même longueur d'onde l'un et l'autre.

Les trousseaux récupérés, Andy propose de monter voir les chambres histoire de se les répartir et Lisa acquiesce avant de s'avancer en direction des escaliers avant de s'arrêter comme Den veut pour sa part aller voir le rooftop, affirmant qu'il prendra la chambre qui reste. Elle lève un sourcil.

"- T'es sûr ?" souffle-t-elle en l'observant quelques secondes, serrant sa main dans la sienne. "Tu veux que je t'accompagne ?"

Ils seront bien, c'est sûr. L'appartement est immense et semble confortable, leur offrant le luxe de pouvoir passer des moments de convivialité comme des moments plus tranquilles, quand ils ont besoin de solitude, si bien qu'elle ne sera pas toujours obligée de croiser le goalie si elle n'en a pas envie, quitte à fuir l'appartement pour aller se dépenser dans la salle de sport commune au rez-de-chaussée du bâtiment. C'est une bonne chose. Elle ne sera pas obligée de sortir courir chaque fois qu'elle voudra avoir la paix. Elle n'oublie pas qu'avec lui les choses sont un peu compliquées et même, ces derniers temps, un peu étranges. Un peu bizarres. Elle n'oublie pas que parfois il la fait sortir de ses gonds, qu'il lui fait péter les plombs.

Elle attrape un trousseau de clés tandis que l'agent quitte la pièce et y glisse rapidement un petit porte-clés la belle et la bête qu'Andy lui a offert il y a quelques mois, ainsi que la clé de la maison parentale avant de glisser le tout dans son sac à main, précautionneusement, alors que son meilleur ami propose de monter voir les chambres afin de se les répartir.

"- Allons y !"

Mais à peine a-t-elle acquiescé, se dirigeant déjà vers les escaliers, qu'Aayden Sachs se manifeste en déclinant la proposition pour plutôt aller voir le rooftop en ce qui le concerne, leur laissant le soin de choisir leurs chambres, affirmant qu'il se contentera de prendre celle qui reste. Elle porte son regard sur Andy et hausse les épaules. Si le goalie préfère aller voir le toit et faire bande à part, après tout, ça ne les regarde pas vraiment, si ? Elle suppose que non et monte alors voir l'étage.

Ils ont l’air heureux de voir la taille de l’appartement. Tu ne peux pas leur en vouloir, ils n’ont pas connu ce luxe qui te rend malade. Tu grimaces devant la froideur des murs, de la décoration, la simple décoration qui manque de couleur. Tu soupires, devant le côté moderne, l’espèce d’épuration de contemporain. Mais tu ne peux rien dire, te contenant de suivre le mouvement en prenant ton jeu de clés pour l’accrocher à celui de celles de ta voiture, trop peur de les perdre. Tu te connais après tout. Mais tu ne te sens pas à ta place au milieu de tout ça.

Tu souris un peu à ta meilleure amie en guise de réponse, sachant très bien ce qui est sous-entendu dans sa question. Oui. Ces petits moments où vous pourrez parler de tout et de rien jusqu’à pas d’heure et que tu pourras la calmer dans ses crises, qu’elle pourra te bercer quand tes angoisses reviendront. Au clair de lune, éclairés par les étoiles, les constellations que tu connais par cœur, attendre les étoiles filantes et faire les vœux les plus fous… Oui… Tout ça… Et pourtant, tu ne te sens toujours pas serein, te grattant le bras en regardant de temps en temps Nelly faire.

Mais à part le bonjour un peu froid, elle ne t’avait pas vraiment adresser la parole. Elle s’était contenté de t’ignorer. Un mal pour un bien. Tu préfères encore ça que de renvoyer les saletés que tu as pu lui dire jadis dans la figure. Alors tu dis que tu préfères t’éloigner un instant. Tu hoches la tête et fait signe.

- Non t’en fais pas Za’. Profite.

Profite d’être un peu avec Andy, que tu sous-entends. Tu jettes un petit regard et tente un sourire à celle qui occupe l’espace de ton cœur avant de monter à l’étage en premier, cherchant l’accès au rooftop. Tu longes le couloir et tombes sur l’escalier à côté de la porte qui doit mener à la fameuse réserve. Tu relèves la tête pour grimper et pousse la trappe qui te sépare de ton but et sourit en voyant la taille du lieu, possédant des banc, un espèce de canapé d’angle, des enceintes et un barbecue. Oh merde, il y a tout pour passer de super soirées.

Tu rigoles un peu et décides de t’allonger en étoile de mer au milieu en inspirant profondément. Oui, tu souris… Parce que tu sais que désormais, tu ne seras pas bercé par les cris, la vaisselle qui se brise ou l’angoisse de vivre un enfer… Tu ne sais pas pour combien de temps tu vas pouvoir rester là, profitant du soleil..

Haussement d’épaule, Cornelia qui ne rajoute rien et Lisa qui s’inquiète encore pour lui. Mais il refuse qu’on l’accompagne, avançant en premier pour rejoindre l’endroit voulu. Tu profites alors pour le suivre, voyant la taille du couloir et des pièces. Tu pousses les portes des chambres, qui semblent identiques, chacune parfaitement bien rangée. Le strict minimum était déposé. Un lit double, un bureau avec un ordi qui vous attendait, une commode et une étagère. Tu rigoles nerveusement et fais signe.

- Ok les filles… Les chambres sont grandes…

Que tu dis en les laissant observer les lieux, te décalant et souriant. Tu t’imagines déjà comment ranger tes affaires, organiser ton futur emploi du temps scolaire pour tenir le rythme. Tu continues ta visite, les laissant s’extasier. Tu vois qu’il y a les cabinets plus loin, des étagères à côté de la réserve aussi et va de l’autre côté en ouvrant la porte de la salle de bain.

- Oh merde…

Tu hallucines devant la place qu’il y a, la douche ET la baignoire intégré avec un double lavabo. Putain, le rêve de gosse ou délire de riche, tu ne saurais pas dire. Tu tapotes dans tes mains en revenant dans le couloir en sautillant vers elle.

- Ok !! C’est méga grand ! Et putain… Oh…

Que tu dis en t’arrêtant, voyant quelque chose que tu n’avais pas remarqué la première fois en passant devant les portes des chambres. Tu rigoles, hilare et montres ta trouvaille aux filles. Tu ne sais pas si elles seront sur la même longueur d’onde que toi, ou alors au moins Cornelia, mais qu’importe. Tu te devais de leur en parler avant qu’elles ne le découvrent elles-mêmes.

- Les portes des chambres, elles ont des ardoises… On peut y mettre les noms comme ça. Ou des conneries. Oh j’approuve l’idée.

Tu tapotes dans tes mains en souriant. Il était temps de passer au choses sérieuses.

- Bon aller. Focus… Qui va dormir où ?

Lisa n'aime pas voir son meilleur ami comme ça. Elle n'aime pas le voir aussi déconfit et dépité, à l'aube même de sa nouvelle vie. Elle voudrait qu'il puisse se réjouir à l'idée de ne plus avoir son père ni sa famille dysfonctionnelle sur le dos. C'est pour cette raison qu'elle a tant insisté pour que le jeune homme soit intégré au programme après tout. Pour qu'il puisse fuir un univers plus que toxique. Mais, pour une raison qu'elle ignore, aujourd'hui, ce dernier tire une tête de cent pans de long. Ce n'était pas vraiment la réaction qu'elle lui avait imaginé, même si elle comprend que tout ce luxe ne l'impressionne pas le moins du monde, lui qui l'a toujours connu. Elle-même apprécie l'espace, la grandeur de l'appartement, le confort de celui-ci, mais n'est pas matérialiste, si bien que ce n'est pas le genre d'appartement qu'elle aurait loué, ni même regardé, si ça n'avait tenu qu'à elle. Mais savoir qu'elle sera ici avec son meilleur ami et l'homme qu'elle aime, cela suffit à son bonheur. Cela suffit à faire de cet endroit, quoi qu'un peu obséquieux, un endroit parfait.

Elle hoche la tête lorsque son meilleur ami lui propose de profiter, même si elle préférerait l'accompagner, ne pas le savoir seul. Ce n'est que quelques minutes après tout et choisir les chambres sera probablement plus une formalité qu'autre chose. Elle doute qu'il y ait de grandes différences. Ce sera surtout une question de vue sur la ville plus qu'autre chose. Une vue sur central Park ou une vue des toits de la ville.

Comme Andy et Cornelia grimpent à la suite du goalie, Lisa leur emboîte le pas rapidement, observant le grand couloir, l'espace de stockage, les chambres… c'est vraiment beau. Grand. Elle n'a pas le temps de tout voir qu'Andy revient dans le couloir en affirmant que les lieux sont incroyables. Elle est bien d'accord. Et le fait qu'il y ait des ardoises sur les portes semble beaucoup amuser le patineur. Lisa esquisse un sourire, adorant le voir comme ça.

"- Vous avez déjà une préférence ?" demande poliment Lisa comme il est question de se répartir les chambres.

Ils se sont décidés et Lisa sort de la sienne après y avoir laissé son sac à main. Une vue sur central Park, juste en face de celle d'Andy, à côté de celle d'Aayden qui aura la même vue et un balcon quasi communiquant. Parfait, même si ça implique qu'il soit dans la chambre juste en face de celle de Cornelia. Le rejoignant sur le toit, elle vient entourer sa taille de ses bras.

"- Comment tu vas ?" demande-t-elle, consciente qu'une question ouverte lui vaudrait un "ça va" malhonnête.

C'est grand, c'est immense, c'est… incroyable. Presque trop. Sûrement trop. Mais avec quatre personnalités aussi différentes ce n'est pas plus mal. Il ne reste plus qu'à personnaliser un peu tout ça pour qu'ils s'y sentent parfaitement bien et ce sera tout simplement parfait. Ils seront bien là, au calme pour étudier et se reposer après leurs entraînements.

La découverte de l'étage confirme ce qu'ils ont déjà tous vu et remarqué. Ils seront bien. Andy, évidemment, avec sa bonhomie naturelle et sa bonne humeur coutumière est tout excité tant par l'espace lui-même que par les ardoises sur les portes. Ça ne l'étonne pas de lui. Et rapidement, avec l'entrain qui est le sien, il propose de se répartir les chambres. Lisa enchaîne rapidement en demandant leurs préférences éventuelles.

"- Honnêtement ça n'a pas d'importance, les chambres se ressemblent toute après tout."

Rapidement ils s'entendent pour que chaque duo de meilleurs amis se partagent un même côté et Cornelia commence à installer ses affaires dans la sienne avant de toquer à celle d'Andy.

"- Je vais descendre chercher mes affaires avant que papa s'impatiente. Tu viens avec moi ? Comme ça on prend les tiennes en passant et on libère ta mère ? Ça doit faire une heure que mes parents attendent en bas, je vais peut-être les laisser aller déjeuner, c'est presque l'heure… d'ailleurs ça te dit si on commande un truc pour ce midi ? On pourrait…" elle hésite. "Genre fêter ça ensemble… Tous les quatre."

Tu ne sais pas combien de temps s'est écoulé depuis que tu es là, à faire le lézard au soleil. Cela a eu du bon, apaiser ton coeur et tes pensées, prendre le temps de te permettre de retrouver tes esprits alors qu'une ombre approche. Tu n'ouvres même pas les yeux, sentant de suite après les bras de ta meilleure amie sur tes hanches. Tu souris un peu en l'entendant, comprenant bien vite ce que voulait insinuer sa question. Tu pouffes doucement.

- Tu veux un doux mensonge ou la dure vérité ?

Tu n'attends même pas la réponse pour te redresser un peu, te mettre en tailleur et croiser son regard en te frottant un œil, la vision qui est trouble. Bleue aussi. Mais bon, le soleil tout ça. Tu grimaces, le temps de te réhabituer à ton environnement et soupires un peu.

- 'Scuze. J'ai mal dormi c'matin et on m'a stressé avant d'venir… j'avais b'soin d'un peu de solitude pour … t'sais… recharger les batteries.

Pourquoi tu t'expliques aussi ? Elle le sait déjà, elle le comprend sûrement, n'étant pas la première fois que cela t'arrive. Tu lui souris un peu et lui prends les mains, signe que tout va bien, t'es prêt à attaquer la journée en beauté, malgré les appréhensions avec la patineuse qui va désormais vivre sous le même toit.

- Alors ces chambres ? Pas d'disputes pour savoir qui dort où ?

Tu te lèves en tendant les mains pour l'aider à te suivre, profitant pour regarder un peu la vue qur la ville. Tu souffles un peu, voyant au loin Central Park. Bel océan de verdure qui donne juste envie d'y balader pendant des heures. Tu fais signes.

- Tu montres où j'crèche et on va finir d'monter les affaires ? Puis faudra graille avant qu'j'tape dans les réserves d'biscuit que j'ai ramené.

Chambre départagée, les noms marqués au feutre sur les ardoises, te voilà l’âme d’un artiste en ayant fait des fleurs sur celle de ta meilleure amie, une sur le point du i de son prénom. Un soleil dans le coin et des patins à glace dessous. Pour la Belle, tu as juste mis la tête d’un ours en peluche et un cœur discret avec aussi une paire de patins. Tu ne t’es pas donné cette peine pour toi, ajoutant juste les patins que tu as noirci comme tu pouvais. Pour le goalie, tu as fait l’effort d’écrire son prénom aussi, de faire une cage de hockey et une crosse.

Au moins, on ne dira pas que tu ne fais pas le pas en avant. Ceci fait, Lisa s’en va, rejoignant le concerné à l’étage et tu en profites pour laisser ton sac à dos dans ta chambre, réfléchissant déjà à comment égayer l’endroit pour qu’il puisse mieux te correspondre. Tu réfléchis aussi pour la gestion des cours, des repas, des besoins et te dis qu’il faudra acheter un de ces calendriers effaçables pour le coller dans la cuisine et le mettre à jour pour tout le monde, histoire de ne rien oublier.


Tu manques de sursauter en entendant qu’on toque à la porte, te retournant rapidement en souriant, voyant qu’il ne s’agissait que de ta meilleure amie. Tu souris en approchant pour entendre ce qu’elle a à te dire et hoches la tête avant de tiquer sur la fin de sa phrase. Cornelia Hardt ? Qui propose de manger tout sauf sainement ? Pour fêter l’emménagement avec les deux autres ? Tu plisses les yeux et poses tes mains sur ses épaules.

- Qui êtes-vous ? Que voulez-vous ? Et qu’avez vous fait de ma meilleure amie ?

Tu rigoles un peu avant de hocher la tête en tapotant dans tes mains.

- C’est une putain de bonne idée, Nyny ! On commande quoi ? Burger King ? McDo ? KFC ? Ou pizza ? Tu veux qu’on s’occupe des affaires avant de les prévenir ?

Avant de monter, Lisa s'était arrêté devant la porte d'Andy, dessinant rapidement un sourire sur l'ardoise de ce dernier, un petit coeur, des bouteilles de plongées et des notes de musique pour combler cette ardoise trop vide à son goût, avant de laisser le feutre et fuir vers le rooftop l'air de rien, avant que Corny ou Andy ne sorte de sa propre chambre.

"- La dure et stricte vérité. Toujours." souffle Lisa tandis qu'elle pose sa tête contre l'omoplate de son meilleur ami.

Il sait qu'il n'a pas besoin de prendre de gants avec elle. Il sait qu'il peut tout lui dire. Il sait qu'elle sera toujours là pour le soutenir, supporter tout ce qu'il pourra annoncer, tout ce qu'il pourra dire et avoir sur le cœur. Il n'a pas besoin d'avoir peur avec elle. Pas besoin de prendre des pincettes. Il peut tout lui dire. Elle a les épaules assez larges pour encaisser tout ce qu'il aura besoin de faire sortir.

"- Tu sais que tu peux tout me dire." souffle la demoiselle comme si elle craignait qu'il ait besoin de l'entendre encore pour l'intégrer. C'est probablement le cas.

"- Oui, je vois." souffle Lisa. "Mais tu sais que t'as pas besoin d'être tout seul tout seul… On peut être seuls ensemble, aussi…" poursuit-elle en déposant un baiser sur sa tempe, le ramenant contre elle.

Elle peut être là et le soutenir tout en se faisant oublier. Elle peut être là, simplement présente, dans le silence, le soutenir par leur proximité, sans le perturber. Juste lui rappeler qu'il n'est pas obligé de tout affronter tout seul, qu'elle peut être là pour le soutenir et pour l'aider, le conseiller si c'est ce dont il a besoin, car elle connaît Aayden mieux que personne, peut-être même parfois mieux que lui.

"- Non pas de disputes. Elles se ressemblent toutes de toute façon… c'est surtout la vue qui change. On a une vue sur central Park tous les deux. Y'a des balcons quasi communiquant. Enfin… je sais que tu vas les enjamber, surtout." remarque la demoiselle.

Elle se redresse comme il lui tend les mains en portant son regard sur central Park justement. Ils seront bien ici. Le rooftop lui-même est incroyable et Lisa remarque les équipements qui le composent. Le jacuzzi, les bancs, la piscine, le barbecue… ils risquent de passer de supers moments ici. Avec un peu de chance cela pourrait rapprocher Aayden et Cornelia.

"- On va peut-être descendre pour retrouver maman qui garde nos affaires et on voit ta chambre juste après ? Tu la connais, elle voudra jeter un œil aussi…" souffle-t-elle avec un sourire.

Quand Andy avait dessiné sur les ardoises des chambres, Cornelia aurait pu jurer avoir vu le regard de Lisa s'illuminer au moment où elle avait remarqué les motifs sur la porte d'Aayden, comme touchée de voir que le patineur avait inclu son meilleur ami dans le délire, touchée de voir qu'il avait aussi fait quelque chose pour lui, sur sa porte. Elle avait pu la voir attraper un feutre aussi et dessiner deux tout petits patins, un pour le patinage et l'autre pour le hockey. Puis, devant sa propre porte, Lisa s'était arrêtée un petit moment pour regarder le dessin et les détails de celui-ci. Un sourire avait étiré ses lèvres et elle avait disparu rapidement du champ de vision de la brune.

Cornelia avait secoué la tête avant d'entrer elle-même dans sa chambre et en ressortir rapidement pour toquer à celle d'Andy et y entrer sans vraiment attendre d'invitation, proposant au jeune homme de descendre chercher le reste de leurs affaires avant de commander à manger, la faim commençant à se faire sentir, surprenant son meilleur ami au passage.

"- Ben… faut bien qu'on mange ?"

Elle lui tire la langue alors que son estomac commence à crier famine et gargouille, indiquant qu'il est plus que l'heure de se préoccuper du déjeuner. Avec Andy il ne fallait parfois -souvent- pas chercher à comprendre, tout ou presque l'amusait. En général, elle était plutôt comme ça aussi. À quel moment était-elle devenue pince-sans-rire ? Sûrement dans l'été, alors qu'elle était préoccupée par un tas de trucs. D'ordinaire, elle était plutôt pleine de vie. La fille qu'elle était dans ces moments-là lui manquait un peu. Mais elle grimace en entendant la réponse d'Andy.

"- Pourquoi que du gras ?" déplore la demoiselle, la mine déconfite. "Mon plan alimentaire, goujat !"

La vérité. Bien sûr que Lisa voudra la vérité. Elle te rassure, encore et toujours, te disant que son oreille est attentive à tes dires, tes doutes et angoisses. Tu ne pouvais pas lui mentir, le fait que tu avais besoin de t’éloigner un temps, l’espace d’un petit instant pour ne plus avoir à réfléchir à comment te comporter en société, ne plus avoir à réfléchir à quoi dire sans laisser ton impulsivité faire n’importe quoi. Tu pouffes un peu quand elle te dit que tu aurais pu être seul, sans être seul. Tu vois très bien de quoi elle voulait parler, bien sûr.

- C’pas contre toi… J’avais vraiment b’soin d’être … seul seul… Mais ça va mieux, t’en fais pas.

Que tu dis en souriant avant qu’elle ne te dise que tout s’est bien passé pour les chambres. Pas de cris, pas de dispute, tout s’est fait sans encombre et tout le monde s’est mis d’accord comme si de rien n’était. Tu souris un peu quand elle te dit pour la vue et rigole doucement pour les balcons. Elle sait, te connaît bien aussi.

- J’pourrais aussi utiliser ce qu’on appelle une porte hein ? Flemme d’enjamber pour risquer d’me casser la gueule en bas…

Pas que vous étiez au dernier, mais un peu quand même. Ce serait con d’avoir un accident en arrivant ici parce que tu as fait ton casse-cou et que tu as mal enjambé une barrière de balcon bancale. Tu rigoles de nouveau et te lèves en tendant les mains pour l’aider à faire de même.

- Deal. Arthur doit déjà être parti, mais il a dû prendre des photos pour ma mère. T’sais qu’elle a failli me mettre une glacière de bouffe en plus ? Genre, on parle de ma mère… Celle qui oublie une fois sur trois de faire le repas pour ses enfants…

Que tu clames avant de descendre pour rejoindre les étages du dessous avant de regarder les ardoises avec les noms et les dessins faits à côté.

- Han marrant…

Que tu dis en voyant le tient avant de te tourner vers la porte d’en face et de blanchir à vue d’œil. Tu déglutis et continues d’avancer. Évidemment que Nelly était en face de toi, fallait que ça tombe comme ça. Tu soupires et retournes dans le salon en cherchant tes clés.

- Ok… J’ai… On va pouvoir rejoindre ta mère en bas.

Que tu dis en laissant la porte ouverte. Sait-on jamais. Les deux autres doivent aussi être en train de remonter leurs affaires. Tu rejoins l’ascenseur pour retourner à l’entrée et câline Julia avant d’attraper le plus gros de ton équipement pour l’amener en haut, laissant Lisa expliquer à sa mère à quoi ressemblait l’appartement. Tu soupires un peu. Pourvu que cette année se déroule bien...

La réponse ne se fait pas attendre, comme une évidence soudaine qui a jailli dans l'esprit de la brune. Elle te tire la langue et tu lui réponds avec le même entrain, une gamineries bien à vous et qui vous fait rire pendant un long moment souvent. Puis tu proposes alors pour le repas avant de rigoler devant sa réaction. Tu rigoles en lui ouvrant la porte pour descendre chercher vos affaires.

- Ah bah voilà ! Là j'te retrouve, toi et ton plan alimentaire ! Non mais au pire, tu prendras une salade. Et déconne pas, ton dernier écart date du mois dernier, donc merde. Prend du gras, ça te fera sourire. J'te filerais mon coca si tu veux.

Que tu clames alors que tu descends pour aller câliner ta mère et saluer les Hardt, le temps de parler un peu, donner des nouvelles et tu montres les photos de l'appartement à ces derniers. Au moins ta mère est rassurée. Elle t'embrasse sur la joue et essayes de rassembler tes sacs que tu portes tranquillement.

- Tu veux de l'aide, Nyny ?

Que tu demandes avant de croiser les deux autres colocataires à la recherche eux aussi de leurs affaires. Le temps de tout remonter, trier, mettre dans les chambres et la salle de réserves. Tu hallucines un peu en voyant la place que prenait l'équipement de Sachs.

- Pourquoi c'est si gros ?

Que tu oses demander au goalie alors que tu accroches tes patins dans un coin.

- C'est ça, où l'palet m'casse les côtes…

Qu'il répond simplement en souriant avant de retourner dans le salon rejoindre les filles. Tu déglutis un peu avant de faire pareil et tu tapotes dans tes mains pour avoir l'attention des trois autres.

- ALORS ! Nyny proposait de commander pour fêter notre aménagement et notre collocation. Ça vous branche ? Puis on a l'aprèm pour nous, autant en profiter pour s'organiser comme il faut pour les prochains jours.

Et dieu sait que cela va être compliqué pour deux d'entre eux…

”- Ok…” souffle Lisa comme il affirme qu’il avait besoin d’être vraiment seul.

Elle a un petit rire comme l'homme fait remarquer qu'il pourrait simplement utiliser une porte, mais elle le connaît. Avec la disposition des balcons, et le fait qu'il s'agit d'un seul et même balcon finalement séparé par une rambarde, qu'il n'y a pas de vide entre les deux, elle est sûre qu'il ne passera jamais par la porte, ou rarement. Que trois fois sur quatre, il se contentera d'enjamber la rambarde et de venir de son côté. Depuis le temps, elle le connaît bien. Ce n'est pas non plus comme si Aayden était particulièrement prudent et puis, surtout, il ne réfléchit pas toujours aux conséquences avant d'agir. Un peu casse-cou, elle ne compte plus le nombre de ses passages aux urgences…

”- Tu dis ça seulement parce que tu n’as pas vu leur disposition !” elle rit. ”C’est en un seul morceau, tu sais ? Et ça prend toute la longueur du mur, donc ils sont… grands. Et juste séparés par une rambarde mais c’est tout. Enfin, tu vas voir ça très vite, de toute façon !”

Avant ça, elle aimerait bien descendre et libérer enfin sa mère qui, avec sa patience légendaire, doit toujours attendre dans la voiture, sans même s’agacer. Lisa sait qu’elle ne dira rien, ne lui en voudra pas, ne lui reprochera pas de prendre son temps, mais quand-même. Elle n’aime pas ça. Elle n’aime pas faire attendre sa mère, même si celle-ci est trop douce et gentille pour le lui reprocher.

”- Alors là… Qu’est-ce qui lui est arrivé, elle est tombée sur la tête ?” demande la rouquine en fronçant les sourcils. ”Maman n’a pas faillie elle, si tu te pose la question.” Lisa pousse un soupir en riant. ”On a de quoi manger pour la semaine, tu la connais…”

Ils descendent, Aayden jetant un œil à la porte de sa chambre et Lisa remarque qu’il semble se figer une seconde en voyant ce qu’elle lui a caché un peu plus tôt… Le fait qu’il va dormir juste en face de la chambre de Cornelia. A vrai dire, il aurait toujours été trop proche d’elle, même si Andy et Corny avaient switché leurs chambres.

”- T’as vu ?” demande-t-elle en changeant de sujet, revenant sur les ardoises tandis qu’ils récupèrent les clés et descendent rejoindre sa mère. ”C’est Andy qui a dessiné sur ta porte. J’ai seulement pu ajouter nos patins !” remarque Lisa avec un sourire.

Qu’Andy s’implique, qu’il ne mette pas Den à l’écart, qu’il dessine sur la porte du goalie, ça l’avait touché plus qu’elle ne pourrait le dire, plus qu’elle ne voudrait le dire. Au fond, ça l’avait remué. Comme l’espoir que, peut-être, ce soit le début de l'apaisement. De la paix. L’espoir que peut-être bientôt elle ne se sente plus comme ayant le cul entre deux chaises, entre le patinage et le hockey.

Elle enlace sa mère, attrape ses affaires et récupère la laisse de Lady en passant, tandis que Julia attrape le mini frigo et la valise qui reste, entrant dans l’ascenseur avec eux après qu’Aayden et Lisa aient récupéré le gros de leurs affaires. Mine de rien, ils ont emmené pas mal de choses avec eux. Il faut dire que l’équipement de hockey en lui-même prend déjà pas mal de place dans l'ascenseur, d’ailleurs.

Leurs affaires installées, sa mère enlacée, embrassée et libérée, Lisa se laisse choir dans un canapé, Lady grimpant sur ses jambes pour se faire retirer sa laisse. S’exécutant, elle libère l’animal qui rejoint rapidement Salchow, tous deux se reniflant l’un et l’autre, s'apprivoisant quelques instants sous les regards vigilants de leurs maîtresses qu’Andy vient interrompre finalement en parlant du déjeuner. Fêter ça et profiter de l’après-midi. Bon plan.

”- J’ai encore quelques affaires à installer dans ma chambre, mais c’est une bonne idée ! Et une fois qu’on aura réglé l’orga, on pourra en profiter pour peut-être aller barboter un peu sur le toit ? La vue est vraiment incroyable, vous n’êtes pas encore allés voir ?”

Évidemment, Andy en fait des tonnes quand elle évoque son plan alimentaire, faisant mine de la retrouver après avoir prétendu l’avoir perdu et elle roule des yeux vers le ciel tandis que ses lèvres s’étirent en un sourire. Quel pitre celui-là, vraiment ! Incapable d’être sérieux trop longtemps. Elle a l’habitude et pourtant, pourtant, il arrive encore à la surprendre, parfois. Pas quand il râle après son plan alimentaire, toutefois. Plan alimentaire qu’elle est probablement la seule à suivre à la lettre dans cette coloc, ce qui lui fait déjà penser que les repas risquent d’être compliqués parfois pour elle. Entre Andy qui prend le plan alimentaire à la légère, Lisa qui peut manger ce qu’elle veut sans sembler prendre un gramme et Aayden qui bouffe comme un ogre à ce qu’il se dit, elle n’est pas aidée.

”- Tu sais que je peux prendre du coca moi-même sinon, sans voler le tien ?” remarque Corny en poussant un soupir. ”Et les salades des fast food sont encore pire que les plats, tu sais…”

D’un autre côté il n’a pas tort, elle n’a pas fait d’écart depuis leur mcdo du mois dernier, a enchaîné les entraînements quotidiens, est sortie courir tous les jours… Elle peut sûrement faire une entorse à son régime. Elle peut sûrement s’autoriser un peu de gras, pour une fois. Ou avec un peu de chance, ils pourront trouver un compromis, du genre… des sushis ? Elle pourrait en manger un peu et prendre beaucoup de sashimis pour faire le plein de protéines. Ce serait une bonne alternative. Avec un peu de chance… Elle peut compter sur Lisa pour l’aider.

”- Sushis sinon ? J’crois me souvenir que c’est le plat préféré de Lisa, non ?” demande-t-elle.

Rapidement ils descendent récupérer leurs affaires et Cornelia récupère les siennes, son chien, avant de regarder le dernier sac. Merde. Elle a besoin d’aide, oui, comme le propose Andy, mais il est chargé lui aussi. Elle ne peut pas en plus lui demander de prendre les affaires de Salchow pour elle.

”- Ben manque un sac. Mais je vais revenir le chercher !” affirme-t-elle avant de filer vers l’ascenseur pour ouvrir le porte à Andy. ”Tu penses qu’on va pouvoir rentrer à deux avec tout notre bazar ?”

Elle en doute sérieusement et, en fin de compte, laisse Andy grimper le premier avant de grimper à son tour, Salchow à ses pieds et le sac de ce dernier ramené par son père dont la mine semble assombrie depuis qu’il a vu Sachs Junior. Alors elle expédie les au-revoir, de peur qu’il ne décide de retirer son accord. Elle ne peut pas faire ça à Andy.

Rapidement elle sort, ramène ses sacs tant bien que mal dans l’appartement et libère Salchow de sa laisse et son harnais tandis qu’un petit Beagle, Lady, lui fonce dessus, les deux toutous se reniflant. Elle les surveille tandis que la voix d’Andy se fait entendre, proposant un plan pour le reste de la journée et transmettant l’idée de déjeuner ensemble tous les quatre. Lisa en rajoute avec une soirée sur le toit.

”- J’ai pas pu monter encore non. Mais on peut faire ça oui…”

Elle voit bien que le fait d’avoir la brune en face ne t’aide pas vraiment, mais essaye de détourner ton attention sur les ardoises sur les portes. Tu souris un peu, hochant la tête quand tu apprends que c’est Andrew qui s’est appliqué à faire des petits dessins représentant un peu ce que vous étiez. Tu fais un petit sourire avant de te concentrer sur les affaires à monter et descendre. Tu surveilles du coin de l’œil les deux chiens qui se tournent autour… De tes jambes et essaye ensuite de remonter l’espèce de petit frigo qui appartient à ton amie.

Tu arrives après ce qui semble être une réunion entre la colocation et écoute attentivement ce qui est prononcé, prévu et souris un peu.

- J’installe Miguel et j’arrive. Sushi c’midi c’est ça ?

Que tu dis le plus naturellement du monde avant de te rendre compte que les chiens étaient dans tes pattes, encore une fois. Tu fronces les sourcils en essayant de voir où tu mettais les pieds, ne voulant pas marcher sur les pattes des toutous. Déjà que ce n'est pas la joie avec la patineuse, si en plus tu faisais du mal à son chien… Qui est petit en plus, l’animal.

- Lady, non, j’ai pas l’temps d’jouer, j’ai les mains pleines ! M’fait pas tomber ! J’vais marcher sur l’chien d’Nelly !

Que tu râles en parlant au beagle comme si de rien n’était. Beagle qui se pousse et te suit avec le Loulou sans que tu ne t'en rendes compte dans un premier temps. Tu as un truc avec les chiens, tu n’as jamais compris pourquoi, alors que ton père avait toujours refusé d’avoir des animaux à la maison. Tu essayes de voir où Lisa voulait son frigo dans sa chambre, le pose dans un coin avant de te retourner, voyant les deux paire de yeux qui te fixaient du regard.

- Quoi ? C’pas moi, vot’ maman les gars… Aller venez. On va aller grailler.

Que tu dis avant d’attraper les deux chiens, posant le loulou sur tes épaules et prenant le beagle dans tes bras assez facilement pour sortir de la chambre avant de rejoindre tout le monde pour manger, la commande ayant été reçu apparemment. Tu soupires.

- J’vous rends les toutous hein ? J’suis envahi !

Tu tapes dans tes mains en entendant pour les sushis et hoches la tête. Comme une illumination, une résolution de problème pour faire une pierre deux coups. Manger et gagner des points auprès de ta partenaire de patinage.

- T’sais que tu es une génie !

Que tu dis en l’embrassant sur la joue avant de te dépêcher pour les affaires et de proposer de prendre le temps à quatre de vous organiser. Tu ne sais pas comment vous avez réussi à tout monter, mais c’est le cas, et même les chiens semblent ravis de leur nouvel environnement… Avant de se mettre à tourner autour du goalie sans aucune raison. Tu fronces les sourcils quand il parle de … hein ? Tu regardes Lisa, perdu. De quoi il parle ?

- Miguel ?

Tu suis le blond du regard qui semble ne pas avoir trop de problèmes à soulever ce qui ressemble à un putain de carton grande taille. Il n’avait pas demandé d’aide et tu n’osais pas le faire, le voyant parfaitement confiant dans sa manœuvre. C’est quoi qu’il porte bon sang ? Bonne question, mais il semble plus emmerdé par les chiens qui le suivent. Ok, non, d’accord… Il est costaud… Tu grimaces et essayes de rappeler à l’ordre le chien de ta meilleure amie qui semble n’en faire qu’à sa tête.

- Salchow !! Descends!!

Mais rien à faire, le loulou suit le mouvement et disparaît à l’étage avec le reste de la troupe. Tu bug et regardes Corny.

- Je… Normalement, il m’écoute...

Tu secoues la tête, perdu avant de sortir ton téléphone pour commencer à commander. Tu le tends ensuite aux filles pour qu’elles puissent choisir, faisant confiance en Lisa pour prendre la commande de ton meilleur ami, toujours à l’étage avec les compagnons à quatre pattes. Tu profites pour aider à commencer à trier les affaires, préparer la table de la salle à manger et bug en voyant Sachs revenir avec les chiens dans ses bras.

- Comment tu… Salchow n’aime pas les gens qu’il connaît pas normalement...

Que tu dis, croisant le regard de Corny, connaissant assez bien son chien pour le savoir. La première fois, il t’avait aboyé dessus comme si tu étais un pestiféré. Tu sors les gamelles pour les poser dans un coin, donnant à manger aux toutous pour qu’ils puissent avoir ce qu’il faut et surtout, qu’ils puissent boire.