Elle hausse les épaules. Dans toute cette histoire il demeure pas mal d'éléments qui lui sont inconnus puisque, par exemple, elle n'a aucune idée des raisons qui poussent les Sachs à détester sa famille. Elle ne sait pas pourquoi le faire d'Aayden déteste à ce point son propre père. Ils sont très différents, tous les deux. Infiniment différent. Cornelia ne peut pas se plaindre du père qui est le sien, quand bien-même lui aussi a nourrit une certaine rancœur pour la famille d'en face. Elle ne sait pas pourquoi mais le fait est que oui, son père aussi a eut des critiques à l'égard de Sachs père. Mais ça ne change rien au fait que ses parents sont incroyables, qu'ils l'aiment et qu'ils veulent le meilleur pour elle. Qu'elle soit heureuse et épanouie dans ce qu'elle fait. Bon, ils ne la laissent pas libre à 100%, parce qu'ils lui ont toujours dit de ne pas avoir contact avec les enfants du voisin, mais dans l'ensemble... Dans l'ensemble, elle sait qu'elle n'est pas à plaindre. Son père n'a jamais levé la main sur elle, lui.

"- Ben ça remonte à l'époque où mon père faisait du patinage. Sachs était capitaine des hockeyeurs et ils étaient déjà dans la même patinoire. Et... les parents de maman étaient voisins des Sachs. Ils ont vendu la maison à mes parents un peu après qu'ils m'aient adoptés. Mes grand-parents voulaient une maison plus petite, plus adapté à leur âge qui avançait et... La maison était beaucoup trop d'entretien pour eux."

Quand il lui tend une barre au chocolat hyperprotéinée, seul moyen qu'elle a pour atteindre son quota de protéines chaque jour sans exploser ses calories autorisées, la demoiselle l'attrape en le remerciant, croquant rapidement dedans après avoir légèrement déchiré le papier. Rapidement, la barre est terminée, le papier jeté et ils reprennent leur course, le rythme plus soutenu, sans pour autant être empêchés de parler. Andrew en profite pour essayer de la rassurer.

"- J'comprends pas que les services sociaux aient rien fait surtout." qu'elle grogne en continuant de courir, venant trottiner devant lui en marche arrière, tendant la main. "Donne ton téléphone."

Vous êtes là, assis sur un banc au milieu du parc à parler. Vous êtes là, le soleil qui commence à faire sa douce course dans le ciel. L’histoire qui est racontée n’est pas la vôtre, mais vous tentez de la comprendre avec ce que vous aviez entre vos mains. Peut-être qu’un jour, tout sera révélé au grand jour, mais pour le moment, c’est comme si les éléments étaient cachés dans un brouillard sans fin. Un brouillard établi depuis des années que vous ne pouvez pas écarter seuls. Tu écoutes alors ce que sait ton amie, ce qu’elle a déjà entendu, ce qu’elle dévoile doucement et la raison pour laquelle les maisons sont si proches. Tu soupires.

- Le destin qui s’est bien foutu de votre gueule en tout cas.

Que tu dis avant de reprendre la course, tranquillement. Tu serres les dents quand Cornelia parle des services sociaux. Tu redresses un peu la tête et la secoues.

- Lisa m’a dit qu’ce type avait le bras long, il aurait contourné ça. Et puis, si la mère était un peu présente, c’est elle qui aurait du faire un truc… Mais nan ! Rien, nada. Elle n'est pas mieux que le daron.

Que tu râles, sifflant un peu entre tes dents.

- Puis si ça se prouve, ils n'auraient pas fait grand-chose non plus.

Que tu clames, ayant bien vu leurs incompétences avec des amis de la famille, sauvé par ton père. Tu y repends, ces pauvres gamins orphelins, quasiment adolescent sauvé d’un trafic par l’équipe de ton père. Ta mère faisant des pieds et des mains pour qu’ils ne soient pas séparés en adoption, tout ça pour que vous les placiez vous-mêmes chez des amis qui n’avaient pas eu la chance d’avoir des enfants. Tu prends de leurs nouvelles de temps en temps et ils ont bien réussi leurs vies. Mais à écouter les services sociaux, il aurait fallu les séparer pour être adopté. Non… La bonne blague. Tu soupires, repensant à cette histoire avant d’être interrompu par la brune. Tu fronces les sourcils et en pleine course, tente de trouver l’objet qu’elle demande et lui tends.

- Tu veux faire quoi ?

Que tu demandes, sachant très bien qu’elle trouvera le moyen de le déverrouiller facilement. Le code pin était 5476 et seuls les expérimentés pouvait comprendre pourquoi. Tu lèves un sourcil au silence de cette dernière, tapotant sur le clavier comme une furie.

- Corny ?

Le destin s'est bien foutu de leur gueule, remarque Andy et la demoiselle acquiesce d'un mouvement de tête. Ouai. Ou peut-être que c'était cette proximité qui avait généré du conflit. Peut-être que c'était une histoire qui avait à voir avec les grands-parents, avec l'enfance de leurs pères ou... Elle ne sait pas vraiment. C'est une question qu'elle a déjà posé à ses parents mais à laquelle elle n'a jamais eu de réponse. L'une des seules choses, si ce n'est la seule, dont elle ne peut tout simplement pas parler avec ces derniers, parce qu'ils ne veulent pas répondre à ces interrogations. Alors elle se contente d'avoir des suppositions et de savoir que leurs familles se détestent, ni plus ni moins. Elle n'a pas grand chose de plus à se mettre sous la dent pour satisfaire sa curiosité de toute façon. Ce n'est pas comme si elle allait voir Sachs pour lui poser la question, après tout. Elle n'est même pas sûre qu'il connaisse la réponse, de toute façon.

"- Ouai... Il a la tête du fils de pute intouchable, sans vouloir manquer de respect à la grand-mère." remarque Cornelia en poussant un soupir. "Va savoir si c'est pas parce que son mari est comme il est qu'elle n'est jamais là, celle-là." remarque la brune avant de hausser les épaules. "J'suis presque sûre qu'elle a un amant. C'est pas possible d'être autant absente de chez soit." poursuit-elle. "Mais bon... Je ne suis pas certaine que lui se gène sur la question donc..."

Ouai, la famille apparaît plus que bancale, plus encore au vu des récents évènements et parce qu'aujourd'hui, elle voit tout ça d'un regard nouveau, plus mature, plus expérimenté, qu'il y a quelques années. Elle voit ce qu'elle n'a pas vraiment vu autrefois, elle fait attention aux détails qui semblaient sans importance il y a encore quelques années...

Comme ils se remettent à courir, Cornelia passe devant lui, trottinant en arrière en demandant son téléphone et le jeune homme le cherche, le lui donnant bientôt non sans se demander ce qu'elle a en tête. Le récupérant, elle lui adresse un grand sourire avant de taper le code et s'arrête net, manquant de peu de trébucher sur un caillou du chemin.

"- Mais non ! Mais c'est pour ça 5476 ? C'est... c'est pour Lisa ?" demande-t-elle en ayant recommencé à courir, remarquant le placement des lettres sur le clavier.

Et dire qu'elle n'avait rien vu... Qu'il avait fallut que le jeune homme le dise pour qu'elle soit au courant de ce qu'il ressent pour Lisa. Elle culpabilise un peu. C'est le genre de choses dont elle aurait dû se rendre compte. Le genre de choses qu'elle aurait dû voir. Mais bon... Maintenant qu'elle était au courant... Elle prend sa photo sans crier gare, pour que celle-ci soit la plus naturelle possible et esquisse un sourire. Parfait. Si avec ça Hampton ne fait pas une syncope... Elle ouvre rapidement les messages et joint la photo.

D'Andy à Lisa

Hey Lisa ! Il parait que tu découvres des paysages de folie, j'espère que tu t'amuses bien   Ici on crève de chaud   Mais c'est pas une raison pour feignasser ! Bon... je retourne torturer ce pauvre garçon
A bientôt !

Lui rendant son téléphone, elle lui adresse un grand sourire.

"- Je t'avais promis une photo pour Lisa, non ?"

Tu t’arrêtes un peu, la laissant faire son trafic avec ton téléphone et en profite pour retirer ton haut. C’est qu’il commençait réellement à faire chaud et tu étais déjà en nage. Il va falloir que tu t’y remettes sérieusement aux entraînements d’été et tu le sais. Mais tu tuerais pour avoir accès à la piscine Olympique de Sachs, actuellement. Il faudra attendre le retour de Lisa pour ça, c’est sûr. Tu secoues la tête, t’arrose la nuque avec ta bouteille d’eau et la redresses quand tu entends l’illumination de ta meilleure amie sur ton code pin. Tu lèves un sourcil et pouffes.

- Hurle le plus fort, j’crois que personne n’a entendu.

Que tu dis en rigolant avant de t’approcher sans te rendre compte qu’elle était déjà en train de mettre en place son plan machiavélique, ton amie. Tu n’avais pas entendu le clic de l’appareil photo du smartphone. Tu te contentes de la suivre, elle qui tapote sur le clavier avec un sourire sadique. Tu ne le vois pas, tu le devines et tu réalises que trop tard ce qui vient de se passer. En fait, tu le réalises quand elle te dit qu’elle avait tenu sa promesse. Tu écarquilles les yeux et paniques un peu.

- Attend ‘tend ‘tend !! Tu lui as envoyé quoi ?

Tu tends la main pour tenter de récupérer ton téléphone, sans succès, bien sûr. Tu grimaces, mais sais au fond de toi que la bombe est lancée. Le temps que tu récupères l’objet, ta meilleure amie aura gagné assez de temps pour que le message et la photo soient envoyés au destinataire. Tu passes une main sur ton visage, réalisant aussi doucement dans quelle tenue tu étais. Tu paniques et secoues la tête.

- Mais Corny ! Bordel de…

Tu rougis de honte, cherchant un banc pour te poser, te cachant le visage avec ton t-shirt.

- Oh merde merde merde.

"- Mais qui tu veux qui entendes ? Y'a personne !" lance la demoiselle avec un petit rire en continuant son affaire.

Elle ne montre pas le cliché au jeune homme parce qu'elle sait qu'il n'oserait pas. Elle sait qu'il dirait non, qu'il refuserait qu'elle envoie ça. Qu'il aurait trop peur. Elle, elle sait que c'est une idée qui peut fonctionner, avec la touche d'humour nécessaire pour que ça ne fasse pas trop "coucou, regarde un peu les abdos du loustic". Elle dose, elle est plutôt fière de ce qu'elle envoie en fin de compte et elle est prête à lui rendre son téléphone. Le jeune homme, lui, est complètement paniqué.

"- Exactement ce que je t'avais dis." assure la demoiselle en lui tendant son téléphone, alors qu'il semble au bord de la crise d'apoplexie.

Sérieusement ? Ce garçon est taillé comme un Dieu et n'a pas à rougir de sa plastique. Elle a beau être sa meilleure amie et ne pas porter sur lui ce genre de regard, elle sait très bien qu'Andy plaît et qu'il n'a vraiment pas de quoi rougir. Et puis, Lisa rira probablement de sa blague. Tout va très bien se passer, il n'a pas à s'en faire. Même si elle sait qu'il est timide, parfois, il faut juste agir. Et c'était une de ces fois. S'installant à côté de lui sur le banc, elle vient lui taper le dos alors qu'il a le visage enfouis dans son t-shirt.

"- Hey ! Tout va bien Andy, fait moi confiance ! A l'heure actuelle, Lisa est sûrement en train de baver. Sérieusement, tu t'ai déjà regardé dans une glace ? Fait moi confiance." souffle-t-elle en déposant un baiser sur sa joue.

Elle montre le téléphone qu'il n'a pas reprit encore et remonte les clichés envoyés par Lisa, sans lire les SMS - qui ne la regardent pas -, s'arrêtant sur un cliché des fidji, la demoiselle de dos dans un maillot jaune.

"- Elle t'a envoyé ça, j'te signale..."

Tu grimaces alors qu’elle vient se poser à tes côtés, essayant de te rassurer. Tu jettes un regard rapide sur le cliché avant de te cacher une nouvelle fois derrière ton t-shirt. Tu marmonnes dans te tissu avant de te mordre la lèvre en redressant la tête, quand elle montre le cliché que Lisa avait envoyé. Tu soupires et baisses le regard.

- J’ai pas… J’ai pas su quoi répondre… J’ai dit un truc con pour noyer l’poisson.

Tu soupires et te redresses un peu, sachant très bien pourquoi tu es comme ça. Tu es un peu timide, un peu gauche. Tu es ce genre de garçon qui a des amis facilement, mais qui ne sait pas comment approcher celle qu’il aime, par peur de perdre son amitié. Tu es genre de garçon, un peu gauche qui envie beaucoup les gens comme Sachs, qui ont ce courage de se pavaner comme ils veulent et pouvoir avoir la force de dire merde quand ça les arrange. Tu te masses la nuque et souris doucement à ta meilleure amie avant de buguer en recevant un texto.

- Hum ?

Tu récupères le téléphone en voyant qu’il s’agit juste de Sachs et écarquilles les yeux. Tu redresses la tête en regardant Corny.

- Je… Sachs peut pas aller chercher Lisa à l’aéroport ! Je dis quoi ? Je.. Je tente ?

Tu te relèves, fait les cents pas devant toi, te tenant la tête en réfléchissant rapidement. Tu paniques de plus belle, presque trop anxieux à l’idée que tu puisses avoir une chance de faire ce que tu rêvais de faire depuis qu’elle avait parler de ses vacances.

- Non, attends… J’peux pas tenter de suite, elle va trouver ça bizarre que je sache qu’il peut pas… Merde… Merde…

D’abord la révélation de Corny sur le père Sachs, puis cette histoire d’aller chercher Lisa à son arrivée des Fidji… Puis ça.. Oh c’est trop pour toi.

"- C'est pas grave ça, ça arrive à tout le monde de paniquer ! J'veux juste dire qu'à partir du moment où elle t'a envoyé une photo qui montre sa pêche, alors tu peux sûrement lui montrer tes abdos. Regarde, c'est même pas le sujet principal de la photo, le sujet c'est... Que t'étais en train de courir." souffle la brune. "Et si cette jolie photo de "paysage" n'a rien d'inconvenant, alors pourquoi cette photo de... sport le serait, mh ?" demande Cornelia, levant un sourcil. "Hey, je sais que t'es timide Andy mais... Franchement j'devrais te prêter des yeux de fille cinq minutes, pour que tu réalises."

Il n'a clairement pas à rougir et puis, si Lisa a envoyé un cliché présentant son popotin, Andy peut largement envoyer, lui, un cliché de ses abdos. De toute façon... Ce qui est fait est fait. Ils ne peuvent pas revenir là-dessus. La photo est partie maintenant et, au pire, elle s'est arrangée pour que son meilleur ami n'en prenne pas le blâme, si Lisa venait à mal le prendre, ce qui l'étonnerait beaucoup.

"- Toute façon regarde, Lisa voit bien que c'est moi qui ait fait le coup donc... Toi t'as rien à craindre. Je prendrais toutes les balles, s'il y a." commente la demoiselle. "C'est tout bénef. Au mieux, elle matte. Au pire... elle verra que je t'ai martyrisé. C'est un bon deal ! Dit toi que grâce à moi elle est peut-être partie se jeter dans la mer. Ou sous une douche gelée."

Corny a un petit rire. Bon, elle peut se planter, parce qu'elle ne sait fichtrement rien de ce que Lisa peut éprouver pour Andy et c'est pas comme si elle pouvait poser la question à Sachs mais... Faudrait vraiment que Lisa soit aveugle pour que ce cliché ne lui fasse rien. Ou que les hommes ne l'intéressent pas. Mais Corny ne se croit pas que ce soit le cas, pour avoir déjà entendu la demoiselle vanter le physique d'un ou deux acteurs.

Il récupère son téléphone, lit le sms qu'il vient de recevoir et fronce les sourcils, se montre soudainement excité, ayant du mal à tenir en place et semblant plongé dans ses réflexions. Elle l'observe faire, fronce les sourcils, sans comprendre ce qui lui arrive, pendant quelques secondes. Jusqu'à ce qu'il l'annonce. Sachs ne peut pas aller chercher Lisa et, elle si elle ne sait pas pourquoi, elle sait en revanche que c'est une bonne nouvelle pour Andy, puisque ça lui laisse le champ libre.

"- S'il était prévu qu'il aille la chercher, ça va peut-être poser problème qu'il ne puisse pas donc... Demande lui à lui s'il a besoin ou si Lisa a besoin que tu y ailles ? Puisqu'il vient de te dire qu'il ne peut pas... De toute façon, c'est que tu lui avais posé la question déjà, à la base ? Donc continu la discussion avec lui ?"

Elle ne réalise pas. Elle ne réalise pas par quelles émotions tu es en train de passer par le simple fait que cette photo ait été envoyé à Lisa. Tu l’écoutes, dans ta panique, dans ton stress. Tu l’écoutes essayer de te rassurer de toute la manière possible comme toi, tu fais quand elle est au plus bas. Tu soupires et redresses un peu la tête en souriant comme tu peux quand elle rigole à sa blague de la douche gelée. Tu sais pourtant qu’il y a peu de chances qu’elle puisse être amoureuse de toi en retour. Tu peux comprendre la manœuvre de ton amie.

Tu fais la moue, soupirant doucement. Au moins, tu es un peu calmé, pas assez pour que ton cœur arrête de déconner dans ta poitrine, mais tu peux de nouveau aligner des mots et ne plus sentir tes joues en train de chauffer comme un œuf dans l’eau bouillante.

- Oh merde… J’te souhaite aussi d’tomber amoureuse pour comprendre c’que je vis là… Actuellement...

Que tu glisses doucement, essayant de savoir s’il y avait possibilité aussi d’avancer ta mission première. Mais tu n’as pas le temps d’y penser réellement. Sachs te répond pour Lisa. Tu ne sais pas sur quel pied danser. Corny, elle, rationnelle, essaye de te guider pour connaître la marche à suivre. Tu grimaces un peu, faisant tourner ton téléphone dans la main et hoches la tête quand elle énumère les étapes. Tu souris un peu et hoches la tête.

- Ouais.. Je… Je vais l’appeler en rentrant pour… Pour demander… Quoi que...

Tu grimaces un peu. C’est qu’il peut être mordant le Sachs. Tu te facepalm doucement et secoues la tête.

- Non, j’vais continuer à lui envoyer un message et on verra si je dois l’appeler pour d’autres détails.

Que tu clames avant de ranger enfin ton téléphone et tapotes tes mains.

- BON ! On va la finir cette course matinale ?!

Que tu dis en rigolant. Vous aviez bouffé une partie de la matinée avec tout ça, mais vous aviez un peu avancé chacun de votre côté au moins. Une bonne chose de faite.

Tu ronges ton ongle, alors que tu avais vérifié plus de trois fois l’écran annonçant les arrivés d’avion. Tu étais là, avec d’autres familles, amis, en train d’attendre les premiers sortis. Il n’y avait pas de retard, tu étais au bon jour, au bon endroit. Tu avais relu mille fois le texto de Sachs avec toutes les informations. Qui aurait cru que ce mec serait aussi organisé ? Ah oui, il s’agissait de Lisa, peut-être que ça changeait la donne. Tu grimaces doucement, le sachant, lui, dans un autre avion en direction de Washington. Cette histoire de stage n’allait pas arranger vos affaires, mais qu’importe.

Tu te masses un peu la nuque et tapotes ton téléphone dans ta main. Nerveux. Tu relis les messages envoyés à ta meilleure amie et souris, elle qui a toujours le mot pour te remonter le moral. Tu souris un peu et en profites pour faire le tri dans tes photos, pour passer le temps, éviter de stresser trop longtemps. Tu grimaces un peu et souris en revoyant celles envoyées par la belle quand elle était encore là-bas, il y a quelques jours. Tu souris, comme un idiot avant de sursauter en entendant une annonce. Tu soupires et comprends d’un coup la panique qu’avait pu avoir Sachs au McDo. ÉTRANGEMENT.

Tu déglutis un peu et t’approches des barrières quand tu vois des personnes qui commencent déjà à venir vous rejoindre. Les premiers passagers qui descendent, qui ont récupérer leur valise. Tu souris, laissant passer les proches concernés et apprécies de voir les sourires sur les visages, imaginant mille vies et scénarios qui suivront. Tu essayes d’imaginer aussi leurs vies, leurs voyages, comment ils ont pu en arriver là. Mais tu ne dois pas trop t’éterniser, tu as une rouquine à trouver et… Oh grand dieu. Ton regard s’illumine en la voyant, la reconnaissant entre mille, parmi des dizaines de personnes.

Tu bouges un peu, faisant signe pour attirer son attention.

- Lisa !

Que tu hurles à plein poumon, réussissant enfin à croiser son regard. Tu te mords la lèvre, approchant de plus belle et la prend directement dans tes bras quand elle est enfin à ta portée. Tu ne peux contenir trop longtemps ton euphorie et tu la soulèves du sol pour la faire tourner, la gardant fermement contre toi. Tu la reposes après quelques tours, l’embrassant sur la joue.

- Putain ! J’suis content de te voir, ma Belle !! Tu peux pas savoir !!

Le voyage semble long, trop long. Il ne lui semblait pas que ça l'était autant à l'aller. Mais, à l'aller, elle ne savait pas qu'elle allait revoir Andy. Bien qu'elle soit triste de ne pas voir Aayden à sa sortie de l'avion, alors que son meilleur ami lui manque horriblement, la perspective de voir Andy suffit à lui donner un sourire qui ne quitte pas ses lèvres de tout le voyage, son regard glissant par moment sur la photo que Cornelia avait envoyé et qui, quoiqu'elle l'ait revu un certain nombre de fois depuis, provoque toujours le même petit frisson. Elle ne devrait vraiment pas regarder ça juste avant de le revoir, si elle ne veut pas y penser en le rejoignant mais... Elle pousse un petit soupir en éteignant l'écran de son téléphone. Son cœur bat la chamade. Bientôt elle va le revoir et, si ce ne seront pas les retrouvailles dont elle rêverait vraiment, elle est quand-même heureuse de simplement le revoir. Le retrouver.

Sa mère lui adressant la parole alors qu'elle semble perdue dans ses pensées, Lisa sursaute et Julia esquisse un sourire en coin sans insister, tandis que leurs regards se perdent par le hublot d'où elles peuvent voir, enfin, la piste d'atterrissage se dessiner. Dans quelques minutes, elles retrouveront la terre ferme. Dans quelques minutes, elle retrouvera Andy. Cette pensée suffit pour faire vriller son petit cœur une fois de plus et, quand enfin ils sont posés, que l'avion ne bouge plus, elle a l'impression de vivre un réel supplice à devoir attendre que celui-ci se vide petit à petit pour qu'elle puisse se lever à son tour.

Les valises récupérées rapidement, Lisa marche le pas pressé dans l'aéroport, distançant sa mère de peu, pressée de pouvoir retrouver le beau brun qui fait battre son cœur. L'apercevant enfin après les portes automatiques, elle lui adresse un signe de la main et un sourire ravi prend place sur ses lèvres. Sa valise abandonnée à deux pas, elle réduit la distance qui le sépare encore de lui tandis qu'il en fait de même et, quand il la prend dans ses bras pour la faire tournoyer dans les airs, elle lâche un petit rire heureux. Son cœur, lui, tambourine dans sa poitrine.

"- Je crois que je sais Andy. Je crois que je sais..." souffle-t-elle quand il affirme qu'elle ne peut pas savoir à quel point il est heureux de la voir. Mais elle le sait, au contraire. Elle en a une vague idée. "Merci..."

Son rire t’avait manqué. Son parfum t’avait manqué. Tu n’avais juste pas réalisé à quel point ces deux semaines sans la voir t’avait rendu encore plus addict à sa voix. Tu le sais, tu es piégé dans le jeu dangereux de l’amour. Ton cœur essaye de suivre alors que tu es là, dans ses bras. Tu oublierais presque le monde autour de vous, comme si le temps cessait pendant quelques secondes. Tu ne vois plus qu’elle, là, à croiser ton regard, murmurant doucement. Tu souris, venant poser ton front contre le sien avant de reculer rapidement en voyant sa mère dans ton champ de vision.

- Oh ! Madame Hampton !

Tu te mords la lèvre, réalisant doucement où tu es de nouveau. Tu te grattes un peu la tempe, brisant le contact avec la rouquine et tend la main vers Julie. Tu dois te ressaisir, tu as failli te laisser aller. Tu maudis presque Corny qui doit bien se marrer de là où elle est, ayant reçu ton dernier texto. Elle et ses bonnes idées, tu les retiens. Tu n’oses même pas imaginer qu’est-ce que se sera si elle sortait avec Sachs. Elle le mènerait par le bout du nez, tu en es certain.

- Donnez-moi vos bagages, ma voiture est pas très loin.

Que tu dis, un peu rouge, souriant de nouveau à Lisa avant de te racler la gorge en avançant, comme si de rien n’était, comme si la scène qui venait de se dérouler n’était jamais arrivée. Ou alors tu n’avais pas envie d’en parler, de faire une scène au milieu des autres voyageurs. Tu déglutis et attrapes leurs valises dans tes deux mains, les laissant qu’avec leur sac de voyage. Tu entends déjà les remarques comme quoi tu es un gentil garçon, galant et poli. Oh misère.

- Le… Le voyage s’est bien passé du coup ? J’veux dire, l’trajet en avion ?

Oh que c’est bateau, mais bon. Tu tentes, alors qu’il faut faire encore un peu de route à pied pour arriver au parking.