En leur imposant une telle distanciation physique, Jacob avait pensé, bien qu’à tort, que ça soulagerait la jeune femme. Ainsi, leur entourage n’aurait pas à mal interpréter leur proximité. Toutefois, Victoria lui démontra qu’il faisait fausse route à penser ainsi. Elle voulait retrouver une certaine proximité physique après tout ce temps passé à échange par le biais d’écran interposé. Il resta donc à l’observer en silence sans mot dire, prenant conscience qu’il avait fait ce choix seul, alors que dans cette relation, ils étaient deux, et qu’elle semblait vouloir retrouver une certaine proximité avec lui. Ne renchérissant pas, ils poursuivirent la découverte de la ville en se perdant les rues colorées du Guatemala et se mit à sourire avec douceur « Promis ». Éprouvant un certain soulagement à l’idée que si un jour elle laissait un autre homme entrer dans sa vie, il n’en partirait pas pour autant, que son avis aurait toujours de l’importance. « Je le dis » souffla-t-il ensuite en lui donnant un léger coup d’épaule, avant de rire de bon cœur avec la jolie brune « C’est arrivé quoi… au bas mot, deux ou trois fois ! ». La première fois, alors qu’il sortait de la douche, une autre fois en rentrant d’un footing, oubliant qu’il s’était délesté de son débardeur en arrivant à son domicile, et la troisième fois, c’était au petit matin, alors que Miami avait affronté des records de chaleur, l’obligeant à passer la nuit en boxer sur ses draps. Rien de bien traumatisant apparemment pour la jeune femme qui le décrivait toujours de bel homme.

Tôt ou tard, Victoria aurait appris les raisons de ces trois semaines de congés qui étaient arrivés inopinément. On lui avait proposé un nouveau poste, et Jacob prenait le temps d’y réfléchir. Il avait compris que cette décision, il allait devoir la prendre seul. Toutefois, il n’était pas encore certain de vouloir accepter cette mutation à la brigade des stups. Il souhaitait seulement changer les choses, être utile à la population, et il avait la sensation d’être perdu quant à son avenir. Le lieutenant acquiesça d’un signe de tête « Oui, j’en ai conscience » et poussa un soupir avant de se mettre à sourire avec Victoria « Peut-être. Pour le moment, je ne vois que ces deux-là ». De toute manière, ils n’eurent le temps de poursuivre la conversation que son petit cousin ouvrit la porte pour laisser apparaître sa tête, souhaitant jouer avec Victoria. Pendant ce temps-là, le lieutenant sombra dans les bras de Morphée jusqu’à la tombée de la nuit.

A peine réveillé que Jacob se retrouva dos au mur de la maison de sa tante, une cigarette à la main et un regard pour Victoria qui l’imitait. Il posa son regard sur la cigarette qu’elle tenait entre ses doigts « Tu es sûre ? » osa-t-il demander sur un ton taquin, et hocha lentement de la tête « Comme ce soir ». Il porta sa propre clope à ses lèvres pour en tirer une taffe, et souffla la fumée en direction du ciel. Un bref silence qu’il brisa pour s’excuser du poids qu’il avait fait peser sur les épaules de la jolie brune en lui demandant son avis sur sa mutation à la brigade des stups. Il termina sa cigarette après une dernier taffe, l’écrasant dans le cendrier posé au sol, Il prit place à ses côtés, sur les marches alors que la jeune femme se confia sur ce qu’elle éprouvait vis-à-vis de cette opportunité professionnelle, de se tiraillement qu’elle éprouvait entre le laisser s’ouvrir à de nouveaux horizons, et la peur de le perdre. Jacob passa son bras autour des épaules de la jeune femme, l’attirant à lui, sa tête contre la sienne « Tu ne me perdras pas » murmura-t-il « Je veille sur toi, rappelle-toi » et sourit contre sa chevelure sombre « Et ôte-toi tout de suite la possibilité que j’éprouve une certaine rancune à ton encontre parce que j’aurais refusé ce poste. Je le refuserais parce que j’en aurais envie… Ok ?! » et lui sourit avec douceur « Crois-le ou non, mais je ne suis pas un type rancunier ». Elle avait pu s’en rendre compte par elle-même avec le temps « Tu me trouveras toujours aussi beau en blouse blanche ? ». Il déposa un baiser sur son front « Ignore ce que je t’ai dis ce matin. Je n’arrive pas à me détacher de toi ». La preuve en était, il la serrait dans ses bras. Lui aussi avait besoin de cette proximité physique entre eux deux « On est bien là » alors qu’ils avaient au-dessus d’eux un ciel étoilé, et que les rues étaient calmes.

Début de soirée paisible finalement… ils se retrouvaient sur la terrasse, à partager une cigarette. Elle comprenait que cela rappel à Jacob les moments passés avec Mia. « -tu sais, il y a d’autre manière de penser à elle… » avait elle osé souffler. Sous entendant par là que ce n’était pas super bon pour le santé et que c’était presque dommage de reprendre la cigarette alors qu’il avait tenu des années pour sa femme. Mais comme pour tout, ce n’était qu’un commentaire. Il faisait ce qu’il voulait. Peut-être que c’était aussi pour cette raison qu’il était incapable de changer de job. Pour ne pas oublier Mia. De son côté, Vic avait eu besoin de faire table raz du passé. Elle avait rendu la maison, quitter son job, vendu tout ce qu’elle pouvait. Elle s’était fait violence pour se séparer d’un maximum des affaires de Roberto, même si certaines étaient bien au chaud dans un garde meuble. Jacob lui, avait visiblement besoin de garder ce lien. Elle se promis de revenir sur le sujet.

Vic se confia sur ses craintes vis-à-vis de cette idée d’intégrer les stups. Lorsqu’il s’installa à côté d’elle, elle se mordit la lèvre inférieure. « -j’ai l’impression de n’être qu’une sale égoïste… » et c’était une sensation qui lui déplaisait fortement. « -je sais… » avait elle soufflé en retour alors qu’il précisait à nouveau veiller sur elle. « -ok… » avait elle ajouté en ayant envie de se blottir tout contre lui. Elle n’osa pas, profitant seulement de sa tête posée contre son épaule. « -si tu l’étais, on ne serait pas devenu ami… » parce qu’elle n’avait pas été tendre avec lui, dès le départ. Parce qu’elle avait eu des paroles dures à son encontre, et encore aujourd’hui. Parfois le chagrin dépassait sa raison et elle était capable de le blesser. « -ba j’imagine oui… » elle avait un peu de mal à l’imaginer ainsi mais elle ne doutait pas une seconde qu’il pouvait entrer dans la catégorie docteur sexy. Elle ne répondit rien, mais se blottit un peu plus contre lui. « -je suis contente que tu sois là. » et oui, ils étaient bien là.

Un silence s’installa. Un silence de plénitude. Ils restèrent ainsi encore de longues minutes, jusqu’à ce que Dino vienne leur dire qu’ils allaient passer à table. Vic s’était détacher de Jacob à contre cœur, puis s’était levée afin de rejoindre le salon et le reste de la famille. Elle aida Greta à terminer de dresser la table, puis prit place comme les autres. Le repas fut délicieux, comme celui de la veille. Elle débrassa et aida pour la vaisselle, avant de souhaiter une bonne nuit à tout le monde. La fatigue était présente et elle ne mit pas longtemps à enfiler un short et un débardeur pour la nuit, terminant tout juste lorsque que Jacob entra dans la chambre. « -c’est bon tu peux rentrer, je suis habillée. » avait elle dit avant de s’allonger sous le drap. « -va s’y je regarde pas. » s’amusa la belle brune en fermant les yeux.

La première cigarette qu’il avait partagé avec Mia datait des premiers mois où ils collaboraient en tant que coéquipiers. Une famille toute entière avait été assassinée. Un homicide dû au hasard. Ils s’étaient donc retrouvés devant la brigade, dans un silence de plomb, et Mia avait allumé cette cigarette avant de la lui tendre. C’était devenu un rituel à chaque fois qu’une affaire était difficile. Avec sa disparition, Jacob n’avait pas perdu cette habitude et lorsqu’il se retrouvait face à une affaire compliquée ou un choix difficile à faire, il prenait quelques minutes pour fumer une cigarette. Une manière comme une autre de se souvenir de sa coéquipière, comme ce soir, alors que Victoria le tira de ses pensées. Il lui adressa un maigre sourire et souffla un « Je sais ». Mais pour le moment, il tenait à perdurer ce rituel qu’avait instauré la femme qu’il avait perdu quelques mois auparavant. Soudainement, il s’interrogea sur le conseil que lui aurait donné Mia pour sa carrière… Puis se souvint que si elle n’avait pas péri au cours de cette intervention, il n’aurait jamais envisagé de quitter la criminelle, et ne serait pas présent devant la maison de sa tante, à évoquer le sujet avec Victoria auprès de qui il prit place. La jolie brune se montra dès plus explicite concernant ce qu’elle éprouvait vis-à-vis de cette proposition de rejoindre les stups. Elle avait peur de le perdre s’il faisait un tel choix. Un regard pour cette dernière et rétorqua « Je t’ai demandé ton avis pour que tu me dises ce que tu pensais… Il n’y a aucun égoïsme là-dedans ». Sinon il se serait abstenu de lui demander si son opinion importait peu.

Jacob trouva pertinent de lui rappeler qu’il continuait à veiller sur elle, et qu’il en serait toujours ainsi, vivant ou mort. Un sourire et passa ses bras autour de ses épaules, venant blottir sa tête contre la sienne. Finalement, il n’était pas prêt à prendre ses distances, à s’abstenir de la prendre dans ses bras, de passer sa main dans son dos, de déposer un baiser sur son front lorsqu’elle avait besoin de réconfort. Il émit un petit rire « Oui, je le pense aussi ». S’il avait été rancunier, ils ne seraient pas là ce soir. Jacob aurait claqué la porte de sa maison, tirant un trait sur cette femme qui avait exprimé toute sa colère, toute sa douleur dans des paroles difficiles à entendre, tout simplement parce qu’il était le seul présent dans la pièce. Sur un ton plus léger, il lui demanda si elle le trouverait toujours beau s’il redevenait de nouveau médecin, et se mit à sourire « Je le pense aussi » finit-il par rétorquer avec légèreté. Il resserra son étreinte autour de Victoria alors qu’il la sentait se blottir davantage tout contre lui, déposant ses lèvres sur sa chevelure brune avant de murmurer « Moi aussi je suis content d’être là avec toi ».

Le silence qui les enveloppa par la suite n’était en rien pesant. Bien au contraire. Jacob l’apprécia, jusqu’à ce que Dino ne l’interrompt pour les prévenir de venir dîner. Pendant que Victoria se chargea de mettre la table avec sa tante, il accompagna l’enfant jusqu’à la salle de bain pour se nettoyer consciencieusement les mains avant de dîner. Le repas rappela des souvenirs d’enfance au trentenaire qui aida à débarrasser, puis se chargea de lire une histoire à Dino avant le coucher, salua sa tante et son oncle tour à tour, puis frappa à la porte avant d’ouvrir la porte de la chambre qu’il partageait avec Victoria « Parfait » et entra dans la pièce, refermant la porte derrière lui. « Je ne vais pas me mettre nu, tu sais » répliqua-t-il tout en ôtant son jean et son t-shirt pour enfiler un pantalon de pyjama et un débardeur. Il vint ensuite se glisser sous les draps aux côtés de la jolie brune, fixant le plafond quelques secondes, puis tourna la tête en direction de la jeune femme « Je ne sais pas comment le formuler » et fit une légère moue « Tu… hum… » et se mit à réfléchir « Tu veux venir te coller à moi ? » et se mit à rire « On dirait que je suis une de ces bandes collantes qu’on colle au plafond et qui attire les mouches… Enfin, tu as compris l’idée ».

« -je dois avouer que je préfère que tu en ai parlé avant de prendre ta décision et que je sois devant le fait accompli. » si ça c’était pas égoïste… Elle ne l’avoua pas à voix haute, mais si les choses c’étaient passées ainsi, elle l’aurait mal prit. Peut-être très mal prit. Simplement parce qu’elle tenait à lui. Et que de son point de vu c’était rajouter du danger où il y en avait déjà. Sans compter le silence, l’éloignement. S’il décidait de rejoindre les stups, ça aurait un impact sur eux. Même si il ne le voyait peut-être pas encore. Elle ne voulait pas le perdre lui aussi. Pas maintenant qu’il était devenu une personne clé dans son existence. « -tu penses beaucoup quand même… » s’amusa Vic alors qu’il venait de dire deux fois la même phrase en peu de temps. S’en suivit d’un moment de complicité silencieuse. Seulement savourer l’instant.

Après le diner, la jeune femme sentait la fatigue peser sur ses épaules. C’était toujours un peu comme ça depuis que Roberto n’était plus là. Elle n’avait pas encore reprit totalement sa forme. Mais ça viendrait. Elle avait encore besoin de temps… Allongée, vêtue de ce qui lui servait de pyjama, elle autorisa Jacob à entrer. Même si dans le font, elle n’avait jamais été très pudique. Peut-être qu’elle ne voulait pas donner des arguments en plus à la tante de Jacob pour leur monter la tête. « -tu vas quand même pas râler parce que je te laisse un peu d’intimité en fermant les yeux ? » s’amusa la jeune femme les yeux fermés. Lorsqu’elle le sentit se glisser sous les draps, elle les ouvrit avant de tendre le bras pour éteindre la lampe de chevet. Il faisait une chaleur moite et étouffante. Elle remit les jambes pas dessus le drap, avant de tourner la tête vers Jacob qui venait d’ouvrir la bouche. Elle le fixa du regard dans la pénombre. Puis elle explosa d’un rire joyeux. « -tournes toi. » lança la jeune femme en lui poussant l’épaule pour qu’il soit dos à elle. Lorsque se fut chose faite, elle vint se coller à lui, glissant un bas sur sa hanche, son menton dans son cou. « -ça te va comme ça ? » demanda Vic, sourire aux lèvres.

Elle laissa passer un silence, avant de demander : « -est ce que tu serais partant pour partir en excursion avec moi ? J’ai envie d’aller voir Semuc Champey. Visiblement c’est magnifique, en pleine nature… On pourrait partir sur deux jours. Dormir là-bas… » elle espérait qu’il dirait oui, sinon, elle n’irait pas seule. Elle avait envie de partager ça avec lui. Déconnection total de la ville, de la population. Communion avec la nature… « -enfin après on peut faire ça, la semaine prochaine… le temps que tu te reposes un peu avant… »

Jacob avait compris que la jeune femme craignait de le perdre dans les mêmes circonstances qu’elle avait perdu Roberto. Elle ne voulait pas recevoir à nouveau cet appel pour l’informer de son décès en service, parce que sa véritable identité avait été découverte, ou qu’il s’était retrouvé au cœur d’une altercation entre deux bandes rivales. C’était pour cela qu’il avait accepté de prendre du temps pour réfléchir à cette proposition, et qu’il en avait fait part à Victoria. Elle lui confirma qu’il avait fait le bon choix en ne la mettant pas devant le fait accompli. Donc après l’avoir observé quelques secondes pendant qu’un sourire étirait ses lèvres, il rétorqua un « Pourquoi crois-tu que j’ai pris ces trois semaines et que je suis venu te rejoindre ? ». Ce n’était pas uniquement pour l’avoir à ses côtés, pour passer du temps en sa compagnie. C’était notamment pour évoquer son probable transfert aux stups. Il ne la voyait pas comme une femme fragile. Toutefois, il avait conscience des épreuves qu’elle avait affronté, et il tentait tant bien que mal de la ménager encore aujourd’hui. Comme il l’avait confié à sa tante, ils étaient l’un pour l’autre un phare dans l’obscurité, un point d’ancrage dans un quotidien à la dérive. Il fronça ensuite les sourcils, ne comprenant pas immédiatement ce qu’elle voulait dire, puis se mit à rire de bon cœur « Oui, je suis un homme réfléchit ». Jacob profita ensuite de ce silence qui les enveloppa avec douceur avant le dîner.

Même s’il avait passé une bonne partie de la journée dans les bras de Morphée, le lieutenant était encore épuisé de ces derniers jours, ou peut-être était-ce le début des vacances et de la quiétude qui l’épuisait. Il n’était plus habitué à prendre du temps pour lui, de n’avoir aucune contrainte en dehors de celle de profiter de l’instant présent. Il ne se fit donc pas prier pour rejoindre sa chambre, se mettant à rire tout en ôtant ses vêtements « Je n’ai pas dit le contraire », troquant sa tenue de la journée pour un pyjama. Il vint ensuite se glisser dans les draps, que quitta Victoria sous l’effet de la chaleur humide qui régnait dans le pays. Maladroitement, il tentait de l’inviter à venir se blottir tout contre lui, et apprécia son rire, l’imitant à son tour. Il ne comprit pas immédiatement la raison de sa demande, mais obéit malgré tout, puis se tourna dos à elle, et sourit la sentant se blottir tout contre lui. Il posa sa main sur la sienne, appréciant cette chaleur humaine. Généralement, c’était lui qui la serrait dans ses bras. L’inverse fut tout aussi agréable « Oui… Merci ».

Les paupières closes l’espace de quelques secondes, il finit par les rouvrir en entendant la voix de Victoria lui parvenir. Il l’écouta lui proposer une excursion en pleine nature quelques jours. Il n’eut le temps de répondre qu’elle émit l’hypothèse de patienter une petite semaine si nécessaire. Il se tourna pour lui faire face dans la pénombre de la chambre, leurs visages uniquement éclairés par la lumière de la rue « J’aimerais beaucoup. Tu aimerais t’y rendre quand ? Demain ? » et ajouta « Je me suis suffisamment reposé aujourd’hui, je devrais pouvoir me rendre jusqu’au Semuc Champey » répliqua-t-il avec un sourire « Je ne pense pas que mon oncle et ma tante aient de quoi camper toute une nuit… On ira faire quelques emplettes demain matin, ça t’irais ? ».

« -pourquoi tu me dis merci ? » demanda Vic en baissant le ton de sa voix. Ils n’étaient pas seul dans cette maison, et les murs n’étaient pas très épais. Alors elle trouva cela judicieux de parler plus bas. Malgré cela, on pouvait entendre qu’elle s’amusa de ce merci qui était totalement inutile. De plus, vu la chaleur, elle n’était pas certaine qu’ils resteraient longtemps coller ainsi. Elle éprouva une drôle de sensation de se blottir ainsi contre lui. Elle qui avait voulu être seule, à nouveau elle prenait conscience que la proximité et la tendresse amical lui manquait. Elle s’était imaginée rentrer après deux semaines ici. Elle allait pousser à trois. Et verrait ensuite.

Mais avant de prendre l’avion du retour, elle voulait découvrir le pays. Cela pouvait commencer par le parc national. Les photos sur le net l’avait fait rêvé. Alors c’était l’occasion d’y aller, et de partager cela avec Jacob. « -non pas demain, faut qu’on s’organise un peu avant. » s’amusa la jeune femme en reculant légèrement alors qu’il se tournait. « -ta tante a sans doute envie de passer un peu de temps avec toi aussi. » souffla Vic. Il n’y avait rien d’urgent. « -ouais… on va faire ça. On regarde le voyage, on creuse l’idée et on va acheter ce dont on a besoin. Et on se dit que d’ici quatre jours on sera là-bas. » elle ne le dit pas à nouveau mais elle voulait qu’il se repose. Et profite de sa famille également. « -ça fait une éternité que je n’ai pas dormi sous la tente. » avait elle ajouté en collant son menton son l’épaule de Jacob. « -la dernière fois je devais avoir quinze ou seize ans… Dans le jardin d’une copine de l’époque. » elle n’avait pas forcement aimé l’expérience d’ailleurs. Elle déposa ses lèvres sur l’épaule nu de Jacob et ajouta : « -bonne nuit… » avant de se blottir contre lui. Ils verraient tout ça le lendemain.

Le lendemain matin, elle ouvrit les yeux à cause du soleil en plein visage. Elle se tourna dans le lit et se retrouva nez à nez avec Jacob. Son nez littéralement collé au sien. Quand il ouvrit les yeux, elle souffla avec humour : « -t’as de beaux yeux tu sais… » avant de sourire et de reculer en repassant sur le dos. Lentement elle s’étira. « -mais regardez-moi ces boucles folles ! » elle lui ébouriffa les cheveux : « -rah je rêve de faire ça depuis un moment déjà ! » un léger rire. Rire de bon matin… ça faisait tellement de bien.

Depuis toujours, Jacob était celui qui serrait dans les bras, qui étreignait, qui tenait cette stature de protecteur envers ses proches, qui avait la parole et le comportement rassurant. Ce soir, dans la pénombre de cette chambre, c’était Victoria qui prit ce rôle en le serrant dans ses bras à sa demande. Il apprécia cette proximité sans ambigüité, qui l’en remercia sans vraiment en prendre conscience, et se mit à rire doucement en entendant la question de la jolie brune « Je suis poli », et ajouta « C’est agréable… ». À force de vivre seul, il en avait presque oublié cette chaleur qui pouvait émaner d’un geste simple, et prit conscience que ça lui manquait. Ils ne restèrent toutefois pas longtemps étreints de la sorte alors que Jacob se tourna pour faire face à la jeune femme dans la presque obscurité qu’offrait leur chambre à coucher. Victoria voulait visiter le Guatemala, et le lieutenant était enthousiaste à l’idée de se retrouver seul avec la jeune femme au milieu de la nature, sans civilisation à proximité, à seulement profiter du charme que la nature avait à offrir. Elle était prête à attendre jusqu’à la semaine prochaine, il lui proposa demain. Il se mit à sourire lorsqu’elle déclina sa proposition « Oui, tu as raison ». Sa tête contre l’oreiller, son visage proche de celui de la jolie brune, il hocha de la tête « Tu as raison. Ils le prendraient mal si je devais partir tout de suite ». Sa tante et son oncle leur offrait le gite et le couvert, alors il allait peut-être profiter de ce moment en famille quelques jours avant de visiter le pays. Victoria avait semblablement réfléchi au temps de préparation avant de partir pour le Semuc Champey « En attendant, on peut visiter le centre-ville » proposa-t-il en ne souhaitant pas non plus passer ses journées entre ces murs.

Un sourire étira les lèvres du lieutenant alors que la jolie brune vint blottir son menton contre son épaule. Il n’était pas le seul à vouloir maintenir une certaine proximité l’un avec l’autre, comme s’ils ne parvenaient pas à se détacher trop longtemps. Il la laissa lui faire le récit de sa première expérience sur sa première nuit dans une tente « Et tu as aimé ? » demanda-t-il avant de préciser « Je n’ai jamais dormi sous une tente. Je ne suis même pas certain de savoir en monter une ». Alors ils allaient sûrement opter pour une tente facile à monter, qui se lançait en air et qui s’ouvrait d’elle-même. Jacob fut surprit de son baiser sur son épaule nu et sa manière de venir se blottir dans ses bras. Il resta interdit une fraction de seconde avant de venir entourer son corps de ses bras, sa tête blottie contre la sienne « Bonne nuit à toi aussi ». Finalement, le trentenaire ne remua pas vraiment durant la nuit et le constata en ouvrant les yeux, se retrouvant nez à nez avec Victoria. Au sens propre. Il se mit à rire, de ce rire encore endormi, alors qu’il peinait à garder les yeux ouverts « Toi aussi joli cœur », puis se les frotta, observant la jeune femme s’étirer dans le lit. Cela faisait bien longtemps qu’il ne s’était pas réveillé auprès d’une femme et se mit à sourire. Un sourire qui se transforma bien vite en rire quand elle parla de ses boucles brunes « Tu sais maintenant à quoi je ressemble au réveil. Pas trop déçue ? » et la laissa ébouriffer ses cheveux « Ah ouais ?! » et se mit à la chatouiller, se redressant légèrement tout en riant, continuant quelques instants avant de se laisser tomber sur le côté « Tu as bien dormi ? » finit-il par demander.

A nouveau elle avait pouffé de rire, contre la peau de Jacob cette fois-ci. « -le merci banale quoi ! » elle se foutait de lui. « -attends que je te souffle dans le cou toute la nuit, tu vas trouver ça bien moins agréable. Mais tu as de la chance, il faut chaud, alors je n’ai pas les pieds congelés. » elle prenait ça à la rigolade, même si elle trouvait cela très agréable aussi. Mais Jacob se tourna bien vite alors qu’elle proposait de s’aventurer ensemble à la découverte du pays. Hors de question de partir demain. « -j’aime bien quand tu dis ça. » s’amusa à nouveau Vic. « -bien sûr ! Et tu avais parlé d’un restaurant aussi. » elle n’avait pas oublié. Ils avaient le temps. Trois semaines, ça laissait le temps de faire tant de chose.

« -de quoi ? » demanda Vic alors que la question de Jacob lui faisait penser à une toute autre situation. « -ah la tente ?! Oh heu… pas vraiment. Mais c’était surtout parce que je n’étais pas en super bonne compagnie. C’était une soirée entre filles. Dans l’idée je m’étais imaginée regarder les étoiles filantes et faire des vœux. Pas se raconter des histoires débiles et jouer à qui n’a jamais… » elle roula des yeux. Jeu débile. « -sérieusement ? » elle ouvrit de grands yeux et se redressa légèrement sur les coudes. « -on est pas débile, on devrait s’en sortir. » elle avait totalement confiance en leur capacité d’adaptation. Ils s’en sortiraient. « -je sens qu’on va bien rire… » ou rentrer en courant. Mais pour le moment, elle était fatiguée. Alors elle lui souhaita une bonne nuit en se blottissant contre lui, comme il l’avait demandé plus tôt avec son histoire de collant à mouche.

Le lendemain matin, la proximité était encore bien là. Vic décida d’en rire au lieu de s’en sentir gênée. « -pourquoi je serais déçue ? déjà ça voudrait dire que j’avais des attentes, alors que c’est pas le cas… et je vais pas commencer à faire des grandes phrase hein… » elle grimaça avant de lui ébouriffer les cheveux en riant. « -mais trop ! » mais il répliqua en chatouille et elle se tortilla pour lui échapper, en essayant de ne pas rire trop fort pour ne pas réveiller toute la maison ou relancer les soupçons. « -non, arrête, pas là… » elle était très chatouilleuse. Heureusement il finit par stopper tout cela et elle soupira de bien-être en se laissant retomber sur l’oreiller. « -très bien. Et toi ? » il avait l’air plus reposé en tout cas. C’était une bonne chose. Elle se tourna sur le côté pour lui faire face. Puis doucement son sourire s’effaça alors que son regard se perdait. « -ce genre de matin me manque… » elle releva les yeux sur Jacob. « -pas toi ? »

Son regard posé sur la jeune femme, il se mit à sourire avec amusement, ainsi qu’avec une certaine tendresse en l’entendant se moquer de lui parce qu’il était tout simplement trop poli par moment « Je crois que je ne savais pas quoi répondre en fait », et la rejoignit en riant à son tour « C’était ma plus grande crainte en dormant avec toi ! » rétorqua-t-il pour la taquiner à son tour « Mais je suis rassuré maintenant. Je peux dormir en paix ». En ce qui concernait son souffle dans son cou, il n’était pas certain que ça l’importune réellement. Enfin, ce n’était pas ce soir que Jacob aurait son souffle dans son cou alors qu’il se décida à lui faire face pour poursuivre la conversation sur leur prochaine escale qu’il programmait pratiquement pour le lendemain. Néanmoins, la jeune femme fit preuve davantage de sagesse que lui, lui rappelant qu’il devait profiter de sa famille, entre autre. Elle avait raison, et ne s’en cacha pas, lui avouant à voix haute. S’il avait pu pencher la tête, il l’aurait sûrement fait en cet instant. Au lieu de ça, il plissa seulement légèrement les yeux sans se départir de son sourire « Oh ! C’est vrai ?! Je ne m’en serais jamais douté ! ». Il avait la sensation que la jolie brune aimait entendre qu’elle avait raison. Cela faisait presque partie de sa personnalité. Mais oui, elle avait raison. Ils avaient trois semaines devant eux, et aucune raison de précipiter quoi que ce soit, et comme elle le précisa si bien, il lui avait parlé également d’un tête-à-tête au restaurant « Oui, ça serait dommage de ne pas le faire » et murmura comme un secret « Surtout que je sais déjà où t’emmener ». Il connaissait un petit restaurant discret, mais dont la cuisine était succulente et abondante. Un restaurant comme les aimait le lieutenant.

« Le camping chez ton amie » et fronça les sourcils « Tu pensais que je parlais de quoi d’autres ? », et l’écouta évoquer cette expérience qui ne faisait pas réellement partie de ses meilleurs souvenirs. Il fit un « Oh… » en se doutant que les questions devaient être plus qu’indiscrète à certains moments… En ce qui le concernait, ça serait une première fois. Le camping, il n’avait jamais pratiqué, même dans son jardin. « Oui, oui. Quand j’étais gosse, j’étais du genre peureux ». Il avait toujours préféré dormir dans sa chambre, à proximité de son doudou et de sa veilleuse. Après ça, elle allait douter qu’il puisse la protéger dans les rues du Guatemala, même si l’enfant timide et peureux avait laissé place à un homme différent, plus endurcit. « On achètera les tentes qu’on jette dans le ciel et qui retombe toute dépliée » rétorqua avec aplomb le lieutenant avant de rire « Je le sens aussi ». Sur ces paroles, il la laissa déposer un baiser sur son épaule qui le surprit et lui souhaita une bonne nuit tout en la serrant dans ses bras.

Le lendemain matin, aucun d’eux n’était parvenu à prendre de la distance durant la nuit. Bien au contraire, ils étaient plus proches que jamais, et ça amusa l’un autant que l’autre. Il sentit ses lèvres dessiner un sourire espiègle sur son visage alors qu’il écoutait Victoria déblatérer, et rétorqua « Tu te justifies beaucoup trop pour un début de journée Vic’ » avec amusement « Je disais ça parce que tu me dis souvent que je suis beau, mais tu me vois toujours apprêté ». C’était aussi simple que cela. Il n’avait pas envisagé autre chose. Elle finit par lui ébouriffer les cheveux et il avait choisi de la chatouiller, riant de la voir se tordre ainsi sous ses doigts chatouilleux « Tu es sûre ? Parce que je trouve ça drôle moi » et finit par se laisser retomber sur le lit, aux côtés de Victoria, laissant s’estomper les sourires et les rires « Très bien aussi ». Il se tourna à son tour sur le côté pour faire face à la jolie brune dont le sourire disparu du visage. Les sourcils au milieu du front, il sentait qu’une mauvaise pensée venait de traverser son esprit en cet instant. Il resta silencieux quelques secondes, puis souffla un « Si… Bien sûr que si… Mais ça faisait bien longtemps que je n’avais pas eu ça avec ma femme… », alors en soit, il avait pris l’habitude se réveiller sur le canapé. Il déposa sa main sur la joue de Victoria « C’est normal que ça te manque… En attendant que ton cœur se répare, je veux bien t’offrir ce genre de matin tous les jours pour les trois prochaines semaines ». Si ça pouvait adoucir sa peine, et lui donner le sourire pour la journée.

« -ba y’avait pas à répondre. » elle ne se forçait pas. Et il ne lui forçait pas la main non plus. Il avait seulement proposé. Si elle n’avait pas souhaiter se rapprocher de lui ainsi, Vic ne l’aurait pas fait. « -je croyais que c’était que je prenne toute la couverture ? » demanda la jeune femme rieuse. « -genre tu étais stressé ! » du grand n’importe quoi. « -attends quoi ? ça veut dire quoi ça ? » renchérit la jeune femme. « -oui, j’aime qu’on dise que j’ai raison, parce que c’est assez rare justement. Alors ça me fait plaisir ! » se justifia la jeune femme avant de parler d’un restaurant qu’il avait presque promis. « -j’ai hâte. » même si la tante de Jacob cuisinait à merveille ! Un petit restaurant en tête à tête, ça pouvait être très sympa. Peut-être un peu plus que dormir sous la tente ensemble au milieu de la jungle…

« -heu je… » elle sourit prise en faute : « -c’est le genre de phrase que peut dire un mec au lit, juste après… alors tu as aimé… » elle leva les yeux au ciel. « -je suis fatiguée, cherche pas. » oui, vraiment, elle était fatiguée, et lorsque c’était le cas, elle pouvait partir en live pour pas grand-chose. Il s’y ferait à la longue. « -quoi oh ? Tu as jamais joué à ce jeu ? » elle avait un peu de mal à réfléchir. Mais c’était assez amusant. « -toi ? J’ai du mal à le croire Jacob… » elle le fixa du regard avant d’ajouter : « -non parce que tu es flic… et avant tu étais chirurgien. Tu as choisi des métiers banales et tranquillou. Normal pour un gamin peureux. » non, vraiment elle avait du mal à l’imaginer avoir peur du noir. Puis elle se mit à rire au sujet de la tente : « -non mais on va arriver à monter une tente. Et c’est minuscule dans ces trucs là qu’on jette comme tu dis. » cela promettait de belles aventures. Mais pour le moment, Vic avait besoin de repos.

Au matin, elle ne s’était pas imaginée se réveiller ainsi, nez à nez avec Jacob. Elle prit cela à la rigolade, et marmonna : « -ah mais totalement… » en baillant. « -ah parce que revenant de ton jogging en sueur, ou bien sortant de la douche à moitié à poil ou encore en mangeant comme un gamin de trois ans, c’est apprêté ça pour toi ? » elle était de fort bonne humeur et voir Jacob répondre à cela lui fit du bien. Tout comme rire sous ses chatouilles de grand matin. Et pourtant, comme assez régulièrement, elle pensa à Roberto. Au réveil qu’ils avaient partagé tant de journée. Oh ils n’avaient pas tous été joyeux et plein de rire dans le soleil. Parce qu’ils devaient aller travailler, ou qu’ils s’étaient engueulée la veille et qu’elle était encore fâché… La jolie brune fit par de sa pensée à Jacob. « -c’est gentil… » souffla la jeune femme devant sa proposition, avant d’ajouter : « -le jour de sa disparition, je m’étais levée tôt, j’avais prit une douche et bu un café sans lui adresser un regard, sans lui adresser un mot. Je ne l’ai même pas embrassé en partant. Parce que j’étais fâchée… » elle ferma les yeux. « -j’avais mes raisons d’être fâchée… vraiment… mais aujourd’hui, j’arrive pas à me souvenir de notre dernier vrai baiser. Tu sais un vrai plein de sentiments. Pas un truc vite fait pour dire bonne journée… » elle sourit avec douceur. « -excuses moi… je pourris déjà la journée… »