Ethan semble avoir du mal à se calmer... Il répond pourtant à Léo lorsque celui-ci le salue ainsi qu’à sa question sur son programme de la soirée. De la natation, évidemment.

Léo n’a pas le temps d’ajouter quoi que ce soit que son frère quitte la pièce. Toujours pas redescendu, donc... Le garçon soupire, avale sa tranche de pain à petite bouchée puis va prendre la moto (qu’il a fini par s’approprier...) pour se rendre à la fête.

Là-bas, il se fait accueillir par l’hôtesse de la soirée, une pom-pom girl en bikini et paréo.

”Tu dois être Léo. On attendait plus que toi. Bienvenue ! Viens, je te fais visiter rapidement.”

Elle l’entraine alors à travers la maison, jusqu’à sa chambre.

”J'espère que tu n'es pas venu les mains vides.”

Son air en dit long sur ce qu’elle sous-entend. Léo lève les yeux au ciel avant de sortir le sachet de sa poche.

”Tu m’prend pour un amateur ?”

La demoiselle souris, un sourire aussi aguicheur que faux.

”Combien ?”
”20.”
”Le sachet ?”
”La pilule !”  
”C’est super cher !”
”Qualité et effets garantit. Puis qu’est-ce que 20 boxes dans tout ce que tu as déjà dépensé pour cette soirée ?”

Rien qu’en étant passé rapidement sous prétexte de visiter les lieux, Léo s’est vite rendu compte que cette soirée pue autant le fric que tout le reste du quartier...

La demoiselle le fusille du regard puis fini par se diriger vers un sac à main pour en sortir un billet de 20 dollars qu’elle lui tend. Léo affiche un sourire charmeur, glisse le billet dans une poche fermée de sa veste puis sors un cachet du sachet pour le lui donner.

”C'est un plaisir de faire affaire avec toi.”

Il sort alors de la chambre et rejoins le rez-de-chaussée où il se dégote une bière qu’il boit d’une traite. Ca lui avait manqué. Il s’ouvre aussitôt une deuxième et va se caler dans un coin pour observer un peu les lieux. La piscine se trouve dans une véranda attenante au salon. Un DJ gère la musique, le champagne coule à flot en plus des cocktails et des bières, une table croule sous toute sorte de choses à manger et la plupart des gens sont en maillot ou en petite tenue.

Au fil de la soirée, plusieurs personnes viennent trouver Léo pour lui acheter de la drogue. Une des pom-pom l’allume, lui proposant de prendre un cachet avec elle, mais il rétorque qu’il ne consomme pas sa propre came. Il ne fume que de l’herbe, rien de plus. Et il ne boit rien qu’il n’ait ouvert lui-même. Dans le milieu d’où il vient, c’est une règle primordiale. Il est bien trop risqué d’être drogué quand on est revendeur...

Malheureusement, s’il n’a même pas fumé un joint durant la soirée, il n’a pas pris en compte le fait qu’il est quasiment à jeun, et il ne lui faut pas plus de trois ou quatre bières pour commencer à être émécher... et deux de plus pour partir compétemment en couille...

Il a rapidement liquidé son stock. La pom-pom revient à la charge, planant complètement, et il se laisse entrainer avec elle, commençant à boire des cocktails relativement corsés. Il fleurte avec elle jusqu’au moment où il commence à se sentir mal. La tête lui tourne fortement, il a mal au ventre et il ne voit plus très claire. Attrapant une bière au passage (il n’a plus la lucidité nécessaire pour dire d’arrêter de boire...), il va se poser dans un coin pour tenter de reprendre un peu ses esprits. Malheureusement pour lui, Gordon choisit ce moment pour venir faire des siennes. Ce con sait que Léo à blindé de fric sur lui en ce moment même, et il sait ce qui lui arrivera si ce fric disparait. Il commence donc à chercher le garçon qui, faible et n’ayant plus du tout l’esprit claire, le repousse en l’insultant. Une bagarre éclate alors, qui ne dure pas longtemps, Gordon mettant Léo ko d’un coup dans le nez.

- Donnant donnant, connard.

Enervé, le garçon attrape le couteau à cran d’arrêt dans la housse attachée à sa ceinture et se rend alors compte de la présence de son frère. Au sol, à moitié assommé, il le fixe un instant avec surprise.

”Qu'est-ce... qu’est-ce qu’tu fout là ?”

Mais Ethan ne l’écoute pas. Il s’adresse à Gordon, ils échangent quelques mots que Léo ne saisit pas. Le nez en sang, la tête lui tournant de plus en plus, il ne se sent vraiment pas bien. Ethan le relève mais il peine à tenir debout. En fait, il peine même à rester conscient.

Son jumeau et Claude l’entrainent dehors où il vomi une première fois. Il se laisse guidé par son frère, n’ayant plus vraiment la capacité de faire quoi que ce soit par lui-même. Il manque plusieurs fois de vomir en chemin, mais il faut croire que la menace d’Ethan à rejoins son cerveau inondé d’alcool car il se retient...

Lorsque la moto s’immobilise, par contre, il ne se retient pas pour revomir dans un buisson avant d’être entrainé dans un garage où Lydia les rejoins.

”C'est quoi s’bordel... ?”

Les deux l’entrainent jusqu’à une chambre où il s’effondre sur le lit, se roulant en boule. Il a mal au ventre... Mais au lieu de le laisser tanguer en paix dans son malaise, Lydia l’aide à se laver et à se changer. Il doit encore remettre deux fois avant que son estomac ne se retrouve complètement vide et qu’il ne recrache plus que de la bile.

Finalement, il s’endors avec Lydia à côté de lui. Son sommeil est agité et il lui faut longtemps pour réussir à émerger le lendemain. Il ne se souvient pas ce qu’il s’est passé la veille, aussi se demande-t-il où il est, pourquoi il a mal au nez, pourquoi il a une gueule de bois carabinée et, surtout, où est sa veste !

Se redressant d’un bond, et grimaçant aussitôt sous le coup de son mal de crâne et de ventre, il tente tant bien que mal de se lever en observant la pièce pour retrouver sa veste. Lydia n’est plus là, elle a rejoint Ethan qui attend dans le garage.

Léo est en caleçon, mais il s’en fiche. Ne trouvant pas sa veste, il sort de la chambre, tenant à peine debout tant sous les effets encore présents de l’alcool qu’à cause de sa faiblesse physique.

”Y a quelqu’un ?”

Il est où bordel... Essayant de se rappeler de la veille, il aire dans la maison en espérant croiser quelqu’un, ce qui ne tarde pas. Mais au lieu de l’interpeller, la femme descend directement les escaliers, l’air pressé.

"Votre frère est réveillé, monsieur."

Lydia remercie la femme et sort aussitôt du garage où elle était en train d’essayer de rassurer Ethan. Pendant ce temps, Léo a commencé à descendre les escaliers d’un pas peu assuré. Lorsqu’il aperçoit la rousse, il se fige, surpris.

”J’suis où ?”

Ethan arrive derrière la jeune femme, un croissant dans chaque main. La vue de la nourriture provoque un haut le cœur à Léo qui doit s’assoir sur les marches de l’escalier.

Lydia se précipite alors sur lui et pose les mains sur ses épaules.

- Léo, ça va ?

Le garçon voudrait l’écarter, mais il n’en a pas la force. A la place, il répond d’une voix rauque, un bras serré sur son ventre et l’autre main se massant l’arête du nez, évitant la blessure causée par le coup de Gordon.

”Ca va... j’dois toujours cuver... S’est passé quoi ?”

Il tourne les yeux vers son frère, se souvenant vaguement qu’il est venu le chercher à la soirée...

Ethan était en colère… et comme il était en colère, qu’il avait déjà trop mal aux phalanges et qu’en plus il était chez Lydia, au lieu de faire ses nerfs en sport, il préféra manger. Heureusement, il avait pensé à prendre des viennoiseries pour plusieurs… Pour dix personnes. S’il était le seul à les manger, ça ne le dérangerais pas. Il en aurait besoin. Il discutait avec Lydia qui avait fini par se réveiller, alors qu’il fit disparaître les croissants dans ses dents. Vraiment, son frère est un enfoiré. Il avait fallu qu’il se montre devant Gordon pour se prendre une menace et trouver un putain de mensonge pour ses parents. Heureusement pour lui, Lydia était le genre de personne à pouvoir influencer tout le monde. La mère de Lydia avait appelé pour dire qu’après un visionnage d’une série quelconque, le jeune c’était endormi dans le salon et qu’ils n’avaient pas eu le cœur à le réveiller. Qu’est-ce que l’autre abruti aurait fait si Lydia et sa famille n’auraient pas été là ? Il aurait vomi dans les roses de leur mère et ça serait retomber sur lui. Il avait encore un bleu dans le thorax à cause de son père.

Putain.

Il engouffra un nouveau croissant avant de le mastiquer quand ils entendirent la voix de l’employée de maison venu les prévenir. Ethan fit une grimace, signifiant, puisqu’il fallait le décrire « Ce con ». Lydia lui envoya un coup et ils rentrèrent pour regarder Léo dans les escaliers. Lydia fut la première à répondre.

- Tu es chez moi, énonça Lydia avant de sourire, et tu aurais pu attendre que nous montions te voir. Tu n’es pas en état de te lever bel au bois dormant.

Elle rit un peu avant de le rejoindre sur les marches et s’asseoir à côté de lui. Plus inquiète de son état que ce qu’elle ne voulait le faire voir en réalité. Ethan mange un nouveau morceau avant de soupirer quand Lydia lui fit les gros yeux. Quoi ? C’était Léo qui avait bu comme un trou, voir peut-être plus, et qui demander ce qu’il s’était passé. Lui il avait tout vécu.

- Claude nous a appelé pour nous prévenir que mon jumeau était en train de se mettre minable et que ça allait partir en sucette. D’ailleurs, vu que tu as sorti ton couteau pour essayer de planter quelqu’un, je lui donne raison…
- Ethan, le réprimande doucement et sans crier Lydia qui masser la tête de Léo amicalement.
- Quoi ? C’est la vérité. Bref. On est venu te chercher, tu as vomi, deux fois…
- Quatre fois, il a aussi vomi dans la douche, précise Lydia.
- Parfait, j’espère que ta mère n’est pas au courant.
- Elle a demandé à Cynthia de m’aider pour le nettoyage.
- Rappelle-moi de lui offrir des fleurs.
- C’est déjà envoyé chez elle.
- Merci.
- La suite de l’histoire, continua Lydia, c’est qu’on s’est dit que tu préfèrerais éviter ta mère et le père d’Ethan demain matin. Officiellement tu es venu chez moi hier soir pour regarder un film.
- Une série, corrige Ethan.
- Voilà. Et tu t’es endormi, et tu étais si mignon qu’on n’a pas eu le courage de te réveiller quand Ethan est venu te chercher.
- Pas comme s’il y avait une rue à traverser, souffla Ethan avant de se taire sous le regard retord de Lydia.
- D’ailleurs ON est pas venue te chercher, et ON a pas décidé de t’éviter les emmerdes, c’était l’idée et la décision de ton jumeau.
- Lydia !

Ethan lui fit un regard mécontent. Il ne voulait pas dire à Léo qu’il était venu de son propre chef… parce que. Cela lui donne de l’importance, alors qu’on se souvient que c’est lui qui n’a pas voulu devenir son frère. Il s’approche de lui après avoir déposé le sac sur une table à proximité.

- Tu as besoin encore d’un peu de sommeil pour être en meilleur santé, on te ramène dans le lit, tu dors et on verra ensuite, bougonna-t-il en faisant un geste pour s’approcher avant de s’arrêter attendant son aval.

Lydia répond qu’ils sont chez elle, et qu’il aurait mieux fait de rester au lit. Léo secoue négativement la tête avant de se tourner vers son frère. Ethan prend alors la parole à son tour pour lui expliquer la soirée. L’appel de Claude, la bagarre... La façon dont il raconte les choses font serrer les dents à son jumeau qui tente de se rappeler, en vain. Il a sorti son couteau ? Merde... Contre qui ?

La rousse lui masse doucement la tête, ce qui fait plutôt du bien, il doit bien l’admettre.  

Lorsque les deux autres lui annoncent le nombre de fois où il a été malade, dont une dans la douche, il laisse échapper un grognement de honte, le visage dans les mains.

”Meeeerde...”

Il relève alors soudainement la tête et se tourne vers Lydia.

”La douche ?! Comment...”

Il se tourne alors vers son frère, le regard suppliant clairement de lui dire qu’il s’est lavé seul où que son jumeau l’a aidé... Mais Ethan n’était apparemment pas au courant du fait que Léo a vomi dans la douche...

Rougissant, il replie ses jambes contre lui et enfui la tête dans ses bras. Putain la honte...

- Rassures toi, tu étais en caleçon et tu t’es changé tout seul. D’ailleurs, tu peux garder celui-ci, c’est un ancien de mon père.

C’est une blague...  

La rousse continue comme si de rien n’était, comme si le garçon ne venait pas de se prendre la honte de sa vie, pour préciser qu’elle n’avait fait qu’aider à la demande d’Ethan. Léo relève légèrement les yeux par-dessus ses bras pour le regarder. Son jumeau dépose un sac plein de croissants pour s’approcher à son tour, précisant que le garçon devait encore dormir. Mal à l’aise de la situation, il faut plusieurs secondes à Léo pour se décider à se lever, se sentant soudain fort nu dans ce caleçon...

Il n’a jamais été très pudique, pourtant. Il n’a jamais cherché à cacher les cicatrices qui parcours sa peau pâle : coupures de verre, marques de cigarettes, blessures de bagarre de rue où avec son père...  

Mais là, tout de suite, il a envie de se cacher dans un trou de souris...

Un bras serrant son ventre toujours douloureux, il s’agrippe à la rampe en essayant de dissimuler sa gêne. Il ne s’est pas encore excusé ni n’a remercié Ethan et Lydia pour leur aide. Il doit d’abord finir de désaouler, et surtout s’assurer que l’argent est toujours dans sa poche...

”Ma veste... Où son mes affaires ?”

- A laver. Ils devraient bientôt être prêt.

Le garçon blêmi de nouveau. Fait chier... Déjà qu’il déteste qu’on touche à ses affaires mais là...  

Au lieu de monter, il descend en écartant son frère, essayant de garder son calme, ce qui n’est pas évident quand on a encore de l’alcool dans le sang et que la douleur empêche de réfléchir correctement...

Lydia s’est relevée pour le suivre.

- Léo, tu devrais aller te recoucher !

Son ton est ferme. Mais Léo n’est pas du genre à se laisser impressionner, surtout lorsque sa réputation et sa place dans le gang sont en jeu. Il se tourne vivement vers la rousse et répond sur le même ton.

”D’abord mes affaires ! Où sont-elles ?”

Surprise par son acharnement, la jeune femme finit par lui indiquer la buanderie vers laquelle il se dirige d’un pas peu assuré. Une femme est en train de repasser et plier du linge. La veste se trouve sur un ceintre. Léo se rue dessus et vérifie les poches : vides. Commençant à paniquer, il se tourne vers la femme.

”Où avez-vous mis c’qu’il y avait dans les poches ?!”

Il faut un temps à la femme pour comprendre, mais elle finit par montrer une table dans un coin, l’air mal à l’aise. Le couteau et l’argent s’y trouve. Heureusement, il n’avait plus de pilules...

Le garçon attrape vivement le tout et va les replacer dans la veste qu’il enfile sans rien en dessous, cherchant ensuite son pantalon. Lydia arrive et vient lui attraper le bras, mais il se dégage d’un bond. Se rendant compte de son geste alors qu’elle l’a aidé, il soupire et essaie de se calmer un peu. L’argent n’est pas perdu, c’est tout ce qui compte...
Il se masse doucement les tempes avant de prendre la parole.

”J'suis désolé... pour tout... C’était pas prévus...”

Pas prévus qu’il finisse ainsi, non... Il va retrouver son frère, les poings serrés et avec juste sa veste sur les épaules, mais c’est déjà mieux que rien...

”Merci d’être venu me chercher...et désolé d’t’avoir emmerdé...”

Il se tourne à nouveau vers Lydia, qui le regarde d’un air suspicieux.

”Et merci de m’avoir hébergé et couvert...”

Même si cela lui a coûté la honte de sa vie et causé une frayeur sans nom...

La rousse secoue doucement la tête et viens poser une main sur son bras.

- Ce n’est rien. Mais tu devrais vraiment aller te recoucher un peu, tu as vraiment une sale mine...

Et c’est peu dire...

Le garçon se laisse raccompagner vers la chambre, mais en chemin il interpelle son frère.

”Au fait... J’t’ai pas demandé comment allait tes mains après que tu ais défoncé le mur au bowling...”  

Si cela fait déjà cinq jours, il a dû bien se faire mal...
Et dire qu'il ignore le reste...

Lydia eut un petit sourire calme et rassurant. Ouais. La douche. Elle se doutait que ça ne serait pas la partie la plus agréable à apprendre pour le garçon, mais elle n’avait pas eu le choix. Même en caleçon, il sentait le vomi et il n’était pas bien. La douche avait eu la double tache de le réveiller de son état et de le faire sentir bon… même si maintenant sa peau avait la même odeur que Lydia. C’était un savon assez cher qui était acheté depuis la France en grande quantité pour elle. Il sentait l’orange et la lavande. Maintenant Léo aussi. Bref. Elle fit un sourire. Elle lui mentit sur le tout seul, mais il avait bien réussi à changer de caleçon sans qu’elle ne regarde. Elle l’avait savonné, aidé mais elle s’était douté que le reste serait trop pour lui. Ainsi, un petit mensonge n’aurait aucune répercussion. Elle préférait qu’il ne sache pas. Elle avait aidé pour lui venir en aide, non pour le mettre mal à l’aise, et elle ne demandait rien en retour. Lydia était comme ça. Elle ne demandait que rarement quelque chose en retour de ce qu’elle fait… tant qu’on lui pardonnait quand elle faisait sa petite intruse. Elle l’aide à se relever, prêt à l’amener dans son lit pour dormir encore un peu, quand il panique.

Elle et Ethan savaient ce qu’il y avait dans sa veste. Elle lui en avait parlé rapidement pour dire de faire attention, et de donner un porte monnaie digne de ce nom à Léo… mais ils ne s’attendaient pas à une réaction pareil. Si Lydia avait perdu l’argent, elle l’aurait remboursé. Il la laisse faire alors qu’Ethan fit un geste vers Lydia pour exprimer son opinion sur son frère, il était fou. Elle le repousse amicalement avant de rejoindre Léo… qui lui la pousse peu amicalement. Elle reste avec une distance de sécurité ensuite, l’observant en fronçant les sourcils. Elle n’aimait pas ce qu’elle entrevoyait dans sa réaction. Au déjà d’un besoin de possession, qu’elle pouvait comprendre, Léo avait eu peur de perdre l’argent. Pas simplement pour l’argent, mais pour plus. Et ce qu’elle remarquait l’effrayé, elle. Elle posa un regard sur Ethan qui n’avait rien comprit. Il était heureux qu’il soit si transparent, pour qu’elle puisse le protéger du monde.

- On te pardonne.
- Parle pour toi, baragouina Ethan qui avait encore mal à cause de son père.
- Il te pardonne aussi, sinon il ne serait pas venu.

Vrai. Merde. Ethan fit une moue qui voulait clairement dire qu’elle lisait trop bien en lui, et que oui, sinon il ne serait pas là. Lydia dit qu’elle acceptait les remerciements et Ethan resta silencieux sur ça. Il ne voulait pas d’un merci. Il voulait comprendre. L’aidant à retourner se coucher, son jumeau le surpris. Ethan regarda ses mains dont des restes étaient toujours présent. Cependant, ce n’était pas là où il souffrait le plus et le rictus de douleur qu’il fit était visible.

- Je vais bien. J’ai une bonne résistance à la douleur, finit-il par répondre en haussant les épaules d’une manière désinvolte. Aller, au lit. Moi je t’attendrais.
- Tu comptes manger tous les croissants.
- Yep, et ne pas en laisser un seul.

Ils montèrent dans la chambre pour déposer Léo. Lydia proposa qu’il enlève sa veste pour être à l’aise et le dépose sur une chaise, puis elle lui fit un baiser sur le front comme un enfant avant de rire devant sa tête.

- J’adore te surprendre encore, rit-elle avant de partir.

Ethan resta un moment de plus, observant son frère. Il regardait aussi ses doigts dont la souffrance était partie. Avant de soupirer.

- Quand tu iras mieux, je te raconterais plus en détail ta « soirée », en tout cas la fin. Pour le moment, sache que tu es dans le lieu le plus protéger et chaleureux du monde. Personne ne peut te faire du mal ici.

Il tourne les talons et ferme la porte… puis, il s’assoit directement sur le sol. Lydia passa et lui tends de quoi dessiner et manger. Ethan sourit et se mit à crayonner sur le papier blanc. L’image de son frère, miniamiliste certe, mais en caleçon avec simplement une veste sur le dos, la tête inquiète. Il fit d’autres dessins, de Lydia avec son peignoir qui masse son frère, ou simplement d’un croisant qui dit « mangez-moi ». Il continua ça jusqu’à s’assoupir totalement. Il se réveilla en sursaut en sentant Lydia s’assoir à côté de lui. Elle lui tend un sandwich et elle fit un signe pour ouvrir à Léo.

Ethan toqua et laissa son frère se réveiller alors qu’il lui tend une bouteille et de quoi manger. Ethan fronce les sourcils.

- Je vais vraiment finir par te nourrir comme une oie pour le foie gras, tu sais ? Tu manques de graisses et boire en plus le ventre vide ça ne cause que des désagréments. Tu aimes vraiment les fêtes ? Ou tu y vas par dépit ? Parce que si ce que tu voulais c’était te mettre une murge, on aurait pu attendre que mon père s’endormes et commander de l’alcool.

Personne ne disait non à la famille Maguire… même si c’était pour acheter de l’alcool par un mineur.

La rousse lui assure qu’ils le pardonnent, même si Ethan tente de dire le contraire. Il resta également silencieux aux remerciements de son frère.  

Mais lorsque ce dernier demande à son jumeau comment vont ses mains, il finit par répondre, mentant clairement. Il le sait, pourtant, qu’il ne sait rien cacher. Il doit se douter que sa grimace de douleur n’a pas échappée à Léo. Le garçon ne fait pourtant pas de remarques.

”Tant mieux...”

Au moins une chose pour laquelle ils sont pareils...

Ethan assure à son frère qu’il l’attendra et le voilà au lit. Il consent à enlever sa veste avant de se glisser sous les draps et s’assure que Lydia ne part pas de nouveau avec. Elle vient ensuite poser un baiser sur son front. Blêmissant, il la fusille du regard, mais elle rit et lui rétorque qu’elle aime le surprendre avant de sortir. Ethan reste un instant sur le pas de la porte, observant son frère, puis ses doigts blessés, avant de lui assurer qu’il lui racontera la fin de soirée plus en détails quand il ira mieux.

”Merci...”

En vrai, vu ce qu’ils lui ont déjà raconté, il n’est pas certain de vouloir connaitre les détails...

Une fois la porte fermée, Léo la fixe un instant avant de se rouler en boule sous la couette, son estomac se tordant encore de douleur et sa tête le lançant violement. Il lui faut du temps pour réussir à s’endormir, mais la fatigue finit par l’emporter. Ce sont des coups à la porte qui le sortent de son sommeil agité. Il a toujours mal, mais il a tout de même les idées un peu plus claires. Son jumeau lui apporte une bouteille d’eau et un sandwich. Léo vide la bouteille d’une traite mais boude clairement le sandwich. Ethan lui dit alors qu’il va le gaver comme une oie pour le foie gras s’il continue à ne rien manger comme ça. Il lui demande s’il aime vraiment les fêtes où s’il y va par dépit, ajoutant que si c’est tel est le cas ils auraient très bien pu commander de l’alcool une fois son père couché. Léo l’écoute en silence, s’efforçant de contenir les lancements de son estomac. Il mange peu, certes, mais là c’est surtout qu’il n’arrive pas à manger... Depuis qu’il est arrivé chez Catherine, son estomac se contracte dès qu’il mange plus que quelques bouchées. En une semaine il ne doit pas avoir mangé plus de deux ou trois repas complets étendus sur plusieurs jours...  

Ça a été une erreur de boire dans cette situation, en effet... Une erreur qui ne se reproduira pas... Mais reconnaitre que quelque chose ne va pas, reconnaitre sa faiblesse alors qu’il est déjà dans une situation plus que gênante, c’est au-dessus de ses forces. Il attrape donc le sandwich mais à une nouveau haut le cœur. Il le dépose donc loin de lui avant de répondre à son jumeau sur un ton qu’il veut désinvolte.

”J'ai vraiment pas faim là... Et pour c’qui est des fêtes, c’est comme ça qu’on s’fait une réputation. Tu devrais essayer.”

Dans la jungle, il faut se faire une place parmi les animaux les plus féroces... et pour ça il faut se mêler à eux... Et surtout, c’est nécessaire pour le business...

La remarque à son frère n’est pas méchante, c’est juste une constatation.  

”Mais j’prends note sur le fait qu’on peut s’faire livrer à domicile.”

Il affiche un petit sourire avant de s’asseoir au bord du lit. La douleur le plie alors en deux et il ne peut retenir une grimace et un grognement. C’est comme si on tordait son estomac comme un torchon qu’on essor.  

Lydia apparait alors à son tour et vient s’asseoir à côté de lui, une main sur son épaule.

- Ce n’est pas normale que tu aies aussi mal au ventre...

Parce que oui, la rousse est loin d’être bête. Elle a vite cerné le garçon, et pour qu’il n’arrive pas à dissimuler sa douleur c’est qu’elle doit être vraiment forte. Il serre les dents en essayant de prendre plusieurs grandes inspirations, mais un spam le secoue et il recrache l’eau qu’il vient de boire dans un seau laissé à côté du lit. Merde...

- Ethan, il lui faut un médecin...

”Ca va...”

A d’autre...

Fait chier, il ne manquait plus que ça en plus de tout le reste...

Léo essaie de se redresser un peu, sans grand succès. Il reprend alors entre ses dents.

”J'veux pas que Catherine s'en mêle...”

De ses affaires, de sa santé... bref, de sa vie. Il relève les yeux vers son frère, et pour une fois il peut clairement y lire de la peur. C'est très bref, mais bien présent. Le garçon a peur oui... parce qu'il ne comprend pas ce qu'il lui arrive. Il n'a jamais perdu le contrôle à ce point. Il se retrouve faible dans un monde inconnu, et ça le ramène à une époque où il était incapable de se défendre, et ça lui fait peur....

Ethan observe le manège de son frère. Certes, il ne peut pas comparer ses fringales avec l’appétit d’une personne lambda… mais il y avait tout de même un juste milieu. Il passe au-dessus de la question sur les fêtes. Ethan n’a aucune envie de se faire une réputation, ou même d’avoir de faux ami qui le laisseraient vomir sur le sol. Non. La réputation, il le fait en nageant et en boxant. Il n’a pas besoin de fête. Et son frère a vraiment besoin de manger. Il n’a pas fait attention, mais il sait que son frère mange vraiment vraiment moins que lui. Il mange moins au point que l’idée de l’oie et du foie gras se porte dans son esprit. Alors qu’il va pour lui répondre, Léo se plie en deux. Ethan s’inquiète. Il laisse Lydia s’approcher. Il est conscient que son frère préfère la proximité de son ami. Ethan se relève quand elle demande un médecin. Son frère l’arrête et il écoute les paroles de son frère. Il comprend.

- Je vais faire appeler le médecin de ta famille, annonce Ethan en regardant Lydia.
- Je reste là pour l’aider.

Lydia fait coucher Léo, elle l’oblige et essaie de le calmer. Elle masserait bien le corps de l’homme pour essayer de virer le plus de douleur possible, mais elle sait que Léo n’aime pas ça. Elle lui parle calmement de leur médecin de famille. Un homme qui semble fou, un peu bizarre mais diablement heureux. Il fait toujours ce qu’il faut pour le bien des autres. Ethan arrive avec lui, et la mère de Lydia qui rentre dans la pièce.

- Docteur Croal, pouvez-vous faire passer cette consultation pour une consultation pour ma fille ? Nous n’aimerons pas nous retrouver à nouveau avec la famille Maguire.
- Non, dit le médecin en posant un regard transperçant sur Ethan qui se tendit, plus jamais.

Le médecin se souvient de l’unique fois où il a eu un moment avec Ethan et Mr. Maguire. Ce qu’il avait compris ce jour là dépassé la conscience des femmes Martin. Et il compte que ça le reste. C’est la vérité d’Ethan dont il est question. Il fait sortir tout le monde, poussant même Lydia.

- J’ai besoin d’ausculter Mademoiselle Martin loin des regards. Vous me l’autorisez Madame Martin ?
- Bien sûr, fit la mère avant de prendre sa fille et Ethan. Soignez bien ma fille. Elle a beaucoup bu hier soir, mais je pense que sa…
- Chut, je m’en occupe.

Une fois seul, le médecin se rapproche du garçon et commence à vérifier son état. Une fois qu’il eut finit, il prévint que les jeunes peuvent revenir. Il parle à Madame Martin.

- Elle va devoir prendre des compléments alimentaires et se nourrir de soupe. Je pense que le stress des dernières semaines a tendu son estomac, le contractant et lui donnant l’impression d’être remplit. Le liquide permettra de palier à ce problème. Pour les compléments, je les prescrits pour un mois.

Il arrache un papier et le tends à la mère avant qu’il ne parte. Il n’était pas si loin que ça. La mère de Lydia observe le papier.

- Bon, je vais acheter tout ça. Je ferais de la place dans le frigo dehors. Lydia, tu t’occuperas de nourrir ce jeune homme. Ethan, arrête d’être en colère.

Lydia tourne les yeux. Elle voit Ethan tendu avec une colère sourde. Elle s’approche mais il se recule. Ethan sait que c’est de sa faute si son frère a eu mal. Il aurait du faire plus attention. Il le sait. Il lance un regard noir à son frère avant de fermer les yeux et se pincer l’arrêt du nez. La mère de Lydia partit avec le papier et Lydia la suivit avant qu’Ethan ne se retrouve seul avec son frère.

- Catherine n’apprendra rien. Tu peux leur faire confiance…. Je suis désolé. J’aurais du te gaver plus tôt, souffla-t-il à la fin. Tu fais chier aussi !

Ethan prévient Lydia qu’il va faire appeler son médecin de famille. La rousse, elle, reste auprès de Léo, l’obligeant à se recoucher. Il se sent terriblement faible, il n’a plus la force de lutter. Elle le rassure concernant le médecin, qui arrive étonnement vite... ou peut-être est-ce le garçon qui a totalement perdu la notion du temps...

La mère de Lydia est présente également. Elle demande à ce que cette visite soit mise pour le compte de sa fille, et non pour Léo. Malgré son état, leur échange n’échappe pas à Léo, ni le regard que le médecin pose sur son frère. Il tourne également les yeux sur ce dernier, comptant bien revenir là-dessus alors que le médecin fait sortir tout le monde de la pièce. S’il n’avait pas été aussi mal, Léo se serait surement moqué de la situation. Ils parlaient de lui comme s’il était Lydia, c’était du grand n’importe quoi... Mais au moins il n’y aurait aucun rapport médical officiel sur lui qui pourrait revenir aux oreilles de sa génitrice...

Une fois seuls dans la chambre, le docteur Croal s’approche du garçon avec un sourire.

- Alors, jeune demoiselle. Expliquez-moi ce qui ne va pas, pour commencer.

Jeune demoiselle... Léo serre les dents et détourne les yeux un instant avant de se décider à parler, clairement sur la défensive.

”J’peux plus rien avaler depuis une semaine... Dès que j’mange je m’sens mal, voir je remets carrément... J’arrive même plus à boire de l’eau, apparemment...”  

- Et vos excès d’hier n’ont pas dû aider...

Léo roule des yeux en soupirant.

”C’était pas prévus...”  

- Evidemment. Vous permettez ?

Le médecin commence à ausculter le garçon qui doit prendre sur lui pour ne pas le frapper par réflexe. Il n’est pas fan des médecins ou des hôpitaux...

Après quelques minutes, le docteur fait revenir les deux femmes et Ethan pour leur faire son diagnostic. Juste du stress...  

Dans l’intimité, le médecin a également conseillé au garçon de voir un psy. Une réaction pareille est souvent signe d’un mal-être et, si ça peut se soigner avec les compléments, les shake et les soupes, il serait bon de creuser un peu plus le problème. Léo n’a rien répondu. Il sait prendre soin de lui...

La mère de Lydia prend les choses en main une fois le docteur partit. Elle aussi semble bien connaitre Ethan, vu ses mots envers lui. A l’instar de Lydia, Léo tourne les yeux vers lui. Il est prêt à exploser...

Le garçon se prend un regard noir. Les deux femmes laissent alors les frères seuls et Ethan affirme qu’elles garderont le secret avant de s’excuser, disant qu’il aurait dû le forcer à manger plus tôt. Léo secoue la tête négativement, ne relevant pas l’insulte.

”Ca m'aurait juste rendu malade...J’ai essayé de manger, mais ça passait pas... T’y peux rien.”  

C’est lui qui aurait dû s’alarmer plus tôt... Ethan n’aurait pas pu deviner... Mais il ne compte pas rester sur son état plus que nécessaire. Se redressant dans le lit en grimaçant, il pose un regard dur sur son frère.  

”C’est quoi l’histoire avec le docteur Croal ? Il s’est passé quoi avec la famille ?”  

Puisqu’il est obligé de rester là, il doit savoir dans quoi il s’embarque exactement... et même s’il ne dira pas clairement, il s’inquiète pour son frère... Ca ne fait que quelques jours, et pourtant il s’en est passé des choses... et malgré son caractère de merde et sa colère constante, Léo doit bien admettre qu’il apprécie son jumeau, malgré tout...

- J’aurais pu te casser les dents pour te faire boire de force ! explique-t-il sans s’émouvoir de la véhémence de ses paroles.

Son frère ne peut rien manger, et il l’a remarqué ! Il l’a remarqué chaque fois en faisant une comparaison au gouffre sans fond qu’il est, en comparaison à son appétit de moineau. Il aurait du le forcer, ou essayait de faire quelque chose. Il se maudit intérieurement, et ce n’est pas les paroles du garçon qui changeront quoi que ce soit. Il s’énerve tout seul, dans son esprit, avec ses mains qui se contractent sous le coup des émotions. Il insulte plusieurs fois son manque de jugeote alors qu’il fait les cents pas juste pour avoir quelque chose à faire. La question le fige sur place. Il tourne les yeux vers son jumeau, le visage clairement entre la surprise qu’il est remarqué et le refus d’obtempérer. Il reprit ses allers retours jusqu’à revenir proche du visage de son frère. Il le regarde. Il se mord la lèvre et refait un tour.

- Le docteur Croal a été appelé un jour où je n’allais pas bien. Il m’a ausculté et… en gros mon père et lui ça a fait des étincelles. Maintenant, il refuse de retourner le voir et évite d’être au milieu. Donc très franchement, ce n’est pas lui qui viendra trahir le secret médical à Catherine, tu peux me croire.

C’était à l’époque où son père était un peu plus violent. Maintenant, il était plus maintenu. Il ne frappe Ethan que de temps en temps, pour le punir. Il a réussi à diminuer les coups à un par mois, jusqu’à dernièrement, forcément. Un frère qui débarque et le ratio change, puisqu’il se prend les coups que son père ne peut pas donner à celui qui n’est pas son fils. Malgré la violence, Ethan avait conscience que son père l’aime. D’une manière étrange, biaisé par sa propre vie de famille, mais il l’aime. Il ne veut pas que ça se sache pour le protéger. Et le docteur Croal, à l’époque, lui avait dit que ce n’était pas normal. Qu’il devait faire quelque chose. Ethan l’a supplié de ne jamais rien dire, et il l’a fait.

- Tu peux nous faire confiance, on te protègera.

Inconscient de montrer bien plus de détermination que s’il ne parlait que de la maladie. Ethan protègera son frère contre tout. Contre la société, contre l’école, contre son père. Et même s’il doit en souffrir. De toute façon, sauf la natation, Lydia et Malia, il n’a rien dans la vie à quoi s’accrocher.

- Le stress, reprit-il parce que lui était plus inquiet pour son frère que pour lui-même, on peut en décharger une partie dans la boxe ou la natation. Cela tombe bien qu’on a prévu des cours avec les filles, tu ne trouves pas ?

Il prend son téléphone qui sonne. Son père. Quand on parle du loup. Il grimace et réponds tout de suite.

- Nous sommes chez Lydia... Oui. On va bien. Oui. Lydia est un peu malade c'est tout, c'est pour ça que tu l'as vue... oui. Oui. Je n'oublie pas. Ne t'en fais pas. Et il n'y a pas de problème.

Il allait y avoir un problème. Des images de la soirées sont sur les réseaux sociaux, et si son père le voit, il prendrait des coups... Mais il n'y pense pas. Cela ne le dérange plus de prendre des coups pour rester sur les rails. Cela lui permet de rester sur le chemin de la perfection qu'il s'est fixé. Il raccroche.

- Aujourd'hui, on va se reposer ici, reprends-t-il. Je t'annonce juste que la maison de Lydia... elle est pire que la notre. Ils ont une salle de cinéma 4Dx. Rien que ça.

Léo laisse échapper un petit rire suivi d’une grimace à la remarque de son frère sur le fait de lui casser les dents.

”Ouai, j’en doute pas...”  

Le garçon observe son jumeau faire les cents pas pour tenter de se calmer. Il lui donne le tournis, à force... Mais sa question concernant le médecin finit par le figer un instant et Léo soupir de soulagement, qu’il stop en plein milieu alors qu’Ethan reprend sa ronde. Merde...

Léo s’apprête à lui exiger de s’arrêter lorsque son frère s’approche de lui, semblant sur le point de parler, puis reprend son manège.

”Sérieux arr...”  

Mais il n’a pas le temps de finir, Ethan prenant finalement la parole pour lui répondre. La réponse est loin d’être satisfaisante, mais Léo s’en contentera, pour cette fois... Mais il se promet d’observer son frère une fois qu’il sera en maillot pour nager, histoire d’être sûr...

Son jumeau lui assure alors qu’ils le protègeront. Léo n’a pas besoin de demander de qui il parle exactement. Ces mots le figent à son tour. En temps normale, il aurait répliqué avec un sourire en coin qu’il n’a pas besoin d’être protégé, qu’il s’en tire très bien tout seul... Mais là, tout de suite, il garde le silence, fixant son frère d’un regard indéfinissable mêlant stupeur, reconnaissance, colère, honte, ... Il voit la détermination dans son regard à lui, et il finit par baisser les yeux sans un mot. Il n’a pas besoin qu’on le protège, non...

Heureusement, Ethan reprend en amenant le sujet sur la boxe. Léo pince les lèvres à l’idée de boxer sur un ring, mais son jumeau n’a pas tort. Force est de constater que son corps réagit mal à tous ces changements malgré ce qu’il voudrait laisser paraitre, et il ne peut malheureusement pas dire de défoncer la gueule de Gordon dès qu’il a envie de frapper... La boxe avec son frère et les filles est donc une bonne alternative, jusqu’à ce qu’il se fasse jeter pour non-respect des règles...

”Ouai, ça tombe à pique...”  

Le téléphone d’Ethan sonne, la conversation est courte et le jumeau ne laisse pas le temps à Léo de poser de questions, affirmant qu’ils allaient passer la journée chez Lydia. Vu qu’elle doit déjà être bien avancée, ça ne devrait pas changer grand-chose de rester un peu plus longtemps...

Trop mal pour rouspéter, Léo accepte donc sans broncher.  

Les trois jeunes passent donc le restant de la journée à mater un film et à jouer à la console. Léo a été forcé d’avaler un shake nutritionnel, une soupe de légumes verts et des cachets à faire pâlir un octogénaire... La bonne nouvelle, c’est qu’il a réussi à tout garder malgré les contractures de son estomac... Ethan lui a également raconté les détails de ce qu’il a vu et entendu de la soirée, pour le plus grand désarrois de son frère...

Le lendemain, il fuit la maison à peine levé, prenant soin de saluer quand même son frère au passage, mais Lydia l’attend déjà devant le portail avec un shake et ses cachets qu’elle l’oblige à prendre. Elle lui tend également un thermos de soupe pour le midi et une boite avec d’autres cachets.  

- Malia me préviendra si tu ne les prends pas, sache-le !

Magnifique... le voilà materné comme un gamin de cinq ans... Tout ce qu’il aime...

Heureusement, au lycée, la soirée du samedi à grandement fait monter sa quote de popularité, malgré l’altercation avec l’autre crétin. La pom-pom girl avec qui il a flirté viens minauder quelques minutes auprès de lui avant les cours, le questionnant sur sa vie à New-York et sur son lien avec Ethan. N’ayant pas envie de lui expliquer le pourquoi du comment, il répond simplement qu’ils sont des faux jumeaux qui ont été séparé à la naissance. La fille fait mine d’être outrée par la possibilité de séparer des frères à peine nés. Son jeu sonne tellement faux qu’il redonne la nausée à Léo...

Les jours qui suivent passent et se ressemblent tous. Les frères et leurs deux amies s’arrangent des séances de boxe où Lydia surprend grandement Léo. Celui-ci peine à réfréner ses frappes neutralisantes, mais face à la rousse il se rend vite compte qu’il n’a pas trop à s’inquiéter car elle le pare sans trop de difficulté.  

Le garçon a également pu observer son frère en maillot et a remarqué le coup sur sa poitrine. Depuis, il vérifie régulièrement qu’il n’a pas de nouveau coups, auquel cas il se fera un plaisir de confronter le paternel pour lui remettre les idées en place.  

Les samedi soir sont consacré aux soirées. Toujours au régime liquide, Léo ne boit plus afin d’éviter tout nouveau risque de confrontations. Un mois passe ainsi sans que rien de probant ne se passe. Le garçon commence à avoir des demandes en dehors des soirées et doit donc composer avec Gordon plus régulièrement qu’il ne le voudrait, il apprend la musique à une vitesse fulgurante, les shakes, soupes et compléments lui font reprendre un peu du poil de la bête et la boxe le défoule juste ce qu’il faut. Une routine s’installe durant laquelle les deux frères s’apprivoisent peu à peu, ce qui semble calmer son estomac et lui permet de manger un peu plus que quelques bouchées par repas.

Sa part des ventes est soigneusement rangée dans la boite à code désormais cachée sous la dalle de l’appui de fenêtre de la chambre où il dort. Ce n’est pas encore sa chambre, non... S’il commence à prendre plus ses aises dans la maison, il n’accepte toujours pas sa situation. Sans Ethan et les filles, il aurait probablement fugué depuis un moment...  

Six semaines après son arrivée, il pourtant réussir à se faire une place dans la jungle du lycée. Tout aurait été au mieux, sans cet abrutit de Gordon dans le décor...

Leur étrange relation fonctionnait bien. Entre Lydia qui s’occupait de la nourriture, Malia qui vérifiait l’absorption de la nourriture et Ethan qui le surveillait pour ne pas avoir de conséquence de sa soirée, ils avaient commencé à avoir une espèce de « routine » de protection. Qu’il le veuille ou non, Léo n’avait pas le choix d’être entourer par les personnes qui s’inquiète pour lui. C’était comme ça que ça fonctionnait… Entre les cours, le boxe, et le nourrissage du petit poussin. Ethan ne revient pas sur tout ça. Le stress pouvait faire des choses toujours plus étranges à un corps. Il savait qu’il aurait du faire différemment… peut-être être plus ouvert à l’arrivé d’un frère inconnu ? Il ne sait pas. Il se posait beaucoup de question sur ses réactions, et il gambergeait sur toute la situation.

Léo et lui étaient deux droites parallèles dans ce monde, de chemin toute tracé… sauf qu’en réalité, ils n’étaient pas si parallèles que ça puisqu’ils s’étaient, un jour, croisés dans le ventre de leur génitrice. Ils étaient liés l’un à l’autre et continuer de voir leur deux mondes dissociés n’était pas l’idée la plus brillante. Il passa un moins à réfléchir à cela. Il laissait une grande liberté à son frère, et comme aucune vague n’était faite son père ne vient pas lui en reparler.

Jusqu’à ce jour-là.

Dans un futur proche, quand les émotions auront été aplanit pour parler plus posément, on parlera de ce jour-là comme d’un  carrefour de vie. Le moment où ce jour-là aurait pu terminé très mal… et il avait bien terminé pour un pas vers la compréhension.

Il était Jeudi midi. Le soir même, Ethan allait avoir son examen pour savoir s’il pouvait être pris dans l’équipe olympique junior. Il en tremblait. Il voulait en faire parti plus que tout au monde. Il avait même un peu délaissé la salle de boxe pour ne passer que son temps dans l’eau. Il ne savait pas que son jumeau avait prévu une fête le vendredi soir, puisque leurs tuteurs (père de lui, mère à eux) n’étaient pas là. Pour le moment, il n’était que tant de se nourrir. Lydia, Malik et lui étaient en train de manger tranquillement, bien que Lydia fit un sourire à Malia qui se trouvait au côté de Léo. Malia fit un hochement de tête et tendit à nouveau une boisson énergisante à Léo. Il était vraiment protégé. D’un coup, il eut une sirène.

Malia soupira. Elle n’aimait pas ce moment là. Elle avait toujours l’impression qu’une pancarte était écrite sur son dos. Elle laisse son plat et elle se tourne vers Léo, il ne devait pas connaître cette sirène. Elle lui explique.

- C’est l’annonce qu’une descente de police va avoir lieu. La police et les riches, ça dépends des moments leur amitié. Parfois, ils ferment les yeux, parfois non. Là, ils vont faire venir la brigade cynophile pour vérifier qu’il n’y a pas de drogue ou de stupéfiants dans le lycée. Il faut rejoindre nos casiers.

Dans le couloir, tous étaient déjà aligné. Malik avait du mal à supporter le son, sur le sol et se tenant les mains. Lydia essayait de le calmer en protégeant sa tête des coups qu’il essayait de se donner contre les casiers. Ethan était à côté, lui aussi. La police arrive et la sirène se stoppa.

- Tous les trois, hurla l’homme, debout.
- On arrive, répondit Lydia en posant une main sur le bras d’Ethan pour qu’il se calme.

Malik était en train de faire des mouvements d’avant en arrière, les yeux dans le vague mais apeuré, comme s’il ne voyait plus que le noir et qu’il ne savait plus où regarder. Lydia fit son possible pour se mettre dans son champ de vision. Il pleurait de frustration et se tapa le crâne avant qu’elle ne se mette à nouveau à protéger les coups.

- J’ai dit « debout », sauf si vous voulez m’accompagner au poste.

Ethan allait le frapper, cela se voyait à sa manière de se tendre et se positionner. Il n’aimait pas les personnes intolérantes au malheur des autres. Cela le faisait chier. Il allait le frapper, donc… mais Madame Garden, l’infirmière de l’école, arriva en courant. Elle se plaça à la place de Lydia et lui dit de prendre sa place. Lydia prit la main d’Ethan pour se mettre devant leur casier et attendre. Plusieurs fois, ils entendirent les chiens reniflés et trouver des petites pilules… mais une pilule ne faisait pas une drogue. Bien qu’elle soit confisquée personne n’était arrêté. Comme à chaque fois. Ethan posa un regard sur son frère et Malia. Tout allait bien. Malik se fit lever et prit en charge par l’infirmière qui jeta un regard noir au policier qui avait malmené ce garçon. Ethan n’avait jamais su si c’était parce qu’elle l’appréciait réellement, ou parce qu’elle savait que ses parents étaient plus puissants que ce qu’elle ne sera jamais… Les chiens passèrent le long des corps et des casiers. Jusqu’à ce qu’un chien se mette à aboyer sur un casier.

- À qui appartient ce casier ? demanda le policier, menaçant, vers le directeur qui vérifia les numéros.
- Léo Collins-Maguire, répondit-il en rajoutant de lui-même le second nom de famille pour essayer d’apaiser la situation.
- Lequel est-ce ?

Malia attrapa la main de Léo machinalement avant de le regarder avec effarement. Lydia et Ethan au loin n’étaient pas mieux en termes de surprise. Un policier attrapa le garçon et lui mit les menottes sans attendre.

- Non ! Ce n’est pas possible, Léo ne fait pas ça, fit-elle, totalement inconsciente que si.
- On a la preuve, répondit le policier en sortant un sachet, certes petit, mais remplit de pilule.
- Mon frère ne vend pas de drogue ! riposta Ethan. Il attrapa l’épaule du policier pour qu’il arrête d’emmener son frère.
- Si vous vous interposez, vous serez arrêté vous aussi !
- Il n’a rien fait !

Malia, derrière eux, secoua la tête. Elle avait compris que Léo vendait de la drogue depuis un moment. Même si discret, elle avait fini par faire un plus un avec sa réaction sur l’argent dans sa poche… Cependant, elle n’en avait rien dit à personne pour le protéger… espérant qu’il arrêterait. De plus, elle ne le croit pas capable d’être aussi bête pour garder la drogue à l’école. Elle prit la main d’Ethan qui allait reprendre pour défendre son frère.

- Laisse-le. Appelle ton père.

Ethan blêmit très clairement. Il n’avait aucune envie d’appeler son père. Il allait lui foutre la poisse pour ce soir… Mais il n’avait pas le choix. Il tourna les talons, frappa dans un mur à s’en fendre les phalanges, figurativement puisqu’il ne pourrait pas nager les doigts cassés, et appelle son paternel. Pour lui, son frère était innocent, et ça se lisait sur son visage. Il l’innocenterait ! Pour sûr. Il ne se doutait juste pas que ça allait lui retomber dessus dans très peu de temps…