Le capitaine de la criminelle lui avait octroyé un congés de trois semaines à la suite de la proposition du service des stups. Un temps de réflexion, comme il l’avait appelé. Jacob n’avait pas réfléchi bien longtemps quant à son occupation pour les prochains jours et avait pris un vol direct pour le Guatemala le soir même. Il souhaitait arriver aux aurores et ainsi faire la surprise à Victoria au petit matin. Malgré les appels en visioconférence, elle lui avait manqué et il envisageait la possibilité que cette solitude à l’autre bout du continent ne soit pas toujours facile à supporter au quotidien. Sa tante n’avait pas vu de désagrément à accueillir ce neveu qu’elle n’avait pas vu depuis deux longues années. Ils échangèrent brièvement quelques mots, et la laissa s’éloigner pour réveiller son fils. Quant à Jacob, il se leva pour se resservir un café et se mit à sourire en entendant des pas arriver à sa hauteur, et déposa sa tasse sur le côté pour faire face à la jolie latine qui ne termina pas sa phrase, venant se ruer dans ses bras. Le lieutenant ne se fit pas prier et entoura sa taille de ses bras, la serrant tout contre lui, son visage dans sa chevelure sombre, souriant, sincèrement heureux de la revoir après tout ce temps. Il la laissa se recula, et posa sa main sur sa joue sans se départir de son sourire « Je suis venu te rendre visite », et retira ses doigts de sa peau dans une caresse « Moi aussi » tout en tendant les bras vers elle pour la désigner, avant de les laisser retomber le long du corps. Il pencha la tête face à la question de Victoria « Réfléchis bonito corazon ! » et ajouta « Tu me manquais » et se dirigea vers la cafetière pour lui servir un café noir « C’est dingue, on se parle pratiquement tous les soirs pourtant ».

Les deux tasses en main, il lui en tendit une « Cette fois-ci, on prend le petit-déjeuner ensemble », et porta sa tasse de café à ses lèvres sans détourner le regard de son amie, et réprima ensuite un bâillement « Je n’ai pas fermé l’œil de la nuit ». Pas que le vol avait été long, loin de là. Trois heures tout au plus, seulement il avait pris un vol de nuit et n’était pas parvenu à dormir, ne serait-ce qu’à l’aéroport en patientant devant le terminal. « Tu es vraiment resplendissante. Rio t’a fait du bien. Je suis content » répliqua-t-il avec sincérité, avant de tourner la tête en direction de sa tante et de son cousin, alors âgé de huit ans, qui se précipita dans ses bras « Jacob ! » « Comment vas-tu Dino ! Qu’est-ce que tu as grandi ! » rétorqua-t-il en espagnol. Et reposa le petit homme au sol, tout en prenant le temps de lui passer la main dans sa tignasse brune « Tu veux qu’on t’emmène à l’école ce matin ? » « Oh si ! Maman, dis oui, dis oui ! ». Sa tante observa son neveu et acquiesça, avant que l’enfant ne s’enthousiasme sur sa chaise « Je vais prendre une douche le temps que tu déjeunes petit homme » et posa sa main sur le bras de Victoria « Tu m’accordes quelques minutes, je reviens vite. Tu nous accompagnes, au fait ? Je te montrerais un peu le quartier comme ça », et lui adressa un sourire avant de se délecter d’une douche chaude.

Quelle surprise de le voir là, au milieu de la cuisine. Elle était tellement heureuse de pouvoir le serrer dans ses bras. « -tu es vraiment doué pour l’effet de surprise ! » elle n’avait rien vu venir. « -tu as décidé ça sur un coup de tête hier ? » demanda-t-elle intriguée. « -tu restes combien de temps ? Tu es arrivée dans la nuit ? » elle était en train de l’ensevelir de questions. « -pardon excuse-moi, je suis… » elle se passa les deux mains dans les cheveux, tellement heureuse qu’il soit là. « -tu sais, normalement, je suis pas une grande fan des surprises, mais des comme ça… j’en veux bien tous les jours. » oui, vraiment, elle était heureuse qu’il ait décidé de venir jusque ici. Sans lui dire.

Elle le remercia pour le café, qu’elle mit peut-être trente secondes de trois à prendre entre ses mains, incapable de regarder quelque chose d’autre que lui. Comme si elle avait peur qu’il disparaisse. En réalisant cela, elle baissa les yeux sur le café. Son sourire se fit doux : « -c’est vrai ! » ils en avaient déjà prit des petits déjeuner ensemble à l’autre bout du téléphone. C’était devenu un peu une habitude. Qu’elle aimait. Mais le voir là, en chaire et en os, pouvoir lui parler en face à face c’était… c’était tellement agréable. « -pourquoi t’es venu en stop ? » s’amusa la jeune femme. « -tu vas prendre le temps d’aller le faire alors. » un nouveau sourire pour son compliment alors qu’elle se posait sur l’une des chaises. « -je ne peux pas en dire autant de toi. J’irais pas jusqu’à dire que tu as sale tête mais pas loin. » il avait les traits tirés, de belles cernes aussi.

La jolie brune porta sa tasse à ses lèvres, attendit devant les retrouvailles. Elle lui sourit lorsqu’il prit place à côté d’elle. « -je suis entre de bonnes mains, ne t’en fait pas ! » s’amusa la jeune femme alors que Jacob semblait presque culpabilisé de devoir aller prendre une douche. « -oh heu… oui bien sur ! Enfin si tu es d’accord Dino. » répondit Vic en s’adressant à l’enfant. Celui-ci hocha la tête vigoureusement. « -on t’attends. » ajouta alors jolie brune avec un sourire tendre pour Jacob. Elle ne le quitta pas des yeux jusqu’à ce qu’il disparaisse de sa vue.

Vic prit le temps de déjeuner tout en discutant avec Dino parlant de l’école, de ce qu’il voyait en cours. Elle avala une tartine, puis une autre et encore une autre et finit par complimenter Greta pour sa confiture maison qui était juste un délice. « -il ne va pas falloir que je reste trop longtemps chez vous, parce que je vais prendre dix kilos ! » s’amusa la jeune femme avant de finir son café alors que sa réflexion faisait rire la tante de Jacob.

Sans un mot pour Victoria, le lieutenant avait pris le premier vol pour le Guatemala afin d’être présent à son réveil. Aucun message, aucun indice. Il voulait que la surprise soit complète, et au vu de sa réaction, il avait bien fait ! Elle était réellement heureuse de sa venue, tout comme il l’était de la retrouver après tout ce temps loin de cette dernière. Ils s’enlacèrent comme le faisait les gens après une longue absence, et se mit à sourire tout en hochant de la tête « Oui, assez » en se vantant gentiment de sa capacité à surprendre. Il ouvrit la bouche pour répondre à la première question, mais une deuxième suivit, puis une troisième, et il se mit à refermer la bouche qui s’étira dans un sourire amusé alors que son regard la couvait avec tendresse devant cet afflux d’interrogation auquel il n’eut le temps de répondre, et resta à l’observer ainsi alors qu’elle lui confia ne pas aimer la surprise, mais la sienne faisait exception « Je suis heureux que ma venue te fasse plaisir », et ajouta « Je peux répondre aux autres questions ou tu en as d’autres à me poser avant ? » finit-il par rétorquer avec taquinerie « J’ai obtenu trois semaines de congés, je t’expliquerais pourquoi plus tard. Alors pour le moment, je reste tant que tu me supportes, et ensuite je rentrerais à Miami ». Il n’avait pas pris de billet d’avion retour, alors il était libre de rester le temps qu’il souhaitait. Une semaine, peut-être plus. Il aviserait selon les jours passés auprès de Victoria. Pour le moment, il était présent et heureux d’être ici avec elle.

Lorsqu’il lui tendit la tasse de café fumante, il se mit à sourire en constatant qu’elle continuait de l’observer et lui laissa le temps de réagir et de s’en saisir. Lorsque ce fut chose faite, il émit un petit rire amusé, et porta son café à ses lèvres. Ce n’était pas la première fois qu’ils déjeunaient ensemble, mais la première fois en réel, l’un avec l’autre. C’était agréable. Il réprima un bâillement, justifiant sa fatigue par le manque de sommeil et fit un signe négatif « J’ai pris le premier vol que j’ai pu obtenir cette nuit. J’ai embarqué aux alentours de quatre heures du matin », et acquiesça « Je pense que je vais le prendre, oui ». Parce qu’il était fatigué, que le climat était accablant également et qu’il n’était pas certain de parvenir à profiter de la journée dans le cas contraire. Jacob finit par pencher la tête sur le côté quand elle trouva pertinent de préciser qu’il avait une sale tête « Tu peux le dire que j’ai une sale tête » et se passa une main dans sa barbe négligée « Les dernières semaines ont été éprouvantes au poste… Mais maintenant, je suis en vacances ». Après les évènements de ces derniers mois, et le travail, c’était tout ce qui lui fallait. Des vacances.

Son petit cousin de huit ans mit fin à la conversation en se précipitant dans ses bras. Cela faisait un moment qu’il n’avait pas vu le garçon et échangea avec lui, avant de proposer de l’accompagner jusqu’à l’école en compagnie de Victoria. Une main sur le bras de cette dernière et sourit « Je sais », et un regard pour le garçon « Il est d’accord » et échangea un sourire avec la jolie brune, puis se rendit sous la douche. Brève, mais suffisante. Il prit le temps de se raser également et ressorti propre comme un sous neuf, vêtu d’un jean et d’un t-shirt, posa son épaule contre l’encadrement de la porte et se mit à rire « Tu as de la marge ! », et finit par se rapprocher « Va te préparer Dino, on ne va pas tarder » et débarrassa le petit-déjeuner de l’enfant, avant de prendre place à table avec Greta et Victoria « Tu ne m’en voudras pas si je dors à mon retour tante Greta ? » « Non, non. Tu es ici chez toi mon grand » ajouta-t-elle en caressant la joue du lieutenant « Je vais aller au marché, vous avez besoin de quelque chose ? » « Non, ne t’en fait pas ». Elle sourit et quitta la pièce, les laissant ainsi seuls quelques minutes « Comment te sens-tu ? ».

Plaisir ? Non, c’était plus que ça. Elle était vraiment heureuse de le voir en vrai de vrai. Les conversations téléphoniques ou en visio c’était bien, mais pouvoir le serrer dans ses bras c’était bien mieux. « -hum… d’autres viendront peut-être mais réponds déjà à celles-ci. » s’amusa la jeune femme. « -trois semaines de congés ! Mais c’est super ! Exactement ce qui te fallait ! » s’enthousiasma Victoria, sans s’attarder sur le pourquoi du comment de ces trois semaines. Ce qui comptait, c’était la surprise et surtout sa présence. Il avait surtout prit la décision de venir la rejoindre ici. Elle. Alors qu’il aurait pu occuper son temps autrement. « -tant que je te supporte ? Tu vas rester les trois semaines entières… si ce n’est plus. » avait elle répondu avec un sourire tendre et amusé à la fois. Et en plus de ça, il avait prit le billet sur un coup de tête, sans vraiment réfléchir. Il avait voyager durant la nuit, sans avoir peur de la fatigue qu’il aurait sur les épaules à l’arriver. C’était adorable. « -ok tu as une sale tête. » avait elle reprit avec franchise. Vic savait que les dernières semaines avaient été compliquées niveau travail pour le lieutenant, et ces vacances lui feraient le plus grand bien.

Elle le laissa aller prendre une douche, tout en déjeunant avec appétit, discutant avec Dino et sa mère. Ça lui faisait du bien de pouvoir parler librement. Sans compter qu’ils étaient adorables. Elle releva les yeux sur Jacob en entendant sa remarque. Mais avant qu’elle n’ait pu dire quoi que se soit Greta ajouta : « -il a raison, et j’aime quand on apprécie ma cuisine de cette façon. » Vic avait perdu des kilos depuis la disparition de Roberto. C’était un fait. Elle le sentait dans ses vêtements, le voyait dans le miroir lorsqu’elle sortait de la douche. « -non merci c’est gentil. » répondit également la jeune femme avant de reporter son attention sur Jacob. « -reposée. » répondit-t-elle avec un sourire tendre. « -merci encore de leur avoir demandé de m’héberger. Ils sont adorables. C’est vraiment appréciable. » elle se sentait presque comme chez elle. N’avait pas la sensation de déranger. Sans compter qu’elle avait très bien dormie. « -et toi ? Content de pouvoir lever le pieds ? » il avait beaucoup donné ces dernières semaines. Il avait besoin de repos.

Lorsque Dino fut habillé, ils sortirent tous les trois pour aller le déposer à l’école. Elle mit ses lunettes sur son nez et tout en écoutant le petit garçon parler de sa classe, des devoirs, des maths et de ses copains. Un petit signe de main lorsqu’il disparu derrière la grille de l’école puis elle se tourna vers Jacob.

Tout en hochant de la tête, il se mit à rire alors que Victoria annonçait d’ores et déjà la couleur. Elle ne comptait pas se limiter à ces seules interrogations « Ok ! Ok ! » rétorqua-t-il donc avant de répondre plus ou moins à l’ensemble des questions posées par la jolie brune. Il prit soin d’omettre les raisons de ces trois semaines de vacances. Jacob n’était pas à même d’entreprendre une discussion sérieuse après une nuit blanches. Par chance, elle accepta son silence sur ce point, s’enthousiasmant davantage pour le fait qu’il allait rester trois semaines à ses côtés, si elle l’acceptait « Oui… Oui, j’en avais besoin ». Victoria le comprenait mieux que quiconque. Il se mit à sourire avec amusement « Tu dis ça pour le moment, parce que je viens d’arriver. Tu auras sûrement hâte que je reparte à l’issue des trois semaines ». Après tout, ils allaient être constamment ensemble durant ces trois semaines, à partager la même maison, ainsi que le même lit, tout en jouant les touristes le reste du temps. Ils étaient peut-être amis, mais ils en étaient également qu’aux balbutiements de cette amitié. Elle aura sûrement envie de lui prendre un billet d’avion pour Miami avant la fin des trois semaines. Enfin, pour le moment, il était présent et elle était tout aussi heureuse que lui d’être là. Toutefois, il allait sûrement s’absenté quelques heures durant la matinée pour rejoindre les bras de Morphée. Les dernières semaines n’avaient pas été simples, mais la nuit non plus. Il était exténué, et la jolie brune le lui fit remarquer « Je sais » répliqua-t-il avec amusement. Oui, il avait conscience d’avoir une mine horrible. Ces vacances arrivaient à point nommé.

Jacob s’absenta quelques minutes, le temps de prendre une douche, de se raser et de se changer. Il revint dans la cuisine, surprenant la conversation entre les deux femmes et lui confia qu’elle n’avait pas à s’inquiéter de son poids. Ce qui fut confirmé par sa tante, ce qui lui tira un sourire alors qu’il se rapprocha de ces derniers. Le temps que l’enfant ne se prépare, le lieutenant pris place aux côtés de la jeune femme, voulant savoir comment elle se sentait. Il la couva du regard avec douceur tout en acquiesçant « Ça se voit. Je suis heureux de te voir ainsi ». Il connaissait mieux que quiconque les épreuves qu’elle avait affronté, les obstacles surmontés, sa détresse psychologique, sa douleur également. Alors la voir ici, souriante et reposée, ça rassura le beau brun. Un regard pour la porte que venait de passer sa tante, et reporta son attention sur Victoria « Je pense qu’ils sont contents d’avoir un visage nouveau sous leur toit. Ils ont toujours aimé la compagnie ». Un petit sourire et un hocha de tête « Oui… Je pense que c’est nécessaire ».

A l’arrivée de Dino avec son cartable, Jacob se leva et ils emmenèrent ensemble l’enfant jusqu’à l’école, échangeant sur les devoirs, l’école et les amis de ce dernier. Un dernier signe de main à l’attention et un « A ce soir ! », puis il fit face à Victoria « C’est bizarre… » tout en faisant un cercle avec son doigt pour désigner la situation, et se mit à rire « Tu veux découvrir le marché ? » tout en rebroussant chemin jusqu’à la maison de sa tante « Je ne sais pas si Greta t’a prévenue, mais ne sors jamais seule ici… Ok ? Toujours accompagnée ». C’était l’un des pays les plus dangereux d’Amérique du Sud, mais la ville également. Il ne souhaitait pas qu’elle tombe dans un guet-apens… « Ce soir, on pourrait aller dîner en ville, tous les deux. C’est moi qui invite ».

« -soi sympa, je serais seule juge de ça. » il semblait persuadé qu’elle allait vouloir le voir disparaitre rapidement. Vic de son côté, en doutait fortement. Après un mois de solitude, elle savait qu’elle avait besoin de retrouver quelqu’un qui lui était proche et qui comptait. Jacob était la personne parfaite. Cela leur permettrait aussi de mieux faire connaissance finalement. Et puis Victoria s’imaginait mal lui dire de dégagé alors que c’était dans sa famille qu’elle logeait. Il avait besoin de vacances alors, ils allaient se laisser porter. Peut-être qu’il aurait envie de repartir aussi. De retrouver son chez lui, de la place dans son lit aussi !

« -ça fait du bien de rencontrer des personnes avec le cœur sur la main. » mine de rien, même si elle avait apprécié sa solitude et pouvoir se prouver qu’elle était encore vivante, capable de faire quelque chose seule, il y avait peu à peu une légère angoisse qui naissait. Une femme seule, en voyage, parfois c’était… stressant. Passer quelques temps avec Jacob lui ferait du bien. « -en emmène Dino et tu reviens dormir. » ce n’était pas une option. Une fois chose faite, elle lui avait sourit et hoché la tête : « -je suis assez d’accord, mais on va s’y faire. » Elle glissa ses mains dans les poches de son short, et fit quelques pas. « -oui, mais pas maintenant. » répondit la jeune femme en lui jetant un coup d’œil. « -alors crois le ou non super flic, mais je me suis un petit peu renseignée avant de débarquer ici. » Vic pencha légèrement la tête en souriant, en se foutant légèrement de lui. « -t’inquiète pas, et puis t’es là non ? » ainsi elle ne serait pas toute seule pour aller nulle part. « -déjà tu vas allé dormir, et ensuite on verra d’accord ? » elle glissa son bras sous le sien et l’entraina : « -aller on rentre. » avant de déposer ses lèvres sur la joue de Jacob, et rentrer d’un pas plein d’entrain.

Elle le laissa s’installer dans la chambre qu’ils allaient devoir partager. De son côté, elle prit place dans le salon pour continuer d’étudier ce qu’il y avait à faire et à voir dans ce nouveau pays. Vic fit sa petite liste, entourant, raturant, ajoutant des points d’interrogations. Elle fit ainsi un petit planning rapide. Greta rentra du marché et Vic se leva pour venir l’aider parce qu’elle avait les bras chargés. Elle l’aida à ranger puis elle s’installa pour couper les légumes pour le repas, discutant avec la tante de Jacob. « -est ce que mon neveu va bien ? » demanda-t-elle. Vic sourit : « -il n’a pas eu une année facile… » Greta sourit avec douceur : « -alors il a bien fait de venir ici et de vous retrouver. » Vic sourit : « -on s’apporte beaucoup de soutien, et je suis vraiment contente qu’il soit venu. » « -vous êtes mignons tous les deux. » « -oh heu… non, nous ne… »

Installé autour de la table de la cuisine, sa tasse de café à proximité, Jacob acquiesça tout en adressant un doux sourire à l’attention de la jolie brune qui semblait apprécier ses proches « Oui, ça se rarifie ». Mais le trentenaire avait conscience de la chance qu’il avait d’être si bien entouré par sa famille. Peu importe la distance, le lien restait solide. Il n’avait pas eu besoin de justifier la présence de Victoria au Guatemala, sa tante et son oncle s’étaient immédiatement montrés enthousiastes à l’idée d’accueillir l’amie de leur neveu. Aucune contrepartie. Juste le plaisir d’aider et de rencontrer de nouvelles personnes de passage. Un petit rire résonna dans la pièce « Oui Madame ! ». De toute manière, le lieutenant ne risquait pas de se faire prier pour rejoindre les bras de Morphée. Il avait bien trop accumulé de fatigue ces derniers jours pour résister à l’ordre de la jolie brune. Ils emmenèrent donc l’enfant à l’école, avant de constater que c’était étrange. Eux deux ici, accompagnant Dino à l’école comme si tout était parfaitement naturel « Tu as sûrement raison ». Ils ne s’étaient pas vus depuis un moment, et il appréciait réellement sa présence à ses côtés. Ça le rassurait de se savoir présent pour elle dans un pays où explosait la criminalité. Un petit rire lorsque Victoria lui rappela qu’elle n’était pas inconsciente au point de se rendre au Guatemala sans s’être renseigné au préalable « Ok ! Ok ! Je disais seulement ça parce que beaucoup de touristes se pensent à l’abri dans ce genre de pays parce qu’ils sont étrangers ». Au contraire, ils étaient une cible toute désignée.

Les mains dans les poches de son jean, le regard fixant le sol, il se mit à sourire pour relever uniquement ses yeux sombres sur elle « Oui, je veille sur toi. Tu le sais ». Ce n’était plus un secret aujourd’hui. Un hochement de tête suivit alors qu’il réprima un bâillement « Pas plus d’une heure ou deux, ensuite je suis tout à toi ». Il n’avait pas envie de passer cette première journée dans le pays de ses parents au fond de son lit. Il la laissa passer son bras sous le sien dans un doux sourire, et ils rentrèrent chez Greta. En arrivant, il déposa ses affaires dans la chambre qu’il allait partager avec Victoria, et se glissa rapidement dans les bras de Morphée pendant un peu plus d’une heure. Ce fut la voix des deux femmes qui l’extirpèrent de son sommeil. Il s’étira, puis se redressa sur ses coudes, se rappelant où il était et finit par se lever. Un petit rire en entendant l’échange entre Greta et la jolie brune « Non tante Greta, nous ne sommes pas ensemble. Nous sommes amis » et vint déposer un baiser sur la chevelure sombre de Victoria, ses mains sur ses épaules « Je prends un café, et on sort ensuite ? ». Il s’éloigna, déposa un baiser sur la joue de sa tante et se servit un café « Tu as cru que nous étions tout un régiment ? » en constatant l’excès de course « Hors de question que vous mourriez de faim vous deux ! » « C’est ce que je constate » et s’appuya contre l’établi, faisant un clin d’œil à Victoria tout en portant sa tasse à ses lèvres, et ajouta « Tu ne t’es pas trop ennuyée ? ».

« -ouais ba je fais pas parti de cette bande d’imbécile. J’ai bien conscience que je suis une femme, une jeune femme, une jeune femme canon, et que je voyage toute seule. » il se faisait bien trop de souci pour elle. Vic réalisait soudainement qu’elle devait lui occasionner du stress supplémentaire depuis qu’elle était partie. Ce qui n’était pas du tout voulu. Vraiment pas. « -tu sais, je n’ai pas grandi dans une petite bulle toute belle et toute douce. » elle n’avait pas non plus l’habitude d’être protéger. Mais bon, il était fatigué, et elle n’avait pas vraiment envie d’ouvrir un débat sur le fait qu’elle soit capable ou non de se défendre, si il ne se faisait pas un peu trop de souci pour elle ou encore autre chose qui pourrait déjà mettre à mal leurs retrouvailles. Donc elle glissa son bras sous celui de Jacob et l’entraina pour rejoindre rapidement le lit. Une fois qu’il serait reposé, ils pourraient parlé de visite ou de diner au restaurant. « -non, tu te reposes autant que tu as besoin. » insista Victoria. Si elle passait la journée à la maison, ce n’était pas grave.

Elle s’occupa sans mal, notant ce qui lui faisait envie de découvrir. Puis elle aida volontiers Greta avec les courses et la cuisine. La jeune femme bloqua quelque peu, en entendant la tante de Jacob. Qu’est ce qu’ils avaient tous à vouloir les voir ensemble ? « -je n’ai pas dit que vous étiez ensemble mes enfants. J’ai dit que vous étiez mignons. Rien de plus. » Vic piqua un fard, en baissant les yeux sur les légumes qu’elle épluchait. C’était vrai. Greta n’avait pas fait d’allusion. « -oui… pas de souci. » souffla la jeune femme alors qu’elle se sentait presque gênée par le geste qu’il venait de faire. « -vous avez raison, je crois que c’est parce que ma mère est un peu trop focalisé sur cette idée. » elle s’excusait presque que ça lui ait traversé l’esprit. La jeune femme termina rapidement ce qu’elle était en train de faire. Un léger sourire pour Jacob. « -du tout, j’ai fait une petite liste de ce que je voudrais voir ici. Tu me diras ce que tu en penses. » elle débrassa, se leva les mains et ajouta : « -je vais prendre mes affaires, et j’arrive. » puis elle quitta la cuisine pour rejoindre la chambre.

Une fois dans la petite pièce, elle se massa le front. Pourquoi avait elle réagit ainsi ? N’importe quoi ! C’était presque comme si elle était sur le défensive. La belle brune récupéra ses lunettes de soleil, puis son petit sac dans lequel elle gardait précieusement ce dont elle avait besoin pour se balader sans souci. Elle soupira encore, dos à la porte. Voilà sa mère était parvenue à foutre le bordel dans sa tête. C’était comme si maintenant, elle avait la sensation que tout le monde voulait les mettre ensemble.

Jacob se montrait particulièrement protection envers la jeune femme, il en avait conscience. Seulement, il considérait qu’elle avait surmonté bien trop d’épreuves douloureuses, de souffrances en si peu de temps, et ne souhaitait pas qu’il lui arrive malheur au moment même où elle apprenait à revivre sans Roberto et sans l’enfant qu’elle avait porté en son sein quelques semaines. Il savait qu’il ne pouvait pas la protéger continuellement et contre toutes les adversités, mais tant qu’il le pouvait, il tentait de prendre soin d’elle, comme elle savait également le faire avec lui à sa manière. Un sourire à l’attention de Victoria qui lui rappela, malgré tout, qu’elle n’était pas naïve et qu’elle était venue ici en connaissance de cause « C’est pour cela que je m’inquiète. Je n’ai pas envie qu’il t’arrive malheur du simple fait d’être une femme, jolie de surcroît ». Ses semblables pouvaient représenter un danger certain pour les femmes, malheureusement. Il n’avait pas envie qu’elle se fasse agresser, au pire, dans les rues de son pays d’origine. Jacob finit par fixer un instant la jolie brune et poussa un soupir « Je le sais bien… C’est sûrement une espèce de déformation professionnelle. Je suis désolé ». Il se faisait sûrement bien trop de souci pour elle, et il ne voulait pas qu’elle en souffre. Jacob allait donc s’abstenir à l’avenir de se montrer si protecteur à son encontre, et reconnaître qu’elle était assez perspicace pour savoir où se rendre pour ne rien craindre pour sa sécurité. Enfin, il n’était pas le seul à prendre soin d’elle. Victoria savait également le faire alors qu’elle insista pour qu’il prenne le temps nécessaire pour dormir et se reposer « Bien, je ne mettrais pas de réveil », et alla donc se coucher à son retour.

En sortant de la chambre un peu plus d’une heure après, Jacob surprit une conversation entre les deux femmes dans la cuisine qui s’attelait au repas du midi. Il trouva pertinent de préciser qu’ils n’étaient pas ensemble, et il constata, au commentaire de sa tante, qu’ils avaient été les seuls à avoir émis cette hypothèse. Le lieutenant se passa une main dans la nuque, soudainement gêné, rougissant face à Greta à qui sa nouvelle teinte de peau n’échappa pas, esquissant même un sourire face à la gêne des deux amis « Désolé, on a… » et regarda Victoria « mal interprété tes propos ». Il déposa un baiser sur la chevelure brune de la jeune femme, ses mains sur ses épaules, et s’éloigna pour préparer un café « La mienne également » renchérit-il pour se justifier à son tour. Il entendait encore sa mère lui demander ce qui se passait réellement entre eux. Ses sœurs n’étaient pas non plus avares de sous-entendus. Seul son père était encore son allié dans toute cette histoire. Et il avait la sensation que les proches de Victoria agissait semblablement aux siens. « Je suis ouvert à tout » rétorqua-t-il après avoir changé de sujet. Il acquiesça tout en l’observant s’éloigner, et reporta son attention sur sa tante après que la forte ne se soit refermée sur Victoria.

« Votre réaction a été très intéressante. Je vais commencer à croire ta mère quand elle me dit qu’il y a plus entre vous ». Un soupir de la part de Jacob qui leva les yeux au plafond « Elle me fatigue… » et baissa à nouveau les yeux sur la sœur de sa mère « Nous sommes amis. C’est récent et nous tenons vraiment à cette relation… Elle a perdu l’homme qu’elle aimait récemment, et… et moi aussi… » il inspira et poursuivit « Elle est un peu mon phare me guidant dans l’obscurité, comme je suis le sien. Nous tenons l’un à l’autre, et nous tenons à ce que nous avons aujourd’hui ». Sa tante acquiesça et se rapprocha de lui, entourant ses mains sur ses joues « Vous vous aimez de la manière dont vous le voulez, ça n’a aucune importance » et déposa un baiser sur sa joue, avant de se laver les mains et de reprendre le repas. La porte s’ouvrit et Jacob sourit à la jeune femme « Tu es prête ? ».

Vic n’avait pas rebondit sur les excuses de Jacob. Elle comprenait son inquiétude. Elle trouvait cela attendrissant également qu'il se fasse du souci pour elle. Elle s’était dit qu'elle reviendrait sur le sujet plus tard. Pour le moment c’était sieste pour le lieutenant et épluchage de légumes pour elle, afin d'aider Greta. Une légère gêne ensuite alors qu'elle avait mal interprété les paroles de celle-ci. Quand elle fut dans la chambre, elle s'en voulu presque de laisser sa mère troubler ses pensées ainsi. Vraiment elle n'envisageait pas que sa relation avec Jacob évolue ainsi. Son cœur n’était pas du tout prêt à cela. Et elle savait qu’il en était de même pour le beau brun. Même si de son côté, un peu plus de temps s’était écoulé depuis le décès de Mia, il souffrait encore beaucoup.  

Vic prépara son sac, et rejoignit Jacob dans la cuisine. « -oui, on peut y aller. » lui répondit-elle avant de promettre qu’ils seraient là pour le diner. Une fois dehors : « -on ira au restaurant demain si tu veux bien, ta tante semble faire à manger pour tout le quartier, alors… » un léger haussement d’épaules. « - et puis je pense qu’elle est contente que tu sois là. Sans compter que tu as fait une micro sieste » ils avaient largement le temps de sortir ainsi d’ici quelques jours. Elle cala son pas sur celui de Jacob, mettant ses lunettes de soleil sur le nez. « -alors tu fais le guide, je te suis » elle ne s’était pas renseignée sur la ville, lui laissant ce plaisir, de lui servir de guide. « -je te montrerais ce soir ce que j’ai noté. Tu me diras ce qui t’intéresse aussi. » elle avait envi de partir à l’aventure avec lui. Qu’il oubli un peu lui aussi, sa douleur.

La ville était magnifique. Elle adorait cette ambiance sud américaine. Entendre parler espagnol, les couleurs, la vie simple. Bien sur elle n’était pas naïve, comme à Rio, la misère était présente. Mais elle était là pour se soigner elle, pas la pauvreté du monde.