Comme il l’avait prévu, Eva avait appelé ses parents et leur sœur ainée pour les avertir de l’évolution de leur relation, sans envisager une seconde que tout cela n’était qu’une imposture. Ils étaient dorénavant convié à un repas de famille, tous les deux, et ils étaient empêtré dans un mensonge qui leur avait échappé. Comment rétablir la vérité ?! La proposition de Jacob était d’avertir son entourage au moment du dîner. Une seule annonce. C’était pragmatique comme manière de percevoir la situation, et il le comprit en entendant le commentaire de Victoria. Il l’observa un instant, réfléchissant de son côté à la meilleure manière qui soit pour les avertir, et souffla un simple « Je sais ». Il se reconcentra sur sa préparation « Oui, ça peut nous arriver. Cela dépend des circonstances », mais vu qu’il ne faisait aucun doute que ce dîner avait été organisée pour célébrer leur union, il y aurait sûrement un apéritif avant de prendre place à table. « On peut la convier à dîner demain soir, si tu le souhaites. On lui expliquera les raisons de ce mensonge, et on s’excusera de s’être joué d’elle. Ça te conviens ? ». C’était une idée comme une autre. Peu importe la forme, de toute manière, Eva allait lui reprocher ce mensonge durant un certain temps. Seulement, ils étaient fatigués de devoir continuellement justifier leur amitié, et surtout que leur relation ne se résumait qu’à cela. Un regard pour la ratatouille qu’il faisait cuire dans son plat, et se mit à sourire à l’attention de Victoria « Je l’ai constaté, en effet ». C’était ce qu’il aimait également chez elle.

Jacob déposa la cuillère en bois aux côtés de la gazinière, après avoir recouvert le plat d’un couvercle, laissant mijoter à feu doux, et porta toute son attention sur la jolie brune qui venait de prendre place sur le comptoir de la cuisine. Elle évoqua son entretien d’embauche, cette place qui correspondait à ses attentes « Je saurais où prendre mon café maintenant » et ajouta « Les premiers temps, je pourrais même venir te récupérer le soir si tu le souhaites ». Il en serait autrement lorsqu’il aura reprit son poste à la brigade criminelle. Un retour qui approchait à grand pas, et qui n’était pas au goût de la jolie brune. Cela faisait un moment que le trentenaire patientait jusqu’à ce qu’elle aborde le sujet. C’était dorénavant chose faite. Elle avait peur de le voir retourner sur le terrain, de risquer sa vie et de peut-être pas s’en sortir sain et sauf la fois prochaine. Jacob se plaça devant elle, ses mains sur ses genoux « Je suis vivant ». Il en serait peut-être pas ainsi la fois prochaine, mais il ne souhaitait pas se laisser paralyser par la peur. « Il me reste encore un petit mois pour envisager une autre carrière… Mon choix n’est pas définitif ». Il s’éloigna pour se saisir de son propre verre de vin dont il en dégusta une gorgée, et acquiesça lentement de la tête en fixant le liquide bordeaux au fond de son verre « Si… Bien sûr que si », puis posa son regard brun sur Victoria, et réprima un petit rire nerveux « Je suis même terrorisé que la fois prochaine, je ne m’en sorte pas… ». Mais il avait réouvert le dossier de Roberto, parce que cette rencontre au Guatemala avait soulevé des doutes chez le lieutenant de police qu’il était. Quitter la police, c’était également la fin de l’enquête… À moins de la confier à Wendy le temps de lever le jour sur tout cette histoire. Un soupir et ajouta « Je réfléchis toujours à la possibilité de reprendre mon poste de chirurgien au Florida Mercy ». Cette idée ne l’avait quitté.

« -sur le coup, ça m’a bien fait rire. Maintenant j’ai peur de blesser ta sœur… » avoua Vic qui voulait vraiment faire les choses bien. « -je pense que c’est une bonne idée. J’aimerais qu’on puisse lui expliquer de façon posé, ensemble, qu’elle dois arrêter de se mêler de nos sentiments. Que d’accord c’est adorable, mais c’est aussi saoulant. Et aussi ! » elle leva son index pour préciser : « -qu’elle ne dois pas se remettre en quête de te trouver quelqu’un d’autre. Eva a beau être têtue, elle devrait finir par comprendre non ? » c’était simple pourtant. Vic ne voulait pas créer une mauvaise ambiance au diner jeudi. Elle appréciait vraiment la famille de Jacob, surtout Eva. Alors elle voulait faire les choses bien. Tout simplement. La jeune femme se moqua gentiment de son colocataire et elle sourit à sa réponse : « -je sais que tu adores ça… » avec un petit haussement de sourcils taquin.

« -attends, il faut déjà que je sois engagée ! » lança la jeune femme alors que Jacob tirait déjà des plans sur la comète. « -mais pour le moment, je suis pas trop stressée par l’entretien. » oui, vraiment elle avait eut le gérant au téléphone et le courant était bien passé. Peut-être que ce job était pour elle ! Enfin ! « -mais oui, l’idée que tu viennes me cherche ne me déplait pas. » ça ne durerait qu’un temps, vu qu’il allait lui aussi reprendre le travail. Une idée qui ne réjouissait pas Victoria et qui osa enfin en parler. En le sentant prendre place entre ses jambes, elle releva les yeux et posa son verre de vin sur le côté. « -je sais… » avait-elle soufflé en sentant son cœur battre un poil plus fort dans sa poitrine. Et puis les souvenirs remontèrent à la surface. Ce qu’elle venait de faire là, dans cette cuisine, elle en avait l’habitude… elle le faisait le soir, quand Roberto voulait bien faire la vaisselle. Et ce n’était pas rare qu’il vienne se placer ainsi, oubliant la fin de la vaisselle dans l’évier, préférant l’embrasser et faire prendre à la soirée une toute autre tournure.

Un hochement de tête en reprenant ses esprits. Il n’avait pas fait son choix. Tant mieux. Elle reposa ses pieds au sol, et prit soin d’ouvrir le placard des assiettes. Les bras en l’air pour prendre les assiettes, elle regarda Jacob. « -alors n’y retourne pas. » c’était sorti d’un coup. Elle avait alors détourné le regard. Ce n’était pas à elle de choisir. Elle ne pouvait pas lui dire qu’il n’y aurait pas de prochaine fois. Parce que c’était faux. Il y avait toujours des connards avec des flingues ou des couteaux. Des gens qui détestaient les flics, des dingues… alors… alors il y avait une énorme pourcentage de risque. Vic déposa les assiettes et répondit : « -je préfère de loin cette idée… malgré les horaires que cela va impliquer. » elle inspira en fixant les couverts encore dans le tiroir. « -tiens moi au courant de ta décision… » voulant dire par là que s’il ne voulait pas en parler plus, la conversation s’arrêtait là.
 

« Je pense qu’Eva sera plus déçue que ça ne soit pas le cas que blessée qu’on lui ait ouvertement mentit » rétorqua alors pour Jacob pour tenter de rassurer sa meilleure amie sur ce point. Les deux femmes étaient devenues amies après son admission à l’hôpital, et il ne voulait pas que leur relation pâtisse d’un simple mensonge. Il proposa donc de la convier à dîner à l’appartement. Ainsi, ils évoqueraient ce mensonge rien que tous les trois, et lui expliqueraient également les raisons qui les avait poussé à mentir. Il émit un petit rire devant la précision de Victoria. Elle n’avait pas envie qu’Eva s’octroie pour mission de lui trouver une femme à aimer. Il ne voulait pas tomber de nouveau amoureux, et encore moins rencontrer quelqu’un. Sa vie actuelle lui convenait telle qu’elle était. « Je pense que ce petit mensonge lui servira de leçon. Dans le cas contraire, je la prendrais à part pour qu’on en discute rien que tous les deux, que je lui expose que leur ingérence devient difficile à vivre au quotidien pour nous, et que nous sommes assez adultes pour savoir ce qui nous convient à tous les deux ». Il était temps pour lui de mettre les points sur les i et les barres sur les t. En entendant ce dîner tous les trois, Victoria se moqua de sa ratatouille, et son sourire trahit le goût qu’il avait pour ses moqueries. Oui, il adorait ça et ne pouvait le démentir « J’adore ça ! » répliqua-t-il d’une voix sensuelle, et se mit à rire.

« Tu présentes bien, que tu as un joli sourire, tu es perspicace et aime les gens. Il serait stupide de ne pas t’engager ! » rétorqua-t-il avec conviction. Il ne flattait pas son égo, Jacob était sincère dans le choix de ses mots. Le patron du salon de thé/café serait un homme stupide s’il n’engageait pas la jeune femme. « Cela ne sert à rien d’être stressée. Tu connais les différents cafés, tu as déjà travaillé dans ce milieu. Tout ira pour le mieux ». Jacob n’avait aucun mal à l’imaginer exercer dans ce petit commerce, à tel point qu’il lui proposa de venir la chercher à l’issue de sa journée en attendant qu’il reprenne le travail. Un sourire alors qu’elle acceptait sa proposition « Si tu as été sage, on ira même manger une glace en fin de journée ». Il la taquinait, mais il devait bien avouer que ça le séduisait assez de venir la récupérer le soir, de faire un tour sur la plage avant de rentrer, qu’elle lui parle de sa journée, de comment ça s’était déroulée, des clients difficiles, et de ceux qui avaient été adorables avec elle. En ce qui le concernait, Jacob était bien moins enthousiaste à l’idée de reprendre le chemin du travail. Ses mains sur les genoux de la jolie brune, il tenta toutefois de la rassurer elle en lui signifiant qu’il était vivant. Un doux sourire étira ses lèvres « Ok ».

En réalité, il était terrorisé à l’idée qu’il puisse être de nouveau la cible d’un délinquant ou d’un criminel. Cette fois-ci, il s’en était sortie avec seulement une cicatrice sur l’abdomen et une au cou. Qu’en sera-t-il la fois prochaine ?! Qu’est-ce qui lui assurait qu’il aurait la même chance la seconde fois ?! La réponse de Victoria fut sans appel. Il resta un instant inerte face à l’aplomb de ses mots. Il resta silencieux, et évoqua la possibilité de peut-être retourner à l’hôpital en tant que chirurgien. Il aurait seulement besoin d’une remise à niveau. Cela pourrait durer quelques mois. Mais cette idée-là rassurait davantage la jolie brune « Au début, j’aurais des horaires stables » répliqua-t-il tout en servant sa mixture dans les assiettes et sourit à l’attention de Victoria « J’aurais pensé que tu allais davantage insister pour me convaincre de redevenir médecin ». Il déposa la casserole dans le fond de l’évier, et se saisit des assiettes pour les déposer sur le bar « Depuis le décès de Mia, j’envisage de retourner à l’hôpital. Peut-être que cette blessure, c’est ce dont j’avais besoin pour me convaincre » et ajouta « Je n’ai pas envie que tu t’inquiète à chaque fois que ton portable sonne… Et je t’ai promis que je serais toujours là pour toi, cette nuit. Je n’ai pas l’habitude de faillir à ma parole… Laisse-moi une petite semaine, le temps d’y réfléchir convenablement et je te le dirais. Maintenant, viens manger, c’est chaud ».

Bon… c’était décidé, ils allaient intervenir et avouer leur mensonge. Eva avait le droit d’être mise au courant avant les autres. Vic ne voulait pas que cela fasse d’histoire, seulement que la garagiste comprenne qu’ils étaient assez grand pour gérer leur vie. Ils n’étaient pas aveugles. Et ils étaient assez mature pour savoir ce qu’ils voulaient. Ils n’avaient pas besoin d’intervention extérieur. Un hochement de tête. Ok parfait. « -je le savais… » s’était elle entendu répondre sur le même petit ton sensuelle. Ça sortait d’où ça ?!

« -t’as raison, il serait stupide de pas le faire. » renchérit Victoria qui tentait d’absorber les compliments de Jacob et de les intégrer. De s’en convaincre. Elle n’avait jamais vraiment douté d’elle. Parce qu’elle faisait partie de ces femmes guerrière qui ne lâchent jamais rien. Sauf que depuis la mort de Roberto… elle avait changé. Cela faisait seulement quelques jours qu’elle avait la sensation de revivre, de redevenir celle qu’elle était avant… et ça grâce à Jacob. « -je suis pas vraiment stressée pour le poste. C’est plus… les horaires, la fatigue… est ce que je suis prête à reprendre… » mais en même temps, il lui fallait un salaire. Jacob ne pouvait pas payer toute sa vie pour elle ! C’était hors de question. « -oh trop bien ! ça va te couter cher en glace t’es au courant ? » sous entendant qu’elle était toujours sage.

Elle aborda le sujet du travail de Jacob. Délicat mais ils devaient en parler. Elle acceptait assez mal l’idée qu’il se soumette ainsi. Reprendre son poste, malgré ce qui s’était passé. Il était passé si proche de la mort… Alors elle souleva la question de la peur. Elle fut presque rassurer de l’entendre avouer. Et il parla enfin de l’hôpital. Mais il avait besoin de quoi pour prendre sa décision ?! Elle disposa les couverts en lui jetant un regard. « -tu as pensé ou tu le voulais ? » ça changeait quoi ? Elle n’allait pas le supplier. Ils en avaient parlé au Guatemala. C’était sa carrière, sa décision. Il savait déjà qu’elle n’en s’en remettrait pas de le perdre. Encore plus aujourd’hui qu’hier. Est-ce qu’il avait besoin qu’elle lui donne des raisons de changer de métier ? Il avait prit une balle dans le thorax ! Est-ce que ce n’était pas suffisant ? « -oui tu as promis… » elle avait appuyé sur ces mots, le regard légèrement humide. Ça la retournait plus qu’elle ne le voulait. Elle inspira et prit sa fourchette. « -voyons quel gout ça a quand ce n’est pas brûlé… » elle lui sourit. Ça allait… pas besoin de câlin.

Jacob s’était chargée de joindre Eva pour l’inviter à diner. Durant l’après-midi, Vic avait passé son entretien et c’était avec un immense sourire qu’elle était revenue à l’appartement, juste à temps. En faite Eva était déjà là. Et visiblement, elle n’avait pas le sourire elle. Elle arriva comme une furie vers Victoria et la menaça avec son index : « -toi ! Toi ! Comment est ce que tu… tu vas devoir m’expliquer ! » Victoria regarda Eva, puis Jacob Il lui avait déjà dit ? « -Eva… je suis désolée… je savais que ça allait t’énerver… Mais je… » « -m’énerver ?! Attends, je te vois avec un autre mec en tête à tête dans un café, j’ai vu tes sourires, j’ai vu sa main sur la tienne ! » Vic ouvrit de grands yeux, ainsi que la bouche. Rien n’en sorti tout de suite. Et puis elle se mit à rire. « -Eva ! Je passais un entretien d’embauche ! Et le patron s’avère être un ancien ami. Enfin ça date de… genre on avait 10ans… je lui ai… je lui ai parlé de Roberto… » elle ne riait plus. Osa un regard pour Jacob. « -tu ne lui a encore rien dit n’est ce pas ? »

Jacob s’était surprit à se mordre la lèvre inférieure en entendant le ton sensuel de la jolie brune qui ne faisait que l’imiter, et baissa les yeux pour ne pas poursuivre sur cette lancée, tout en continuant de sourire. C’était nouveau entre eux, et ça ne l’avait pas laissé insensible. Enfin, Victoria évoqua son entretien d’embauche, et cela permis au lieutenant de reprendre contenance et d’évoquer son entretien avec davantage de sérieux. Il ne se montra pas avare en compliment, la décrivant telle qu’il la voyait au quotidien, et releva son regard sur elle « Exactement ». Il ne faisait aucun doute qu’elle obtiendrait ce poste. C’était une opportunité pour la jeune femme de retourner dans le monde professionnel. C’était une étape de plus vers la guérison. Reprendre sa vie en main sans Roberto. « Tu seras fatigué au départ, et ça sera normal. Mais je serais là dans ces moments-là, OK ?! » tout en lui adressant un sourire complice. Il avait encore un peu de temps avant de reprendre du service. Ainsi, il prendrait le temps de lui préparer le dîner lorsqu’elle rentrerait le soir, et saurait la soutenir les jours où ça serait plus difficile, où elle doutera de vouloir poursuivre sur ce poste à cause d’un client vulgaire, par exemple. Il lui proposa même de venir la chercher le soir, à l’issue de la journée, pour passer du temps en sa compagnie et peut-être déguster une glace avant de rentrer à leur appartement « J’ai déjà mis de l’argent de côté » plaisanta-t-il. Lorsqu’ils abordèrent sa propre carrière, le ton fut bien moins léger. Victoria avait peur qu’il perde la vie à la prochaine fusillade. Elle ne voulait pas le perdre. Quant à lui, il était terrorisé à l’idée de se retrouver une fois encore dans une ruelle sombre face à un suspect armé. « Je pensais » précisa-t-il tout en fixant la jolie brune qui l’aidait à mettre la table. Il sentit bien que le sujet était sensible pour la jolie brune et posa sa main dans son dos, le caressant en douceur « Je respecte toujours mes promesses », et retira sa main en souriant avec douceur « Je ne l’ai pas fait brûler la dernière fois mauvaise langue ! ».

Durant l’entretien de la jolie brune, Jacob était resté à l’appartement pour préparer le dîner de ce soir. Il s’attelait à la tâche au moment où il entendit tambouriner à la porte de son appartement. Un froncement de sourcils, il n’attendait personne. Tout en s’essuyant les mains au torchon accroché à sa ceinture, il se dirigea jusqu’à la porte d’entrée pour se retrouver face à une Eva semblablement dans tous ses états « Eh ! Tout va bien ? », et se décala pour la faire entrer dans l’appartement « Je me promenais en ville quand j’ai croisé ta petite-amie ». Dans son esprit, il se dit qu’il devait réellement faire la mise au point sur ce sujet. Il revint en cuisine, se lava les mains et poursuivit sa préparation « Elle avait un entretien » « Je crois qu’elle t’a mentit… », ce qui fit tourner la tête de Jacob en sa direction. Il s’apprêtait à rétorquer que c’était saugrenue comme idée, que la porte s’ouvrit sur Victoria qui fut rapidement prise d’assaut par sa sœur. Le trentenaire s’essuya de nouveau les mains et fit face aux deux femmes, le dos contre l’établi. Sa main sur la sienne… Drôle d’entretien d’embauche… Les bras croisés sur son thorax, il la laissa poursuivre et son cœur se serra. Elle connaissait son futur employeur. C’était un ami. Un vieil ami. Il connaissait Roberto et elle avait pu lui compter son histoire sans crainte. Elle qui ne voulait rencontrer aucun homme pour cette raison, ne se sentant pas à l’aise avec sur l’idée de se confier à un inconnu… Il n’y avait dorénavant plus d’obstacle à cela. Il suffisait seulement que son cœur soit capable d’accepter d’aimer à nouveau, mais c’était seulement une question de temps… Perdu dans ses pensées, il sursauta presque en entendant Victoria s’adresser à lui, et releva brusquement la tête en sa direction « Non, elle vient d’arriver » « Me dire quoi ? ». Un regard pour la jolie brune, et sans bouger de sa position initiale, répliqua « On t’a mentit. Nous n’avons jamais été ensemble et il en sera toujours ainsi… C’était puérile de notre part, je te le concède, mais on voulait être tranquille quelques jours… Pas de rancard arrangé, de questionnement sur le fait que je dormais dans son lit…On veut vivre tranquillement notre vie ». Le regard de sa jeune sœur s’obscurcit au fil des paroles prononcées par son frère « Et je suis trop stupide pour le comprendre ? » « Nous n’avons jamais dit cela » « Non, vous m’avez mentit ! » « Eva… » souffla-t-il alors qu’elle quitta l’appartement brusquement « Je reviens » et talonna sa sœur dans les marches.

Il était temps qu’ils avancent. L’un comme l’autre. Pour Vic, il s’agissait de trouver un emploi. Pour Jacob de faire un choix de carrière. Comme l’avait prédit Jacob, l’entretien se passa très bien. Elle n’avait pas reconnu tout de suite l’homme qui lui avait serré la main. C’était lui qui avait capté au bout d’un moment. Ils avaient surtout parlé du cv de la jeune femme, et forcement il avait demandé pourquoi il y avait un trou, pourquoi elle avait posé sa démission… Alors pour être sincère, et aussi parce que Jacob avait trouvé cela bien qu’elle explique cela à voix haute, la jeune femme avait confié avoir perdu son conjoint. Elle n’était pas entrée dans les détails. Seulement qu’il était mort. Vinz avait posé sa main quelques secondes sur la sienne, seulement par compassion et pour lui adresser ses condoléances. Ils en étaient revenu assez vite sur le poste, et cela s’était conclu par un : je te tiens au courant. J’ai forcement d’autres personnes à voir. Elle l’avait remercié puis était rentrée, avec son sourire aux lèvres.

Mais l’accueil n’avait pas été celui qu’elle espérait. Sur le coup, elle cru qu’Eva l’agressait parce qu’elle était à l’initiative du mensonge. Mais en réalité, elle était en train de se faire des films sur tout autre chose. Alors elle ouvrit la bouche et se justifia. Enfin non, elle chercha à détromper Eva dans ses délires. Jacob n’avait rien dit à Eva. Donc elle était en train de l’accuser de tromper son frère. Non, ça devenait du n’importe quoi. Elle laissa Jacob prendre la parole. Elle n’aurait pas exposé les choses ainsi. Il y avait un truc qui clochait. Et en restant là, à l’observer les bras ballant, elle cru comprendre de quoi il s’agissait. Forcement Eva s’emporta. Vic se reconnaissait bien là… Elle la laissa passer, encaissant le coup d’épaule au passage sans bouger. Elle laissa également passer Jacob, avant de se pincer les lèvres et de lever les yeux pour ravaler ses larmes.

Elle n’attendit pas que Jacob revienne. Direction la salle de bain ou elle s’enferma à double tour. Le dos coller contre le porte, cette fois-ci elle laissa ses larmes lui échapper. Comment avait elle put croire qu’Eva comprendrait ?! Comment en étaient-ils arrivé là ? A cause d’elle… la réponse s’imposa dans son esprit comme une évidence. C’était uniquement sa faute. Vic se laissa glisser jusqu’au sol, cachant son visage entre ses deux mains. Elle avait un don magnifique pour tout compliquer. Elle était parvenue à gâcher un lien entre un frère et une sœur. Sans compter l’amitié qu’Eva lui portait. Elle chercha à sa calmer et puis elle prit sa décision. Elle ne dormirait pas ici ce soir. Elle en avait largement assez fait. Et elle ne tenait pas à s’engueuler avec Jacob en plus du reste. Elle irait dormir chez ses parents. Elle qui était si contente de pouvoir annoncer à Jacob que son entretien s’était bien déroulé, qu’elle s’était retrouvée en face d’une tête connue. Enfin… d’une connaissance. Ils étaient gosses… elle avait très peu de souvenir de Vinz.

En voyant débarquer ainsi sa sœur bien avant l’heure prévue, Jacob sut qu’il se tramait quelque chose, mais était à milles lieux d’imaginer ce pourquoi Eva était venue jusqu’à lui. Elle ne réserva pas le meilleur des accueils à Victoria à son retour de son entretien, l’accusant ouvertement d’avoir été infidèle. Les légumes patienteront sur la planche à découper. Le lieutenant avait croisé les bras contre son torse, prenant appui contre le comptoir de la cuisine et écouta patiemment l’explication de la jolie brune, mais son cœur se serra malgré lui… Plus d’une mois, Victoria lui avait répété qu’elle n’était pas prête à rencontrer un homme, parce qu’elle ne voulait pas conter son histoire et être caractérisée comme la femme qui avait perdu l’homme qu’elle aimait. Aujourd’hui, cet obstacle venait de s’effondrer tel un château de carte, et Jacob eut quelques difficultés à affronter cette réalité-là. Perdu dans ses pensées, il sursauta presque en entendant la question de Victoria, et décida de rétablir la vérité. Il ne prit pas la peine de mettre les formes dans ses paroles, se montrant peut-être un tant soit peu abrupte, mais il n’était pas enclin à agir autrement en cet instant. Eva lui en voulut, et pas seulement à lui. Le coup d’épaule qu’elle donna à la jolie brune ne lui échappa pas, et Jacob décida de rattraper sa jeune sœur, seul.

Il avait dévalé les marches précipitamment, et était parvenu à se saisir du bras d’Eva à peine eut-elle franchit le seuil de la porte de son immeuble « Eva, attends ! ». Elle se dégagea de son emprise d’un geste brusque et le confronta « Quoi Jacob ?! Qu’est-ce qu’il y a encore ?! ». Il poussa un soupir, s’éloigna légèrement de l’entrée et posa ses mains sur ses hanches « On ne pensait pas mal en te mentant de la sorte. Seulement… » et leva les yeux au ciel « Je fais des cauchemars tous les soirs depuis que je me suis fait tirer dessus… La présence de Victoria a un effet apaisant sur moi. Dormir avec elle me permet de dormir profondément. Pas toutes les nuits, mais la plupart. Je ne voulais pas en parler parce que c’est difficile… ». Il baissa à nouveau son regard sur sa jeune sœur qui le fixa un instant « Je suis ta sœur, tu peux me parler, tu sais » « Je sais, et on est sincèrement désolé pour ce mensonge. On n’a jamais voulu te faire de mal… ». De nouveau, elle le fixa quelques secondes et finit par hocher d’un signe de tête « Je sais… J’ai tendance, parfois, à être un peu trop envahissante et… Je voulais seulement votre bonheur à tous les deux » déclara-t-elle en désignant la porte de la main. Il se mit à sourire avec douceur tout en soufflant « Je sais, mais on l’est en tant qu’amis ». Une fois encore, elle posa un regard inquisiteur sur lui, et pencha légèrement la tête « Vous vous mentez à vous-mêmes. Tout du moins, tu te mens à toi-même Jacob. J’ai vu ton regard quand elle a parlé de cet homme ». Jacob détourna un instant le regard, et réprima un petit rire nerveux « Je ne veux pas la perdre, tout simplement ». Il releva la tête lorsqu’Eva se rapprocha de lui, entourant son visage de ses mains « Elle tient à toi, et ne te fera pas disparaître de sa vie comme ça » puis le serra dans ses bras « Mais un jour ou l’autre, tu devras lui dire ce que tu éprouves pour elle » murmura-t-elle à son oreille, «Arrête Eva, s'il te plaît» répliqua-t-il parce qu'il ne voulait pas qu'elle réitère son ingérence dans leur relation et se recula « Je suppose que tu ne remontes pas dîner avec nous ? » « On se voit chez papa et maman comme prévu, mais pas ce soir ». Il acquiesça, la serra une nouvelle fois dans ses bras et remonta à l’appartement.

Jacob remonta plus lentement les marches qu’il avait pu les descendre, sa main sur sa plaie encore récente. Il prit une seconde pour reprendre son souffle, et entra dans son appartement. C’était le calme plat. Pas de Victoria présente. Il se rendit dans les deux chambres, et opta finalement pour la salle de bain dont la porte était verrouillée, et frappa contre cette dernière « Vic… Tout va bien ? » et tenta d’ouvrir, mais la porte était fermée à clef « Victoria… Si tu t’inquiètes pour Eva, elle s’est calmée et tout s’est arrangé… Vic, s’il te plaît », et posa son front contre la porte « J’ai commencé à préparer une poêlé de pommes de terres avec du gésier confits. J’espère que tu aimes ça parce qu’il va en rester pour demain midi » et souffla « Victoria, s’il te plaît, ouvre-moi ».

Elle avait trouvé refuge dans la salle de bain. Et surtout elle avait pris soin de verrouiller la porte. Parce qu’elle était en larmes. Parce qu’elle avait mal et s’en voulait du bordel qu’elle avait réussi à créer. Elle se jura de ne plus jamais mentir. De quelques façon que se soit. Même si à la base ça partait d’un bon sentiment, qu’elle avait lancé cela pour éviter à Jacob des têtes à têtes dont il ne voulait pas… aujourd’hui Eva lui en voulait. Leur en voulait sans doute à tous les deux. Et s’était sa faute. Et puis il y avait la façon dont Jacob avait annoncé la vérité. Sans mettre les formes, sans chercher à ménager sa sœur. Ça avait forcement un rapport avec ce qu’elle avait expliqué juste avant. Son entretien, ces retrouvailles avec ce type qui était dans sa classe lorsqu’elle était gamine. Qu’est-ce qu’il avait compris ? Qu’est ce qu’il avait bien voulu comprendre ? Elle serra les dents avant de redresser le visage, de chercher un peu d’air. Puis elle avait renifler. Elle allait faire un sac rapidement et filer chez ses parents. Ça serait mieux pour tout le monde.

Le regard dans le vide, elle sursauta lorsqu’on essayait d’ouvrir la porte. « -laisse moi Jacob… s’il te plait… » pas maintenant… pas tout de suite. Encore quelques minutes. Elle avait demandé ça d’une voix casser par les pleurs. Il allait se faire du souci… Elle le savait. Elle s’en voulait tellement. Elle hocha la tête, comme s’il était capable de le voir à travers la porte. Tout était arrangé… Elle en doutait. Eva n’allait pas passer l’éponge aussi facilement. Hors de question qu’elle se rende au diner de la famille Reyes. Elle n’y avait pas sa place. De base, et encore moins maintenant. Ça serait sans elle. Dans quelques jours, elle prendrait contact avec Eva, afin de lui présenter des excuses. Juste laisser le temps que l’orage passe. Elle ferma les yeux en entenant Jacob parlé du repas. Comme si ça avait la moindre importance… « -encore quelques minutes… s’il te plait… » avait elle soufflé, étouffée par un sanglot.

Lentement, elle décida de se remettre sur ses jambes. Elle posa les deux mains sur l’évier et se lança un regard dans le miroir. Voilà… à nouveau les yeux rougit… elle qui se sentait tellement bien en revenant… Elle inspira un grand coup, avant de se passer de l’eau sur le visage. Un dernier regard pour son reflet en dégageant la serviette de son visage. Elle déverrouilla la porte, et adressa un pâle sourire à Jacob. « -je suis désolée… » que dire d’autre. « -je suis tellement désolée… » roh non, elle n’allait pas remettre à pleurer ! « -j’irais parler à Eva… dans un jour ou deux… en espérant qu’elle… qu’elle accepte de me parler… au moins de m’écouter. » ce qui n’était pas dit.
 

Debout devant la porte de la salle de bain, Jacob n’aimait pas la savoir enfermée là-dedans, seule. Et il avait raison de ne pas aimer cela en entendant sa voix brisée de l’autre côté de la porte. Il s’en voulu aussitôt d’avoir mal réagit, avec elle, avec Eva. Il était parvenu à rétablir le dialogue avec sa jeune sœur, mais il n’en était rien avec la jeune femme dans la salle de bain qui pleurait uniquement par sa faute… Pourquoi avait-il réagit de la sorte en apprenant que son probable futur employeur était un ami de longue date ?! Et si Eva avait raison dans son raisonnement ? Après tout, quelques jours auparavant, il lui avait fait implicitement comprendre qu’il aurait aimé qu’elle l’embrasse. Mais ils tenaient tant à cette amitié, qu’ils avaient acceptés de s’aimer ainsi dans cette vie, et autrement dans la prochaine. Cela convenait au lieutenant, même si son comportement l’avait peut-être trahis sans même qu’il en prenne conscience sur l’instant. Et à cause de lui, sa meilleure amie pleurait de l’autre côté de la porte. Il fit une nouvelle tentative. Quelques minutes. Ce n’était peut-être rien pour elle, mais de son côté, l’inquiétude l’accablait de plein fouet. À sa demande, Jacob resta donc inerte devant la porte, patientant jusqu’à ce qu’elle s’ouvre sur une jeune femme aux yeux rougis par les larmes. Il fronça les sourcils quand elle s’excusa. Il murmura alors « Vic… » presque inaudible et elle réitéra ses excuses « Victoria… Je ne comprends pas… », jusqu’à ce qu’elle évoque Eva. Elle s’en voulait d’avoir mentit à sa sœur quelques jours auparavant. Sans attendre une seconde de plus, Jacob posa sa main à l’arrière de la tête de cette dernière et l’attira dans ses bras, le cœur serré de la voir si mal pour une histoire si absurde. Il la serra dans ses bras, sa tête blottie contre la sienne « On a discuté, elle a compris… Laisse lui encore quelques jours et tout rentrera dans l’ordre, d’accord ? » souffla-t-il à son oreille, comme un secret.

Restant ainsi blottis l’un contre l’autre, Jacob finit par reprendre la parole « C’est à moi de m’excuser d’avoir si mal réagit… J’ai été stupide… Envers toi, envers Eva. Je n’aurais pas dû… » et embrassa sa chevelure brune, avant de se reculer, entoura le visage de cette dernière de ses mains « Je m’en veux tellement de t’avoir fait pleurer, de t’avoir fait du mal » et embrassa son front avec tendresse, avant de la serrer de nouveau dans ses bras. « Laisse-moi te servir un verre de vin, et je veux que tu me racontes ton entretien d’embauche et ses retrouvailles », et se recula avec lenteur, glissant sa main dans la sienne pour la conduire dans la cuisine avec lui. Il relâcha son emprise sur ses doigts pour servir deux verres de vin, et en tendit un à la jeune femme, et porta le sien à ses lèvres. « On peut commander pour ce soir. Je cuisinerais demain » et rangea son établi tout en jetant quelques coups d’œil à Victoria. Lorsque ce fut chose faite, il prit appui contre l’établi « On va s’asseoir dans le canapé. On sera mieux que debout ici ».

En sortant de la salle de bain, elle savait parfaitement ce qu’elle devait faire. Rétablir le contact. Elle ne voulait pas laisser s’envenimer la situation. Elle ne voulait pas le perdre à nouveau. Surtout pour une absurdité. Elle devait présenter des excuses à Jacob. Parce ce qui venait de se produire, c’était uniquement de sa faute. Elle ne fut pas surprise de voir qu’il n’avait pas bougé. Gardant quelques mètres de distance, elle ouvrit la bouche et lui dit ce qu’elle avait sur le cœur. Qu’elle était désolée. Elle parla d’Eva, des efforts qu’elle allait déployer pour aller lui faire des excuses à elle aussi. Bien vite, elle se retrouva dans les bras de Jacob. Vic ne s’y senti pas aussi bien que d’ordinaire. Parce qu’elle s’en voulait. Parce qu’elle se sentait nulle. Pourtant elle hocha la tête en fermant les yeux avec force. D’accord… dans quelques jours…

La suite, elle ne la comprit pas tout de suite. Pourquoi est-ce qu’il s’excusait aussi ? « -Jacob… » avait elle soufflé alors qu’il embrassait son front. « - c’est normal que tu m’en ai voulu. C’est ta sœur… » elle préférait mettre de côté l’histoire de trahison qu’avait soulevé Eva. Elle inspira une grande bouffé de son odeur rassurante, avant de le regarder avec tendresse, un sourire toujours triste sur le visage. « -d’accord pour le vin… » ça lui ferait peut-être du bien. Elle le laissa s’éloigner et ajouta : « -c’est pas à cause de toi ça… » elle désigna son visage. « -c’est à cause de moi. J’ai fais pire que mieux avec ce mensonge. Et je… enfin je viens de le dire, c’est ta sœur et je ne voulais pas… fragilisé votre lien. » Elle prit le verre qu’il lui donna et ajouta en glissant une mèche de ses cheveux derrière son oreille gauche : « -et heu… y’a pas grand-chose à dire. Si ce n’est que ça c’est bien passé… » que dire de plus ? Elle avait résumé dans les grandes lignes pour se justifier au prêt d’Eva. « -comme tu veux… » elle n’avait clairement pas faim.

Un hochement de tête au sujet du canapé. Elle vint se blottir dans un coin de celui-ci, son verre toujours entre les mains. Elle en prit une gorgée, puis une seconde avant d’inspirer et de dire : « -je suis arrivée, on s’est serré la main. On a parlé de mon cv, de mon job d’avant. Et puis il a tiqué, il a parlé de notre école primaire. C’est là qu’on s’est rendu compte qu’on avait été ensemble à l’école en étant gamins. Et puis… » elle reprit du vin : « -et puis il m’a demandé pourquoi j’avais quitté mon job, et pourquoi il y avait un trou depuis… » à nouveau une gorgée de vin, qui lui fit terminer son verre : « -c’est là que je lui ai dis pour Roberto. Enfin, je lui ai dis que mon conjoint était décédé. Rien de plus. » une légère grimace en regardant ses mains collées à son verre : « -ta sœur s’est fait des films. Il a posé sa main sur la mienne pour me présenter des condoléances. Rien de plus. » elle se sentait obligé de justifier cela. « -enfin… il a dit me tenir au courant… on verra… » un léger haussement d’épaules. « -voilà… » que dire de plus.