Ce vendredi-là, Léo avait prévu une soirée piscine, profitant de l’absence des adultes pour le week-end et voulant fêter la réussite de son frère, dont l’examen était le jeudi même. Les pom-poms girls venaient le trouver tous les matins pour lui exprimer leur hâte de découvre enfin la maison Maguire. Ce matin-là, Kathleen, celle qui avait flirté avec lui lors de sa première soirée désastreuse et ne le lâchait plus vraiment depuis, posa même un baisé sur sa joue avant de lui tourner le dos en gloussant.  

Les filles...

Sur la pause de midi, le garçon mangeait comme d’habitude avec Malia qui s’assurait qu’il se “nourrissait” bien sur ordre de Lydia. Si n’importe qui d’autre lui aurait forcé la main, il aurait fini par sévir, mais jamais il n’aurait levé la main sur les deux femmes, ni sur son frère, ou en tout cas pas en dehors du ring. C’est donc avec une résignation évidente qu’il prend la boisson que Malia lui tend.

A ce moment, une sirène retentit. Léo pense d’abord à un exercice incendie, mais la brune lui explique rapidement que ce n’est pas ça. Surpris par le fait que mes flics fassent des descentes même dans un lycée de richards, Léo rejoins les casiers en se félicitant de n’avoir rien sur lui cette fois-ci. Il a tout gardé dans la chambre en prévision de la soirée.

Lorsque Malia et le garçon rejoignent le couloir, Lydia, Ethan et Malik sont déjà là, et Malik est clairement en crise. Un des flics, apparemment pas attendrit pour un sou par la situation ou le statut sociale des élèves, enjoins aux trois de se relever. La rousse tente de calmer Malik, en vain, ce qui échauffe le flic, et Ethan... Voyant son jumeau prêt à frapper et sachant pertinemment que ce n’était pas une bonne idée pour lui de cogner un connard de flic maintenant, Léo s’apprêta à le stopper, mais l'infirmière interviens avant lui, permettant ainsi à Lydia et Ethan de rejoindre les rangs et prenant Malik en main.  

Serein, Léo attend que la fouille passe. Sauf qu’au moment où les chiens passent devant son casier, ils aboient. Le casier est aussitôt ouvert alors que le connard demande un nom au directeur qui cite celui de Léo. Il ne réagit même pas au fait qu’il ait ajouté “Maguire” après son nom, trop choqué par ce qui se passe. Comment... Il n’a jamais laissé de drogue dans son casier, c’est impossible...

Il sent Malia lui serrer la main avant d’être tiré par l’un des policiers qui lui passe aussitôt les menottes. Les yeux ronds, il regarde le sachet de cachets sans comprendre alors que Malia et Ethan tentent de le défendre. Lorsque le flic menace son jumeau, Léo réagit enfin.

”C’est pas à moi !”  

- Ouai ouai, c’est ce qu’ils disent tous.

Le garçon se fait pousser sans ménagement alors que Lydia retient Ethan. Comprenant sans peine qu’il a été piégé, il cherche Gordon des yeux. Ce dernier se trouve un peu plus loin, un sourire mauvais au coin des lèvres. Il le paiera cher, Léo le jure...

Le garçon est emmené au poste et mis en cellule. Le fait qu’il soit mineur ne change rien. Le connard semble avoir une dent contre les bourgeois, et le fait qu’il savoure l’instant se lit clairement sur son visage satisfait. Gordon à bien préparé son coup, l’enfoiré... Parce que oui, Léo est sûr que c’est lui qui a fait le coup. Il n’a jamais laissé de pilules dans son casier et, s’il en avait eu sur lui, il s’en serait débarrasser discrètement en rejoignant le couloir. Il sait comment s’y prendre, il fait ça depuis assez longtemps...

La surprise passée, le garçon est resté d’un calme impressionnant, jurant simplement, et sans mentir, que ces pilules ne lui appartenaient pas.

En fin d’après-midi, un flic vient ouvrir la cellule.

”Maguire, t’es libre...”

Léo fronce les sourcilles sans comprendre, mais le flic insiste. Il l’a appelé Maguire, pas Collins... Qui d’Ethan ou du paternel est intervenu dans cette histoire... ? En sortant, il voit le connard lui lancer un regard noir. S’il avait pu utiliser son arme contre lui, il l’aurait fait...

Dehors, le chauffeur de la famille Maguire l’attend pour le ramener. Sur son portable, qu’on lui a rendu en même temps que le reste de ses affaires, même s’ils ont hésité pour le couteau..., il voit un appel de Catherine. Il hésite une seconde avant de la rappeler. A peine une sonnerie et elle décroche en feintant une panique et une inquiétude maternelle digne d’une grande actrice.  

“Tu vas bien ? Ils t’ont bien traité ? Ton père est intervenu pour t’innocenter et il compte bien faire le point sur cette histoire ! On ne peut malheureusement pas rentrer maintenant mais dès lundi le lycée et la police auront à faire à nous !” Et blablabla, et blablabla...

Léo la laisse parler en laissant le téléphone sur haut-parleur à côté de lui, l’esprit concentré sur Gordon et sur comment lui faire payer sans que ça ne lui retombe dessus. L’enfoiré a piétiné le code d’honneur en voulant faire passer ça pour de la bêtise de sa part. Il va le regretter amèrement...

Arrivé à la maison, Léo se rue sous la douche, non content de se débarrasser de l’odeur de la cellule.

Il n’a qu’une envie ensuite, c’est d’aller se défouler sur la batterie...

- Ethan Quinton Maguire, tu vas te calmer !
- Me calmer ? LYDIA ! Il a été arrêté. Il va finir en prison et mon père refuse de l’aider.
- Arrête, ta mère ne supportera pas de laisser un fils en prison, tu le sais.
- Il faut le sortir de là, Lydia. Il n’a rien fait. Il ne deal pas !

Lydia fit une moue alors que Malia, présente aussi, avait la même détermination dans les yeux que l’unique garçon de leur trio. La rousse préféra ne rien dire. Elle pinça ses lèvres et regarda ailleurs. Léo n’avait peut-être pas été arrêté pour une bonne preuve, mais il avait été arrêté pour une chose dont il était coupable. Elle ne pouvait pas le dire à Ethan et à Malia. Les deux étaient prêts à partir en croisade. Elle arriva à se mettre sur le chemin des milles pas de son meilleur ami et elle lui attrapa le visage.

- Tu vas m’écouter… et toi aussi l’inquiète de service, rajouta-t-elle à l’encontre de Malia en lui claquant les doigts devant les yeux, tout va bien se passer. Si ton père ne fait rien, je m’en mêlerais. Pour le moment, toi…, tu vas nager. Et toi, tu vas travailler.
- Mais…, commencèrent les deux en même temps.
- Mais rien du tout ! Léo ne voudrait pas que tu pertes ta chance pour les olympiades, ou toi ton travail, pour quelque chose qu’on ne peut gérer.
- Mais…, reprirent-ils.
- Vous n’allez pas me chauffer tous les deux !

Elle finit par avoir gain de cause. Malia partit pour travailler, avec la promesse de Lydia de lui dire toutes les choses qui vont se passer pour la suite. Une promesse solennelle. Malia passa même faire un câlin à Ethan pour le soutenir avant de disparaître. Ethan, lui, se permit de se préparer. Dans le vestiaire, il ne parlait à personne et ne voulait pas qu’on lui adresse un regard. Il était sur le fil du rasoir. Son entraineur s’approcha pour parler de l’examen. Il comprit tout de suite que son poulain était dans un tel état qu’il ne l’écouterait pas… mais il n’aura pas besoin de conseil.

Pendant l’examen, Ethan nagea sans y penser. C’était le mieux pour lui. Il nagea pour expulser sa frustration. Il nagea en maudissant la vie, le monde, son frère, Lydia, Malia, la natation même. Il avait besoin de s’échapper, de courir, enfin, loin de tout ça. Loin de toutes ses contraintes. Il nageait rapidement. Il voulait venir le plus vite possible au but. Il nageait. Il attrapait l’eau. Il frappait la surface liquide en imaginant battre une entité plus puissante. Il prenait le corps, il voyait la natation comme un combat. Il allait gagner. Il finit les 200 mètres en un temps record. Son corps tout entier parcouru de tremblement de colère qu’il n’arriva à retenir. Il attrapa le bord, il remonta à la surface, il respira. Il enleva son bonnet, un bonnet au point vert sur fond rouge. Il respira. Son entraineur arriva pour le féliciter. Il avait fait le meilleur temps de tous les participants, et de loin. Il avait explosé son propre record de vitesse. Pour l’entraineur, il n’y avait pas de soucis, il gagnerait sa place.

Malgré tous les sentiments mauvais dans son cœur, il était heureux. Il prit son coach dans les bras. Il fit un large sourire. Il était heureux. Même si son entraineur lui disait d’attendre le lendemain. Il envoya la bonne nouvelle, théorique, à Lydia. Elle lui répondit pour son frère. Une fois à la maison, il cherche son frère et avant qu’il ne puisse dire quoi que ce soit, Ethan le prends dans ses bras. Léo allait se mettre à la batterie pour se défouler. Ethan comprenait. Il le tient contre lui.

- J’ai fait le meilleur score de tous les temps et tu es sorti de là. Je me doutais que tu n’avais rien à voir avec cette histoire de drogue. Si Lydia ne nous avait pas retenus, on serait venu te chercher de force avec Malia ! Mais tout fini bien tu es innocenté. Même si mon père risque de me juger coupable de toute cette histoire, ce n’est pas grave ! Je vais m’entrainer. J’arrive presque à plus t’en vouloir de m’avoir abandonné !

Oui, alors même qu’il était déjà tremper de son examen, il se remit en maillot pour nager dans sa piscine. Il y avait une chose pour laquelle son entraineur se tromper lourdement. Le moteur d’Ethan pouvait être la colère, certes. Mais il était encore plus efficace quand il était parfaitement heureux. Cependant, ce soir-là, personne ne pu le voir car il n’y avait aucun chronomètre ou examinateur pour le voir, juste lui et l’eau qu’il caressa pour se pousser en avant. Il allait être prit pour les jeux olympiques. Il serait un nageur professionnel. Il allait vivre une vie bien plus heureuse. Enfin. Parce qu’il sera là où se trouve sa place.

Le lendemain, alors qu’il était en train de partir pour les vestiaires, il se fit appeler par son coach. Il allait donner les résultats sous peu. Mais son coach l’obligea à le suivre sans avoir les noms des nageurs. Le coach s’assit sur le bureau, posa sa main sur son visage pour en secouer la peau.

- Tu n’as pas été choisi, Ethan.
- Pardon ? Mais pourquoi ? J’ai eu le meilleur score…, vous… vous aviez dit que j’ai fait le meilleur score !
- Et tu l’as fait…., reprit-il aussi désabusé que son élève.
- Et alors, pourquoi ne suis-je pas choisi ?
- Parce que l’examinateur a appris que tu avais eu des démêlés avec la police.
- Je n’ai eu…
- Ton frère, le coupa-t-il. Ton frère a été pris pour possession de drogue.
- C’était un coup monté !
- Ils ne veulent pas prendre le risque.

Ethan sentit sa colère augmenter, rapidement. Comme une voiture de courses passe de zéro à cent, en quelques minutes, il sentit sa rage explosé. Il donna un coup dans le mur, ses doigts craquèrent. Il sentit ses os se briser. Et au lieu de s’arrêter, il continua à frapper dans le mur. Une tache de sang se fit. Le coach ne s’approcha pas.

- Je suis désolé.

Mais c’était trop tard. Ethan voyait rouge. Il sortit du vestiaire, tout le monde était bien conscient que le fait qu’il ne soit pas dans les choix n’était pas normal. Si une personne devait pouvoir réussir, c’était Ethan. Quand on essaya de lui parler, de lui présenter ses excuses, il ne retient pas le poing qui percuta un nez. Puis, il sorti. Il trouva Gordon qu’il cogna aussi. Et trouva son frère dans la cafeteria, avec Malia. Même ça. Son frère allait lui prendre la fille qu’il aime, en plus de lui prendre sa passion, en plus de lui prendre sa vie. Il n’était pas venu pour être un frère, il était venu pour lui briser. Il attrapa son frère par le col et le frappa. Il se mit sur lui pour le battre. Son frère n’était pas un petit joueur, pour s’être battu à la boxe avec lui, Léo prit plusieurs fois le dessus alors qu’on leur demanda de se séparer. Léo cognait aussi même s’il y avait la surprise et la rage en moi que pour son frère. Alors qu’Ethan reprit le dessus, le frappa. Lydia s’approcha. Elle se prit un coup dans le nez.. Mais Ethan ne remarqua pas cela, alors que des gouttes de sang coulèrent. Il fallu qu’elle se fasse frapper deux fois de plus pour arriver à le repousser.

- Arrête Ethan. Il est innocent.
- Innocent ? Innocent mon cul ! hurla-t-il alors qu’elle essaya de le toucher.

Il se recula d’un mouvement ample, observant sa meilleure amie, puis son frère.

- Tu vas prendre sa défense ? Même toi je te perds à cause de ce parasite qui n’a jamais dégainé être mon frère avant d’avoir besoin d’un toit ?
- Arrête ! Je crois qu’il n’était même pas au courant, il n’a jamais eu la lettre.
- C’est facile à dire. Par sa faute, je perds mon rêve. Ne me touche pas ! Je me casse.

Et il le fit. Il partit en courant. Il partit longtemps. Il partit en étant une boule de colère. Il finit proche de l’océan pour nager et se noyer dans les vagues. Il venait de tout perdre. Malia s’était, elle, approché de Léo dès qu’il avait été séparé, repoussant le garçon pour qu’il ne retrouve pas à la charge. Quand une Lydia, le nez en sang et un œil au beurre noir, se tourna elle finit par demander.

- Mais qu’est-ce qui lui prends ?
- Il a été refusé à cause de toi.
- Comment ?
- Le responsable des nageurs olympiques juniors a entendu parler de ton arrestation, et il ne veut pas prendre le risque d’un lien entre un nageur et un dealer de drogue. Même si tu as été innocenté.

Elle plonge sans regard dans le sien pour lui dire tout ce qu’elle pense de lui. Pas un jugement de valeur, non pas du tout… C’était un simple avertissement. Si une rumeur peut faire ça, alors qu’est-ce que ça pourrait faire la vérité. Elle finit par lui tendre sa main alors qu’une grosse goutte de sang tomba. Malik s’approcha avec un torchon en la regardant.

- Je vais bien, Malik. Juste un peu de sang. Je vais amener Léo avec moi à l’infirmière.

Elle l’attrapa par le bras et elle poussa vers l’infirmerie. Ethan ne reviendra pas tout de suite de toute façon… et que dire de ce sentiment doux-amer à sa déclaration…parce qu’en effet, elle avait commencé à s’en faire plus pour la douleur de Léo que celle d’Ethan. Trop habitué qu’elle était à ce qu’Ethan soit blessé. Ethan ne reviendra que dans la soirée, elle pouvait le parier. Parce qu’il allait se calmer et venir.

Alors que Léo s’apprête à s’installer derrière l’instrument, son frère débarque dans la pièce et le prend dans ses bras avant qu’il n’ait pu dire quoi que ce soit. Il débite alors un flot de paroles que le garçon ne comprend qu’à moitié. Bras ballant, il doit se faire vilence pour ne pas repousser son jumeau, mal à l’aise tant à cause de l’étreinte qu’à cause de ses mots. S’il savait... Mais il n’a pas besoin de savoir... Ce monde-là n’est pas le sien, il n’a pas besoin de s’y frotter...

Léo se force à sourire. Cette histoire est loin d’être réglée, mais Ethan parait si heureux, pour une fois... il n’a pas le cœur de le lui dire.

Silencieux, il regarde son frère, rayonnant, sortir pour aller nager. Abandonné ?

Mais si ce terme retient brièvement son attention, son esprit est totalement ailleurs, aussi ne s’y attarde-t-il pas. Un sentiment de culpabilité l’envahi alors, du fait de mentir à son jumeau, surement... Mais c’est pour son bien...

Le garçon finit par s’asseoir à la batterie. Il y déverse toute sa rage envers Gordon, ce petit con qui à provoquer tout ça. Car si pour Ethan tout va le mieux du monde, Léo, lui, sait que ce n’est pas terminé...

Le vendredi, à peine gare-t-il sa moto que Malia lui saute au cou.

- Je savais qu’ils ne pouvaient pas te garder !

Ça va devenir une habitude ou quoi ? Pourtant, cette fois, le garçon s’autorise à lui rendre son étreinte.  

A l’intérieur, la secrétaire vient le chercher à son casier pour l’emmener dans le bureau du directeur. Elle a le même air satisfait que le flic de la veille...

- Monsieur Collins-Maguire.

”Collins !”  

Le directeur le foudroie du regard, mais Léo le soutiens avec défi. Il n’est pas un Maguire !

- Vous êtes mal placé pour faire le malin, jeune homme. Si la police vous a relâché, vous êtes loin d’être innocenté dans cette histoire de drogue.

Ça, il le sait...

- Mais si vous avouer et que vous nous donné le nom de votre fournisseur, nous pourrons peut-être nous arrangez quant à votre... punition...

Léo affiche un petit sourire narquois.  

”Vous n’avez aucune preuve contre moi hormis ce sachet qui ne m’appartient pas...”

- Et vous n’avez aucun moyen de prouver qu’il n’est pas à vous, n’est-ce pas ?

Un point pour lui...

Le garçon soupire, tout sourire disparu.

”Je n’ai rien à dire...”

Le directeur l’observe encore un instant avant de reprendre.

- Très bien. Vous pouvez disposer. Mais vous vous doutez que ça n’en restera pas là.

Ah ça, il s’en doute, oui...

Il arrive en retard au premier cours de la journée, se prenant une nouvelle note au passage, le prof se fichant bien de son excuse d’avoir été convoqué chez le directeur. Il ne se formalise pas de cette injustice, l’ayant amplement cherché depuis son arrivée...

A la pause de midi, Léo bois sa soupe en silence, Malia faisant la conversation pour eux deux. Il a totalement oublié la soirée...

Soudain, Malia blêmit. Le garçon se retourne juste à temps pour se faire attraper par le col par un Ethan hors de lui. Son instinct prend alors le dessus pour tenter de parer le coup de son frère, mais il est trop rapide. Ethan le maintiens alors au sol pour le frapper de plus bel. Léo ne cherche pas à comprendre, réagissant dans un réflexe de survie pour se protéger et lui rendre les coups dans le but de l’immobiliser. Il n’aurait jamais cru devoir réellement se battre face à son jumeau... du moins plus maintenant...

Les deux frères se battent violement, personne n’osant s’approcher pour les séparer à par Lydia. Elle se prend plusieurs coups avant de réussir à les séparer. Totalement perdu mais la rage au ventre, Léo fusille son jumeau du regard, le souffle court. La rousse tente de le calmer, en vain. Ethan est une véritable bombe...  

Les poings serrés, le sang battant a ses tempes, il ne cherche pas à comprendre l’échange entre Lydia et son frère. Il a la lèvre inférieure fendue, un œil qui noircie déjà, une coupure à l’arcade et les jointures de ses mains à vif. Son frère n’est pas en meilleure état, ni Lydia d’ailleurs...

Malia s’est mise face à lui pour le retenir alors qu’Ethan s’enfuis. Elle demande des explications à la rousse qui lui répond en s’adressant pourtant à Léo. Le garçon peine à redescendre, et ce qu’elle sort n’aide pas. Il comprend qu’elle sait au regard qu’elle lui lance. Cela le calme légèrement. Il n’est pas encore innocenté, non...

Malik s’approche du trio. Personne n’est intervenu, pas même un professeur... Ce lycée est de pire en pire...

Léo a envie de partir, de se tirer loin, de retourner à New-York retrouver le gang et s’arranger pour la peau à cet enfoiré de Gordon... Mais Lydia lui attrape le bras et l’entraine doucement avec elle. Elle est blessée, elle aussi... Dans le couloir, Léo s’efforce de se calmer, mais sa voix tremble toujours de rage lorsqu’il prend enfin la parole.

”Ces pilules n’étaient pas à moi...”

- Je sais...

La rousse les amène à l’infirmerie. L’infirmière les reçois avec surprise mais Lydia coupe court à toute questions. Cette femme est incroyable, il n’y a pas à dire...

Les deux jeunes passent l’heure suivante avec une poche de glace sur l’œil, des cotons dans le nez pour Lydia et un strip sur l’arcade pour Léo. Le directeur ayant été informé de la bagarre, il renvoie le garçon chez lui, assurant que “ses parents” allaient être prévenus. Léo ne se fait pas prier pour se barrer.

Il ne rentre pas tout de suite à la maison. Il se procure de l’herbe et va se poser dans un parc pour fumer, hésitant plusieurs fois à appeler son frère. Mais il n’en fait rien...

Finalement, en début de soirée, il rentre, espérant trouver Ethan, mais il n’est pas là...

Alors qu’il s’apprête à monter prendre une douche, la sonnette retentit. Pas habitué à laisser les domestiques ouvrir s’il est dans le coin, le garçon change donc de direction pour rejoindre l’entrée. Kathleen et une de ses amies se trouve sur le pas de la porte, une bouteille de champagne chacune dans les mains.

”Qu’est-ce que vous foutez-là ?!”  

"On est un peu tôt, mais on s’est dit qu’on pourrait t’aider à préparer pour tout à l’heure. Et vu ton état, on a vu juste."

La pom-pom sourit avec charme avant d’entrer sans attendre. Surpris pour la deuxième fois de la journée, Léo les regarde passer sans réagir.

"Mon pauvre chéri... ton frère ne t’a pas loupé. Mais t’inquiète, ce soir on va te changer les idées. Alors, où est la piscine ?"

Le garçon se reprend et s’emporte.

”Vous êtes sérieuses ? Après tout c’qui s’est passé ces deux derniers jours, ça n’vous est pas v’nu à l’esprit que la soirée pourrait être annulée ?”  

Les deux filles se regardent un instant avant de hausser les épaules en cœur.

"Ce n’est pas une petite bagarre qui va nous empêcher de nous éclater. Alors, c’est par où ?"

Sous le choc, Léo les laisse partir sans attendre de réponse pour essayer de trouver la piscine. Une petite bagarre... c’est une blague ?!

La suite, il le vit comme en décalage. Les deux filles, voyant que rien n’est prêt, prennent les choses en mains et arrangeant le sous-sol en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Léo reste dans la cuisine, surveillant leurs allers et retours alors qu’elles cherchent plats, bols, gobelets, et de quoi remplir le tout, se faisant aider sans scrupule par l’une des domestiques de la maison.  

Comment il en est arrivé là putain...

Il ne pense même pas à se doucher ou à se changer. C’est Kathleen qui l’oblige à au moins mettre un t-shirt qui n’est pas plein de sang... et lorsqu’il redescend, les invités commencent déjà à arriver, les bras chargés de boissons et de quoi grignoté. Certains sont même déjà en maillots...

Son frère va le tuer cette fois...

La fête bat rapidement son plein. Résigné et devant assurer son rôle, Léo monte régulièrement dans la chambre avec quelqu'un pour vendre les pilules soigneusement rangées dans la boite à code laissée, pour l'occasion, sur le bureau. Il prend bien soin de fermer la porte à clé après chaque passage.
Après une heure, il s'autorise une bière et un joint au bord de la piscine, épuisé par ces deux derniers jours.

Les frères l’ont fatigué. Vraiment. Ils ont usés ses nerfs. Lydia, qui pense encore aux paroles d’Ethan malgré elle, doit avouer qu’elle ressent un attachement nouveau pour Léo. C’est plus fort qu’elle, à force d’être avec lui. S’il n’y a jamais rien eu avec Ethan, c’est parce qu’elle le voit comme son frère depuis le début de son existence. Léo est différent, frais, nouveau, sympa quand il le veut, et elle a envie de le protéger. Est-ce si mal ? Oui. Elle le sait. Alors qu’elle est en train de mettre la touche finale à son maquillage, pour gérer la tempête à venir, elle soupire. Son nez n’a aucune preuve du combat. Son œil, lui, est noir même si elle pose du maquillage pour le cacher. Elle veut effacer la marque sur son faciès, pour qu’Ethan ne puisse pas s’en vouloir. Elle sait ce qu’il a eu. Elle le comprend, et elle le pardonne déjà.

Elle pardonne aussi à Léo d’être bête. Enfin. Sauf quand elle voit les pompons girls rentraient chez lui en terrain conquis… Qu’est-ce que dans « faut pas s’approcher de ses fouteuses de merde » il n’a pas compris ? Malia, qui n’est pas avec elle ce soir et fort heureusement, en a assez baver avec ses pimbêches. Elle rentra dans la maison sans attendre et demanda ce qu’il se passait. Personne n’osait mentir à la rousse, et elle appris qu’il y avait une pool party, dans la piscine d’Ethan… mais… Elle soupira un grand coup, remontant sa main sur son visage pour en tirer la peau. Elle allait tuer deux frères, si elle le faisait sans que personne ne le remarque, elle pourrait même faire semblant qu’elle ne se sent pas coupable de leur disparition. Elle secoua la tête et rejoignit une transaction. Putain même maintenant, il continuait de dealer ? Il n’avait pas compris qu’il n’en avait plus besoin. Elle frappa du pied et demande de l’aide à un domestique-ami pour lui rapporter une quantité assez importante d’argent. Elle se plaça devant la porte, là où un acheteur attendait son dû.

- Dégage, cracha-t-elle avant de prendre sa place devant la porte.

Quand Léo ouvrit la porte, elle fit quelque chose qu’elle ne faisait jamais. Elle rentra et le poussa. Elle referma la porte derrière elle, à clé, et lui lança un regard noir. Elle allait le frapper. Et il allait se laisser faire parce qu’elle refuserait de se laisser frapper par un mec aussi abruti. Même s’il était canon et qu’elle aimait bien le voir sourire, ça restait un abruti. Un abruti qui préférait les prolétaires comme lui, et qui ne penserait jamais à elle comme à une possibilité de relation amoureuse. Le con. Elle lui planta un doigt dans le torse, prête à lui dire ce qu’elle pensait réellement, avant de soupirer et de se reculer. Bloquant le passage de la porte.

- Il t’en reste combien ? Elle n’attendit pas la réponse et lui balança une liasse de billet impressionnante. Je m’en fou, tu me donnes le tout. Je veux tout le stock qui reste.

Elle croisa les bras et le regarda. Elle attendit sa réaction. Elle ne dit plus rien. Elle l’épiait juste, et finit par tendre sa main, elle aussi égratigner par le combat entre les deux frères, et la ferma et l’ouvrit pour lui dire de lui donner ce qu’elle demandait.

- On va faire quelque chose, je vais devenir ta cliente pour tout ton stock jusqu’à ce que tu utilises ton cerveau. Et je ne le fais pas pour toi, et la pitié que tu sembles voir dans toutes les actions que l’on peut faire ton frère et moi pour t’aider à te sentir bien. Je le fais pour Ethan.

Léo est bien. La bière et les deux pétards de la journée l’ont calmé. Son œil poché et ses coupures ne le lance plus. De toute façon, il a connu bien pire en termes de douleur...

Alors qu’il se prélasse, Kathleen lovée contre son épaule, on vient une fois de plus le chercher pour une pilule. Soupirant, il se lève et fait signe au type de le suivre. Devant la chambre, il enjoint d’attendre et va chercher la came. Sauf qu’en rouvrant, ce n’est pas le gars qu’il retrouve mais bien Lydia qui le bouscule sans ménagement pour passer.

”J’t’ai pas autorisée à entrer à c’que je sache !”  

Il se souvient de ce qu’on son frère lui avait dit sur le fait que la rousse ne pouvait pas rentrer dans une chambre sans y être invitée. Or, s’il ne considérait pas encore cette pièce comme sa chambre, il ne lui a malgré tout jamais donné l’autorisation d’y entrer...

Mais la jeune femme se fiche bien de sa remarque. Elle les enferme à clé et se tourne vers lui avec un regard noir. Elle sembla sur le point de lui hurler dessus, un doigt enfoncé dans son torse, mais se raviva et s’écarta pour rejoindre la porte et bloquer le passage. Léo la regarde faire d’un air impassible, s’attendant à se prendre des reproches concernant la soirée ou quoi, mais elle lui demande alors combien il lui en reste. Il lui faut une seconde pour comprendre de quoi elle parle alors qu’elle lui balance une liasse de billets à la figure. Sérieusement ?!  

”C'est hors de question !”

Il ne vend jamais à son entourage, tout comme lui ne consomme pas. Du moins pas ce qu’il vend...

Elle reprend alors la parole, et Léo ne peut se retenir d’éclater de rire. Elle est sérieuse...

Le garçon se détourne d’elle en se passant une main dans les cheveux, l’air railleur.

”Putain Lydia... T’y connais rien, ça marche pas comme ça ! Et jamais j’te laisserai toucher à ça, tu peux me croire !”

Il ignore sa main tendue et se dirige vers la porte pour la forcer à sortir, mais elle campe sur ses positions. Léo plonge son regard dans le sien, l’air soudain très sérieux.

”Ne t’mêle pas de ça Lydia... C’n’est pas un jeu...”  

Ethan paie déjà à cause de Gordon, le garçon ne veut pas que la rousse ou Malia soient elles aussi mêlées à ça...

Elle ignora son commentaire sur la chambre. Elle se fiche de son commentaire pour le moment. Même si elle était une femme bien, forte et indépendante, il lui arrivait d’être une personne comme une autre. Dans un maelstrom de sentiments et d’émotions, elle se laissait submerger. Cela pouvait se voir à sa manière de respirer fortement. Son buste se soulevait au rythme de sa respiration saccadé. Elle avait trop de chose à penser. Protéger Léo. Protéger Ethan. Protéger Malia. Protéger tout le monde de ce qu’il leur arrive. Elle y arrivera. Et qu’importe si on la déteste pour ça. Tant pis si Léo décide qu’elle était la plus grande enquiquineuse du monde. Tant pis s’il ne lui parle plus. Elle était décidée.

- Tu ne peux pas refuser une vente, ça serait mauvais pour ton « travail », crois-moi, répondit-elle en utilisant le dédain sur le dernier mot.

Il la regarde et elle soutient son regard. Il essaie de s’approcher. Il était sérieux, mais elle aussi. Elle ne le laisserait pas passer tant qu’il n’aura pas pris du plomb dans la cervelle. S’il fallait pour ça qu’elle se fasse frapper, ou qu’elle achète les clients qui lui achète, elle le ferait. Ils étaient si proche qu’elle pourrait le gifler, et l’idée était tentante. Il avait envie de la protéger ? C’était ce qu’elle voyait dans ses yeux. Il ne la laissera pas faire ?  

- Je sais que ce n’est pas un jeu, connard ! s’énerva-t-elle en se relevant pour paraître plus grande face à lui, je le sais. Tu ne crois pas que je ne le sais pas ? Ethan, ton putain de jumeau, a été refusé à cause de ça ! Tu risques d’aller en prison pour ça ! Tu penses que ça va faire quoi ? Nous on t'aime ! Malia et Ethan étaient prêts à venir te chercher parce qu'ils te croient pas assez con pour ce genre de stupidité !

Elle devait le secouer, sinon il n’avancera jamais. Il n’était plus dans son monde où il avait besoin d’argent. Il pouvait faire de la musique, il pouvait évoluer.

- Tu es doué en musique, sale con ! Tu es doué et tu oses jeter l’opportunité qu’on te donne pour la drogue ? Pour quelques billets. Je te les donne, tout l’argent, je te le donne. Et je prendrais même toutes ses merdes pour que tu arrêtes ! Tu es un génie pour la musique et tu fou tout en l’air !

Elle était sérieuse. Et elle comprit qu’il fallait plus pour Léo. Beaucoup plus. Il était un homme d’action. Les larmes de rages qui coulèrent de ses joues étaient une preuve de son cœur qui tambourine d’émotion diverse. Elle était amoureuse de lui. De ce sale con. De ce connard. Elle attrapa la pilule dans la main du garçon, et elle le prit dans la bouche dans un jet rapide. Elle allait l’avaler. Elle prendrait toutes les pilules et il s’arrêtera. Il n’aura pas le choix.

Lydia tente de jouer la carte du business, preuve qu’elle n’y connait en effet rien... Il n’a pas besoin d’elle pour écouler son stock...

Les yeux rivés dans les siens, elle soutient son regard avant d’exploser. Elle tente de le faire culpabiliser en parlant d’Ethan et de Malia, l’insultant au passage. Mais le garçon ne cille pas. Il ne bouge pas. Les poings serrés et la mâchoire crispée, il s’apprête à répliquer sèchement, mais la rousse continue. Elle croit que c’est juste pour quelques billets ? Elle pense que c’est si simple que ça ? Elle est intelligente, mais là, elle a tort sur toute la ligne... Elle ne connait rien de ce monde, de ses règles...

Lorsqu’elle se tait enfin, Léo bouillonne. Mais à nouveau il n’a pas le temps d’ouvrir la bouche que Lydia lui arrache la pilule qu’il tenait dans sa main pour la mettre en bouche.    

”NON !”  

Sa réaction est aussi instinctive que ses frappes...Il lui attrape le menton et vient sceller ses lèvres aux siennes, la forçant à ouvrir la bouche pour aller récupérer la pilule pas encore avalée, heureusement...

A peine l’a-t-il en bouche qu’il s’écarte pour la recracher au sol.

”Mais t’es complètement folle ?!”

Il voit l’inquiètude dans le regard de la rousse, il ne nie pas les larmes qui vrilles ses joues, mais là s’en est trop... Il ne la laissera pas se mettre en danger, et encore moins pour lui...

”Tu n’sais pas tout, Lydia ! Il ne s’agit pas que de quelques billets ! Je n’ai pas besoin de votre aide ni de votre protection ! J’suis désolé pour Ethan, j’ai jamais voulus qu’il soit mêlé à ça, mais c’est pas en te foutant en l’air pour me faire réagir que ça va changer les choses !”

Il crie. Il n’est qu'à quelques pas de Lydia, toujours devant la porte. Son cœur tambourine dans sa poitrine. C’est qu’elle vient de lui faire peur... très peur...

Il prend une profonde inspiration avant de s’approcher à nouveau d’elle, la plaquant contre la porte.

”N’essaie pas de me sauver alors que tu n’sais pas dans quoi tu t’embarques... j’me le pardonnerait pas s’il vous arrivait quelques choses...”  

Sa voix est drastiquement descendue en volume, il murmure presque, le regard désormais baissé.

”Je gères... ok ?”

Ou du moins il gérait, quand il n’avait personne pour qui s’inquiéter...

Elle déglutit une première fois, sans arriver à avaler la pilule. Il fallait que ça rentre, mais une partie de son esprit était bloqué à l’idée de ce qu’elle avait dans la bouche. Elle n’avait pas le temps de déglutir une nouvelle fois, qu’il s’imposa à elle. Elle fut tellement choquée qu’elle ouvrit la bouche par simple reflet. Il s’imposa à lui et elle émit un petit hoquet étonné. Il ne l’aimait même pas. Elle n’appréciait pas de se faire embrasser comme ça… surtout quand c’était pour lui retirer une drogue sous la langue. Elle avait même essayé de se débattre sans rien pouvoir faire. Il l’avait attrapé et craché. Il la traite de folle ?

- Depuis le temps, tu devrais le savoir, repliqua-t-elle bien qu’elle humidifia ses lèvres, rouge d’un baiser qu’elle n’avait pas du tout prévu.

Elle resta une seconde. Le temps de toucher ses lèvres et de regarder la pilule sur le sol… et le temps qu’il cracha à nouveau ses stupidités. Elle secoua la tête à ses paroles. Il titillait vraiment ses nerfs. C’était fou. Même Ethan n’arrivait pas à la mettre en colère comme ça. Ce que ça peut l’agacer quand on ne l’écoute pas. Il la plaque contre la porte. Elle le regarde. Elle ne se démonte pas. Elle l’observait. Sa main remonte sur sa joue, elle le caresse doucement. Elle tient sa joue, et elle murmure :

- C’est trop tard, Léo. On t’aime. Tu crois qu’on est quoi, exactement ? elle susurrait pour que sa voix ne parte pas dans les aigus sous le coup des émotions qui la traverse. Je t’aime. Malia t’aime. Ethan t’aime. Et sa réaction ? Elle n’est pas preuve de son désamour, elle est preuve de la trahison qu’il a ressentie.

Elle continue de lui caresser la joue, tendrement, comme une amie. Elle se sentait mal, mais bien. Elle avait envie qu’il comprenne. Qu’il admette.

- Dis-moi. Je me battrais pour te faire sortir de là. Léo, tu n’auras pas la possibilité de nous repousser… De me repousser. Si tu ne veux pas de mon aide, alors je m’imposerais. Et je prendrais ses merdes, fit-elle en remontant le regard vers la pilule sur le sol. Et tu veux que je t’annonce la vérité ? Ton frère aussi.

Elle entoura son cou, le rapprochant un peu plus encore. Elle posa son front contre celui de Léo, respirant un grand coup. Elle emmêla ses doigts dans ses cheveux. Etait-ce si mal qu’elle en profite ? Elle sait qu’il ne l’aimera jamais, trop occupé à voir leur différence au lieu de voir leur ressemblance.

- Laisse-nous être là pour toi. Parce qu’on ne te lâchera pas. D’accord ?

Elle resta ainsi proche de lui. Elle planta son regard dans le sien. Elle le supplia silencieusement.

- Laisse-nous t’aider. Ouvre-nous ton cœur. Je te jure qu’on te lâchera pas, que tu le veuilles ou non… Alors ça sera plus facile pour toi si tu acceptes tout de suite.

La jeune femme confirme lorsqu'il la traite de folle. Il ne s’y attendait pas, à celle-là...

Mais ce n’est le moment de se laisser démonter...

Lorsqu’il s’approche d’elle, elle vient poser une main sur sa joue. Le contacte doux de ses doigts fait frissonner le garçon qui relèves les yeux alors qu’elle reprend la parole. Pour une fois, il ne chasse pas sa main...

Elle lui demande ce qu’ils sont à ses yeux. Il garde le silence, sentant sa volonté flancher. Lorsqu’elle lui fait du chantage, car c’est clairement ce qu’elle fait en le menaçant de prendre les pilules et en affirmant que son jumeau ferait pareil si ça pouvait le faire arrêter, il serre les poings et vient les frapper de chaque côté de la tête de Lydia, contre la porte.

”Tu ne...”  

Mais ses mots meurent dans sa gorge alors que la rousse vient enserrer son cou et poser son front contre le sien. Ses mains dans ses cheveux lui provoquent un frisson. Il veut se dégager... lui faire comprendre le danger... Doit-il la faire souffrir pour qu’elle lâche le morceau ? Doit-il lui montrer ce qu’il est réellement, d’où il vient ? Est-ce qu’elle tiendrait toujours le même le discours si elle le connaissait vraiment ?

Desserrant légèrement un poing, il vient poser sa main dans le cou de la jeune femme, le souffle court.

”Vous ne savez rien de moi... Par pitié ne vous mêlez pas de ça...”

Sa voix tremble malgré lui. De colère, mais aussi de peur et de désespoir, et d’envie... Une envie brûlante, physique...  

Elle dit l’aimer, tout comme Malia et Ethan... lui n’a jamais aimé personne. Il donnerait sa vie pour ses proches, mais pas par amour... Juste par devoir...

Le cœur proche des lèvres, il embrasse de nouveau Lydia, de façon moins violente cette fois. Il n’a pas de sentiments, non... du moins pas amoureux, du peu qu'il en sache sur le sujet... mais il ne sait pas comment lui faire comprendre autrement...

Malgré tous ses efforts pour les repousser depuis son arrivée, ces trois-là compte pour lui, et si jamais il devait leur arriver quoi que ce soit par sa faute... Il n’aura plus qu’à laisser Gordon terminer ce qu’il a commencé...

Elle n’avait pas peur de lui. Elle avait appris à le voir se battre. Elle l’avait regardé se défendre. Elle l’avait vu cogner contre Ethan, avec ou sans rage dans les poings. Alors, elle n’avait pas peur de ses réactions. Elle ne craignait personne, d’ailleurs. Elle pouvait parfaitement réagir à un coup… et au pire, elle aurait qu’un peu mal. Folle, il l’avait dit. Elle le laisse toucher son cou, elle le laisse toucher sa peau, elle soutenait son regard et ne le quittait pas. Elle continuait de le défier.

- C’est. Trop. Tard.

Il était bien trop tard pour qu’ils ne se mêlent pas. Et ils en savaient assez pour vouloir le protéger. Ils en savaient suffisamment. Elle l’épiait, cherchait dans ses prunelles des émotions. Elle cru y lire de la tristesse. Elle ne comprit pas. Mais quand les lèvres du garçon rejoignirent à nouveau les siennes, une tension dans son corps se brise. Elle est amoureuse de lui. Elle le devine depuis un petit moment, mais c’était plus fort maintenant. Ses doigts s’enfouirent plus dans ses cheveux alors qu’elle laissa sa langue danser auprès de celle de Léo. Elle sent que ce n’est pas un baiser d’amour. Elle sait la différence. Elle a l’habitude qu’on l’embrasse par pitié, par désir ou par envie de montrer un attachement. Léo l’embrassait comme Malik l’avait embrassé une fois. Pourtant, devant sa force, elle douta un peu.

Elle le rapprocha de lui, l’embrassa encore, réponds, et puis elle respira doucement. Elle prit le temps de sentir la chaleur qui montait en elle. Elle n’avait jamais ressenti ça. Son cœur tambourinait dans son thorax. Il y avait autant de colère que d’amour dans leurs actes. Elle sentit quelque chose en elle. Qu’elle n’avait jamais connu. Léo ne l’aimait pas, mais elle l’espérait et son esprit n’y pensait pas. Elle se sentait en feu… et pour la première fois de sa vie, elle se disait qu’elle aimerait aller plus loin avec quelqu’un.

Non. Pas avec quelqu’un. Avec lui. Elle était amoureuse de lui. Elle le voulait pour elle toute seule. L’amour qu’elle ressentait pour lui l’avait même empêché de suivre Ethan. Elle avait été molle pour le coup. Elle ne pensait plus qu’à lui. Elle finit par arrêter le baiser, plongeant encore ses yeux dans les siens pour en lire ce qu’elle a besoin de voir. Elle était trop proche du sujet pour pouvoir définir les lueurs.

- Je te protègerais, alors laisse-moi acheter tes pilules pour les jeter à la poubelle et embrasse-moi, mais n’essaie pas de me repousser.

Et, puisqu’il l’avait embrassé deux fois, sans son accort, elle plaqua à nouveau leurs lèvres ensemble pour le faire chavirer en son sens. Elle ne le laisserait pas partir. Jamais. S’il voulait la faire taire pour qu’elle n’en parle plus, il devrait le savoir tout de suite que ça ne fonctionnerait pas. Elle ne serait jamais le genre à abandonner. Et le nouveau baiser échangeait le prouver, elle se sentait étrange dans cette douceur entre eux malgré la violence de leur échange. Ce n’était pas cohérent. Elle posa sa main sur son torse. Elle ne savait pas ce dont elle avait envie. Ses lèvres tremblèrent sous le coup de la nouvelle émotion alors qu’elle toucha encore le corps de son « ami ». Sa lèvre inférieure tremblait.

- Je t’aime, Léo. Et quand j’aime, je ne le fais jamais à moitié. Prends ce que tu veux de moi !