C’était réaliste. A l’entendre parler ainsi, elle se demanda s’il avait en entourage proche. Des gens pour qui il comptait. Pas de petite amie, ça il le lui avait dit. Mais le reste ? Des amis ? Vu son caractère, pas sûr. Abby fit alors le point sur sa propre existence. Sa mère, sa demi-sœur. Sa meilleure amie qu’elle ne voyait jamais parce qu’elle habitait loin, et qu’elle avait trois enfants. Et après ? Lorsqu’elle s’était séparée, les amis communs avaient fait leur choix. Petit à petit, en travaillant de chez elle, la jeune femme s’était coupée du monde. La rupture avait été compliqué à encaissée, elle n’avait pas le cœur à sortir ou faire la fête.

« -c’est bon je te dis. » avait répliqué Abby son roman sur les genoux. C’était quoi son problème ? Pourquoi est ce qu’il tenait tellement à ce qu’elle revienne se coucher ? « -ok comme tu veux. » il faisait bien ce qu’il voulait. Si elle avait été à sa place, elle les aurait gobé comme des bonbons. Parce que les cauchemars, la nuit tout ça, elle détestait. Elle laissa retomber son roman, qu’elle avait osé ouvrir. Puis elle inspira, soupira et vint s’installer à côté de Seth, la tête contre l’oreiller, jambes remontés, roman sur les genoux : « -c’est bon comme ça ? T’es content ? » elle n’avait pas abdiqué pour lui faire plaisir. C’était pour pouvoir le surveille qu’elle l’avait fait. Elle avait beau être de mauvaise humeur, et fatiguée, Seth était dans un sale état.

La blondinette plongea le nez dans son roman. Elle remonta trois pages en arrière parce qu’elle ne savait plus où elle en était. Puis elle tenta de lire, mais sans vraiment y parvenir. Un regarda en coin sans bouger d’un centimètre. Puis un second quelques minutes plus tard. Et enfin : « -tu fais souvent des cauchemars ? » le ton de sa voix s’était adoucit. Elle tourna la tête vers lui. Ce n’était pas tout les jours qu’on se faisait agresser dans la rue. C’était quoi ces cauchemars dont il parlait ? Abby baissa le visage. Pourquoi est ce qu’elle tenait à faire la conversation. A chaque fois qu’ils étaient ensemble, c’était presque plus fort qu’elle. Même si à chaque fois il avait des mots blessants, elle relançait la machine. Sa meilleure amie avait sans doute raison, elle devrait consulter. Elle devait vraiment avoir un problème. Comment retrouver un homme bien si elle se sentait attiré par des cons dans le genre de Seth. Etrangement, Chris, le gentil Chris, lui ne lui provoquait ça. "-tu sais quoi... oublie." il n'en avait rien à faire d'elle. Il lui avait demandé de l'aide parce que c'était plus pratique, plus facile pour lui. Il ne s'était pas dit: j'ai besoin d'Abby. Je veux voir Abby. Un regard pour le réveille. Il était cinq heures. Encore deux petites heures et elle se lèverait, irait prendre une douche et se mettrait à bosser. A oui mais non... c'était dimanche... "-on va dire quoi à Kim et Chris?" demanda alors Abby de but en blanc

Seth avait la sensation d’être de trop entre ces murs. Cette distance que leur imposait Abigail n’était pas naturelle. Lui en voulait-elle des évènements de cette nuit ? D’avoir refusé les soins à l’hôpital ? D’être le responsable de ses cauchemars ? Il était prêt à quitter la chambre si ça permettait à la jeune femme de retrouver une certaine quiétude, et le cas échéant, les bras de Morphée. Finalement, Abigail abdiqua et le rejoignit dans le lit « J’aurais pensé que tu te battrais davantage » répliqua-t-il avec espièglerie alors que cette dernière prenait enfin place dans le lit. Pas qu’il avait besoin de la savoir prêt de lui, que cette proximité était vitale. Il souhaitait seulement qu’elle reprenne ses droits sur son environnement. C’était lui l’intru. Pas elle. Ce n’était pas à la jeune femme de s’effacer pour lui, parce qu’il était mal en point. Seth se laissa alors glisser dans le lit, la tête posée contre l’oreiller, prêt à rejoindre les bras de Morphée maintenant qu’elle avait pris place à ses côtés. Il ferma les yeux, mais sentait que sa colocataire n’était pas réellement plongée dans son lit. Et elle le lui confirma en l’interrogeant sur ses cauchemars. Seth esquissa un sourire. Il avait sentit que cette dernière voudrait discuter malgré l’heure plus que tardive. Il rouvrit alors les yeux et tourna la tête en sa direction. Abigail ne lui laissa pas le temps de répondre qu’elle lui demanda d’oublier sa question. Il fronça légèrement les sourcils sans détourner le regard, puis écouta la question suivante. Chris et Kim. Qu’est-ce qu’ils allaient pouvoir leur dire « Parce qu’on dort ensemble ou pour ma belle gueule amochée ? » et fixa le plafond quelques instants « La vérité. Je me suis fait agresser », puis tourna de nouveau la tête vers cette dernière « Cela ne sert à rien de mentir. Je veux dire… Regarde-moi, ils vont bien se douter que ce n’est pas mon cours d’aqua-poney qui a mal tourné ». Il voulait voir un sourire apparaître sur son visage.

Au bout de quelques secondes, le trentenaire émit un petit rire « Au fait, tu le fais avec tout le monde ? Je veux dire, poser des questions, puis demander d’oublier ensuite ? Ou c’est juste moi qui en a le privilège ? ». Non parce que ce n’était pas la première fois qu’elle ne le laissait pas répondre à la question. Il resta là, à l’observer sous la lueur de la lampe de chevet « Oui, j’en fais souvent. Pratiquement toutes les nuits ». C’était la vérité, cette fois-ci. « On m’a dit de consulter, mais je ne l’ai jamais fait. Je n’ai jamais cru à ses délires de parler pour réparer ». Puis eut un petit mouvement de tête en direction d’Abigail « Et toi ? Ton ex t’a détruit ? Ou ce sont ceux d’avant ? », puis se justifia « Ton comportement, c’est celui d’une nana qui n’a jamais été écoutée par son mec. Dans le genre soit belle, mais tais-toi. Je me trompe ? ». En tout cas, elle en avait tous les symptômes « A la moindre remarque désobligeante que je te fais, tu le prends mal. Comme si j’étais important pour toi, alors qu’on sait tous les deux que tu m’aurais bien foutu à l’hosto cette nuit ».

Elle voulait qu’il dorme. Et si rejoindre son lit était la seule solution pour qu’il la lâche un peu, alors c’est bon, il avait gagné. Abby s’installa dans le lit, laissant le drap en bas. Il faisait toujours chaud malgré la nuit bien avancée. « -je suis fatiguée » avait elle répondu comme pour justifier le fait qu’elle n’avait pas voulu jouer plus longtemps ce bras de fer débile. « -oui ba techniquement je leur ai dit que je voulais l’appart pour moi toute seule, pour m’envoyer en l’air. Alors s’ils te voient dans mon lit… j’imagine d’avance leurs films… » Chris allait être ingérable. « -oui c’est pas faux, vu ta tronche, je devrais parvenir assez rapidement à leur faire comprendre qu’ils se trompent. » elle bougea la tête de gauche à droite pour détendre sa nuque.

Ok c’est bon, il pouvait fermer les yeux. Ils verraient bien demain. Enfin dans quelques heures. Mais Abby fronça les sourcils avant de regarder Seth. Légèrement en contre plongé puisqu’il s’était allongé et qu’elle était toujours assise, le dos contre l’oreiller coller au mur. « -je me suis dis que tu allais m’envoyer chier parce que ce ne sont pas mes affaires. » ce qui était vrai. Elle ne parvenait pas à sourire. Contre toutes attentes, Seth répondit à la question. Toutes les nuits… alors pourquoi ce soir il n’avait pas voulu rester seul ? Il était pourtant habitué visiblement. Abby l’écouta sans rien dire, avant de tourner la page de son livre. « -quoi moi ? » demanda-t-elle avant qu’il ne poursuive sa phrase. Abby ouvrit la bouche mais pas un mot ne sorti. Qu’est-ce que ça pouvait bien lui faire ? Elle hésita puis ferma son livre. « -je sais, j’ai un problème. Merci de le souligner. » elle déposa le livre sur la table de nuit, et s’allongea finalement, tournant le dos à Seth. « -j’ai pas envie d’en parler. » et lui il s’en foutait. Une autre fois peut-être. Ou peut-être pas. Elle n’avait déjà pas le moral au beau fixe ce soir, alors si en plus elle se mettait à parler de Josh. Non, ça n’allait pas aider. « -essai de dormir. » avait elle conclue.

Le silence les avait entouré, et finalement le sommeil avait eut raison d’elle. Abby sursauta vers les 9h du matin en entendant la porte d’entrer claquer. Elle se tourna en gémissant, se frottant les yeux d’une main. Sa joue rencontra l’épaule de Seth. Elle ouvrit les yeux tout en se figeant dans le lit. Puis elle se décolla de son colocataire pour se redresser, assise entre les draps. La nuit avait été trop courte. Mais au moins, elle était parvenue à dormir un peu plus. Avec lenteur, elle tourna la tête vers Seth. Il respirait encore, ça voulait dire qu’elle ne l’avait pas tué durant la nuit.

Seth avait la sensation qu’elle lui en voulait. Elle ne lui dirait peut-être pas directement, mais son langage corporel parlait pour elle. Elle avait ses arguments pour justifier qu’elle mettait quelques mètres entre eux, mais le trentenaire n’y croyait pas vraiment. Face à son insistance, la jeune femme fini par abdiquer et le rejoignit au milieu des draps. L’agent hocha lentement de la tête. Fatiguée. Il n’en était pas convaincu non plus. Puis il y avait cette question à laquelle elle ne voulait pas qu’il réponde après réflexion. Il ne savait pas ce que lui avait fait le dernier homme qui était entré dans sa vie, mais il avait laissé des traces. Des stigmates. Contrairement à ses propres blessures, elles n’étaient pas visibles, mais bien présente malgré tout. Dans son comportement. Dans sa manière de se sacrifier pour tout, pour le bonheur des autres. Cette manière de perdre son sourire face à une réflexion désobligeante. Ou encore, comme ce soir, à sa manière de balayer d’un revers de main sa propre question. Abigail porta son attention sur la justification qu’ils allaient offrir à Chris et Kim lorsqu’ils rentreraient au petit matin « Je ne sais pas comment je dois prendre ce commentaire Abigail ». Comme si ça la dérangeait que leurs colocataires imaginent qu’ils aient eu une liaison cette nuit. Enfin, pour sa part, il s’en moquait bien. Il était bien loin d’aspirait à ce genre de relation avec cette dernière. Puis, de toute manière, s’ils étaient un tant soit peu éclairé, ils feront eux-mêmes le constat qu’avec son état physique, ils n’avaient pas usés de leurs corps pour s’envoyer en l’air « Je pense aussi. A moins qu’ils soient aussi cons que je le présume ». Et là, ils ne pourraient rien y faire.

Néanmoins, dans l’esprit de Seth, la question qu’elle avait balayé, n’était pas passée dans l’oreille d’un sourd. Pourquoi lui demander d’oublier ?! « Ce soir, on a passé cette étape, tu ne penses pas ? ». Elle lui avait sûrement sauvé la vie, ou participé à le faire en réparant le point de suture qui avait sauté. Elle avait eu son sang sur les mains. Elle lui avait ôté ses vêtements… Alors ses affaires étaient devenues, par la force des choses, un peu celles d’Abigail. Il décida donc de répondre. Ce n’était pas le premier cauchemars. Toutefois, c’était celui qui l’avait le plus effrayé. Face à l’absence de réaction, le trentenaire changea de sujet de conversation en le dirigeant sur la jeune femme. Il bougea légèrement les sourcils pour la désigner, répondant silencieusement à sa question. Oui. Elle. Elle avait été détruite par un homme. « Je parlais de ça ! » alors qu’elle se sentait vexée par ses mots. Il acquiesça tout en l’observant prendre place dans le lit « Tu viens de le faire ». Ne pas en parler. C’était une réponse. La conversation était dorénavant close aux mots qui suivirent. Seth ferma alors les yeux et se laissa porter par une nuit sans rêve. Lorsque la porte de l’entrée claqua à l’arrivée des colocataires, Seth ne se réveilla pas pour autant, se retournant seulement sur le ventre, sa main venant se poser sur Abigail. Les antidouleurs avaient fini par l’assommer, et il s’accrochait à cette nuit sans démons. Son subconscient savourait l’instant.

Abby le regarda de haut en bas. Quoi il savait pas comment prendre ces mots ? « -j’ai seulement pas envie d’alimenter leur imagination à notre sujet parce que… » parce que ça lui parasitait l’esprit. Parce qu’elle ne cessait de se poser des questions. Pourquoi est ce qu’elle avait cette envie d’être plus proche de Seth. Elle savait que c’était idiot. Qu’ils ne deviendraient pas amis. Parce qu’il n’était pas le genre de type qui a des amis. Il n’avait pas besoin d’elle dans sa vie. Bon sauf ce soir. Mais c’était une exception. Est-ce que ça venait seulement de ces conversations qui étaient des plus stimulantes ? Parce qu’elle en avait besoin pour se sentir un peu plus vivante et sortir le nez de sa solitude… Elle finit alors sa phrase, il allait forcement demandé si elle ne le faisait pas. « -parce que y’a rien de ça entre toi et moi, et que Chris est franchement lourd. » il l’avait été l’autre matin sur la terrasse. Elle n’avait pas envie de revivre ça. Elle fronça les sourcils en demandant : « -tu ne les apprécies pas ? » elle avait du mal à avaler ce qu’il venait de dire. Ils étaient joviale et plein de vie. Rien d’autre.

Pour ce qui était de sa question, elle l’avait annulé pour des raisons assez simple. Il n’avait pas envie d’apprendre à la connaitre. Elle l’avait aidé ce soir, mais ça allait s’arrêter là. Qu’il fasse des cauchemars ou non, qu’est-ce que ça changerait ? Elle n’irait pas lui faire des câlins ou le rassurer chaque nuit. « -je t’ai rendu un service. Rien de plus. » elle essayait de penser comme lui. Même si pour elle s’était bien plus. Ce qui suivit termina la conversation. Non, elle n’allait pas parlé de son ex maintenant. Non, elle n’allait pas confirmer ou infirmer. « -parce que t’as pas des problèmes toi peut-être ? Qu’est ce qui a fait dans ta vie que tu es devenu si con, si hermétique à la joie ou l’amitié ? Hein ? » rah voilà elle était en train de s’énerver. Elle voulait juste qu’il la ferme, alors elle lui tourna le dos. Elle serrait les dents. Il avait raison. Josh avait détruit une partie d’elle-même. Seth semblait s’amusée de s’en être rendu compte. Elle ne lui donnerait pas l’occasion de le faire plus encore.

Abby avait finit par s’endormir. La porte d’entrer la fit sursauter dans son sommeil. Ayant l’habitude d’être seule dans son lit, elle se retourna et sa joue rencontre l’épaule nue de Seth. En se redressant, elle vit sa main posé sur elle. Abby la prit avec délicatesse, du bout des doigts et la retira. Un regard pour son colocataire. Puis elle quitta les draps froissés pour prendre la direction de la salle de bain. Elle avait besoin d’une douche . Elle ne referma pas la porte de la chambre, la laissant légèrement entre ouverte, toujours pour une histoire de courant d’air. Un long soupire lorsqu’elle sentit l’eau fraiche couler sur ses cheveux. La jolie blonde y resta un long moment, avant de rejoindre sa chambre, enrouler dans une serviette. Elle se saisit d’une robe légère et l’enfila rapidement avait de laisser glisser la serviette. Un regard pour Seth qui semblait toujours dormir à poing fermé. Abby décida de descendre se faire un café. Elle fut accueilli par Chris et Kim, en grande forme. « -coucou ! » lança Kim. Oh le sourire qu’ils avaient. « -tu aurai pu nous dire que Seth que tu devais te faire hier soir. » hé voilà ! Abby appuya sur le bouton du café. « -je ne me suis pas fait Seth hier soir. » articula Abby. « -qu’est ce qu’il fait dans ton lit alors ? » Abby leva les yeux vers l’étage. « -c’est un peu plus compliqué que ça. » elle n’avait pas vraiment envie d’argumenter de bon matin. Elle prit son café et sourit à Chris qui voulait des détails. « -qu’est ce que ça peut vous faire de toute manière ? » Kim et Chris ouvrirent de grands yeux : « -donc c’est vrai ?! » Abby finit par sourire. « -non. » c’était tellement facile de les faire marcher. Elle les appréciait déjà tellement. « -alors qu’est ce qu’il fou dans tes draps ? » demanda Kim. « -je suis montée déposer mes affaires, la porte de ta chambre était ouverte ! » comme pour justifier son info. Abby soupira et prit une grande gorgée de café avant de répondre : « -il s’est fait agressé. Il est rentré dans un sale état. Il a dormi dans ma chambre parce que je voulais pouvoir surveiller si jamais il prenait de la fièvre ou un truc comme ça. » pourquoi est ce qu’elle n’avait pas dit qu’il ne voulait pas dormir seul ?

En restant ainsi silencieux face au suspens qu’Abigail laissa à l’issue de sa phrase, il lui faisait comprendre qu’il désirait connaître la fin de sa justification. Était-ce parce qu’elle était trop bien pour lui ? Qu’il ne correspondait pas aux caractéristiques du gendre idéal auquel elle aspirait sûrement secrètement le soir avant de s’endormir ? La jeune femme fit preuve d’une grande clairvoyance en lui apportant la suite de sa réponse, comme si elle présageait d’ores et déjà qu’il allait l’interrogeait sur l’issue de son explication. Lorsque ce fut chose faite, il trouva sa réponse pertinente et rétorqua « Je pense que le terme est faible ». Chris avait dépassé le stade du lourd. La preuve en était, Seth les désigna tous les deux de cons. Une insulte qui sembla déranger la jeune femme à ses côtés « Kim est issue de la jeunesse dorée de Manhattan. Sa famille détient plusieurs complexes immobiliers au travers de toute la ville. Fille unique, elle a été choyée par sa famille, et ne comprends pas que l’on puisse avoir des obligations, des difficultés également. Elle doit sûrement croire en un pays imaginaire. Quant à Chris… Il ne sait jamais quand il est opportun pour lui de fermer sa gueule. Il est indiscret et parfois malaisant ». Voilà l’image pragmatique que l’agent de la CIA avait à l’encontre de ses colocataires « La seule chose qu’ils ont fait de biens ces deux-là, c’est de t’accepter dans la colocation ». Et il ne disait pas cela parce que la jeune femme lui était venu en aide la veille au soir. Il suffisait juste de constater qu’elle était la seule personne avec qui il échangeait de réelles paroles, et non simplement des regards noirs pour seule réponse.

« Tu as participé à me sauver la vie » renchérit-il, comme s’il trouvait ici une nécessité de rétablir la vérité. Ce n’était pas un service anodin. Elle en avait fait des cauchemars les premières heures de la nuit. Prêter 100$ ou encore faire la lessive pendant l’absence de son colocataire, c’étaient rendre des services. Recoudre un agent du Gouvernement qui avait pris une balle, c’était plus que ça à ses yeux. Finalement, l’entente ne resta pas bien cordiale entre eux. Abigail se laissa porter par l’agacement. Apparemment, le sujet de l’ex-petit-ami était plus sensible qu’il ne l’aurait pensé. Il réprima un petit rire nerveux « Tu n’as rien à lui envier en tout cas ». Elle aussi savait être blessante lorsqu’elle le souhaitait « Tu as ton histoire, et j’ai la mienne. Tu as été détruite par un connard qui n’a pas su t’aimer, et moi, j’ai vécu des évènements que je ne souhaite à personne de vivre. Certains s’en sortent mieux que d’autres. C’est l’histoire du monde » et enfonça sa tête dans l’oreiller, fermant les yeux jusqu’au petit matin. Une nuit sans rêve. Une nuit paisible, aussi courte fût-elle.

En ouvrant les yeux ce matin-là, il constata que la place à ses côtés étaient froides. Cela devait faire quelques heures qu’Abigail s’était levée. Il grimaça légèrement en se redressant du lit et se rendit dans sa chambre, tendant l’oreille en passant près des marches. Kim et Chris n’étaient pas parvenu à se taire. Des imbéciles autant l’un que l’autre. Il poussa la porte de sa propre chambre, et en ressortit au bout de quelques minutes avec un jogging. Toujours incapable d’enfiler le moindre t-shirt seul. Il descendit pieds-nus les marches le menant jusqu’aux salles communes, surprenant leur conversation en cours de route. Seth apprécia la délicatesse de la jeune femme en justifiant la raison qui l’avait poussé à dormir dans son lit. Il avait eu peur. Mais elle avait tût ce détail. Il se servit un café sans mot dire, jusqu’à ce que Chris renchérisse « Tu as une sale gueule » « Je sais » répliqua-t-il en tentant de fournir des efforts, le regard fixant le café coulant lentement dans sa tasse « Tu as joué les hommes en détresse pour dormir dans le lit à Abby ? ». Seth réprima ce petit rire, et s’avança jusqu’à la jeune femme, posant sans main dans son dos, lui adressant un sourire plus doux, sans animosité, sans colère « Ça va ? », puis fixa Chris et Kim tour à tour. Son regard s’était soudainement assombri « Qu’est-ce que ça peut vous foutre si on a couché ensemble ? Vous allez bien tapiner sur les trottoirs de Manhattan quand vous avez trop bu et je ne vous juge pas ?! » et ajouta « Arrêtez de la faire chier avec vos questions à la con, compris ? On n’a pas couché ensemble. Elle a juste été présente pour moi. Ça vous trou le cul mais c’est la vérité ». Il retira sa main du dos de la jolie blonde, se saisit de sa tasse de café et quitta l’appartement. La terrasse du toit irait parfaitement pour ce matin. Il avait besoin d’air.

Abby avait du mal à comprendre comment il pouvait vivre ici depuis quelques mois, sans apprécier un tant soit peu les deux colocataires. Encore une fois, pourquoi la colocation si ça le faisait chier ? « -c’est certain qu’ils sont différents. » de lui. De son côté, même si Chris était lourd, elle les appréciait. Ils étaient vivants. Drôles aussi. Ils avaient de la conversation aussi. Seth ne fournissait pas les efforts pour les connaitre. Encore une fois, jugement hâtif. « -oh oui, parce que j’illumine tes journées, c’est certain » avait elle répondu sans vraiment savoir comment prendre ce qu’il venait de dire. Elle n’avait pas envie de parler, pas non plus envie de se prendre la tête avec lui. C’état peut-être la première fois d’ailleurs. Mais elle était fatiguée, et surtout toujours un peu en état de choc. Alors… non, elle n’allait pas faire remonter sa vie passée avec Josh. Quelques secondes elle hésita à lui demander quoi. Quels évènements dans sa vie ? Mais elle se tourna et arrêta la conversation là.

Le lendemain matin fut difficile. Elle eut du mal à se réveiller, à se lever, à remettre ses idées en place. La douche lui fit du bien. Les questions de Chris et Kim par contre… « -les gars, je viens de me lever là… » râla la jolie blonde alors qu’ils ne cessaient d’insister. Elle finit par leur dire ce qui s’était passé. Puis leva les yeux sur Seth qui venait d’arriver. Abby se décala légèrement pour qu’il puisse se faire un café. Elle fit deux pas de côté pour poser sa tasse dans l’évier. La main de Seth dans son dos lui procura un frisson. Elle ne pensait pas qu’il ferait ce geste. « -oui… oui ça va… » souffla Abby à voix basse, hochant la tête. C’était plutôt à elle de demander non ? Mais elle n’eut pas le temps de dire quoi que se soit que Seth s’adressa à Kim et Chris. « -Seth, c’est bon… laisse tomber… » souffla Abby alors qu’il enchainait encore. Elle le suivit du regard lorsqu’il quitta l’appartement, avant de d’ouvrir la main gauche, comme si elle avait finit de présenter le spectacle. « -bravo Chris. » commenta Kim. « -quoi ?! Oh ça va, c’était pour plaisanter ! Il est chiant aussi à être toujours aussi rigide et coincé ! » « -il a pas vraiment passé une bonne journée, ni une bonne nuit hier. » pourquoi est ce qu’elle prenait la défense de Seth ?! Abby quitta la cuisine pour rejoindre sa chambre. Elle resta un moment sur le palier à regarder les draps défaits. Ça aurait pu être une toute autre nuit. La jeune femme prit le temps de défaire les draps, avant d’aller lancer une lessive. Puis elle quitta l’appartement. Elle avait besoin d’air, et d’être un peu seule.

Seth resta silencieux, ne cherchant pas à justifier davantage sa réponse. Elle n’accepterait sûrement pas l’idée que oui, elle apportait un peu de gaîté dans cette colocation qu’il n’avait jamais réellement supporté, et par conséquent dans son quotidien également. Ce n’étaient pas avec Chris et Kim qu’il entretenait ce genre d’entente quelque peu particulière, en dent de scie. Mais il se tut et ferma les yeux qu’au lendemain matin. Une place froide et des voix qui lui parvint de l’étage inférieur, il ne faisait aucun doute que les deux autres colocataires avaient fini par rentrer de leurs nuits à danser lascivement sous les draps de leurs aventures d’un soir. Par décence, Seth prit le temps de se vêtir d’un jogging. Ce n’était pas pour Abigail qui avait passé sa nuit à ses côtés alors qu’il était pratiquement nu, mais pour éviter que les deux autres ne posent davantage de questions. Même si, apparemment, l’apercevoir dans lit de la jeune femme avait su alimenter correctement leurs esprits et entretenir leurs hypothèses. Pas un mot lorsqu’il descendit. Pas un bonjour. Il fit couler le café dans sa tasse, comme il le faisait chaque matin, puis posa sa main dans le dos d’Abigail, s’assurant qu’elle allait bien après la nuit mouvementée qu’il lui avait enduré et l’interrogatoire en bon uniforme de Tic & Tac ici présent. Un sourire à son attention alors qu’elle le rassura sur ce point, puis s’adressa aux deux colocataires, mettant ainsi à terme aux questions, aux suppositions, et à tout ce qui germait fertilement dans leurs esprits.

Sur ces belles paroles restaient sans réponse, Seth quitta l’appartement pour rejoindre le sommet de l’immeuble, appréciant davantage le bruit de la circulation qui régnait à New York que les inepties de Kim et Chris. Il resta sur ce toit pendant presque une heure, prenant le temps de penser aux derniers évènements, à sa soirée avec Abigail, à leur conversation avant de sombrer dans les bras de Morphée, puis à ce matin. Il finit par redescendre à l’appartement, ignorant volontairement Chris et Kim qui étaient dans le salon, et gravit lentement les marches jusqu’aux chambres. Pas d’Abigail. Il entra dans la chambre de cette dernière après s’être assurée que les deux autres n’étaient pas présent à proximité, et fouilla dans les placards en quête de draps propres. Avec une lenteur extrême, il commença à faire le lit jusqu’à l’arrivée de Kim qui resta dans l’encadrement de la porte « Tu devrais te ménager » « Je ne t’ai pas demandé ton avis ». L’asiatique s’approcha et l’aida à faire le lit de la jeune femme « Tu l’apprécies, n’est-ce pas ? » « Je ne couche pas avec elle » « Ce n’est pas ce que je t’ai demandé ». Seth observa la propriétaire des lieux un instant « Elle a été gentille avec moi hier ». Elle ne répondit rien, l’aidant à poursuivre son entreprise, puis ajouta « Elle t’apprécie aussi alors arrête de jouer aux cons avec elle ». Seth fit une légère grimace, signifiant dans son langage : De quoi je me mêle ?! et se rendit dans la douche. Un regard pour sa plaie. Elle avait fait du bon travail. Il prit sa douche avec toujours cette lenteur qui allait finir par le caractériser, et enfila ses vêtements, avant de quitter l’appartement.

Il ne revint qu’en fin de journée. Il avait passé sa journée à l’extérieur de l’appartement, marchant au rythme que lui imposait son état physique. Il avait rencontré Tom dans ce petit café où ils avaient leurs habitudes. L’analyste s’inquiétait pour l’agent de terrain, et pas seulement pour son état physique. Seth avait alors coupé court à la conversation, puis avait cumulé les emplètes avant de rentrer. Un rapide détour dans la cuisine pour y déposer les mets de ce soir, et monta jusqu’à la chambre d’Abigail qui était rentrée entre temps « Tu m’en veux ? » demanda-t-il en posant son épaule dans l’encadrement de la porte, et après un regard pour le couloir, entra dans l’antre de cette dernière et referma la porte derrière lui « Est-ce que tu peux m’aider à changer le pansement, s’il te plaît. J’ai pris le nécessaire à la pharmacie. Je vais pouvoir te rendre ton écharpe », puis lui tendit une boite « C’est pour te remercier… Ce n'est pas grand chose». Il avait trouvé une écharpe dans une boutique au coin de la rue « C’est pour remplacer celle-ci… ». Voilà, il était soudainement mal à l’aise. Seth se racla alors la gorge et ajouta « Je ne sais pas si tu aimes les sushis, mais j’en ai ramené… pour tout le monde ce soir », puis eut un petit rire nerveux « Je ne sais pas être gentil Abigail ! ça ne me va pas au teint ! Je suis le connard que tout le monde déteste, mais ce que tu m’as dit hier… Je ne suis pas Chris ».

Abby avait quitté l’appartement sans dire à personne où elle allait. Elle n’en savait rien de toute manière. Elle avait seulement besoin de prendre l’air et un peu de distance. La nuit avait été longue et compliquée. Elle qui cherchait à la base de la compagnie, réalisa qu’elle avait vraiment besoin d’être seule. Pendant quelques heures. Elle se balada ainsi durant quelques heures, ignora les appels de sa mère. Elle n’était pas du tout d’humeur. Puis elle finit par rejoindre l’appartement, un signe de main à Chris et Kim et elle était montée dans sa chambre.

Elle fut surprise de voir que le lit avait été fait. Par qui ? Seth ? Heureusement qu’il devait rester tranquille. Il n’écoutait vraiment rien. Enfin, ça lui évitait de devoir galérer avec les draps. Elle avait toujours détesté faire ça. La jolie blonde avait finit par s’allongé et s’était endormie durant une petite heure. Un peu plus reposée, elle s’extirpa des draps. Un aller-retour pour aller chercher un café, et elle réalisa en revenant dans sa chambre qu’il y faisait chaud. Elle laissa la porte entre ouverte. Puis elle prit son pc et s’installa sur son lit. Elle ouvrit le bloc note et commença à pianoter. Cela faisait quelques années qu’elle avait en tête d’écrire un roman. Elle avait des tonnes de notes dans son pc, mais ne s’était encore pas lancé dans l’écriture. Elle en avait envie. Et en même temps, elle se sentait comme incapable de subir la moindre critique sur ce qu’elle pouvait sortir de son esprit. Un léger sursaut en entendant la voix de Seth. Il était rentré. Abby avait relevé la tête vers lui. « -non. » avait elle répondu avant de fermer son ordinateur, sans pour autant bouger du lit. Il venait de fermer la porte derrière lui. Il semblait vouloir parler.

« -bien sur… » répondit la jeune femme comme si c’était logique comme réponse. Elle se leva. « -c’est pas grave pour l’écharpe. » Elle finirait à la poubelle et ça n’était pas plus mal. Après tout, c’était un cadeau de son ex. Elle aurait dû s’en débarrasser depuis longtemps déjà. Un froncement de sourcils en voyant la boite que Seth lui tendait. « -ça c’est pas une boite de compresse… » ironisa Abby avec un léger sourire. Elle ouvrit et releva les yeux sur son colocataire. « -c’était pas la peine de… » mais elle se ravisa : « -merci. » un merci sincère et touchée par la geste. Il avait bien choisi. Elle la trouvait très jolie. A nouveau elle fronça les sourcils, mais cette fois-ci un sourire amusé s’était étiré sur ses lèvres. « -pour tout le monde ? » qu’est ce qui lui prenait ? « -ça veut dire quoi ? C’est une sorte d’excuse ? » elle avait du mal à comprendre pourquoi il lui disait cela. Elle laissa passer quelques secondes et ajouta : « -et si, je pense que tu sais l’être. Tu sais seulement pas trop comment faire. » un sourire presque tendre et elle ajouta : « -et c’est très bien, parce que je supportais pas deux Chris. » elle déposa la boite sur son bureau avant de lui dire : « -assieds-toi. » puis elle s’approcha des affaires pour le pansement. Il y avait tout ce qu’il fallait.

Elle vida le sac sur son lit, tria rapidement les différents affaires et grimpa à genoux derrière Seth. « -on y va doucement. » elle l’aida à retirer son haut, cherchant encore une fois à ne pas lui faire éprouver la moindre douleur. Puis elle mit un peu de désinfectant sur une compresse, et tamponna la plaie. « -on dirait que ça tient. » en parlant des points. « -c’est pas trop rouge, pas gonflé. » ouais, ça avait une belle tête si on pouvait dire ça comme ça. Elle s’appliqua à faire le pansement, mettant dans la douceur dans ses gestes. « -tu veux te lever pour le bandage ? » demanda la petite blonde en rangeant les affaires de soins. Ils pouvaient très bien le faire comme durant la nuit. Il était hors de question qu’il le fasse seul. Ça c’était non négociable.

Seth avait eu besoin de sortir d’entre ces murs, de respirer l’air de dehors, aussi chaud puisse-t-il être. Il avait besoin de se sentir vivant, de pouvoir se mouvoir comme il l’entendait. Pas de gestes inconsidérés pour autant, mais simplement marcher dans les rues de New York lui suffisait. Tom avait eu l’obligeance de ne pas l’accabler avec des paroles rassurantes concernant l’incident du Yémen. Il savait que l’agent n’avait jamais apprécié d’être pris en pitié ou que l’on excuse son impulsivité. Le café fut toutefois bref au moment où il se mit à l’interroger sur son état psychologique. Il en revenait toujours sur ce sujet depuis le meurtre d’Inaya et il était fatigué de ces discours incessants. Puis il était passé devant cette petite boutique artisanale en rentrant à l’appartement et s’était décidé à entrer dans le lieu pour acquérir cette écharpe dans la vitrine. C’était son présent sous le coude que Seth rentra finalement à la résidence, retrouvant Abigail installée dans son lit avec son ordinateur. Un instant, il resta dans l’encadrement de la porte, voulant prendre la température de leur relation. Elle ne lui en voulait pas. Il pouvait donc pénétrer dans son antre sans craindre qu’une dispute n’éclate. Il prit soin de refermer la porte derrière lui. Il n’avait pas besoin d’oreilles indiscrètes. Chris et Kim l’avaient bien assez été ce matin en sous-entendant qu’ils avaient une liaison. Seth avait besoin d’elle pour renouveler son pansement dans le dos et esquissa un sourire alors que sa réponse semblait si naturelle. Comme s’il pouvait tout lui demander. Un bref hochement de tête pour acquiescement et s’excusa toutefois pour l’écharpe qu’il lui avait sûrement tâché à vie « Je suppose que si tu l’as choisi, c’était parce que tu n’y tenais pas particulièrement ».

Le trentenaire espérait alors que le présent qu’il lui offrait aurait une toute autre utilité « Fine observatrice » alors qu’il posa son regard sur elle, la laissant ouvrir la boite dans laquelle l’écharpe était délicatement enfermée « J’en avais envie » justifia-t-il alors qu’elle considérait qu’il n’était pas obligée de lui faire ce cadeau. Un sourire timide, comme s’il n’avait pas l’habitude de ce genre d’échange avec un autre être humain, alors qu’Abigail le remerciait. Apparemment son cadeau lui faisait plaisir. C’était ce qu’il souhaitait. Il avait eu envie de la remercier pour ce qu’elle avait fait pour lui, mais pas seulement avec des mots. Les mots ça partaient et ça venaient, alors qu’un cadeau… C’était différent. C’était tangible. Ça renfermait un instant. Toutefois, il la surprit davantage en lui confiant avoir acheté des sushis pour l’ensemble de la colocation. Oui, il tentait de faire un pas en avant, mais il n’était pas bien à l’aise avec la situation « Oui… » souffla-t-il. L’idée semblait tout aussi saugrenue pour Abigail que pour lui. « Cela me paraissait une bonne idée sur l’instant ». Ce n’étaient pas des excuses. Il ne savait pas réellement ce que c’était pour tout avouer. Il n’avait pas réfléchit davantage à son geste. Il l’avait simplement fait. Mais la réaction de la jeune femme lui prouvait qu’il était incapable de tenir le rôle de gentil. Ça n’était pas lui. Ça ne lui correspondait pas. Enfin, contre toute attente, Abigail semblait percevoir un autre homme que celui qu’elle avait appris à connaître depuis son arrivée « Un peu comme le Grinch ? » dit-il en penchant légèrement la tête « Qui te dis que je le suis ? Je ne t’ai jamais donné de preuve dans ce sens ». Il n’avait jamais été particulièrement bienveillant à son encontre. Bien au contraire. Il eut néanmoins un petit rire « La colocation s’effondrerait si tel était le cas ». Et puis il n’était pas certain de vouloir devenir comme lui. Chacun son rôle.

La jeune femme s’éloigna sous le regard de l’agent qui, à sa demande, prit place sur le rebord du lit. Il la laissa prendre place derrière lui afin de lui ôter son t-shirt avec délicatesse. Il grimaça et tenta de se détendre pour ne pas compliquer la tâche de cette dernière, et tourna à peine la tête en sa direction, comme s’il pouvait voir son dos « Si tu cherches une reconversion » et la laissa changer le pansement, non sans se tendre par pur mécanisme. Il n’éprouvait pas de douleur, il avait juste eu peur d’en ressentir une. Face à la douceur d’Abigail, il se détendit et la laissa prodiguer ses soins, avant de se lever. Il se tourna face à elle, l’observant en silence, la laissant passer ses bras autour de lui pour le bandage « Je pense pouvoir dormir dans mon lit cette nuit. Je voulais t’en informer, que tu ne sois pas surprise ». Oui, il avait envie de la taquiner un peu « Tu sais, si tu n’aimes pas l’écharpe ou que tu souhaites une autre couleur… Je peux la changer ». Il n’était pas habitué à offrir des cadeaux.