— Je vois, je suis content de savoir que tu apprécies cette nouveauté dans ta vie, dit-il en souriant légèrement. Enfin moi aussi j’ai hâte de mieux te comprendre, visiblement il y a certaines subtilités que je dois encore apprendre à saisir.

Après tout, Nerina ne doit sans doute pas avoir l’habitude de s’exprimer autant avec quelqu’un, Bishop va devoir apprendre à lire au-delà des lignes. Cette semaine ensemble leur sera bien utile et le sorcier espère qu’à la fin de ces septs jours ils arriveront mieux à se comprendre. Nerina maintenant bien attachée, ils purent prendre la route en toute sécurité, ça devait d’ailleurs lui faire bizarre d’utiliser une ceinture de sécurité. Ce n’est d’ailleurs pas toujours agréable, heureusement qu’ils n’ont pas une route trop longue à faire.

— Houlà, j'espère tout de même qu’on n’en viendra pas à ce point, d’autant plus que je n’ai pas le sentiment que tu sois le genre de personne qu’on puisse détester. Je pensais plus au fait que ça ne collerait peut-être pas d’un point de vue plus romantique, tu peux t’entendre avec quelqu’un sans que ça n’aille plus loin. Cependant, si ça devait prendre ce chemin, j'espère qu’on pourra rester amis, enfin on n’en est pas encore là bien sûr.

Quoi qu’il se passe entre eux, Bishop ferait toujours en sorte de venir en aide à la jolie sirène, elle gagne vraiment à être connue et ne mérite pas de se noyer dans la solitude. D’autant plus que ça lui fait mal au cœur de la savoir seule… Tiens, le jour ou il en a marre de s’occuper de sa librairie il pourrait se lancer dans l’aide aux créatures surnaturelles qui comme Nerina sont seules. Il n’y a pas que les humains qui doivent souffrir d’isolement après tout. Reportant son regard sur la jeune femme, il rit doucement, apprendre l’impatience donc.

— En général, on apprend plutôt à être patient et pas impatient. Faut croire que tu ne fais pas les choses comme les autres.

Pendant plusieurs longues minutes, le sorcier se contente de conduire dans un silence agréable, c’est bien qu’ils sachent communiquer mais avoir des blancs sans gêne aucune c’est bien aussi. Ça veut dire qu’ils peuvent trouver un moment agréable avec l’autre sans pour autant devoir combler les blancs avec des mots.

— Maintenant que tu le dis, c’est vrai que certaines créatures n’ont pas forcément besoin de nom de famille, je comprends pourquoi tu as dû en inventer un. Ton prénom a une signification au fait ?

Elle a la tête contre la vitre. Elle sent la vibration du chemin quand elle a la tête contre la vitre. Elle la recule et elle ne sent plus. Elle essaie de toucher, remarque que, devant elle, c’est plus chaud. Elle remarque que la vitre est froide. Elle remarque qu’elle peut changer de place le « miroir » dehors, et voir derrière la voiture. Elle se demande pourquoi. Plusieurs fois, elle pousse la ceinture et la repousse pour éviter qu’elle ne touche son cou, et son collier. Elle a dans l’idée qu’elle pourrait le perdre si elle ne fait pas attention. Elle finit par passer le bras sous la ceinture pour toucher son pendentif d’une main… de l’autre, elle continue de passer la main. Il y avait des « trous » dans la voiture. Elle regardait aussi dehors. L’horizon de bleu, le ciel le sait-elle, la faisait toujours sourire. Parce que l’horizon de bleu ressemblait fortement à l’horizon de bleu sous marine. Elle se pose des questions, sur sa vitesse, sur la distance qu’elle va prendre avec l’océan. Elle n’a pas demandé tout ça, ce n’est pas grave. Elle observe et elle apprécie. Elle savait déjà pouvoir être ami avec Bishop. Bien qu’elle ne sache pas la subtilité entre amitié et amour, elle savait déjà avoir un sentiment positif pour Bishop. Si elle voulait l’imager, elle se sentait avec Bishop, dans sa voiture qui volait sur la route, comme quand elle s’étale sur les méduses et qu’elle se retrouve dans un sentiment de bienêtre et de douceur. Elle respire. Elle fouille. Elle touche. Elle l’évite. Même si une mèche devant les yeux de l’homme l’attire comme une crevette est attirée par un poisson-lanterne. Elle force son esprit à regarder et toucher ailleurs. Quand il lui demande pour son prénom, elle sourit.

- Nous n’avons pas réellement besoin de prénom, non plus. Nerina signifie « Nymphe des mers » dans une langue humaine. C’est curieux, nous avons notre propre langage sous l’océan, un dialecte et un alphabet qui n’a pas de traduction sur ce monde et on sait qui on est, mais nous utilisons les mots des humains. C’est un petit plaisir des sirènes. Tous nos prénoms ont un rapport avec la mer, l’océan, les divinités aquatiques dans différents dialectes.

Elle se met à attraper une mèche de ses cheveux et la ramène derrière son oreille. Elle se dit qu’elle n’avait jamais réfléchit à son prénom. Elle savait ce que ça voulait dire, elle connaissait les noms, mais elle l’avait accepté comme étant le sien. Elle se penche contre le siège, se tourne vers lui en ramenant une jambe sous ses fesses et en se tournant vers lui.

- Et toi ? Bishop ? Pourquoi ? Je veux dire je connais la signification du mot, mais je me demande pourquoi on t’a choisi ce prénom ? Comment, plutôt. Ce sont … l’humanité, la zone de naissance, la chance, qui donne mon prénom, mais toi ? Ce sont tes parents qui t’ont donné ce prénom.

Elle se demande un instant une question qu’elle ne s’était jamais posé avant, Nerina. Comment on fait les enfants ? Elle savait la théorie des humains, elle avait eu un corps pour s’en habituer même si elle n’avait jamais pratiqué avec une autre personne … Mais les sirènes ? Elles naissaient, c’est tout. Pas d’homme, pas de femmes pour tout dire. Des sirènes, mi-femmes, mi-poissons, charmeuse, tueuse, sans cœur. Elle naissait et leur nom leur était donné par … envie ? Les humains choisissaient les prénoms pour leurs enfants. Et elle se demande comment ça se choisi.

Nerina lui avait dit être impatiente, elle semblait également très curieuse de son nouvel environnement, elle ne tenait vraiment pas en place dans la voiture. En général, ça avait le don d’énerver le sorcier parce qu’il aime bien conduire dans le calme, mais pas cette fois, pas avec Nerina elle avait bien le droit de fouiner ici et là, de toute façon il ne cache rien de spécial. Son véhicule est toujours bien rangé et bien propre, donc elle peut l'explorer à sa guise ouvrir la boite à gant, jouer avec la ceinture tant qu’elle ne la retire pas, tout ira bien. A nouveau concentré sur la route, le sorcier réfléchit alors aux activités qu’il pourrait faire en compagnie de la sirène, parce qu’ils ne vont pas rester toute la semaine cloîtré chez lui, ce serait dommage de ne pas profiter de la réussite de son sortilège. Peut-être qu’en dehors de l’activité piscine et la rencontre avec ses amis, ils pourront aller voir un film et manger au restaurant, pour le reste il y doit y avoir pas mal d’activités à Bristol avec l’été. Il sait aussi que la communauté du surnaturelles organisent comme chaque année une fête qui célébrera l’été, il y emmenera la jeune femme ça devrait lui plaire également. D’ailleurs cette dernière finit par reprendre la parole pour lui expliquer que son nom de famille est bord océan à l’envers, si elle ne lui avait pas dit, il ne l’aurait sans doute jamais remarqué.

— La signification de ton prénom est très jolie et te va très bien, une nymphe est une créature très belle. La culture des sirènes semble très intéressante, dommage qu’elles soient farouchement opposées à s’ouvrir un peu aux autres, ce que je peux aussi comprendre, ton peuple n’a pas toujours eu la chance de vivre en paix.

Certains livres parlent des tragédies qu’elles ont pu traverser, le sorcier pense notamment à cette grande chasse aux sirènes initiée il y a un siècle de cela par une tribu de loup-garou qui avait pris goût à leur chair. Le sang avait coulé à flot, autant d’un côté que de l’autre. Donc, il peut parfaitement comprendre qu’aujourd’hui elle soit réticente à l’idée de partager un peu de leur richesse culturelle.

— Mon prénom fait partie intégrante de mon identité, je crois qu’il me manquerait quelque chose si je ne possède pas de prénom ça fait de toi un être à part entière. Mais oui ce sont bien mes parents qui m’ont donné mon prénom, c’est un hommage à mon arrière grand père qui était un sorcier de premier ordre et qui dirigeait le Coven ou je suis né fut un temps. Peut-être qu’en me donnant ce prénom mes parents ont espéré me transmettre un peu de la grandeur de mon aïeul.

Bishop hausse doucement les épaules, il ne sait pas trop si ça a fonctionné et il s’en fiche pas mal, si ses parents espèraient aussi qu’il dirige à son tour le Coven tel son arrière grand père, ils se sont bien plantés. Lui ça ne l’a jamais intéressé, il a toujours voulu faire sa vie en dehors de sa communauté sans pour autant couper les liens avec eux, ce qu’il a plus ou moins réussi à faire, même si ses parents lui en veulent encore. Dire qu’ils veulent lui coller un mariage arrangé dans les pattes pour qu’il soit pardonné, quelle horeur.  La route se poursuit tranquillement et finalement, ils arrivent enfin à destination, il était plus que temps, le sorcier a vraiment besoin de dormir.

— Voilà, c’est chez moi, dit-il en allant lui ouvrir la portière. Je te ferais visiter demain, je dois dire que je suis éclaté de fatigue.

Elle essayait pourtant de minimiser ses déplacements dans la voiture, mais impossible. Elle avait envie de passer la main partout. Et encore, elle évitait de goûter ou sentir. Elle se demandait si le cuir du tableau de bord, chauffer par le soleil avait le même goût que son odeur. C'était bizarre. Elle le sait. Elle avait appris ça. Les enfants n'avaient pas le droit de tout mettre à la bouche, les mamans -souvent mais pas que- disputer les enfants sur ça... il ne fallait pas mettre les choses dans la bouche, ça ne se fait pas. Donc, elle touche, ne goûte pas. Pas pour le moment. Elle sourit en posant sa tête contre l'appuie-tête.

- Je n'ai jamais rencontré de sirène moche, tu sais. Je sais que ce n'est pas réel quand on nous trouve magnifique, mais toi tu es protégé de ma magie, alors ça me touche. Et je me dis que ça doit être vrai alors. Peut-être que les sirènes sont belles sans avoir besoin de magie.

Elles n'avaient juste jamais eu l'occasion de faire taire cette magie pour s'en rendre réellement compte. Pour elles, sous l'océan, elles sont simplement "elles". Elles ne sont ni belles ni moche. La couleur de peaux, des yeux, de la queue, de la peau même parfois -bien qu'il y avait moins de possibilité que pour les yeux- diffèrent d'une sirène à l'autre .... mais elles ne voyaient aucune différence réelle entre elle. Logique de sirène à nouveau. Elle n'en dit pas plus sur son peuple. Elle, elle avait réellement 26 ans. Elle n'avait connu que l'émergence de la pêche qui "racle" les fonds marins comme seul menace pour son peuple.

-J'aime bien ton prénom, mais simplement parce que je trouve qu'il sonne bien. Bishop. Je ne sais pas, j'ai l'impression d'entendre un bruit sous marin. Je trouve déjà que tu es grand.

Elle rit un peu. Pas parce qu'il n'est pas grand, mais parce qu'elle savait qu'il était grand "différemment". Il était grand dans son esprit et ses actions. Elle oublie ça bien vite en mettant ses yeux contre la vitre pour voir dehors, elle est impressionné. Il y avait là une maison dans une forêt, en quelque sorte. En tout cas, elle n'avait jamais vu une maison aussi "verte". Elle le regarde, penche la tête, réfléchi puis comprends.

- Je ne le suis pas, éclatée de fatigue, tu penses que je peux visiter le jardin ? Promis je ne fouillerais pas à l'intérieur.

Et puis, dans sa tête, il y avait un lac / piscine, donc elle allait certainement devoir dormir à l'extérieur, dans la mer. La seule raison qui faisait qu'elle avait une cabane et un lit, au bord de l'océan, c'était que les gardes côtes faisaient attention à ce genre de détail.

— La beauté c’est quelque chose de vraiment subjectif est propre à chacun, certains et certaines peuvent trouver les vampires et les loups-garous moches et trouver les démons très beaux. Moi je te trouve belle, je ne vais pas dire le contraire, mais dans le fond le plus important c’est la façon dont toi tu vois, dès lors que tu te trouves belle l’avis des autres n’a plus d’importance. Chaque créature est belle à sa façon.

La première fille dont il était vraiment tombé amoureux lui avait dit qu’elle ne sortirait jamais avec lui parce qu’elle le trouvait moche, ce qui l’avait profondément vexé. Il faut dire que le petit Bishop de douze ne fonctionnait pas encore comme celui qu’il est maintenant, parce que si aujourd’hui on lui disait il s’en ficherait pas mal. Mieux encore, il positiverait en se disant qu’il ne serait pas exclusivement dans une relation basée sur la beauté. Ouais, il est loin d’être une bombe sexuel, mais il s’en fout, il a bien d’autres atout dans sa manche et certains ne sont pas visibles.

— Bishop ça te fais penser à un bruit sous-marin ? demande-t-il en riant. C’est la première fois qu’on fait un tel parallèle avec mon prénom, c’est même la première fois tout court qu’on m’en fait un. J’espère que c’est un bruit sous-marin sympa alors.

Quant au fait de savoir s’il est grand, pas vraiment pour un homme, mais pour le côté grandeur d’âme il fait de son mieux en tout cas. Enfin, ils arrivent à destination, home sweet home, il est heureux de pouvoir retrouver la quiétude de sa grande maison et d’aller pouvoir se reposer dans son lit, demain il devra être en forme pour commencer cette belle semaine en compagnie de Nerina. La question de la brunette l’étonne un peu, visiter le jardin en pleine nuit ce n’est pas banal.

— Ouais, je n’y vois pas d’inconvénient, tu peux fouiller si tu veux, j’ai pas grand-chose à cacher, mais je vais d’abord te montrer ta chambre pour la nuit.

Bishop lui fait signe de la suivre, déverrouille la porte d’entrée et l’invite à entrer à l’intérieur.

— Tu peux circuler ou tu veux dans la maison, explique le sorcier en allumant les lumières. Il y a juste un endroit où je ne veux pas que tu ailles, c’est mon bureau, il me sert de laboratoire pour ma magie et mes potions. Tu ne peux pas te tromper, il est écrit bureau sur la porte avant d’entrer dans la pièce.

Ensuite, il entraîne la sirène à l’étage et va directement à l’une des chambres s’y trouvant, c’est un peu expéditif mais il lui montrera son chez lui quand il sera moins perclus de fatigue.

— Tu as une salle de bain privative qui jouxte ta chambre, j’ai mis dans la grande armoire quelques affaires de ma sœur qui devrait t’aller, je pense que vous avez la même taille. Sinon demain on ira te chercher des vêtements et ne t’en fais pas, ça ne me dérange pas.

Le blond traverse la chambre et ouvre une porte vitrée donnant sur son immense jardin ainsi que ce qu’il appelle sa piscine naturelle, qui est plus un grand point d’eau que réellement une piscine.

— Il y a un escalier au bout de la terrasse, ça t'évitera de devoir te farcir toute la maison pour atteindre les extérieurs. Ah oui, ma chambre est juste à côté de la tienne, si tu as un problème n’hésites pas à toquer, je n’ai pas oublié que je devais fermer la porte de ma chambre.

Il hausse un sourcil offrant à la jeune femme un sourire en coin.

— Oh et si tu as faim ou soif, n'hésite pas à te servir dans mes placards ou mon frigo, ce sera plus simple que de devoir me demander à chaque fois. Est-ce que tu as des questions ?

Se sentait-elle belle ? Cette question était peut-être un peu trop philosophique pour la sirène. Elle se savait belle parce qu’on la voulait pour ça, qu’on lui disait, qu’on la loué pour ça. Mais elle était une sirène. Bishop avait dit qu’elle était belle, quand il avait vu la photo d’elle en sirène … Alors il la trouvait belle ? Elle l’était donc, sans magie ? Elle n’en sait rien. Se demande si la question est vraiment si importante, se dit qu’elle se sentait surtout « elle ». Elle se sentait en phase avec elle-même. Elle savait ce qu’elle voulait, ou ne voulait pas, faire, et elle savait pourquoi. Elle ressentait les choses, comme des sentiments. Alors elle ne reprit pas sur ce sujet, réfléchissant plutôt dessus en se disant qu’elle ne pourrait, de toute façon, pas trouver de réponse à la question. Elle trouve Bishop beau, elle, et elle se souvient qu’il disait ne l’être. Elle croit qu’elle comprend ce qu’il veut dire.

- C’est un poisson, les sirènes, on entend plus de bruit sous l’eau que dehors. Le poisson en question, le bruit qu’il fait c’est quand il se trouve une anémone dans laquelle se cacher. C’est le bruit du bienêtre, pour prévenir les autres poissons qu’il a trouvé sa place. Ils sont solitaires… Je crois que c’est comme un « ronron » de chat.

Elle mangeait les chats, elle ne les faisait pas ronronner… mais elle avait déjà eu l’occasion d’entendre le ronronnement d’un chat quand il se sentait bien. Et c’était pareil. C’est un bruit qui calme, qui tranquillise. Un bruit de bienêtre. Souvent, Nerina se posait à côté des poissons, sur le dos d’une raie et elle écoutait le son de l’océan. Est-ce que c’était ça qui lui avait donné un cœur ? L’écoute de l’océan ?

- La chambre ? demande-t-elle en sortant de la voiture, tu n’es pas obligée tu sais… mais merci.

Elle le suit, docile et à l’écoute, forme le plan dans son esprit pour ne pas se perdre. Elle ira certainement faire un plouf dans la nuit, parce que l’eau l’appelle. Elle était attirée par l’eau comme par la mèche sur le crâne de Bishop. Mais le second elle n’a pas le droit de le toucher alors qu’il a dit oui pour le premier alors … Elle lui sourit une fois dans la chambre, un sourire joyeux.

- Oui, ferme, c’est mieux. On ne sait jamais ce que peut faire une sirène si tu laisses la porte ouverte.

Elle était tellement sérieuse. Rien de sexuelle avec elle, elle n’y pensait même pas… mais un câlin dans un lit douillet ça n’avait pas de prix. Elle lui sourit encore avant de se rapprocher mais sans le toucher. Elle passe juste sa main au-dessus de sa tête et sourit encore en penchant la tête d’une manière adorable.

- Je n’ai pas de question, tu peux aller te coucher sans crainte. Je ne fouillerais pas, même si tu as dit oui, pour le moment, parce qu’elle le fera un jour elle est bien trop curieuse pour ne pas le faire, et pas le bureau, jamais. Je te serais éternellement reconnaissante pour ce que tu fais.

Et elle fait un pas en arrière. Elle ne l’avait pas touché mais elle avait trouvé que le geste était à faire pour lui donner l’espace. Elle tourne la tête, observe la chambre si grande et belle. Elle avait envie de toucher à tout. Absolument tout. Elle allait toucher à tout. Cette nuit. Elle dormirait demain soir. Là, elle était bien trop excité pour pouvoir penser à autre chose que la découverte de l’endroit … et elle avait un accès direct à l’eau… Elle sourit encore, ça allait être bien.

Le sorcier se gratte le bout du nez, pas sûr de réussir à suivre la sirène dans ses explications, enfin il comprend bien le lien entre le poisson et le bruit qu’il fait, qui s’apparente au bien-être s’il saisit bien. Du coup, est-ce que le fait que Bishop lui fasse penser à un bruit sous-marin serait pour elle synonyme de tranquillité ? Le blond hoche la tête, il suppose avoir compris mais il n’est pas sûr que demander des éclaircissements l’aidera, Nerina à une vision et une façon de s’exprimer qui lui est propre. Il n’est pas sûr qu’il pourra en comprendre toutes les subtilités, le principal étant qu’il en a saisi l’essentiel. Enfin, il le suppose toujours. Ouais, il avait vu juste en se disant qu’il le faudrait encore du temps pour vraiment bien se comprendre, après tout c’était normal, ils venaient de deux univers bien différents.

— Je ne me sens en rien obligé, au contraire je tiens à ce que tu sois aussi à l’aise et confortable que possible chez moi, tu vas passer la semaine ici alors il faut que tu sois comme un coq en pâte.

D’autant plus que ce n’est qu’une chambre, pour lui c’est juste normal de pouvoir lui proposer une pièce rien qu’à elle pour que la jolie brunette puisse avoir de l’intimité quand elle le souhaite. Il lui présente rapidement les quelques pièces ou il passe, la vraie visite aura lieu demain matin quand il sera en état de faire le tour de sa propriété, pour l’heure il a juste envie de rejoindre Morphée. Mais encore un peu de patience. Il lui jette un regard interdit quand Nerina lui explique que oui il vaut mieux qu’il ferme la porte, parce qu’on ne sait jamais ce qu’une sirène peut faire. Le tout avec un visage si sérieux que Bishop ne sait pas trop comment le prendre, enfin, il suppose que c’est pas rapport avec cette histoire de calin. Le sorcier ne répond pas, la laissant plutôt approcher, elle met une main au-dessus de sa tête et penche la tête d’une façon tout à fait charmante.  Bishop esquisse un sourire, elle ne va pas fouiller, il a un peu du mal à y croire après ce qu’il a vu dans la voiture, il sait bien que ce n’est pas dans un but voyeuriste qu’elle fait ça, mais vraiment par simple curiosité et rien de plus.

— Fait comme tu le sens, tu peux tout toucher comme rien du tout, je te laisse découvrir le coin comme bon te semble.

Pour l’éternelle reconnaissance de la jeune femme il ne répond rien, pas parce qu’il s’en fiche au contraire, mais juste parce qu’il ne sait pas comment réagir ou quoi dire. Ce qu’il fait pour Nerina, c’est juste naturel, il veut l’aider et c’est tout. Baillant à s’en décrocher la mâchoire, il est grand temps que le sorcier aille se coucher. S’emparant délicatement de la main de Nerina et il y dépose un chaste baiser.

— Bonne nuit Nerina.

Un dernier sourire et Bishop laisse la jeune femme tranquille pour rejoindre sa propre chambre, fermant à clé, car il n’est toujours pas près a accueillir la brunette dans son lit d’une façon ou d’une autre. Il se déshabille, s'effondre dans son lit et ne tarde pas à s’endormir après cette belle soirée pleine de promesses.  

Un coq en pâte ? Elle nota qu’elle allait devoir lui demander ce que ça signifie, très prochainement. Pas tout de suite, il était fatigué et elle l’avait bien compris. Mais le terme était surprenant. Elle imagine un coq, elle voit bien l’animal. Mais il avait déjà des pattes, non ? Bon. Elle demandera demain que déjà elle l’empêche d’aller dormir parce qu’elle ne fait que poser des questions et parler. Alors elle se tait, pince ses lèvres et note qu’elle doit demander. Voilà. Mieux. Elle sourit. Elle ne posera pas de question, mais elle peut toucher. Ok. Elle va toucher à absolument tout dans cette chambre. Pas un centimètre carré n’allait pas être marqué de ses doigts. Elle sourit encore en regardant la manière dont le ciel se reflétait dans l’eau du lac / piscine. Elle adorait ça. Elle avait envie de tout faire, tout toucher, tout comprendre et tout en même temps. Impatiente donc.

Mais elle se fige quand il la touche et embrassa sa main. Elle s’arrête, son système d’exploitation cesse momentanément de fonctionner et elle n’arrive qu’à dire un pauvre « à toi aussi » plus soufflé que parler. Parce qu’il venait de la toucher. Et elle voulait pourquoi elle aussi. Est-ce que c’était une règle des humains ? Les hommes peuvent toucher mais pas les femmes. Elle se mord, cette fois, la lèvre pour ne pas lui poser la question tout de suite. Non. Non. Elle se dispute mentalement et le laisse partir alors qu’elle se retrouve toute seule dans la chambre. Elle regarde son environnement, consciente qu’elle ne pouvait pas toucher à tout en même temps. Une idée lui traverse l’esprit. Elle s’approche du lit pose ses fesses dessus, renvoie son dos en arrière et essaie de toucher les murs avec ses jambes écartés. La pièce était tellement grande qu’elle ne pouvait pas toucher les murs ! Elle se remet debout. Réfléchit et décide de commencer par regarder à l’extérieur. Le lac et la lune. Parce qu’elle n’aurait pas souvent l’occasion de le faire. Alors là, elle le fait. Elle regarde le lac et la lune, puis elle sort tous les habits de l’armoire, les déplie, les touche, se demande certains à quoi ça sert, se demande si ça la rendra jolie. Elle avait viré sa robe depuis un moment, avant même de mettre ses fesses sur le lit… mais pour elle, c’était normal d’être toute nue toute la journée. On l’oblige à s’habiller et ça l’énerve, ça sert à rien les habits, de toute façon, qu’à entraver les mouvements. Elle repli les habits, exactement de la même manière qu’ils avaient été plié, elle les range de la même manière et ferme l’armoire. Puis, elle touche à une autre armoire sur laquelle il y avait des livres et pas de portes. Elle continue son exploration comme ça, touchant à tout, comme elle en avait eu l’autorisation, s’approchant même de l’ampoule en montant sur une chaise et en s’étirant. C’était étrange. L’ampoule était cachée par un lustre. Elle connaissait le mot. Elle connaissait tous les mots mis séparément, mais elle n’en comprenait pas forcément l’utilité. Elle toucha le lit, enlevant les draps pour les remettre avant de mettre sa tête à l’intérieur pour en sentir l’odeur. Etrange. Les draps ne sentaient pas le moisie de la mer, alors même qu’ils étaient à côté d’un lac. Elle passa la première partie de sa nuit à ça, touchant absolument tout. Puis, la seconde partie de la nuit, elle sortit dans le jardin, toujours nue elle se jeta dans le lac et fouilla les fonds aquatiques. Elle trouva une balle orange et en plastique. Elle la ressort. Elle sait qu’il doit y avoir bien plus sous la vase, elle se demande si elle pourrait nettoyer le fond pour faire plaisir à Bishop. Ou s’il le faisait exprès.
Elle remonta plusieurs fois trempé dans sa chambre quand une idée saugrenue lui venait en tête. Par exemple, est-ce qu’elle séchait plus vite à l’air libre, sous une ampoule ou sous un lustre ? L’excitation de la soirée n’avait pas diminué, tant et si bien que le lendemain matin elle était toujours en train de tout regarder. Elle était dans le lac, nageant avec ses jambes et pas ses écailles. Elle avait eu peur que si elle laisse sa queue revenir, le charme ne fonctionne plus. Elle l’avait d’ailleurs sur elle, encore, et ne l’avait pas quitté. Elle sortit du lac et remonta dans la chambre, se disant que Bishop n’aimerait pas la voir nue. Est-ce que c’était ça qui l’avait dérangé dans le fait de dormir avec elle ? Le fait qu’elle soit nue ? Le concept de pyjama, bien qu’elle connaisse donc l’existence de cela, lui passait à dix mètres au-dessus de la tête. Elle revient dans la chambre, trempée, et passa à nouveau sa robe sur elle avant de s’assoir au milieu de la pièce. Elle était sûre d’avoir entendu Bishop. Ou avait-elle rêvé ? Bon. Il valait mieux qu’elle aille voir ? Mais il a fermé la porte. Mince. Elle ne savait pas ce qu’elle devait faire. Alors elle réalisa quelque chose … elle n’avait pas encore fouillé sous le lit. Et elle y alla de ce pas.

C’était bien la première fois qu’il s’était endormi si vite, il faut dire qu’en général il évite de trop utiliser sa magie plusieurs jours d'affilée, car il y a toujours un contre-coup physique. Il faut également pouvoir la recharger, en théorie la magie des sorciers est illimitée, cependant, plus ils sont fatigués physiquement et mentalement, plus la magie est faible et parfois utiliser un sort revient à ne rien faire dans certains cas.  Donc les grandes gueules qui disent utiliser de la magie tous les jours, il n'y croient pas, sinon ils utilisent des potions pour se booster mais là encore ça peut être dangereux. Mais dans le fond, il s'en fout complètement Bishop, tant que ça ne le concerne pas lui ou un proche, si un con ou une conne veut s’épuiser au point de passer l’arme à gauche grand bien lui fasse. Sa nuit est donc plus que reposante, il ne se réveille même pas pour aller pisser ou boire, c'est-à- dire à quel point il était fatigué. Dormir si bien ce n’est pas très usuel pour lui, de sorte que quand il ouvre un œil il a un peu de mal à sortir du lit, mais il le faut bien, il a une invitée et il doit s’occuper d’elle. Il espère d'ailleurs que la jeune femme s’est un peu reposée, quand il l’a quitté hier elle semblait très frénétique à l’idée de découvrir sa chambre et les extérieurs. Frottant son visage et baillant à en gober les mouches, le blond se lève finalement pour aller prendre une douche rapide et rejoindre la cuisine pour faire couler son précieux café. Impossible d’être sociable sans ça. La maison est calme en tout cas et tout en buvant sa tasse, Bishop se demande si la sirène est en train de dormir ? Reposant le mug, Bishop retourne à l’étage est frappe doucement contre la porte de chambre de la jeune femme.

— Bonjour, Nerina je ne sais pas si tu es réveillée, si ce n’est pas le cas je suis juste en train de parler à une porte.

Comme un parfait crétin, mais comme personne ne peut le voir, il n’y a pas mort d’homme n’est-ce pas.

— J’espère que tu as bien dormi en tout cas, poursuit malgré tout le sorcier. Je me disais qu’on pourrait faire le petit déjeuner ensemble, puis nous occuper des lapins, je sais que tu avais vraiment envie de les voir.

Et après, il verrait bien, le p'tit déj et s'occuper des lapins, c'était déjà un bon début.

Sous le lit, elle fouille. Elle se tortille pour essayer d’aller jusqu’au bout… Elle y arrive. D’un coup, sous les lattes, elle se surprend. Quelque chose clochait depuis le début de la journée … Quelque chose clochait et elle venait de trouver quoi. Elle regarde mieux les lattes, passe les mains dessus et continue de chercher. Il n’y a pas d’araignées. Elles sont où les araignées ? Les petites bêtes ? Les petites choses ? Dehors, elle en avait vu peu, mais ici, il n’y en avait pas une seule. Elle se tortille un peu plus, se rappelle qu’elle peut utiliser ses mains et … elle l’entend.

Elle sursaute, se cogne la tête, pousse un juron marin, qui ressemble à « étoile à six branches » mais baragouiner. Elle l’écoute encore en posant ses deux mains sur son crâne. Bon. Elle étouffe un « j’arrive » qu’elle essaya de crier mais sans montrer qu’elle souffre un peu. Elle se tortille à nouveau. Sort la tête du lit avant de parler bien plus fort.

- Bonjour ! dit-elle plus fort avant de se relever pour lisser sa robe comme il le fallait.

Ou presque, elle ne faisait pas cas de sa bretelle qui baille aux corneilles. Elle finit par ouvrir la porte, elle avait les cheveux mouillés et en pagaille, des traces de boues sur le visage, qui venait de dehors pas de sous le lit qui était propre comme nulle par ailleurs. Toujours à pieds nus, elle pencha la tête sur Bishop. Il semblait … différent ? Comme s’il avait été rebooté. C’était peut-être ça. Elle finit par faire un large sourire.

- Un petit déjeuner et des lapins, ça me plait bien. Et pas des lapins au petit déjeuner, n’est ce pas ?

Elle se pencha encore et fit un clin d’œil pour le taquiner avant de jeter un regard vers son lit. Est-ce qu’elle avait bien dormi ? Elle avait dormi … peut-être cinq petites minutes, dans l’eau du lac. Cela faisait dû bien d’être dans l’eau sans peur de se faire avoir par une sirène mécontente. Elle reprend.

- Je n’ai pas dormi, j’étais trop obnubilé par … tout. Dans ta chambre, il n’y a pas d’araignée ? Elles sont où ? Oh, je ne veux pas dire que c’est mal, mais je me demande si c’est normal. D’ailleurs, ça veut dire quoi « coq en pâte » ? Je me triture l’esprit depuis hier sur ça, mais tu étais fatigué.

Mais … elle ne lui demande pas pour le bisou sur la main. Parce qu’elle n’est pas encore sûr … Elle ne sait pas si elle pourrait comprendre la subtilité. Ou vouloir la comprendre. Alors elle ne demande pas pour ça. Elle se souvient de la sensation de chaleur dans ses doigts, quand elle lui avait touché le dos… elle ne s’occupera que de ça pour le moment, cette sensation. Elle la garde en mémoire et le reste, elle l’oublie. C’est mieux.