Je suis quelque peu triste qu'Oliver soit parti si rapidement. J'aurais tellement voulu passer du temps avec lui, discuter un peu plus mais ça n'a pas été possible. Et je vais devoir me contenter de ça. Lorsque le médecin entre dans la chambre, j'ai un léger sourire sur le visage et il est heureux de voir que je souris, que je me sens mieux en quelque sorte. Ouai, je me sens littéralement mieux, c'est comme si le voir le temps de cinq minutes avait mis un baume autour de chacune de mes blessures. Et quand je m'endors, j'attends son appel de demain avec impatience, bien entendu. Je passe ma journée à regarder mon téléphone et je ne sais pas trop pourquoi puisque tant qu'Elias et ma famille sont là, je ne pourrais pas répondre de toute façon. Et quand ils partent, j'attends. Mon portable est en vibreur, chose qui n'arrive jamais en temps normal, pour être sûre de ne pas louper son appel. Mais il n'y a rien. Je passe ma soirée à déverrouiller mon cellulaire, au cas où j'aurais loupé le vibreur à un moment. Mais rien. Absolument rien. Pas avant minuit et je saute sur mon téléphone, prête à attendre sa voix, n'ayant pas notifié que le vibreur n'avait émis qu'une fois. Un texto. Mais c'est mieux que rien non ?

from : Lyla
to : Oliver
Oui ça va. Ils me filent plus de médocs pour que je m'habitue pour demain... Et toi ça va ? Pas trop fatiguée de ta journée ? Bisous

Forcément, j'ai envie de parler avec lui, d'engager la conversation mais il n'a peut être pas l'énergie pour. Portable posée sur l'espèce de table de chevet à côté du lit, je finis par rapidement m'endormir, usée de lutter depuis quelques heures. Et le lendemain, au réveil, mon téléphone croule sous les notifications. Oliver a été vu avec une jeune mannequin, sa veste sur ses épaules. Ça me rappelle cette soirée où je l'ai croisé en rentrant d'une soirée avec ma soeur, vêtue d'une petite robe et quand il a mis sa veste sur mes épaules pour que je ne tombe pas malade alors qu'il faisait frais à Londres. Et c'est le coeur serré que je verrouille mon téléphone et descends du lit pour quitter cette robe de chambre rose et que j'enfile un jeans, un t-shirt et une paire de baskets. Rien d'extravagant, je veux juste rentrer à la maison. Je ne peux pas retourner à la caserne avant quinze jours alors bon, j'ai du temps à tuer. Et le temps je le tue, assise sur mon canapé, devant la télévision. J'ai l'impression d'être lobotomiser. Ethan pleure un peu alors je le prends avec moi et on s'endort tous les deux devant une émission de cuisine. C'est mon portable qui me réveille aux alentours de huit heures.

from : Lyla
to : Oliver
Je suis rentrée hier après-midi oui. Mon frère a ramené des croissants avant de partir si tu veux passer et que t'es pas déjà de sortie

Peut être que c'est mieux s'il est de sortie. Il prend des nouvelles, ça me fait plaisir mais de quoi je vois son nom s'afficher sur le téléphone, je me dis que j'étais définitivement qu'une nana parmi tant d'autres et que j'aurais juste du me retenir de m'attacher si vite. Mais il a le goût d'interdit et... Et il me plait. Mais c'est mon voisin et une célébrité. Pour qui tu t'es prise Ioannis-Hanwell ? La bonne blague. Ethan bouge un peu et je resserre mes bras autour de lui. Parce que c'est ma bouée. Et que je veux pas penser à tout ça, j'veux pas penser que j'me suis pris une bagnole de plein fouet - enfin presque - parce qu'il me plait et que j'ai cru... trop de choses.

Je passe presque deux semaines à cent à l’heure. Je dors le jour et je vis la nuit. On est plus créatif la nuit allez savoir pourquoi. Du coup j’ai pris l’habitude d’envoyer un SMS par jour aux alentours de neuf dix heure du mat’, l’heure à laquelle je vais me coucher. Je pense toujours à Lyla quand je suis rentré chez moi et pour cause, je passe devant la porte de chez elle. Je sais qu’elle est là maintenant mais je n’ai pas osé ni eu le temps de frapper chez elle. J’ai pas trop envie de tomber sur son frère et puis elle doit être encore un peu fatigué depuis l’accident. Je poste pas mal de photos sur instagram, de nous dans le studio ou en train de manger quand on fait des pauses. J’y ai même mis un extrait d’une chanson qu’on était en train d’enregistré, bref j’étais pas mal actif sur les réseaux sociaux.

Deux semaines plus tard, je rentre super tard, ou bien tôt, comme d’habitude et je vais me coucher direct. Je me réveille vers 17h et je reste dans mon lit comme une larve. Mon appart’ est en bordel, ça fait un moment que j’ai pas fait de lessive, j’ai du linge sale un peu partout dans ma chambre. Je sens que ça va être une journée glande. Quand je décide d’enfin me lever je vais me prendre un café et je me mets dans le salon pour jouer à la console. Je me balade avec mes béquilles parce que j’ai même la flemme de mettre ma prothèse c’est pour dire. Et puis ça fait du bien de pas la porter de temps en temps. Quand il est 21h par là, je me suis commandé des sushi, je vais récupérer ce que j’ai acheté à la porte, je laisse un bon pourboire au livreur et je retourne dans mon canapé pour flâner. Je crois entendre la porte d’à côté mais j’y prête pas plus d’attention. Je prends mon téléphone et je me dis que ça devrait être le bon moment pour inviter Lyla mais après je me dis que mon appart’ est loin d’être présentable alors je laisse tomber.

Le lendemain matin je fais appel à une femme de ménage et je sors de chez moi pour lui laisser le champ libre. C’est une jeune polonaise, assez mignonne je dois dire. Par contre pour la compréhension c’est autre chose, elle parle très peu l’anglais, du coup je lui montre le bordel qu’est mon appart’ et elle comprend bien évidemment qu’elle va devoir tout se payer. Je sors et je passe devant chez Lyla… Je sors mon téléphone de ma poche et je lui envoie un SMS.

Code:

Tu fais quoi ce soir ? Je vais voir des potes chanter dans un bar. Ca te branche ? C’est genre dans un bar paumé on sera tranquille.

Je préfère rester incognito avec elle, je compte pas aller en centre ville où il y a tous les paparazzi non.

Quinze jours. Je passe quinze jours à jouer avec Ethan, à me balader dans le quartier en poussant sa poussette, à rire avec mon neveu et rien n'y fait, absolument rien. Je ne le croise pas. Je diversifie mes heures de sorties. Plus tôt le matin et rien. En début d'après-midi et toujours rien. Et ce jour là, ce vendredi là, quand j'entre dans la rue, je le vois entrer dans une voiture et je peste contre moi même. Pourquoi je suis pas partie deux minutes plus tôt du parc ? Encore une occasion manquée et y a que ça entre nous ces derniers temps. Des occasions manquées et des textos échangés de temps en temps entre deux sessions d'enregistrements pour lui et entre deux changements de couches pour moi. Il est passé vingt et une heure quand j'entends du bruit dans le couloir. Ça doit être lui qui sort non ? Alors je cherche une excuse. Un collègue vient me ramener un truc. Alors je sors de l'appartement rapidement mais c'est sur le livreur de sushis que je tombe. Il a les mains vides. Autant dire que je l'ai loupé, encore une fois. Et c'est dans un large soupire que je descends les escaliers, me dirige vers l'épicerie du coin et achète un paquet de bonbons. J'ai dis à Sandrea et Elias que c'était un collègue qui venait m'apporter quelque chose et moi, je reviens avec un paquet de Rainbow Nerds. J'ai l'air bien conne tiens. Mais j'ai pas franchement le choix. Si je remonte les mains vides, ils vont comprendre. Ma soeur a déjà compris je crois mais elle ose pas trop m'en parler. Elle a surtout pas envie de m'entendre nier en bloc et tout ce qui va avec. Le lendemain, je joue avec Ethan sur mon lit quand mon téléphone vibre. Je jète un coup d'oeil et c'est Oliver. Ethan manque de tomber du lit, trop obnubilée par mon portable. Je le rattrape par la couche, in extremis et lui fais les gros yeux pour lui faire passer le message : pas bien ! On reste tranquille quand on est sur le lit de tata.

from : Lyla
To : Oliver
Oui pourquoi pas... T'as fini d'enregistrer l'album ?

Je sais pas trop pourquoi je demande ça, ni pourquoi je mets trois petits points alors que j'ai vraiment envie de le voir. Mais peut être que ça m'a anesthésié de voir des clichés de lui de partout avec ses supers copines. C'est surement ça. Mais pourtant, je ressens un truc que j'ai pas ressenti depuis un petit bout de temps. Il veut qu'on se voit. Et même si c'est pas en centre c'est déjà bien non ? Ethan pleurniche depuis mon regard de feu et je me dirige vers le salon pour aller jouer à même le sol. Y aura moins de drames comme ça. Parce que j'attends une réponse. Et rapide, bien entendu.

Je reçois une réponse dans la minute et ça me fait sourire. Elle est toujours autant au taquet et ça me fait plaisir. Surtout qu’elle est partante pour ma petite soirée improvisé. Ouais je viens tout juste d’être invité par des potes. C’est pas la porte à côté mais au moins en zone 5 on sera tranquille, pas comme là en zone 2 dans le quartier de Camden Town, c’est quand même bien central tout ça.

Code:

Cool. Je passe te prendre à 20h.

Je me rends compte que j’ai zappé sa question en relisant son message et je lui envoie un deuxième message à la suite.

Code:

Ouais on a terminé, il y aura peut être des retouches mais pour l’instant on est bon.

Même si c’est connu que j’habite ici je me suis foutu des lunettes de soleil et un chapeau sur la tête pour passer incognito. Je me suis mis mon habituel jeans skinny noir et j’ai une veste en cuire par dessus une chemise à manches longues grise. La voiture est arrivé, elle est en bas de l’immeuble alors il me reste plus qu’à aller chercher Lyla. Je vais frapper à sa porte, il est 20h10, j’espère que ce n’est pas son frère qui va ouvrir, normalement non, elle sait que je dois passer. Quand elle ouvre la porte je lui fais un large sourire.

« Hey ! J’ai l’impression ça fait une éternité qu’on s’est pas vu. Alors que ça fait quoi ? Deux, trois semaines ? »

J’ai vécu dans un autre monde pendant l’enregistrement de l’album en vivant la nuit, ça n’aide pas pour garder la notion du temps. J’enlève mes lunettes de soleil pour mieux la voir.

« T’as meilleure mine, ça fait plaisir. »

Je les remets et je lui fais signe de me suivre.

« Allé viens la voiture nous attend en bas. »

from : Lyla
to : Oliver
J'aurai droit à une petite écoute en avant première ?

Arrête d'en vouloir toujours plus. C'pas comme s'il avait fait l'effort de venir ces dernières semaines. Puis... Vingt heures. Vingt heures. VINGT HEURES. Mon cerveau se met sur pause et je commence à paniquer. J'ai le temps, j'ai largement le temps mais en même temps, pas assez de temps. Alors je soulève Ethan et le met dans son parc que je tire jusque dans la salle de bain. Parce que faut vraiment que je commence à me préparer si je veux être prête. Pas que je suis du genre à mettre dix kilos de maquillage sur mon visage mais plutôt parce que je n'ai pas réellement pris soin de moi ces derniers temps et les poils bruns qui poussent sur mes jambes le montrent et pas qu'un peu. Musique en route, j'ôte mon short et finis en culotte. Et quand les jambes sont finies, c'est l'heure du reste du corps. Ethan joue tranquillement et je ne m'occupe pas de lui. Masque au charbon, masque pour les cheveux, plus un poil sur le corps et je file à la douche alors que Sandrea rentre et décide de s'occuper du petit et surtout, je cite, "de fermer la porte de la salle de bain parce que tout le monde n'a pas besoin de me voir nue dans l'appartement". J'enfile une robe longue noire, une paire de baskets et je me maquille légèrement. Quand la porte sonne, je file ouvrir pour que Sandrea n'ouvre pas à ma place. Elias est en déplacement donc tant mieux. Je regarde Oliver et souris légèrement, glissant une mèche derrière mon oreille. " Oui ça doit être ça " Soufflais-je en attrapant mon sac que je passe sur mon épaule après avoir enfilé ma veste et une écharpe. " Sand j'y vais. À plus tard " Lançais-je alors qu'il me dit que la voiture nous attend en bas. Dans les escaliers, derrière lui, je tente de me calmer parce que je suis une vraie puce là. Je joue avec mon choker et monte rapidement dans la voiture. " Je reprends le boulot dans deux jours donc ouai, ça va mieux " Et je ne suis pas faite pour rester à la maison en ne voyant personne. Parce que je ne connais personne ici, enfin pas grand monde. Sauf le voisin, le voisin que j'ai pas vu pendant toute cette convalescence. Quelle idiote je fais, ça fait peur à voir. " Alors c'est où ce concert ? "

Elle veut écouter l’album en avant première, c’est pas impossible.

Code:

On verra quand j’aurai la première copie ;)

Je dis pas non parce que de toute façon elle va pas pouvoir recopier les chansons. Je ferai gaffe qu’elle ne soit pas en train d’enregistrer la séance sur son portable. Une partie de moi se dit que je lui ferai écouter lorsqu’elle sera à poil hehe.

20h10 on est en route pour la voiture. Je remets mes lunettes de soleil sur le nez et on est parti. Elle me dit qu’elle reprend le boulot dans quelques jours.

« Ah super nouvelle ça. »

Ca veut dire qu’elle est complètement rétabli. Je l’ai donc invité au bon moment, je suis au poil pour le timing, je m’impressionne. Elle me demande où se trouve le concert et je lui ouvre la porte d’entrée pour la laisser sortir, la voiture étant en double file juste en face.

« C’est vers Edgware. Pas la porte à côté. »

On en a pour au moins trois quart d’heure de voiture, moins si la circulation est bonne.

« C’est une soirée open mic et j’ai des potes qui jouent. Ils sont pas mauvais. »

J’ouvre la porte de la voiture à Lyla et je vais de l’autre côté pour entrer aussi. Je n’ai pas besoin de filer l’adresse au chauffeur, il sait très bien où il doit nous amener.

« Tu pourras même chanter si le coeur t’en dis. »

Moi je ne vais pas m’afficher, enfin, je ne pense pas, en tout cas ce n’est pas prévu. Et la voiture est en route, direction Edgware. Je fronce le nez à la musique qui passe dans la voiture, non je tolèrerai pas ça pendant trois quart d’heure. Alors je prends la parole, m’adressant au chauffeur.

« Hey tu peux me passer le cable pour que je branche mon tel à la radio ? »

Il me passe le dit cable et je sors mon téléphone de ma poche. En fond d’écran une photo de trois de mes potes qui grimacent. Ils m’ont mis ça en fond d’écran un jour et je l’ai laissé depuis. Je déverouille mon tel et je me mets sur spotify pour y mettre la playlist que j’écoute en ce moment. Les premières notes de Silence Speaks résonnent et je souris largement.

« Ah voilà qui est mieux. »

Ok ok, on verra. On verra plus tard parce que là, je dois me préparer et vu le chantier qu'a été mon corps pendant quinze jours, j'ai du boulot à faire. Heureusement qu'Ethan est pas trop chiant et qu'il ne pleure pas toutes les cinq minutes parce que sinon je ne serai pas rendue. Mais non, je fais ma vie et c'est à peine s'il me regarde. Son ours en peluche est plus fun visiblement. Et quand Oliver débarque, je suis prête, bien habillée, belle, mais simple parce que de toute façon, les froufrous, les paillettes et les miches à l'air, c'est pas vraiment mon truc. " Ouai j'ai trop hâte... Pouvoir enfin sortir de la maison et faire quelque chose de mes journées autre que de surveiller Ethan, ça va me faire trop de bien " Beaucoup de bien. Je vais revoir mes crétins de collègues qui, étonnement, sont devenus de vrais anges avec moi après l'accident. Faut dire qu'ils étaient tous là, qu'ils ont tout vu et que du coup, ils ont un peu plus de respect pour moi. En gros, j'dois manquer de crever pour arrêter de me faire chambrer. Et voilà que j'exagère, j'ai clairement pas failli mourir. Mais c'est cool d'exagérer. J'ai peut être un peu envie de me faire plaindre, je dois l'avouer. Edgware. Ouai, effectivement, c'est pas tout à côté mais bon, ça nous laissera le temps de discuter un peu parce qu'une fois là haut, je doute qu'on ait vraiment le temps de discuter, surtout s'il y a ses potes. Viens-je de me fourrer dans un plan à la con ? Oui, clairement, OUI. Mais c'est pas grave. Ça me fait trop du bien de sortir. Je le regarde et ris légèrement alors que je m'attache. " Moi, chanter ? Tu m'as déjà entendu chanter ? " Lâchais-je en retirant mon écharpe. Non, je dois pas gueuler assez fort sous la douche parce que je chante comme une casserole qu'on frappe contre une cuillère en bois, c'est pour dire. " Enfin, si tu veux faire fuir tout le monde du bar pour te retrouver qu'avec moi, j'pourrais chanter un petit truc " Mais j'ai quelque chose à y gagner : un petit tête à tête avec lui. Sinon, niet. Non non, le bar va me foutre dehors parce que je fais grave baisser leur chiffre d'affaire et que je nique totalement leur event. Je pose mes affaires sur le sol et quand il chope le câble pour brancher son téléphone, je regarde ses mains. Je sais pas pourquoi mais... J'aime ses mains. Peut être parce que la dernière fois qu'elles se sont posées sur moi c'était le kiff absolu. Alors forcément, j'ai vu son fond d'écran. Je le sais bien que c'est les potes avant tout. " Vous avez de bonnes têtes tiens sur ton fond d'écran " Lâchais-je simplement en souriant. " Et toi tu comptes pas chanter un petit truc ? " Histoire de faire craquer les culottes des demoiselles présentes.

« Non je t’ai jamais entendu chanter mais je demande que ça. »

Je lui fais un large sourire bien amusé par mes paroles. Chanter c’est la vie, enfin, pour moi. Je pourrais faire ça pendant des heures. J’ai eu ma dose pendant l’enregistrement de l’album mais c’est pas aussi intense que lors des concerts qu’on fait. C’est toujours mieux de chanter avec du public.

« Ouais faudra que tu chantes un truc ! Ca va être cool ! »

Je suis carrément emballé quand quelqu’un d’autre se lance dans la musique avec moi. Je verrouille mon téléphone pour voir mon fond d’écran et je ris un peu.

« Ouais ces cons m’ont mis ça pensant que ça me ferait chier et depuis je l’ai toujours pas enlevé. »

J’ai rien de mieux à mettre en même temps. Je m’en fou un peu de mon fond d’écran. Elle me demande si je compte chanter un truc et je fais non de la tête.

« Non c’est pas prévu. On verra. J’ai pas envie de me faire remarquer, surtout parce que t’es là. Enfin, on devrait être tranquille mais on sait jamais. »

On est jamais trop prudent. Je n’ai pas envie qu’on soit tweeté et que des paparazzi se ramènent dans le coin. Un accident ça suffit. J’ai envie de passer une soirée tranquille, même si je me connais je vais avoir envie de chanter, mais j’ai invité Lyla donc il va falloir que je fasse des choix.

« Je te chanterai un truc rien qu’à toi après si tu veux. Dans la voiture au retour. »

Parce que je me connais je vais avoir envie de pousser la chansonnette.

« Bon sinon quoi de neuf ? T’es pas trop sorti pendant ces quelques semaines si j’ai bien compris. »

Je ne peux retenir un léger rire quand il me dit qu'il n'attend que ça, que je lui chante un petit truc. Ce mec est complètement malade je vais lui percer les tympans si j'ouvre la bouche pour chanter. Ou peut être pas. Je chante pas vraiment juste mais en même temps personne me demande de chanter des trucs qui montent dans les aigues non ? Mettez moi devant Disney et là, je gère ! Sauf la reine des neiges, bien entendu. " Je t'aurais prévenu, si tout le monde part en courant parce que je chante faux, ça sera de ta faute " Je suis déjà entrain de me dédouaner alors que je n'ai pas ouvert la bouche mais bon, en même temps, ça ne sera pas glorieux. Sandrea chante mieux que moi. Elle devrait prendre ma place et pousser la chansonnette pour que j'obtienne les faveurs du jeune homme. Ouai, ça pourrait grave le faire ça tiens. Ou pas. Parce que je crèverais de jalousie s'il venait à s'intéresser à elle parce qu'elle sait chanter. Ouai, je crois que je le vivrais très mal. Y a qu'à voir ma gueule quand j'ai vu les clichés du jeune anglais avec la mannequin y a de ça quinze jours. J'ai fais la tronche pendant trois jours alors s'il s'agit de ma soeur, je crois que je deviendrais folle. J'sais pas trop pourquoi je suis comme ça avec lui. Peut être que c'est le côté inaccessible et distance qu'il ne cesse de poser qui m'attire encore plus. Toujours attirée par l'inaccessible sinon c'est pas drôle voyons. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué après tout ? Je tente de ne pas penser à tout ça et me concentre sur son téléphone avec un léger sourire. Ça me rappelle mes cousins aux États-Unis, toujours entrain de me prendre mon portable et à faire des tas de photos d'eux ou de moi dans des situations compromettantes. À croire qu'ils avaient un radar "Attention elle va se moucher, photo ! Attention elle va éternuer !" Ils me manquent en tout cas, je ne peux pas le nier. " Je ferai attention cette fois, au pire " Parce que j'ai pas vraiment envie qu'il se retienne, qu'il se limite pour moi. Ça me chagrinerait et puis, j'ai pas très envie d'être cette fille, la nana un peu chiante qui l'empêche d'être qui il est parce qu'elle regarde pas du bon côté de la route, prise de panique. " Ouai je veux bien... On t'entend plus pousser la chansonnette de l'autre côté de la cloison ces derniers temps " En même temps son appartement a du se transformer en chambre d'hôtel plus qu'autre chose ces dernières semaines. Enfin j'en sais rien au final parce que c'est pas avec le petit échange de textos qu'on a eu que je peux en savoir plus que ça. " Oui, je connais pas grand monde à Londres encore alors je suis pas trop sortie, si ce n'est pour me promener avec Ethan mais bon. J'ai bien vu le regard de certaines personnes genre "c'est une gamine et elle a un gosse". À croire que c'est une tare d'avoir un enfant à mon âge " Bon, c'est pas mon fils et je veux pas de gosse aussi tôt mais bon. Si les gens sont prêts dans ces eaux là pour avoir un enfant, c'est leur problème. " Mes collègues sont moins chiants et ils ont hâte que je revienne. J'vais être une vraie princesse à la caserne, je vais rien comprendre " Lâchais-je en riant légèrement. Ça va me changer, vraiment. Je reviendrais plus avec des bleus par ci par là parce qu'ils m'ont attaqué comme les brutus qu'ils peuvent être. Je vais être la petite chose fragile et c'est pas bien grave ça. " Et toi alors ? Le studio, les soirées, les filles et les retours à l'heure du petit-dej ? " Les filles. Les nanas. Les poufs. Pas de bruyantes, heureusement. Elias aurait hurlé sinon.

Elle dit qu’elle fera attention, j’espère bien. Après un accident pareil je pense qu’on doit faire deux fois plus attention qu’avant et cela même en présence de paparazzi, enfin je crois. J’espère. Elle me fait la remarque qu’elle m’entend plus chanter de l’autre côté du couloir, ça me fait sourire.

« J’ai pas été trop chez moi ces derniers temps. T’inquiètes pas, je vais reprendre la guitare dans pas longtemps. »

Parce que même si j’ai eu ma dose avec les sessions d’enregistrement, ça va vite me reprendre. Je suis un vrai passionné. J’écris des chansons tout le temps quand je suis inspiré. Bon là je pense avoir écoulé mon stock d’inspiration pour le nouvel album mais je prends toujours des notes sur les mélodies que j’invente de temps à autres. Elle me parle de son neveux qu’elle a dû garder assez souvent ces derniers jours.

« Ouais ça fait jeune mais pourquoi pas. »

Je n’ai pas de préjugé là dessus.

« Enfin moi je me vois clairement pas avoir un gosse sous peu. »

Je suis bien trop immature pour ça. Elle me rappelle qu’elle bosse dans une caserne et je trouve ça vraiment trop classe comme job.

« Profite en. »

Elle me retourne la question me demandant après moi. Elle a remarqué que je rentrais super tôt le matin. Je me demande si elle a pas cherché à m’épier pendant ces deux semaines. Non quand même pas… Ou peut être que si ?

« Ouais j’ai fait le vampire, j’ai vécu la nuit ces dernières semaines. Là je peux aller aux States je serai bien calé pour chez eux. »

Je sens qu’il va me falloir quelques jours encore pour reprendre un rythme à peu près normal. Je fais l’impasse sur sa question sur les filles. Ce n’est pas vraiment un sujet où je suis à l’aise avec elle, sachant qu’on a eu une aventure tous les deux (et que clairement j’ai pas envie que ça se termine sinon qu’est ce que je ferai avec elle en ce moment ?).

« On a dit que la prochaine fois qu’on ferait un album on ira en Australie pour l’enregistrer pour qu’on puisse se reposer à la plage la journée. Pas une mauvaise idée hein ? Ca m’a donné envie de partir faire un voyage en tout cas. Quelque part où il fait chaud pour changer de cet hiver… »

Je suis anglais mais je dis pas non à un bon climat tropical.

« Du coup je vais regarder dans les jours qui viennent. J’ai quelques semaines tranquille là. »