Quand elle avait enfin pu quitté son appartement, elle avait seulement appeler un taxi. Par geste automatique, elle était montée, avait indiqué l’adresse. Puis elle avait fixé le paysage d’un regard sans faire attention à ce qu’elle voyait. Son esprit était ailleurs. Son appart avait été passé au peigne fin. Brennan avait ainsi pu mettre son nez dans ses affaires. On lui avait demandé depuis combien de temps elle n’avait pas relevé le courrier. Eli n’avait pas caché la vérité. Depuis sa sortie de l’hôpital. Tout bêtement. Elle avait soutenu le regard de son supérieur qui avait parfaitement comprit qu’elle ne dormait pas à l’hôtel.

Une fois chez Ian, elle s’était adossée à la porte d’entrée. Elle avait fermé les paupière, soupirée et c’était la voix d’Ian qui avait fait éclaté la bulle de ses pensées. Elle fronça les sourcils. Et puis elle capta : « -je.. pardon j’ai pas… » non elle n’avait pas pensé une seule secondes à le prévenir, trop sonné par l’apparition de cette carte postale à son adresse personnelle. C’était encore compliqué pour elle de résonner en tant que couple. « -excuses moi, je pensais pas que tu te ferais du souci… » et c’était la vérité, elle ne l’avait pas envisagé. Elle retira ses chaussures déposa ce qu’elle avait dans les bras et le suivit jusqu’au canapé, grimaçant en s’installant. « - je suis passée chez moi. J’avais besoin d’un tailleur. Bref… je suis pas en retard parce que j’arrivais pas à choisir… » un léger rire nerveux.

Elle prit le temps de glisser ses deux mains autour de la tasse de café. « -j’ai relevé mon courrier et… » elle posa son regard sur Ian, comme si elle pouvait deviner comment il allait réagir. « -il y avait une carte postale au milieu des factures. Signé par Tobby. » voilà il était au courant. « -j’ai appeler Brennan et j’ai attendu qu’une équipe vienne inspecter les lieux, récupérer la preuve… » elle n’avait toujours pas touché à son café. « -excuses moi, j’aurai dû t’appeler. » elle fonctionnait bien plus en mode agent qu’en mode petite amie. Elle posa sa tasse sans l’avoir touché, pour venir glisser ses mains dans ses cheveux, coudes sur les genoux. « -j’ai l’impression que finira jamais. » elle serra les dents : « -si seulement je l’avais pas laissé filer ce connard… maintenant il sais où je vis, et visiblement que je suis en vie… » elle ne cessait de chercher encore et encore, comme il pouvait savoir ça. « -Brennan voulait me coller une équipe de surveillance. J’ai dit non. Je vis avec un agent du FBI hyper musclé… » un léger sourire. « -je sais parfaitement que ça rime à rien de me torturer avec ça… » elle renifla. « -c’est pas en train de bruler ? » en parlant de la cuisine.

Lorsque Ian ne la vit pas rentrer dans l’heure suivant l’audience, il ne s’inquiéta pas outre mesure. Leur relation, au même titre que cet appartement, n’était pas une prison. Elle était libre d’aller et venir comme bon lui souhaitait. Toutefois, alors qu’il voyait l’heure défilé et les appels en absence se succéder, une certaine angoisse se mit à croître en lui. Tout était possible, d’un café avec l’agent Brennan à une admission aux urgences à la suite d’un accident de voiture ou d’une agression. Un premier verre de bourbon fut rapidement talonné par un second qu’il avala d’une traite en entendant la porte d’entrée s’ouvrir. Ian ne put masquer son soulagement en la voyant saine et sauve devant lui. Il l’entendit bafouiller une excuse, et répliqua aussitôt « Ce n’est rien. Tu es là, c’est le plus important ». Eli n’avait pas pensé qu’il puisse s’inquiéter de son absence. « Je ne m’étais pas inquiété jusqu’à ce que je communique davantage avec ta boite vocale qu’avec toi » répondit-il avec un sourire. Il savait que si elle était rentrée si tard à l’appartement, ce n’était pas pour des raisons anodines. Ils retournèrent dans le salon, prenant place dans le canapé et fronça les sourcils. Un tailleur. Non, ce n’était pas pour ça qu’elle était en retard. Son rire nerveux ne présageait rien de positif pour la suite. Avec le temps, il avait appris à reconnaître certains de ses rires. Celui-ci ne l’amusait pas. Le suspens qu’elle laissait planer était une torture pour Ian qui envisageait le pire. Quand elle prononça le prénom de Toby, il eut un mouvement de recul et se passa une main sur sa barbe mal rasée. Il était toujours présent et en savait davantage sur eux, sur leur véritable identité. « Pourquoi tu ne m’as pas appelé Eli aussitôt ?! » finit-il par répliquer. Est-ce qu’elle ne le percevait plus comme un agent de terrain depuis la fin de leur infiltration ?! Au moins, elle avait eu l’initiative de contacter l’agent Brennan au lieu de penser pouvoir appréhender la situation seule. C’était mieux que rien. « Quand est-ce qu’ils vont se décider à l’arrêter ? ». Savoir qu’il connaissait l’adresse de la jeune femme ne le rassurait en rien. Bien au contraire. Est-ce qu’il attendait le moment opportun pour terminer le travail ? Il posa son regard sur cette dernière « J’aurais voulu que tu m’appelles quand tu as découvert la carte postale, et pas pour rassurer ton copain qui attends sagement à la maison ». Il poussa un soupir et souffla « Je suis désolé. J’ai eu peur et … ce n'est pas grave. Tout ce qui m’importe, c’est que tu ailles bien ».

L’agent posa sa main dans le dos d’Eli, le caressant avec douceur « Tu avais une bombe sur toi et une balle dans la jambe Eli, qu’est-ce que tu aurais pu faire ? On avait reçu pour consigne de les laisser poser les bombes. C’est la CIA qui ne fait pas son travail ». Leur incompétence l’énervait, tout particulièrement parce que la jeune femme était devenue une cible toute désignée pour Toby. Ian se mit à sourire au trait d’humour de la belle brune « Je suis sûr qu’il a été convaincu par tes arguments ». Il connaissait l’opinion que Brennan avait de lui. Toutefois, il espérait que même s’il doutait de leur relation, il avait suffisamment confiance en lui pour savoir qu’il ferait tout pour la protéger. Robby en était le parfait exemple. Il avait osé la toucher, il en était mort. « Non. Tu as raison Eli. Cet homme est dangereux et tu dois rester sur tes gardes quand tu es seule ». Cette fois-ci, Ian n’allait pas jouer les petits-amis compréhensifs et rassurants. Autant l’un que l’autre connaissait le danger que représentait cet homme. Il voulait que la jeune femme reste sur ses gardes lorsqu’il s’absentait ou qu’elle était seule dans la rue. Il releva brusquement la tête en humant l’odeur, et jura « Eh merde ! » en se précipitant jusqu’au four, enfilant en toute hâte une manique pour sortir le plat du four et le déposa sur l’établi « Il faudra juste gratter le dessus, mais le dîner est prêt » et pencha la tête pour l’apercevoir « Des lasagnes. Tu aimes ça ? ». Il délaissa la manique aux côtés du plat et s’approcha d’Eli, passant ses bras autour de sa taille « Je ne le laisserais pas t’approcher et te faire à nouveau du mal » et ancra son regard dans le sien « Je te le promets Eli ». Il déposa rapidement ses lèvres sur les siennes et retourna en cuisine pour servir deux assiettes. Derrière son détachement, Ian bouillonnait de l’intérieur. Il avait peur pour elle, il avait peur que l’histoire se répète et que cette fois-ci, elle ne s’en sorte pas. Si la CIA était incapable de le retrouver, il se chargerait de le traquer à leur place. Il servit deux assiettes et déposa le tout sur la table installée sur la terrasse « Tu as toujours ton arme sur toi ? ».

« -je suis pas… » elle lui adressa un léger sourire. « -je suis pas encore au point niveau vie à deux… » c’était la stricte vérité. Lorsqu’elle avait vu la carte postale, elle avait pensé directement à prévenir l’agence. A appeler Brennan, faire venir une équipe pour relever les empruntes et tout le reste. Mais regarder son portable et prévenir Ian… Non… ça n’avait pas été un réflexe. Et maintenant, elle s’en voulait parce qu’il semblait s’être fait du souci pour elle. Ils étaient d’accord sur le fait qu’elle vivait chez lui, mais n’avait pas à rendre de compte. Ils tentaient de reprendre leurs vies respectives en conjuguant avec cette relation nouvelle et aux bases fragilisés par tout ce qui s’était passé.

Elle vint prendre place dans le canapé et mit un petit moment à enfin donner les informations. Est-ce que c’était un reproche ? « -parce que c’est le protocole Ian. » avait elle répondu. Evitant de souligné le fait qu’il était mise à pieds à cause de cette mission et qu’il ne faisait pas partie de la CIA. Techniquement, il ne faisait plus partie de l’enquête. Son rôle se réduisait à celui de petit ami qui se faisait du souci. Rien d’autre. Elle n’aurait même pas dû lui dire. Mais ça, elle en était incapable. « -visiblement il le pensait à l’étranger. Ce qui semble peu probable. La carte n’était pas timbrée. Mise directement sous ma porte… » elle réprima un frisson. Heureusement qu’elle ne vivait pas là-bas actuellement. « -Ian… » souffla la belle brune qui prenait à nouveau cela pour un reproche. « -ça fait treize ans que je vis seule. Treize ans que je vis uniquement pour et par mon job… prévenir un proche… ce n’est pas un réflexe premier chez moi. » elle espérait qu’il comprendrait. « -je vais bien. » insista la jeune femme.

Cela la ramenait encore à cette idée qu’elle avait merdé le jour J. Si elle avait été capable de tuer Tobby, ils seraient définitivement tranquille. Mais non… « -je sais pas ! Ne pas me laisser surprendre comme une débutante par exemple ! Ne pas descendre de la voiture, faire marche arrière lui rouler dessus pour en faire de pizza ! » elle en avait d’autre des scénarios. « -je ne lui ai pas laissé le choix. » et Brennan n’avait pas chercher à négocier. « -je fais que ça être sur mes gardes ! » il n’allait pas ce mettre à lui faire la moral aussi ! « -j’ai envie d’avoir une vie normale… » c’était trop demander bordel !

Heureusement, le diner était en train de brûler. Ce qui évita sans doute une engueulade débile. Le voir courir ainsi la fit rire. Elle avait envie de pouvoir profiter pleinement de cette relation. Avec lenteur elle se leva pour se rapprocher. « -c’est parfait. Mes préférés sont celles qui ont un petit gout de brûlé. » elle détailla Ian du regard alors qu’il lui promettait de la mettre en sécurité. « -je croyais que tu faisais pas de promesse… » elle lui adressa un sourire en coin. « -j’ai… j’ai besoin qu’on fasse comme si tout allait bien. J’ai l’impression de ne penser qu’à ça… je vais bientôt revoir reprendre du service et au final, on aura même pas profiter d’une vie normale… » ça commençait à la miner. « -je n’ai pas peur. Je suis fatiguée… et en toujours en colère contre ce connard. » ce qui sous entendait qu’elle ne voulait pas qu’il joue les gardes du corps. « -oui. » bien sur qu’elle sortait toujours armée. Elle n’était pas dingue non plus. « -je crois que je vais reprendre le boulot… pour les aider à avancer. Dans un premier temps. Je dois encore rediscuter de mon poste avec Brennan. » elle n’avait pas envie de partir loin… durant une année… de risquer à nouveau sa vie. Elle voulait pouvoir rentrer le soir, ici et manger des lasagnes brûlées.

Ian l’observa un moment, inclina presque la tête et sourit « Ce n’est rien… Je veux dire, tu n’as aucun compte à me rendre. C’est juste que… » et émit un petit rire nerveux « Il me reste encore des excédents de paranoïa ». Durant trois mois, il avait éprouvé une peur constante d’être découvert, d’être assassiné dans un élan de folie de la part de Robby ou de Toby. Puis quand leur relation avait pris un tournant aussi surprenant que plaisant, il avait eu peur pour elle. Aujourd’hui, l’infiltration avait cessé, mais l’angoisse de ne pas la voir revenir ou d’apprendre qu’elle avait été kidnappée ou blessée restait ancré en lui. Il savait que d’ici quelques semaines, ça irait mieux. Enfin, c’était sa pensée avant que la jeune femme ne lui apprenne que Toby avait glissé sous sa porte une carte postale à son attention. Et pas une seconde, elle n’avait pensé à l’appeler pour l’en informer. Ils avaient tous les deux travaillés sur cette affaire, au sein même de cette cellule. Il poussa un soupir. Avec subtilité, Eli venait de lui rappeler qu’il ne faisait plus partie de la CIA. Qu’il n’avait été qu’un intérimaire et dorénavant, elle coopérait avec sa propre hiérarchie et ses propres agents. « Je faisais partie de cette cellule aussi, Eli… Mais ça ne compte plus dorénavant, n’est-ce pas ? ». Il se passa une main lasse sur le visage et prit une gorgée de café, à défaut de pouvoir se rabattre sur le bourbon. La jeune femme poursuivit les explications et les informations qu’elle lui communiqua lui noua l’estomac « Sous ta porte… » souffla-t-il comme si l’information était pertinente. Que se serait-il passé si elle était restée à son appartement à sa sortie de l’hôpital ? Savoir que Toby avait un œil sur elle n’était en rien rassurant, et il aurait apprécié qu’elle le contacte pour le prévenir. Qu’en sera-t-il de la fois prochaine ? « Il faut que ça le devienne avec Toby dans les parages. S’il te plaît ». Un hochement de tête suivit et lui adressa un maigre sourire « Je sais ».

Eli se fustigea de nouveau de ne pas être parvenue à arrêter Toby lorsqu’elle aurait pu. Tout cela ne se serait pas produit. Il n’y aurait pas un assassin fou dans les rues de la capitale, avec un goût prononcé pour la vengeance. « Te torturais de la sorte n’apportera rien. Erreur ou pas, ça n’a plus d’importance aujourd’hui. On ne peut pas remonter le temps. Tu n’as pas merdé. Aucune erreur n’a été commise, tu ne pouvais pas savoir que ce lâche était capable du pire » renchérit-il pour qu’elle enregistre bien l’opinion qu’il avait vis-à-vis du dénouement inattendu de leur opération. Seulement, maintenant, elle devait être protégée. Eli avait décliné l’offre de Brennan, considérant que Ian suffisait à sa sécurité, ce qui l’avait amusé sur l’instant « Je n’ai pas intérêt à me louper alors. Je plaisante » rétorqua-t-il tout en lui demandant de rester sur ses gardes à compter de maintenant. Toutefois, elle n’avait pas attendu son conseil pour le mettre en application « Une vie normale… » et sourit. Lui aussi. Enfin, l’espace de quelques minutes, ils y parvinrent. Ian se précipita jusque dans la cuisine pour extirper le plat du four et constata qu’il était légèrement brûlé sur le dessus. Elle les aimait ainsi. Il sourit « Tu vas les adorer alors » répondit-il comme s’ils n’avaient jamais eu de conversation sérieuse quelques minutes auparavant.

L’agent délaissa un instant le dîner pour se rapprocher de la belle brune et lui promis de tout mettre en œuvre pour empêcher Toby de l’atteindre. Ses bras autour de sa taille, il sourit à ses mots « Seulement quand je suis certain de les tenir » et haussa plusieurs fois les sourcils, et lui vola un rapide baiser. Il s’éloigna pour servir le dîner tout en poursuivant la conversation avec la jeune femme qui souhaitait s’enfermer dans une bulle aseptisé au monde extérieur quelques temps. Il déposa les assiettes sur la table et revint auprès de cette dernière « Je te propose alors que les prochains jours, on profite. On fait comme si de rien n’était. On pourrait par exemple dîner au restaurant demain soir, qu’est-ce que tu en penses ? On n’a jamais pu le faire ». Un sourire et ajouta « Je vais te le faire oublier. D’accord ? » et déposa ses lèvres sur les siennes avant de rester interdit quelques instants « Je croyais que tu voulais prendre ton temps avant de reprendre le travail. Enfin, je ne suis pas contre. Tant que tu penses à m’appeler de temps à autre pour me dire que tout va bien, et que tu viennes parfois à la maison ». Il embrassa son cou et ajouta « Le dîner va être froid », puis précisa « Je vais devenir un vrai homme au foyer », même si cette pensée l’inquiétait. « Enfin, si tu veux passer toutes tes nuits ici, je préfèrerais pour tout t’avouer. J’aime ça » et prit une première bouchée, soufflant « C’est chaud, bordel » et avala une grande gorgée d’eau avant de rire. Il voulait omettre Toby. Elle le voulait. Elle voulait une vie normale, alors il fournissait les efforts pour.

« -non, t’excuses pas. Je comprends. Je comprends parfaitement et j’ai merdé. Je suis désolée. » putain, elle aurait pu penser à envoyer un simple sms quand même ! Sérieusement, elle avait autre chose à penser que de se prendre la tête avec Ian et son besoin de protection. Ça lui tapait toujours autant sur le système. Même si elle faisait des efforts pour se dire que ça venait de son passé. Il avait perdu trop de monde… c’était logique qu’il ait peur. Elle se promit de faire des efforts la prochaine fois. Et voilà qu’il lui reprochait de le mettre à l’écart. « -Ian… bien sur que si ça compte seulement… » elle soupira. « -seulement tu as déjà eut assez d’emmerde côté professionnel. C’est à cause de… » elle allait dire moi mais elle se reprit : « -c’est à cause de cette mission de merde que tu es mise à pieds et obligé de rester ici, privé d’un job que tu aimes pour deux mois. Alors… » elle remonta ses épaules en écarquillant ses yeux, comme pour souligner l’évidence des choses. « -écoute aux yeux de nos agences on a merdé. On est pas d’accord. Seulement, si on veut récupéré nos jobs… on doit faire profile bas. On peut pas faire notre petit truc de notre côté. Tobby est recherché. Je peux pas risquer ta carrière, la mienne, celle de Brennan, parce qu’on a envie de… » elle évita de dire tuer. « -de retrouver ce connard et de mettre un point final à tout ça. » est ce qu’il était capable de comprendre ? « -je t’ai dis que je le ferais. Et je t’ai présenté des excuses… » sous entendant un : ça ne te suffit pas ? Tu vas me les briser encore longtemps ?

« -j’entends ce que tu dis… mais je… j’arrive pas à penser comme ça. J’ai pas été à la hauteur. Je comprends même pas comment c’est possible que j’ai encore ma plaque et tu en es privé ! » elle ne démordait pas de ça. Tout était de sa faute, et c’était la mauvaise personne qui était punie. Elle avait posé son regard sur lui, avec cette petite étincelle de douceur. « -je sais que je suis en sécurité avec toi. » il s’agissait de Tobby… il ne viendrait pas la confronter ainsi. Il était trop flippé pour ça. Eli avait plus de couille que lui. Heureusement, le diner était en train de brûler. Cela leur laissa un petit moment de répit. Fit redescendre la pression. Leur permettant d’accéder à cette vie normale dont elle venait de parler.

Eli décida de garder ce ton ironie et amusée. Le monde entier l’emmerdait. C’était trop compliqué de pouvoir une relation simple ? De pouvoir ne penser qu’à eux quelques minutes ? Elle fit sa demande à voix haute. Faire semblant de rien. Jouer les aveugles et les muets. Durant l’infiltration, ça avait fonctionner. Aujourd’hui, elle marchait de nouveau à peu prêt convenablement. La douleur était relativement supportable. « -j’avais pensé à une ciné parce que j’ai envie d’aller voir ce film là… tu sais je t’en ai parlé y’a deux jours… » elle avait mangé le titre. « -mais le restaurant ça me va aussi. » elle appréciait de plus en plus qu’il lui impose son romantisme. « -merci… » elle apprécia qu’il accepte de jouer le jeu.

Mais elle avait d’abord besoin de conclure le truc. Elle avait lu le dossier de mission. Elle savait que Brennan n’était pas débile. Il l’avait vu en assez bonne forme pour revenir au bureau. Elle ne pouvait pas prolonger son repos encore longtemps. « -je n’ai pas forcement envie de reprendre le travail Ian. » elle insistait sur ce point. « -seulement je ne suis pas en congés. J’ai v Brennan tout à l’heure, il a bien vu que je marche… » même si elle n’était pas convaincu que son supérieur veulent d’elle au boulot. « -tu… je… » elle ne pensait pas réinvestir son appartement… mais visiblement c’était ainsi que ça se dessinait dans l’esprit d’Ian. « -ne dit pas n’importe quoi. » il allait retrouver son job. Seulement il devait prendre sa décision, qui tardait à venir. Elle n’eut pas le temps de répondre que la réflexion d’Ian la fit rire aux éclats. « -ça sort du four je crois oui. » elle souffla avec lenteur sur son plat, sans que son sourire ne disparaisse. Et puis elle le couva du regard, hésita, et finit par le dire : « -je t’aime… tu le sais n’est-ce pas… » elle lui sourit un peu plus encore, toujours avec douceur. « -je sais que depuis ma sortie de l’hôpital c’est… c’est compliqué et surement différent de ce que tu avais imaginé. Je sais aussi que je ne suis pas toujours facile à vivre… mais je… j’avais pas prévu d’aller dormir ailleurs qu’ici… »

Un soupir lui échappa au moment où Eli se fustigea de nouveau parce qu’il avait osé lui demander de l’appeler lorsqu’elle s’absentait de la sorte. Ce n’était pas une question d’avoir main-prise sur sa vie, mais seulement un appel pour le rassurer ou l’informer qu’elle était toujours dans ce monde et qu’elle rentrerait plus tard. Il laissa échapper un « Eli… » de lassitude. Pourquoi avait-il l’amer sensation que tout était plus simple entre eux deux lorsqu’ils étaient infiltrés ? Depuis que l’opération avait cessé et qu’ils partageaient enfin des moments ensemble, Ian ne parvenait pas à être lui-même. Il marchait sur des œufs, et il avait conscience qu’Eli agissait également de la sorte avec lui. Depuis le premier jour, elle n’avait jamais osé aborder de nouveau son alcoolisme ou sa mise à pied. Pourtant il continuait de boire. Rapidement la tension devenait palpable, et elle n’avait rien de semblable à celle qu’ils avaient pu éprouver par le passé. Elle n’allumait pas de brasier au creux des reins avec une envie effrénée de se faire l’amour. Il faisait seulement craindre à Ian que les derniers évènements avaient eu raison de cette complicité, et que pour se protéger l’un et l’autre, ils finiraient par se taire sur les imperfections de chacun, jusqu’à ce que ça soit trop dur de continuer … Pourtant ils avaient tant éprouvés cette impatience de retrouver leurs vies, et maintenant qu’ils étaient délestés de leur infiltration, aucun d’eux ne parvenait à être pleinement heureux dans cette histoire. Est-ce que cela provenait encore de l’ombre que faisait planer Toby qui n’avait pas encore été arrêté ? Est-ce que tout se résoudrait entre eux lorsque ce dernier serait finalement enfermé dans un pénitencier haute sécurité ? À certains moments, il parvenait à en douter… Et ça lui faisait mal de penser ainsi. « Donc tu me gardes à l’écart pour que ça ne me retombe pas dessus. J’ai compris » non sans une certaine frustration d’être tenu à l’écart de la sorte. Ils ne pouvaient pas enquêter chacun de leurs côtés … Ian en doutait. Il était cloitré chez lui les deux prochains mois, qu’est-ce qui l’empêchait d’enquêter ? Si Eli l’ignorait, ça ne pourrait pas lui faire de mal, ni à elle, ni à sa carrière. « Donc on attends qu’ils le retrouvent ? ». C’était ça le plan ? Parce que pour le moment, ça ne semblait pas fonctionner. Il sentit cette tension revenir. Celle qui planait, sans jamais éclater. Celle qui lui faisait serrer les dents « Tu peux le dire si je t’emmerde ? » et ferma les paupières avec force, avant de répliquer sans réelle conviction « Pardon… Tu es sur tension et je n’arrange rien… Laisse tomber. Ok ?! ».

« Parce que ce sont deux situations différentes Eli, qui ne sont pas comparables » répliqua-t-il avec plus de douceur tout en caressant son dos. Il n’aimait pas l’entendre tenir un tel discours. Il avait perdu sa plaque pour deux mois. Ça finirait par s’arranger, ce n’était qu’une question de temps. Il sourit en entendant les paroles d’Eli qui se sentait en sécurité en sa présence « Je vais protéger ton corps. Je me charge de l’extérieur et ma queue de l’intérieur ». L’odeur de brûlé permis de faire redescendre la tension entre eux, permettant à Eli de rire de lui. Il revint vers elle après avoir mis la table, entourant sa taille de ses bras. Il avait lui aussi envie qu’ils aient cette vie normale dont ils s’étaient plu à parler quand ils en étaient encore loin. « Et si on faisait le ciné en fin d’après-midi et qu’on allait dîner au restaurant ensuite ? On n’a pas vraiment des plannings chargés et on en a besoin tous les deux ». De se retrouver loin de cet appartement, et dans des endroits qui leur ferait oublier ce qui s’étaient passés ces derniers mois. Il sourit, déposa ses lèvres sur les siennes avant que la jeune femme n’aborde son idée de reprendre le travail. « Parle-lui s’en et tu peux reprendre en travail de bureau dans un premier temps. Je veux dire, avant qu’il t’envoie encore je-ne-sais-où ». Ils prirent ensuite place à table, Ian se complimentant sur ses talents d’homme au foyer, et adressa un bref regard à Eli « Tu sais que c’est une possibilité ». Tout en préparant sa fourchette, Ian revint sur le fait qu’il n’était pas contre l’idée qu’elle passe ses nuits ici, bien au contraire, et porta ensuite le couvert à la bouche, constatant bien vite que c’était brûlant. Il avala une grande gorgée d’eau, souriant malgré tout parce qu’il entendait la belle brune rire aux éclats « Moque-toi ! Mais on verra si tu vas rire autant quand je ne pourrais plus me servir de ma langue » rétorqua-t-il sur un ton taquin. Il souffla sur la prochaine bouchée, avant de froncer les sourcils en remarquant qu’Eli l’observait avec tendresse, et se mit à sourire « Oui, bien sûr » répliqua-t-il avec évidence « Et je t’aime aussi ». Une gorgée d’eau et baissa les yeux aux mots qui suivirent, puis reposa ses prunelles sombres sur cette dernière « Je pense que c’est différent de ce qu’on avait imaginé tous les deux… et ça ne vient pas que de toi… de moi aussi… » et posa son dos contre le dossier de la chaise « J’ai… » comment aborder le sujet « J’ai l’impression qu’on était plus heureux quand on risquait nos peaux à la cellule qu’aujourd’hui… J’ai envie de retrouver ça » et se réavança sur le rebord de sa chaise, saisissant la main d’Eli dans la sienne « On peut être heureux tous les deux, n’est-ce pas ? Parce que j’en ai envie… ».

Au ton employé par Ian, Eli captait bien qu’il désapprouvait. Il y avait une part de vérité dans ce qu’elle venait de dire. Elle ne souhaitait pas qu’il perde son travail. Brennan l’avait dit, la suite de l’enquête avait été confié à d’autres agents. Dont l’un et l’autre ne faisaient plus parti. Lui encore plus qu’elle. Et puis il y avait l’autre partie de la vérité. Elle n’avait pas pensé à envoyer ce putain de sms, ni même à regarder son téléphone. Parce que ce n’était naturelle chez elle d’avoir quelqu’un à prévenir, quelqu’un qui s’inquiète. La seule personne qui le faisait, c’était Brennan. Et elle l’avait appel et vu chez elle ! Eli pouvait parfaitement comprendre qu’Ian prenait cela très mal. Seulement c’était fait. Impossible de revenir en arrière. « -oui. C’est la seule chose qu’on peut faire ! » Ils n’avaient pas été capable de gérer la mission comme il fallait, comme ils le devaient. Alors s’occuper de la suite aujourd’hui ? Ils allaient finit tout les deux à pointer au chômage. Eli avait beau être une grande gueule, elle avait un certain respect pour la hiérarchie et le protocole. Parce que sans la CIA, elle serait en train de pourrir au fond d’une prison… pour le reste de ses jours. « -ne me tente pas. » avait elle répliqué le regard noir. Il était au courant pourtant qu’elle détestait son besoin de surprotection. Pourquoi est-ce qu’il insistait ?! « -tu cherches à ce qu’on s’engueule alors que tu étais flippé pour moi y’a cinq minutes ? T’es sérieux ? » le ton commençait à monter. Ça n’avait rien avoir avec avant. La pour le coup, il lui tapait sur les nerfs. Elle serra les dents. « -ouais… » c’était sans doute mieux.

Ils revinrent à un peu plus de douceur tout de même. « -intéressant comme vision de la protection. » mais le diner était en train de brûler. Un mal pour un bien. Eli décida de laisser tomber ses ressentiments et c’était avec plaisir qu’elle venait de se foutre de la gueule d’Ian. « -ok ça me va ! Faut juste que je retrouve le film… on va pas aller voir un truc si ça t’intéresse pas. » mais elle était contente de cette perspective de sortie à deux. « -oh heu… je n’ai pas du tout envisagé de retourner sur le terrain. Tu peux être rassuré là-dessus. Ma jambe me fait encore souffrir parfois et clairement je pense être à chier à la course… donc ça sera seulement des papiers… » elle ferma les yeux. « -je vais me faire chier… » un sourire avant de rire parce qu’Ian venait de se brûler. « -oh non ! J’avais pas pensé à ça ! » elle rit de nouveau. « -heureusement tu as d’autres atouts… » ils avaient très peu fait l’amour depuis qu’ils étaient devenu ici. Faute à cette putain de douleur à la jambe.

La belle brune reprit avec plus de sérieux cette fois-ci. Elle s’en voulait de ne pas parvenir à vivre pleinement cette vie normale dont ils avaient parlé. Ils étaient ensemble, ils avaient du temps et pourtant… « -moi aussi… sans les emmerdes et le danger… » elle noua ses doigts aux siens. « -moi aussi j’en ai envie. » est ce que c’était possible… ça c’était une question sans réponse. Elle ne parvenait pas à lui parler de l’alcool. Pourtant elle avait senti son haleine en rentrant… Mais elle partait du principe que ça devait venir de lui. Il savait que c’était important pour elle, pour qu’il retrouve également son job. Il lui avait dit qu’il ferait des efforts. Alors elle espérait vraiment qu’il tiendrait cet engagement… pour le moment, elle se disait que c’était seulement un verre ou deux… qu’elle pouvait fermer les yeux. Alors elle se leva sans lâcher sa main, et vient s’installer sur ses genoux, assise en travers. Elle glissa ses bras autour du cou d’Ian et se justifia en souriant : « -je viens voir si ta langue va bien… » un sourire et elle l’embrassa avec douceur, puis avec un peu plus d’envie.

En plus d’avoir perdu sa plaque pour les deux prochains mois, Ian devait accepter qu’un homme dangereux et particulièrement instable prenne pour cible la femme qu’il aimait ?! C’était ce à quoi il était réduit après avoir risqué sa vie durant trois mois ? Rester patiemment enfermé dans un placard, en priant pour qu’aucun malheur ne se produise et qu’ils procèdent à l’arrestation de Toby avant qu’il ne s’en prenne physiquement à Eli… Cette réalité lui déplaisait et c’était mal connaître l’agent que de penser qu’il attendrait patiemment le dénouement de toute cette histoire. Toutefois, s’il évoquait le sujet avec Eli, il savait qu’elle tenterait tout pour le raisonner afin qu’il ne mette pas en péril sa carrière. Mais que pouvait-il faire d’autres que de mener sa propre enquête ? Il ne faisait aucun doute qu’il devrait demander l’aide de Bennie qui risquait d’être réticent aux premiers abords, mais qui finirait par accepter, seulement pour être enfin au cœur d’une véritable enquête. « Très bien. Alors on va faire ça » répliqua seulement l’agent sans la moindre conviction. La jeune femme se doutait bien qu’il n’allait pas s’enthousiasmer à cette idée. Ses muscles dansaient sous sa peau alors qu’il serrait fermement la mâchoire. Il n’aimait pas le ton qu’elle employait, et encore moins le regard qu’elle lui adressait. Il serra davantage les dents pour s’efforcer à ne rien répliquer, et finit plutôt par s’excuser, mais la belle brune renchérissait sans comprendre qu’il tentait d’apaiser, tant bien que mal, les prémices de leur dispute « Parce que je n’ai pas le droit de passer d’une émotion à une autre ? » et finit par lui demander de laisser tomber. C’était ce qu’ils faisaient depuis le début. Ils effleuraient les disputes sans jamais entrer dans le vif du sujet.

Ils parvinrent à revenir à un semblant de conversation plus légère et sourit à la réponse de sa partenaire « Je trouve aussi ». C’était juste avant qu’il ne se précipite jusqu’en cuisine pour sortir le plat du four. Il revint ensuite vers elle, parce qu’ils n’avaient pas finis leur conversation. Eli était fatiguée de tout ça, et voulait retrouver un peu de bonheur. Ian lui proposa donc un restaurant. Elle voulait un ciné. Il opta pour un consensus. Le cinéma en fin d’après-midi et un dîner dans un restaurant de quartier ensuite « Si jamais le film est mauvais, j’ai des idées pour nous occuper jusqu’à la fin de la séance ». Ils devaient profiter de ce temps qui leur était octroyé parce que d’ici peu, Eli retournerait à la CIA, sans pour autant retourner sur le terrain. Elle le lui confirma et ça le rassura. Il n’avait pas envie de la voir partir dans une autre ville, un autre État, sans la moindre nouvelle des mois durant. Pas maintenant. C’était encore trop tôt. Il se mit à sourire « Tu n’auras qu’à m’appeler ou j’essaierais de passer de temps en temps pour t’occuper ». Ils prirent ensuite place à table et la première bouchée lui brûla la langue, ce qui fit rire la belle brune, sans se souvenir que sa langue était importante. Il émit un petit rire. Il échangea un regard complice avec cette dernière « Par chance, la nature m’a doté de doigts habiles et d’une grosse … Tu aimes ? Je veux dire le dîner » tout en réprimant un petit rire amusé.

Mais le sérieux n’était jamais bien loin dans leurs échanges. Eli aurait aimé que leur relation soit différente, plus normale. Lui aussi. Il avait envie de croire qu’ils pouvaient être heureux tous les deux, mais en étaient-ils réellement capable ? Il posa ses yeux sur leurs doigts entrelacés et acquiesça « On va y parvenir…. Faut qu’on y croit », puis non sans esquisser un petit sourire en coin, fronça les sourcils en remarquant que la belle brune se levait pour prendre place sur ses genoux « Elle va parfaitement bien » lui confirma-t-il en lui rendant son baiser qu’il approfondit, cherchant sa langue avec envie. Sans détacher ses lèvres des siennes, il commença à se lever, laissant le temps à Eli de se redresser sur ses jambes, puis déboutonna son jean, et mit fin à leur baiser, en soufflant d’une voix rauque par l’envie qu’il éprouvait « J’ai… J’ai envie que tu me goutes… ». C’était la première qu’il osait formuler une telle demande, mais il avait envie que leurs ébats est le goût d’avant. Avant qu’elle n’ait failli mourir dans cette rame de métro, qu’il ait pris un coup de couteau… Quand ils étaient heureux d’être ensemble.

Ils le savaient l’un comme l’autre, leurs caractères respectifs pouvaient faire des flammes assez rapidement. Sauf que depuis qu’ils étaient ici, chez lui, techniquement en repos et en sécurité, ils n’allaient jamais jusqu’au bout d’une dispute. Un peu comme s’ils avaient peur de se faire du mal ou que l’un deux décident de partir avec ses sentiments sous le bras. Cela n’allumait plus de désir non plus. Les choses étaient différentes et ils en étaient conscient tous les deux. Sauf qu’Eli était fatiguée de tout ça. Elle souhaitait une minimum de bonheur, retrouver un peu de joie aussi. La bonne entente et un semblant de complicité refirent surface assis en face l’un de l’autre. Cinéma et restaurant. C’était décidé. « -oh… j’en viens à espérait qu’il soit bien nul tout d’un coup… » elle était curieuse.

Pour ce qui était de reprendre le chemin de la CIA, Eli fut claire. Pas de terrain. Elle avait lu le résumé de la mission. Elle n’était pas du tout prête à accepter cela. Dans quelques temps peut-être… mais là tout de suite, elle poserait son cul derrière un bureau et rien d’autre. « -tu parles connaissant Brennan il va faire en sorte que je reste occupée. » il la connaissait assez pour savoir qu’elle avait besoin de ça d’ailleurs. Un bel éclat de rire sortie de sa gorge alors qu’Ian se brûlait avec les lasagnes. « -oui je l’aime… beaucoup… » répondit Eli avec une touche de provocation avant d’ajouter : « -et non, j’ai pas encore gouter, ma langue aussi peut-être utile… » à nouveau de la provocation. Ça faisait trop longtemps qu’ils n’avaient pas faire l’amour véritablement. Ce soir, malgré cette putain de carte postale et l’ombre que cela mettait au tableau, Eli avait envie de retrouver Ian dans l’intimité. Vraiment. Ça leur ferait sans doute le plus grand bien.

Mais avant, elle tenta de lui faire comprendre qu’elle tenait vraiment à lui, et qu’elle était désolée si depuis leur retour, tout n’était pas parfait. Elle en prenait la responsabilité. Encore une fois. Un échange de sourire pour confirmation, puis elle vint prendre place sur les genoux d’Ian avec des idées derrière la tête. D’abord leurs lèvres, puis leurs langues… Elle se redressa avec lenteur, priant pour que sa jambe décide de la laisser tranquille. Elle le regarda ouvrir son jean, et vint caresser la belle bosse déjà visible. Un haussement de sourcils face à la demande d’Ian. Elle se rapprocha et souffla un : « -heureusement que j’ai préservé ma langue alors… » avait de lui sourire tout en appliquant un massage sur son membre encore enfermé dans le boxer qu’il portait. « -viens sur le canapé. » ça serait plus confortable pour elle. « -enlève ça… » et lorsqu’il fut assis, dos contre le dossier, elle s’installa entre ses jambes. Elle imprima un mouvement de va et viens, sans pour autant le quitter des yeux et demanda par pur provocation : « -tu en as réellement envie ? » elle sourit puis approcha ses lèvres, les entre-ouvrit avant de de prendre en bouche l’imposant membre d’Ian qu’elle aimait tant. Elle s’appliqua à lui donner du plaisir, durant de longues minutes.

Depuis leur sortie de l’hôpital, tant de choses avaient changé dans leur relation, en commençant par les disputes qui étaient devenues inexistantes. Ils ne confrontaient plus leur point de vue. Ils préféraient passer le fond de leur pensée sous silence pour ne pas prendre le risque de se faire mal. Un choix qui s’était également répercuté sur leur vie sexuelle. Les blessures les avaient contraints un temps à ne plus s’adonner au plaisir charnel, mais depuis, ils ne parvenaient plus à se donner l’un à l’autre comme auparavant. Ils ne vibraient plus à la même fréquence, malgré l’amour qu’ils pouvaient se porter. Ils étaient devenus des funambules avec leur propre relation. Pas d’écart. Pas de haussement de ton. Comme si leur lien était si fragile, qu’un rien pouvait la briser. Seulement, aucun d’eux ne souhaitait cela. Ils voulaient retrouver cette complicité d’antan, renouer avec cette idée de vie normale presque idyllique qu’ils avaient façonné au cours des dernières semaines de leur infiltration. Ils s’accordèrent donc sur une sortie rien que tous les deux le lendemain. Cinéma et restaurant, même si Eli avait oublié le titre du film. Cela n’avait que peu d’importance. Si le film n’était pas intéressant, il saurait comment les occuper jusqu’au générique de fin. Une idée qui séduisait son amante « On peut très bien regarder et s’amuser en même temps ». Après tout, ils pourraient toujours louer le film si jamais ils souhaitaient le voir véritablement. Parce qu’il trouvait l’idée de la prendre dans le cinéma plus qu’excitante et grisante.

Ça réveillait en lui un désir qu’il aurait presque oublié après ces derniers jours, mais ce dernier resta en retrait quand ils évoquèrent le retour d’Eli à l’Agence. C’était inéluctable. Tôt ou tard, elle devrait reprendre du service, mais pour le moment, sa mission se résumerait à de la paperasse « Je viendrais quand même t’emmerder au travail » répliqua-t-il avec un sourire. Peu à peu, l’ambiance s’allégeait. La jeune femme riait en le voyant se brûler la langue avec le dîner, omettant qu’elle appréciait tout particulièrement sa langue, surtout sur son corps, sans parler de ses autres atouts. Il avait les pupilles dilatées par l’envie, il ne la quittait plus du regard. La belle brune jouait et qu’est-ce qu’il aimait ça ! « Elle sera utile. Fais-moi confiance » répondit-il, comme s’il lui faisait une promesse. Ils avaient tous les deux envie d’être heureux ensemble, de mettre ces deux dernières semaines de côtés. Ils s’aimaient et pourtant, ils semblaient continuellement marcher sur des œufs par peur. Aucun d’eux n’avait envie de ça. Tout en l’observant, Ian la laissa prendre place sur ses genoux et d’un simple baiser, ils se retrouvèrent à s’embrasser à pleine bouche. L’agent finit par se redresser sur ses jambes, déboutonnant son jean. Aussitôt, la main d’Eli se glissa sur le tissu de son boxer pour venir caresser son membre tendu. Il laissa échapper un soupir de plaisir, et lui fit une demande qu’il n'avait jamais formulé jusqu’alors. Il voulait qu’elle le prenne en bouche. Ian remarqua sa surprise, et se mit à sourire en entendant sa réponse, le faisant frissonner « Oh Eli… » murmura-t-il, alors qu’elle continuait de jouer avec lui.

Ian se laissa conduire jusqu’au canapé, prenant place sur ce dernier, et retira son jean, puis son boxer pour se retrouver presque à nu devant elle, son membre tendu rien que pour elle. Son regard dans le sien, il bandait rien que pour le regard qu’elle lui adressait en cet instant, provoquant et si délicieux. Quant à la caresse de ses doigts… Il ne pouvait retenir un gémissement, puis esquissa un sourire. Eli était une amante qui aimait jouer, taquine et si sensuelle. « Suce-moi, je t’en supplie Eli » et elle finit par le prendre en bouche. Ian ne put retenir un gémissement plus fort alors que sa tête pencha en arrière. Une de ses mains se posa sur sa tête, ses cheveux se perdant dans ses doigts « Que c’est bon ! Continue… » et gémit de nouveau, puis souffla « Eli… Attends… », posant sa main sur sa joue pour l’attirer à lui, prenant possession de sa bouche, cherchant sa langue si habile, pendant que ses mains la déshabillait avec précipitation. Il se leva du canapé, retira son t-shirt pour se retrouver aussi nu qu’elle. Il se blottit dans son dos, caressant son cou, descendant jusqu’à sa poitrine, et murmura à son oreille « Pose tes genoux sur l’assise et tes mains sur le dossier… Je vais te prendre si fort que tu vas en perdre voix » et embrassa son cou avec sensualité. Ian la laissa prendre place, et entra en elle avec une extrême lenteur « Tu as voulu jouer… Moi aussi ». Il caressa son dos, effleurant sa colonne du bout des doigts sans bouger en elle, se pencha pour faire glisser sa langue sur sa peau, et finit par se saisir de ses hanches, lui faisant cambrer les reins en sa direction. Ian donna un premier coup de rein brutal, s’enfonçant plus profondément en elle, et imprima un mouvement de vas-et-viens profond et presque bestial, entrecoupé de « Que t'es bonne...mon dieu Eli... Tu m’avais manqué, oh putain » et continua, se montrant plus violent, puis finit par ralentir, se rappelant que la jeune femme était encore et toujours blessée, demandant donc « Ta jambe, ça va ? Tu veux que je ralentisse ? » comme un cheveu tombant sur la soupe.