Cette semaine loin de la colocation lui avait fait du bien. Elle avait ignoré les appels de Kim, idem pour ses sms. Elle avait passé du temps avec sa meilleure amie et ses enfants. Elle se prêta au rôle de la super tata bien volontiers. Une boule dans le ventre lorsqu’elle arriva devant l’appartement. Rien qu’à l’idée de croiser Seth… ce qui fut le cas. Il partait courir. Tiens, il avait reprit la course… Abby le regarda brièvement avant de monter ses affaires dans sa chambre. Elle passa la soirée avec Travis. Une belle soirée. Il était éditeur. Ils parlèrent principalement de livre. Une des grandes passion de la petite blonde. Doucement une sorte de relation vit le jour entre eux. Une semaine plus tard, ils s’embrassaient pour la première fois. Un baiser chaste, presque timide qui lui laissa une drôle de sensation. Entre eux, rien de passionné. Il était adorable. Presque trop. Mais elle essayait de se convaincre que ça pouvait fonctionner, que c’était une relation de ce style là qui lui ferait du bien et l’aiderait à avancer. Peu à peu, elle reprenait vie. La musique reprit sa place dans l’appartement lorsqu’elle était en repos. Rien à foutre que les deux autres travails. Elle vivait également ici. Ils pouvaient très bien aller bosser à la fac non ? Elle soutint les regards noirs de Seth lorsqu’elle faisait trop de bruit, sans pour autant rentrer dans la dispute.

Ce soir-là, elle était allée à la salle de sport plus tôt. Le moral n’était pas là. Aujourd’hui, elle avait 35ans. Elle n’avait jamais aimé fêter son anniversaire. Encore moins cette année. Cela lui rappelait sans cesse qu’elle vieillissait. Cela lui faisait remonter en mémoire les paroles de sa mère. Ces mots qui l’avaient tant blessé. Sa mère avec qui elle n’avait plus aucun contact et qui ne prit pas la peine de lui envoyer un message pour lui souhaiter son anniversaire. Sa sœur l’avait fait, son beau père aussi, elle lui passant un coup de fil, voulant savoir comment elle allait. Abby avait été brève, mais avait tout de même apprécié le geste. Elle avait prit le temps de se doucher à la salle, et de se faire un minimum présentable. Elle devait voir Travis. Même si elle avait accepté à contre cœur, ayant seulement envie de passer la soirée seule dans sa chambre.

Sa de sport sur l’épaule, elle ouvrit la porte de l’appartement et elle pressa rapidement le bouton de l’interrupteur. Elle fut prise au dépourvu devant un SURPRISE général. Une quinzaine de personnes étaient présente dans la salon. Kim en première ligne, qui vint la serrer dans ses bras, alors qu’Abby n’avait encore rien dit. Ni réagit. En réalité, elle mourrait d’envie de faire demi-tour. Son sac de sport au sol, Chris vint la serrer à son tour dans ses bras. Elle trouva la force de lui adresser un maigre sourire. Il lui avait manqué. Mais elle aurait aimé le voir dans d’autre condition. Elle fit rapidement saoulé par tout ces joyeux anniversaire. Rapidement irrité de les voir tous là alors qu’elle ne voulait pas d’eux ici ce soir. Elle se força cependant à faire bonne figure, se forçant à sourire et à remercier. De loin, elle vit Seth. Son cœur se serra. Il était là. Et non pas enfermé dans sa chambre. Travis vint glisser sa main dans la sienne et elle détourna le regard de son colocataire. « -je… je suis désolée mais… » Kim la regarda avec de grands yeux : « -qu’est ce qui se passe ? ça va pas ? T’es pas contente ? » Abby se pinça les lèvres, elle avait une soudaine envie de pleurer. « -je me sens pas très bien… » elle lâcha la main de Travis et ajouta : « -tu devrais… tu devrais leur dire de partir. » et sans attendre plus, elle grimpa les marches de l’escalier le plus rapidement possible pour s’isoler. Elle se colla dos à la porte de sa chambre, en pleure. Qui avait eut cette idée de merde ? Si l’idée venait de Kim, Abby lui en voulait vraiment. Parce qu’elles s’en avaient parlé à plusieurs reprise et qu’Abby avait lourdement insisté sur le fait qu’elle ne voulait pas fêter son anniversaire. Abby gagna son lit et s’allongea, remontant la couette jusqu’à sa joue, dos à la porte. Les larmes se remirent à couler.

Leur rupture amicale, si tel était le mot pour désigner leur relation, avait été difficile à accepter pour Seth, mais pas autant que d’apprendre que la jolie blonde avant rencontré un autre homme. Les mots lui avaient manqué ce soir-là, ainsi que les suivants. Le trentenaire n’avait plus la force de lui adresser la parole. Des regards réprobateurs tout au plus lorsque la musique résonna jusqu’à l’étage. Une attitude qui contrastant avec ce qu’il éprouvait intérieurement. Il était heureux d’entre cette musique jaillir de l’enceinte. Elle apprenait à revivre… sans lui. Et c’était ce qui était douloureux. Plus d’une fois, il avait surprit les coups d’œil inquiets de Tom à son attention. Il ne posait pas de questions, mais savait que cette situation était difficile pour son ami. Que s’enfermer dans le travail tel qu’il le faisait, n’était qu’une manière comme une autre d’occuper son esprit. Pour ne pas penser à elle. Mais il sentait sa présence, son parfum, les effluves de son gel douche dans la salle de bain. Il était nostalgique de leur vie d’avant, de ce qu’ils avaient partagé, et sur ce quoi il n’avait d’autre choix que de tirer un trait définitif. Elle voulait avancer, mais sans lui…

Toutefois, lorsque la fête surprise pour l’anniversaire de la jeune femme s’organisait entre Chris, Kim et Tom, il n’avait pas hésité à les mettre en garde contre cette idée saugrenue. Elle ne voulait pas fêter son anniversaire, et elle appréciait encore moins les fêtes surprises en son honneur. Ils avaient balayés ses mises en garde d’un revers de main et s’étaient davantage investis dans le projet. Le soir venu, Seth était tout de même présent, debout dans un coin de l’appartement après avoir troqué son café pour une bière. Il ne s’était pas mêlé à la foule, observant l’arrivée d’Abigail à distance. Ils échangèrent un regard jusqu’à ce qu’elle le détourne pour s’adresser au dénommé Travis. Il semblait perdu face à la réaction de sa petite-amie. Profane pensa-t-il. Seth se détacha du mur sur lequel il s’était appuyé, en retrait du groupe d’amis réunis pour l’occasion, déposa sa bière sur le comptoir, se saisit de son paquet cadeau en échangeant un regard entendu avec Tom qui attira l’attention de Travis. Il ne sut si son ami avait convié le gendre idéal à quitter l’appartement avec les autres convives et s’en moquait bien. Tout ce qui lui importait, c’était Abigail.

En arrivant devant sa porte, il laissa son poing en suspens et se résigna à frapper au bout de quelques secondes, abaissant la poignée de la porte pour entrer dans la chambre. Il prit soin de la refermer derrière lui, et tourna la clef dans la serrure, ne souhaitant pas qu’ils soient importunés d’une manière ou d’une autre. Ils avaient commis bien assez d’impair comme ça pour la soirée. Sans un mot et d’un pas silencieux, Seth se dirigea jusqu’au lit, déposa le présent sur la table de nuit et retira ses chaussures avant de se glisser sous la couverture, venant se blottir à Abigail, son bras autour de cette dernière. Il l’invita silencieusement à se tourner face à lui, et essuya ses larmes de ses pouces avant de la blottir tout contre lui. Pas un mot. Ce n’était pas nécessaire pour le moment.

Les voir tous là, entassé dans l’appartement, à hurler Surprise… Abby avait eut la furieuse envie de faire demi tour. Prendre ses jambes à son cou et se tirer le plus rapidement possible, comme si elle n’avait pas passé la porte. Mais Kim s’était précipitée pour la prendre dans ses bras, ensuite Chris… Abby l’avait dit et répété avec insistance à Kim. Elle ne voulait pas fêter son anniversaire. Elle pensait avoir été claire. Mais Kim semblait être resté sur son idée stupide que ceux qui disent ça, mentent. Ça n’était pas le cas d’Abby Ses 35ans la déprimait et elle n’avait jamais aimé soufflée ses bougies pour se réjouir de vieillir. Sans compte qu’elle n’avait pas avancer durant l’année. Sa vie était toujours aussi merdique. Si ce n’était plus. Elle ne parlait plus à sa mère, et elle ne parlait plus à Seth non plus. C’était peut-être ça qui lui faisait le plus mal. L’avoir perdu lui. Pourtant il était présent ce soir. Là, dans un coin de la pièce, discret comme toujours. Travis était là lui aussi. Elle se sentit très mal à l’aise de tenir sa main ainsi alors que Seth était juste là. Pourtant elle n’avait pas à l’être. La question de Kim fut la goute d’eau de trop. Abby ne pouvait pas rester, elle avait presque l’impression de faire une sorte de crise de panique. Putain elle voulait être toute seule ce soir ! Pas ici ! Pas avec eux ! C’était si compliqué à comprendre ?

Elle grimpa les marches rapidement et ferma la porte de sa chambre. Une fois sur son lit, elle se remit à pleurer, cherchant son souffle. Elle s’en voulu forcement… elle venait de planter Travis, d’envoyer bouler Kim… de les planter tous là en bas, alors que c’était pour elle qu’ils étaient venu. Enfin, en plus de l’alcool… Lorsqu’elle entendit la porte de sa chambre s’ouvrir elle demanda : « -je suis désolée mais je veux qu’on me laisse… » elle s’était redressée en disant cela. En entendant la clé tourner dans la serrure, elle regarda qui était venue la déranger. « -ah c’est toi… » souffla Abby en baissant les yeux. Il était la dernière personne qu’elle pensait voir ici. Qu’est ce qui lui prenait ? Elle se tourna dos à lui et ajouta : « -j’ai pas besoin de toi » ça voulait dire tire-toi ! Au lieu d’écouter, et surtout sans rien dire, elle se sentit s’allonger dans son dos. Elle se raidit tout en fermant les yeux. Lorsqu’il passa ses bras autour d’elle, la jeune femme se remit à pleurer. Elle n’avait pas envie de le repousser, bien qu’elle savait devoir le faire. Seth n’avait pas à être là. Pas après ce qu’elle lui avait dit et imposé. Elle laissa passer quelques minutes ainsi, blottit contre lui, humant son parfum rassurant. « -qu’est ce que tu fais ici ? » finit elle par demande sans pour autant bouger. « -c’est une idée de Kim n’est ce pas ? »

Aucun d’eux n’avait écouté ses mises en garde, comme si son opinion n’avait dorénavant plus d’importance lorsque ça concernait Abigail. Kim avait répété inlassablement, tel un mantra, qu’elle la connaissait, et ce n’était pas Chris qui allait la contredire. Pour autant, dans cet appartement, il était sûrement le seul à la connaître réellement, telle qu’elle était. Le trentenaire avait fini par abdiquer face à l’assistance, les laissant se rendre compte de leur impair par eux-mêmes au jour J. Quant à lui, il resta en retrait comme souvent. Discret. Comme tapi dans l’ombre alors que le reste de l’assemblée s’amusait, se laissant gagner par l’effervescence du moment. Lorsque leurs regards se croisèrent, le temps d’un instant, Seth eut la sensation qu’il n’existait plus qu’elle. Jusqu’à ce qu’elle détourne le regard. Elle ne le voyait plus, mais lui ne la quittait plus des yeux. Quand sa main serra celle de Travis dans la sienne, il sentit son cœur se serrer et avala une longue gorgée de bière sans les quitter des yeux. Il n’avait pas besoin d’être à ses côtés pour savoir qu’elle n’était pas dans son élément en cet instant. Sa réaction ne manqua pas alors qu’elle gravit les marches en toute hâte sous le regard interloqué des convives qu’il traita mentalement d’idiot, autant qu’ils étaient. Seth échangea un regard avec Tom qui comprit qu’il devait faire diversion avec le gendre idéal pendant qu’il la rejoignait dans sa chambre, son présent dans la main. L’hésitation le gagna quelques secondes devant la porte close de sa chambre, mais il savait qu’elle était seule, sûrement en pleurs, calfeutrée sous sa couverture. Il poussa donc la seule barrière entre eux deux et prit le soin de la refermer à clef derrière lui. Un regard sur la jeune femme qui s’apprêtait à le renvoyer à l’étage inférieur… Ou plutôt toute autre personne que lui. Mais il bénéficia apparemment d’un permis de l’approcher en cet instant. Il se délesta de son présent sur la table de nuit, ainsi que de ses chaussures au pied du lit et la rejoignit sous la couverture.

Pas un mot. Il n’en avait pas besoin. Seth ignora les paroles de cette dernière et l’a fit tourner face à lui pour venir la serrer tout contre son torse après avoir essuyé son visage de ses larmes. Ils restèrent ainsi, dans les bras de l’un et l’autre quelques minutes sans qu’aucun d’eux n’ose prononcer le moindre mot. Seth baissa son regard sur la jeune femme immobile dans le creux de ses bras « Je suis là pour toi » et embrassa sa chevelure blonde avant de souffler un « Oui ». Il laissa un bref silence de nouveau, et ajouta « J’ai tenté de lui dire que c’était une connerie, mais tu l’as connais ». Seth lui saisit le menton avec douceur pour lui faire relever le visage vers lui, essuya ses larmes de ses doigts « Je n’ai jamais aimé te voir pleurer ». Le trentenaire lui sourit avec douceur « J’ai un cadeau pour toi » tout en se redressant sous la couverture, dos à la tête de lit et se saisit du présent emballé par ses soins pour le lui tendre. En silence, il la laissa déballer son cadeau d’anniversaire. C’était en faisant son footing hebdomadaire dans les rues de New York que son attention s’était portée sur une veilleuse de nuit prenant la forme d’un arbre dans la vitrine d’une boutique de décoration. Il avait immédiatement pensé à la jolie blonde « Elle fonctionne sur batterie. Ça signifie que même en cas de coupure de courant, tu auras toujours une lumière pour veiller sur toi ». Il observa l’objet quelques secondes, puis la jeune femme « Elle est discrète, ainsi personne ne se doutera que tu as peur du noir. Ça sera notre petit secret » et esquissa un maigre sourire qui disparu soudainement en se souvenant que tout cela appartenait au passé dorénavant « Tu veux que je te la branche ? ».

Elle avait pensé que ça serait Travis. Elle fut soulagé de voir Seth. Pas besoin de cacher ses larmes avec lui, ou de donner des explications. Ou pire, des excuses. Il savait ce que signifiait pour elle cette date. Il savait qu’elle n’aimait pas les surprises. Il savait parfaitement pourquoi il la trouvait en pleure dans sa chambre. Et pourtant, elle s’était à nouveau allongée en l’envoyant se faire foutre. Elle voulait seulement être seule. Ça irait mieux demain. Il n’écouta rien. Comme la plus part du temps. De son côté, elle ne le repoussa pas. Au contraire, elle se blottit dans ses bras sans retenu. Quelques minutes plus tard, elle lui demandait à voix basse, la voix encore pleine de tristesse, ce qu’il faisait ici. « -tu devrais pas… » avait elle répondu. Pas après ce qu’elle leur avait imposé.

« -pourtant je lui ai dis mille fois que je ne voulais pas de ça. » s’énerva Abby en parlant toujours à voix basse, comme si elle voulait que les autres les oublis. La musique avait baissé d’un ton déjà… peut-être qu’ils allaient tous partir. « -je voulais seulement passer cette soirée seule. » mais ça, il le savait déjà. Tout comme le fait que la soirée était une mauvaise idée. Elle lui adressa un maigre sourire alors qu’il parlait de ses pleurs. « -ça va passer… » souffla Abby en levant les yeux. « -quoi ? » demanda la jeune femme alors qu’il se redressait et qu’elle en faisait de même, prenant place en tailleur entre les draps. Elle avisa le paquet. « -t’étais pas… » elle se sentait vraiment mal là face à lui et sa gentillesse. Il avait pensé à elle, à son anniversaire, à lui faire un cadeau… elle était surprise. Agréablement. Tendrement même. Elle hésita quelques secondes, puis ouvrit le paquet avec lenteur, comme si elle s’attendait à ce que l’objet à l’intérieur soit des plus précieux et fragile.

Abby se demanda quelques secondes à quoi servait ce qu’elle tenait dans les mains. Puis elle leva le regard vers Seth et elle comprit en l’écoutant. Elle avait presque envie de pleurer à nouveau. Ou de lui sauter au cou… « merci… » souffla-t-elle seulement avec une infinie douceur. « -elle est magnifique. » c’était sincère. « -heum… » elle fut surprise de la question. « -oui… oui si tu veux. La prise est de ce côté-là. » elle indiqua derrière elle du pouce et se décala pour lui laisser de la place. Elle l’observa faire. Un sourire quand la lumière s’alluma. Un nouveau regard pour lui. « -merci… » que dire d’autre… oh si, elle avait des mots qui se hurlaient dans sa tête : tu me manques !! Elle soupira. « -t’es pas obligé d’être là, de faire ça, de… » elle se pinça les lèvres et le regarda: "-pourquoi t'étais présent ce soir? En bas?" oui, c'était une vraie question. Des semaines qu'ils ne se parlaient plus, et voilà qu'au lieu d'être dans sa chambre, il buvait une bière avec les autres invités. Enfin dans son coin, mais tout de même.

Après leur dispute, bien d’autres ne se seraient pas aventurés à gravir ainsi les marches pour la rejoindre jusque dans sa chambre. Après tout, Abigail lui avait fait part de son envie d’avancer… seule. Toutefois, il était incapable de la laisser isolée dans sa chambre, à pleurer à chaude larme son trente-cinquième anniversaire. En poussant la porte de son antre, il s’était rassuré sur le fait que leur relation ne pourrait pas être davantage altérée. Sans grand étonnement, Abigail tenta de le repousser. Vainement. Il n’écouta rien et vint prendre place sous les couvertures, à ses côtés, et l’attira à lui pour essuyer ses larmes. Elle était à l’abri des regards dans ses bras. Elle était en sécurité. Il n’irait nulle part ailleurs. Seth laissa un silence apaisant les envelopper l’espace de quelques minutes. Ils n’avaient pas besoin de parler maintenant. Ce fut Abigail qui fut à l’initiative des premiers mots. Elle voulait connaître les raisons de sa présence ici, comme si son étreinte ne se suffisait pas à elle seule « Si… » avait-il soufflé en réponse. Ils savaient tous les deux qu’il avait fait le bon choix en montant ses marches pour la rejoindre. Le trentenaire resserra son étreinte autour du corps de la jeune femme qui maugréait à l’encontre de Kim pour son idée saugrenue de lui organiser cette fête surprise d’anniversaire. Seth resta silencieux, prêtant une oreille attentive à sa plainte légitime, jusqu’à ce qu’il souffle un « Je sais ». Oui, il savait qu’elle aurait préférée passer cette soirée en solitaire, plutôt que d’être le centre de l’attention de tous ces gens à l’étage inférieur. Il lui releva le visage en essuyant les larmes, parvenant à lui tirer un sourire alors qu’un « Je sais » s’extirpa de la bouche de l’agent de terrain.

Afin de changer les sombres idées de la jolie blonde, Seth se redressa dans le lit pour venir poser son dos contre la tête de lit et lui tendit le présent qu’il avait trouvé pour elle dans le centre-ville de New York. Un sourire à son attention alors qu’elle commença les politesses de convenance qui étaient tout simplement inutiles avec lui. Seth l’observa ouvrir son cadeau d’anniversaire comme s’il était aussi précieux qu’un diamant brut et lorsque l’objet se révéla à elle, il lui apporta les explications. Une veilleuse pour veiller sur elle à la nuit tombée. Une lumière qui veillera sur la jeune femme pour qu’elle n’ait plus peur du noir. Un doux sourire étira les lèvres du trentenaire en entendant son remerciement prononcé dans une infinie douceur « J’ai pensé à toi en la voyant dans la vitrine ». Le cadeau s’était imposé de lui-même lorsque son regard s’était posé sur cette vitrine. Il lui proposa de la brancher pour elle afin qu’elle puisse profiter de sa lueur dès maintenant et se plaça pour la brancher de la manière que lui indiqua Abigail, puis reprit sa place initiale. Un nouveau sourire à son remerciement, se retenant de faire le moindre geste à son encontre. Ce n’était pas l’envie qui le retenait. Il avait envie de la serrer tout contre lui, de humer son odeur, de la garder près de lui. Silencieux, il fixa un point invisible sur les couvertures jusqu’à ce que la question de la jeune femme lui fasse lever la tête dans sa direction « J’en avais envie » alors qu’elle trouvait pertinent de lui rappeler qu’il n’était obligé de rien. « Je te l’ai dit Abigail, tu es importante pour moi » répliqua-t-il avec douceur « J’avais envisagé cette réaction à ton arrivée et… j’avais encore l’espoir d’être le seul à parvenir à arriver jusqu’à toi pour apaiser tes pleurs ». Il se mit à lui sourire qu’il perdit rapidement « Travis a l’air d’être un homme bien » tout en hochant de la tête, comme pour confirmer ses propres dires alors qu’il fixait un point sur les couvertures. Il resta silencieux quelques secondes et reporta son attention sur la jeune femme « Tu veux peut-être qu'il soit présent... Je vais aller le chercher » rétorqua-t-il tout en se levant du lit.

Il n’avait aucune obligation d’être ici. Aucune obligation d’être présent pour elle. Abby savait parfaitement qu’elle l’avait blessé en prenant cette décision de mettre un terme à leur amitié. Et pourtant Seth était là, à la serrer dans ses bras, à essuyer ses larmes. Abby n’avait pas la moindre envie de le repousser. Vraiment pas. Comme à chaque fois, sa présence était rassurante, un peu comme un baume… il lui manquait cruellement. Comment pouvait on s’attacher autant à une tête de con comme lui sérieusement ? Elle râla au sujet de Kim. Dans d’autres circonstances elle aurait souri devant l’éloquence de Seth. Bien sur qu’il savait… il la connaissait… réellement.

Elle tomba des nues en voyant le paquet qu’il lui tendait. Il avait un cadeau ? Cela la déstabilisa quelques secondes et elle ne pu que le remercier, vraiment toucher de ce cadeau si personnalisé. Il avait pensé à elle en faisant son footing, en voyant cette lampe… Elle eut presque envie de pleurer à nouveau. Mais il demanda s’il pouvait la brancher. Alors, Abby accepta. Forcement, elle se sentit gênée, et tenta de lui faire comprendre qu’il n’était pas obligé d’être ici. Surtout d’être ici comme ça… Mais la réponse de Seth obligé Abby à baisser le regard sous la culpabilité. « -je le mérite pas… » souffla la jolie bonde presque de façon inaudible. Un léger rire nerveux pour le suite. « -tu savais que j’allais m’écrouler… T’étais là en filet de secours en faite… » elle disait cela en souriant, amusée de l’image. Cela lui fit du bien. Il avait été prévenant… tout simplement. Elle préférait le voir ainsi. Il fallait qu’elle le voit ainsi. Seth parla ensuite de Travis. Elle baissa la visage, une main sur son front. « -oh merde Travis… » soupira Abby en même temps. Seth enchaina et elle répondit à la question précédente : « -oui… oui… c’est… » elle fronça les sourcils en comprenant ce qu’avait dit Seth en même temps qu’elle et comme prit de panique elle se redressa sur les genoux en agrippant les bras de son colocataire. « -non ! Non ! Je veux pas… » elle était trop proche de lui… son regard dans le sien, son esprit criait des : restes ! Mais elle détourna les yeux, les fermant avec force. Oh cette envie de l’embrasser… C’était douloureux de le savoir si proche et de se mettre cette sorte de distance, cette barrière invisible. Il lui manquait… Cruellement. Vraiment… « -tu me manques… » avoua-t-elle. Puis Abby fit l’erreur de le regarder à nouveau sans s’être reculée ou éloigner de lui. L’envie prit le dessus. Elle glissa ses deux mains sous le visage du prof et l’embrassa avec passion. Elle espérait qu’il ne la repousserait pas alors qu’elle lui soufflait un : « -reste… » entre deux baisers.

À trop s’approcher du soleil, il finirait sûrement par se brûler les ailes. Peut-être finirait-il par souffrir de nouveau dans sa tentative de renouer avec Abigail. Mais ce qui était certain, c’était qu’il souffrait tout autant en se tenant éloigné d’elle. Elle occupait chacune de ses pensées, même lorsqu’il courrait dans les rues de la Grosse Pomme. Lorsqu’il avait posé son regard sur cette veilleuse, cela avait été une évidence pour le trentenaire, et il sut qu’il avait fait le bon choix en entendant la douceur qu’elle mit dans chacun de ses mercis. La question qui suivit était légitime. Après leur dispute, après les paroles prononcées par la jeune femme, Seth avait toute les raisons du monde de ne pas être présent pour elle ce soir, et pourtant, il était venu à son anniversaire, et lorsqu’elle avait faillit face à ses émotions, il lui avait offert ses bras pour y trouver réconfort. Tout simplement parce qu’il en avait envie. Il fixa Abigail sans l’interrompre alors qu’elle considérait ne pas mériter une telle attention de sa part, puis il souffla un « Ne dit pas ça » presque inaudible. Elle avait ses raisons, aussi douloureuses puissent-elles être pour eux deux. Sauf s’il se trompait et que dans l’équation, il était le seul à souffrir de la sorte de leur éloignement, de la fin de leur relation. « Je suis toujours là pour toi, tu sais » répliqua-t-il avec un petit sourire encore bien timide, comme s’il craignait de briser à tout moment cet instant de partage. Même s’il s’en chargea de lui-même en évoquant Travis, le nouvel homme dans sa vie. Elle l’avait oublié. Il resta quelque peu interloqué par cette révélation, et décida qu’il était temps pour lui de laisser la place à son petit-ami. C’était à lui de tenir ce rôle de confident, d’être celui qui la rassure et la sécurise au creux de ses bras.

En entendant ses acquiescements, Seth s’extirpa de sous la couette, posant les pieds à terre, prêt à remettre ses chaussures pour ramener Travis à ses côtés, mais contre toute attente, elle lui saisit le bras pour le retenir à elle. Elle ne le souhaitait pas. Seth fronça les sourcils d’incompréhension « C’est sa place… » lui rappela-t-il avec douceur. Il ne parvenait plus à suivre. Elle était prête à avancer. À avancer avec cet homme qui se trouvait à l’étage inférieur, et pourtant, elle ne voulait pas de sa présence dans cette pièce, avec elle. Pas ce soir. Les trois mots qui suivirent furent tout aussi douloureux que doux à entendre. Il resta interdit, la main de la jolie blonde toujours sur son bras, son regard ancré dans le sien. Immobile. Incapable de prononcer le moindre mot. Il était perdu face au comportement de la jeune femme. Elle le repoussait, puis lui manquait. Que devait-il comprendre ?! Ses mains près de son visage, Seth se laissa attirer à elle et lui rendit ses baisers, jusqu’à entendre ce mot. Reste. Il posa ses doigts avec douceur sur son visage, reculant légèrement « Abby… Abby… Tu as Travis maintenant et… et… Je n’ai pas envie que tu me rejettes une fois encore. Je ne le supporterais pas une nouvelle fois… ». Il caressa sa joue avec douceur, debout devant elle alors qu’il ne quittait plus ses prunelles claires du regard.

Elle était heureuse qu’il soit venu. Heureuse qu’il ait voulu lui apporter un peu de douceur et de réconfort. Pourtant elle savait qu’elle lui avait fait du mal. Qu’après leur ébats sur le parking l’autre soir, il avait cru qu’il y aurait encore quelque chose de possible entre eux. Sauf qu’Abby avait mit un point final à tout ça. Elle avait prit de la distance, elle avait même donné une chance à Travis. Là tout de suite, Travis était bien loin de ses pensées. Il n’existait pas. Elle ne pensait qu’à Seth, à ce cadeau qu’il venait de lui faire. Il y avait tant de tendresse dans ces gestes ce soir, tant de douceur. Il était là, présent pour elle, alors qu’il n’aurait pas dû. Il en avait envie… Cela serra le cœur de la jeune femme autant que cela produisit une sorte de douceur chaleur. Est-ce qu’ils étaient capable de raviver ce qu’il y avait entre eux ? ou est ce qu’ils n’étaient capable que de se faire souffrir ?

Seth évoqua justement Travis, et Abby réalisa enfin qu’elle l’avait complètement oublié. Sa réaction en témoigna. Elle commença à répondre mais réalisa que Seth avait dit autre chose et elle se saisit de ses bras pour l’empêcher de partir. Non, elle ne voulait pas de Travis prêt d’elle ce soir. C’était de Seth dont elle avait envie. De se présence à lui. Soit il restait, soit elle resterait seule. Elle n’était pas encore assez engagé avec Travis pour qu’il passa la nuit ici à sécher ses larmes. Elle ne voulait pas de ça. Pas non plus envie de lui expliquer sa réaction et son mal être. Seth lui savait, et comprenait. Elle se fit violence, et tenta de ne pas cèder à cette envie de se coller à nouveau contre lui et de l’embrasser. Cependant, elle osa faire un aveu. Il lui manquait. Tellement. Et pas que physiquement, même si ce qu’elle fit laissait penser le contraire.

Il répondit à ses baisers, mais finit par la repousser avec douceur. Elle se pinça les lèvres en détournant les yeux. Il avait raison. « -pardon… » souffla la jeune femme. « -je… tu as raison… » oui, il avait raison ! Techniquement elle avait un homme dans sa vie. Et ce qu’elle était en train de faire, c’était mal. Elle se laissa tomber sur les fesses et cacha son visage entre ses mains, l’espace de quelques secondes. « -mais qu’est ce que je suis en train de faire… » souffla-t-elle ensuite. « -je peux pas te demander ça… excuses moi… » ajouta Abby comme si elle était à nouveau lucide, levant son regard vers lui. « -je crois que… c’est mon anniversaire qui me… je suis plus trop ou j’en suis… » un léger rire nerveux. « -parce que c’est un type bien. Il est gentil… et on s’entends bien… mais… » oui, il y avait ce mais… « -mais ça n’a tellement rien avoir avec toi… » c’était du classique alors qu’avec Seth… c’était presque quelque chose de passionnelle. Un truc fou, interdit, inexplicable. C’était enivrant et douloureux à la fois. "-pourtant je sais que toi et moi c'est terminé et que je t'ai assez fait de mal comme ça...mais tu débarques avec ta tendresse... et ton parfum... et ta compréhension..." ça sonnait presque comme un reproche. Elle se leva : « -tu as raison… je devrais descendre lui expliquer… » elle se résignait alors qu’elle avait seulement envie qu’il la retienne à lui. Le ton de voix était lasse, presque irrité qu'il ait raison. Mais elle devait faire ce qu'on attendait d'elle non? D'être une gentille fille bien ranger dans son début de relation.

Bien des adjectifs existaient pour décrire Seth au quotidien, et la tendresse et la patience dont il savait faire preuve avec Abigail n’en faisaient pas partis. L’homme attentionné qu’il pouvait être au contact de la jeune femme n’était connu que de deux femmes. L’une avait péri par sa faute en Afghanistan, et la seconde se tenait devant lui, le retenant par le bras pour qu’il ne reste que tous les deux dans cette chambre, sauf qu’elle l’ignorait. Elle était même parvenue à croire que ses paroles n’étaient que fictives, prononcées pour seulement l’attirer dans ses bras. Alors qu’il n’en était rien. Il tenait à elle, et ce fut douloureux et difficile de la repousser alors qu’elle déposait ses lèvres contre les siennes. Mais c’était également nécessaire. Aujourd’hui, elle n’était plus seule. Un homme l’attendait patiemment à l’étage inférieur. Et il ne voulait pas être rejeté. Pas une fois encore. Il n’était pas certain de pouvoir le supporter si cela se reproduisait une nouvelle fois. Que c’était difficile pour lui que de la repousser de la sorte… Il ne la quittait pas des yeux alors qu’Abigail détournait, quant à elle, le regard. Elle s’excusa. Elle abdiqua dans son sens. Il avait raison. Seth n’était pas certain que ça soit les mots qu’il aurait aimé entendre de la bouche de la jeune femme. Il aurait préféré qu’elle lui donne tort, qu’elle le rassure sur le fait qu’elle ne le repousserait pas cette fois-ci. Toujours debout devant le lit, le trentenaire l’observa se laisser tomber sur le lit et enfouir son visage dans ses mains. Il l’observa avant de souffler un « J’aurais préféré que tu me donnes tort sur l’issue Abigail… ». Au lieu de ça, elle prenait conscience de sa demande insensée au vu de l’issue de leur relation. Seth détourna le regard alors que la jolie blonde se mit à lui faire l’éloge du parfait petit-ami qui était dans le salon, avec le restant des convives, et qui n’était pas lui. Toutefois, son regard revint sur elle quand elle émit cette réserve à l’issue. Mais. Ce mot voulait tant dire à lui seul. Mais il n’était pas lui. Oh qu’est-ce qu’il aimait entendre ces mots ! Et qu’est-ce qu’il les détestait tout autant !

Ce fut à son tour d’être l’objet de quelques éloges, mais le ton était différent cette fois-ci, comme si elle était irritée par cette pensée qu’il puisse être mieux que Travis et ça lui serra le cœur tout autant que ça le contrarier. Elle voulait parler à cet homme auquel elle ne tenait pas. Seth la retint par le bras comme elle venait de le faire peu de temps avant lui « Pourquoi tu ne me dit pas que tu ne me jetteras pas une fois encore Abigail… ? J’avais juste besoin d’entendre que tu ne me feras plus de mal à nouveau en me disant que c’est terminé, que tu ne me veux plus à tes côtés, que tu as rencontré un autre homme… » et relâcha lentement son emprise sur son bras « Je n’y suis pour rien que Travis soit si fade à tes yeux. Je n’y suis pour rien si je te manque… Tu as fait ton choix et je le subis. Je déteste cet homme en bas, qu’il te tienne la main, qu’il t’embrasse et te fait sûrement l’amour toute la nuit… ». C’était dit. « Au lieu de ça, j’ai l’impression que tu me reproches qui je suis. J’ai commis des erreurs, et je les assume. Mais ne m’en veut pas pour les choix que TU as fait ». Il avait encaissé ses choix sans discuter. Il avait souffert en silence. Il avait accepté de s’éloigner. Et ce soir, il avait la sensation d’avoir commis une erreur en ne la retenant pas à lui dans cette voiture ce soir-là.