« -c’était un cadeau de mon ex. » coupa Abby avant d’ajouter : « -qui aurait dû être passé à la poubelle depuis longtemps déjà. » en un sens, il l’avait aidé à le faire. Alors il n’avait pas à s’en vouloir. Pas le moins du monde. Contre toute attente, il venait de lui faire un cadeau. La surprise se lu sur le visage de la blondinette. Elle ne l’avait pas vu venir. Elle commença à parler, puis se ravisa et le remercia. Nouvelle surprise en apprenant qu’il avait acheter le repas du soir et ça pour les quatre habitants de l’appartement. « -fais pas cette tête. C’est bien ! » oui, elle trouvait ça vraiment bien. « -et détends toi, on va pas te demander d’être sympa tout le temps. » ça sortait d’où d’ailleurs cette gentillesse ? Il lui avait clairement fait comprendre qu’il avait du mal à supporter Kim et Chris. Avec elle-même, il en fallait toujours très peu pour une prise de tête. Elle lui confia alors qu’elle était certaine qu’il pouvait être quelqu’un de gentil. « -je l’ai jamais vu… » trop peur… en grimaçant. Elle haussa les épaules comme si elle ne savait pas lui répondre. Et pourtant, si ce matin, elle avait eut une sorte de preuve dans ce sens. Sa main dans son dos, il avait demandé comment elle allait. Puis sa prise de parole face aux deux autres. Mais elle n’en dit rien. Il semblait suffisamment mal à l’aise comme ça. « -je serais obligée de déménager à nouveau. » déclara Abby avant de lui demander de prendre place sur le lit.

Elle l’aida à retirer son t-shirt, ayant prit soin de se mettre derrière lui. Il était un peu moins mal en point, mais elle gardait en tête cette histoire des yeux dans les yeux. Elle le sentit se détendre peu à peu. « -même pas en rêve. » elle était trop bien derrière son pc. « -t’imagine le bordel si fallait que je fasse dormir tous mes patients dans ma chambre ?! » elle sourit avant de se lever pour venir passer le bandage autour du torse de Seth. Elle s’appliqua à ne pas lever les yeux, et à serrer au mieux. « -ok… » souffla la jeune femme en relevant le regard sur son colocataire. « -si tu as besoin tu sais où me trouver. » elle n’allait pas chouiner parce qu’il reprenait ses quartier. « -voilà c’est bon. » elle avait terminé. Juste devant lui, à quelques centimètres même, elle lui sourit : « -elle est parfaite. » elle n’avait pas l’intention d’échanger le cadeau qu’il venait de lui faire. Elle finit par détourner le visage et reculer d’un pas pour ranger, mais surtout pour éviter cette proximité. « -c’est toi les draps au faites ? » elle lui sourit : « -t’écoutes jamais quand on te demande un truc ? Je t’ai demandé de rester tranquille. » le ton était toujours doux. « -on devrait descendre pour manger. J’ai pas vraiment envie de veiller tard ce soir. » non, elle avait encore quelques heures à rattraper. Elle prit le t-shirt de Seth entre ses mains et lui passa autour du cou : « -lèves doucement. » en parlant de son bras. Elle qui avait chercher à mettre quelques mètres entre eux, voilà qu’ils étaient à nouveau bien proche.

En entendant l’aveu de la jeune femme concernant le morceau de tissu qui recouvrait en partie son torse, Seth fut conforté dans ses hypothèses à l’égard de ce mystérieux ex-petit-ami dont elle ne souhaitait jamais parler. En gardant ainsi l’écharpe dans son placard, Abigail lui confirmait qu’elle l’avait sûrement aimé d’un amour fou, et qu’il était celui qui était parti. Une femme qui partait ne gardait pas d’attache. Elle rendait l’ensemble des affaires dans un carton miteux ou alors brûlait le tout dans la cheminée un soir d’hiver. Mais quand c’était lui qui mettait un terme à la relation… Eh bien certaines gardaient des écharpes dans les placards. Toutefois, Abigail semblait prête à avancer. Elle était prête à jeter ce morceau de tissu qu’il avait souillé par sa sueur et son sang. Il souffla un « Un pas après l’autre » presque inaudible, avant de lui offrir son présent. Une écharpe qui venait de trouver tout naturellement sa place. Elle remplacerait celle de l’ex-petit-ami dans le placard de sa colocataire. Ça serait sûrement plus sain. Il avait également effectué un détour auprès du traiteur japonais pour ramener des mets pour le dîner de ce soir. Un dîner tous ensemble. Une initiative qui avait surprit la jeune femme, mais pas seulement. Seth aussi était interloqué par son propre geste. Ce n’était plus dans sa nature de se montrer ainsi… Gentil. Ce mot était presque un oublié de son vocabulaire. Pourtant, il avait tenté de l’être aujourd’hui, et esquissa un sourire « Je ne fais pas de tête » se défendit-il tout en sachant pertinemment qu’il affiché une légère moue malgré lui. « Je n’en serais pas capable de toute manière » renchérit-il à l’attention d’Abigail qui semblait apprécier son geste, mais qui n’était peut-être pas prête à supporter un Seth bienveillant en tout instant. C’était le rôle de Chris, et il n’était pas question de le dédoubler au sein de la colocation « Moi aussi » répliqua-t-il avec un sourire. Abigail était un peu la touche colorée de cette colocation. Elle équilibrait les énergies, entre les gentils d’un côté et Seth de l’autre. Et il commençait à tenir à cet équilibre.

À la demande de la jeune femme, Seth prit place sur le rebord du lit et laissa cette dernière lui ôter délicatement son t-shirt. La douleur était omniprésente, et certains gestes restaient douloureux, mais rien de comparable à la veille au soir. Les antidouleurs faisaient peu à peu leurs effets sur son organisme. Cela ne l’empêcha pas de se raidir au contact d’Abigail, par crainte de souffrir de nouveau, mais face à l’absence de douleur, il se détendit peu à peu « On appelle ça une maison close » rétorqua-t-il avec un petit sourire en coin à l’attention de la jeune femme. Il la voyait mal avec un défilé de patients dans son lit. D’autant plus que peu de patients seraient capables d’une telle impassibilité face à son physique et sa proximité. Il avait éprouvé quelques difficultés à l’être lui aussi… Le pansement posé sur sa peau, Seth se leva et fit face à la jeune femme, la laissant bander son torse portant les stigmates de ses précédentes missions « Je ne devrais pas me perdre » et baissa son regard sur son propre corps, passant sa main sur le bandage « Merci ». Il releva son regard sur elle, évoquant l’écharpe. Elle pouvait demander à en changer, mais sourit avec douceur à ces mots. Il ne répondit rien. De toute manière, il ne savait pas réellement quoi rétorquer, alors il acquiesça simplement d’un signe de tête, sans détourner le regard jusqu’à ce qu’elle en prenne l’initiative. Il posa alors ses yeux sur les draps « Oui » et ajouta pour se justifier suite à la douce réprobation d’Abigail « Kim m’a aidé ». Ce qui était vrai. « On dirait que tu n’as pas dormi cette nuit. Eh bien Abigail, qu’as-tu fait toute la nuit pour vouloir te coucher comme les poules ?! », puis l’observa prendre son t-shirt et leva les bras avec lenteur « Je ne peux pas faire plus vite de toute manière », et la laissa lui mettre son t-shirt avec douceur, puis baissa les bras le long du corps lorsque ce fut chose faite, et sans la quitter des yeux, approcha son visage du sien, mais ferma les paupières avec force, et souffla un « On va manger, ça va être froid » tout en se dirigeant vers la porte de la chambre.

« -si tu fais la tête. » avait répliqué la jeune femme en se foutant de lui. Oh ça lui faisait du bien de revenir à ça. « -oui tu finirais en dépression nerveux à coup sûr. » il était bien comme il était après tout, ils s’étaient tous habitués à son caractère de merde et à sa mauvaise humeur. Même si Abby appréciait la nouvelle facette de la personnalité de Seth qu’il laissait émerger doucement. Autant en profiter, ça ne serait pas tout le temps. Elle lui sourit, avant de l’invité à s’installer pour qu’ils puissent changer le pensement. Elle ne put retenir un rire en entendant sa remarque. « -excuse, mais on a pas tout à fait la même vision des services proposer dans ces endroits. » n’importe quoi. « - tu t’es fais avoir autant que moi dans ce cas. Parce qu’on a pas couché ensemble et j’ai pas été payé. » elle avait le sourire aux lèvres tout en s’occupant du pensement.

Elle se leva pour passer la bande autour du torse de Seth. Elle hésita à lui dire que s’il voulait, il pouvait venir. Mais elle ne voulait pas qu’il se fasse des idées. Ça allait devenir une habitude ensuite et elle n’avait franchement pas bien dormi. Mais Il était venu lui demander de l’aide pour le pensement, alors si jamais il avait une insomnie, il trouverait le chemin. Elle évoqua les draps du lit et répondit : « -je pouvais le faire tu sais. » jusqu’à présent elle se débrouillait comme une grande dans ce domaine. Même si elle n’aimait pas le faire. Elle joua le jeu : « -si tu savais ! Un homme m’a tenu éveillé toute la nuit ! Il a su me faire éprouver des choses que j’ignorais ! » l’angoisse, la peur, le stress… enfin, elle les connaissait ces sensations, mais pas dans un tel contexte.

Elle lui passa son t-shirt autour du cou, et l’aida à le passer entièrement. Avec lenteur, histoire qu’il ne fasse pas de mouvement trop douloureux. Son regard dans le sien, elle recula le visage lorsqu’il approcha le sien. En le voyant fermer les yeux avec force, ce fut plus fort qu’elle : « -t’allais faire quoi ? » elle avait une petite idée et l’énonça : « -t’allais m’embrasser ? » elle se mit à rire. Oui, c’était mieux d’en rire et elle en rajouta une couche pour dédramatiser : « -trop de comprimé ! Tu commences à faire n’importe quoi ! Et j’ai pas encore ouvert ma maison close ! » elle avait dit tout cela avec sa main sur le torse de Seth. « -aller on va manger. » elle déposa la pharmacie sur son bureau. Il allait encore avoir besoin d’elle durant quelques jours pour ça. « -et oui, tu as raison, les sushis vont refroidir ! » un sourire et ils quittèrent sa chambre.

Une fois en bas, elle aida Seth à préparer le diner. Enfin elle ouvrit les différentes boites avant de dire : « -on mange devant un film ? » ça leur éviterait de se regarder dans le blanc des yeux. « -oh non madame ! » intervint Kim. « -tu dois me raconter comment c’est passé ton rendez-vous. » roh merde, elle avait complètement oublié ce détail. Kim ne lui laissa pas le choix, déposant les boites sur la table du salon. « -merci Seth. » lança Kim avant de prendre place et de relancer Abby : « -alors racontes ! » « -pas ton tête à tête avec Seth. Ça on s’en fou. » ajouta Chris qui venait de les rejoindre. Ils commencèrent à manger et Abby finit par abdiquer : « -alors il était vraiment canon, mais qu’est-ce qu’il était chiant ! » commença la jeune femme. « -il m’a parlé de son chat, de sa mère encore et encore. Il ne sais jamais intéressé à moi, pas une seule question. » « -non ! Arrête ! » Kim est ses grands airs. « -il a voulu prendre un dernier verre à l’appart mais… » elle jeta un regard à Seth : « -j’ai dis non. Et j’ai pas été franchement gentil en l’envoyant balader. » pour une fois ! Elle était assez fière d’elle d’ailleurs.

« C’est parce que la gentillesse ne me va pas au teint, je te l’ai dit » se justifia-t-il, tel un enfant qui ne voulait pas avouer qu’il avait bel et bien cassé le vase dans l’entrée « Déjà que je suis difficile à vivre… » alors s’il se mettait à s’enfoncer dans une profonde dépression, son bail risquait de s’interrompre bien soudainement. Et puis il n’était pas vraiment certain que la jeune femme veuille une copie conforme de l’afro-américain qui cohabitait avec eux. Bienveillant et toujours prêt à rendre le moindre service. Au moins lui, elle pouvait l’envoyer se faire foutre sans éprouver la moindre culpabilité. Enfin, il devait bien lui concéder sa grande patience à son encontre depuis la veille au soir, alors qu’elle lui prodiguait les soins sans l’envoyer paitre à la première difficulté. Encore une fois, ce soir, elle lui prêtait main forte pour changer ses pansements. Seth fut quelque peu interdit en l’entendant rire. Il n’était pas certain, depuis le début de leur colocation, de l’avoir déjà entendu rire en sa compagnie « Je pense que c’est un détail » avant de rire légèrement à son tour, sa main sur sa côte abimée « Elle a vraiment été décevante sur tous les points cette nuit ». C’était préférable d’en rire que de se laisser accabler par les cauchemars, et l’angoisse qu’ils avaient pu éprouver l’un et l’autre. Enfin, il ne lui tiendrait pas compagnie ce soir. Abigail avait besoin de dormir, et il ne devait pas être un agent de la CIA qui avait peur du noir. Ce n’était pas son premier cauchemars. Ce n’était pas la première fois qu’il frôlait la mort de cette manière, et qu’une personne qu’il connaissait décédé par sa faute… Alors il n’avait d’autres choix que d’accepter sa condition et de vivre entouré de ses Démons. La jeune femme n’avait pas à en pâtir d’une manière ou d’une autre.

Il la laissa bander son torse pour maintenir sa côte fêlée et son pansement, puis le regard du trentenaire dévia sur le lit qu’il avait fait en son absence, avant de relever ses yeux bleus sur la jeune femme « Je sais ». Pour autant, il avait sali ses draps de sa sueur, peut-être également de son sang, alors il pouvait faire cela pour elle. Ce n’était rien, et puis ça ne lui avait pris qu’une bonne demi-heure avec l’aide de Kim pour y parvenir. Il ne remerciait pas la balle de 9mn qui lui avait transpercé le corps. Il apprécia qu’elle joue le jeu ainsi avec lui. C’était différent de leurs piques habituelles, mais Seth apprécia malgré tout l’échange « Tu devrais lui dire de ne pas revenir ce soir, parce que vu ta tête, tu as besoin d’une bonne nuit de sommeil ». Il s’approcha de quelques pas pour qu’Abigail puisse l’aider à enfiler son t-shirt tout en prenant soin de réveiller aucune douleur, et sans vraiment savoir pourquoi, le regard de ce dernier resta accroché à celui de la jeune femme. Il s’avança, prêt à déposer ses lèvres sur les siennes avant d’abdiquer. Il ne devait pas. Seth resta silencieux à sa question, et détourna le regard à la suivante, avant qu’elle ne se moque ouvertement de lui « Tu crois que c’est pourquoi que je n’ai pas voulu faire ton mélange de cette nuit ?! ». Les antidouleurs, les antibiotiques. C’était un mélange explosif pour son esprit. Jamais, depuis sa rencontre, il n’avait eu envie de l’embrasser. Pourquoi ça changeait soudainement ?! Parce qu’elle avait été douce avec lui ces dernières heures ? Et puis quoi encore ?! Il devait se reprendre.

Mais la main qu’elle posa sur son torse ne le laissa pas insensible, et se fit violence pour se concentrer sur ses mots « Bonne idée » avant de la suivre dans la cuisine, sortant les sushis de leurs boites pour les disposer sur les plateaux qu’ils apportèrent sur la table basse. Quand Abigail proposa un film, le trentenaire leva les yeux au ciel tout en prenant place dans le fauteuil. Il imposait toujours une distance entre eux et ses colocataires. Un froncement de sourcils quand Kim évoqua l’homme qu’Abigail avait rencontré la veille au soir. Une semaine d’absence et cette appartement était devenue une résidence de débauche ?! Un regard noir à l’attention de Chris qui semblait vouloir se venger de sa tirade du matin même « Je t’emmerde » répliqua-t-il tout en prenant un sushi dans la bouche, et jeta quelques regards de temps à autre en direction de la jeune femme qui racontait sa soirée avec … Un tanguy souffrant du syndrome d’Œdipe. Elle tombait vraiment sur des nazes. En sentant le regard de sa colocataire sur lui, il attendit patiemment la suite et il se mit à sourire, lui adressant un discret clin d’œil derrière ses lunettes de vue. Finalement, elle écoutait ses conseils avisés « Il t’aurait appelé maman pendant l’orgasme et toi, tu aurais eu le temps de faire ta liste des courses » répliqua l’agent de la CIA sous le regard interloqué des deux autres colocataires. Seth faisait de l’humour « Ils t’ont frappé à la tête durant ton agression ? » demanda Kim tout en désignant sa propre tête du doigt. Il lui lança un regard signifiant qu’elle ne devait pas jouer à ce jeu dont elle ne connaissait pas les règles « Apparemment non » rétorqua Chris avant de se concentrer sur Abigail « Espérons que le suivant soit un étalon qui cherche à te faire monter au rideau » « On va trinquer à ça ! » répliqua Kim en se levant pour ramener quelques bières, alors que Seth ajouta à l'attention de la jolie blonde « Ou un homme qui te fait éprouver des choses que tu ignorais »

« -je pense qu’on serait capable de faire mieux oui… » ajouta Abby toujours sur ce même ton d’humour. Pour une première nuit passée ensemble, clairement c’était chaotique. Malgré le contre coup, le mauvais rêve durant la nuit, alors qu’elle était en train de changer le pansement de Seth, Abby sourit avec tendresse. La seule chose à retenir, c’était qu’il était en vie. Et qu’elle était presque heureuse qu’il ait décidé de lui demander de l’aide. Elle le remercia pour les draps du lit. Puis elle évoqua sa fatigue et sourit à son colocataire. « -c’était notre première nuit ensemble, alors forcement on a pas beaucoup dormi. » s’entendit elle répondre avec ce même ton d’humour et ce sourire tendre sur les lèvres. S’il avait besoin d’elle, il savait où la trouver. Il l’avait dit lui-même, ils avaient comme passé un certain stade hier soir. Le geste de Seth ne lui échappa pas. Elle avait même reculé le visage. Pour éviter tout malaise, elle avait fait de l’humour. « -je t’ai proposé un somnifère hier soir. Et ça va, anti-douleur et anti bio c’est pas des hallucinogènes non plus ! » même si il avait des antidouleur bien fort. Ils décidèrent l’aller manger. C’était sans doute mieux qu’ils sortent de cette chambre. Abby en avait ris, mit ça sur le compte des comprimés, mais tout de même.

Suite aux supplications de Kim, Abby se confia sur son rendez-vous foiré. La réflexion de Seth la fit rire. Un regard pour Kim, un pour Chris puis un sourire derrière son verre d’eau. « -oh non ! pas de bière pour moi. Merci… » elle était trop fatiguée. Et elle n’en avait pas du tout envie. Son regard se posa à nouveau sur Seth et elle sourit en entendant ces mots. « -je sais pas… » un léger haussement d’épaules. « -je veux surtout trouver quelqu’un qui soit capable de m’accepter pour qui je suis. Comme je suis… » c’était sans doute un peu fleur bleu. Pourtant, c’était ce qu’elle voulait. Quelqu’un qui soit capable de rire de ses maladresses plutôt que de la réprimander ou lui dise de faire attention. Quelqu’un qui soit capable de voir que ça n’allait pas simplement à son regard perdu dans le vide. Quelqu’un qui serait aussi capable de la secouer s’il le fallait. « -t’es célibataire depuis longtemps ? » demanda Chris après un léger silence, et surtout avec un sérieux qui ne lui ressemblait pas. « -un peu plus d’un an. » répondit Abby sans chercher à cacher l’info. « -qu’est ce qui s’est passé ? » demanda Kim avant de préciser qu’elle répondait si elle le voulait. Abby termina son verre d’eau, et puis se décida. Pourquoi en faire un secret. Seth aurait ses réponses. « -ça a durée trois ans. Deux ans à vivre ensemble. On avait des projets. Et tout ne s’est pas passé comme il le voulait. Il a décidé de me quitter parce que… » elle se pinça les lèvres. « -parce que je rendais plus heureux… » voilà c’était dit. Et c’était toujours aussi douloureux. Kim finit par lâcher un : « -tu sais quoi, c’était un connard. Ça fait un mois que tu vis avec nous et je ne vois pas comment tu ne pourrais pas rendre quelqu’un heureux. » elle avala une gorgée de bière : « -alors dit toi bien, qu’il a fait le bon choix. Il t’a rendu ta liberté ! Et tu trouveras bien mieux. N'est ce pas les gars? » Abby avait presque rougit en baissant les yeux. « -merci… » Kim avait beau avoir un côté frivole, Abby l’appréciait vraiment déjà beaucoup.

« On pourrait difficilement faire pire » rétorqua Seth comme si c’était une évidence. Ce qui était le cas. La jeune femme n’avait pas dû rencontrer beaucoup d’homme dans sa vie, revenant de la péninsule arabique après avoir frôlé la mort. Encore moins un homme qui lui demande de lui recoudre sa plaie au beau milieu de la nuit, tâchant ses mains de son sang, comme il l’avait fait. Alors si jamais ils avaient une deuxième nuit ensemble, ce dont il doutait fortement, il espérait qu’elle se déroule différemment, et qu’il ne soit pas la cause de ses cauchemars, une fois encore. Mais cela leur avait permis de passer une certaine étape dans leur relation pourtant à dents de scie. Une certaine confiance s’était instaurée. Seth parvenait même à user de l’humour pour s’adresser à la jeune femme « C’était pour t’impressionner. Ça ira mieux les nuits suivantes ». Toutefois, cette soudaine proximité avec Abigail lui fit éprouver une certaine envie de goûter ses lèvres, ici-même, dans la chambre de cette dernière. Le mouvement de recul qu’elle effectua lui fit fermer les yeux, se rendant compte de son impair. Il justifia son geste par l’abus des médicaments, mais cette justification ne sembla pas convaincre la jeune femme, alors il répliqua « Pense ce que tu veux, mais c’est la faute de ces comprimés », ne dérogeant pas à son explication qui était, à ses yeux, la plus rationnelle. Sinon, cela signifiait qu’il éprouvait une certaine attirance pour sa nouvelle colocataire, et il n’était pas en adéquation avec cette réalité-là. Il ne le souhaitait pas. Il était donc temps pour eux deux de retourner auprès de Chris et Kim à l’étage inférieur afin de dîner tous ensemble.

Comme à son habitude, le trentenaire prit place dans le fauteuil, mais se décida à participer à la conversation ce soir. Sa remarque fit rire Abigail, ce qui le rassura. Elle ne lui en voulait pas pour son geste précédent. Elle ne lui en tenait pas rigueur, et ça le soulagea. Ça n’avait été qu’un mauvais de faiblesse, et ne souhaitait pas que ça détermine la suite de leur relation. Un regard pour Kim qui venait de se lever pour ramener quelques bières, et imita Abigail « Pour moi non plus ». Les médicaments l’embrouillaient bien assez, il ne souhaitait pas prendre le risque de perdre le contrôle qui lui restait en mélangeant son traitement avec de l’alcool, aussi peu fort puisse-t-il être. C’était un risque qu’il n’était pas prêt à courir. Pas après avoir tenté d’embrasser Abigail dans la chambre quelques minutes plus tôt. Il reporta son attention sur Abigail qui décrivit le genre d’homme lui correspondrait, et ce dernier répliqua « Pour cela, tu dois redevenir celle que tu étais, non ? ». Pas besoin d’être médium pour constater que la jeune femme n’était pas réellement elle-même, mais une version travestie d’elle-même, afin de rentrer dans les standards imposés sûrement par l’homme qui avait partagé sa vie durant quelques années.

Ils furent rapidement et brièvement enveloppé par un silence presque pesant, chacun dégustant le dîner que Seth avait ramené du traiteur japonais à quelques rues de leur appartement. Ce fut Chris qui brisa ce calme ambiant avec un sérieux dont l’agent ignorait tout. Il posa ses yeux sur lui, quelque peu interloqué par sa question et la manière de la poser. Il fixa Abigail qui se prêta au jeu, acceptant de répondre à l’afro-américain. Elle acceptait de répondre à leur colocataire dont elle ignorait tant de choses, mais pas à lui… Seth baissa son regard sur son poisson enveloppé de riz et d’algues, terminant de manger sans relever ses yeux bleus sur l’un d’eux, écoutant seulement d’une oreille attentive la réponse de cette dernière. Les mots qu’elle usa furent rude à entendre. Ne le rendait plus heureux. Quel homme disait cela à son partenaire ?! Pour autant, Seth ne répliqua rien, terminant silencieusement son assiette, se leva pour la laver dans l’évier et monta à l’étage, toujours renfermé dans son mutisme légendaire, et après un détour pour la salle de bain, retourna dans son antre. La porte fermée dans son dos, il observa son sac toujours posé sur son lit et après une légère inspiration, se décida à le vider avec des gestes lents pour ne pas se blesser davantage. Il fit les aller-retour jusqu’aux différents rangements, puis glissa le sac sous son lit, et prit place dans son lit, fixant le plafond, repensant à Abigail et à sa relation avec son ex-petit-ami.

« -ouais… » souffla Abby avant d’ajouter : « -j’y travaille… » mais ça n’était pas si simple que ça. Cela faisait une année passée maintenant qu’elle n’était plus en couple avec Josh. Les premiers mois avaient été très dur à encaisser. Aujourd’hui, elle avait tout de même reprit le dessus. Et la colocation lui faisait du bien. Alors… elle ne doutait pas qu’avec le temps, elle raviverait celle qu’elle était avant. La jeune femme se prêta au jeu des questions réponses. Elle n’avait pas été capable d’en parler la nuit précédente. Peut-être parce qu’elle avait peur du jugement de Seth. Ou bien qu’il lui donne tout un tas de conseils qu’elle n’avait pas envie d’entendre. Elle nota son silence, et le retour des habitudes. Vaisselles silencieuses, puis retour dans sa chambre. La parenthèse du weekend était terminée. Une petite heure plus tard, elle gagna à son tour sa chambre, ne cessant de bailler à s’en décrocher la mâchoire. Elle ne fut pas très longue à s’endormir. Nuit paisible, pas de cauchemar. Finalement, elle n’était pas si traumatisée que ça.

Le lendemain matin, elle avait croisé Seth au petit déjeuner. Elle l’avait aidé pour le pensement, prenant soin de rester derrière lui cette fois-ci. Cela durant quelques semaines, partageant son temps entre les soin de Seth et surtout le travail. Deux mois plus tard, il était remit de ses blessures et Abby râlait dans la cuisine face à Kim. « -je sais pas pourquoi j’ai dit oui. Sur le coup, ça me semblait une bonne idée mais maintenant… » elle avait la flemme ! Vraiment ! Elle avait eut une grosse semaine, et n’était pas d’humeur à faire la conversation avec un inconnu. Un regard pour Seth qui venait de se servir un café. « -aller t’as besoin de sortir. Ça te fera du bien. Si c’est naze tu rentres comme la dernière fois. » Abby posa son front contre le comptoir de la cuisine en gémissant. Chiotte ! D’un pas trainant, elle remonta l’escalier pour aller se préparer. Un verre et basta !

Une fois dans sa chambre, elle chercha quoi mettre. Elle opta pour une combinaison. Ça annonçait bien la couleur ce genre de tenue selon elle. Kim lui avait conseillé une autre appli de rencontre quelque chose de plus sérieux. Pas pour un plan cul. Le type avait insisté pour qu’ils se rencontrent. Abby avait dit oui. Maintenant elle le sentait moyen. La porte entre ouverte, elle vit passer Seth. « -hey ! ça va comme ça ? » demanda la blondinette en parlant de sa tenue. Elle n’était pas certaine qu’il soit de bons conseils là-dessus mais bon. « -tu restes à l’appart ce soir ? » étrangement elle aurai préféré qu’ils mangent ensemble plutôt que d’aller à ce rendez vous.

Entendre Abigail se confier ainsi sur son passé sentimental à Chris et Kim avait laissé un arrière-goût amer au trentenaire qui s’était convaincu que leur relation avait franchi une étape la veille au soir, qu’une confiance mutuelle s’était instaurée. Finalement, il s’était fourvoyé. Face à cette difficile réalité, Seth se renferma dans son habituel mutisme ce soir-là, ainsi que les jours qui suivirent. Des jours qui devinrent rapidement des semaines. Au fil du temps, ses blessures étaient devenues plus qu’un lointain souvenir et il avait ainsi pu reprendre ses activités au sein de l’Université, ainsi que pour la CIA. Enfin, il n’avait jamais abandonné la mission. Seulement, il n’avait eu d’autres choix que de ralentir ses recherches et ses déplacements, les déléguant à Tom lorsqu’il se rendait sur New York. C’était ce dernier qu’il avait rencontré pour faire le point, avant de rentrer à l’appartement en fin de journée. Il s’était délesté de la mallette dans l’entrée et de sa veste de costume sur le canapé, lorsqu’il s’avança dans la cuisine pour se servir un café noir. Un regard pour les deux femmes qui conversaient dans la cuisine au sujet d’un rendez-vous qu’Abigail avait le soir-même, et pour lequel, elle avait un enthousiasme débordant… C’était ironique, bien évidemment. Il glissa deux sucres dans sa tasse, et resta silencieux, dégustant le breuvage sombre dans un coin de la cuisine. Il croisa les prunelles claires d’Abigail, mais ne lui adressa aucun mot, aucun sourire. Finalement, la conversation n’était pas particulièrement stimulante intellectuellement, et décida de s’avancer vers la baie vitrée pour observer la vue, faisant abstraction du bruit environnant. Il n’avait jamais compris l’intérêt de Kim à vouloir pousser la jeune femme dans les bras d’autres hommes.

Ce ne fut qu’après avoir terminé de boire son café que Seth prit conscience qu’il était seul dans la pièce. Il nettoya alors hâtivement sa tasse avant de rejoindre l’étage. C’était en se rendant aux toilettes que la jeune femme l’interpella pour lui demander son avis sur sa tenue. Une combinaison qui mettait ses formes en valeur. « Je suis ton nouvel ami gay ?! » demanda-t-il en esquissant un sourire, puis laissa son regard glisser lentement sur elle, et en recroisant son regard, répliqua « Tu es très jolie ». Un hochement de tête et tourna les talons pour aller pisser, mais elle l’interpella de nouveau « Oui, j’ai du travail. Pourquoi ? » et ajouta « Si tu as peur que je te fasses louper ton coup d’un soir, n’ait crainte, je mettrais mes écouteurs et resterai cloitré dans ma chambre. Seulement, ne simule pas trop », puis poursuivit son chemin jusqu’aux W.C.. Au bout d’une heure, la résidence s’était pratiquement vidée de toute présence. Chris avait décidé de passer la soirée en compagnie du nouvel amour de sa vie, et Abigail s’était rendu à son rancard. Il ne restait plus que Kim et lui-même. Il s’était donc préparé à dîner et avait mangé devant son ordinateur, enfermé dans sa chambre.

Les semaines avaient passé, et depuis l’agression de Seth, une certaine distance était revenue entre eux. Abby ne savait pas très bien pourquoi. Elle n’avait pas chercher à savoir. Elle avait eut pas mal de travail, sans compter la chaleur écrasante. Alors les humeurs de Seth… elle aurait préféré qu’ils restent plus proche, mais elle n’allait pas le forcer s’il ne le souhaitait pas. Il était resté silencieux alors qu’elle parlait de ce rendez-vous, avec Kim dans la cuisine. Puis elle était montée s’habiller. Faire un petit effort vestimentaire ça ne coutait rien. Aller savoir pourquoi elle venait de lui demander son avis alors qu’il passait dans le couloir. Pour faire un pas vers lui ? Bonne question. « -non, tu m’as dit que tu n'étais pas gay. » répondit Abby sans saisir l’humour qu’il venait de placer dans la conversation. « -ok… merci. » bon il trouvait ça joli, donc ça irait très bien. Elle allait répondre à son pourquoi lorsqu’il enchaina. Elle leva les yeux au ciel. « -je compte pas le ramener ce soir. » répondit Abby comme si ça avait de l’importance. Elle regagna sa chambre en marmonnant : « -simule pas trop… gnagnagna… »

Elle quitta l’appartement pour se rendre à son rendez-vous. Elle se pointa en retard, faute d’embouteillage. En arrivant face à celui avec qui elle devait passer la soirée, Abby ne se souvenait plus de son prénom. Il la complimenta, la trouvant très jolie. Tiens lui aussi. Ils s’installèrent au bar pour attendre qu’une table se libère. La conversation se fit sans souci. Il était sympa, cultivé. Ouais ça se passait bien. Pourtant, lorsqu’on les invita à prendre place à table, le regard de la jeune femme fut attiré par un autre homme. Elle connaissait ces cheveux blonds, ce ton de voix, se port de tête. La femme assise en face était élégante. Belle. Oui, elle était belle. Lorsqu’elle entendit le prénom, elle eut presque la nausée. Josh… elle ne s’était pas trompée. C’était bien son ex qui était assis là. «-tu vas bien ? » demanda Adam. Oui, elle était restée figée sur place telle une statue. « -heu… oui… je… tu m’excuses quelques minutes, je reviens. » elle s’éloigna rapidement vers les toilettes. Mais qu’est-ce qu’il faisait là ? C’était bien sa chance ça ! Et pourquoi elle se sentait si mal ?

La décision fut prise rapidement. Hors de question qu’elle reste ici. C’était haut dessus de ses forces. Elle quitta le restaurant, laissant en plan Adam. Elle lui envoya un rapide message avant de filer aussi vite que possible. Impossible de trouver un taxi. Et voilà qu’il se mettait à pleuvoir. Un bel orage venait d’obscurcir le ciel. Manquait plus que ça. Elle détestait ça. L’orage. Trempée de la tête aux pieds, elle se mit à pleurer. Elle n’avait pas moindre idée de la direction à prendre pour rejoindre l’appartement. Elle se sentait ridiculement faible et petite. Comme une merde… oui, voilà c’était la meilleure définition qui soit. Son téléphone n’avait presque plus de batterie en plus de tout ça. Alors en piétinant ce qui lui restait de fierté, elle composa un numéro. Celui de Seth : « -Salut… c’est moi… je… est ce que tu pourrais venir me chercher. Je suis… » elle lui donna le nom d’un resto en face de la ruelle où elle se trouvait. « -mon portable à presque plus de batterie, je suis trempée et je…s’te plais… »

À la suite de l’incident du Yémen, Seth pensait que sa relation avec la jeune femme s’était fortifiée, qu’une certaine confiance s’était instaurée entre eux, mais elle lui avait rapidement donné tort en préférant se confier sur sa relation amoureuse avec Chris et Kim plutôt qu’avec lui. Il avait alors compris le message et s’était renfermé dans son mutisme habituel les semaines qui suivirent. Aujourd’hui ne fit pas exception. Il ne prononça pas le moindre mot au sujet de l’homme qu’Abigail allait rencontrer le soir venu, considérant que ce n’étaient pas ses affaires. La jeune femme menait sa vie sentimentale et sexuelle comme elle l’entendait. Toutefois, lorsqu’elle le croisa dans le couloir, elle eut envie de connaître son avis sur sa tenue. Une combinaison qui lui allait sciemment. Un froncement de sourcils en entendant son commentaire sur son orientation sexuelle, puis leva les yeux au ciel en percutant qu’elle n’avait pas compris sa plaisanterie « Laisse-tomber » avec presque de la lassitude dans la voix, et la complimenta. Pas sa tenue, mais elle. Elle était très jolie ainsi apprêtée. Ce n’était pas régulièrement qu’il avait eu l’occasion de la voir ainsi et apprécia la vue qu’elle lui offrait. Sur ces mots, il poursuivit sa route avant qu’elle ne l’interpelle de nouveau. Oui, il était présent ce soir, mais saurait se faire discret tant qu’elle ne simulait pas à outrance pour satisfaire l’égo de son partenaire d’un soir. Contre toute attente, elle coupa court à ses élucubrations. Elle ne comptait pas le ramener ce soir dans son lit « Tu ne le connais pas encore », et continua de marcher jusqu’aux toilettes, esquissant un sourire en l’entendant l’imiter en marmonnant.

Pas particulièrement enclin à engager une quelconque conversation avec Kim, il la laissa dîner seule devant une sitcom à l’humour potache qu’il détestait déjà, et se rendit dans sa chambre pour avancer dans son travail. Pleinement plongé dans son travail, le trentenaire en oublia presque de manger, et sursauta légèrement en entendant la sonnerie de son portable retentir à ses côtés. Les sourcils au milieu du front, il fut surpris de voir le nom d’Abigail apparaître sur l’écran et décrocha. Il jeta un coup d’œil en direction de la fenêtre. Il ne s’était pas rendu compte que l’orage avait fini par éclater sur New York, trop absorbé par ses recherches « J’arrive » fut le seul mot qui prononça. Seth ne savait pas ce qui s’était passé durant le rendez-vous, mais si ce n’était pas important, elle ne l’aurait jamais appelé pour qu’il vienne la chercher ainsi sous la pluie. Il se saisit de son casque de moto qui trainait près de la porte de sa chambre, puis se ravisa, le délaissant et dévala en toute hâte les marches « J’ai besoin de ta voiture s’il te plaît ». Devant une Kim quelque peu surprise par sa demande, il rétorqua « Kim, tes clefs de voiture ! ». Elle se remua soudainement, cherchant dans son sac à main et lui jeta le trousseau de clef qu’il attrapa en vol, puis quitta l’appartement sans répondre à sa colocataire qui s’interrogeait sur les raisons de son départ si précipité. Il grimpa dans l’habitacle et fit les quelques kilomètres dans les rues de New York jusqu’à arriver à destination, trouvant une Abigail trempée sous la pluie abondante en ce début d’orage. Il sortit de la voiture pour venir poser sa veste sur ses épaules trempées et lui ouvrit la portière, avant de prendre place derrière le volant. Un coup d’œil en sa direction, et reprit la route jusqu’à l’appartement.

Lorsqu’ils franchirent le seuil de l’appartement, Seth jeta un regard à l’asiatique lui suggérant de ne pas poser de questions. Il ne connaissait pas les raisons de cette fin de soirée précipitée, mais elle l’avait appelé à l’aide alors il serait présent. Son bras autour de sa taille, il souffla « Viens avec moi, tu dois te changer » et montèrent les marches, délestant la jeune femme de sa veste en cuir qu’il jeta sur le canapé aux côtés de Kim. « Va dans la salle de bain, j’arrive », puis se dirigea dans la chambre de cette dernière et lui trouva un vieux t-shirt et des sous-vêtements pris au hasard, et déposa le tout sur le meuble de la salle de bain « Prend une douche chaude avant d’attraper mal et… si tu veux en parler… Je suis là… ». Il referma la porte, puis se laissa glisser contre le mur à côté, ses genoux remontés et ses bras posés dessus, attendant patiemment qu’elle ressorte.