Le cœur continuant de battre à tout rompt, les jambes flageolantes sous l’orgasme foudroyant qu’ils venaient de se donner, Edward ne put que reconnaître que cette femme n’était pas humaine. Jamais auparavant, il n’aurait envisagé vivre une vie sexuelle si débridée et qui ne rencontrait aucune limite, que ça soit dans la manière de se donner à cette femme, que dans sa manière de s’exprimer au cours de l’acte en lui-même. La vulgarité n’avait jamais été un trait de caractère chez le politicien, et pourtant, dans leur intimité, ce langage obscène l’excitait que plus encore ! Un sourire espiègle étira les lèvres de ce dernier « Les deux » rétorqua-t-il tout en décidant de délester Angelica de son chibre. Lorsqu’elle lui fit de nouveau face, il pensa à quel point il la trouvait belle ainsi nue et offerte à lui « Je me languis déjà de te retrouver » lui avoua-t-il. Si Edward la tenait éloigné de sa personne au cours des prochains jours, c’était pour ne pas ternir leur relation. Il laissa couler le gel douche sur ses doigts et se plut à l’étaler sur ce corps qu’il aimait tant. Il se délecta de son rire et lui rendit son baiser « Tu m’as encouragé à me dépasser. Il faut assumer dorénavant Mademoiselle Gordon » déclara-t-il quelque peu taquin. « Tu comprends pourquoi je fais ça Angie ? » et déposa ses lèvres sur le bout de son nez. « Je dois retourner à mes obligations » renchérit-il à contrecœur. Avant de quitter l’eau chaude qui se déversait sur leurs corps étanchés, le politicien glissa sa main sur sa joue pour attirer sa bouche à la sienne et l’embrassa avec sentiments de longues secondes durant.

Comme anticipé par Edward, l’intéressé se révéla particulièrement irascible. Cela ne résultait pas uniquement de l’amas de travail qu’on exigé de lui qu’il ingurgite en quelques jours seulement, c’était notamment le vide qu’avait laissé Angelica dans l’appartement lorsqu’il rentrait au foyer le soir venu, les bras chargés de dossiers. Sa présence lui était devenue indispensable. Toutefois, bien qu’il parvint à s’octroyer le temps d’un message au petit-déjeuner, et le soir, les conversations étaient pour le moins modique, ne suffisant pas à combler le vide qu’elle avait laissé. Toutefois, la défaillance de sa présence fut substitué à un autre sentiment plus désagréable encore lorsqu’Ava pénétra dans son bureau, la silhouette enserrée dans une jupe crayon qui soulignait tout autant sa taille que ses jambes qu’elle croisa élégamment tout en prenant place dans le fauteuil face à lui, déclarant un nonchalant « Cela fait-il longtemps qu’Angie et Adam entretiennent une relation ? ». Une simple question qui poussa Edward à relâcher son emprise sur son stylo Mont-Blanc qui chuta sur les quelques feuilles dressées devant lui. Il releva aussitôt son sombre regard sur son assistante qui se pencha pour se saisir de cette statuette qui trônait sur le bord de son bureau depuis son arrivée et qui avait la forme d’une tête de loup. Un cadeau de sa sœur Iris afin d’imager les propos des journalistes à son encontre. « Tu devrais envisager d’évoquer le contrat avec Adam, afin qu’ils prennent tous deux les mesures nécessaires jusqu’aux élections ». La mâchoire aussi crispée que son corps pouvait être tendu à l’énonciation de cette suggestion pour le moins éprouvante, il rétorqua d’une voix gutturale « Qu’est-ce qui te fait penser qu’ils sont engagés dans une quelconque relation ? ». Ava délaissa la tête de loup pour lui tendre son portable. Il marqua une hésitation et se saisit du petit appareil entre ses doigts pour apercevoir la page Instagram de sa petite-amie, et fit défiler le post d’Angelica, suivit des commentaires ci-dessous… La douleur qu’il éprouva était difficilement définissable : Vous êtes trop beaux ! – Quel beau couple ! – Quelle chance, il est tellement parfait ! – Vous êtes fiancés ? Ce n’étaient que des commentaires éparses, mais suffisamment pour engendrer un amas de sentiments tous aussi déchirants l’un que l’autre… « Je l’ignorais » et rendit le petit appareil à son assistante « Je leur en parlerais ce soir ». Elle renferma le petit appareil de ses doigts et se leva de sa chaise « N’oublie pas que tu es attendu au gala dans une heure ». Edward ne prit pas la peine de répondre, se saisissant de nouveau de son stylo pour apposer péniblement sa signature sur les document « Tout va bien Edward ? » l'interrogea Ava soudainement soucieuse. Sans relever son regard des documents, il lâcha un simple « Parfaitement bien ». Il n’en était rien.

Après l’espèce de dispute de la veille, Angie n’aurait pas imaginé une seule secondes qu’ils fassent l’amour ce matin. Encore moins deux fois et si intensément. Ce second round dans la douche était tout aussi enivrant. Encore plus bestial que dans la chambre. Petit à petit, il se dessinait entre eux une relation charnelle totalement décomplexé. Quelque chose de nouveau pour Angie. Quelque chose qui contrastait vraiment avec la femme qu’elle était. Libre, indépendante, qui respectait son être et son corps. Elle aimait cette femme qu’elle était, et pourtant elle aimait également l’aura dominante d’Edward. Elle aimait sentir ses doigts s’incruster dans sa peau alors qu’il exécutait ses ordres. Qu’il prenait aux pieds de la lettre cette demande si particulière qu’elle lui avait demandé, avec des mots qu’elle n’avait jamais imaginé sortir de sa propre bouche. Et pourtant… pourtant elle s’enivrait de ces paroles crues, cela intensifiait son plaisir. C’était une sorte de liberté également… C’était un peu paradoxale également, mais là tout de suite, elle n’avait pas la moindre envie de s’interroger sur ça. L’orgasme les ébranla l’un comme l’autre. C’était comme si c’était plus puissant à chaque fois qu’ils se donnaient l’un à l’autre.

Angie fut obligée de coller son dos contre la paroi, les jambes tremblantes. Sa relation avec Edward avait réveillé sa libido jusque là en dormance. Malgré ce qui venait de se passer, la décision en demeurait inchangée. Elle désertait l’appartement. Ils se retrouvaient à la fin de la semaine. « -je comprends… » souffla Angie avec douceur. « -ne t’inquiètes pas d’accord ? » ce n’était pas quelques jours qui allaient tout remettre en questions. Il avait besoin de ce temps pour travailler. Il ne souhaitait pas abimer leur relation. Oui, elle comprenait. Elle avait un planning chargé pour les jours à venir. Ça allait passer très vite. Même si ce ne fut pas totalement le cas. La journée oui… les soirées… c’était totalement différent. Angie avait toujours aimé la solitude de son appartement. Mais durant ces quelques soirées chez elle, elle l’avait dérangé. Pesée. Elle n’avait cessé de se demander comment allait Edward, s’il parvenait à dormir un peu.

Angie passa la plus claire de son temps en compagnie de son meilleur ami et d’Adam. La promo du livre était lancé, les photos prisent rendues publiques. Elle n’avait pas envisagé recevoir ce genre de commentaires. Une bonne partie de ses abonnés s’imaginait que c’était Adam l’homme si mystérieux de sa vie. La jeune femme avait programmé dans son esprit, une vidéo pour démentir tout cela et prouver à tous qu’elle ne sortait pas avec l’écrivain. Elle avait répondu à certains de commentaires, avec humour, disant qu’ils se trompaient tous.

Elle n’avait fait que courir… et c’était encore le cas ce soir. Elle avait prévu trois heures pour se préparer, finalement elle n’en aurait qu’une seule. Elle avait prévu de rentrer chez Edward pour se préparer, elle n’en avait pas le temps. Elle fit vite, souhaitant être aussi belle et éblouissante que possible. Sexy également, mais elle savait que la robe ferait son effet. Tout cela uniquement pour Edward, qu’elle avait hâte de retrouver. Par message elle l’informa qu’elle ne serait pas à l’heure, terminant son sms par un : tu m’as manqué. J’ai hâte de te retrouver. Ce qui était la stricte vérité.

Vous êtes trop beaux … Quel beau couple … Les commentaires des followers d’Angelica n’avaient de cesse que d’assaillir son esprit déjà suffisamment torturé par la conjecture de son assistante. Est-ce que la connexion entre l’auteur à succès et l’influenceuse semblait si évidente ?! Dans un soupir de lassitude, Edward ajusta tour à tour son nœud papillon et ses boutons de manchettes estampillés de ses initiales, tout en jetant un regard approbateur à son smoking qui se reflétait dans le miroir face à lui. La sonnerie de notification émanant de son portable l’informa de la présence de son chauffeur au pied de l’immeuble, signant ainsi l’heure de son départ pour le gala qui se déroulait ce soir au Metropolitan Museum of Art de New York. Le politicien était accoutumé des galas de charité. Dès qu’il fut en âge de maintenir une conversation soutenue, il avait été amené à participé à toutes ces réceptions qui se produisaient plusieurs fois dans l’année. Néanmoins, c’était la première fois qu’il s’y rendait avec ce poids sur l’estomac qui ne cessait de croître au fur et à mesure que la voiture s’avançait dans les rues de Manhattan. À maintes reprises, le candidat au Sénat avait envisagé d’informer les organisateurs de son absence. Toutefois, bien que son échange avec Ava avait-il eut été douloureux, il ne pouvait envisage de renoncer sans avoir abordé le sujet avec les intéressés. Égaré dans ses pensées, Edward n’avait pas prit conscience que la berline s’était arrêtée devant l’imposant édifice du XIXème siècle dont l’entrée était bordée par un tapis rouge. Les médias s’étaient volatilisés depuis plus d’une heure maintenant, confirmant qu’il était plus qu’en retard. « Monsieur Wyler, nous sommes arrivés ». Comme sortant brusquement de sa torpeur, le politicien cligna des yeux à plusieurs reprises et adressa un regard à son chauffeur qui semblait soucieux de l’absence de son employeur.

Sans un mot, Edward s’extirpa de l’habitacle pour gravir une à une les marches le menant jusqu’au lieu de réception. Ce soir, le gala avait été organisé en faveur des populations défavorisés du Soudan, pour ce qu’il en savait. Une main dans la poche, le politicien évolua d’un pas assuré tout en cherchant avidement sa petite-amie du regard, comme s’il était pertinemment assuré qu’il parviendrait à la retrouver malgré l’imposante foule réuni entre ces murs. Il interrompit sa marche en la découvrant dans une robe signé Valentino, vert anglais, échancré à la poitrine, dévoilant ainsi une part de sa poitrine. Dans un mouvement, il aperçut également les bretelles épaisses se réunir en croisement dans son dos nu… Elle était magnifique. Toutefois, lorsqu’il laissa ses prunelles azurées s’intéressés à l’individu qui la faisait ainsi rire, son cœur loupa un battement. Adam. Il était devenu omniprésent dans la vie de sa petite-amie et la tournure lui déplaisait fortement. Mais plus encore, il eut ce geste qui le trahissait toujours autant après toutes ces années. Ce petit rire nerveux qui lui parvint alors qu’il se rapprochait pas après pas, tout en venant perdre ses doigts d’auteur dans sa tignasse brune. Angelica lui plaisait … À chaque fois qu’il s’éprenait d’une femme, il répétait inlassablement ce même geste. Probablement que les followers d’Angelica avaient finis par discerner la vérité au travers des clichés, tout fin de compte…

Arrivant derrière eux dans un pas étouffé par le brouhaha ambiant, Edward déclara d’une voix profonde « Est-ce que je vous dérange ? » tout en fixant d’un sombre regard l’écrivain qui se mit à rougir jusqu’aux oreilles face à cette simple interrogation « Edward… On ne t’attendais plus ». Ces quelques mots eurent pour effet de crisper que plus encore le politicien qui serra la mâchoire à s’en briser les molaires « Que dois-je comprendre ? » « Rien… » bafouilla Adam qui reprit « Seulement, tu as plus de deux heures de retard » « Mais je suis là maintenant » clama-t-il avec froideur. « Au même titre que tes parents » l’informa l’écrivain tout en désignant d’un signe de la tête le couple à quelques mètres d’eux, saluant d’anciennes relations d’affaires. « Angelica, tu restes avec Adam » et il entendit ce dernier bafouiller sans qu’aucun mot audible ne s’échappe de sa bouche, attirant sur lui le regard acide de son ami de longue date « Tu as quelque chose à rétorquer Adam ? » « Non… Non. Rien du tout » « Je prétendrais que tu es la nouvelle conquête de notre auteur à succès. Après tout, ça semble si évident pour tout le monde. Pourquoi pas eux ».

Edward lui manquait. Elle avait hâte de le retrouver. Ils ne s’étaient pas vu de la semaine et contrairement à la semaine qu’il avait passé en Italie, ils ne s’étaient pas téléphonés non plus. Il avait du travail par-dessus la tête et il avait décidé d’éloigner Angie afin de ne pas lui faire subir son caractère. Elle avait donc respecté cela, même si sa voix lui manquait terriblement. Elle avait eu du mal à se satisfaire seulement des quelques messages qu’ils avaient échangé. Elle savait que les soirées de gala étaient importantes pour l’image politique d’Edward, alors elle avait prit soin de ses cheveux, de son maquillage, tout comme elle avait prit soin de ne pas froisser sa robe dans le taxi qui l’avait emmener jusqu’au lieu. Elle avait même prit soin d’être ponctuelle, sachant qu’Edward détestait le retard. Bref, elle avait tout mis en œuvre pour que leurs retrouvailles se passent sous les meilleures hospices malgré la fatigue ou les nerfs à rudes épreuves que pourraient avoir Edward après sa semaine.

Seulement les choses ne s’étaient pas exactement déroulées comme Angie l’avait imaginé. Au bout d’une demi-heure à attendre, elle avait décidé de rentrer tout de même dans la salle. Pourtant, elle avait vraiment envie de partir. Rentrer sans lui… c’était compliqué pour elle. Parce que si elle était présente, c’était pour lui, à cause du contrat. Elle espérait qu’il allait arriver rapidement. Malgré une certaine appréhension, Angie afficha un sourire, et évolua au milieu du beau monde. Ce fut un immense soulagement de voir un visage familier dans la foule. Adam était là. Sa compagnie lui parmi de patienter, et d’éviter de faire tapisserie. Il la présenta à quelques personnes, étrangement des personnes qui lui parurent bienveillante et intéressante. « -Adam, j’ai besoin que tu démentisses les rumeurs qu’ont fait naitre les photos de la promotion du livre. » C’était l’occasion d’en parler, ils n’avaient que cela à faire après tout. « -de quoi parles tu ? » demanda Adam qui était, il fallait bien l’avouer, naze sur les réseaux sociaux. Angie avait soupiré en regardant ailleurs, pourtant sa coupe de champagne à ses lèvres avec élégance. « -mes followers sont persuadés que c’est toi l’homme mystère de ma vie. Je ne veux pas laisser la rumeur prendre de l’ampleur. Je ne veux pas que cela fasse du tord à Edward. Tu comprends ? » à force de passer du temps ensemble, ils étaient devenus assez proches et elle était persuadée qu’Adam, en bon romantique qu’il était, comprenait ce qu’elle était en train de lui dire. « -oui, oui bien sûr, je vais le faire. Non mais vraiment, les gens s’imaginent de ces trucs ! » Angie s’était mise à rire : « -il leur en faut peu parfois. » Angie n’avait rien remarqué de ce qui n’avait pas échappé à Edward, qui connaissait Adam depuis tant d’années.

Entendre sa voix grave lui provoqua un frisson. Elle se tourna pour le voir. Il était tellement beau… il avait un tel charme. Une classe incroyable. « -te voilà… » souffla Angie souriant posant une main sur son torse, heureuse de la voir enfin les rejoindre. Mais son regard passa d’Edward à Adam, puis d’Adam à Edward, et elle laissa glisser sa main avec lenteur, reculant d’un pas, ne comprenant pas ce qui était en train de se passer. Elle crut faire une attaque en apprenant que les parents d’Edward étaient présents. Pourquoi Adam n’avait-il rien dit ? Angie se sentit pétrifié sur place en entendant les mots d’Edward. « -pardon ? » demanda la jeune femme, totalement perdu par l’attitude d’Edward. Lorsque la dernière phrase sorite, elle eut la sensation de prendre une gifle. « -Edward qu’est-ce que… » mais elle referma la bouche, serrant les dents. « -la comédie à assez durée. Je m’en vais, puisque visiblement je ne suis pas la bienvenue. » Elle déposa son verre qu’elle n’avait pratiquement pas touchée, sur le plateau d’un serveur qui passait là, et prit la direction de la sortie.