Dans la salle de bain, j'accroche mon regard dans le miroir. J'ai les lèvres rougies et les cheveux en bataille. En me regardant comme ça, la nature exacte de mes occupations antérieures est parfaitement évidente. Et je souris avec bonne humeur en notant les empreintes de mains sur mes épaules.
Je crois que je ne me lasserai jamais d'être à l'origine d'un plaisir qui fait disparaitre toute retenue chez Emily. Je suis à elle. Entièrement à elle.

Je ne tarde pas à regagner la chambre, pour me blottir de nouveau contre Emily. Je note quelques nouvelles traces sur sa peau, causées par notre union. Mais je ne doute pas que ces dernières auront vite disparu.
Je les embrasse une par une, pour revenir finalement prendre possession de ses lèvres gonflées.

Sa peau, tout comme ses lèvres, a le goût de notre union, ce mélange de sueur et de sel, qui se mêle aux notes du whisky que nous a fait goûter Jeff juste avant.

Je n'ai plus envie de bouger. Je veux juste rester là, calquant ma respiration sur la sienne, avec nos coeurs qui battent à l'unisson.

La journée a été extrêmement longue et riche en émotions. J'ai l'impression d'avoir vécu une semaine en l'espace de quelques heures. Ce qui explique cette fatigue importante et l'impression d'avoir été vidée de toute mon énergie… Je ne bouge pas d'un pouce lorsque Tom m'abandonne pour regagner la salle de bain, je n'en ai plus la force. Je réponds à son "Je t'aime" par un autre, même si je ne suis pas certaine que ces quelques mots suffisent à exprimer tout ce que je ressens pour lui. Je suis groggy par toutes ces émotions qui me submergent à chaque instant depuis l'éveil de ces sentiments.

Ainsi allongée, je l'observe s'éloigner. D'autres marquent ont rejoint celles qui se trouvaient sur son dos… Bon sang… Depuis quand suis-je
aussi farouche ? Est-ce seulement normal ? Mon inexpérience en termes de relation humaine et amoureuse ne m'aide pas vraiment à comprendre. J'ai bien eu des relations auparavant, quelques-unes du moins… Mais ces dernières étaient plates, monotones… Extrêmement fades. Rien à voir avec ce que je peux vivre avec Tom actuellement.

Lorsqu'il revient, je trouve assez de force pour lui faire une place à mes côtés. Il embrasse ma peau et à sa manière de faire, je comprends que je suis de nouveau marquée, moi aussi… Ma tête fourmille de questions mais il me coupe dans mes réflexions avec un nouveau baiser. Je me contente donc de me blottir dans ses bras en fermant les yeux. Je suis tellement épuisée que le sommeil ne tardera pas à m'emporter… Néanmoins, je ne résiste pas à la tentation de l'interroger sur… Nos petites manies.

– Dis… Est-ce bien normal de… j'hésite, quel mot employer pour décrire celà ? Tu sais… De nous marquer durant nos ébats ? Je veux dire… Tu faisais ça aussi avec ton ex ?

Je ne suis pas certaine de vouloir connaître la réponse, mais ma curiosité est bien plus forte que ma jalousie. J'ai réellement besoin de comprendre ces choses là… Savoir si je peux ajouter cela à mes bizarreries habituelles… Ça, plus le fait d'en tirer une bien étrange fierté.

– Je ne sais pas ce qui est le plus étrange entre le fait de … mordre et de griffer… Ou le fait de ressentir une drôle de satisfaction devant le résultat ? C'est moi qui suis bizarre ? Je suis malsaine ?

Pitié, faites que non. Il ne manquerait plus que ça… Être bizarre passe encore, j'ai l'habitude, mais je refuse de devenir nocive.

Blottie dans mes bras, je sens qu'Emily n'est pas loin de sombrer dans un sommeil profond. Et cela n'est guère étonnant. Sa journée a été plus que mouvementée.
Je pense à mon téléphone, toujours dans la poche de mon pantalon, qui sonnera tôt le lendemain matin. Et aussi à Jake, qui me reprochera de ne pas avoir travaillé la chanson qu'il m'a fait écouté.
Mais pour l'heure, je m'en moque.

Je tire la couette sur nous, pour nous réchauffer tous les deux alors que notre rythme cardiaque redescend enfin.

Je tends un bras, et joue un instant avec les différents interrupteurs pour trouver celui qui nous plongera dans l'obscurité... A moins qu'Emily souhaite elle aussi passer à la salle de bain ? Je la sens bouger dans mes bras.
Je trouve enfin moyen d'éteindre la lumière de l'entrée, mais j'allume ensuite l'une des veilleuses juste au-dessus de lit. Probablement une simple lampe de lecture. Juste assez pour constater qu'Emily fronce les sourcils, comme si quelque chose la tracassait.

Et je n'ai pas à attendre bien longtemps pour en connaître l'origine.

"– Dis…", commence-t-elle d'une voix hésitante. "Est-ce bien normal de… Tu sais… De nous marquer durant nos ébats ? Je veux dire… Tu faisais ça aussi avec ton ex ?"

Je n'ai vraiment pas envie de penser à Helena. Pas maintenant. Mais je fais de mon mieux pour que cela ne se voit pas sur mon visage. Et j'écoute attentivement les questions qui suivent.

"– Je ne sais pas ce qui est le plus étrange entre le fait de … mordre et de griffer… Ou le fait de ressentir une drôle de satisfaction devant le résultat ? C'est moi qui suis bizarre ? Je suis malsaine ?"

Ma première réaction est à vrai dire un sourire amusé, qui aurait pu se transformer en un rire franc si Emily n'avait pas l'air réellement inquiète.

Mais pour en revenir à Helena...

"- Mon ex refusait absolument que je risque de la marquer de cette manière", je soupire ensuite. "Soit disant que ça lui aurait posé trop de problèmes vis à vis de son métier."

Je roule des yeux.

"- Elle était mannequin, à l'époque. Au début. Et ensuite, il y avait toujours comme un mur, entre nous."

Je fronce les sourcils.

"- Je ne sais pas comment l'expliquer. Nous ne faisions pas l'amour. Pas comme ça. C'était... purement physique. Une volonté de dominer l'autre, de répondre à un besoin. Mais pas comme ce que je partage avec toi."

Je remets une mèche de cheveux derrière son oreille, et je me penche pour l'embrasser.

"- J'aime faire ressortir ça chez toi, Emily. Ce besoin de me marquer, de me faire tiens."

J'attrape une de ses mains, et je trace de ses doigts une des marques sur mon épaule.

"- Je suis à toi. Entièrement à toi. J'aime me regarder dans le miroir, et savoir que c'est toi qui m'as fait ça. Savoir que tu me fais suffisamment confiance pour t'abandonner complètement dans mes bras, sans penser à quoi que ce soit d'autre. "

Je lui souris largement.

"- Et tu sais quoi ?" j'ajoute en chuchotant. "J'aime te regarder et savoir qu'il y a sur ta peau, sous tes vêtements, des traces comme celle-ci."

J'effleure une marque rouge juste en-dessous de son sein gauche.

"- Même lorsque nous sommes avec d'autres personnes, ou occupés à autre chose. Juste le fait de savoir que je suis celui qui t'a marqué de cette manière..."

Je laisse ma phrase en suspend. Et j'espère que le baiser qui suit porte en lui le désir que j'éprouve à ce sujet.

Je lui embrasse ensuite le bout du nez.

"- Tu n'es pas bizarre. Tu n'es pas malsaine", je conclus. "Tu es mon Emily, tout comme je suis ton Tom."

Un rictus moqueur étire si vivement ses lèvres que je crains de le voir éclater de rire. Je sais bien que mes interrogations sont étranges et souvent étonnantes. On me l'a déjà signifié à maintes reprises. Cela m'a valu quelques brocards plus ou moins sympathiques.
Heureusement, Tom se rend compte de mon sérieux et se reprend aussitôt.

–Mon ex refusait absolument que je risque de la marquer de cette manière. Soit disant que ça lui aurait posé trop de problèmes vis à vis de son métier.

Si elle refusait, c'est bien parce qu'il en avait eu envie non ? Est-ce donc une vieille habitude chez lui ? Si oui… Comment devrais-je interpréter cela ? Pour l'heure, je décide de garder simplement tout cela de côté. Je n'ai pas encore tous les éléments après tout. Commencer à imaginer des choses maintenant me paraît un peu trop précipité.

–Elle était mannequin, à l'époque. Au début. Et ensuite, il y avait toujours comme un mur, entre nous.

– Vous êtes restés longtemps ensemble ? je demande instinctivement.

J'ai l'impression que leur relation a été… compliquée. Suffisamment pour le marquer de bien des manières et je ne parle pas du genre de marque comme celles qui sont parfaitement visibles sur sa peau. Jeff a même affirmé que leur rupture avait été positive… Mais je ne sais pas dans quel sens… Est-ce à cause de cette séparation qu'il a entrepris ce voyage en solitaire ?

– Je ne sais pas comment l'expliquer. Nous ne faisions pas l'amour. Pas comme ça. C'était... purement physique. Une volonté de dominer l'autre, de répondre à un besoin. Mais pas comme ce que je partage avec toi.

– Une volonté de dominer l'autre ?

J'avoue avoir bien du mal à visualiser la chose. Non pas que sois en train d'imaginer Tom et son ex - certainement pas - mais disons que je ne sais absolument pas ce que cela signifie.

La mine que j'affiche doit être empreinte de perplexité. J'ai de plus en plus de mal à lui cacher mes émotions… Elles s'expriment allègrement sur mon visage en tout cas, lorsque nous sommes seuls.

– J'aime faire ressortir ça chez toi, Emily. Ce besoin de me marquer, de me faire tiens.

Il a le don de me faire frissonner avec quelques mots… Lorsqu'il pose mes doigts sur une marque d'ongle sur l'une de ses épaules, ma gorge se serre… J'ai dû lui faire mal pour celle-ci, j'en suis affreusement désolée… Mais, en même temps, les battements de mon cœur accélèrent, ma respiration se fait plus courte… J'aime ce que je vois.

– Je suis à toi. Entièrement à toi. J'aime me regarder dans le miroir, et savoir que c'est toi qui m'as fait ça. Savoir que tu me fais suffisamment confiance pour t'abandonner complètement dans mes bras, sans penser à quoi que ce soit d'autre.

OK… Cette fois mon cœur menace clairement d'exploser. Je ne saurais décrire ce que je ressens à ce moment-là. Je me sens fondre comme un morceau de beurre abandonné à la morsure du soleil et le sourire qu'il m'offre à ce moment-là n'arrange pas les choses.

– Et tu sais quoi ?J'aime te regarder et savoir qu'il y a sur ta peau, sous tes vêtements, des traces comme celle-ci.

À l'instant où ses doigts se posent sur moi, je cesse de respirer. Mon cœur explose pour de bon… Et la chaleur dans mon bas-ventre se réveille.

– Même lorsque nous sommes avec d'autres personnes, ou occupés à autre chose. Juste le fait de savoir que je suis celui qui t'a marqué de cette manière…

Bon sang… J'en tremble à présent. Cet homme a décidément un drôle de pouvoir sur les réactions de mon corps… Le baiser qui suit manque tout bonnement de m'achever, mais je tiens bon… Enfin, je crois.

– Tu n'es pas bizarre. Tu n'es pas malsaine. Tu es mon Emily, tout comme je suis ton Tom.
– Ou alors…. dis-je avant de le pousser doucement pour m'allonger sur lui, recouvrant son corps du mieux. Nous sommes aussi bizarres et malsains l'un que l'autre.

Je souris avant de déposer un baiser sur ses lèvres. Un baiser plein de tendresse et chargé de tout l'amour que j'ai pour lui.

– On va dire que c'est notre manière, bien singulière, d'illustrer l'expression :"je t'ai dans la peau", je raille gentiment avant de repousser une mèche de ses cheveux. Je t'aime…

"– Vous êtes restés longtemps ensemble ?"

La question d'Emily me prend au dépourvu.  Je ne pensais pas qu'elle s'intéresserait au fiasco qu'a été ma relation précédente.

"- Neuf ans. Je n'étais pas la même personne lorsque j'ai commencé à la fréquenter. Je ne savais pas encore qui j'étais... ce que je voulais. Elle non plus. Mais surtout ne crois pas ce que tu pourrais lire à ce sujet dans la presse à scandales."

Et je continue, en lui expliquant que je ne faisais pas l'amour avec Helena... Pas comme ça.

"... Une volonté de dominer l'autre, de répondre à un besoin. Mais pas comme ce que je partage avec toi."

Ces mots ont à peine le temps de franchir mes lèvres que je les regrette déjà.

"– Une volonté de dominer l'autre ?" s'enquit Emily.

"- Nous étions tous les deux connus dans nos domaines respectifs. Et elle... Je pense qu'au fond nous avions tous les deux besoin de prendre ce contrôle qui nous manquait dans notre carrière."

Je caresse ma barbe de plusieurs jours, d'un air pensif.

"- Je ne sais pas vraiment l'expliquer, à vrai dire."

Et visiblement je la perds dans mes explications. Mais elle m'écoute jusqu'au bout, lorsque je lui explique ce que ça me fait d'être marqué ainsi par elle.

"– Tu n'es pas bizarre. Tu n'es pas malsaine. Tu es mon Emily, tout comme je suis ton Tom", je termine, le souffle court.

"– Ou alors…. "

Elle me pousse sur le dos et vient s'allonger sur moi. Et je frissonne au contact de sa peau nue contre la mienne, et au poids de son corps sur le miens.

"- Nous sommes aussi bizarres et malsains l'un que l'autre."

"- Il n'y a rien de bizarre ou de malsain dans ce que nous faisons", je proteste à mi-voix.

Je ferme les yeux quand elle m'embrasse et je soupire contre ses lèvres. J'ai envie de rester là le plus longtemps possible.

"– On va dire que c'est notre manière, bien singulière, d'illustrer l'expression :'je t'ai dans la peau'".

"- Je préfère ça"

Et je souris avec amusement tandis qu'elle replace une mèche de cheveux sur mon front.

"- Je t'aime…"

"- Je t'aime aussi..."

Cette fois c'est moi qui prend possession de ses lèvres, en un baiser plein de fougue.

"- Tu n'as jamais fait ça, dans tes relations précédentes ?"

Mes lèvres trouvent son cou, son épaule, et je dépose des baisers sur chaque trace sur mon passage. Mes mains se font plus pressantes sur sa taille.

"- Dois-je me considérer comme privilégié, d'être le seul qui porte sur ma peau les marques de tes ongles ?, je murmure.

Je lui mordille l'oreille gauche, et trace un chemin jusqu'à son menton, que je viens embrasser du bout des lèvres.

Je suis entièrement à sa merci, avec une Emily toujours allongé sur moi. Elle pourrait faire ce qu'elle veut de moi, sans que je proteste.

– Neuf ans ?

C'est juste énorme à imaginer… Chose que je m'interdis aussitôt de faire d'ailleurs. Il y a des détails qu'il me semble essentiel d'ignorer. Neuf ans, c'est long. Très long même. Ils ont largement eu le temps de vivre, d'évoluer et de changer.

– Je n'ai pas la moindre envie de fouiller dans ton passé, Tom, je déclare avec franchise. Puis si j'ai des questions, je préfère te les poser directement plutôt que de lire ce genre de torchon.

Ce que je fais aussitôt finalement, curieuse de savoir ce qu'il entend par cette histoire de domination que je peine à comprendre… Et malgré ses explications, je ne comprends toujours pas. Quel contrôle peut-on vraiment espérer retrouver dans l'acte charnel ? Aucune idée et, au fond, ce n'est pas le plus important.

C'est ce "nous" qui me préoccupe le plus. Ce que nous partageons et la manière que nous avons d'exprimer nos sentiments. Une manière bien singulière sans nul doute mais qui répond à nos propres besoins. Des besoins qui me paraissent presque insatiables dès lors que nous nous retrouvons seuls. C'est comme si mon corps agit par lui-même, par instinct. Il recherche sa chaleur, le toucher de sa peau, son parfum… C'est presque vital.

Je ne cherche même pas à y résister. Je le retrouve pour m'emparer de ses lèvres avec cette gourmandise bien particulière qui ne semble jamais s'estomper.

– Tu n'as jamais fait ça, dans tes relations précédentes ? me demande-t-il avant de parcourir ma peau du bout de ses lèvres, m'arrachant quelques nouveaux soupirs au passage.

– Non, je n'en ai même jamais éprouvé la moindre envie.

Ma dernière relation est celle qui illustre probablement le mieux la manière que j'avais d'envisager les choses avant de le connaître. Je n'étais sortie avec Jim que parce que ma grand-mère l'appréciait. Elle était persuadée que nous étions faits l'un pour l'autre car nous avions la peinture en commun. Il s'agissait d'une histoire de résignation. Je n'en suis jamais tombée amoureuse. J'aimais son esprit, son talent, ce qu'il avait à m'apprendre. Mais je n'en étais pas amoureuse… Je ne le désirais pas non plus. Je me laissais juste faire parce que je pensais que les choses fonctionnaient toujours ainsi. Il voulait m'épouser… J'avais accepté pour faire plaisir à Martha … Et je l'ai quitté juste après son décès. Le lendemain, pour être plus précise.

–Dois-je me considérer comme privilégié, d'être le seul qui porte sur ma peau les marques de tes ongles ?
– Libre à toi de considérer cela comme un privilège, mon amour, je chuchote à son oreille avant de m'emparer de nouveau de ses lèvres tout en désirant bien plus encore.

Ce que je ressens pour lui est si inédit que je ne sais pas encore quoi faire de mes sentiments. Je me contente de vivre le moment présent en évitant soigneusement de me poser la moindre question sur l'avenir. Je ne suis pas assez confiante pour me permettre d'imaginer quoi que ce soit.

– Nous sommes peut-être trop fatigués pour… recommencer, je suppose, je murmure tout en embrassant sa mâchoire. Il serait probablement plus judicieux de simplement dormir… Tu te lèves tôt demain…

Mes gestes ne sont absolument pas en adéquation avec mes paroles cela dit. Ma main se perd dans quelques caresses supplémentaires…

Elle m'avoue ne jamais avoir ressenti le besoin de se laisser aller de cette manière dans ses relations précédentes.
J'ai envie d'en savoir plus à ce sujet, de comprendre comment une femme comme elle pouvait encore être célibataire.
Mais je n'ose pas lui demander plus de détails à ce sujet.  Elle m'en parlera le moment venu, si elle le souhaite. Tout comme je m'ouvrirai au sujet de ma relation avec Helena qui Emily souhaite en savoir plus à ce sujet.

"–Dois-je me considérer comme privilégié, d'être le seul qui porte sur ma peau les marques de tes ongles ?"
– Libre à toi de considérer cela comme un privilège, mon amour.

Mon amour
Je frissonne à ces mots. Je lui appartiens. Physiquement et mentalement. Et entendre des mots comme ceux-là de ses lèvres... Je réponds à son baiser avec passion.

"– Nous sommes peut-être trop fatigués pour… recommencer, je suppose", murmure-t-elle.

Je ferme les yeux tandis qu'elle embrasse ma mâchoire.

"- Il serait probablement plus judicieux de simplement dormir… Tu te lèves tôt demain…"

Je grogne à cette remarque. Je n'ai pas envie de penser à demain.
Et visiblement, Emily non plus. Ses caresses se font de moins en moins raisonnables, s'égarant sur des zones qui me font gémir de ce désir qui se réveille.

"- Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai du mal à te croire quand tu dis être trop fatiguée".

Je n'ose pas bouger. J'ai simplement envie de continuer à la sentir sur moi. Mon corps réagit pourtant, se tendant sous ses caresses. Mon désir est plaqué contre le siens. Et je me permets un lent mouvement de bassin, simplement pour accentuer une friction nécessaire.

Il n'en faudrait pas plus pour basculer une nouvelle fois. Mais je ne suis pas certain que c'est ce dont nous avons tous les deux besoin. Pas cette fois.

Je glisse une main entre nous, au rythme du lent mouvement de mes hanches. Nous sommes tous les deux épuisés, et je n'ai cette fois pas envie de retomber dans le tourbillon de passion qui nous a animé plus tôt.

J'ai juste envie de serrer Emily contre moi, de l'embrasser lentement, et de me laisser porter par cette langueur, ce désir paresseux oú la tendresse prend le pas sur la passion, sans nécessairement atteindre l'extase. Simplement se laisser porter, et voir oú cela nous mène.

–Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai du mal à te croire quand tu dis être trop fatiguée.

– Ah?

Je souris en le sentant se mouvoir lentement sous moi. Son corps s'éveille tout comme le mien et cette idée-là m'amuse énormément. Pourtant mes caresses sont bien moins intrusives et pressantes que celles employées un peu plus tôt, elles sont bien plus douces. De simples effleurements en réalité. Et il ne nous en faut guère plus pour que l'envie de l'autre s'anime.

– Je pourrai dire la même chose de toi, je soupire à son oreille avant de revenir à ses lèvres.



C'est ma tendresse et mon amour qui s'expriment pour l'heure. Rien de plus, rien de moins. Je remarque simplement ce besoin surprenant de le sentir… à ce point. Pourquoi suis-je incapable de me contenter de sa présence à mes côtés. Cela devrait être suffisant pourtant. Mais non, j'ai besoin de sentir ses lèvres sur les miennes, ses mains sur ma peau… Tout son corps contre le miens. C'est finalement tout mon être qui aspire à se faire entendre et c'est tout bonnement inouï. Non, je n'ai jamais ressenti une telle chose pour une autre personne, pas même durant une seule petite seconde de toute mon existence.

"– Je pourrai dire la même chose de toi".

Je gémis contre ses lèvres. Elle n'a pas tort.
Mais en même temps, il est difficile pour moi de résister et de rester raisonnable dans cette position, alors qu'elle est ainsi allongée sur moi.



Je lui fais confiance, entièrement confiance. Je suis entièrement à sa merci, dans ses bras.
Je n'avais jamais ressenti cela, avec Helena. Il y avait toujours eu ces barrières, érigées entre nous. Comme si ni elle ni moi ne nous sentions suffisamment en confiance pour nous défaire de nos armures.
Face à Emily, je me mets complètement à nu.
Son corps contre le miens, ses lèvres sur les miennes, les soupirs que nous partageons.
Je n'ai besoin de rien d'autre. Tout est là.