– Tant que je suis avec toi…

Face à son sourire, je ne peux qu'éclater de rire. On dirait presque un gosse au matin de Noël… Le moment juste avant l'ouverture des cadeaux. Je le trouve tout simplement adorable… et c'est sans doute pour ça que j'ai tant envie de la taquiner.

– Je pensais qu'on se retrouverait ce soir… J'avais des choses de prévues et… petit suspens théâtral juste pour voir sa réaction… C'est totalement faux. On peut faire ce que tu veux.
– Mais je ne dirais pas non à explorer un peu la côte, si Sean est disposé à nous prêter Bethy ?
– Oh, je pense que si tu lui demandes avec un grand sourire, il ne pourra rien te refuser. La preuve, ça marche avec moi.

J'aime beaucoup le petit programme improvisé qu'il a imaginé. Juste lui et moi, la route, un pique-nique… Forcément, comment ne pas aimer. Nous n'avons que très peu de temps ensemble et il ne tient qu'à nous d'en profiter pleinement. Après tout, qui peut dire de quoi demain sera fait ? Peut-être sommes-nous en train de partager nos derniers instants ensemble. Nous menons des vies si différentes. Pour l'instant, il est encore en vacances, mais cela ne va pas durer. Bientôt il reprendra son rythme habituel dans un monde où je n'ai clairement pas ma place… Et pour tout avouer, je ne veux pas y tenir la moindre place. Ce monde-là, je l'ai en horreur et je ferais tout pour m'en tenir aussi éloignée que possible.

– C'est une excellente idée.

C'est sans réelle surprise que Sean accepte de nous prêter Betty pour la journée. Le plus étonnant c'est de le voir tendre les clés à Tom avant de me lancer un long regard.

– T'as intérêt de prendre soin d'elle, gamin. Sinon je te botte les fesses.

J'éclate de rire avant de déposer un baiser sur sa joue.

– T'inquiète pas, on te ramènera Betty entière et avec le réservoir plein.
– C'est pas de Betty que j'parlais…
– Ah… D'accord, je pouffe malgré moi.

On s'arrête sur la route acheter le nécessaire pour un pique-nique puis l'on prend la 166, en direction du Nord. On laisse la radio fonctionner sans réellement se préoccuper des chansons qui passent. Nous discutons, de tout, de rien. On évite les sujets qui fâchent, sans doute parce que nous redoutons tous deux la même chose. En tout cas, c'est ce que je suppose. On roule jusqu'à Port Clyde, plus précisément jusqu'au phare de Marshall Point qui a servi de bref décors au film Forrest Gump. Pour profiter de cette publicité gratuite, la municipalité a même fait installer un panneau "Run Forrest run" à son pied. Le musée est encore ouvert. C'est d'ailleurs le meilleur moment pour le visiter puisque nous y sommes seuls. Bon, ce n'est certes pas le meilleur musée du monde, sauf si on aime la pêche…Mais cela reste un moment sympa à partager, surtout que nous avons la plage juste pour nous… et que nous pouvons profiter d'un soleil radieux. Pourquoi s'en plaindre ?

– Dire qu'en pleine saison, cet endroit est noir de monde… dis-je en fermant les yeux pour profiter de la brise marine et de la chaleur du soleil.

Je me fais avoir comme un bleu lorsqu'Emily suggère un instant qu'elle a autre chose de prévu aujourd'hui. Et je sais que mon sourire disparait un instant... Juste assez pour qu'elle prenne un air triomphant tandis qu'elle termine sa phrase.

"C'est totalement faux. On peut faire ce que tu veux."
"– Mais je ne dirais pas non à explorer un peu la côte, si Sean est disposé à nous prêter Betty ?"
"– Oh, je pense que si tu lui demandes avec un grand sourire, il ne pourra rien te refuser. La preuve, ça marche avec moi."

Sean accepte de nous prêter sa chère Betty sans trop de discussion.
Mais tandis qu'il me tend les clés, et qu'il jette un regard en direction d'Emily, il prend soudainement un ton un peu menaçant.

"– T'as intérêt de prendre soin d'elle, gamin. Sinon je te botte les fesses."

Emily éclate de rire, tandis que je serre un peu plus les clés dans ma main.

"– T'inquiète pas, on te ramènera Betty entière et avec le réservoir plein", tente de le rassurer Emily.
"– C'est pas de Betty que j'parlais…" grogne ensuite Sean en me dévisageant.
"– Ah… D'accord"

Emily a l'air de trouver ça amusant. Mais quand à moi, je n'en mène pas vraiment large.

J'ignore si cette menace porte sur la journée à venir, ou sur le futur d'une manière plus générale.
A vrai dire, Sean ne me fait pas vraiment peur. Mais ses paroles sonnent plutôt comme le rappel de cette épée de Damoclès que nous avons au-dessus de la tête, Emily et moi, et qui risque de trancher net ce début de relation tandis que l'ombre de mon départ s'étend progressivement sur nous deux.

Je tente de garder le sourire, et j'hoche lentement la tête à l'attention de Sean. Comme pour lui signifier que je ferai de mon mieux.

Je suis toujours un peu tendu durant les premières minutes du trajet. Puis j'oublie vite cet incident.
Les heures défilent comme les kilomètres que nous parcourons au volant de ce petit bijou qu'est Betty.
Je me sens bien. Je me sens libre.
La conversation est facile, avec Emily, tout comme les longs moments d'un silence confortable.

Nous explorons la côte, comme je l'avais souhaité, remontant vers le Nord pour descendre ensuite jusqu'à Port Clyde.
Et nous nous garons près du phare de Marshall Point.

"– Un autre phare où se réfugier en cas de pluie ?" je glisse à Emily avec un sourire en coin tandis que nous nous installons un instant pour admirer la vue.

Elle m'entraine vers le musée. Je n'ai pas une passion particulière pour la pêche, mais je me plais à la suivre tandis que nous observons les quelques maquettes de bateaux, et l'impressionnante collection d'hameçons et de filets de pêches.
Quelques tableaux sont présents, mais aucun d'eux ne font naître en moi les mêmes émotions que lorsque je contemple une des toiles d'Emily.

"– Ils sont sacrément moins beaux que les tiens", je lui murmure à voix basse alors que nous sommes postés devant une représentation de deux bateaux de pêche au cœur d'une tempête.

Nous ressortons un peu plus tard, et décidons de profiter de la plage. Elle est complètement déserte, mais le soleil est agréable. Encore un peu, et l'on pourrait presque croire que l'été est revenu.

"– Dire qu'en pleine saison, cet endroit est noir de monde… ", remarque Emily.

Elle a fermé les yeux, et je viens coller mon torse à son dos tandis que mes bras se nouent autour de sa taille.
Je reste longtemps immobile, appréciant la chaleur de son corps contre le mien, lui déposant de temps à autre des baisers sur ses tempes, dans ses cheveux.

"– Tu devrais ouvrir une galerie à Castine, tu sais", dis-je au bout de longues minutes de silence "Je suis persuadé que les gens feraient le détour juste pour admirer tes œuvres."

Puis mon téléphone bipe dans ma poche, et je me rappelle du coup de fil que je devais passer.

"– Jeff", je marmonne.
Je l'avais presque oublié, celui-là.

"– Tom ! Tu n'es pas trop occupé cette fois ?" Jeff me lance avec humour à l'autre bout du fil lorsque je décroche.
"– Bonjour à toi aussi", je réponds avec bonne humeur. "A vrai dire, je suis très occupé."

Et je me tourne pour faire face à Emily et déposer un instant mes lèvres sur les siennes.

"– Mais je vais t'accorder quelques minutes de mon temps précieux"

Je souris à l'éclat de rire de mon ami.

"– Précieux, hein ?" raille-t-il. "J'ai vu passer quelques photos de ce que tu fais en ce moment dans le Maine, Tom. J'ai bien cru comprendre que tu étais pris par autre chose que la musique."

Je ris à mon tour, malgré mes joues un peu rouges. Mais je resserre le bras toujours glissé autour de la taille d'Emily.

"– Tu lui passeras le bonjour, et tu lui diras que j'ai hâte de la rencontrer"

Je sais que Jeff me taquine, mais j'ai l'impression d'être un adolescent qui est terrifié à l'idée de présenter sa première petite amie à ses parents.

Fort heureusement, Jeff laisse vite tomber le sujet. Et le reste de la conversation ne traite que des modalités de mon retour.

Je soupire lorsque je raccroche. J'ai l'impression que ma bulle de bonheur et d'innocence vient de brièvement percer, pour mieux me préparer à un retour certain à la réalité.

"– Jake a prévenu la presse", je marmonne. "Je n'arrive pas à le croire... Et je devrai donner une interview avant même de commencer les répétitions."

J'enfouis mon visage dans le cou d'Emily, comme pour tenter de m'échapper de cette réalité.

"– Tu ne veux pas m'enfermer dans un de tes tableaux ?", je marmonne contre sa peau. "Ou alors tu pourrais m'enchainer dans ton atelier. Cela me donnerait une bonne excuse pour ne pas aller à ce concert."

Puis un sourire effleure mes lèvres.

"– Mais après tout, tu pourrais même m'enchainer à autre chose, aussi. Je coopérerais sans problème."

Je ne suis pas certain qu'elle comprenne ce sous-entendu, mais à vrai dire cela n'a guère d'importance.
Je ferme les yeux, et je la serre contre moi, humant son odeur qui se mêle à celle de la mer.

Le soleil sur mon visage me fait un bien fou. C'est comme s’il rechargeait mes batteries, emplissant mon cœur et mon âme de cette douce chaleur qui tend régulièrement à s’amenuir. Plus particulièrement en cette mi-saison. Je ne peux retenir un soupir d’aise lorsque Tom vient se placer derrière moi pour m’enlacer. Je me sens juste bien… Comme si sa seule présence suffisait à combler le vide qui demeure en moi depuis… longtemps.

– Tu devrais ouvrir une galerie à Castine, tu sais, me dit-il comme ça, subitement. Je suis persuadé que les gens feraient le détour juste pour admirer tes œuvres.
– Hm… Non, je rétorque en grimaçant. J'aime Castine pour son calme et surtout pour le fait d'y être totalement invisible. Je fais partie du décors maintenant, plus personne ne prête attention à moi et c'est parfait.

Je sais qu'il me faut trouver une nouvelle galerie pour y exposer mes œuvres, mais j'ai tout mon temps pour ça. Rien ne presse et je sais également que je n'aurais aucune difficulté pour trouver. Mais cette discussion s'arrête là, son téléphone sonne.

Je devine à sa manière de répondre qu'il ne s'agit pas de son manager autoritaire. Je mise sur son ami batteur. J'écoute leur discussion bien malgré moi. Tom me tient si près de lui que j'entends absolument tout ce qu'ils se racontent.

"– Tu lui passeras le bonjour, et tu lui diras que j'ai hâte de la rencontrer"
– Bonjour, Jeff, je réponds sans réfléchir.

Malheureusement, la suite de leur échange est beaucoup moins détendue. Ledit Jeff expose le déroulé du retour de Tom et je ne peux m'empêcher de serrer les dents. Je n'avais pas envie d'entendre ça… Pas maintenant en tout cas. C'est une réalité pourtant, mais cela aurait pu attendre encore un peu… juste un tout petit peu.

– Jake a prévenu la presse. Je n'arrive pas à le croire... Et je devrai donner une interview avant même de commencer les répétitions.
– Ce n'est pas vraiment étonnant, tu as disparu pendant des mois. Tu as tout un public à rassurer…

Voilà une réalité à laquelle il lui était difficile de se soustraire… C'est ce qui arrive quand on devient une personnalité publique, on appartient aux autres…

– Si on t'interroge sur moi, s'il te plaît, dis leur que je ne suis qu'une hallucination collective et que je n'existe pas…

Pitié, que l'on ne me mêle pas à ça. Surtout quand je sais que son départ mettra un terme à notre relation. Je n'ai pas envie que l'on vienne m'ennuyer en plus.

–Tu ne veux pas m'enfermer dans un de tes tableaux ?Ou alors tu pourrais m'enchainer dans ton atelier. Cela me donnerait une bonne excuse pour ne pas aller à ce concert… Mais après tout, tu pourrais même m'enchainer à autre chose, aussi. Je coopérerais sans problème.

– Même si l'idée est fort intéressante, ce n'est pas vraiment mon truc d'enchaîner les gens, je pouffe avant de venir l'étreindre. Mais dis moi, qu'est-ce qui t'embête réellement dans cette histoire ? J'avoue ne pas vraiment comprendre… Tu aimes ton métier non ?

Rassurer mon public. A vrai dire, cela ne me dérange pas tant que ça d'être à nouveau au contact de mes fans. La plupart sont géniaux. Et je sais que j'ai la chance de bénéficier d'un soutient sans faille.
Ce sont plus les commentaires de la presse, qui me font peur.

"– Si on t'interroge sur moi, s'il te plaît, dis leur que je ne suis qu'une hallucination collective et que je n'existe pas…"

J'éclate de rire à cette remarque.

"– Promis", je continue de pouffer. "Mais pour une hallucination collective, tu es sacrément réaliste. Et surtout, vraiment très jolie."

Je l'embrasse sur la joue.

Puis lorsque je lui suggère de m'attacher quelque part...

"– Même si l'idée est fort intéressante, ce n'est pas vraiment mon truc d'enchaîner les gens."

"– Dommage", je souris. "Ca aurait pu être intéressant."

Et la phrase qu'elle prononce ensuite me fait regagner mon sérieux.

"– Mais dis moi, qu'est-ce qui t'embête réellement dans cette histoire ? J'avoue ne pas vraiment comprendre… Tu aimes ton métier non ?"

Je prends quelques secondes pour remettre de l'ordre dans mes pensées, qui avaient un peu déviée vers un sujet bien éloigné du travail.

"– J'aime le contact avec mon public", j'admets finalement. "Il y a une énergie incroyable lors de chaque concert... C'est presque magique."

Je souris avec nostalgie. Il est vrai que la scène me manque. Juste fermer les yeux, me laisser porter par l'énergie du public...

"– Et j'aime composer", j'ajoute ensuite. "Toutefois... J'ai horreur de la presse, des tabloïds, des rumeurs et des photos volées. Et toutes ces chansons qu'on m'oblige à chanter, qui n'ont aucun sens..."

Je secoue la tête.

"– Si ça ne tenait qu'à moi, je serais un saltimbanque solitaire qui ne sortirait de sa grotte qu'une fois tous les trente-six du mois pour partager quelques heures avec mon public, pour ensuite disparaître à nouveau et ne pas avoir à gérer tous les inconvénients de la célébrité."

Je fronce les sourcils, et je sais que je me suis tendu.

"– Jake appelle ça un caprice d'enfant gâté. Il y a tant de monde qui cherche à percer dans ce milieu. Je devrais m'estimer heureux d'avoir réussi, de pouvoir en vivre."

Et puis il n'y a pas que ça, bien évidemment. Emily n'est pas non plus étrangère à ma volonté d'ignorer encore un peu mes responsabilités.
Retourner à ma carrière signifie la laisser derrière-moi.

"– Je n'ai pas envie de te quitter", je murmure ensuite.

Je ne suis pas certain qu'elle ai vraiment entendu ces mots. Et je n'ai pas envie de me répéter. Ce qu'il y a entre nous est si fragile.... Et je n'ai pas envie de sacrifier cela sur l'autel de la musique.

Mon téléphone est toujours pas ma main, et je ne résiste pas à l'envie de capturer cet instant, avec ce soleil qui continue de briller dans un ciel d'automne et qui vient illuminer les cheveux d'Emily.

Je déclenche le mode caméra, et je capture un selfie de nous deux, Emily toujours dans mes bras. La lumière est magnifique, et je prends quelques autres photos de la plage. J'ai envie de garder des souvenirs de ce moment.

Nous pique-niquons sur la plage, répondant à la complainte de mon estomac qui commence à avoir sérieusement faim en ce début d'après-midi. Et nous profitons ainsi du soleil et du calme de cet endroit. Et je réoriente la conversation sur des sujets plus légers.

Un peu plus tard, tandis qu'Emily et moi contemplons simplement le va-et-vient des vagues, je lance Instagram et je poste l'une des photos où ni Emily ni moi ne sommes présents. Simplement la plage et le phare, éclairés par cette lumière dorée.
Et juste quelques mots :


Je verrouille mon téléphone alors que les premières notifications apparaissent sur l'écran. Et je me love à nouveau contre Emily.

Ses explications me permettent de mieux comprendre ses attentes. Il aime son public, les concerts, la composition… Ce qu'il n'aime pas c'est ce manque de vie privée et la manière qu'ont les tabloïdes de se montrer aussi intrusifs. En soi, même si quelques photos peuvent être volées, il n'est pourtant pas impossible de préserver cette fameuse vie privée à laquelle il a tout à fait droit. En revanche, il ne pourrait rien contre les rumeurs. Ces dernières font vendre, souvent beaucoup plus que la vérité. Le plus délicat est de parvenir à vivre tout en les ignorant… Quant aux chansons qu'on le force à chanter…

– Il serait intéressant de revoir ton contrat… Je sais que l'on signe généralement le premier sans réfléchir, mais ce dernier peut être révisé ou rompu après un certain nombre d'années… Peut-être devrais-tu consulter un avocat ?

Enfin, il s'agit là d'une simple supposition, je ne m'y connais pas assez pour réellement affirmer quoique ce soit. En tout cas, je sais que l'esclavage a été abolis il y a quelques siècles et que l'on ne peut pas le forcer à faire n'importe quoi non plus. Encore faut-il trouver quelqu'un qui possède toutes les connaissances nécessaires pour l'aider à regagner un peu de sa liberté oubliée.

– Jake appelle ça un caprice d'enfant gâté. Il y a tant de monde qui cherche à percer dans ce milieu. Je devrais m'estimer heureux d'avoir réussi, de pouvoir en vivre.

Je pouffe.

– Si j'ai bien compris ta situation actuelle, tu dois lui rapporter des millions chaque année… Il a tout intérêt à te manipuler pour continuer de s'enrichir sur ton dos.

Je lui offre un sourire certes contrit mais néanmoins sincère. Je suis réellement triste pour lui parce que je sais que ce succès, il le doit à son talent et à la somme de travail qu'il a abattu. Il en est le principal responsable.

– Je n'ai pas envie de te quitter, murmure-t-il ensuite… Quelques mots à peine audibles qui, pourtant, viennent doucement étreindre mon cœur…

Je ne sais pas comment cet homme est parvenu à me toucher autant… Je ne sais pas non plus comment il s'y prend pour me faire ressentir toutes ces émotions complexes, chaque fois qu'il se trouve à mes côtés ou chaque fois que je pense à lui. Je ne sais pas ce qui se passe exactement entre nous… Je ne veux pas le savoir en réalité. Tout ce que je veux, c'est le vivre, pleinement, sans avoir à me poser la moindre question.

– Pour l'instant, tu es là et c'est tout ce qui compte, je rétorque tout aussi doucement.

Je me prête au jeu des photos, même si j'ai toujours eu horreur de ça. Je comprends qu'il a besoin de ça pour capturer des souvenirs, par crainte de les oublier, sans doute. Je veille donc à maintenir mon sourire avant de simplement profiter de la beauté du paysage…

Nous prenons ensuite notre repas, tout en chassant de nouveau tous ces petits détails désagréables de nos esprits. Nous les retrouverons plus tard, c'est certain… Mais pour l'heure, seul le moment présent compte autant pour lui que pour moi.

Nous finissons par reprendre la route, en longeant la baie de Muscongus. Nous passons par Camden et Belfast. Castine ne se trouve plus qu'à une petite cinquantaine de minutes… La journée a filé bien trop vite…

– Tu sais quoi ? J'ai bien envie de trouver une grotte et de m'y terrer avec toi… dis-je en soupirant face au soleil qui débute déjà sa descente.

Lorsqu'Emily me parle de mon contrat, je sais qu'elle a entièrement raison. Je n'ai pas pris le temps de m'y intéresser, et je sais qu'il faudra que je contacte Helena. Elle s'y connait bien mieux que moi dans tout le côté législatif qui va avec le show-biz. Elle pourra sûrement me conseiller un avocat. Ou peut-être même que Jeff saura m'aider.
Je me sens honteux de m'être laissé faire toutes ces années.
Et Emily n'a pas tort lorsqu'elle mentionne tout l'argent que mon groupe rapport à Jake. Surtout vu le train de vie qu'il mène...

Je me promets de palier à cette nécessité dès que possible. J'ai envie de me sortir de cette situation, de reprendre le pouvoir, et cette indépendance qui me fait cruellement défaut.

Je suis déçu lorsque nous reprenons la route. Cette plage restera longtemps gravée dans mes souvenirs.
Nous remontons la côte, nous arrêtons parfois pour admirer la vue. La mer est magnifique, aujourd'hui. Mais mon regard est tout autant attiré par le vent qui danse dans les cheveux d'Emily, et par ses joues rougies par le froid qui s'installe en cette fin d'après-midi.
Nous sommes à présent sur la côte de Belfast, et nous profitons d'une halte vers Moose Point, sur cette plage étroite, entièrement déserte.

"– Tu sais quoi ? J'ai bien envie de trouver une grotte et de m'y terrer avec toi…", me lance Emily tandis que son regard est dirigé vers le soleil qui descend déjà peu à peu dans le ciel.

"– C'est une perspective intéressante", j'approuve avec un sourire. "Une idée sur l'emplacement précis de la grotte ? Tu envisages qu'elle soit au moins équipée d'un lit, d'un poêle et de couvertures ?"

L'air commence à être beaucoup plus froid, et je me défais de ma veste chaude pour l'enrouler autour d'Emily, notant qu'elle n'a rien d'autre que son pull pour la protéger du vent.

Mon bras est calé autour de ses épaules, et je l'attire en direction de la voiture. Je n'ai pas envie que cette journée se termine. Mais en même temps, j'ai hâte d'aller me mettre au chaud.

Nous nous glissons dans la voiture. Et ma main droite cherche sa main gauche, l'attrapant brièvement pour ensuite y déposer mes lèvres.

Mon regard se perd ensuite vers l'horizon, où le soleil continue sa descente. Puis lorsque mes yeux se posent à nouveau sur le visage d'Emily, je me penche pour l'embrasser.

Elle est adorable, toujours enveloppée dans ma veste chaude. Et ses lèvres ont presque le goût iodé de la mer.

"– A vrai dire", j'ajoute ensuite. "J'envisageais plutôt de rentrer à Castine. J'ai une très bonne recette de chocolat chaud. Recette de famille, si ça te dit ?"

–Une Idée sur l'emplacement précis de la grotte ?
– Hm… Nop. Aucune idée. Je suppose que ce n'est pas vraiment important.
– Tu envisages qu'elle soit au moins équipée d'un lit, d'un poêle et de couvertures ?
– Pourquoi ? je demande tout en affichant une mine faussement perplexe. J'ai déjà tout ça chez moi…[/b]

J'esquisse un grand sourire. Le genre de sourire fier qui a tendance à s'étirer juste avant que mon côté trop enfantin ne me pousse à lui tirer la langue. Je note que notre beau Californien commence à avoir froid. Il retire son manteau pour le passer délicatement sur mes épaules. Je n'ose pas lui dire que, personnellement, je me sens bien. Je suis habituée à cette brise marine. Pour moi, il fait juste un peu frais…Pas sûre que cela dure après le coucher du soleil, mais pour l'heure, mon pull suffit.

Puisqu'il n'a plus de manteau pour se protéger, je le laisse nous ramener à la voiture. Quelques gestes tendres et un baiser plus tard, il me fait une proposition plutôt intéressante.

– Pourquoi pas ? Ça fait des années que je n'en ai pas bu, je rétorque avant de déposer un baiser sur sa main fraîche.

Le trajet jusqu'à Castine se fait dans un silence plutôt apaisant. Nous nous arrêtons chez Tucker pour récupérer le nécessaire ainsi que de quoi dîner pour plus tard… L'on discute un peu. Enfin, on se contente d'échanger quelques banalités à vrai dire. J'ai même la sensation d'avoir déjà vécu cet instant… menée cette même conversation sur la nécessité de savoir cuisiner, sur ma grand-mère qui aurait dû m'apprendre tout ça avant de partir… Cet échange, ressemblait beaucoup à un autre s'étant déroulé quelques jours plus tôt… Juste avant qu'un certain pick-up ne vienne perturber la circulation sur Main Street. Quelques jours à peine… Pourtant, quand je regarde Tom, j'ai l'impression de le connaître depuis tellement plus longtemps que ça… Quelle étrange sensation.

Nous passons chez Sean pour lui rendre Betty et récupérer Nix. J'embrasse le grand-père et, pour le remercier, je lui offre une boîte de caramels au beurre achetée durant notre micro-épopée. Je sais qu'il adore ce genre de friandises et je vois dans son regard à quel point cette attention le touche. Nous discutons quelques minutes avant que le vieillard ne nous chasse gentiment de chez lui.

–[i] Vous auriez dû vous enfuir tous les deux, rouspète-t-il. Les jeunes d'aujourd'hui… Ils ne savent même plus ce qu'est le vrai romantisme !

J'éclate de rire avant de l'enlacer. J'aime tellement ce vieux monsieur à la mine patibulaire et pourtant fort sympathique. Je ne sais pas combien de temps il lui reste sur cette terre… Mais je sais que ma vie ne sera plus aussi belle lorsqu'il rejoindra ma grand-mère.

Arrivés chez moi, j'abandonne Tom un instant, le temps d'offrir une petite balade à mon chien, en tête à tête. Nix a ses habitudes et je ne voudrais pas qu'il se sente délaissé.

– Fais comme chez toi, lui dis-je avant de l'embrasser tendrement. Si tu as froid, tu peux même te faire couler un bain.

Un petit clin d'œil et je rejoins l'arrière de la maison et le chemin qui longe la berge de la rivière. La promenade s'étale sur une trentaine de minutes. Il commence à faire trop sombre pour que celle-ci soit réellement agréable. Alors je décide de rentrer par la route qui, elle, est éclairée.

Le trajet de retour se fait dans une ambiance confortable tandis que nous taversons un paysage baigné dans la lumière dorée de cette fin de journée.

Nous passons par l'épicerie, avant de nous rendre chez Sean, pour lui rendre sa Betty et retrouver Nix.

"– Vous auriez dû vous enfuir tous les deux. Les jeunes d'aujourd'hui… Ils ne savent même plus ce qu'est le vrai romantisme !", nous fustige-t-il.

Emily éclate de rire. Et je souris également.
A vrai dire, cette idée n'est pas dénuée d'intérêt. Mais je ne suis pas certain que nous soyons tous les deux prêts pour ce genre de choses. Ou peut-être suis-je encore trop accroché à la vie qui m'attend à l'autre bout du pays.
Ma main trouve celle d'Emily sur le trajet du retour, et je la serre peut-être un peu plus que nécessaire.

Lorsque nous arrivons chez elle, elle m'annonce vouloir s'absenter, le temps d'emmener Nix en balade.

"– Fais comme chez toi. Si tu as froid, tu peux même te faire couler un bain."

Elle m'embrasse, et je l'attire à moi pour prolonger un peu plus ce contact.

"– Mmm, pourquoi pas. Mais je crois que je vais t'attendre. Ce serait dommage que tu ne puisses pas profiter du bain avec moi."

Je lui effleure la joue du bout des joies, et je ris au clin d'oeil qu'elle me lance en s'échappant de mon étreinte.

Je reste de longues secondes immobile, la regardant disparaître en direction de l'arrière de la maison en compagnie de Nix.

Une fois seule, je décide en premier lieu de changer de vêtements, pour enfiler un t-shirt propre, et un pantalon de jogging. Et je passe aussi un sweatshirt qui n'est plus de la toute première jeunesse mais qui a gardé une chaleur et un confort inégalable.
Il ne me faut cette fois pas très longtemps pour réussir à mettre en route le poêle, et je ne tarde pas à m'installer devant ce dernier, après avoir attrapé ma guitare.
J'ignore combien de temps Emily sera partie, et je préfère l'attendre avant de commencer la préparation du chocolat chaud.
Je me sers donc un simple café, que je pose devant-moi sur la table basse.

Puis je ferme les yeux, et je laisse mes doigts s'égarer sur les cordes, faisant résonner ces dernières dans le silence de la pièce.

Je joue de longues minutes durant, puis mon téléphone vibre dans ma poche.

Et je soupire en notant qu'il s'agit uniquement de Jake, avec un lien vers un des réseaux sociaux qu'il gère pour notre groupe. Cela m'emmène vers la page Instagram, sur un post qui annonce la présence de Kelly, qui chantera avec moi pour ce futur concert.

"- Tu as vu le post de Jake ?" m'envoie Jeff juste après.
"- Je viens de le voir", je réponds par sms. "Je pensais qu'il allait lui proposer de chanter uniquement si je ne venais pas."
"- C'était le plan", me confirme Jeff. "Mais il semble que Kelly ait insisté. Désolé, Tommy, mais tu vas devoir faire avec."
Je lui envoie un smiley triste pour seule réponse.

Ce n'est pas que je n'ai pas envie de partager la scène. Au contraire, j'apprécie en général de chanter avec d'autres artistes. Mais Kelly est... Kelly, tout juste vingt ans, la nouvelle star montant de la musique, et parfaitement au courant que le monde entier est prêt à se prosterner devant elle. Elle est débordante d'énergie, très tactile. Un peu trop, même. Et assez insistante.

Je n'ai vraiment pas envie de devoir gérer d'autres rumeurs au sujet d'une éventuelle idylle entre elle et moi.

Je lance Instagram pour essayer de songer à autre chose. La photo que j'ai posté un peu plus tôt dans la journée a amassé un bon nombre de likes et de commentaires. Dont beaucoup qui me demandent de laisser tomber le paradis pour rentrer au plus vite.

Je secoue la tête, et tente de me concentrer sur ceux qui se sont extasié devant la beauté du paysage.

Puis j'allume ma caméra, et je prends juste une photo. Rien d'extravagant. Simplement ma guitare, appuyée contre la table basse, avec en arrière-plan le poêle. L'on distingue à peine la porte entrouverte qui mène vers la chambre. Et un gilet épais, appartenant à Emily, apparait à moitié dans le cadre, posé sur une chaise.

Je la poste aussitôt sur mon compte Instagram, ne serait-ce que pour fermer le clapet à ceux souhaitent me voir revenir plus vite que prévu.



Après avoir joué encore un peu de la guitare, je finis par me lever du canapé, pour commencer enfin à rassembler les ingrédients nécessaires pour le chocolat chaud.
Je présume qu'Emily ne devrait plus tarder. Il commence à faire sombre, à l'extérieur, et je la vois mal trainer dehors dans l'obscurité la plus complète.

Tandis que le chocolat fond dans la casserole, je me glisse dans la salle de bain et commence à faire couler un bain chaud. Je ne doute pas qu'Emily sera gelée en rentrant. Ou peut-être est-ce moi qui suit trop habitué au climat de Californie.

"- Le bain est prêt", j'annonce à Emily lorsqu'elle rentre quelques minutes plus tard, après l'avoir embrassé sur la joue.

Elle a les joues rougies par le froid, et je note du coin de l'œil que Nix ne tarde pas à aller s'installer non loin du poêle.

"Je te laisse t'installer et je t'apporte une tasse de chocolat chaud ?"

Cette scène a quelque chose de très domestique qui me fait un pincement au cœur. Je sais que ce n'est que temporaire, mais au fond de moi je ne peux ignorer cette envie de voir cela se répéter à l'avenir.

Lorsque je rentre chez moi, je suis surprise par le changement parfaitement notable dans l'ambiance générale… Une certaine chaleur règne à l'intérieur et le poêle allumé n'en n'est nullement la cause. C'est pourtant chez moi ici, rien n'a vraiment changé et malgré tout, tout me semble différent.

–Le bain est prêt, me lance-t-il alors après avoir déposé un bien fin baiser sur ma joue rougie par le froid.

C'est bien la première fois que l'on m'accueille chez moi et je dois bien avouer que c'est plutôt agréable.

–Je te laisse t'installer et je t'apporte une tasse de chocolat chaud ?
– M'installer où ? je demande, un peu naïvement avant de comprendre seule… Le bain. Il veut que j'aille l'attendre dans le bain.

Si mes joues rougissent, cette fois, le froid n'y est strictement pour rien. Peut-on vraiment boire du chocolat en étant entièrement recouvert d'eau et de mousse ? Je lance un regard vers Nix comme si ce dernier pouvait m'offrir la moindre réponse. Il ronfle déjà, comme un bienheureux, devant le poêle dont les flammes colorent joyeusement mon intérieur.

– Très bien, dis-je en haussant les épaules…

Je retire alors mon pull, mon pantalon, les laissant tous deux traîner sur le sol tandis que je prends le chemin de la salle de bain. Sur ma route, je sème le reste de mes vêtements avant de me glisser dans l'eau délicieusement chaude… Je soupire d'aise… La sensation est tellement agréable qu'elle me pousse à fermer les yeux.

– Que fais-tu ? Tu viens ? j'appelle avant de replier les jambes pour lui laisser de la place.

C'est une vieille baignoire en fonte datant de la construction de la maison. Elle est donc suffisamment grande pour accueillir deux personnes même si, évidemment, aucune des deux ne peut réellement s'étaler à l'intérieur. Lorsque Tom vient me rejoindre, je ne peux m'empêcher de sourire… C'est devenu un réflexe, chaque fois qu'il se trouve dans mon champ de vision, un nouveau sourire prend naissance sur mes lèvres.

– Je pourrai très vite prendre goût à tout ça… Je ne suis pas certaine que ce soit une bonne chose, lui dis-je en soupirant.

"– M'installer où ?"

J'hausse un sourcil. Elle n'a visiblement pas compris où je voulais en venir. Est-ce si étrange pour moi d'avoir envie de me retrouver en sa compagnie dans un bain bien chaud ?

Et puis elle rougit un peu plus, et mes lèvres s'étirent dans un sourire amusé que je fais pourtant de mon mieux pour masquer.

"– Très bien".

Si mes yeux la suivent tandis qu'elle retire un à un ses vêtements, je reste quand à moi dans la cuisine, surveillant le lait sur le feu.
Et tant pis si mes mouvements sont un peu plus hasardeux que d'ordinaire. Ce n'est pas tous les jours que je peux témoin de cela.

Je jure à mi-voix lorsque je me brûle sur la casserole. Il faut vraiment que j'arrive à rester concentré sur ce que je suis en train de faire. Mais c'est plus facile à dire qu'à faire. Surtout lorsque je sais qu'Emily est en ce moment même en train de glisser dans le bain.

"– Que fais-tu ? Tu viens ?"

Un rire m'échappe. J'ai réussi à trouver deux mugs, que je remplis peut-être un peu vite. Et je dois ensuite éponger l’excédent de chocolat chaud qui coule sur le côté.

"– J'arrive ! Laisse-moi juste... Ah !"

Dans ma précipitation, je manque d'échapper l'un des mugs. Mais j'arrive à le rattraper tant bien que mal.

Quand j'arrive dans la salle de bain, les mugs de chocolats chauds sont tous les deux remplis, et seules quelques traces de chocolat sont présents sur mon sweatshirt.

Je pose un mug sur l'étagère juste à côté de la baignoire.
Puis je tends le second à Emily, avec une petite courbette qui doit probablement être ridicule.

"– Livraison de chocolat chaud !"

J'ai vraiment très chaud, probablement aidé par les vapeurs qui s'échappent du bain. Mais il n'y a pas non plus que ça. Et la présence d'Emily, qui se prélasse dans l'eau et la mousse, y est aussi pour beaucoup.

Elle me sourit. Un sourire que je viens goûter du bout des lèvres.

Elle est magnifique, et je me sens incroyablement chanceux d'être là, dans sa compagnie, et d'être sur le point de la rejoindre...

Un frisson me traverse.

Je retire mes vêtements un à un, ne regardant même pas où ils tombent au sol, venant rejoindre les quelques étoffes appartenant à Emily. Du moins, celles qui sont arrivées jusque là.

Cela m'a beaucoup amusé un peu plus tôt de suivre le chemin de vêtements qu'Emily a tracé jusqu'ici.

Enfin débarrassé de mes habits, je me penche pour l'embrasser à nouveau, puis je me glisse à mon tour dans l'eau chaude, attrapant au passage mon mug de chocolat chaud dans lequel je trempe aussitôt les lèvres.

Et je ferme les yeux. Il est parfait. Le même que celui que me servait ma grand-mère, lorsque je n'étais qu'un petit garçon.

Mes jambes viennent se mêler à celles d'Emily, et ce contact m'arrache un soupir de satisfaction.

"– Je pourrai très vite prendre goût à tout ça… Je ne suis pas certaine que ce soit une bonne chose."

J'ouvre un œil, puis le deuxième.
Puis je décide de me rapprocher d'elle, jusqu'à venir positionner mes jambes de part et d'autres d'elle.
Je me penche pour l'embrasser, dans un baiser qui a le goût du chocolat chaud.

"– Est-ce vraiment une si mauvaise chose ?" je m'enquiers lorsque nous nous séparons.

Nos nez s'effleurent, et je n'aurais qu'à me rapprocher de quelques centimètres pour de nouveau capturer ses lèvres. Nous sommes si proches que je peux sentir son souffle sur mon visage.

"– Je n'ai pas envie de vivre avec des regrets, Milly. Pas lorsque cela concerne ce que nous partageons. Tu m'as demandé de ne pas te faire de promesses..."

Ce qui est ridicule, car cette promesse, je me la suis faite à moi-même. Celle de revenir à Castine aussi vite que possible.

"- Alors j'ai envie de profiter du temps que nous avons."

Je l'embrasse sur le bout du nez.

"Je suppose que tu n'as pas envie de me suivre à Las Vegas ?", je lui lance en souriant. "Tu aurais un pass VIP pour profiter des coulisses. Et je pourrais te trouver une place au premier rang pour le concert..."

Je la taquine. Je sais qu'elle n'acceptera jamais.

"Et puis...", je lui glisse à l'oreille. "La chambre d'hôtel sera probablement très confortable."