Lydia campe sur ses positions. Elle se laisse pourtant faire alors que Léo l’embrasse à nouveau, lui rendant même son baisé avec force. Le garçon s’échauffe à ce retour. C’est physique, mais pas que... Il n’a pas juste envie de la baiser comme les autres filles avant elle... Il n’a pas de sentiments, mais il tient à elle, et il ne veut pas la blesser... Tout comme il ne veut pas blesser son frère ou Malia... Pour le jumeau, c’est plutôt mal parti...

La tension est palpable alors que Léo s’efforce de se contenir. Lydia tente à nouveau de le convaincre, et cette fois c’est elle qui le fait taire par un baisé. C’était fort et... doux... à la fois. Le garçon n’allait plus pouvoir tenir très longtemps. Au contact de la main de Lydia sur son torse, il lâcha prise, mais les paroles qu’elle prononça alors le stoppa net dans son élan. Et merde...

Serrant à nouveau les poings, le souffle court tant de désire que de devoir se retenir, il baisse la tête dans le creux du cou de la rousse et appuie son front contre le bois froid de la porte.

”J’peux pas...”  

Donnant un coup dans la porte il s’écarte d’elle, se passe une main dans les cheveux et reprend sans oser la regarder.

”J'peux pas te faire ça...”

Pas à elle...

Il finit par se tourner vers elle, le regard emplis de désire.

”Si tu ne sors pas d’ici je n’réponds plus de rien...”  

Il s’approche de nouveau, comme pour donner du poids a ses paroles.

”Je n’ai pas besoin d’être protéger... c’est vous qui devez l’être...”  

De lui...

”Tu sais que j’suis pas un mec bien... Tu sais que je ne peux pas aimer...”  

Et pourtant elle se jette dans ses bras en lui offrant tout d’elle... pourquoi ?

Elle se doutait qu’il allait se bloquer à sa déclaration. Et elle fit un doux sourire, qu’il ne vit pas puisqu’il cachait sa tête contre la porte. Il ne pouvait pas se voir comme elle, elle le voyait. Comme Malia, le voyait aussi. Et Ethan. En réalité, Lydia était celle qui le voyait le plus comme ce qu’il était. Elle le voyait comme la personne qu’il était. Et elle le comprit à sa réaction… Il ne l’aimait pas. Il ne l’aimerait jamais. Elle n’était pas dans le bon monde. Pas assez pauvre. Pas assez brune, aussi, peut-être. Pourquoi tout le monde s’arrêtait sur Malia ? Elle l’aimait bien aussi… mais Gordon avait décrété que Malia était plus apte à être avec lui, et ça ne lui avait pas fait mal au cœur… mais Léo ? Elle le laissait se repousser, elle l’écoutait attentivement. Elle pouvait lire le désir pour elle. Pour elle ? Elle eut un hoquet de surprise. Ce n’était que physique. Il fallait qu’elle se le mette en tête. Pouvait-elle donner son corps à un garçon qui se ficherait d’elle ? Elle s’approcha et prit à nouveau son visage.

- Tu dis que de la merde, Léo. Tu ne comprends rien.

Elle le poussa cette fois. Jusqu’à ce qu’il touche le lit et tombe le cul dessus. Elle l’observait et décida de ne pas réfléchir. Elle ne pouvait pas réfléchir. Elle se mit à califourchon sur lui.

- Tu es un mec bien. J’ai déjà eu des mecs mauvais dans ma vie. De ceux qui ne m’auraient même pas donné la possibilité de partir. Qui aurait commencer à me tripoter et à me frapper si je n’acceptais leur main baladeuse…., elle s’approcha encore et posa son nez sur celui du garçon. Je te protègerais Léo Collins. Et tu te trompes, tu peux aimer. Je le sens. Même si ça ne sera jamais moi.

Elle posa à nouveau sa main sur son torse, et trouva le cœur sans difficulté. Elle savait qu’il était là, et elle appréciait le tambour qui cognait. Elle l’observait droit dans les yeux alors qu’elle remonta sa main sur son visage. Elle se remit à l’embrasser et le mouvement de bassin qu’elle fit avait tout à faire dans un début de relation intime. Elle voulait qu’il le touche, qu’il passe la main sous ses habits pour la caresser. C’était la première fois qu’elle avait un tel désir. D’un mouvement, elle enleva son haut et reprit à l’embrasser. Elle prit la main du garçon pour qu’il touche sa poitrine. Elle portait une brassière rose mais jolie, heureusement. Elle avait toujours rêvé d’une première fois de princesse, où l’homme pour qui elle se laisserait toucher serait.. doux, aimable… aimant. Elle n’aurait pas ce dernier point. Léo pouvait même être violent mais elle s’en fichait. Elle voulait lui prouver aussi, un peu.

- Je te fais confiance, Léo. J’ai confiance en toi. Alors touche-moi.

Elle se laissa faire. Le laissant s’amuser avec son corps. Elle finit sur le dos, lui sur elle, dans la position qu’il aimait peut-être. Elle n’en savait rien, elle. Elle était le genre de personne qui ne regardait jamais de pornographie. Elle était gauche même dans sa manière de se coller à lui et…

Toc Toc.

- Mon chériiiiiie, fit la voix haut perchée de Kathleen qui eut le don d'irriter Lydia plus que tout le reste dans cette situation. Il y a un problème, ton frère est là. Il n’a pas l’air ravi ravi.
- Merde, souffla Lydia avant de se relever.

Elle remarqua là qu’elle avait fini ainsi presque nue. Elle rougit. Elle le poussa et reprit la liasse qu’elle lui avait jetée. Elle lui tend à nouveau.

- Ton stock pour maintenant, contre l’argent. Je t’en supplie, ne me force pas à te séquestrer ou à te frapper alors que j’ai envie de faire l’amour avec toi.

Elle attendait en se rhabillant complètement. Ethan devait être en train de bouillir. Et Kathleen reprit à toquer à la porte avec son « mon chéri » qui faisait grincer des dents Lydia. Léo allait refuser, elle le voyait sur son visage. Elle prit le cachet qui était toujours par terre et le jeta dans les toilettes. Puis, elle revient en face de Léo pour lui mettre la liasse dans son pantalon, après tout, elle lui avait enlevé son haut dans leur début de… de tout ça. Elle l’embrassa une dernière fois.

- Si je suis prête à m’offrir à toi, et à prendre des cachets pour toi, alors que je te connais que depuis deux mois, imagine ce que ferait Ethan qui te connait depuis huit ans et qui a enfin l’occasion d’être ton frère ?

Elle sourit doucement.

- Jette-les dans les toilettes. Je les ai achetés, j’en fais ce que je veux. Je te fais confiance.

Elle sortit de la chambre, poussa Kathleen sans ménagement avant de refermer la porte derrière elle. Kathleen fit remarquer qu’elle n’était qu’une pute mais Lydia ne répondit pas. Vue qu’elle avait été prête à offrir son corps simplement pour qu’il lui donne des pilules du bonheur, en effet… et ça la dégoute d’elle-même.

Ethan était au bord de SA piscine. Alors qu’un homme était en train de pisser dans le coin « naturel » de la piscine. Qu’importe où se poser son regard, il avait envie de hurler, de frapper, de s’énerver.

- Tiens voilà le recalé, rigola Gordon, qui avait profité de ne pas voir Léo pour prendre place en maître dans la petite sauterie. Tu es venu essayer la drogue de ton jumeau ?
- Arrête, fit Cole.

Le jeune fit un pas en arrière. Il y avait réussi lui. Il avait été un des choisis pour les jeux olympiques. Dans le club de natation, tout le monde savait qu’Ethan était le plus rapide. Le plus fort. Il avait une détente incroyable. Oui. Tout le monde savait qu’Ethan aurait du être pris. Cela n’a pas été le cas. Ethan était toujours à fleur de peau, et voir des connards autour de sa piscine, ça ne l’aidait pas. Alors qu’il allait répondre d’aller se faire foutre et lui coller son poing dans la figure, -il en avait le droit puisqu’il n’avait plus de risque de se voir virer du club maintenant-, une rousse s’interposa.

- Gordon ! Arrête ! Toi, là-bas.
- C’est chez moi ici et…
- Je t’ai dis, là-bas.

Elle lui attrapa le bras pour le pousser sur le côté alors qu’elle lui rappela de respirer. Elle lui promit de l’aider à nettoyer, à tout remettre comme avant… Ethan insulta son frère, expliquant comment il aimerait lui faire boire l’eau de la piscine souillé par le corps de personne qui ne sait même pas profiter d’un lieu aussi magnifique que cette piscine intérieur, chauffé naturellement ! Alors qu’il allait expliquer à nouveau en terme peu élogieux ce qu’il pense, un homme arrive, un domestique de la famille, pour mettre un flue de bière plein. Sans aucune hésitation, tous les jeunes dans la piscine la désertèrent comme si ce n’était pas la meilleure piscine au monde !

- Je vais le tuer, grinça Ethan.
- Je l’ai embrassé, coupa Lydia.
- Super, je vais le tuer, le ramener à la vie, et le tuer à nouveau.
- J’étais consentante.
- Il va te briser le cœur.
- Il a déjà commencé.
- Je vais le tuer. Et pourquoi ce gros con de Gordon est là ?
- Il a du en profiter.
- Super.
- Et tu ne vas frapper personne.
- Tu n’es pas cool avec moi.
- Montre tes phalanges.

Il lui tendit ses mains. Il avait frappé des roches jusqu’à s’en faire saigner, il avait frappé les moules et les coquillages jusqu’à les briser, comme ses mains. Il avait nagé jusqu’à loin dans la mer. Il avait nagé profondément en essayant de se noyer dans l’immensité du monde et ne plus jamais revenir. Et il avait frappé les pierres jusqu’à ne plus avoir d’énergie. Et heureusement. S’il avait du avoir encore de l’énergie, il aurait déjà cassé le nez de plusieurs personnes… Dont celui de son frère.

- Il est où ce con ?

Cette femme est abominablement chiante... et abominablement dangereuse...

Au lieu de partir, elle le rejoint et le pousse jusqu’au lit, se plaçant à califourchon sur lui. Elle parle, lui assure qu’il est un mec bien, du genre qui peux aimer. Elle se trompe tellement... preuve en est que, comme il l’a prévenue, il ne répond plus de rien alors que le désire monte en lui sous ses caresses, ses baisés et ses coups de hanches aguicheurs. Qui cherche trouve... et elle le cherche bien, pour le coup... Les deux jeune se retrouvent rapidement sans hauts. Il ne se fait pas prier à sa demande de la toucher, laissant ses mains et ses lèvres parcourir son corps à la peau blanche constellée de taches de rousseur. Il finit par la retourner de façon à échanger les rôles. C’est lui, le dominant, dans cette situation. Pourtant, malgré l’ardeur qui le dévore, il s’oblige à rester doux, à ne pas la brusquer. Il remarque aisément que c’est sa première fois rien qu’à sa façon d’agir. Il s’en veut de lui voler ce moment... mais il ne s’arrête pas pour autant...

Heureusement, on frappe à la porte alors même qu’il commence à enlever le bas de la jeune femme. La voix de Kathleen retentit, mettant fin à tout ébats...  

”Merde...”  

Merde, en effet... Lydia réagit avant lui à l’annonce d’Ethan. Elle le repousse, ramasse les billets et les lui tends. Le garçon ne peut s’empêcher de rire lorsqu’elle le supplie de prendre l’argent contre le stock, lui évitant ainsi de le violenter plutôt que de lui faire l’amour. La situation est plutôt cocasse, il faut bien l’admettre...

Lydia se rhabille rapidement alors que la pom-pom attend toujours de l’autre côté de la porte. Une fois fait, elle va ramasser la pilule au sol. Léo s’apprête à de nouveau l’empêcher de la prendre, mais elle va la jeter dans les toilettes puis viens ensuite lui fourrer les billets dans le pantalon, comme s’il était un chippendale. Avant qu’il ne puisse réagir, elle l’embrasse une dernière fois et reprend la parole, sortant à nouveau des mots qu’il ne comprend pas. Comment ça, huit ans ?!

”C’est quoi c’t’hist...”

Lydia sourit, lui enjoins de jeter le reste des pilules puis sort de la chambre en bousculant Kathleen au passage. Le garçon reste coi un instant, peinant un peu à redescendre. C’est la pom-pom qui le sort de ses pensées en entrant dans la chambre, sans frapper cette fois. Voyant Léo torse nu, les billets prestement sortit de son pantalon à la main, elle se fige. Il la fiche alors aussitôt dehors sans ménagement, balance les billets dans la petite boite d’où il sort le reste des pilules, range la boite a sa place, sous la fenêtre, et va jeter les cachets dans les toilettes. Il se passe ensuite de l’eau sur le visage avant d’attraper son t-shirt et de l’enfiler en sortant de la chambre, n’oubliant pas de la verrouiller derrière lui. La cheerleader chercher des explications, mais il l’ignore. Il rejoint la piscine presqu’en courant. Là, la plupart des jeunes sont agglutiné autour du fût de bière fraichement branché. Léo repère Ethan et Lydia sans peine, mais ce n’est pas vers eux qu’il se dirige. Non, il a aussi repéré Gordon, et là il n’est pas en état de retenir ses coups...

”T’as rien à foutre ici, Walter !”  

Gordon n’a pas le temps de répliquer que Léo lui balance son poing dans la figure. Il réplique aussitôt. S’en suis une courte bagarre au bord de l’eau. Trop proche de l’eau...

Gordon lance un coup de pied à Léo, le propulsant dans la piscine. Le garçon n’a pas le temps de comprendre ce qui se passe qu’il se retrouve engloutit. Sous le choc, il ne cherche même pas à se débattre pour remonter. Son corps semble comme figé l’espace d’un instant. Et lorsqu’il prend enfin conscience de ce qui est en train de se passer, il a le mauvais réflexe de vouloir respirer... avalant une bonne goulée d’eau à la place...

- Il est où ce con ? avait demandé un Ethan un peu en colère et désabusé par la situation.

Lydia était amoureuse de Léo, sinon elle ne l’aurait pas embrassé. Certainement que Malia aussi, puisqu’elle parlait plus à Léo qu’à Ethan c’était logique… et sa vie était devenu un enfer depuis que son jumeau avait débarqué. Il aurait dû demander à sa mère de le pousser dans le caniveau quand le spermatozoïde était venu dans son second utérus.

- Il est là, fit Lydia avec un sourire qui annonce qu’elle avait encore fait plus d’une connerie.

Comme si embrasser son jumeau n’en était pas une. Il lui fit remarquer que s’ils étaient frères et sœurs, et puisque Léo était son jumeau, elle venait de commettre un inceste… mais elle n’eut pas le temps de répondre que Gordon et Léo commencèrent à se battre.

- Mais ce n’est pas vrai ! Les hommes et leurs testostérones !

Ethan observait en s’approchant, de l’autre côté de la piscine. Il n’aimait pas plus Gordon que ça… et il n’appréciait pas que l’on frappe son frère. Il était le seul à avoir le droit au monopole, surtout que Léo répondait bien. Même toujours en colère contre lui, diablement en colère, il savait que Léo n’avait rien à voir avec ça. Pour Ethan, Léo ne dealait pas, alors c’était forcément un coup monté… un coup monté par Gordon qui savait très bien qu’une rumeur pouvait suffire pour le faire virer de l’équipe de natation. Il allait prendre la parole quand son frère tomba à l’eau. On fit un bruit étrange, un hoquet de stupeur et un peu de ricanement. Ethan observa son frère qui ne remontait pas.

Il ne sait pas nager.

Il ne savait pas comment il comprit cela aussi rapidement, mais ce fut une évidence alors qu’une grosse bulle d’air s’expulsa des lèvres de son jumeau. Il sauta habillé dans l’eau, ce qu’il ne faisait jamais soyons bien claire, et attrapa son frère par les épaules pour le remonter à l’eau. Tout de suite, il lui fit cracher l’eau qui s’était coincé dans ses poumons. Y en a marre. Il se leva et s’approcha de la sono.

- TOUT LE MONDE DEHORS ! hurla-t-il alors que Lydia était déjà à côté de Léo et Cole aussi. Dehors avant que je me fâche pour de bon.
- On a été invité, fit remarquer Gordon avec un regard mauvais.
- Nous sommes deux mineurs, fit remarquer Ethan à son tour, si j’appelle la police et que j’explique qu’une fête organisé par deux mineurs autorise de l’alcool vous aurez tous des problèmes avec vos parents !

Les invités se dissipèrent rapidement. Gordon lui donna un coup d’épaule avant de partir mais Ethan ne dit rien avant de se poser devant son frère.

- Prends de grandes respirations.
- Je lui ai déjà dit, il est têtu. Il pense qu’il peut tout gérer tout seul et qu’on n’a pas besoin de le protéger, laissa échapper Lydia en écho aux paroles qu’ils ont échangés.
- Arrête, va me chercher une serviette. Et toi, fit-il en se mettant devant le visage de son frère, tu vas me faire le plaisir de te lever tous les matins pour apprendre à nager ! Je me demandais comment tu pouvais résister à une piscine pareille, maintenant je sais. Imbécile.

En dix minutes, tout le monde était parti et les trois amis étaient toujours là. Ethan observa sa meilleure amie avant de lui dire de rentrer, qu’il s’occuperait de Léo.

- Sans le frapper.
- Sans le frapper, j’ai toujours envie de le fracasser, mais ça attendra qu’il puisse répondre à mes coups. Mais ça reste un imbécile.

Oui. Il parlait de lui comme s’il n’était pas là, exprès. Une fois Lydia parti, qui embrassa la joue des deux garçons avant de disparaître, Ethan le fit se lever pour rejoindre le salon et s’asseoir sur le canapé. Il lui tendit le baume du tigre.

- Imbécile, le traita-t-il.

Alors que Léo se voit mourir noyer, il se sent happé vers le haut et ramené à l’air. Mais l’eau dans ses poumons l’empêches toujours de respirer. Emmené au bord par Ethan, ce dernier lui fait recracher l’eau, libérant ainsi ses voies respiratoires et lui permettant par la même occasion de respirer. C’est douloureux... plus que de se prendre des coups...

Rapidement rejoint par Lydia et Cole, il n’entend pas son frère mettre les invités dehors en les menaçant, trop occupé à tousser et à tenter de reprendre son souffle. Lorsque son jumeau réapparait devant lui, lui annonçant déjà la couleur des prochains matins, il garde la tête basse, honteux. Il a honte de la situation, mais aussi de ce que son frère à subit à cause de lui... Malgré tout ça, malgré son rêve brisé, il vient de lui sauver la vie... et il l’engueule comme si rien ne s’était passé avant cet instant...  

Léo reste figé le temps que tout le monde parte. Enroulé dans une serviette, appuyé contre le mur le plus éloigné du bord, il n’a pas dit un mot depuis qu’Ethan la sortit de l’eau. Son jumeau finit par faire partir Lydia, lui parlant comme si Léo n’était pas là, mais il s’en fiche. Il se laisse relever et amener au salon. Il lui tend alors un baume, et Léo le regarde un instant sans comprendre.

”J’suis sensé faire quoi avec ça ?”  

Sa voix est rauque d’avoir toussé pour évacuer l’eau de ses poumons. Sa gorge est irritée. Il ne relève pas les insultes de son frère. Imbécile... s’il savait...

Le garçon garde le regard détourné de son frère. Il voudrait le remercier, s’excuser, lui demander pourquoi Lydia a dit qu’il le connaissait depuis huit ans maintenant, mais rien ne sort... Les mots restent coincés dans sa gorge. Alors, faute de pouvoir exprimer ce qu’il ressent, il prend une tout autre approche...

”Pourquoi tu m’as sauvé ? Tout tes soucis auraient été réglés si tu m’avais laissé me noyer...”

Et en plus qui sait, peut-être sa sélection aurait été réévaluée, par pitié pour le nageur qui a perdu son jumeau dans une piscine...

Il en a marre. Marre d’être en position de faiblesse, marre de devoir faire gaffe pour éviter de blesser les autres, en vain qui plus est... marre d’être materné... et il s’en veut... Il s'en veut terriblement pour Ethan. Il sait comment il pourrait l’aider, comment il pourrait inverser la donne, mais cela lui coutera cher... très cher... Car même si Gordon a brisé le code en premier, le dénoncer ouvertement sera considéré comme bien plus déloyale...

Toujours enroulé dans sa serviette, le baume du tigre en main, Léo cogite. Les paroles de Lydia lui tournent en tête et il redoute celles d’Ethan...

Pourquoi veulent-ils le protéger à tout prix alors qu’il n’a rien fait pour ? Il n’a rien demandé de tout ça... et eux non plus... alors pourquoi... ?

Ethan laisse tout le monde partir, et il fait assez confiance aux filles et fils à papa maman pour ne pas risquer la colère de la famille Maguire en piquant quelque chose. Après tout, ils sont riches, eux aussi. Et puis, il s’en fiche. Au pire, son père le frappera encore, ça ne sera pas une nouveauté. Il lui tend le baume du tigre. Cela fait un mois qu’ils sont ensemble, et Léo ne l’a jamais utilisé, quand bien même Ethan l’a laissé à proximité à chaque fois qu’il a été blessé. Il soupire.

- C’est un baume pour les plaies et les contusions. On met ça pour que ça passe. Tu vas avoir des bleus, déjà à cause de moi, ce midi mais aussi avec l’autre con. Donc il faut que tu t’en badigeonne là où tu es blessé. Moi c’est déjà fait.

Cela peut se sentir à la légère odeur qui émane de ses mains tendus, les mains qui sont toutes colorés d’avoir déchargé une colère trop insoutenable pour lui, qui n’arrive plus à gérer son émotion depuis des années. Quand la question tombe, Ethan est sincèrement surpris. Sur son visage se marque la faciès de l’étonnement et quelque chose d’un peu différent : de la tristesse. Que son frère le crois assez cruel pour le laisser mourir ou bien parce qu’il comprend que Léo n’a pas l’habitude que quelqu’un saute à l’eau pour lui. Il s’assoit à côté de lui. Si on réfléchit, ça fait deux fois qu’il va le chercher dans une soirée, même si la seconde avait été chez lui, pour le ramener en sécurité. Ainsi, conscient que la question n’était pas qu’un vague besoin de combler un silence, Ethan réfléchit.

- Tu es mon frère, déjà. Je trouve que c’est une bonne raison pour ne pas te laisser te noyer. Après… j’ai réagis instinctivement. Un peu comme quand je suis venu te frapper. Je ne cherche pas d’excuse, juste… J’ai réagis à la situation sans même poser les choses. Alors je te dirais que la seule réponse plausible soit que tu es mon frère.

Oui, en théorie… il aurait sauvé tout le monde qui en train de se noyer dans sa piscine… MAIS peut-être pas. Si Gordon avait été la victime, il n’aurait pas fait un mouvement, ça c’était certain… alors… Ethan réfléchit.

- Tu ne l’aurais pas fait, toi, à ma place ? demande-t-il alors avant de reprendre, je pense que tu l’aurais fait. D’éviter ma mort, même si ça veut dire que tu sais que je risque de péter une durite à nouveau pour t’agresser en pleine cafétéria.

Il hausse les épaules.

- En revanche, on va faire un deal, plus personne dans ma piscine tant que tu ne sais pas nager, au moins.

La colère qu’il a ressentit pour sa piscine souillée d’humains indésirables a été soufflé par la peur de perdre son frère. Il n’est plus en colère, la petite boule de nerf, il est inquiet. Une émotion bien différente. Et pour les jeux olympiques juniors ? Il réfléchit un instant en observant son frère. Ce n’est pas sa faute. C’est un coup monté parce que quelqu’un a voulu faire croire qu’il dealait de la drogue. Ce qui est faux. Donc. Ethan soupire en s’enfonçant dans le canapé.

- Tu sais, avant d’apprendre à nager, je ne savais pas nager. La seule chose dont tu dois avoir honte, c’est d’avoir eu une piscine pendant plus d’un mois sans y être allé alors qu’elle est parfaite ma piscine.

Ethan profite de cet état émotionnel. Normalement, il ne serait pas comme ça. Normalement, il serait différent… mais là, il est tout à fait calme et serein. Alors il en profite. Un peu.

A la question sur le baume du tigre, Ethan soupire et répond que c’est pour les blessures. Ah, c’est donc ça l’odeur qu’Ethan traine régulièrement... Léo pensait que ça devait être un truc pour les muscles ou quoi...

Le jumeau montre ses mains, blessées d’avoir frappé, dont une odeur piquante et mentholée remonte. Léo baisse un peu plus la tête à la vue de leur état. Ce type est aussi fou que Lydia... et que lui... Seule Malia semble seine, dans le quatuor...

Lorsque Léo demande pourquoi Ethan l’a sauvé, sa réaction se lit clairement sur son visage, comme d’habitude, mais le garçon ne le regardant pas, il ne remarque rien. Son frère s’assied à côté de lui et prend le temps de répondre. Et cette réponse est simple : parce qu’ils sont frères.

Il lui demande alors s’il l’aurait fait, lui, même si cela lui aurait valu une nouvelle dérouillée. Léo ne peut retenir un petit rire bref à cette remarque avant de répondre à son tour.

”Evidement que je t’aurai sauvé, abrutit...”  

Parce qu’ils sont frères, oui... parce qu’ils sont jumeaux, surtout...

Ethan reprend sur un ton plus léger. Il veut absolument que Léo apprenne à nager. Il ne fait jamais allusion à son examen ni à cette histoire de drogue. Et soudain, Léo se sent encore plus mal. Un sentiment de trahison l’envahi. Il serre le poing sur la petite boite toujours pas ouverte dans sa main. Bordel, pourquoi est-ce qu’il faut que tout se complique ainsi... ?

Il faudra qu’il appelle son chef, rapidement...

Voyant son frère plus détendu, Léo s’efforce de rester stoïque alors qu’il boue à l’intérieur, une série d’émotions plus indésirables les unes que les autres se bousculant dans sa tête.  

Il prend une profonde inspiration et finit par reprendre la parole, le regard toujours détourné.

”J’ai jamais eu besoin d’apprendre à nager...”

Il sort ça comme une explication, ce qui est le cas, en soi...  

”J’t’aiderai à nettoyer...”  

Il ne s’excuse pas, non. Quand s’est-il excusé pour la dernière fois, d’ailleurs ? Quand a-t-il demandé pardon ? Pour du vrai, en face... pas comme lorsqu’il a balancé à Lydia qu’il était désolé pour Ethan de l’avoir mêlé à tout ça... à sa vie...

En y pensant, Léo n’est pas certain d’avoir déjà demandé sincèrement demander pardon... Il se comporte ouvertement comme un connard, les gens savent à quoi s’attendre avec lui, alors pourquoi s’excuser s’ils sont blessés ou déçus ?

Le cœur serré, il se lève, dépose le baume sur la table basse devant le fauteuil et se tourne enfin vers son frère.

”J’dois aller pratiquer la guitare... Le prof veut que je diversifie mes compétences...”  

Lydia à raison, contre toute attente il est doué en musique. Lui qui n’avait jamais touché d’instruments voilà un mois semble avoir un don inné pour la chose, et son prof de musique est le seul que Léo respecte au lycée.  

Sans attendre, ayant besoin d’être seul, il rejoint la salle de musique dans laquelle il s’enferme. Son estomac gronde. Il n’a rien mangé depuis la veille au matin, maintenant qu’il y pense... Entre l’arrestation, la bagarre et la soirée, il n’y a même pas pensé. Est-ce que ça va finir en réelle maladie cette histoire ? Est-ce qu’il va réellement devoir être surveillé en permanence pour s’assurer qu’il se nourrisse bien ?

Dégouté à cette idée, Léo attrape la première guitare qui lui tombe sous la main et s’installe sur un tabouret après avoir installé un pupitre et une partition de tablatures. Mais alors qu’il commence à accorder la guitare, il constate que le son est bizarre. Il l’observe un instant et remarque rapidement une enveloppe dissimulée à l’intérieur. Son nom est écrit dessus, d’une écriture enfantine. Surpris, le garçon hésite un instant avant de poser l’instrument et d’ouvrir le courrier. Il contient une lettre, une très longue lettre... écrite par un petit garçon nommé Ethan. Les mains tremblantes, Léo la lit. Une fois, deux fois, trois fois... Au fur et à mesure de ses relectures, il comprend beaucoup de choses. Beaucoup de réactions de son frère prennent sens, tout comme certaines paroles échangées entre Lydia et lui. Ethan lui a écrit quand ils étaient enfants... mais cette lettre ne lui est jamais parvenue, contrairement à ce que pense apparemment son jumeau.

Léo se passe une main dans les cheveux, le souffle court. Il tremble, le malstrom d’émotions s’intensifiant un peu plus en lui. Finalement, il se lève et sort en tombe de la pièce pour rejoindre la chambre d’Ethan. Ou peut-être est-il à la piscine ? Non, il est trop tard...

Le garçon frappe à la porte de son frère avec force, et lorsque ce dernier lui ouvre il montre la liasse de feuilles noircies.

”C'est quoi, ça ?”  

Il sait ce que c’est, mais il veut l’entendre dire. Il veut savoir ce que cette lettre faisait cacher dans cette guitare. Et il veut faire comprendre une bonne fois pour toute à son frère qu’il ne savait rien de tout ça....

Donc… Si son frère l’aurait sauvé, dans tous les cas, alors c’est que tout est logique, n’est-ce pas ? Il ne dit plus rien alors que son frère lui dit qu’il va l’aider à nettoyer, pour partir faire sa musique. Ethan comprends. Il le laisse faire, bien qu’il reprenne le baume du tigre dans sa poche pour tout à l’heure. Ethan, qui a eu besoin de nager pour se détendre et expulser ses pensées, peut comprendre que son frère n’en a jamais eu le besoin avant de venir ici. Mais ça n’empêche qu’il va lui apprendre. Il rejoint la piscine et se mit à ranger avec Monsieur Garden. Il rajoute des produits dans la piscine pour nettoyer les fluides corporels indésirables. Une heure plus tard, plus ou moins, il rejoint sa chambre. Il est éclaté. Il y a eu trop de chose dans la journée. Son frère arrêté, sa joie d’être « pris », sa colère d’être recalé, la mer, la fête et le sauvetage de son frère. Il y a eu trop de chose. Il reprend un dessin.

C’était une petite BD de deux chats qui ne se connaissent pas mais doivent cohabiter. Il y a le vieux chat, habitué à sa vie pépère qui n’avait aucune envie de se taper un chaton à la maison. La relation des frères n’est pas du tout comme celle des animaux qu’il dessine… mais le sentiment y est. C’est un sentiment difficile. On ne sait pas trop comment ça peut finir… parce que malgré tout, les deux chats ont leur caractère et leurs défauts. Il a fait monter des sandwichs et il s’est changé. Quand on toque à la porte, il se doute de qui doit être derrière. Il ouvre la porte et fronce les sourcils devant la tête de son jumeau. Il lui montre des vieilles feuilles noirci. Sauf qu’il ne sait pas de quoi il parle.

La lettre qu’il a écrit été dans un papier blanc, qui n’a pas vieilli pendant huit ans, donc il ne peut deviner de quoi il parle. Il finit par lui prendre, et d’observer les mots qui y sont inscrits. Il suffit qu’il lise les trois premiers mots pour savoir ce qu’il en retourne. Il lui rend.

- C’est une lettre. Qu’un abruti a écrit à un autre, de toute évidence.

Ethan sent la colère sourde des derniers jours qui remontent le long de son échine. Il ressent son cœur battre et sa respiration se coupe. Il observe son frère sans savoir qu’est-ce qu’il veut de plus. C’est la lettre qu’il a envoyé, et que Léo n’a jamais répondu. C’est un test pour avoir un frère qui a mal terminé, ou plutôt qui a terminé dans le silence. Il observe son frère, triste malgré lui, et comme il est incapable de cacher ses émotions, sa tristesse se lit sur sa face. Il ouvre la porte en grand et le laisse entrer. Il prend l’assiette de bouffe et la pose sur le lit avant de faire un signe à son frère de venir avec lui.

- Lydia me rappelle souvent que tu n’avais aucune obligation de me répondre, mais ça m’énerve. J’ai envie de te frapper. Mais bon, tu remarques que j’ai pas besoin de grand-chose pour avoir envie de te frapper. Ou de frapper quelqu’un. J’ai les mains trop abimés pour le faire tout de suite.

Tellement que même ses dessins ont été difficile à faire sur la page… Il a abusé pour le coup… mais perdre sa place pour son club l’a mit dans un état de détresse qu’il n’aurait jamais imaginé atteindre.

Ethan semble surpris un instant. Il finit par prendre les papiers des mains de Léo et les parcours rapidement avant de répondre. Le garçon lève les yeux au ciel. Ça, il l’a bien compris... Son jumeau rejoint son lit, la tristesse clairement visible sur son visage. Il laisse entrer Léo, qui referme la porte derrière lui. Son frère était en train de dessiner, et était sur le point de manger malgré l’heure tardive. Il s’est changé, aussi. Le garçon, lui, porte toujours les mêmes vêtements, qui ont eu le temps de sécher.  

Ethan semble aussi résigné que triste. Léo l’observe sans s’asseoir, lui faisant face. Son jumeau dit qu’il n’est pas en état de le frapper tout de suite. Le garçon n’est de toute façon pas en état d’encaisser de nouveau coups non plus...

Il désigne la lettre d’un coup de menton avant de reprendre.

”Tu sais où j’l’ai trouvée ? Dans la salle de musique, planquée dans une guitare... et c’n’est pas moi qui l’y ai mise...”  

Il fait une pause, le temps de laisser à son frère le temps d’assimiler l’information, puis il continue.

”Je comprends mieux, maintenant... tes réactions, tout ça... mais sache que quand je dis que j’ai découvert votre existence... ton existence... à la mort de mon père, c’n’est pas une blague... J’n’ai jamais reçu cette lettre, j’viens de la lire pour la première fois à l’instant...”

Le garçon parle rarement autant à son frère... parce qu’avec lui il ne sait jamais quoi dire ni comment le dire... Il a toujours peur que ça parte en couille, qu’Ethan s’énerve sans qu’il ne sache pourquoi. Sauf que là, il vient de faire la lumière sur un point d’ombre... Il garde ses distances, des fois que son jumeau ne le croit pas et décide de lui sauter dessus malgré ses mains en charpie...

Il garde désormais le silence, attendant une réaction de la part d’Ethan, prêt à se défendre si besoin...

Ethan n’a pas envie d’écouter. Ce n’est pas par fierté. Quoi que. Si. Une fierté qu’il a dans le cœur. Il refuse de supplier. Il a toujours refusé de se mettre à genoux. Il préfère que son père le batte que d’accepter, parfois, quand ça compte. Et l’idée d’avoir un frère jumeau, ça avait compté pour lui. Longtemps. Il passait les journées après l’envoie de la lettre à attendre une réponse. Réponse qui n’était jamais venu. Avec sa mère pour lui dire qu’elle était la seule qui l’aimerait toujours, et qu’il n’avait pas besoin d’un frère. C’était pour ça… Sa mère est certaine qu’il ne pourrait jamais s’attacher à son jumeau, et qu’il a oublié son existence entre ses huit ans et maintenant. Il est vrai qu’il n’en a jamais reparlé… Quand son frère lui en parle de force, il a envie d’avoir une réaction mature, se plaquant les mains sur les oreilles et dire « lalala » pour ne pas entendre une justification qui allait l’énerver de toute façon. Mais il l’écoute, et il l’entend. Tout d’abord, il remonte un regard surpris vers son jumeau. Avant de froncer les sourcils.

Comment ça dans une guitare dans la salle de musique ? Il l’a en effet donné à sa mère alors qu’elle écoutait un virtuose au piano, mais il ne voit pas le rapport… et pourtant, l’image se fit dans son esprit clair. Le petit lui qui tend la lettre à sa mère, trop heureux, et elle qui s’en désintéresse tout aussi sec. Il revoit ce moment et il sert les poings alors que la colère le submerge. Il se lève, il doit se lever pour ne pas exploser tout simplement.

- L’espèce de sale pétasse ! Elle m’a dit que tu ne voulais… que tu refusais d’être mon frère ! Et comment on peut refuser quelqu’un si on ne connait même pas sa putain d’existence, tu peux me le dire toi ?

Il fait à nouveau des allers retours. Le lit entre eux. Il ne peut pas frapper tout de suite, mais de toute façon ce n’était pas Léo qu’Ethan avait envie de frapper.

- Cette pute elle le savait que tu n’avais pas reçu la lettre ! Et elle ne l’a même pas dit avant que tu arrives comme si… comme si…

Comme si elle voulait que les deux frères ne s’entendent pas… mais pourquoi ? Pourquoi est-ce que ça l’amuserait que les deux garçons ne puissent pas su supporter ? Qu’est-ce que cela pourrait lui apporter à elle, sauf la preuve qu’elle est une piètre mère ? Elle n’a rien à gagner à être haï par deux enfants sans que les deux ne s’apprécient. Il se rassoit et lui tend la nourriture.

- Manges, ordonne-t-il, que je n’ai pas oublié ma menace si tu te nourris pas assez, et que j’ai besoin de… de me calmer.

Il prend d’ailleurs un des sandwiches et l’engouffre dans sa bouche. Voilà, comme ça il n’a pas à y penser.

- Tu savais vraiment pas ? demande-t-il confirmation plus calme après avoir manger.