Elle avait fait l’erreur de venir, et maintenant, elle faisait sans aucun doute l’erreur de rester. Pour manger. « -ouais… tu me l’as déjà dit ça… » avait répondu Eli avec un sourire en coin, se foutant légèrement de lui. Ça lui permettait de reprendre un peu le contrôle, surtout d’éviter de penser aux doigts d’Ian qui avait saisi son poignet avec autant de délicatesse… ni à ce sourire tendre, comme s’il était réellement reconnaissant de ce qu’elle venait de faire pour lui. « -oh et bien je pense qu’on a su alimenter leur imaginaire. » que se soit par les éclats de voix, en se faisant la gueule, ou encore leur discussion devant le bar, ou encore le fait qu’Ian avait prit sa défense face à Robby. « -si j’annonçais haut et fort que je venais te voir, Robby serait surement venu aussi. » après tout c’était chez lui qu’elle était. La pyromane était jaloux, parano, possessif… Il avait voulu profiter de ces quelques jours pour se rapprocher de la jeune femme, n’ayant plus Ian dans les parages. Encore une fois, c’était par mesure de prudence et de protection qu’elle avait agit ainsi. Pas parce qu’elle voulait se retrouver en tête à tête avec Ian.

« -je le connais. » elle savait surtout pourquoi il allait appeler. Pour cette transaction qui ne pouvait pas être reporté et qui posait souci si Eli y allait seule. « -tu aurais préféré que je te dise que c’était sympa comme accueil ? » demanda Eli avec un sourire. ça l’avait surtout surpris et déstabilisée. « -et puis j’en sais rien moi, tu as peut-être une ex conquête infirmière qui sais se servir à la perfection d’un thermomètre… » avait elle reprit avec un petit haussement d’épaules innocent malgré le sous-entendu qu’il comprenait comme il voulait. « -et t’es forcement obligé de fournir des efforts… » elle le fixa du regard avant de mordre dans sa pizza. Non mais elle jouait à quoi ?! Surtout qu’elle savait parfaitement que si ça dérapait, elle n’allait rien assumer du tout, ou alors rien contrôler et s’en vouloir par la suite. Ou lui en vouloir à lui… oui, ça c’était encore possible avec Eli. En vérité, elle voulait seulement être certaine de ne pas le déranger. Il l’avait foutu dehors, et c’était un peu comme s’il l’avait repoussé. Elle n’avait pas vraiment apprécié. Un froncement de sourcils. Mais Ian ne termina pas et c’était tant mieux. Parce qu’à nouveau il lui avait parlé avec cette sorte de tendresse. Tobby…

Elle se frotta les mains entre elles avant de se lever avec lenteur, de ces mouvements lents et félins dont elle avait le secret. Elle fit deux pas. Elle allait partir. Direction la porte. Elle tourna la tête vers Ian. « -non. » Secrètement elle s’était dit que si Ian n’était pas présent, elle parviendrait à éviter la livraison. Les vendeurs ne voulaient pas traiter avec une femme. Ça l’avait fait bouillir de l’intérieur. Mais Tobby avait répondu qu’Ian serait présent. Merveilleux. Il avait alors disparu des radars. « -t’as dit que tu avais encore besoin d’une semaine. » comme si ça pouvait justifier le fait qu’elle ne lui ait rien dit. « -bon ok c’est quoi le problème ? » s’emballa Eli. Il avait posé ses mains ses hanches, le ton employé était bien loin de la tendresse cette fois-ci. Alors autant qu’il crache le morceau.

Sa langue glissa lentement sur ses lèvres qui s’étirèrent peu à peu dans un sourire espiègle alors que la jeune femme se moquait gentiment de lui. Ne la quittant pas un instant des yeux, il souffla un « Ai pitié d’un pauvre malade » avec une pointe d’amusement dans la voix. En réalité, il ne voulait pas qu’elle ait pitié de lui. Il appréciait même qu’elle continue à s’amuser à son détriment. C’était aussi cela qui lui avait manqué ces derniers jours, en outre de tout le reste, bien évidemment. Mais il se retint de lui en faire part. De toute manière, elle devait bien s’en douter, sinon pourquoi l’aurait-il retenu pour passer encore quelques instants en sa compagnie aujourd’hui ?! Et il savait que c’était réciproque sinon Eli n’aurait pas fait le déplacement à deux reprises pour s’assurer qu’il allait bien, et ce, sans prendre le temps de prévenir le reste de la cellule. Ce n’était pas une visite de convenance, mais parce qu’elle se souciait véritablement de lui. Enfin, si leur relation inexistante ne cessait d’alimenter des ragots en tout genre, peut-être aurait-elle prit la peine d’informer Toby qu’il était souffrant depuis quelques jours maintenant « Tu es aussi venu me dire qu’on doit prendre de la distance ? ». Même si Ian n’était pas certain que cela ait un impact sur ce qui pouvait se dire entre les membres de la cellule. Au contraire. Peut-être qu’un changement soudain de comportement risquait de leur porter préjudice. « Je peux très bien me passer de sa visite » répliqua-t-il par la suite en ce qui concernait Robby. Cela signifiait également qu’il appréciait néanmoins celles de la jeune femme. Peu importe le risque que ça engendrait également.

« S’il appelle, je répondrais écoute » précisa-t-il avec une certaine nonchalance. De toute manière, il n’avait pas son mot à dire sur ce point. Toby restait son chef. Enfin, d’une certaine manière. Enfin, Ian ne souhaitait pas parler du travail plus de temps et se mit à sourire à la remarque d’Eli « Pas besoin. Je sais que tu en as profité ». Il ne faisait aucun doute que la jeune femme avait apprécié la vue qu’il lui avait offert en ouvrant en étant simplement vêtue d’une serviette. Elle n’avait aucunement besoin de le préciser. « Je viens de passer huit ans en prison, je doute que mes anciennes conquêtes soient encore disponible pour ma belle gueule ». Et en y songeant plus sérieusement, l’agent n’avait pas cumulé beaucoup de conquêtes ces dernières années. Il avait eu une période des aventures d’une nuit à la suite de son divorce, mais ça n’avait que duré que quelques jours. Il avait constaté par lui-même que ça n’avait changé rien à ce qu’il ressentait vis-à-vis de la tromperie de son ex-femme. Et dans le lot, il n’y avait pas eu d’infirmières. « Et je ne suis pas très thermomètre, si tu vois ce que je veux dire » renchérit-il avec un regard entendu. Il la fixa ensuite quelques instants, et se passa la langue sur les lèvres avant de sourire « C’est une proposition ? » parce que l’idée était séduisante. Même si réalité, en présence d’Eli, il aurait quelques difficulté à seulement profiter. Il voudrait être un protagoniste à la hauteur de sa partenaire. Peut-être qu’elle avait raison en voulant refuser, c’était dangereux…

Toby avait décidé de couper court à leur conversation en passant ce fameux appel auquel Ian répondit. Des phrases courtes, une conversation brève. Son regard posé sur Eli, il s’aventura à penser que la jeune femme devait être une partenaire particulièrement agréable sous les draps. Ces mouvements lents et félins. Il déglutit et se reconcentra sur la conversation aussitôt. Non. Non, elle n’avait prévu de l’informer de la transaction. Les mains sur les hanches, il sentit sa mâchoire se serrer « Ce n’est pas une raison Eli » rétorqua-t-il avec un certain agacement, mais ce fut la porte-flingue du groupe qui s’emballa plus hâtivement que lui. Après avoir passé une main lasse sur le visage, il la reposa à hauteur de sa ceinture tout en émettant un petit rire nerveux « Tu veux vraiment savoir ?! Le problème Eli, c’est qu’il peut arriver n’importe quoi lors de ces transactions ! Je n’ai… » il détourna le regard un instant, et la fixa de nouveau avec une lueur de sévérité au fond de ses prunelles sombres « Je n’ai pas envie qu’il t’arrive quoi que ce soit parce que tu as voulu prendre soin de moi. Tu as pensé une seconde à ce que je pourrais ressentir si Toby m’apprenait que tu avais été kidnappée, torturée ou tuée parce que c’était un guet-apens ou … Je ne sais pas moi, parce qu’ils avaient envie de s’amuser avec une nana ce soir-là ?! ». Sans vraiment s’en rendre compte, sa voix s’était élevé peu à peu en imaginant le pire pour Eli. « Je sais, je sais, tu n’as besoin de personne pour veiller sur tes arrières, blablabla » et fit un signe de main trahissant son agacement sur ce sujet.

« -aucune chance. » non, elle n’avait pas du tout envie de ressentir de la pitié pour lui, son sourire en témoignait. Il avait chopé un sale virus, il avait été malade, ça arrivait à n’importe qui. Ça n’était rien de bien grave au final. Il était déjà debout sur ses deux jambes. Le pire était derrière lui. « -non. » elle n’avait pas à le dire, c’était logique et implicite. Ils le savaient l’un comme l’autre. « -ils pensent ce qu’ils veulent, je m’en fou. Tant que ça ne crée pas d’emmerde. » elle parlait bien entendu du comportement de Robby. Mais elle ne souhaitait pas revenir sur la sécurité d’Ian ou la sienne. Ils avaient déjà évoqué le sujet. Robby était à surveiller.

Un hochement de tête. Elle espérait que Tobby n’allait pas passer cet appel tout de suite. Qu’il allait attendre bien sagement qu’elle soit partie. « -désolée, je suis pas aveugle. » oui, c’était vrai, elle n’avait pas détourné les yeux. Elle n’avait pas non plus bloqué outre mesure. Elle avait seulement pu voir à la lumière ce qu’elle avait senti sous ses doigts dans la chambre du motel. Ian évoqua son passé en prison. Le nombre d’année. Eli ne répondit rien. Mais cela venait de replacé clairement dans sa tête qui il était. Même si cela ne l’empêcha pas de jouer dangereusement quelques minutes plus tard. Un petit rire : « -non. Je préfère le partage tu vois… » un sourire amusée. C’était presque plus fort qu’eux. Et ils savaient l’un comme l’autre que c’était dangereux de jouer à ce petit jeu.

Tobby téléphona, et elle n’eut pas le temps de mettre les voiles. Enfin… si elle aurait pu. Mais elle préférait une confrontation maintenant. Ian était encore faible, il lâcherait l’affaire rapidement. « -ba si. » mauvaise foi… « -tu tenais à peine sur ta jambe l’autre jour, il m’en a parlé le soir même. J’allais pas t’appeler alors que tu étais en train de crever et que tu m’avais envoyer me faire voir. » ça semblait logique. Eli lança les hostilités. Ça allait finir par pêter de toute façon. Autant y aller direct. « -non sans blague ! » ironisa la jeune femme en prenant une posture défensive, croisant les bras sous sa poitrine. « -c’est pas toi qui va m’apprendre ce que c’est d’être une nana bien roulée dans ce monde de con, merci. » il croyait quoi ? Qu’elle était pas au courant ? « -tu penses vraiment que si il m’arrive un truc il va te faire un petit résumé bien gentil ? » non mais n’importe quoi. « -je crois que tu oublies à qui tu parles. » lança Eli avant de lever les yeux au ciel. « -Ian arrête. Je t’en ai pas parlé parce que tu m’aurais servit à rien si tu tenais pas sur tes jambes. Et ! » elle leva son index pour qu’il la ferme et la laisse finir : « -je voulais voir s’il était possible de décaler. Ça m’amuse pas du tout d’y aller toute seule. » oh non… « -tu veux les infos ou tu veux seulement me faire la morale comme si tu étais mon p... ? » elle déglutit et termina sa phrase: "-mon père." ça venait de lui arracher la bouche. Une blessure de la vraie Eli venait d'être toucher. "-tu sais quoi, j'essai de décaler et je te tiens au courant." avait elle ajouté pour conclure tout ça, posant sa main sur la poigné de la porte.

Peu importe les murmures sur leur passage, Eli n’était pas venue lui faire l’affront de lui répéter, une fois encore, qu’ils devaient se montrer discret dorénavant. Ian en avait parfaitement conscience, et ce n’était pas uniquement pour les ragots. C’était également pour sa carrière. Il ne pouvait pas succomber au charme et à la chaire de son ennemie. Peu importe sa beauté, peu importe son humanité ou encore l’attirance qu’il éprouvait pour elle. Il s’accommoderait de la frustration, bien moins s’il en venait à perdre son travail au sein du FBI pour avoir passé la nuit avec une terroriste. « Si on reste professionnel, on ne devrait pas avoir d’emmerdes » lui fit-il remarquer. Bien évidemment, la réalité était tout autre. C’était difficile pour eux de ne rien laisser transparaître. Les autres membres du groupe n’étaient pas stupides. Ils savaient bien qu’il se passait quelque chose entre eux, mais que c’était tout aussi grisant que destructeur. Enfin, lorsque Ian avait ouvert la porte en étant simplement vêtu d’une serviette, il n’avait aucunement cherché à séduire la jeune femme. Il ignorait même qu’elle se trouvait derrière la porte de son appartement. Un sourire suivit sa précision. Il savait qu’elle n’était pas aveugle. Ça aurait été moins difficile entre eux si tel avait été le cas « Je sais » répliqua-t-il donc simplement avec un sourire en coin. Finalement, peu importe les bonnes résolutions, ils ne parvenaient pas à rester sage plus de quelques minutes. Cette fois-ci, ce fut Eli qui lança les hostilités à sa manière. L’agent se mordit la lèvre inférieure tout en l’observant d’une lueur taquine dans le regard « Je n’en pensais pas moins, surtout avec toi ». Autant avouer ce qu’il en était réellement. Avec Eli, il ne voulait pas seulement profiter. Il voulait mettre son corps en émoi sous ses coups de reins, la sentir frissonner sous ses mains, l’entendre crier à la jouissance… Il voulait être acteur de leurs ébats. C’était la raison pour laquelle, aujourd’hui, ils resteraient chacun sur une chaise, le temps de déguster une pizza, puis elle partirait.

Enfin, c’était le plan initial. Mais c’était sans compter sur l’appel de Toby qui évoqua la prochaine transaction. La jeune femme faisait dans la rétention d’informations dorénavant. Il ne mit pas longtemps à la confronter à ce sujet, mais ce fut Eli qui se laissa emporter par sa colère avant lui. « Tu aurais pu au moins m’en parler. J’aurais décliné si vraiment je ne me sentais pas prêt à assurer » rétorqua-t-il avec aplomb. Ce n’était pas lui qui était en tort en cet instant, mais bel et bien elle. La mâchoire contractée, il n’appréciait pas le ton employé par Eli et encore moins sa posture « Alors pourquoi tu prends des risques à la con de ce genre si tu en as conscience Eli, putain ! ». Ian s’emportait. Il haussait le ton au fil des mots prononcés. « Tu crois que je ne vais pas remarquer ton absence si tu disparais ?! ». Elle le prenait pour un con en pensant qu’il allait patiemment attendre un retour de Toby sur la transaction ?! Eli continua de parler. Encore et encore. Elle ne voulait pas qu’il l’interrompt. Il n’en fit donc rien. Il plissa toutefois les yeux en entendant son hésitation. Son père. Il n’était pas son père. Il se hâta jusqu’à la porte, posant sa main sur la sienne « Je sais que ça t’emmerde de devoir te coltiner un type comme moi Eli. Que cette… opération, où je ne sais trop comment Toby l’appelle, te donne la nausée, mais j’en ai rien à foutre, tu m’entends ?! On est une équipe pour le moment. Tu me protèges et je te protège. Si tu es venu jusqu’à chez moi, c’est parce que tu t’inquiétais pour moi. Alors accepte, ne serait-ce que l’idée, que moi aussi je puisse m’inquiéter pour toi. Tu entends ?! Crois-le ou non, mais je n’ai pas envie que tu te fasses buter ou… » et serra la mâchoire. Elle savait de quoi il voulait parler. « Donc la prochaine fois, tu me parles ! Même si je suis au fond du trou, j’en ai rien à foutre. Je veux savoir ».

« -nous sommes bien d’accord. » même si c’était plus facile à dire qu’à faire. C’était presque devenu une sorte d’habitude. C’était arrivé très vite, plus vite que l’attirance difficilement contrôlable entre eux. Ils aimaient jouer, se provoquer, tout comme ils aimaient se prendre la tête et se crier dessus. Oui, elle avait apprécié la vue. Oui, elle avait aussi apprécié qu’il enfile un pantalon et un tshirt, histoire de mettre quelques barrière entre eux. Même si Eli joua clairement avec le feu quelques minutes plus tard. Elle haussa les sourcils, comme surprise de cette précision. Surtout avec elle… Si jamais un jour cela devait arriver, ça serait impulsif, fougueux, voir même animal. Ils ne contrôleraient plus rien, ne voulant que faire taire cette envie de l’autre bien trop longtemps refoulée. Eli luttait contre ces images, surtout celles qui lui venaient en rêve et qui la laissait à bout de souffle au réveil. Ian semblait avoir clairement oublié son argument du mauvais coup. Cela l’avait sourire en coin.

L’orage arriva bien vite, juste après l’appel de Tobby. Eli l’avait presque prédit ou prévu. « -oh arrêtes de dire des conneries plus grosses que toi ! » comme s’il allait dire : non pas aujourd’hui, je suis pas bien. Elle n’en croyait pas un mot. Bien sûr qu’elle était au courant qu’elle n’était pas en sécurité, mais c’était sa vie de tous les jours ! Et elle n’avait jamais eu besoin de quelqu’un pour couvrir ses arrières. « -parce que ça fait partie de mon job Ian ! » avait-elle répliqué avec aplomb en haussant la voix. « -tu penses vraiment que je pouvais dire à Tobby : heu s’te plais, j’ai pas envie d’y aller toute seule. » elle eut un petit rire jaune. « -j’allais passer pour quoi ?! » Elle s’était toujours imposée en femme forte depuis son arriver dans la cellule et ce n’était pas la venue d’Ian qui allait changer les choses. Hors de question ! Si elle se révélait être faible, elle ne servait plus à rien. Elle soupira : « -j’imagine que si… ce que je veux te dire, c’est que tu n’aura pas de détail. Tu ne saura pas si je suis six pieds sous terre ou si je me suis tirée à l’autre bout du monde. » qui comprenait tout de travers là ?!

Les mots suivants lui avaient échappé, créant une sorte de fêlure. Son père… son véritable père… Ian ne savait rien de la vérité. Il pensait qu’elle sortait d’une famille exemplaire… c’était loin d’être le cas. Eli s’immobilisa lorsqu’il posa sa main sur la sienne, et elle fixa leur mains sans oser bouger. Si elle relevait les yeux… ils étaient trop proche l’un de l’autre. La tension était présente. Ils savaient ce qui découlait d’une engueulade. Elle le laissa finir, évitant de prendre trop à cœur ce qu’il était en train de lui dire, même si elle aurait pu trouver cela touchant ou adorable. Il n’était qu’un criminel et elle devait bien s’encrer cela dans la cervelle. La belle brune se pinça les lèvres, puis se mordit la lèvre inférieure en relevant son regard sur Ian. « -ok… » elle venait d’abdiquer. Mais c’était plus pour mettre fin à cette conversation et pouvoir se tirer, que pour lui laisser le dernier mot. Elle le détailla pourtant du regard, son cœur battant plus fort. « -tu… tu veux bien reculer s’il te plait… » finit elle par demandé en détournant les yeux, avant de le fermer. Elle inspira profondément juste après avoir retirer sa main de dessous la sienne et fait deux pas de côtés. Les deux mains dans ses cheveux, sur le sommet de sa tête elle demanda « -c’est comme ça que tu nous vois ? Une équipe ? » elle avait tellement de mal à croire cela. A lui faire véritablement confiance. Elle regarda à nouveau ailleurs. « -tu te sens prêt ou pas du coup ? » et voulait qu’elle boudait presque. « -ça doit avoir lieu dans un night-club de la ville. » pas la peine de faire deux heures de route. Elle l’avait écouter. Il devrait être content non ?!

Quelques jours auparavant, Eli avait décrit leur relation comme étant explosive. Ils étaient tout autant capable de s’attirer physiquement, au point qu’un seul regard pourrait suffire à succomber à l’appel du corps, qu’ils étaient capable de se hurler dessus jusqu’à en perdre haleine. Le tout entrecoupé de quelques instants de totale quiétude qui étaient aussi rares qu’agréable. Cette journée en était la preuve concrète. Ils auraient dû seulement déguster une pizza avant de se souhaiter une bonne fin de journée, mais l’appel de Toby avait mis le feu aux poudres et bien vite, ils s’étaient retrouvés à se hurler dessus tour à tour. Tout cela pour quoi ?! Parce que la jeune femme avait souhaité le préserver en ne lui indiquant pas qu’elle devait se rendre à une transaction dans deux jours. Il avait conscience que la jeune femme avait seulement souhaité le protéger à sa manière, mais Ian n’aurait pas pu se pardonner qu’il arrive quoi que ce soit à Eli parce qu’il était resté paisiblement au fond de son lit avec une tisane et un film. C’était inenvisageable. « Tu penses me connaître suffisamment pour t’avancer ainsi ?! Non, alors ferme-là ! » avait-il répliqué avec agacement. Il suffisait d’un rien pour qu’ils ne parviennent plus à communiquer. Pourtant, ce n’était pas faut d’essayer. Ian voulait seulement lui faire entendre raison. Il voulait la protéger, lui aussi. « J’en ai rien à foutre ! » répliqua-t-il en même temps qu’elle avant de détourner les yeux, ses muscles dansant sous sa mâchoire, trahissant son énervement en cet instant précis « Tu pouvais me le dire à moi, Eli ! Tu aurais pu me dire que tu ne le sentais pas et on aurait inventé une connerie pour Toby ! » puis l’observa quelques secondes « Excepté le fait que tu n’as pas suffisamment confiance en moi pour faire ça ». Il n’allait pas lui jeter la pierre pour cela. Ian aussi doutait constamment en ce qui concernait la jeune femme. Est-ce qu’elle était sincère à son contact ou était-ce de la simple manipulation pour parvenir à mieux l’appréhender au moment venu, et le livrer à Toby pour que ce dernier finisse le travail. Comme il l’avait fait avec Byron. « Si ça arrivait, j’essaierais au moins de te retrouver » répliqua-t-il avec aplomb. Il en avait rien à foutre si Toby se montre conciliant et lui livre les informations concernant la jeune femme. Il disposait d’assez de moyens pour parvenir à mener l’enquête sans la cellule.

La main sur la poignée de la porte, Ian savait que s’il n’intervenait pas maintenant, elle risquait de prendre une décision stupide en se rendant à la transaction seule, uniquement pour lui prouver qu’elle en était capable. Ce dont il ne doutait pas. Mais il ne souhaitait pas qu’elle mette sa vie en péril pour des inepties de ce genre. Alors il l’avait retenu. C’était peut-être dangereux de se retrouver aussi proche de la jeune femme alors qu’ils pourraient se ruer l’un sur l’autre pour un regard. Mais il l’avait fait, parce qu’elle devait entendre raison. Il haussa les sourcils quelques instants, réellement surprit de l’entendre abdiquer aussi facilement. Ce ne fut qu’au moment où Eli lui demanda de reculer qu’il prit conscience de leur proximité. Son regard glissa sur le corps de la jeune femme et il déglutit avec difficulté en bafouillant un « Euh… Oui » peu assuré. Ian se recula à peine alors que son équipière en fit de même, instaurant ainsi une distance entre leurs deux corps. Il caressa sa barbe naissante, avant de glisser ses mains dans les poches de son jean « Oui. Tu veilles sur moi. Je veille sur toi ». Il resta ensuite silencieux quelques secondes et souffla un « Je serais prêt. Je le suis assez pour te tenir tête, donc je pense que ça ira » répliqua-t-il en tentant un maigre sourire. « Un night-club… Je vois que tu m’as écouté ». Il inspira profondément, liant ses mains derrière la nuque et leva la tête au plafond. Puis au bout de quelques secondes, reposa son regard sur la jeune femme « Tu dois sûrement te dire que tout ce que je viens de te dire, ce n’est qu’un écran de fumé. Après tout, qu’est-ce qui m’empêchera de me tirer si ça dégénère… N’est-ce pas ?! Mais tu dois me croire Eli quand je te dis que je veux te protéger » et fit un pas en sa direction « ça ne remet pas en cause que tu sois une femme forte et indépendante, capable de gérer toutes les situations à coup de balles de 9mn, mais parfois, ça fait du bien d’avoir une épaule sur laquelle se reposer. Tu entends ? ». Il désigna d’un coup de menton la pizza « Tu as faim ? ».

« -ok d’accord ! J’ai fait une supposition ! Une putain de supposition. Une supposition qui colle pourtant assez bien à la réalité d’après moi ! » il y avait chez Ian un côte chevaleresque. Jamais il n’aurait décliné, parce qu’il avait encore besoin de bien se faire voir aux yeux de Tobby. Il n’allait pas non plus là laisser y aller seule. Il était en train de s’énerver pour ça justement. Et pour il y avait sans doute l’égo qui rentrait en ligne de compter également. « -et tu voulais que je te le dise quand ?! Comment ?! Tu m’as jeté dehors en me faisait clairement comprendre que tu n’appréciais pas que je me montre sympa. Tu as pris ça pour de la… pitié ! Alors tu pensais vraiment que j’allais t’appeler pour te dire de te secouer parce qu’on avait du boulot ? » là c’était son égo qui parlait, parce qu’elle avait été vexée qu’il lui dise de se barrer comme ça, alors qu’elle voulait seulement lui apporter un peu d’aide.

La belle brune le fixa du regard, les dents serrées. Et puis elle s’était mise à rire. « -ça marche pas comme ça Ian. » non, il n’était pas son ami ou son confident. Il n’était qu’un putain de criminel que ça ne faisait pas frissonner de tuer des innocents. Et il était en train de lui demander de lui faire confiance ? Elle ouvrit de grands yeux, comme pour insisté sur ce qu’il venait d’ajouter. Bien sur qu’elle ne lui faisait pas confiance ! « -tu me fais pas confiance non plus, alors joue pas les offusqué. » avait elle claqué en retour d’un ton neutre. Il se foutait de sa gueule avec cette réplique. « -Ian… » avait elle finit par soufflé comme pour lui dire qu’il fallait qu’il arrête maintenant.

Quelques secondes plus tard, interrompu dans sa tentative d’évasion pour la main d’Ian sur la sienne, Eli avait fait un effort sur humain pour ne pas tourner la tête. Le tension était palpable. Ce n’était pas du tout le moment de déraper. Il suffisait d’un rien pour que tout bascule, pour qu’elle l’embrasse à pleine bouche pour le faire taire. Et ensuite… un geste du bras et la pizza volerait à terre, afin de laisser de la place pour ses fesses… Eli se concentra sur le fait qu’il venait d’être malade, qu’il n’était pas en forme, qu’il était surtout encore et encore un criminel… Elle devait penser à son job avant de penser à sa libido qu’Ian avait réveillé sans même le vouloir. Elle était parvenue à lui demander de retirer sa main. Elle le vit déglutir. Alors, elle fit deux pas en arrière. Il fallait de la distance, là tout de suite.

Ce qu’il avait dit venait de déstabiliser Eli. Cela faisait tellement d’année qu’elle se débrouillait seule. Sans l’aide de personne. En infiltration, elle ne pouvait compter que sur elle. Au sein de l’agence, elle avait tellement un caractère de merde, qu’elle n’avait pas vraiment de relation. Elle ne connaissait que la solitude depuis… depuis bien longtemps. Trop longtemps peut-être… Ian confirma. Elle se pinça les lèvres, avant de le regarder. « -ok… » ce tout petit mot résonnait presque comme une pacte ou un accord. Maintenant, ils devaient penser à la suite. La réflexion suivante la fit sourire alors qu’elle regardait ailleurs. « -ça m’arrive de temps en temps. » avait ajouté Eli en passant sous silence que c’était surtout l’idée de dormir dans un motel qui l’avait surtout décidé à rester en ville. Se retrouver dans la même chambre que lui était presque plus dangereux que faire face à Tobby. Elle inspira et fit à nouveau deux pas vers la porte. « -je te… » mais Ian lui coupa la parole. Elle se tourna lentement pour lui faire face. « -j’ai dit que c’était ok. » pourquoi il avait besoin de revenir dessus. « -je vais pas te demander une preuve de confiance, je suis pas mafieuse." Elle hésita à lui confier la vérité. Sur le fait que c’était compliqué pour elle d’accorder sa confiance. Que cela faisait des années qu’elle fonctionnait ainsi. Parce que par le passé elle avait fait confiance et qu’à cause de ça, elle avait perdu la personne qui comptait le plus pour elle à l’époque. « -non… Plus vraiment… » elle devait partir, simplement parce que là tout de suite, elle se sentait fragile face à lui. D’abord évoquer son père, et puis ce sujet complexe de confiance… elle devait partir. Elle chercha du regard un stylo, en trouva un. Elle griffonna son adresse sur le reçu de la pizza. « -c’est mon adresse. Et la date et l’heure du deal. Rejoins moi deux heures avant. On fera un point. » elle laissa le papier sur la table, et revint vers la porte. « -je te laisse. » elle lui jeta un regard et ajouta un : « -repose toi. » avant de quitter l’appartement d’un pas pressé.

Un rien leur suffisait pour qu’une simple conversation ne se poursuive dans des éclats de voix. Mais rien de tout cela ne se serait produit si la jeune femme s’était confiée sur la transaction à venir. Mais il avait fallu qu’il apprenne la nouvelle par nul autre que Toby. Et tout cela pourquoi ?! Parce qu’il était malade et qu’elle souhaitait le préserver. Comme s’il était suffisamment inconscient pour se rendre sur le terrain avec quarante de fièvre et ainsi prendre le risque de les mettre tous les deux en danger. En tout cas, c’était ainsi que pensait Eli et n’y dérogeait pas, peu importe ce qu’il pouvait en dire « C’est la preuve que tu ne me connais pas suffisamment alors Eli » répliqua-t-il tout en continuant de la fixer d’un regard noir. Pourquoi fallait-il qu’ils se disputent constamment… Apparemment, la jeune femme ne parvenait toujours pas à le pardonner de l’avoir jeté dehors quelques jours auparavant. Elle était aussi rancunière que lui, si ce n’était plus. « Je suis désolé Eli ! » finit-il par hurler « Ok ?! Je suis désolé de t’avoir jeté dehors comme une malpropre, mais je te l’ai dit, je ne suis pas habitué à ce qu’on prenne soin de moi et tu es mal placé pour juger mon comportement, tu es la même ! » répliqua-t-il en lui rappelant qu’elle aussi n’était pas habituée à fonctionner par paire. Elle avait beau l’accuser de ne pas accepter son aide, elle adoptait le même comportement elle aussi. Il émit ensuite un petit rire nerveux « Tu as raison. Parce que tu n’as pas envie que ça marche comme ça ». C’était aussi simple que cela. Elle n’avait pas confiance en lui. Elle le pensait toujours allié à Toby. Un aveugle répondant à chacun de ses désirs. Si elle savait… « À la différence que tu es avec Toby depuis bien longtemps et que je ne sais pas jusqu’où va ta loyauté à son encontre ». Quant à lui, il venait d’arriver, et peut-être pensait-elle qu’il avait beaucoup trop à lui prouver encore. En l’entendant souffler son prénom, il murmura un « C’est vrai ». Si elle venait à disparaître soudainement, il s’organiserait avec le FBI et la CIA pour la retrouver à tout prix. Il s’en moquait qu’elle ne le croit pas, il en était ainsi malgré tout.

Malgré leur dispute, Ian l’avait retenu à lui. Il ne voulait pas qu’elle parte sans qu’elle ne comprenne sa démarche à son égard. Il voulait seulement veiller sur elle, comme elle le faisait avec lui. Il avait conscience que ce n’était pas chose aisée pour cette dernière, et pourtant… Ian ne prit conscience de leur proximité qu’à l’instant où Eli lui demanda de se reculer. Il déglutit avec difficulté, sachant pertinemment qu’il ne suffisait que d’un rien pour qu’ils se ruent l’un sur l’autre. Peu importe qu’il soit éreinté par la grippe. En cet instant, il en aurait été capable. Mais il devait résister. L’agent fit donc un pas en arrière pendant qu’Eli en faisait deux autres sur le côté. Plus ils seraient éloignés l’un de l’autre, et plus facile serait de résister. Il avait ensuite hausser les sourcils, réellement surprit lorsque cette dernière abdiqua. Elle acceptait qu’ils forment une équipe. Ce n’était pas rien pour celle qui considérait qu’elle était capable de tout porter à bout de bras. Il se mit même à sourire quand elle lui confirma le lieu du rendez-vous. Pas de route pour s’y rendre. Elle avait pris en considération ses conseils. « Tu sais, tu peux aussi te réjouir un peu. Ce n’est pas interdit » répliqua-t-il alors que la jeune femme ne semblait pas encore totalement apaisée à la suite de leur dispute. Un coup d’œil pour la pizza qu’ils avaient brusquement délaissé l’un et l’autre. Sans grande surprise, Eli n’avait plus d’appétit. Il hocha simplement de la tête et l’observa évoluer dans son studio. Il s’approcha à peine pour s’intéresser à ce qu’elle inscrivait sur le carton de la pizza. Son adresse. « Ok » fut sa seule réponse. Il n’eut le temps d’ajouter le moindre mot qu’Eli quitta précipitamment son appartement. Comme si c’était urgent qu’elle s’éloigne de lui. Il poussa un soupir en se passant les deux mains sur son visage et se laissa choir sur la chaise, mordant dans le reste de la pizza tout en observant l’adresse à laquelle il se rendit le jour de la transaction. Habillé d’un costume tout de noir, il avait frappé à sa porte deux heures avant l’heure du rendez-vous pour faire le point. Tels avaient été les mots employés par Eli quelques jours auparavant, et attendit patiemment qu’elle ouvre la porte.

Comment pouvait-on apprendre à connaitre véritablement quelque un en quelques semaines ? Surtout dans la milieu dans lequel ils évoluaient… sans côté le fait qu’elle était agent infiltré. Ian semblait en colère ou déçu de se rendre compte qu’elle ne lui faisait pas confiance. Pourtant c’était réciproque, Eli en était certaine. Un autre point commun qu’ils partageaient, était la rancune tenace. « -j’ai fais quelque chose que je ne fais jamais, pour personne, l’autre jour en venant prendre de tes nouvelles. » sans compter que cela l’avait mise en position de faiblesse, créant une sorte de faille chez elle. Oui, elle s’était inquiétée pour lui et il s’en était bien rendu compte. Elle avait fait une sorte de pas en avant, et il l’avait foutu dehors. « -oui on est un peu trop similaire sur bien des choses, c’est certain ! » elle avait crié ses mots en réponses aux siens. « -ce n’est pas une question d’envie Ian. Tu… » elle prit quelques secondes pour peser ses mots, lèvres pincées, bras croisés. « -on évolue pas exactement dans le monde merveilleux des bisounours. La confiance s’est quelque chose de complexe dans notre milieu. » sans compter le passé de la femme qui était en train de lui parler. Et également son métier… La suite lui extorqué un rire. Cet espèce de son qui sort quand on est choqué de ce qu’on vient d’entendre. « -depuis ton arrivé au bureau, je crois que j’ai été assez limpide sur ce que je pensais des changements de plans… tu parles de ma loyauté, mais c’est toi l’autre jour qui m’a plaqué contre un mur pour bien me faire comprendre que j’avais signé pour ça. Et que j’avais que ma gueule à fermer. » il était amnésique ou quoi ?

Cette conversation ne faisait qu’envenimer les choses. Elle brassait beaucoup de choses chez la jeune femme, qui décida de partir. Mais Ian ne l’entendait pas ainsi. Eli prit sur elle, et lui demanda de s’éloigner. Elle finit par dire qu’elle était d’accord pour faire équipe. « -non. Parce que je le sens pas. » avait elle ajouté tout en écrivant son adresse sur un morceau de papier. Elle donna ses consignes et disparue du paysage assez rapidement. Lorsqu’elle rentra chez elle, Eli était allée directement à la salle de bain. Les deux mains contre la paroi de la douche, l’eau coulant sur sa tête, elle se mit à pleurer. Ce n’était pas la conversation ou encore sa violence qui avait ébranlé Eli. C’était les blessures sur lesquelles elle avait appuyé. Ces sujets sensibles et douloureux… Son père… et puis cette question de confiance pour sauver des vies. Ian n’avait pas conscience de tout ça, il ne pouvait pas comprendre à quel point c’était compliqué pour elle d’accepter tout ça venant de lui. La dernière fois qu’elle avait fait confiance, Jeb, le vrai, pas le meilleur ami inventé, était mort. En pensant à lui, elle s’en voulu de ressentir cette attirance pour Ian, de ressentir à nouveau des choses qu’elle pensait morte en même temps que lui, tant d’années avant.

La date du rendez-vous arriva rapidement. Elle avait eut toutes les infos possible par Tobby, avait géré le rendez-vous. Elle était en train de terminée de se préparer lorsqu’on frappa à la porte. Elle se saisit de son arme, et regarda qui se trouvait de l’autre côté de la porte. Ian. Avant d’ouvrir, elle glissa son arme dans son dos et inspira profondément. « -salut. » avait elle soufflé en lui ouvrant la porte. Elle le laissa refermer derrière lui et lança : « -ça te va bien. » plus que bien même. « -j’ai presque terminé. » elle laissa ouverte la salle de bain, afin de terminé de se maquiller. Pour le vêtement, c’était déjà ok. Elle portait une robe rouge, avec un dos nu à tomber. Sans parlé de l’échancrure au niveau de la jambe gauche. Des talons devaient compléter le tout. Mais elle les mettrait avant de partir. « -les vendeurs sont du Qatar. Ils ne veulent pas traiter avec une femme. Ça tombe bien puisque entre toi et moi, c’est toi qui parle Arabe. Le dossier est sur la table, j’imagine que tu veux y jeter un œil. » c’était plutôt logique… « -je suis juste là pour assurer tes arrières et faire diversion… » le truc qu’elle détestait.

Ian lui avait reproché de ne pas le connaître, mais comment était-ce possible qu’il en soit autrement ? Bien évidemment que la jeune femme ignorait tout de lui, et bien plus encore. En fait, elle ne connaissait d’elle que ce qu’il laissait paraître, consciemment ou non. Parfois maladroitement. Comme lorsqu’elle était venue jusqu’à chez lui pour s’assurer qu’il était toujours de ce monde. Une attention qu’il n’avait que trop peu reçu au cours de sa vie. Ça avait toujours été lui et uniquement lui. Depuis trop longtemps maintenant. Et en écoutant Eli se confier sur cette prévenance qu’elle n’avait jamais eu auparavant, l’agent comprit alors qu’il n’était pas le seul dans cette situation. « Et je suis désolé d’avoir agit de la sorte Eli. Sincèrement ». Comment devait-il le lui faire comprendre ?! Par quel procédé ?! Il était désolé et il ne prononçait pas vainement ces mots. C’était sincère. Encore fallait-il que la jeune femme soit prête à les entendre. « Oui et ça a l’air de bien te faire chier qu’on se ressemble autant ! » avait-il presque crié en même temps qu’elle. C’était une conversation stérile qu’ils avaient à l’heure actuelle, dans son minuscule studio du centre-ville. « Prends-moi pour un con aussi » renchérit-il en appréciant pas particulièrement sa précision. Il n’était pas naïf. Il avait conscience du monde dans lequel ils évoluaient, peut-être plus lui qu’elle. Il était au contact de la noirceur de ce monde au quotidien. Il n’avait pas attendu de rencontrer Toby pour prendre conscience de l’horreur dont était capable les gens. Même si dans son cas, il parvenait à le surprendre après toutes ces années de carrière. « Je ne te demande pas de confier ta vie entre mes mains, mais au moins de m’accorder un minimum de confiance ». Même si en réalité, lui non plus n’était pas capable de lui faire entièrement confiance. Et pourtant, il en avait envie. Le rire qui jaillit de la gorge d’Eli n’était pas bon signe, et il avait eu raison de penser ainsi. « Parce qu’à trop parler, tu risques de te faire buter Eli ! » hurla-t-il « Je… » et se retint de lui dire qu’il était parfaitement en accord avec ce qu’elle pensait de tout cela. « Mais qu’est-ce qui m’assure que ce n’est pas de la manipulation ? Que lorsque je serais convaincu par tes beaux discours, tu n’iras pas voir Toby pour lui dire que j’ai changé d’avis plus rapidement qu’une pucelle lors de son premier jour de trottoir ? Je n’ai pas envie de finir comme Byron, tu peux le comprendre, non ?! ». Leur dispute prit fin lorsque la jeune femme se hâta jusqu’à la porte, mais il la retint à lui. Ils n’avaient pas fini. Il voulait qu’elle accepte qu’ils étaient une équipe, qu’elle pouvait se fier à lui. Un froncement de sourcils suivit, et pour autant, il ne posa pas de questions. Elle avait son instinct, et il ne savait pas encore s’il pouvait s’y fier. Il la laissa partir sans ajouter le moindre mot, et resta silencieux les jours qui suivirent.

Ce fut entièrement vêtu de noir qu’il frappa à la porte de son appartement et qu’il manqua de mot en constatant la tenue de la femme qui venait de lui ouvrir. Il laissa lentement glisser son regard sur sa robe qui mettait en valeur ses formes affriolantes, et lâcha un « Magnifique » avec un naturel désarçonnant. Aussitôt ce mot prononcé, Ian se racla la gorge en bafouillant un « Tu… Je veux dire… » et sourit timidement « Merci » alors qu’elle l’avait complimenté sur sa tenue. Il la suivit et cru défaillir en remarquant son dos nu. Elle était diabolique de se vêtir ainsi en sa présence. C’était à la fois délicieux et frustrant. Il murmura un « Prends ton temps » alors qu’il avait soudainement besoin d’un verre ou d’un bol d’air frais. Dans tous les cas, il avait besoin de quelque chose. « C’est parce qu’ils n’ont pas vu la femme » commenta-t-il plus pour lui-même que pour Eli, et s’approcha du dossier. Il s’en saisit sans pour autant prendre place sur le canapé, et rejoignit la jeune femme dans la salle de bain, le nez dans le dossier, et releva brusquement la tête en direction d’Eli « Diversion ? Genre femme objet ? » et reporta son attention sur le dossier en commentant de nouveau avec un « Comme si une femme était incapable d’autre chose que d’être belle ». Il n’avait jamais compris ses congénères sur ce point. « On vient récupérer l’anthrax… » murmura-t-il. C’était lorsque la réalité le rattrapait de la sorte que Ian avait pour seul désir que cette opération cesse au plus vite. Il referma le dossier et le blottit contre son torse en croisant les bras « Tu as conscience que c’est une véritable torture pour moi ta robe, pauvre homme faible que je suis ? » et lui adressa un sourire qu’il perdit au bout de quelques secondes en reprenant son sérieux « Pour la dernière fois à mon appartement… J’ai beaucoup réfléchi et … Je ne voulais pas te blesser. D’aucune sorte. Je suis un con, mais un con qui n’aime pas faire pleurer les filles. Je suis un charmant con. Un con gentleman. Enfin, tu vois l’idée » et lui fit un clin d’œil, et laissa son regard se perdre sur sa robe « De l’eau. Je vais aller chercher de l’eau. Froide. Très froide. Tu en veux aussi ? » et s’éloigna sans attendre sa réponse, se rendant dans la cuisine pour avaler cul sec un verre d’eau, et en prépara un second, juste par précaution.