Il a du retard dans les films de leur génération, dit-il. C’est ce qu’elle voit, ce qu’elle remarque. Il ne connaît pas Harry Potter, il faut le faire, quand-même. Elle pensait que tout le monde, dans leur génération, avait vu tous les Harry Potter au moins une fois. Mais apprendre que le jeune homme n’a jamais été au bout de la saga… Elle ne s’y attendait pas le moins du monde. Mais si ça lui donne l’opportunité de les voir avec lui pendant qu’il les découvre, elle n’est pas contre. Et, oui, elle pourra répondre à ses questions sans problème s’il en a. Elle pourra le renseigner. Avec plaisir, même. Elle veut bien. Elle se porte volontaire plutôt deux fois qu’une. Mais son meilleur ami ne semble pas être de cet avis, interrompant la demoiselle dans son film pour évoquer la présence d’un petit animal à quatre pattes et à fourrure dans sa chambre. Un petit animal dont il a besoin qu’Andy le débarrasse, craignant de se faire allumer par la maîtresse de ce dernier. Et puis sait-on jamais si la demoiselle sort… il vaut mieux éviter de la réveiller en ouvrant la porte de la chambre. Elle l’accepterait probablement de la part de son meilleur ami mais beaucoup moins de celle du goalie.

Laissant Andy sortir de la chambre, le film en pause, Lisa prévient donc son meilleur ami que son chevalier arrive puis repose l’engin, le posant sur la table de chevet juste à côté d’elle avant de sortir elle-aussi, glissant dans sa chambre, juste en face, pour récupérer deux canettes chez Miguel avant de revenir, se réinstallant dans le lit en posant la canette destinée à Andy sur sa table de chevet, tandis que la sienne trouve une place à côté de son téléphone. Quand elle plonge la main dans le paquet de bonbons, l’homme réapparaît justement, sa mission accomplie.

"- Quel homme !" souffle la demoiselle en levant les bras en l’air d’un air victorieux. "On en était… juste là !" affirme-t-elle en relançant le film. "Et à ton manque de connaissances dans les oeuvres majeures de notre époque, qui implique que je prenne ton instruction en charge immédiatement !" poursuit la jeune femme en riant sous couvert d’humour.

Au moins, la blonde ne mentait pas. Le goalie semble un peu moins sûr de lui quand il s’agit de ta meilleure amie et ne veut rien faire pour la froisser, se pliant même en tout petit pour éviter les problèmes. Qui l’aurait cru ? Aayden Sachs devenir un canard devant celle qu’il insultait quand il avait commencé la puberté ? Tu trouves l’image hilarante, mais te retiens de commentaire. Tu reviens alors dans la chambre, essayant de te reconcentré sur ce qui se passait avant cette pause livraison, retournant aux côtés de ton amie pour relancer le film. Tu pouffes un peu quand elle relance le film avant de hocher la tête.

- Non mais tu auras le droit de te moquer. J’ai essayé de lire les livres, mais avec les entraînements et l’école, j’ai pas pu.

Tu pites dans les bonbons tranquillement, laissant le film se dérouler sous tes yeux, collant ton épaule à celle de l’adolescente à tes côtés. Tu te laisses bercer par ce film d’enfance, rigolant sous l’humour anglais bien particulier et le laisses silencieux devant certains scènes stressante… Pourtant, tu ne poses pas de question, trop absorber par le film, ne te rendant pas de suite compte que la belle à tes côtés n’avait pas spécialement bougé. Tu te figes cependant vers la fin, sentant sa tête sur ton épaule.

- Lisa ?

Que tu oses, avant de voir qu’elle avait les yeux complètement fermés. Tu souris un peu, la voyant aussi paisible, d’aussi près. Tu reviens alors à l’écran, la laissant ainsi. Tu termines alors, te contorsionnes doucement pour fermer la machine, le reposant sur la table de nuit et essayes de voir si la blonde se réveille, mais rien. Alors tu essayes de la porter pour la repositionner en allongée dans ton lit et te lèves pour te changer tranquillement pour ensuite venir la rejoindre, te tournant pour être dos à elle. Qui aurait cru que ta première nuit, tu la passerais avec celle que tu aimais le plus au monde ?

Mais non, tu étais trop nerveux pour réagir et préférais à la limite te rouler en boule dans un coin du lit que de faire croire que cela t’intéressait réellement… Alors tu dis tranquillement, essayant de ne pas la déranger dans ton sommeil…

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Étrangement, c’était plus elle qui était gênée que toi. Pourtant, tu avais dit que cela ne posait pas de problème, que tu étais même prêt à te refaire des soirées ciné sans problème. Et cela n’avait pas loupé. Au moins, vous étiez enfin en train de tranquillement prendre un rythme de vie à quatre. Ce n’était pas facile, entre Corny qui courait partout pour vous jeter à la gueule vos affaires qui traînaient, Aayden qui zappait une machine à laver sur deux en week-end, mais faisait des efforts pour le faire correctement, toi qui essayait de temporiser avant qu’une dispute n’éclate et Lisa qui faisait aussi de son mieux pour que le goalie ne pète pas un câble devant ton amie… Au moins, l’ambiance était là et quand tout était calme, vous rigoliez bien… et blond semblait plus à l’aise de jour en jour avec vous…

Fin Août 2023

Tu réajustes ta cravate en soupirant, essayant toujours de comprendre POURQUOI l’école voulait imposer les uniformes. Cela n’avait aucun sens à tes yeux et tu avais déjà fait la remarque en lisant le mail d’information les concernant. Tu soupires et sors pour descendre dans le salon. Vous aviez convié tous les quatre de se montrer pour aider les uns et les autres à réajuster ce qui n’allait pas au cas où avant de partir pour la pré-rentrée. Tu étais le premier en bas, trop habitué à porter ce genre de vêtement. Tu imagines déjà Myers en galère avec sa cravate et…

- MAIS CE MACHIN !! COMMENT ?!

Tu pouffes un peu en relevant la tête vers l’escalier, l’entendant descendre. Tu grognes et approches, voyant son air perdu. Tu fais signe de venir vers toi pour l’aider, lui permettre d’avoir rapidement les gestes avant de se faire moquer par ceux du lycée qui pourrait avoir l’audace de le faire. Finalement, avec le temps passé ensemble, tu avais appris à apprécier le patineur. Tu ne sais pas si c’était réciproque, mais les tensions s’étaient un peu effacées et cela se sentait aussi sur la glace. Un bon point pour tout le monde après tout.

- Attends. Je te montre… Avant que tu ne fasses, n’importe quoi et que le dirlo envoie un avertissement à tes vieux.
- Me parle pas de malheur. Ma mère m’étranglerait avec...

Tu rigoles un peu avant de reculer pour avoir dans chaque main un bout de la cravate, objet de torture.

- Ok. Alors tu prends ce bout-là… Tu passes par là, fait ressortir le bout ici et tu tires. Essayes.

Tu vois qu’il hoche la tête et essayes tout seul. Il écarquille les yeux avant de te sourire.

- Oh merde ! Ça marche ! Merci Sachs. Plus qu’à attendre les filles ?

Tu souris un peu, les mains dans les poches en haussant les épaules. L’air de dire, ce n'est rien et que oui, il ne manquait plus qu’elles… Vous avez un échange silencieux, sachant très bien pourquoi vous étiez un peu nerveux chacun de votre côté. Tu soupires un peu avant de lever de nouveau la tête en entendant des pas dans l’escalier. Tu écarquilles les yeux d’ailleurs.

- Put..
- On est d’accord...

Que tu murmures. Andrew a la même réaction d’ailleurs et se penche vers toi pour répondre avant de se redresser… Ouais non.. Tu es à la fois fasciné par la tenue pour les filles et remonté, la folle envie d’aller gueuler chez le directeur… Mais il faudra attendre d’être à l’école pour ça...

Finalement, trouver leurs marques tous les quatre ensemble n'était pas si difficile que ça. En fait, l'ambiance était même au beau fixe. Certes, Aayden oublie une machine sur deux bien souvent mais Lisa l'aide à y penser. Bien sûr, Corny râle sur le bazar ambiant que laissent trainer les deux garçons notamment, surtout Sachs. Enfin, pas que Lisa soit irréprochable, non plus. Faut dire que parfois, Corny débarque plus vite que les plans de la blonde. Quand à l'entente en cuisine, ma fois... Faire équipe avec Andy n'était pas difficile ça, elle le savait déjà. Aussi bien sur la glace qu'à l'appartement, ils s'entendent bien et forment une bonne équipe. Ce serait absolument parfait si... elle n'avait pas encore honte de s'être endormie sur son épaule il y a quelques jours de ça, pendant qu'ils regardaient Harry Potter. La journée avait été éprouvante avec le déménagement mais s'endormir sur l'épaule d'Andy... ça ne faisait pas parti du plan. Bien sûr, comme à son habitude, il avait été un amour, assurant que ce n'était rien et la réaccueillant rapidement dans sa chambre pour une nouvelle soirée film mais... Elle avait été stressée. Heureusement, depuis, elle ne s'était pas rendormie sur lui. Elle n'osait imaginer sa honte si elle avait confesser quelque chose en dormant... Mieux valait ne pas y penser.

"- OH BON SANG !"

Elle hurle devant son reflet dans le miroir. Ce n'est pas possible. Alors que la pré-rentrée est dans quelques heures seulement, Lisa reste perplexe. Pantoise. Elle s'est maquillée rapidement, d'un maquillage léger et naturel, avant d'enfiler son uniforme et... C'est court. Presque aussi court que ce qu'elle peut porter sur la glace, en réalité. Ce qui ne la dérange pas, dans ces conditions là, parce que c'est un contexte très particulier. Mais pour aller en cours... Elle est moins fan. D'autant qu'elle sent d'ici qu'elle risque de se geler tout l'hiver.

Elle descend les escaliers précipitamment, contrariée, son chien entre les bras. Les garçons sont déjà là, déjà prêts. Lisa pousse un soupir en apercevant la tête de Den. Ouai, ça veut tout dire. Il a la tête du "Oh mon Dieu, mon crush va porter un truc aussi court ?" mélangé au "Je refuse de voir ma meilleure amie dans une tenue aussi sexy" le tout saupoudré je "Je vais démonter le premier qui s'amuserait à les reluquer." Ouai. Un mélange qui veut tout dire.

"- S'il vous plaît. Pas de commentaire." demande la demoiselle avant d'approcher Andy, posant ses mains sur ses épaules pour lisser sa veste. "Là, c'est mieux." affirme-t-elle avant de jeter un coup d'œil à Den. Evidemment, il s'en est sorti comme un chef. Elle tourne la tête vers les escaliers. "Bientôt prête Corny ?"

Elle bougonne devant son reflet dans le miroir, faisant la moue devant le gris souris de sa jupe. C’est moche. Très moche et court. Elle ne comprend pas pourquoi cette année ils décident de faire porter ces trucs-là. Elle ne comprend pas surtout comment on peut avoir d’aussi mauvais goûts. Elle peut leur faire des recommandations pour l’année prochaine, au besoin, histoire de sortir des tenues plus… élégantes. Moins tristes.

Elle entend la voix de Lisa qui l’appelle en bas, soucieuse de savoir si elle descend bientôt. C’est qu’il est prévu qu’ils partent ensemble pour rejoindre l’école avec la voiture d’Aayden. Forcément, si elle ne se pointe pas, elle les retarde tous. Ils doivent être pressés d’arriver, histoire de prendre leur temps, de voir calmement les salles où se rendre et retrouver quelques potes. C’est que certains ne se sont pas vu depuis des semaines et doivent avoir un tas de choses à se raconter. Elle-même est supposée voir deux-trois copines avant le début de la réunion et le discours du proviseur.

Jetant un regard à sa montre, elle crie dans le couloir qu’elle arrive et reporte son attention sur son reflet.Ses cheveux sont encore détachés en cascade sur ses épaules. Les attrapant pour les réunir en queue de cheval, elle s’emploie à brosser rapidement, les plaquant sur le dessus avant de former un chignon tiré à quatre épingles avec ses longueurs. Ça ne lui prend que quelques minutes, par habitude. Elle ne compte plus le nombre de fois où, depuis qu’elle est petite, elle a répété ce même geste pour ses entraînements, avec plus ou moins de précisions.

Elle plaque les derniers cheveux rebelles, attrape son sac de cours et descend alors, Salchow sur les talons, retrouvant tout le monde dans le salon. Et quand elle voit Andy, elle grimace un peu. Ouai, non, le costume, sur lui… Pas que ce ne soit pas joli, mais c’est perturbant. Faut dire qu’elle l’a jamais vu comme ça, ou si rarement.

"- T’as l’air d’un pingouin…" remarque-t-elle avant de regarder Lisa. "J’rêve ou la tienne est encore plus courte que la mienne ?"
"- On dirait. Mais j'ai les jambes plus longues." affirme Lisa avec une grimace. "Ou ils se sont trompés dans mes mesures... J'sais pas. Si tout l’monde est prêt, on peut peut-être y aller ? Avant que je change d'avis et décide de m'enfermer dans ma chambre jusqu'à la fin de l'année ?"

Tu déglutis doucement, voyant Lisa descendre des escaliers avec l’uniforme. Tu la suis du regard, hypnotisé. Tu es là, comme un con dans un truc qui ne te met pas à l’aise alors qu’à côté, Sachs donne l’impression d’avoir porté ça toute sa vie. Tu te sens idiot en comparaison, pas à ta place et bug un peu violemment en rougissant quand la blonde vient réajuster ta veste. Tu rigoles nerveusement quand elle demande de ne pas faire de commentaire.

- Bah. J’pourrais, mais...
- Évite.

Tu reçois une tape dans le dos et tu vois le blond qui rigole légèrement à son tour. Tu pouffes avant lui et recules doucement pour observer quand même la tenue de ton amie et soupires un peu. Tu redresses la tête quand Lisa demande à Corny de descendre à son tour. Tu pouffes et regardes le goalie à tes côtés qui semble d’un coup plus tendu. Tu lèves alors les yeux vers l’escalier avant d’essayer de ne pas éclater de rire en voyant la tête de ta meilleure amie. D’ailleurs, cette dernière a sûrement lu dans tes pensées et sort une remarque cinglante.

Tu te mets à rire avant de secouer la tête pour regarder les jupes des filles et fronces les sourcils. Celle de Lisa est plus courte ? Comment ça ? Elle justifie ça avec leur différence de taille. Un regard vers ton camarade à côté et tu vois qu’il passe une main sur son visage. C’est pour s’empêcher de péter un câble ou pour reprendre un peu de contenance sur ce qu’il voit ? Aucune idée. Peut-être les deux.

- Y a vraiment une diff ? J’vois rien?
- Ça change pas qu’j’irais en toucher deux mots au dirlo en arrivant.

Tu rigoles nerveusement à cette remarque alors qu’il attrape son sac. Tu souris pour faire de même, faisant signe aux filles de les suivre, guidé par le hockeyeur.

- Aller. On y va… On va être en r’tard sinon.
- Geronimo !!

Inspire. Expire. Oublie. Tu serres les dents en voyant Lisa venir en premier et te pinces le nez. Ok, dans ta tête, ce n'était pas aussi court au niveau de la jupe et le haut n'était pas aussi proche du corps. Pas de commentaire qu’elle dit et tu ne peux pas t’empêcher d’esquisser un sourire avant de devoir rappeler à l’ordre le brun. Lisa en profitait pour l’aider à bien remettre sa veste en place d’ailleurs, lui qui semble peu habitué à porter ce genre de tenue. Tu lâches un petit rire nerveux avant de te redresser un peu. Tu grimaces, essayant de garder ton calme avant de voir débarquer la brune.

Des pas dans l’escalier indiquent qu’elle était en train d’arriver, avec son petit Loulou qui essaye de venir directement à tes pieds pour que tu le portes dans tes bras. Tu baisses la tête en rigolant.

- Tu veux quoi, p’tit Loulou?

Que tu murmures avant de te concentrer de nouveau sur la brune qui était en train de vous rejoindre avant d’avoir le souffle coupé. Tu écarquilles les yeux, la regardant descendre petit à petit pour venir vers vous. Ouais non. La jupe est trop courte et le haut souligne les formes. Tu déglutis et passes une main sur ton visage alors qu’elles sont déjà en train de débattre sur la longueur de leur jupe. Tu râles un peu, tu craches que tu iras directement voir le responsable de tout ça et prends tes affaires pour aller rejoindre l’école. Tu vas dans le hall pour récupérer tes clés et bug un peu en voyant que tu ne les avais pas replacé sur la commode.

- C’quoi c’merdier ?

Non. À la place, il y a un mot, avec une clé que tu ne connais pas. Tu grimaces, reconnaissant la marque dessus, spécifique et lis rapidement le mot.

- Cadeau de pré-rentrée. Profite. Aaron Sachs… Oh pu...

Tu attrapes la clé rapidement et sort pour voir le désastre… Tu écarquilles les yeux en voyant le bolide garé à l’entrée, manquant de lâcher ton sac au sol. Quel con ce paternel. Tu soupires un peu, observant la Jaguar F-type* noire, vitre teintée, sportive. Tu appuies sur la clé pour la déverrouiller, espérant un instant que ce n’était qu’un rêve, mais… Les lumières des phares qui s’allument ne font qu’affirmer le cauchemar que tu étais en train de vivre.

- C’est trop tard pour qu’j’prenne le bus, hein ?

Est-ce qu'il y a vraiment une différence ? Oui. Une sacrée différence, même. La jupe de Cornelia arrive à mi-cuisse. La sienne... La sienne arrive bien une demi-douzaine de centimètres au-dessus et serait digne des uniformes que l'on peut voir dans beaucoup (trop) d'animés Japonais. Alors elle suppose que c'est une histoire de longueur de jambes parce qu'ils n'ont peut-être pas fait du sur-mesure parfait. Ou une erreur dans ses mesures, elle ne sait pas trop. Ce qu'elle sait, c'est que si elle vient à se baisser pour une raison ou une autre... Elle a plutôt intérêt à se souvenir de se la jouer Kate Middleton et encore, elle n'est pas sûre que ça suffise vraiment. Elle a quand-même glissé un short en dessous, histoire de, mais ça reste... limite. Et au regard de Den...

Il ira voir le directeur, c'est sûr et certain. Il ira le voir à la première heure en arrivant à l'école, en réalité. C'est sûrement la première chose qu'il va faire, tant parce que voir Corny dans une telle tenue toute l'année ne le tente pas trop que parce que voir Lisa dans cette même tenue... Il a toujours été hyper protecteur avec elle, c'est pas maintenant que ça va changer.

"- Prend pas un blâme pour ça, on va s'adapter. On est toute dans le même bateau de toute façon." soupire-t-elle. "Mais on devrait pouvoir lancer une pétition pour rallonger les jupes et obtenir le droit de porter des pantalons comme vous."

Quand l'hiver sera là... Elle n'ose même pas y penser. L'idée de se promener aussi dévêtue par des températures trop basses ne la ravie pas du tout. Le meilleur moyen de tomber malmade. Et c'est la dernière chose dont elle a besoin. Elle a trop de compétitions à venir dans cette saison pour se permettre de ne pas prendre sa santé au sérieux, de ne pas se couvrir.

"- Les coachs pourraient peut-être taper du poing sur la table ? Y'a moyen qu'on se chope une crève, avec ça !" remarque Lisa avant de soupirer.

Il est plus que l'heure de partir, pour l'instant. Den se met en route le premier et ils lui emboitent tout le pas, sac d'affaires sur leurs épaules. Un bug. Lisa lève un sourcil en voyant le regard de Den sur la console, lisant un mot qui a été laissé là. Elle distingue vaguement l'écriture du paternel. Se hissant sur la pointe des pieds, elle jette un oeil derrière Den.

"- Qu'est-ce qu'il a encore fait ?"

Ou qu'est-ce qu'il a encore à se faire pardonner ? Depuis que Den est ici, sa vie est bien plus calme, plus apaisée et il commence à se montrer aux deux autres sous un bien meilleur jour que celui qu'ils lui ont connu jusqu'alors. Et voilà que papa Sachs resurgie. Elle n'est pas sûre que ce soit une bonne nouvelle. Presque sûre que ça ne l'est pas. Pas qu'elle fasse vraiment confiance à ce type.

"- Oh bon sang..." souffle Lisa devant la voiture.

Il n'y est pas allé de main morte sur le cadeau, en choisissant la jaguar. Elle est belle, noire, brillante. Rutilante. Un bijou. Un bijou avec lequel ils vont bel et bien devoir aller à l'école car ouai, il est trop tard pour le bus. Lisa approche déjà de la voiture pour prendre place, côté passager. De toute façon, se lamenter ne fera pas revenir l'ancien bolide de son meilleur ami. Alors...

"- Trop tard oui. Allez vient !"

"- C'est quoi ça ?" souffle Cornelia pour Andy, après lui avoir donné un petit coup de coude dans les côtes.

Ok, alors ils devaient partir à l'école en Volkswagen et maintenant... Maintenant ils vont vraiment devoir y aller là-dedans ? Si elle n'avait pas toujours eu les Sachs pour voisin, elle aurait pu être surprise. Mais... Force est de constater que ça va simplement avec le personnage du paternel. Ouai, c'est bien son genre m'as-tu vu d'offrir une voiture très ostentatoire à son fils. Bien son genre de s'assurer que tout le monde remarque son rejeton. De toute façon, il ne vit que pour ça, ce type. Pour les apparences. Des apparences fallacieuses, d'ailleurs. Des apparences qu'il maintient pour la forme mais dans la réalité... Dans la réalité, quand les gens ont le dos tourné, il cogne son gosse.

Un gosse qu'elle découvre sous un nouveau jour, depuis qu'ils sont tous ensemble dans la coloc et qui semble presque supportable. En tout cas, Salchow l'adore. Elle, elle fait avec. Andy aussi a l'air de l'apprécier et elle... Elle le supporte. Elle a pas oublié tout ce qu'il a dit toutes ces années, pas oublié tout le mal qu'il lui a fait mais... Ce garçon semble être loin, à présent. Non pas qu'elle cesse de s'en méfier pour autant mais... C'est compliqué, disons. Elle tolère. Elle reste sur ses gardes, mais elle essaie d'être... Hé bien, moins hostile. Loin de son père, il ne semble pas l'même homme.

Il soupire devant la voiture, souhaitant pouvoir aller à l'école en bus maintenant. Pas vraiment le temps pour ça. Lisa s'installant déjà à l'avant de la voiture, Corny rejoint l'arrière, s'installant derrière le siège conducteur pour laisser à Andy tout le loisir d'être tout près de Lisa, de sentir son parfum, de pouvoir lui parler, potentiellement. C'est qu'ils se rapprochent, tous les deux. C'est plus qu'une question de temps avant qu'Andy se décide à se déclarer. Enfin, elle espère. Ils se voient tous les soirs pour mater un film depuis l'emménagement, en tête à tête avant que Lisa ne retourne dans sa chambre. Ça va bien finir par donner quelque chose, au bout du compte.

Le trajet jusqu'à l'école se fait dans un silence mortuaire et, forcément, quand ils arrivent, c'est la débandade. Corny soupire, reportant son attention sur son téléphone, levant un sourcil devant un message groupé qu'elle vient de recevoir.

"- Hé... Vous avez reçu l'message instagram vous aussi ?" qu'elle demande aux quatre autres.

Enfin, elle demande surtout à Andy, lui adressant un regard furtif, se doutant que Den et Lisa ont été soigneusement oubliés de cette conversation. C'était sans compter sur le fait qu'ils viennent à l'école tous ensemble et que Corny ouvre sa bouche.

"- Paraît que tu sors avec Karine, Aayden..."

Tu t’accroupis un instant en fermant les yeux, les mains sur ton crâne pour inspirer profondément. Trop de choses en même temps ce matin. Tu te redresses rapidement pour prendre la place côté conducteur, te disant qu’avoir les yeux sur la route pourrait te faire oublier quelques instants la tempête émotionnelle qui fait rage dans ton esprit. Heureusement que tu prends régulièrement tes cachets le matin, merci Lisa. Heureusement que ces derniers jours ont été plutôt au beau fixe, n’ayant pas reçu de remarques de Cornelia, si ce n’est pour tes affaires. Tu l’aidais même de temps en temps quand elle en avait besoin.

Puis, son chien était très affectif avec toi, une ironie sans nom. Un peu de réconfort dans cette situation tendue où tu marchais sur des œufs avec la patineuse. Tu ne comptes plus le nombre de fois où le Loulou s’est endormi sur tes genoux, tranquille. Un premier pas pour lui montrer tes meilleurs jours avait dit Lisa, une bonne excuse aussi. Et pour le moment ça marchait. Elle semblait te tolérer un peu plus chaque jour, passant un peu plus de temps en ta compagnie. Certes, pas seule, Lisa ou Andrew toujours dans un coin, mais c’était un bon début. Tu essayes d’y repenses en essayant de prendre en main ta nouvelle voiture.

Tu restes cependant assez nerveux, sachant la brune derrière toi, Lisa à tes côtés et Andrew à ta diagonale. Contrairement à tes habitudes, tu as les deux mains sur le volant, concentré et silencieux. Tu soupires en voyant d’un coup l’attroupement devant l’école alors que tu essayes de te garer dans un coin tranquille. Mais c’est sans compter sur les yeux curieux et la vitesse presque lunaire qu’ont certains à dégainer les téléphones pour se vanter d’avoir vu une voiture comme ça devant eux. Tu te gares et te détaches en soupirant, posant ton front contre le volant, essayant de reprendre une certaine contenance.

Tu allais devoir affronter ce monde, les questions, les regards, les jalousies… Et tu sais que personne n’aurait l’audace d’abîmer le bolide. Merci ta réputation. Tu te redresses un peu, voulant sortir avec les autres, mais la voix de la patineuse dans ton dos te fait froncer les sourcils. Quel message ? Tu te retournes rapidement vers tes camarades à l’annonce qu’elle fait et écarquille les yeux. Comment ça, tu sors avec Karine ? À quel moment ? Depuis quand ? Tu serres les dents, le volant dans tes mains, à t’en faire blanchir les jointures. Quand une journée de merde commence comme ça…

Tu inspires profondément, le dos rond, les épaules qui se tendent et tu te retends de hurler alors que ton regard s’assombrit. Peut-être que personne ne l’avait encore jamais vu comme ça, même Lisa. Pourtant, elle avait l’habitude de tes sautes d’humeur, de tes moments de rage pure, mais là. Apprendre une connerie comme ça de la part de la blonde égocentrique, ok… Tu pouvais le supporter, connaissant bien le phénomène et ses intentions, mais l’entendre de la bouche de Cornelia avait une saveur très amère. Sachant que ces derniers jours, à la patinoire, tu avais vu qu’un brun semblait lui tourner autour, un autre soliste.

C’était un peu la goutte d’eau qui faisait déborder le vase. Tu retires les clés du contact, les donnes à Lisa et sort comme une furie de la voiture, esquivant comme tu pouvais tes camarades, sac sur le dos et hurles dans la cour.

- KARINE BRITTNEY AMANDA SMITH !!! RAMÈNE TON CUL AVANT D’FINIR SOUS LES ROUES D’MA BAGNOLE!!

Au moins, c’était clair. Menaçant de mort, certes, mais clair. Ouais… Cette rentrée était un désastre.

- C'est quoi ça ?
- Le début des emmerdes.

Que tu réponds à ta meilleure amie en voyant la voiture sortie tout droit d’un film d’action. Ouais nan, rien à voir avec la Volkswagen qu’il avait avant. Certes, haut de gamme, mais encore assez discrète dans sa façon d’être. Là… C’est comme s'il y avait un néon au-dessus de la tête de Sachs avec marqué "Je suis un fils de riche, regardez moi. J’ai une voiture à cent mille et des brouettes." Cependant, si d’habitude les gosses de votre âge s’en seraient vanté, disant que oui, ils pouvaient tout avoir avec papa et maman…. La réaction du blond est tout à l’opposé. Tu penses comprendre pourquoi.

Tu avais cru comprendre à force qu’il détestait l’attention, les faux-semblants et tout ce système de réputation, qu’il aimait le calme et la tranquillité, qu’il se contentait de peu. Son téléphone n’était pas le dernier en date, il avait encore des écouteurs à fil, voir un casque, il portait des vêtements simples, pas de marques visibles ou de costumes comme l’uniforme tous les jours. Les marques qu’ils demandaient en bouffe était plutôt modeste, son équipement de hockey était certes cher, mais pas non plus les gammes pro qu’on pouvait espérer chez lui. Un fils de riche qui aurait aimé être comme tout le monde, en somme, honteux de sa famille.

Un visage que personne ne connaissait, sauf vous à présent, dans l’intimité de la collocation. C’était presque rassurant et c’était avec une certaine concentration qu’il conduit pour vous amener à bon port… Loin de la conduite folle dont il avait fait preuve cet été pour amener Corny à la patinoire, ses mots, pas les tiens. Évidemment, vous êtes bien visible pour les autres et tu le sens quand il se gare dans un coin un peu éloigné de l’entrée. Tu le vois, effondré. Tu déglutis, jetant un regard à Lisa, qui ne tardera pas à le rassurer de toute façon et bug en entendant la brune à tes côtés devant son téléphone.

- De quoi ? Quel message ?

Elle ne tarde pas à répondre, alors que tu cherches toi-même le dis message et blêmit. Tu lèves la tête pour regarder le concerné qui semble d’un coup devenir fou. Le regard est glaçant, sombre, le visage est déformé sous la colère et le corps semble d’un coup prendre plus de place, comme s’il se grandissait. Tu ne l’avais jamais vu comme ça et c’est sûrement pour une bonne raison. Il jette limite ses clés sur les genoux de Lisa, sortant comme un dingue en hurlant. Et en menaçant même. Tu écarquilles les yeux et regardes les filles avec toi.

- Il… Il va vraiment la foutre sous ses roues ou c’est juste pour la menace ?

Quoi que… Il en serait capable, tu y crois.

- On sort voir ce qui se passe aussi… Où on attend qu’il se calme ?

C’est sur, tu ne savais ABSOLUMENT pas comment réagir face à un Aayden Sachs en colère… Tu avais eu un aperçu au McDo, mais là… C’était très différent.

Ok, c’est vraiment pas une bonne journée. Entre les uniformes, la nouvelle voiture, l’attroupement autour de celle-ci et la soudaine demande de Cornelia demandant s’ils ont reçu un message, la voix un peu mal assurée, Lisa sait d’ores et déjà que ça va être une longue journée, d’autant plus que Den est d’une humeur de chien avec tout ça, ce qui veut dire… Hé bien beaucoup plus de risques de perdre son calme, en fait. Beaucoup plus de risques d’envoyer son poing dans le nez de quelqu’un qui l’emmerderait un peu trop.

"- Mhhh non j’ai rien reçu, ça dit quoi ?"

Lisa fronce les sourcils devant le mutisme de ses messages instagram. Qu’est-ce que c’est encore que ces conneries ? Qu’est-ce qui se passe ? Elle tourne la tête en direction de Cornelia, comme pour l’interroger du regard, alors que sa main est en train de se perdre dans les cheveux de son meilleur ami pour essayer de l’apaiser un peu comme elle peut après ce début de journée pour le moins compliqué. C’est chaotique, c’est le moins que l’on puisse dire pour qualifier la situation. Pas vraiment la rentrée qu’elle aurait espéré.

"- QUOI ???"

Face à la nouvelle que la brune leur annonce, elle sait que contenir la fureur de son meilleur ami va être plus que compliqué, alors qu’elle bouillonne elle-même. Den, lui, a la mine si sombre qu’elle ne l’a vu comme ça peut-être qu’une fois. Quand il a littéralement défoncé un joueur pour avoir blessé Lisa. Quand il a fracassé ce type, lui laissant encore une cicatrice aujourd’hui. Elle n’avait pas pu le retenir, à l’époque. C’était la première fois de sa vie. Et aujourd’hui… Elle n’est pas sûre d’y arriver.

"- Den !" appelle-t-elle. Mais c’est trop tard. "Merde !"

Elle entend à peine les mots d’Andy derrière elle, son attention focalisée sur Aayden, consciente que l’heure est grave. Consciente qu’elle n’a pas de temps à perdre. Elle ouvre la portière une seconde après Den, peut-être deux, au maximum, alors qu’il hurle au milieu du parking pour retrouver la Barbie responsable de cette fureur, avec ses conneries.

"- Denden ! Ça va aller !" affirme Lisa.

Elle se rapproche de lui, passant immédiatement ses bras autour de lui. Elle ne le calmera probablement pas comme ça mais, dans l’immédiat, elle l’empêche au moins de faire quoi que ce soit de répréhensible à Barbie, parce qu’il ne voudra pas la repousser, pas la blesser elle.

"- Calme toi... Calme toi Den, elle en vaut pas la peine..."

Le début des emmerdes, ouai. Vraiment, Andy ne pouvait pas mieux dire et, quand on croit qu’y’en a plus… Y’en a encore. Alors qu’ils arrivent au lycée et qu’un attroupement curieux se fait autour de la voiture, Corny fronce les sourcils devant le message qu’elle vient de recevoir et, qu’en dehors d’Andy, elle est la seule à avoir reçu. Aayden Sachs en couple avec Karine Smith. Grande nouvelle annoncée en grande pompe dans ses DMs alors qu’elle sait très bien qu’il n’en est.. hé bien, rien. Elle le saurait si, ces dernières semaines, il avait été voir Karine. Et vu l’altercation au mcdo en début d’été… Y’avait vraiment aucune chance que cette annonce ne soit rien de plus qu’un gros mensonge,

*Le concerné n’est pas au courant.* tape-t-elle rapidement en réponse dans le groupe, déclenchant une multitude de réactions, de questions. Comment pourrait-t-elle savoir, elle, qu’il est en couple ou non ? Cornelia pousse un soupir en tapant frénétiquement sur son téléphone. *J’habite avec Lisa, Andy et lui, premièrement, alors je le saurais s’il avait eu des rencards dernièrement. ET je suis actuellement dans sa voiture alors… J’ai eu sa réaction en direct.*

La suite se passe en un quart de seconde. Aayden qui sort de la voiture, Lisa qui lui emboîte le pas, Andy qui panique, en se demandant si Sachs pourrait vraiment rouler sur Karine. Vu la fureur évidente du jeune homme, c’est une supposition que Cornelia préfère ne pas voir vérifiée. Elle n’apprécie pas du tout Karine, mais pas au point de lui souhaiter de passer sous les roues de qui que ce soit. Et bien qu’elle ne soit pas une grande amie avec le hockeyeur, elle ne lui souhaite quand-même pas de finir en taule.

"- On va la laisser gérer, hein ?" souffle Corny. "T'inquiète pas pour elle j'pense... Qu'elle sait faire..." poursuit-elle en jetant un regard à Andy, consciente qu'il peut avoir peur pour Lisa, vu l'état d'Aayden.

Elle n’a pas à intervenir dans ce merdier, elle ne serait d’aucune utilité. Le mieux c’est de laisser Lisa gérer la situation parce que…. Hé bien, parce qu’elle est peut-être la seule qui puisse encore faire quelque chose, à présent. La seule qui puisse contenir un tant soit peu son meilleur ami. Mais, en sortant de la voiture, Corny tape un nouveau message dans le groupe. *Que Smith sache que Sachs la cherche et qu’elle ne doit sa survie pour l’instant qu’à l’intervention de Lisa. Si j’étais elle, j’éviterais de le croiser.* En espérant que la blonde ne soit pas assez conne pour venir le voir mais… Corny aperçoit déjà sa silhouette plus loin, sortant de sa propre voiture, une décapotable rose digne des plus grandes pouffiasses du cinéma.

"- … Oskour !"

Lisa qui sort de la voiture pour suivre le mouvement, espérer calmer son meilleur ami qui te fait presque encore plus peur qu’il ne l’avait jamais fait auparavant. Le monde qui commence à faire traîner la rumeur que vous aviez reçue. Un Sachs qui hurle, prêt à faire peut-être une connerie sans nom tant la rage l’a envahi et vous, au milieu. Tu grimaces en sortant de la voiture, voyant Cornelia qui essaye de faire taire le jeu de son côté, qui tapote rapidement sur son téléphone pour avertir tout le monde de la supercherie. En même temps, bien sûr que si c’était vraiment le cas, le nombre de fois où la blonde serait venue à l’appartement...

Tu déglutis un peu avant d’entendre la musique qui sort de la décapotable qui arrive. Tu soupires, entendant l’appel au secours de ta meilleure amie. Tu secoues la tête devant le triste spectacle qu’offre la blonde au volant de sa voiture aussi rose qu’immonde. Elle débarque, des talon hauts non-conforme au règlement, une jupe trop courte pour être vrai et la chemise en haut attaché au-dessus du nombril avec sa veste sur les épaules et la cravate un peu détaché. Tu comprends d’un coup son deuxième prénom même si l’icône de la pop avait plus de style dans ta mémoire.

Le fait est qu’elle avance, d’un pas serein, sac à main sur le bras. Elle vous toise, baissant ses lunettes de soleil sur son nez pour croiser vos regards.

- Ouh. Joli bagnole. C’est à toi Myers ?

Tu grimaces un peu et secoues négativement la tête. Tu poses une main sur l’épaule de Cornelia pour la faire reculer. S’il fallait prendre les coups, autant que tu te fasses barrage, parce que pas sûr que Sachs se retienne encore longtemps s’il voit Smith s’en prendre à la patineuse devant tout le monde.

- Non, elle appartient à quelqu’un que tu as vraiment mis en colère… Et qui...
- SMITH !
- … te cherche…

Ah bah trop tard. Tu te tournes pour voir qui venait de hurler son nom, même si l’identité du concerné ne te semblait pas surprenant. Sa réaction par contre…

- Oh parfait ! AAYDEN CHOU !!

Tu te facepalms avant de grimacer, la voyant partir vers le blond comme si de rien n’était, la bouche en coeur. Ouais non. Que Dieu vous vienne en aide là. Tu tentes une sortie avec ton amie, faisant signe à Lisa que c’était mieux pour tout le monde que vous vous éclipsiez avant.

- On file voir nos classes avant d'assister à un massacre ?

Tel un chien enragé, te voilà au milieu de tout les regards en train de chercher la tête d’écervelée blonde Barbie qui apparemment te sert de petite amie…. Sans que tu ne sois au courant. Tu as les poings serrés, les nerfs à vif et sentir la présence de Lisa n’aide pas vraiment, pour une fois. Tu serres les dents, respirant profondément. Tu tournes la tête pour croiser le regard de cette dernière alors qu’elle essaye de te rassurer de te calmer. Tu fais volte-face, le regard fou. Tu aurais pris des stupéfiants que l’effet aurait été le même. Tu grimaces et grognes un peu, doucement pour ne pas non plus blesser l’une des femmes de ta vie.

- Me calmer ? T’veux qu’j’me calme après ça ?! Comment tu veux qu’j’redescende alors qu’j’viens d’entendre d’sa bouche qu’Smith a sorti un mensonge encore plus gros qu’son cul pour faire son intéressante ??! Comment tu veux qu’j’redescende alors qu’elle a été la première à avoir vu ça ?! Hein ?! COMMENT ?!

Tu recules, conscient que tu pourrais mal réagir physiquement maintenant, trop à cran. Et faire du mal à Lisa serait la pire erreur, la pire chose qui pourrait t’arriver. Alors tu recules pour la protéger, elle. Tu redresses la tête alors qu’une musique assez spécifique se lance au loin et qu’un point rose se fait voir dans la foule, approchant vers le parking. Tu jettes ton sac par terre, commençant à marcher rapidement vers la décapotable qui se gare. Tu ne sais pas ce qui est dit, mais tu aperçois rapidement Andrew entre Cornelia et la blonde. Tu fulmines, hurlant le nom de famille de cette stupide Barbie.

Évidemment qu’elle ne se rend pas compte de ton état, évidemment qu’elle approche comme si de rien n’était et qu’elle aborde un sourire victorieux. Mais… Tu pètes un câble. Un vrai. Tu lui attrapes le cou, la faisant reculer contre sa voiture.

- T’AS DÉPASSÉ LES BORNES PUTAIN !! C’EST QUOI ÇA HEIN ?! C’TOI QUI A LANCE CETTE CONNERIE ?!

Tu grognes la relâchant pour qu’elle puisse respirer et recules alors qu’elle tombe au sol à terre, devant témoin. Tu craches plus loin, la pointant du doigt. Le silence autour de vous est pesant, rythmé aussi par les clics des téléphones, des photos et des vidéos enregistrées.

- T’as d’la chance d’être une nana ! Fait en sorte d’rétablir la vérité avant c’soir ou j’te jure que tu vas savoir pourquoi on m’appelle Brise-Dents !

C’est vraiment la merde. La journée est partie en vrille complet alors même qu’elle ne fait que commencer. Sachs est tellement en colère que s’en est impressionnant et quand Cornelia voit Karine arriver au volant de sa décapotable, c’est le pompon. Elle sait que ça ne va pouvoir qu’empirer, maintenant, parce que Aayden est encore dans les parages et que la blonde n’a de toute évidence pas eu le temps d’apprendre qu’elle devait éviter de croiser le jeune homme aujourd’hui. Au contraire. Elle s’avance avec son air suffisant et ses allures de reine des garces, baissant ses lunettes pour s’adresser à Andy. Cornelia lève un sourcil. Dans quel univers quelqu’un d’équilibré peut supposer qu’Andy roule en jaguar ? Les vrais savent qu’il se déplace à moto. Mais peu importe.

Andy répond, repoussant la brune un peu plus loin, se plaçant entre elle et la blonde. Corny lève un sourcil, ne comprend pas pourquoi il se dresse devant elle comme s’il devait la protéger. Ce n’est que Karine, ce n’est pas comme si elle craignait quelque chose, pas comme si elle en avait quelque chose à faire, surtout, de ce que dira cette fille. Elle a encaissé les remarques un moment, Corny, de la bouche de Sachs, principalement, alors aujourd’hui… Elle a tristement l’habitude.

Sachs beugle le nom de Karine derrière eux et elle ne semble même pas comprendre le danger qui la menace, comme elle jubile de voir l’homme. Elle est folle. L'avertissement siffle pourtant suffisamment dans la voix du goalie pour que personne ne se risque à l’approcher. Cornelia elle-même, sans être la destinataire de sa fureur, tremble de tous ses membres. Mais la blonde, elle, ne semble pas se rendre compte de ça et s’approche de lui tandis qu’Andy lui propose de rejoindre les affichages, pour trouver leurs classes. Elle opine de la tête, tandis qu’ils peuvent encore entendre Sachs vociférer dans leur dos.

Son téléphone vibre encore et la demoiselle, en avançant, le sort de sa poche, portant son regard sur la conversation instagram qui s’agite. Elle devient plus pâle. Les images qui s’affichent sur l’écran, témoignage de ce qu’il se passe dehors, sont édifiantes.

"- Oh merde, regarde !" souffle Corny en agrippant le bras d’Andy pour lui montrer les clichés. "Y’a même une vidéo…" dit-elle sans oser la lancer.

Il faut qu’il se calme. Il faut absolument qu'elle trouve le moyen de l'apaiser. Plus facile à dire qu'à faire puisque, alors qu'elle s'agrippe à lui en lui demandant de se calmer, en lui affirmant que Karine ne vaut pas la peine et qu'il se mette dans tous ses états et prenne des risques, le jeune homme tourne la tête vers elle, avant de se retourner complètement. Il a le regard fou, la veine sur la tempe qui palpite, le souffle court. Si elle ne le connaissait pas aussi bien, elle aurait peur. Et à vrai dire, elle n'est tout de même pas très rassurée. Pas qu'elle le suspecterait de lui faire quoi que ce soit, évidemment, elle a parfaitement confiance en lui et c'est qu'il ne la blessera jamais volontairement. Mais pour ce qui est de Karine… pourtant, il faut à tout prix l'éviter. Évidemment, s'il s'en prenait à la blonde, son père lui prendrait les meilleurs avocats et trouverait un moyen de régler la situation. Mais Lisa préfère éviter purement et simplement le moindre passage par la case justice. C'est pas gagné.

"- Arrête, arrête s'il te plaît… Elle n'en vaut vraiment pas la peine ! Tu crois que Nelly en a quelque chose à faire de ça ? Elle sait bien que c'est pas vrai… Que ce soit la première ou la dernière à l'apprendre, qu'est-ce que ça fait ?"

Il a reculé, loin d'elle, mais Lisa ne le laisse pas vraiment faire. Elle ne l'a jamais vu dans un tel état, finalement, pas même la fois où effectivement il a défoncé un joueur pour la défendre. Il est un cran au-dessus aujourd'hui, plus adulte, plus excédé, avec bien plus de problèmes sur les bras qu'à l'époque et la corde craque. Elle craque trop vite. Et les yeux de Lisa s'embuent de larmes à se sentir dépassée, inutile, inefficace. Impuissante. À sentir que pour une fois, elle ne parvient pas à être suffisante. À être ce qu'il a besoin qu'elle soit. Réaliser qu'elle ne peut pas le contenir comme elle l'a toujours fait, réaliser que ça la dépasse… c'est difficile.

"- S'il te plaît Den… elle vaut pas le coup que tu comparaisse d'vant un tri…"

Mais elle a pas le temps de finir parce que Barbie arrive au volant de sa décapotable et qu'Aayden part vers elle rapidement, criant son nom au milieu du parking. Alors le silence se fait et Lisa récupère le sac qu'il a jeté, avant de le suivre précipitamment. Elle hoche la tête au petit signe d'Andy, le laissant partir avec Cornelia, consciente qu'il vaut mieux éviter que la patineuse voit ça.

Impuissante, Lisa regarde son meilleur ami agripper le cou de Karine et la faire reculer jusqu'à sa voiture, la jeter contre celle-ci, crier, s'énerver, la menacer, tandis que le reste des élèves prend des clichés de la scène. Lisa, elle, a le cœur au bord des lèvres et les larmes qui dévalent ses joues tandis qu’elle se rapproche d’eux, cherchant à intervenir, à calmer le goalie, alors que pour la deuxième fois de sa vie, il semble ne pas pouvoir s’appuyer sur elle. Et l’autre conne jubile, en plus, sans comprendre ce qu’elle risque vraiment.

”- Bah alors Hampton, j’sais qu’j’t’ai battu mais fait pas cette tête ! C’est pas d’sa faute si…”
"- Va te faire foutre, salope !"

Lui renvoyer à la figure qu’elle n’est pas assez, pas suffisante pour calmer son meilleur ami, c’est bas, presque trop bas même pour Karine. Karine qui ne comprend même pas à quel point Aayden prend vraiment sur lui pour ne pas lui coller tout de suite son poing dans la figure.

”- T’es sérieuse, tu m'insulte vraiment là Hampton ?” Barbie semble scandalisée, la regardant de la tête aux pieds. ”J’vais en toucher deux mots au directeur.”
"- Ouai vas-y. Vraiment. J'suis sûre qu'il sera ravi d'apprendre que tu harcèles un élève parce que t'es complètement timbrée. Je suis à peu près sûre que la police adorera cette histoire elle aussi…" menace Lisa en essuyant les larmes que la rage et la tristesse mêlées font couler. "Si j'étais toi, je l'écouterai. Comme tu l'as si bien souligné, j'ai du mal à le retenir aujourd'hui…"

Alors que tu cherches les listings pour les classes pour les réunions de pré-rentrées, tu vois que tout le monde cherche son téléphone frénétiquement. Tu espérais bien un peu de calme après la tempête, mais vous êtes encore en plein brouillard. Tu grimaces en sentant le tient vibrer aussi, voyant la notification et déglutis un peu. Tu redresses la tête vers ta meilleure amie et soupires en rangeant ton appareil.

- Tu veux la voir ?

Que tu souffles alors que les murmures se font autour de vous, les cris, les réactions. Quoi ? Une main sur le cou ? Une vitre de voiture pétée ? Du sang ? Tu grimaces et la curiosité te prend au cou, mais non. Tu regardes un peu la brune à tes côtés, ne sachant pas si tu voulais toi aussi voir les clichés pris, déjà en train de circuler sur les réseaux de tout le lycée. Peut-être que même les coachs l’ont déjà vu aussi.

Tu te facepalms intérieurement et décide de la lancer, voulant la voir en premier, épargnant peut-être ainsi la mémoire de la patineuse à côté de toi et écarquilles les yeux avant de fermer l’écran. Ah oui… Oui non. Brise-Dent hein ? Tu soupires un peu et secoues la tête.

- Mieux vaut pas que tu regardes… BON ! Ce listing…

Que tu souffles en parcourant rapidement du regard les listes. Tu souris, en trouvant le nom de Lisa et Corny au même endroit. La classe une. Au moins une bonne chose de faite. Tu souris, peut-être que ça l’égayera un peu.

- Tu es en 101 avec Lisa et… Oh, bah, j’y suis aussi tient. Ce sera plus simple.

Ton regard continu de descendre pour vérifier et tu soupires presque de soulagement en ne voyant pas le nom de Smith dessus et pouffes nerveusement. Tu baisses la tête en te demandant si c’était fait exprès. Il faudra voir avec les options choisies après bien sûr.

- Ah bah… Aayden est avec nous aussi. On les prévient et on y va ?

Tu sembles sourd. Tu sembles sourd aux remarques de ta meilleure amie, à sa demande de te calmer, alors que la colère bouillonne en toi, ne faisant pas attention aux caméras braquées sur toi. Tu lâches ta rage sur la blonde en face de toi, lui serre le cou à lui laisser une marque de ta main. Et alors que tu pensais qu’elle comprendrait, elle décide de s’en prendre verbalement à Lisa. Ton sang ne fait qu’un tour, encore, pour la second fois de la mâtiné. Tu ne te retiens plus et donnes un grand coup de poing dans la vitre de sa décapotable.

Tu ne sens ni la douleur, ni que tu as tapé bien trop fort pour qu’elle reste nette, montrant des premières fissures. Tu n’entends même pas son cri alors que le sang coule de tes phalanges. Tu retires le poing et approches d’elle une nouvelle fois, la toisant du regard.

- Continue d’parler à Lisa… Et ta tête finit comme ton pare-brise.

Que tu souffles, furieux, avant de récupérer ton sac, ta meilleure amie par le bras et tu avances sans reculer pour rejoindre le mur des listings des classes. Tout pour t’éloigner de la foule alors que tu entends déjà ton téléphone qui vibre de multiples notifications. Tu grognes, lâchant Lisa au bout d’un moment et t’éloignes un peu pour frapper le mur le plus proche en grognant, râlant. Tu dois redescendre, mais l’émotion est encore trop forte, trop vive, tu ne fais pas attention à ta main qui commence vraiment à prendre une teinte rouge et secoue la tête en te laissant ensuite rouler en boule, accroupis au sol, la tête cachée dans tes genoux.

- Journée d’merde…

Que tu souffles, tremblant des épaules, sanglotant d’un coup, évacuant le trop-plein comme une cocotte-minute qui explose enfin. Il y avait trop eu d’un coup, trop en une fois. Tu sens à peine les bras de ta meilleure amie qui t’entourent, que tu attrapes pour être dans ses bras, la laissant te bercer alors que tu pleures à chaudes larmes contre elle. Tu ne sais pas combien de temps ça dure, tu ne sais pas combien de temps, tu as besoin, mais tu finis par te calmer, les yeux rouges, l’esprit un peu plus calme. Tu recules, essuies tes larmes et marmonnes doucement.

- J’ai merdé...

Parce que tu sais que tout ça a été filmé…. Tu ne sais juste pas si ELLE a vu aussi… Si ELLE était là aussi…