« Le palpitant palpite » qui a eu l’idée conne d’inventer cette phrase. Comme monter en haut, descendre en bas, ou allumer la lumière, -quoi que la dernière phrase peut être pris pour allumer quelque chose et non pas une ampoule. Il y a aussi s’immoler par le feu, parce que s’immoler c’est déjà par le feu. Fin bref. Prudence qui n’a pas l’habitude de sentir son cœur au bout des doigts à ce point se demande bien qui a un jour décider que cette organe pouvait aussi s’appeler un « palpitant ». Il n’est pas censé « palpiter ». Normalement, il doit battre. Et plus il est régulier, mieux la personne le possédant va bien… et elle, elle va bien, mais il bat tellement fort que ça se répercute dans ses doigts. Elle aimerait se frotter la main pour que Gretel ne sente pas l’appréhension et la crainte qui la tenaillent… et cela, même si elle a conscience que ça ne sert à rien. Gretel sait déjà tout. Elle sait que sa compagne n’est pas la plus courageuse du monde. Peureuse et effrayée lui iraient mieux vue l’envie qu’elle a de changer d’avis et de supplier de retourner s’enfermer sous les draps. Une vieille chanson française, qu’un fou de l’asile avait traduit pour elle, lui revient à l’esprit. Et l’idée de chanter la détend. Elle écrirait « You, TV and Me » dans son cœur pour la garder en mémoire et ne plus craindre… Et d’ailleurs ? Pourquoi elle a peur ? Elle parle de Gretel. La femme qui peut littéralement lui grappiller le cœur que la brune laisserait faire. N’empêche, même si elle sait qu’elle donne son âme et son corps à la louve, elle a toujours l’appréhension qui la tient. Et ça l’énerve d’être aussi faiblarde. Même pas capable de faire calmer son organe casse-couille. « Le casse-couille palpite » ça, c’est mieux pour expliquer la situation !

Elle finit au milieu de la cours, entouré des caravanes. Prudence n’a jamais vécu comme ça. Comme une personne du voyage. En réalité, elle n’a même jamais dormi dans une caravane de sa vie. Prudence rougit fortement quand elle voit Gretel se déshabiller devant les deux autres femmes. Elle leur glisse un regard, passe d’un pied sur l’autre. Elle n’a pas envie que quelqu’un d’autre voit sa compagne toute nue, mais elle sait que c’est une histoire d’espèce… ou quelque chose comme ça. Quand elle lui déclare son amour, elle rougit d’autant plus et ce foutu organe vital reprend à battre fort comme s’il n’avait pas encore compris les sentiments de la louve pour lui. Stupide. Elle a envie de lui dire de se taire. Et elle a envie d’embrasser Gretel… et elle a envie de s’enfermer sous les draps. Cependant, entre la déclaration amoureuse et la transformation se passent quelque chose qui dépasse la logique de notre humaine favorite. Sa femme est devenue une louve. Elle sursaute. Elle écarquille les yeux. Elle maudit encore son cœur qui fait vraiment tout ce qu’il veut et rien de bon. Elle déglutit. Elle sent un frisson recouvrir son corps alors qu’elle observe Irina au loin. Dans son esprit, l’humaine est aussi une menace qu’un loup, parce qu’elle se trouve pouvoir voir l’insupportable crainte qu’elle ressent.

Comment ne pas le voir ? Un aveugle sentirait la tension qui l’anime. La dernière fois, quand Gretel est venu la sauver, elle savait qui elle était… elle n’a pas eu peur. Pourquoi est-ce que là elle se sent… oppressée ? Elle respire un grand coup alors que son regard passe vers la louve, observe ses grandes pattes pleines de griffes et de poils, remonte le long de son corps pour voir son museau. Doucement, elle prend une respiration difficile et elle s’avance. Avant de faire un pas en arrière. Elle signe, de façon à ce que la louve puisse la voir. Si elle s’approche, elle ne pourra plus voir ses mains.

- Je vais m’approcher.

Ce n’est pas une demande. Elle prend son courage et s’approche très lentement. Elle finit par se baisser avant d’avancer tout doucement avant de se mettre à quatre pattes pour s’approcher un peu plus. On lui a dit qu’elle ne doit pas être « au-dessus » d’un loup. Elle se mord la lèvre. Elle ne voit pas trop comment elle peut être plus basse que Gretel, vu que cette dernière est à plat ventre. Elle continue d’avancer avant de s’arrêter devant elle. Elle tend la main vers le museau. Elle le touche d’un doigt, recule sa main comme si elle a commis une erreur avant de signer à nouveau à hauteur des yeux de sa compagne.

- Je ne suis pas trop haute ? Je veux pas te mettre mal à l’aise. Je peux toucher ton museau ? Ou te caresser ?

Elle aurait dû poser ce genre de question AVANT de l’obliger à se transformer pour elle. Elle ne sait pas comment Gretel pourrait lui répondre. Elle se sent mal. Elle se sent nulle. Mais assise sur le sol, elle sait aussi que sa compagne ne la trouve pas ainsi mauvaise. Gretel est vraiment bien meilleure que ce qu’elle ne sera jamais. Prudence finit par toucher la louve, caressant à peine les poils alors qu’un frisson la parcours malgré elle. Elle respire plus vite, plus désordonné, mais elle ne quittera pas Gretel. Si elle doit mourir par les crocs d’un loup, ça sera ceux de son amante.

« Compagne » pense-t-elle très fort alors qu’elle caresse encore les preuves de leur différence « MA compagne ». Rien qu’à elle. Et qui l’aime même si elle est une peureuse pleurnicharde et stupide humaine. Elle aimerait ne pas ressentir de peur. Elle plante son regard dans celui de la louve avant de se rappeler qu’elle ne doit pas. Elle détourne le regard, non sans un soupir de contrainte qui prouve qu’elle n’apprécie pas devoir la quitter des yeux. Non pas peur d’elle, mais qu’elle disparaisse. C’est cela le pire dans son esprit. Que Gretel disparaisse de sa vie comme elle est venue, comme un miracle.