Un tendre sourire vint étirer les lèvres du lieutenant pendant qu’il observait son pull sur Victoria, et finit par relever les yeux pour croiser ses prunelles claires « Si tu veux qu’il ait mon odeur, va falloir me le prêter de temps à autre ». Ce vêtement était une manière, comme une autre, de le garder auprès d’elle. Eva avait porté les vêtements d’Arturo un long moment après le décès de ce dernier, et quand il l’avait interrogé sur cette habitude, c’était l’explication qu’elle lui avait donné. Ainsi, elle le gardait près d’elle… Et c’était sûrement pour cette même raison que sa jeune sœur avait confié son pull à la jeune femme. Finalement, elles avaient veillé mutuellement l’une sur l’autre durant son absence. De cette tragédie, était née une amitié entre les deux femmes, et voilà comment il en était arrivé à voir son appartement entièrement décoré pour le soir d’Halloween. Ce qui n’était pas pour lui déplaire. Ils avaient bien suffisamment pleurés tous les deux durant des mois. Ils avaient dorénavant le droit de sourire à la vie et de prendre le temps de s’amuser. Enfin, c’étaient ce qu’ils faisaient jusqu’à l’arrivée inopinée de sa sœur qui ne lui laissa d’autres choix que d’accepter le rancard orchestré par cette dernière avec une amie dont il ignorait tout, à l’exception de son prénom. Lorsqu’elles furent éloignées, Jacob proposa à la jolie brune d’acquérir Eva, mais elle ne le souhaitait pas, ce qui le fit sourire avec amusement « Dommage. Je t’aurais fait un bon prix » tout en jetant un regard à la petite vampire qui éclatait de rire avec son conjoint tout en sirotant un nouveau verre de ponch.

Le lieutenant reporta bien vite son attention sur Victoria qu’il tenait toujours contre lui et fronça les sourcils « Comment ça ? » en n’aimant pas réellement l’idée qu’Eva organise un rendez-vous avec son amie, sans vraiment en connaître les raisons. Après tout, elle avait le droit de rencontrer des hommes, de tomber de nouveau amoureuse, ou de s’aventurer dans le lit d’un inconnu pour une nuit. « Je n’ai rien dit du tout ! » s’exclama-t-il alors que sa sœur l’avait empêché de prononcer le moindre mot durant tout le temps que dura l’échange entre les deux amies. Il prit une gorgée de son verre tout en continuant de danser avec la jeune femme, et avala presque de travers à son idée de découcher le soir du rancard. Il toussa quelques secondes, avant de reprendre une gorgée, puis répliqua aussitôt la quinte passée « Je peux d’ores et déjà t’assurer que tu peux dormir à la maison. Je ne compte pas ramener une femme ici », puis suivit le regard de Victoria jusqu’à la sorcière « C’est une sorcière », alors difficile de discerner la moindre beauté en cet instant, et tournant lentement la tête vers la jolie brune qui était pour le moins proche de lui, et l’observa en détail, avant de croiser son regard et lui sourire timidement « Tu sauras que je ne sais pas draguer. Si l’espèce humaine comptait sur moi, on aurait déjà disparu depuis des années. A l’adolescence, je séduisais seulement parce que j’étais dans l’équipe de football. Lorsque je suis entré en faculté de médecine, ce sont les femmes qui venaient à moi. Sinon je serais encore puceau », puis fit une grimace « De toute manière, je ne veux rencontrer personne. J’y vais seulement pour qu’Eva me laisse tranquille quelques temps. Nous laisse tranquille, même ». Il termina son verre, et fit signe qu’il allait s’en servir un nouveau, puis revint vers sa moitié de costume « Tu as envie de rencontrer quelqu’un ? ».

Ce qui venait de se passer était assez drôle. Jacob n’avait pas eu son mot à dire. Eva avait tout organisé et avait eu gain de cause. Et lui il était resté là, planté au milieu des danseurs. Alors oui, Victoria trouvait ça drôle, même si elle imaginait bien qu’Eva n’en resterait pas là. « -si elle te case avec quelqu’un, il va bien falloir que je débarrasse le planché. Et je crois en plus de ça, que ça l’amuse beaucoup. » elle prit une gorgée et ajouta : « -on a fait tomber ses plans à l’eau en restant amis, comment elle a dit : malgré l’opinion du grand nombre ou je sais pas quoi. » donc oui, si Jacob trouvait chaussure à son pieds, Vic allait devoir faire profil bas ou se trouver un appartement. « -ba tu as peut-être rien dit, mais tu aurais pu la rattraper et dire non finalement si tu ne voulais pas. Qui ne dit mot consent. » elle leva son verre comme pour prouver que cette phrase toute faite avait raison.

La jolie brune se mit à rire joyeusement en le voyant s’étouffer à moitié. « -tu vas t’en remettre c’est bon ? » s’amusa-t-elle avant qu’il ne se justifie. « -et pourquoi pas ? » renchérit Vic avec un léger haussement d’épaule. « -je mettrais des bouchons d’oreilles au pire… » oui elle rajoutait juste pour le plaisir. « -et elle va peut-être t’ensorceler… qui sais… » elle recula légèrement parce que soudainement leurs visages étaient trop proche l’un de l’autre. « -et bien parfois ceux qui ne drague pas ont beaucoup de succès. » mais elle voulait lui prouver quoi au juste ? Elle n’était pas dans le camp d’Eva. Jacob faisait bien ce qui lui chantait. « -après tu peux toujours annuler si vraiment tu ne veux pas y aller. » Eva serait surement déçue, mais Jacob menait sa vie sentimentale comme il le voulait. « -elle s’en prends à toi pour le moment, mais je te l’ai dit, je vais rapidement être dans son angle de mire. » elle en mettrait sa main à couper. Elle le laissa se resservir en boisson et sourit quand il revint vers elle. « -non, pourquoi tu me demandes ça ? » elle n’avait pas laissé sous-entendre qu’elle désirait sa place !

Elle avala une gorgée et ajouta : « -je ne vais pas te dire que certaines choses ne me manques pas. Enfin commence à me manquer… » c’était étrange d’aborder ce sujet. « -mais rencontrer quelqu’un pour quelque chose de sérieux, je n’en suis pas encore là. » elle avait déclaré cela avec un non de la tête. « -chaque chose en son temps et je n’en suis pas encore là. » cela voulait dire parler d’elle, raconter son histoire… cela ferait remonter bien des choses à la surface. Elle le savait. « -j’ai besoin de personne dans mon lit puisque je t’ai toi… Va expliquer ça à un autre homme. Oh c’est mon meilleur ami et oui on dors ensemble la plus part du temps. Tu lui fais une petite place s’il te plait ! » Vic partie d’un rire joyeux et franc. Non, ce n’était pas du tout dans ses plans.

En cet instant, Jacob s’était sentit comme un simple spectateur de sa vie, et cela, semblait amuser la jeune femme avec qui il dansait depuis quelques minutes maintenant. En l’espace de quelques minutes, sa jeune sœur venait de programmer un rendez-vous avec l’une de ces amies, et ce, sans qu’il n’ait son mot à dire. Après un dernier regard pour la sorcière avec qui il allait devoir dîner en fin de semaine, le lieutenant reporta toute son attention sur Victoria toujours dans ses bras « Tu n’as rien à débarrasser du tout. Tu es chez toi ici » et poussa un soupir et observa Eva qui riait aux éclats, entourée de ses amis « Eva pense que nous sommes les protagonistes d’un roman à l’eau de rose. Ça lui passera tôt ou tard » et posa ses yeux bruns sur la jeune femme « Et le plus tôt sera le mieux ». Il voulait poursuivre cette amitié avec Victoria en toute quiétude, sans devoir subir leurs regards, leurs sourires en coin ou leurs sous-entendus. Même si ce soir, Eva n’y était pas allée par quatre chemins pour exprimer le fond de sa pensée les concernant. Il y avait du progrès ! Jacob finit par pencher la tête sur le côté alors que même son amie rejoignait le camp de sa jeune sœur « Tu ne vas pas t’y mettre toi aussi, si ?! Ce n’est qu’un dîner, de toute manière. Eva s’épuisera bien avant moi ». Ce n’était qu’une soirée dans sa vie. Il parviendrait à surmonter cela sans trop de traumatismes. Il ferait ainsi comprendre à Gail qu’il n’était pas un cœur à prendre, et qu’elle devait passer son chemin.

Mais apparemment, Victoria avait d’autres projets pour l’issue de cette soirée en tête-à-tête avec la jolie sorcière. Elle était prête à passer la nuit chez ses parents pour lui laisser l’appartement. Elle envisageait d’ores et déjà qu’ils finiraient la soirée dans son lit, alors que ce n’était aucunement dans les projets du trentenaire qui s’en étouffa presque avec son ponch. Il releva son regard sur Victoria qui s’amusait joyeusement de sa réaction « Oui, oui » et toussa une dernière fois, pris une gorgée de son verre et fronça les sourcils « Parce que je n’ai plus envie de cela, je te l’ai dit » et il restait campé sur ses positions sur le sujet. Il pencha de nouveau son regard sur elle « Ça ne sera pas nécessaire » parce qu’il comptait bien rentrer seul à l’issue du dîner. Elle était peut-être jolie, d’après le jugement de Victoria, mais il avait tiré un trait sur l’amour et tout ce qui s’en rapportait, de près ou de loin. Il tourna la tête en direction de cette dernière, la détaillant du regard alors qu’elle était particulièrement proche, et se mit à sourire « Je suis peut-être immunisé contre ses sorts… » souffla-t-il. Pourtant, il avait la sensation que la jolie brune voulait à tout prix le pousser dans les bras de cette femme, en contredisant chacun de ses arguments, les uns après les autres « Vic, pourquoi tu veux à tout prix me pousser dans les bras de Gail ? Et ne me contredit pas, c’est ce que tu essaies de faire depuis tout à l’heure » répliqua-t-il avec un petit sourire en coin. Il détourna le regard sur Eva « Elle sait que tu as perdu l’homme que tu aimais. Elle n’osera pas » par respect pour son deuil. Elle savait mieux que quiconque ce que ça faisait de perdre l’être aimé.

Sur ces paroles, Jacob s’éclipsa quelques secondes pour se resservir un verre de ponch, et revint auprès de Victoria « C’est une simple question » souffla-t-il tout en posant sa main dans le bas de son dos, reprenant lentement leur danse « Qu’est-ce qui te manque ? » finit-il par demander en portant son verre à ses lèvres, mais il eut rapidement sa réponse. Elle ne voulait aucune relation sérieuse, aucun homme dans sa vie pour plus d’une nuit « Tu as le choix ce soir pour trouver un homme, pour une nuit. Aucun ne refusera tes avances ». C’était un fait ! C’était une belle femme, qui savait aussi être sexy de surcroît. Elle n’avait qu’à claquer des doigts pour qu’un homme réponde à ses avances, même si ce n’était que pour une nuit. « Tu as le droit de ne pas vouloir t’engager pour le moment, tu sais » répliqua-t-il avec douceur. La perte de Roberto était encore récente. Il se mit ensuite à rire tout contre son oreille, en chœur avec Victoria « Je m’inquiéterais s’il accepte de me laisser une place dans le lit » répliqua-t-il tout en continuant de rire « Dormir tous les deux, ce n’est en rien comparable à ce qu’un homme pourrait t’apporter. Le jour où tu rencontreras quelqu’un, même pour une nuit, je disparaîtrais » répliqua-t-il avec un tant soit peu de sérieux, tout en croisant son regard « Trouve quelqu’un qui accepte d’être dessous, par contre » et lui fit un petit clin d’œil avant de rire de nouveau.

« -quand tu auras accepté que je paie un loyer, je serais réellement chez moi. » aller hop, petit message au passage. Ils en avaient parlé. Vic tenait à participer. Il n’était pas d’accord. Elle venait de lui mettre dans les dents qu’elle ne se sentirait pas chez elle, tant qu’ils ne partageraient pas les frais. Enfin, il allait sans doute lui dire qu’il lui faudrait d’abord un emploi… Il n’avait pas tort. Mais tout de même. « -tu appelles ça un roman à l’eau de rose toi ? » cela tenait plus de la tragédie d’après Victoria. « -elle veut seulement ton bonheur… » insista la jeune femme. « -et ça va, à force on est habitué non ? » à force, elle ne répliquait plus. « -mais d’après ce que j’ai entendu, elle a compris. » enfin, c’était justement pour ça qu’Eva se mettait en tête de faire sortir son frère. « -ah tu crois ça ? » est ce que Jacob connaissait vraiment sa sœur ? Soudainement elle en doutait. Parce que lorsqu’elle avait une idée en tête, elle ne l’avait pas ailleurs.

Jacob manqua de s’étouffer suite à la réflexion de Victoria. « -roh ça va, tout le monde à des besoins… » avait elle répondu en toute décontraction. Il y avait une différence entre je ne veux plus d’amour dans ma vie et je bannie le sexe ! « -ok ok ! Je découcherais pas. » abdiqua Victoria en levant les deux mains. « -tu préfères que je sois là pour la faire partir c’est ça ? » elle se moquait de lui. Bon… d’accord l’alcool y était peut-être pour quelque chose. Elle était joyeuse. Joueuse aussi. Ça lui faisait du bien. Pourtant Gail semblait avoir tout pour plaire. « -tu sais quoi je viens de me faire la même réflexion. Et j’en sais strictement rien ! C’est ta sœur ! Elle est rentrée dans ma tête ! » c’était du délire, et cela la fit rire. « -oh si… crois moi. Elle osera. Un jour ou l’autre. » elle faisait confiance à Eva là-dessus. Elle était loin d’être aveugle, et avait sans doute remarqué que Victoria allait mieux. Elle ne présenterait surement pas les choses ainsi. Trouverait une façon détourner, mais elle finirait par s’occuper de son célibat aussi. « -tu veux parier ? » lança Victoria avec un grand sourire.

Lorsque Jacob revint, elle ne comprit pas vraiment pourquoi il posait cette question. Qu’est ce qui lui manquait ? Il posait vraiment la question ? Il voulait vraiment une vraie réponse avec des vrais mots ? « -tu l’auras voulu… » marmonna la belle brune avant de s’approcher de son oreille et de lui murmurer : « -le sexe » avant de reculer son visage avec un sourire. « -je vais certainement pas choisir un mec que tu connais. Hors de question. Et j’ai dis que ça me manquait, pas que j’étais en manque. Y’a une nuance… » ce qui voulait dire qu’elle ne comptait pas prendre le premier venu et le mettre dans son lit. « -aucun sauf toi. » s’amusa la jeune femme avant de porter son verre avec lenteur à ses lèvres. Son regard était rieur. « -je sais… » elle hocha la tête, son sourire s’effaçant lentement. « -par contre avoir envie qu’un autre homme me touche… » elle grimaça légèrement. Aux yeux de la société, il y avait un côté : c’est normal tu es un être humain, et un côté : quoi comment ça ! c’est trop tôt ! tu ne penses déjà plus à Roberto. Comment oses tu ! Elle fit de l’humour, et adora rire en cœur avec Jacob.

Elle recula son verre et ouvrit de grands yeux par la suite. « pardon quoi ? » elle ajouta : « -la musique est un peu forte, alors je vais me dire que j’ai mal entendu. Ou alors tu as trop bu et tu dis n’importe quoi. » elle rapprocha son visage de celui de Jacob et ajouta en le regardant droit dans les yeux : « -jamais ! jamais tu ne disparais. » c’était hors de question. Puis elle fit un pff avec ses lèvres avant de lever les yeux au ciel. « -non mais sérieusement, ça te manque pas ça toi ? » elle approcha ses lèvres de l’oreille de Jacob parce que oui, quelqu’un avait du augmenter le son. « -je te parle pas de la relation, je te parle de l’osmose des corps. Les frissons du désir, le cœur qui bat plus vite, l’envie que ça arrive… » elle recula et ajouta en baissant les yeux: "-je te choque surement... je vais... je vais chercher un autre verre." ce genre de penser n'avait rien avoir avec une femme en deuil.
 

La bouche de Jacob s’ouvrit, prêt à rétorquer un argument pertinent, mais aucun mot ne s’extirpa de sa gorge alors qu’il la refermait lentement au moment où Victoria remis sur la table cette histoire de loyer. Elle insistait. Lui aussi. Mais pas pour les mêmes raisons. Puis un petit sourire étira lentement le coin des lèvres du lieutenant qui décida d’abdiquer… à sa manière « Je suis d’accord pour que tu paies la moitié du loyer », attendit quelques secondes pour ménager son effet, et précisa « Quand tu auras un travail ». Il ne voyait pas comment elle parviendrait à partager les charges de l’appartement sans revenus réguliers. Enfin, ce n’était pas pour cela qu’il allait la pousser hors de leur appartement vendredi soir, parce qu’il ne comptait pas revenir accompagné de cette soirée. Eva était peut-être déçue que leur relation ne soit qu’une amitié, mais il n’avait pas à pâtir de sa frustration. Il espérait donc qu’à l’issue de ce rendez-vous, elle finirait par accepter son choix de rester seul. « Tu appellerais ça comment ? » et posa son regard sur sa jeune sœur au loin, poussa un soupir et dégusta une gorgée de son verre « Le bonheur ne se résume pas seulement à tomber amoureux ». En ce qui le concernait, ça le rendait malheureux au regard de ses expériences passées. Il avait divorcé de son épouse après plus de dix ans de relation, et celle dont il était tombé amoureux avait péri en service. Il préférait donc s’abstenir dorénavant. « Ce n’est pas pour autant que je n’apprécierais pas qu’on aille dîner chez mes parents sans des questions indiscrètes, des regards qui en disent long ou je-ne-sais-quel sous-entendu ». Il souhaitait vivre cette amitié en toute quiétude, et il savait qu’il en était de même pour Victoria, même si elle prétextait être habituée. Le lieutenant haussa ensuite les sourcils « Compris ?! Oh non ! C’est de la manipulation toute cette histoire, j’en mettrais ma main à couper ». Eva ne lâchait pas l’affaire si facilement. Ce n’était qu’un leurre, un écran de fumé. « Par respect pour toi, j’espère qu’elle n’insistera pas lourdement ».

Une petite quinte de toux suivit, et fut surprit de la décontraction soudaine de la jolie brune sur un tel sujet. En un peu plus d’un an d’amitié, c’était la première fois qu’elle parlait aussi ouvertement de sexe, de besoins naturels, sans le moindre tabou. Il encaissa donc cette désinvolture soudaine, pour répondre un « Oui, mais je n’ai pas envie de passer la nuit avec une amie à ma sœur ». Puis de toute manière, il était si mauvais en matière de séduction, qu’elle prendrait sûrement ses jambes à son cou à l’issue du dîner. « Je comptais sur ta présence. Ça a très bien fonctionné sur mon ex-femme », ce qui était vrai. Même si aujourd’hui, au regard des mœurs légère de la société, ça exciterait peut-être la jeune femme de savoir qu’ils n’étaient pas seuls dans l’appartement. Enfin, quoi qu’il en soit, il rentrerait seul le jour J. En fait, ce qui intriguait Jacob en cet instant, c’était cette espèce d’engouement qu’elle éprouvait pour sa vie sentimentale, et cette volonté qu’il rentre accompagné vendredi soir. « Si tu pouvais l’en faire sortir, j’apprécierais. Tu es ma seule alliée aujourd’hui », et se mit à rire avec elle « Je réfléchis à savoir si je serais de ton côté ou non ce jour-là », et un bref coup d’œil à Eva, répliqua « Non, je préfère garder mon argent ». Parce qu’il éprouvait quelques doutes, lui aussi. Sa sœur était capable de tout pour parvenir à ses fins.

Cette conversation le mena à l’interroger sur ce qui lui manquait, et ne mit pas bien longtemps à comprendre ce qu’elle voulait dire par cela. Le sexe. La manière de le marmonner à son oreille lui tira presque un frisson qu’il réprima, prenant une longue gorgée de son cocktail avant de croiser le regard de Victoria « Je ne savais pas qu’il y avait une nuance » répliqua-t-il sur un ton taquin. Pourtant, elle avait le choix entre ces murs. Aucun homme n’oserait lui refuser ses avances. Sauf lui… C’était ce qu’elle venait de dire. « Tu n’as jamais rien tenté… » souffla-t-il, sous-entendant qu’elle ne devait pas si certaine de ce qu’elle avançait. Il la fixa ensuite quelques secondes, le temps de la réflexion, et finit par demander, intrigué par ces mots « Tu as envie de sexe, mais pas qu’un homme te touche ? ». Oui, son raisonnement l’intriguait. Ou peut-être avait-elle peur qu’un autre homme ne la touche après la perte de Roberto…

Néanmoins, si elle cherchait un homme pour une aventure d’un soir, elle allait devoir trouvé un amant qui apprécie d’être sous elle, et qui se laisse dominer, il se pencha alors à son oreille pour qu’elle entende mieux « Je disais que tu avais besoin de trouver un homme qui accepte d’être dessous », et ajouta « Je ne suis pas bourré ». Ce n’était pas au bout de deux verres de ponch qu’il était en état d’ébriété. Il lui en fallait davantage. Jacob croisa ensuite le regard de Victoria, et déglutit avec lenteur, soufflant un « Promis » avec une sincérité déconcertante. Il ne comptait pas disparaître de sa vie. Pas de nouveau. C’était bien trop douloureux. « Si, bien sûr que ça me manque ! » répliqua-t-il en trouvant presque la question saugrenue. Il était un homme, avec des besoins lui aussi, et certains jours étaient plus difficiles que d’autres. Il laissa se rapprocher, ses lèvres à son oreille, humant son parfum, et réprima un frisson quand elle évoqua le désir, l’osmose des corps. Il déglutit avec difficulté, perturbé par leur conversation et la proximité de leurs corps. Il resta silencieux alors que Victoria se recula légèrement, mais la saisit par le poignet pour la retenir à lui « Tu ne me choques pas… » et continua de la fixer « Ça me manque aussi…Les caresses, les baisers à en perdre haleine, le plaisir… », et retira lentement sa main de son poignet « Je vais me chercher un verre aussi » murmura-t-il, quelque peu perturbé par cette conversation, alors qu’il finit le fond de son verre d’une gorgée. Il servit le verre de Victoria, dans un premier temps, puis le sien, dans un second temps, et lui sourit sans mot dire.

Vic avait écarquillé les yeux. Il était sérieux ? Il acceptait. Elle se mit à rire en penchant la tête sur le côté. « -je savais que tu dirais ça ! » elle lui sourit et ajouta en mettant son index dans la poitrine de Jacob : « -je prends note que tu as dis oui. Donc dès que je trouve un job, je paie. » ce n’était pas tombé dans l’oreille d’une sourde. « -je sais pas… mais y’a pas vraiment d’eau de rose entre toi et moi. » quoi que… d’un point de vue extérieur ça devait bien rendre puisque tout le monde ne cessait de les pousser l’un vers l’autre. « -je sais. La prochaine fois on leur fera croire qu’on les a écouté et qu’on s’est mit ensemble. J’imagine de là leur tête ! » et cela la fit rire. C’était une idée. Ils auraient peut-être un peu la paix ainsi. « -de la manipulation pour ? Nous mettre ensemble ? » Eva s’imaginait quoi ? Qu’en voyant Jacob sortir avec des femmes au resto, elle allait devenir jalouse ? Que cela allait lui faire ouvrir les yeux sur des sentiments qu’elle n’éprouvait pas pour Jacob ? « -je lui ferais comprendre et je serais moins patiente que toi, je pense… » elle ne comptait pas accepter des têtes à têtes avec n’importe qui, seulement pour faire plaisir à Eva. Mais Jacob avait peut-être raison, elle comprenait ce qui était arrivé à Victoria. Alors elle ne ferait peut-être pas cette démarche.

« -et tu crois pas que ça serait plus sympa pour Gail de décommander tout de suite ? Peut-être que tu lui plais déjà… avec son sourire de charmeur et tes boucles sauvages. » elle savait qu’il allait faire un mouvement vers ses cheveux. C’était important pour lui de parvenir à les dompter. « -ok d’accord, tu peux compter sur moi. » s’amusa la jeune femme, même si elle doutait vraiment de devoir chasser de nouveau une femme de cet appartement. Jacob était catégorique, il ne ramènerait pas. « -en même temps, depuis tout à l’heure c’est avec moi que tu danses et pas elle. Si j’étais à sa place, je me serais déjà fait une raison… » mais bon… Eva avait insisté sur le fait qu’ils étaient amis. Gail voyait peut-être là une chance. « -d’accord d’accord ! » en tant qu’allier, elle se colla un peu plus à lui. « -c’est petit ça ! » râla Vic en souriant toujours et encore. « -t’es pas drôle ! » avait elle râlé à nouveau, alors qu’il s’éloignait pour se servir un verre.

La conversation prit une autre tournure. Mais ils avaient prit l’habitude de se confier l’un à l’autre sans trop de retenu. Elle n’avait jamais parlé de ce sujet. Parce qu’il n’était pas d’actualité jusqu’à présent. Mais cela faisait quelques jours qu’elle y pensait. Depuis sa séance chez le psy… « -ça veut dire que j’y pense… pas que je suis prête à jeter ma petite culotte. » elle regarda son verre. Cela lui déliait la langue… Un beau rire franc : « -laisse-moi le temps ! ça fait deux ou trois jours seulement que j’y pense… J’ai pas encore de plan d’action ! » ça devenait du grand n’importe quoi. Tout ça en dansant toujours l’un contre l’autre, sans écouter la musique et le rythme. « -non j’ai pas dis ça. C’est le… l’opinion des autres. La bonne conduite. » elle sourit : « -il y a logique, je suis humaine. Et puis il y a la morale. » elle avait perdu l’homme qu’elle aimait. Et avoir de nouveau envie de ce genre de chose, c’était pour certain oublier rapidement l’homme qu’elle avait aimé.

Victoria adressa un sourire taquin à Jacob lorsqu’il reformula. « -ou pas… » un léger haussement. « -je suis pas certaine d’être très… entreprenante… le moment venu… » une légère grimace. « -sauf si je suis totalement bourrée. Là mon cerveau sera en mode off… » pas de question… c’était une idée. Une mauvaise idée sans doute. Et voilà que Jacob promettait de disparaitre du paysage si elle rencontrait quelqu’un. Chose qu’elle ne tolèrerait pas. « -merci… » avait elle soufflé avec une tendre douceur. Vic approfondit le sujet alors qu’elle aurait dû le clôturer. Bon, d’un côté, elle fut presque rassuré. Elle n’était pas la seule. Et puis alors qu’elle venait de souffler tous ces mots à l’oreille de Jacob, elle réalisa que oui, elle était en deuil… et que oui, elle n’avait peut-être pas le droit de dire tout ça. Un verre… un autre verre… elle recula. Mais il lui saisit le poignet et elle releva les yeux, surprise de ce geste. Elle déglutit, avant de lui sourire. Un hochement de tête, avant de l’accompagner vers le bar. Un nouveau verre en main, elle décida d’aller s’asseoir un peu, et de manger quelques trucs. « -tiens… » souffla Vic en tendant des petits fours à Jacob. En prenant place sur le canapé, elle dit : « -pourquoi tu lui laisses pas une chance alors si ça te manque ? » en parlant de Gail. « -et si c’était pas une amie de ta sœur, tu le ferais ? » aller savoir pourquoi elle demandait ça.

Un sourire étira lentement les lèvres de Jacob au moment de l’entendre rire. Il aimait entendre ce son jaillir de sa gorge ainsi en sa présence. Cela signifiait que son cœur se guérissait peu à peu avec le temps, et qu’elle réapprenait à aimer la vie telle qu’elle était. Il haussa les épaules sans se départir de son rictus pour seule réponse. Apparemment il était prévisible, mais ça le dérangea aucunement « Si tu veux » répliqua-t-il par la suite. Jacob n’était pas contre l’idée qu’elle participe aux frais de l’appartement, dès le moment où elle avait les revenus suffisant pour y parvenir. Pour le moment, c’était nullement le cas. « Pour les autres, j’ai la sensation que si. Pour nous, seulement une belle amitié », et ça lui convenait parfaitement ! Peu importe les dires de leurs proches et amis. Il se moquait de l’image qu’ils pouvaient renvoyer de l’extérieur, il tenait à ce lien qui les unissait, et n’avait pas besoin davantage pour être heureux à ses côtés. Un coup d’œil à sa sœur Eva tout en riant à l’idée pour le moins machiavélique de son amie « Tu sais quoi ?! Je trouve l’idée intéressante ! Ça les ferait taire pour de bon ! ». Peut-être que c’était l’alcool qui parlait en cet instant précis, mais l’idée était séduisante. Juste pour qu’ils puissent vivre leur amitié en toute quiétude par la suite. C’était tout ce à quoi ils aspiraient l’un et l’autre. Il reporta son attention sur Victoria et acquiesça « Oui. Elle doit se dire que ça va nous ouvrir les yeux, ou je-ne-sais quelle autre idée farfelue qui a pu germer dans son esprit ». Mais cette manière de manipuler son monde ne surprendrait par le lieutenant. Il sourit avec douceur à Victoria qui n’était pas prête à se montrer aussi conciliante que lui face à sa sœur entremetteuse « Tu auras raison de l’envoyer sur les roses ». Elle était encore en deuil, et ça serait déplacé de la part d’Eva de lui faire rencontrer un homme, en espérant qu’elle découvrirait le grand amour grâce à ses talents d’entremetteuse en carton.

Un froncement de sourcils, un sourire en coin et ses doigts qui se glissèrent dans ses boucles indisciplinées auxquelles fit référence la jolie brune « Je dois aller chez le coiffeur » expliqua-t-il avant d’ajouter avec davantage de sérieux « Je ne vais pas lui briser le cœur, tu sais. Elle a bu plus que moi, et je ne pense pas que ça soit l’endroit et le moment d’évoquer tout cela. Je saurais me montrer des plus concis au moment venu ». Jacob n’était pas un briseur de cœur. Enfin si on omettait son ex-femme. Il saurait exprimer ses attentes, ou plutôt celles qu’il n’avait pas, au calme, autour d’un verre de vin, sans la musique assourdissante et leurs amis autour. Un petit sourire amusé et un regard complice à l’attention de Victoria qui lui confirma qu’il pourrait compter sur elle si jamais il avait besoin d’éloigner Gail de son appartement « Merci ». Le lieutenant observa la jolie brune un instant, puis jeta un coup d’œil à Gail qui s’amusait quelques mètres plus loin avec Eva, avant de reporter son attention sur sa partenaire de danse « Tu ne t’es pas interposée lorsqu’Eva à organiser le rendez-vous, donc elle a dû comprendre que nous étions que des amis ». Même si la remarque de la jeune femme était pertinente. Il n’avait pas quitté une seconde Victoria, alors qu’il aurait pu danser avec Gail. Il lui tira la langue pour seule réponse et s’éloigna afin de remplir son verre.

À son retour du bar de fortune, la conversation prit une tournure différente, mais pas dénuée d’intérêt pour autant. Victoria lui confia éprouver un manque physique, et elle n’était pas la seule. Il se mit à rire alors qu’elle trouva pertinent de préciser que ce n’était qu’une envie, une pensée, mais qu’il existait un gouffre entre l’envie éprouvée, et être capable de franchir le pas avec un autre homme que Roberto « Préviens-moi quand tu seras prête pour ne pas tenir les chandelles ». Il irait dormir chez un ami ou un membre de sa famille le soir venu. Il haussa ensuite les sourcils, interloqué par la réponse qu’elle lui donna « Cela signifie que tu as envisagé de me le demander ?! ». Bon, peut-être bien qu’ils avaient trop bu pour ce soir, mais ils s’amusaient à discuter ainsi, sans filet, librement de leurs vies sexuelles. « Tu devrais te soucier de ta propre opinion plutôt que celles des autres. C’est ta vie, ton deuil. On s’en fout des autres », et prit une gorgée de cocktail, constatant qu’il avait peut-être trop bu pour ce soir, mais il s’en moquait. Il voulait que Victoria soit en paix avec ses décisions, peu importe ce que pouvait en penser son entourage. Néanmoins, le moment venu, elle allait devoir trouver un homme qui accepte d’être sous elle. Ce qui ne serait pas bien compliqué au vu de la femme qui serait sur lui. Il se mit à rire de nouveau « Alors trouve un homme capable de l’être si jamais tu es sobre ». Dans tous les cas, si ça venait à se produire, il ne disparaitrait pas. Même pour une nuit. Il venait de le lui promettre.

Jacob avait finit par poser sa main sur son poignet pour la retenir à lui. Ces mots prononcés à son oreille n’avaient pas été sans effet. Affirmer le contraire serait mentir. Pour autant, il n’était pas choqué des propos tenus par Victoria. En fait, il comprenait ce manque de proximité physique, l’osmose entre deux corps, les caresses, comme il le précisa à son tour. Et sur ces mots, ils se rendirent au bar pour remplir leurs verres dans un silence de plomb que la jolie brune brisa par la suite en lui tendant des petits-fours « Merci ». Ils devaient éponger le trop plein d’alcool. Le dos contre le mur, ainsi que sa tête, il la tourna en direction de la jeune femme qui était apparemment intrigué par sa vie sexuelle « Je ne sais pas… » et poussa un long soupir « La dernière femme que j’ai connu… Ainsi… C’était Mia. Et… Je ne sais pas ». Il haussa les épaules « Si Eva m’a présenté Gail, ce n’était pas pour un soir, et je ne veux pas lui donner de faux espoirs. Elle mérite mieux qu’un homme qui lui dit que ça n’ira pas plus loin au petit matin ». Il ajouta « Tu penses que je devrais rentrer avec elle vendredi soir ? ».

Se faire passer pour un couple… un vrai. Juste pour faire taire les cancans. C’était une idée. Une idée débile sur le principe. Mais qui sembla plaire à Jacob. Intérieurement, Vic se dit, l’espace de quelques secondes que non, ce n’était pas une bonne idée. Qu’à jouer, on se brulait parfois… Même si ça pouvait être drôle bien entendu… Ils verraient bien le jour la mère de Jacob proposerait une invitation. Ça arriverait surement. Mais Victoria ferait en sorte d’être occupée ou absente ce jour-là. Parce qu’elle ne faisait pas partie de la famille. Elle était l’amie, la colocataire. Rien de plus. Aucune raison qu’elle soit invité au repas du jeudi. « -tu crois qu’elle s’acharnerait à ce point ? » ils avaient entendu et comprit le message. Eva ne pouvait pas les forcer à être ensemble. En tant que couple. « -je ferais ça avec délicatesse… » enfin… Elle essayerait.

« -elles sont très bien comme ça tes boucles, moi j’aime bien. » même si son avis comptait peu finalement. « -j’ai pas dit ça ! » râla Vic en lui coupant la parole. Tout de suite les grands mots. « -et je me doute que tu feras ça comme il faut. » Jacob n’était pas de la catégorie des salauds. De plus Gail était une amie de sa sœur… il ferait doublement attention à éviter de lui faire du mal. « -je vois pas pourquoi je me serais interposée. » grimaça Vic. Et puis si elle l’avait fait, Eva aurait souri, victorieuse en s’imaginant déjà avoir gagnée !

Vic se mit à rire : « -et je fais quoi je débarque dans ta chambre en scandant : ce soir je passe à la casserole ! » n’importe quoi. « -clairement si ça arrive, je me débrouillerais sans doute pour que ça ne soit pas ici. » par respect pour Jacob. Enfin, ce n’était pas demain la veille que ça allait arriver de toute façon. « -non. » elle avait répondu cela avec une grande franchise. Pas qu’il ne lui plaisait pas, ou qu’elle se disait que ça serait nulle avec lui. Mais c’était plus une question de respect et d’amitié. Peut-être de fierté aussi. Elle s’imaginait mal lui demander de la dépanner pour une envie de sexe. C’était étrange. « -tu as raison. Ça ne change rien au fait que je ne suis pas totalement prête à ça. » il faudrait déjà trouvé un type pour. Elle risquait de paniquer, et finalement de dire stop. « -je vais rien trouver ou chercher du tout. » pourquoi elle avait lancé ce sujet d’ailleurs !

La suite de la conversation les plaça dans un espèce de malaise. Ils prirent le temps de le dissiper doucement, décidant de manger un peu. Vic relança cependant le sujet. Enfin, en aiguillant sur Gail. « -je comprends… » Mia… c’était exactement la même chose de son côté. « -non. » avait elle ensuite répondu. « -je n’ai pas dit ça. » elle regarda Jacob quelques instants avant d’ajouter : « -je pense que tu mérites d’être heureux. Mais maintenant il n’y a que toi qui puisse savoir si tu as envi d’aller à ce diner. Et tu ne peux sans doute pas décider à l’avance de la tournure de la soirée. Peut-être qu’elle te plaira… peut-être que tu auras envie d’elle… peut-être qu’elle ne cherche qu’une aventure sans lendemain… » ils n’en savaient strictement rien. « -tu as besoin de connaitre la personne pour coucher avec ? » elle sourit, baissa nez dans son assiette avant de rire : « -je vais ralentir sur le punch je crois… » elle abordait des sujets qu’elle n’avait jamais imaginé abordé avec Jacob. Même si au début de leur relation, elle lui avait donné des conseils pour son mariage.

Alors que sa sœur ainée était de nature discrète, qui respectait l’intimité des gens qui l’entourait, il en était tout autre en ce qui concernait sa jeune sœur, Eva. Cette dernière prenait un malin plaisir à s’ingérer dans l’intimité de son entourage, que ça soit sa famille ou ses amis, et ne manquait pas d’imagination en la matière. Donc émettre l’hypothèse que ce rendez-vous arrangé n’était qu’une manigance pour leur faire ouvrir les yeux sur ce qu’ils éprouvaient mutuellement, même si la tentative était vaine les concernant, ne surprendrait nullement Jacob. Pour autant, est-ce que sa sœur serait prête à s’acharner de la sorte pour les voir ensemble à tout prix ?! Il poussa un soupir en soufflant un « Je ne sais pas », parce qu’il n’était pas certain qu’Eva puisse pousser le vice jusque-là. Après tout, il avait un rendez-vous en tête-à-tête avec son amie, et il ne voyait pas sa sœur utiliser son amie comme un pion pour parvenir à ses fins. Toutefois, Jacob préférait être la victime de ses manigances et de ses rendez-vous arrangés, plutôt qu’elle porte son dévolu sur Victoria qui lui assura répondre avec délicatesse si jamais ça venait à se produire « Je lui parlerais ». Autant tuer dans l’œuf toutes idées qui pourraient germer dans l’esprit d’Eva. La jolie brune était encore en deuil, et parvenait doucement, mais sûrement, à réapprendre goût en la vie. Il ne voulait pas qu’elle détruise cela.

Ses doigts se perdant dans ses boucles indisciplinées, il croisa le regard de la jeune femme qui ne semblait pas voir l’utilité de se rendre chez le coiffeur dans l’immédiat, et reposa sa main dans son dos pour poursuivre leur danse qui ne suivait en rien le rythme de la musique « Je vais seulement les raccourcir, pas les faire disparaître » la rassura-t-il une première fois, avant de réitérer, mais cette fois-ci en ce qui concernait son rendez-vous avec Gail. Il n’allait pas lui briser le cœur. Jacob avait grandi avec deux sœurs, il connaissait que trop bien l’impact que pouvait avoir une peine de cœur, quelle qu’elle soit. Il ne voulait pas faire endurer cela à Gail. Il prendrait le temps d’exposer son point de vue sur ce rancard, et son avis sur les relations amoureuses. Il sourit avec douceur, appréciant que la jeune femme ne l’ait pas catégorisé en tant que salaud de première « Oui » confirma-t-il toutefois. Enfin, comme elle le précisa Victoria, l’amie de sa sœur devait se douter qu’il n’était pas particulièrement enclin à sortir avec elle, parce qu’il ne s’était détacher un instant de la jolie brune avec qui il dansait depuis un moment maintenant « Si tu avais été plus qu’une amie, tu te serais interposée. C’est ce que je voulais dire. Elle n’a pas à avoir de doute sur notre relation. Tu n’es pas une concurrente ». Il était sûrement plus clair ainsi.

Le rire de Jacob rejoignit bien vite celui de Victoria en imaginant, sans mal, la scène qu’elle lui décrivait à l’instant « J’avais imaginé simplement un message », mais l’idée de scander de telles paroles avaient son charme également. « Tu vas sûrement m’en vouloir, mais je préfèrerais que ça soit à la maison. Tu peux dire que je te protège trop, ou que je vois le mal partout à cause de mon job, mais… » et fit une légère moue. Durant sa carrière dans la police, il avait été témoin de plus d’une agression au domicile de l’amant d’une nuit, et il ne souhaitait pas que cela se produise pour Victoria. Il ne pouvait pas protéger le monde entier, mais il pouvait le faire avec Victoria. L’abus d’alcool était sûrement responsable de la question qu’il posa ensuite, et se mit à sourire en entendant sa réponse ferme et définitive « Me voilà soulagé ! » répliqua-t-il presque aussitôt en poussant un soupir qui confirmait ses dires. Il ne voulait pas être ce genre d’homme pour Victoria. Ce genre de relation altérerait leur amitié, ça ne faisait aucun doute, et il ne le souhaitait pas. Mais lorsque la jolie brune voudra faire la rencontre d’un homme pour une nuit, le lieutenant voulait s’assurer que seul son avis à elle importait. Elle menait son deuil comme elle l’entendait. « Tu seras prête quand tu te sentiras prête » et se mit à rire de nouveau tout en levant sa main tenant son verre « J’émettais seulement une idée dans l’hypothèse où tu voudrais rencontrer quelqu’un » et prit une gorgée du breuvage qui déliait les langues.

C’était sûrement pour cela qu’ils s’étaient retrouvés assis dans un coin de la pièce, à tenter d’éponger l’alcool avalé durant la soirée, et ainsi reprendre le contrôle de leurs pensées et de leur conversation. Enfin, c’était l’idée première, mais cela n’empêcha pas Victoria d’évoquer à nouveau son rendez-vous de vendredi soir avec Gail. Une nuit. Après tout, qu’est-ce qui lui interdisait de répondre à ses envies primaires ?! Mais la dernière femme avec qui il avait été intime, c’était Mia. Son décès était encore récent, et il n’était pas certain de se sentir prêt pour franchir cette étape. Il sourit avec douceur à Victoria qui se montra compréhensive. Elle vivait la même chose. Elle comprenait. Mais peut-être faisait-il fausse route en refusant de rentrer avec Gail à l’issue du dîner. La tête contre le mur, il la tourna en direction de la jolie brune et se mit à sourire tendrement à ses paroles « Peut-être… » et ajouta « Mais je ne pense pas que la clef de mon bonheur se trouve dans une quelconque relation avec Gail ». En tout cas, c’était son ressenti. « Mais peut-être qu’elle va me plaire, que j’aurais envie d’une aventure avec elle » et prit une gorgée de son verre et tourna à nouveau la tête en direction de Victoria « Tu as peur de quoi ? » demanda-t-il en désignant le verre du regard, avant de répondre « Oui, j’ai besoin de connaître une femme pour coucher avec elle » et reprit une gorgée tout en fixant le monde devant lui « Je suis incapable d’avoir une aventure d’un soir avec une inconnue… Je suis incapable de draguer de toute manière dans une soirée » et regarda à nouveau la jolie brune à ses côtés « Et toi ? ».

« -ba oui mais y’a pas besoin, c’est bien là. » elle les aimait bien ces boucles rebelles qu’il tenait tant à dresser. Elle aimait bien le charrier là-dessus. Y passer ses doigts et les mettre en vrac aussi. Elle savait parfaitement que Jacob saurait trouvé les mots qu’il fallait pour faire comprendre à Gail qu’il n’était pas intéressé. « -je crois que si j’étais à sa place, je ne serais pas très à l’aise avec la manigance de ta sœur. Tu n’as pas pu placé un mot… Elle doit bien se douter que tu n’es pas des plus emballé. » sauf si Gail était une fille stupide. Mais Vic en doutait fortement. Elle était amie avec Eva. « -je ne suis pas la concourante, mais si jamais elle te fait souffrir… elle risque d’entendre parler de moi. » il n’y avait pas de raison que cette jeune femme fasse du mal à Jacob mais Vic tenait simplement à ce qu’il soit bien conscient qu’elle tenait également à prendre soin de lui.

Un nouveau rire : « -un message ? Genre prends des somnifères si tu veux pas m’entendre crier ? » elle plissa les yeux en réalisant ce qu’elle venait de dire. Puis elle ouvrit la bouche prête à répliquer alors qu’il lui demandait nettement de s’envoyer en l’air ici. « -Jacob… » souffla Victoria comme si c’était hors de question. « -je vais pas… je pourrais pas… enfin non ! » elle serait sans doute incapable de se détendre en le sachant de l’autre côté de la cloison. Elle grimaça de nouveau : « -bon d’accord… » même si cet accord ne servait à rien puisque ça n’était pas prévu pour demain. « -sympa… je sais pas vraiment comment je dois le prendre. » s’amusa Vic en jouant les fausses offusquées. Enfin, pour le moment, elle n’était pas du tout prêt à faire ce pas. Ce n’était que des mots et rien d’autres. Des mots qui la troublèrent tout de même.

Vic aurait pu se taire, manger en silence, mais elle revint sur le sujet. Un haussement d’épaules. Oui, peut-être que cette jeune femme allait lui taper dans l’œil. Qui pouvait prédire l’avenir ? « -que tu trouves le sujet déplacé. » avoua la jeune femme avant de manger. Il répondit à sa question. Elle l’écouta avec attention tout en mangeant. Ces réponses ne l’étonnaient pas. Jacob était un romantique en plus d’un timide. Elle ne comprenait pas où il manquait de confiance en lui. Il avait tout pour plaire. Entre le sourire, les boucles et la conversation… « -tu manques d’entrainement c’est tout ! » railla Vic en lui donnant un léger coup d’épaule, parlant de la drague. « -moi ? » elle ne s’était pas attendue à ce qu’il lui renvoi la question. Elle inspira et répondit : « -plus jeune, ça ne m’a jamais posé de problème. Juste l’extase du moment. Maintenant… c’est différent. Parce que l’amour avec des sentiments, c’est totalement différent… » elle fixa le fond de son verre en disant cela. « -aujourd’hui… je n’en sais rien. » connaitre quelqu’un ça voulait dire parler d’elle, de son histoire… pas sur qu’elle soit prête à le faire avec n’importe qui. Pas sur non plus que ça plaise. « -oh je crois que tu vas être obligé d’aller danser… » murmura Victoria en voyant Gail s’approcher.