C’est pas possible de passer à entente parfaite à “je veux t’arracher les yeux” en .04 secondes! Mais bon on avait enfin la putin de boîte et toutes les preuves dedans. Je n’en revenais pas comment il pouvait être imbécile! Après un papier signé pour Patty, elle nous fit sortir discrètement et on regagna ma voiture où je déposai a boîte dans le coffre. Je sais aussi que d’avoir joué le couple n’avait pas dû l’enchanter plus que ça mais je tenais à lui dire qu’elle était tout de même une partenaire incroyable. Je ne sais pas si j’en serais venu à bout sans elle. Je fis un sourire à la remarque qu’elle me fit.

- En fait c’est pas tant la moustache qui dérange, c’est qu’elle pique et j’aime pas ça quand ça pique.

Je regagnai ma place et en ‘asseyant je lui demandais si on allait au poste directement ou si elle préférait aller se changer. Et comme je l’imaginais, elle refusa d’aller se changer en grognant. À croire que j’avais un petit chien à mes côtés quand elle râlait comme une gamine. Ok elle était jolie puis en même temps, ça allait être encore les mêmes qui allait sortir des trucs bien pourri.

- Comme madame désire alors…

Direction le poste et comme je m’y attendais elle eut des sifflements et des remarques toute plus débiles les une que les autres. Moi aussi par la même occasion. Bah oui pourquoi juste lancer des remarques macho sur Taylor quand le “tombeur du poste” la suivait derrière. quel con je te jure. Donc on présent les preuves on alla les enregistrer et rebelote pour Henrique alors qu’on lui plantai les preuves sous le nez. J’ai même ajouté que “collaboration” serait enlevé de son dossier comme ils nous avaient pris pour des cons. Donc arrestation officielle et on se retrouva dans le bureau du capitaine qui nous félicita pour notre boulot. Quand Taylor proposa deux jours de repos, le chef acquiesça.

- Une semaine?

- Pousse pas Ford…

- Non mais, je m’essaie.

- Deux jours.

Bon bien c’est mieux que rien finalement. Je quittai à mon tour rangeant mon arme dans le tiroir de mon bureau, attrapant ma veste. Je poussai un soupir quand il qualifièrent Taylor de “Cendrillon”. Putin… des gamin je te jures. Je pouffais de rire en entendant sa réplique Arrivant dehors je me tournai vers elle ajustant ma veste.

- Allez viens, je te ramène. Je ne te laisserais pas attendre un taxi pieds nus quand même.

Je lui ouvrir la portière lui faisant un geste galant de la main et contournai la voiture une fois qu’elle fut installée. Demandant son adresse, je me mis en route soudainement plus détendu. L’enquête était bouclée après des semaines à patauger dans des indices de merde, l’arrestation était maintenant officielle et on pouvait souffler un peu enfin! Bon jusqu’à la prochaine enquête mais pour le moment on avait deux jours de repos. Je me garai une fois arrivé chez Taylor et me tournai vers elle.

- Repose-toi et profite de ses deux jours Taylor. Puis… merci encore d’avoir jouer le rôle de ma copine. dis-je sincèrement, Tu crois qu’on a arranger notre couple ou il va falloir d’autres sorties?

Je le dis avec un sourire en coin, légèrement moqueur, un air de gamin sur le visage. Sur le coup je ne réalisais pas que ça pouvait avoir l’air d’une demande de rencard. En fait je ne le réalisais pas du tout. C’était plutôt une moquerie pour lui retourner la blague qu’elle m’avait fait et que j’avais mal compris.

– Allez viens, je te ramène. Je ne te laisserais pas attendre un taxi pieds nus quand même, me dit-il en m'ouvrant la portière.
– Pourtant, ce n'est pourtant pas interdit.

À quoi bon argumenter… Dans tous les cas, il aurait forcément le dernier mot puisque sa proposition m'arrangeait. Combien de temps aurais-je dû attendre un taxi à cette heure-ci ? Alors, sans rien dire, je montais dans sa voiture et gardais bien le front appuyé sur la vitre pour regarder le paysage défiler.

Boucler une enquête revenait pour moi à finir un livre… Terminer une histoire pour laquelle on avait vécu pendant des jours, des semaines, voire des mois. D'autres ne tarderaient pas, bien sûr, mais cet instant précis, celui juste après la fin, était toujours empli de nostalgie. Je me sentais comme une sorte de vide dans ma poitrine, comme si pour l'heure, je n'avais plus aucune raison de vivre. Alors en attendant, je restais silencieuse et regardais le paysage nocturne défiler.

Finalement, la voiture de Ford se gara devant mon immeuble. Il me fallut quelques secondes pour réaliser où nous étions.

– Merci, Ford… Faut vraiment que je m'achète une caisse… dis-je en sortant de la voiture.
–Repose-toi et profite de ses deux jours Taylor. Puis… merci encore d’avoir joué le rôle de ma copine. Tu crois qu’on a arrangé notre couple ou il va falloir d’autres sorties?

Je dû me baisser légèrement pour l'observer en plissant les yeux. Il souriait, tant mieux. Cela signifiait qu'il s'agissait-là d'une plaisanterie et non d'une invitation.

– Quoi ? T'es en train de me dire que tu aimerais trouver une nouvelle raison pour m'embrasser, c'est ça ? lui demandais-je en souriant à mon tour. Faut pas que ça devienne une habitude… La prochaine fois, embarque Jensen. Il serait parfait dans ce rôle et puis… Vu l'épaisseur de sa barbe, il ne doit pas piquer.

Mon sourire s'étira un peu plus encore tandis que je lui souhaitais une bonne nuit avant de refermer la portière. Je regagnais ensuite mon petit appartement où je pus suivre mon programme en trois étapes avant de sombrer dans un profond sommeil.

Les jours suivants, je les passais à lézarder en me renseignant sur les modèles de voitures en vente autour de chez moi. Je n'y connaissais pas grand-chose, aussi, j'ai dû contacter mon père afin de lui demander son avis… Manquerait plus que je me fasse avoir bêtement. Bon, généralement, il suffisait de montrer mon badge doré pour calmer les éventuels arnaqueurs, mais quand même…

Et puis, deux jours plus tard, le quotidien habituel a pu reprendre… au pas de course. Les semaines suivantes, nous avons dû enquêter sur la mort d'une prostituée… Histoire de changer un peu. Ensuite, ce fut au tour d'un pauvre vieillard de se faire poignarder à la sortie du cinéma. Cette enquête-ci fut bien plus rapide puisqu'il y avait de nombreux témoins. Et ainsi de suite jusqu'à ce que les feuilles des arbres ne virent à l'ocre rouge avant de tomber en laissant les arbres nus.

Cela faisait donc plusieurs mois que j'avais intégré le poste. Je m'étais habituée à cette nouvelle vie et continuais d'apprendre à connaître mes collègues. Je m'entendais plutôt bien avec la plupart d'entre eux, même si je ne me voyais pas lier la moindre amitié. J'avais rejoint un club de boxe, sur la septième, afin de me défouler après une énième dispute avec Ford… Ce gars là allait me rendre folle…

– Hey, Martinez. Qu'est-ce que tu fais pour Thanksgiving ? Paraît que tu es en congé, tu vas rentrer chez toi ? Me demanda Jensen.
– Non, tu sais… Ce n'est pas trop du genre de ma famille de fêter ça… Tu sais, père Latino, mère Suédoise… C'est pas vraiment dans nos racines, rétorquais-je en récupérant ma tasse de café. Je pensais me porter volontaire pour la centrale d'appel…

Ce n'était certes pas dans nos coutumes, mais j'étais tout de même curieuse de connaître un peu plus cette fête. Dommage, mes parents ne s'y intéressaient pas le moins du monde et n'avaient aucun scrupule de me laisser dans l'ignorance…

– Ils n'ont besoin de personne. Les équipes sont déjà formées et puis, les gens sont plutôt calmes en cette période. Ça bouge beaucoup plus à Noël.
– Je suppose que je vais prendre un peu de temps pour lire alors. Je pourrais toujours me porter volontaire pour Noël.
– Quoi, vous fêtez pas Noël non plus ?
– Eux si, moi non… Je déteste cette fête.

J’avais donc été reconduire Taylor chez-elle parce qu’attendre un taxi à cette heure était pratiquement impensable et en plus pieds nus… quoique même pieds nus je la trouvais tout simplement mignonne. Elle avait l’air d’une gamine dans un corps de femme. Enfin dit comme ça c’était bizarre mais c’est l’image qu’elle me renvoyait. Donc chemin faisant, je sentis mes muscles se détendre comme l’enquête était bouclée mais je savais que ces deux jours là serait source de réflexion alors que j’auto analyserais moi-même toute l’enquête et ce que j’aurais pu mieux faire, comment le faire la prochaine fois… je m’exaspérais. À croire que je n’avais rien de mieux à faire de mes congés… enfin non pas vraiment. Tiens je crois que j’en profiterais pour aller voir Bill justement. En arrivant la jeune femme sortit de la voiture et je lui lançais une vanne bien pourrie ne me rendant pas compte que ça avait l’air plutôt d’une invitation. Quand elle se baissa en plissant le regard je me surpris à penser.

* Pitié… c’est une blague…*

À sa réponse j’éclatais de rire. Finalement elle avait de l’humour, bien tiens, quelle surprise!

- J’y penserais la prochaine fois.

Un bonne nuit plus tard et je repartit pour mon appartement vide, désespérément silencieux. Je pris une douche et me laissai tomber dans mon lit en fixant le plafond. Cette histoire de baiser, bien que c’était pour notre couverture, avait changé et je n’avais pas détesté en fait. Mais je ne pouvais pas. Pas avec elle. Pas qu’elle n’était pas jolie au contraire mais on voulait s’arracher les yeux alors un hypothétique couple on voudrait s’entretuer! Comme je m’étais dis j’avais été voir Bill et en prenant une bière avec lui je revins sur l’affaire et lui dit qu’on avait fini par coincer Victoria et qu’elle était dans les mains des moeurs. Jamais je n’avais vu un homme aussi soulagé, lui qui en avait fait son enquête personnelle pour la sortir de la circulation. Il me demanda de tout lui raconter ce que je fis et il haussa un sourcil en entendant que j’avais embrassé ma partenaire.

- Tu l’as embrassé?

- Non mais pour notre couverture…

- Phil… à d'autres je t’en prie.

- J’avais quoi comme choix? La mama regardais vers la piste de danse!

- Ok ma question est: est-ce que c’était désintéressé?

- Je… bien… Elle est jolie mais au départ c’était pour ça.

- AH! Donc tu as aimé finalement. Elle, elle a prit ça comment?

- Euh… mal?

Il pouffa de rire en prenant une gorgée de sa bière et secouant la tête me faisant hausser les sourcils.

- Phil mon petit, tu as toujours du mal à comprendre les femmes à ce que je vois.

- Le fait de dire que mon histoire de baiser était nulle est un assez bon indicateur je te dirais.

- Tu m’as dit toi-même qu’elle s’était détendue quand tu t’es montré plus tendre. Tu as vraiment besoin d’un dessin? il se pencha en avant, Sois franc avec toi-même petit, elle te plaît mais tu te met une barrière.

- Elle ne me plaît pas! Elle est bornée, tête de mule, un humour quasi absent et en plus on se prend la tête pour tout et rien! Alors non ce petit lutin grognon ne me plaît pas.

Il n’ajouta rien se contentant de se redresser et secouer la tête. Mais bon il fallait bien revenir au boulot et comme l’humain pouvait être dégueulasse on se fit rapidement donner d’autres enquêtes. La mort d’une prostituée - que de changement! - un vieillard poignardé et ainsi de suite jusqu’à ce que le vent se rafraîchisse, que les feuilles changent de couleurs. Bien sûr comme Thanksgiving était bientôt à nos portes, ma mère me demanda si je serais là je lui affirmait que oui. Pour une fois que j’étais de congé je n’allais clairement pas manquer ça! Du côté de Taylor c’était toujours la même chose, on se prenait la tête mais on bossait bien ensemble. Trop sérieuse, elle me traitait de gamin. Moi trop gamin, je remettais sur son petit nez comment elle était bornée. Enfin on voit le tableau. Pourtant le chef ne cessait de dire qu’on allait finir par s’entendre. Bien sûr! Il faisait de la magie depuis quand lui? Je finissais la rédaction de rapport ce jour-là et en voulant prendre une gorgée de mon café je me frottai à une tasse vide. Poussant un soupir, je me levai pour aller à la cuisinette où Taylor et Jensen était.

- Tu as entendu ça?

- Euh… non… dis-je en les regardant tour à tour. J’aurais dû?

- Taylor ne fêtera pas Thanksgiving!

Je tournai un regard vers la jeune femme pour le reporter sur Jensen. Ooook…. et alors ça faisait quoi? Elle avait bien le droit non?

- Bien si elle ne veut pas…

- Non elle ne connaît pas Phil!

Hé merde… et pourquoi il foutait le malaise maintenant? Il savait que j’aurais à gérer son humeur après? Je me versai une tasse de café ne comprenant pas soudainement pourquoi ça le scandalisait autant. Il y avait plein de gens qui ne connaissait pas cette fête et qui de surcroît ne la fêtait pas. Cependant il se fit appeler et quand il atteignit la porte je l’interperlai à mon tour. Je sais, idée de con mais juste pour voir sa bouille je ne pouvais m’empêcher. Je touchai sa barbe en fronçant les sourcils comme si j’inspectais une preuve.

- Hum… elle est douce…

- Et pourquoi…

- Je songe à me faire pousser la barbe, je me demandais si ça piquait.

Le regard suspicieux de Jensen valait de l’or! Je lui servis mon plus grand sourire innocent en prenant une gorgée suivit d’un “T’es con tu le sais?” alors qu'il tournait les talons. Finalement je me tournai vers la jeune femme, toujours aussi gamin espiègle et m’avançai vers elle.

- Tu avais raison, c’est doux. Je vais penser à lui la prochaine fois. dis-je moqueur. Alors tu ne connais vraiment pas Thanksgiving.

Je fouillais ses grands yeux brun-vert en me demandant si c’était une bonne idée de l’inviter. Bon après tout Bill m’avait invité à pas mal toutes les fêtes de famille et j’en avais fait autant pour lui alors pourquoi pas elle?

- Je t’invite chez mes parents pour le Thanksgiving alors. Attends avant de protester, dis-je en levant la main, Laisse-moi t'énumérer les avantages. Tu auras une immersion complète dans cette fête si chère aux Américains en prime! Et ça ce n'est pas rien, accès à toutes les anecdotes me concernant. Puis tu en auras une source inépuisable avec mes soeurs si c’est pas un cadeau ça. Moi j’accepterais si j’étais toi, tu n’auras peut-être pas plus la chance d’avoir milles armes pour me la boucler quand je te fais trop chier. Alors vendredi je pourrais passer te prendre vers 13 heures question que je sois là pour la partie de football.

Je haussai un sourcil en la regardant. Comment pourrait-elle refuser d’avoir milles excuses pour me remettre mes bêtises sur le nez? Elle serait folle de manquer un truc pareil! Puis en même temps, elle ne s’ennuierait pas. On était quand même bien soudé dans la famille et surtout on n’avait pas peur de se moquer les uns des autres non plus. On avait quand même un bon sens de l’auto-dérision.

Il y a des moments comme celui-ci où le plafond paraît extrêmement intéressant… Sans doute était-ce pour cette raison précise que je ne pus m'empêcher de lever les yeux vers ce dernier en entendant Jensen livrer mes "aveux" à mon partenaire… Non, je déconne. J'étais franchement mal à l'aise. Depuis l'arrestation d'Hernandez, nous n'avions plus rien évoqué de personnel, Ford et moi. On se contentait d'échanger sur le travail et cela s'arrêtait là. Je ne tenais donc pas à lui servir ma pauvre ignorance sur un plateau… Chose que Jensen s'empressa de faire. Le traître. Fait chier, je ne savais plus où me mettre moi.

Heureusement, celui-ci fut appelé ailleurs, même si je fus surprise de voir Ford l'intercepter pour… Lui toucher la barbe… Je dû détourner le regard et me mordre les lèvres pour m'empêcher de rire… Après tout ce temps, il s'était souvenu de cette histoire de barbe.

–Tu avais raison, c’est doux. Je vais penser à lui la prochaine fois.
– La prochaine fois que…quoi ? fis-je en souriant, faisant mine de ne pas comprendre, même si mon sourire devait en dire long.
–Alors, tu ne connais vraiment pas Thanksgiving ?
– Si… Je sais que ça existe… Que ça a lieu tous les ans… Que les gens mangent de la dinde en regardant un match de football. Tu vois, je connais.

Bon, évidemment, j'en savais un tout petit peu plus. J'étais allée à l'école après tout. Le fait est que je n'ai jamais vécu l'un de ces repas de famille… Généralement, ce jour-là, on se faisait livrer une pizza que nous dévorions devant un film.

Je m'attendais à quelques remarques, quelques plaisanteries, mais certainement pas à une invitation…

– Ford… Je ne sais pas si c'est une bonne idée. On ne s'entend pas vraiment, toi et moi et puis… C'est une fête de famille, j'ai rien à faire au milieu… Même si… C'est vrai que c'est tentant cette histoire d'anecdotes, je souris avant de boire une gorgée de café.

Je détestais quand il se comportait comme ça. Cet imbécile pouvait être si gentil… avant que tout ne tourne au vinaigre l'instant d'après.

– Merci pour l'invitation en tout cas, mais je ne veux pas m'imposer.

Moi qui pensait juste aller me chercher un café je me retrouvais avec un Jensen complètement scandalisé et une Taylor ma à a l’aise. Tout ça pour le grand congé de Thanksgiving! En soi, ce n'était pas dramatique si elle ne voulait pas le fêter mais rapidement je “compris” l’éclat de Jensen: Elle ne connaissait pas la fête. Bah rien de mieux que de l’inviter chez-nous! Mais avant je devais juste faire un geste bien con qui me valut le regard complètement surpris de Jensen qui ne comprenais absolument rien. Je ne lui expliquerais pas non plus. Retournant donc près de Taylor je lui fis savoir que oui sa barbe était douce et que je songerais à lui pour une autre infiltration. Je souris doucement quand elle feignit de ne pas comprendre.

- Je suis si mauvais? Est-ce qu’il faudrait que je te le rappelle? dis-je tout aussi moqueur.

Elle était tellement jolie quand elle souriait et ses iris qui pétillaient ainsi lui donnaient une allure tellement plus gamine que s’en était craquant. Cependant quand elle dit que oui elle connaissait en résumant vulgairement la fête je mis une main sur mon cœur feignant l’indignation.

- Que de sacrilèges dans cette phrase! On ne mange pas de la dinde en regardant le foot… je dois parfaire tes connaissances!

Bon je sais qu’elle n’était pas complètement idiote non plus et qu’elle exagérait mais comme on était dans une bonne ambiance je serais stupide de me prendre la tête. De ce fait je l’invitait donc chez-moi en appuyant sur le fait qu’elle aurait accès à toutes les anecdotes possibles sur mon compte de la part de mes sœurs entre autres. Cependant je sentis son hésitation et je lui fis un sourire rassurant même si elle ajouta qu’on ne s’entendaient pas tout les deux. Quelque part ça me fit un pincement au coeur, on était quand même capable d’être civilisés quand même!

- Tu ne t’impose pas Taylor, si je n’avais pas voulu que tu y sois, je ne t’aurais pas invité. Puis c’est aussi ça être partenaire, ne pas laisser l’autre tout seul dans des fêtes. Puis de toute façon, ma mère cuisine toujours pour une armée alors… Deuxièmement, appelle-moi Philippe ou Phil ou ce que tu veux sauf Ford. Depuis le temps que tu es ici, ça commence à être le temps non?

Je lui fis un sourire et attrapa ma tasse et lui rappelai que je serais là le vendredi à 13 heures. Je retournai à mon bureau et reprit la rédaction de mes dossiers. En somme la semaine s’écoula quand même rapidement et peut-être que les dieux étaient avec nous parce que nous avions des dossiers qui se bouclaient rapidement. Tant mieux parce que je ne pourrais pas avoir encore une grosse enquête comme la dernière. J’avais avisé mes parents que je viendrais accompagné et aussitôt ce fut la déboulade de questions à savoir si c’était une copine mais je rectifiais le tir rapidement en disant que c’était ma partenaire de travail et d’être gentil avec elle. Le vendredi donc je sautai dans la douche, revêtit un complet gris anthracite et une cravate.Rasage de près, un peu de parfum et je me coiffai comme il faut et il était déjà l’heure que je parte chercher Taylor. En arrivant je me stationnai et l’accueillit d’un sourire en me disant qu’elle était encore plus jolie que lors de notre infiltration.

- Bonjour à toi, prête pour ton immersion? En passant tu es magnifique.

Je me doutais qu’elle n’était pas avare de compliments mais quelle femme n’aimait pas qu’on dise d’ell qu’elle était belle? Pas une, même au fond d’elle j’étai certain que ça lui faisait plaisir. Heureusement pour moi mes parents demeuraient à Chicago donc on aurait pas trop de trafic à affronter et l’avantage d’être flic c’est qu’on connais aussi les petites rues les moins passantes. Donc on arriva tout de même rapidement chez mes parents. Stationné devant une maison typiquement américaine. Grande, deux étages, un gazon coloré d’un tapis de feuilles, une allée de dalle de ciment. La maison parfaite quoi. Je coupai le contact et on sortit de la voiture et on remonta l’allée.

- Alors je tiens à te prévenir mes soeurs sont encore plus peste que moi et…

- Philou!

Et voilà… ma mère qui ouvrait la porte tout sourire. Philou… elle ne pouvait juste m’appeler Philippe? Je fis un sourire à ma mère et allai l’embrasser et lui donner un câlin.

- Bonjour maman, je te présente Taylor ma partenaire de travail.

Aussitôt ma mère lui fit un sourire et lui fit la bise. Ouais… je n’avais pas eu le temps de lui dire qu’on était assez tactile dans la famille. Elle nous fit donc entrer où déjà les odeurs de dinde flottaient dans la maison mélangée à celle des pomme de terre sucrées et de la tarte à la citrouille. Mon père vint bien sûr à notre rencontre suivit du même manège. Mais heureusement mon père lui ne m’appella pas “Philou” mais Phil c’était déjà ça. en sourdine la télé jouait sur le poste de sport la partie de football n’étant pas commencé. Sur la table basse régnait des bols de croustilles et des bouteilles de bière dans un seau de glace.

- Et les soeurs ne sont pas arrivés encore?

- Mais mais… c’est que tu deviens un homme bébé frère!

- Ha ha ha… très drôle Rachel.

- Non mais regarde-toi! Tu es enfin présentable! Est-ce que ta partenaire aurait bonne influence sur toi?

- Merci Andy… vous êtes vraiment moches vous par contre. dis-je en mimant un haut-de-coeur.

Mais tout aussi rapidement ce fut embrassades et accolades suivit de la présentation de Taylor qui elle aussi fut embrassée et eut le bonus des accolades. J’allais chercher deux bières et en tendit une à Taylor. Je tentais le plus possible que la jeune femme soit à l’aise sachant qu’elle rencontrait tout ce beau monde qui était disons… un peu l’opposé d’elle. Aussitôt on se fit offrir de s’asseoir pour être plus à l’aise et je m’informai de mes sœurs. Rachel avait sa compagnie de design intérieur qui marchait super bien, son mari agent immobilier allait bien également. Leur fille Rosie jouait dans le jardin avec son frère Mark et tous deux allaient bien à l’école. Andy, elle, bossait comme infirmière et venait de larguer son petit copain il y a un mois mais avait un nouveau prospect en vue. J’étais content de les voir, avec mon boulot et le leur je peinais à juste les appeler savoir si ça allait bien et en jetant un regard à ma mère je savais qu’elle était contente d’avoir sa marmaille autour de la table.

- Oncle Phil!! dirent deux petites voix.

- Hé! Les petites pestes!

Je pris les deux enfants, un genoux sur le sol et leur donnai aussi des bisous et des câlins alors qu’ils regardaient par-dessus mon épaule.

- Alors Rosie, Mark je vous présente Taylor. C’est ma partenaire de travail.

- Vous arrêtez des méchants?

- Hum hum. Et Taylor est très bonne pour faire parler les méchants.

Mark étant un peu plus timide lança un petit salut avant de regagner les bras de sa mère alors que Rosie la détaillait de ses grands yeux bleus.

- Tu es trop trop belle Taylor! Est-ce que tu es gentil avec elle oncle Phil?

- Mais… toujours!

Mes soeurs pouffèrent de rire alors que je relevai un regard vers elles. Non mais… merci les soeurs. Je me relevai pour m’asseoir et haussai un sourcil suspicieux.

- Et si on demandait à la principale intéressée? dis Andy en rigolant doucement

- Vous ne me croyez pas? dis-je, faussement indigné,  alors que Rosie s’asseyait sur un jambe.

- Non, tu es notre frère. Alors Taylor, est-ce que ce grand dadais ici présent te fais la vie dure? ajouta Rachel en croisant ses bras sur la table.

Je fis un simple “Pfff” sachant que je peux être un parfait casse-couille quand je veux. Je tournai un regard vers Taylor avec un sourire en coin et haussai un sourcil ayant l’air de dire “Bah vas-y, elles sont habituées”.
La tenue de Phil
La maman de Phil
Le papa de Phil
Rachel
Andy

– Je suis si mauvais? Est-ce qu’il faudrait que je te le rappelle? me répondit-il, d'un ton railleur.

Ce sourire en coin… Bon sang ce qu'il pouvait m'agacer. J'étais partagé entre l'envie de le gifler et de lui étirer les joues comme un gosse. Et puisque je ne pouvais faire ni l'un, ni l'autre, je me contentais de le taquiner un peu.

– Sans façon. Je sais que tu en serais beaucoup trop heureux, rétorquais-je sur le même ton.

L'instant d'après, il jouait au patriote outré par mon manque de culture. En soi, je n'y pouvais rien si ce genre de réunion de famille n'existait pas chez moi. Et puis, même si son invitation le touchait, je ne me voyais pas me mêler à leur famille. Je n'avais strictement rien à faire au milieu… Mais, de cela, il s'en fichait et balayait toutes mes réticences en transformant cette invitation douteuse en convocation… Le tout en insistant pour que je l'appelle par son prénom.

– Tu peux toujours courir. Je continuerais à t'appeler Ford tant que je travaillerais ici. Même si je reste dix ans dans le coin.

Je ne pensais pas m'attarder aussi longtemps, mais au moins, cela avait le mérite d'être clair : il y a des limites entre nous et je tiens à les respecter.

Durant tout le reste de la semaine, j'essayais tant bien que mal de faire comme si cette invitation n'avait jamais eu lieu. Au fond, j'espérais qu'il finirait par oublier ou, à défaut, changer d'avis. Mais le vendredi suivant, j'ai dû me résoudre à l'évidence : Ford est un homme sacrément têtu.

Je ne savais pas ce qu'il fallait porter pour une telle journée, alors je m'étais contenté d'enfiler une robe noire à motifs automnales. Le genre de vêtements passe partout que toutes les femmes du monde, ou presque, ont quelque part dans leur garde robe.

–Bonjour à toi, prête pour ton immersion? En passant tu es magnifique.
– Non… Mais je vais essayer de faire comme si… Et garde tes flatteries pour toi, merci…

Il pouvait bien mettre ça sur le compte de mon mauvais caractère s'il le souhaitait, mais le fait est que je n'ai jamais aimé ce genre de compliments. J'acceptais ceux liés à mes capacités, à mes réussites… Ce pour quoi je travaillais dur… Je ne voyais pas ce qu'il pouvait y avoir de si intéressant dans le simple fait d'être jolie… Plus particulièrement quand ce simple fait puisse attirer autant de problèmes à une personne qui n'a strictement rien demandé. Ma tête, je ne l'ai pas choisie, je suis née avec. D'ailleurs, ce jour-là, je ne m'étais même pas maquillée. Je n'avais pas plus accordé d'attention à ma coiffure puisque je portais mes cheveux lâchés, sans fioritures.

Je montais en voiture et me laissais conduire tout en essayant de ne pas trop anticiper la suite. Bon sang ce que je pouvais être mal à l'aise. À chaque intersection, je luttais contre moi-même pour ne pas lui demander de me laisser là, sur le trottoir… Mon malaise ne s'améliora pas le moins du monde lorsqu'il gara sa voiture devant une maison qui me semblait tout droit sortie d'une série télé… J'avais mes mains moites et mon cœur battait la chamade. Je voulais fuir, loin… Battre en retraite, tout simplement… Plus encore lorsque sa mère, une femme visiblement adorable, vint nous ouvrir avec le sourire… Je n'étais tellement pas habituée à ça… Je n'étais pas non plus préparée à ça…

– Moi aussi, je peux t'appeler Philou, dis ? raillais-je pour me détendre.

Et puis, tout s'enchaîna à une vitesse folle. Plusieurs noms furent prononcés rapidement… Trop pour que je puisse tous les retenir. Je ne comptais pas non plus le nombre d'embrassades échangées… Et encore moins celles que je dus subir… Je ne suis pas vraiment du genre tactile… Mais ces gens m'accueillaient les bras ouverts alors que je n'étais qu'une simple collègue de travail de leur fils… Alors je fis l'effort d'y répondre avec politesse tout en m'efforçant de sourire. Je me sentais pourtant un peu perdue au milieu de tout ça… Une bière avait même atterrit comme par magie dans ma main… Puis ce fut au tour des enfants d'arriver pour se jeter dans les bras de leur oncle. Bon sang, ils étaient combien dans cette famille ?

– Euh… Pardon… Vous pouvez répéter la question ? bafouillais-je, un peu perdue.

La plus âgée se mit à rire, les mains sur ses hanches, avant de répéter :

– Je te demandais si mon frère te menait la vie dure ?

Ah, on en était déjà au tutoiement, d'accord. J'observais Ford, sans vraiment savoir quoi répondre à cette question… Puis, finalement, je me lançais.

– C'est un casse pied, oui, rétorquais-je avec franchise. En fait, on se contente de travailler, enfin, quand on ne se dispute pas.

Un compliment, juste un tout petit compliment et je me faisais boulé comme un mal propre. MAIS! Aujourd’hui, même son caractère grognon ne m’atteindrait pas. Je fis un sourire suite à sa réponse en haussant une épaule.

- De rien ça me fait plaisir!

Bon alors… c’était LA seule femme sur terre qui n’aimait pas les compliments. Je fis donc la route espérant avoir le temps de lui dire que mes parents, en fait ma famille au complet était plutôt tu genres tactile et malheureusement… non. Ma mère ouvrit la porte en m’appelant Philou. Je tournai un regard lourd vers Taylor me demanda si elle pouvait m’appeler Philou.

- Dans tes rêves… marmonnais-je entre mes dents.

Ce fut donc un tour d’embrassades et d’accolades et je voyais bien que Taylor, bien que polie, n’était pas trop à l’aise. J’espérais qu’ils ne soient pas trop envahissant pour elle. Déjà qu’elle ne fêtait pas Thaksgiving, si en plus il fallait qu’ils soient trop ci ou trop ça… elle allait fuir à jamais les fête de famille. N’empêche que mes soeurs pouvaient être vachement top pour briser la glace et mettre quelqu’un à l’aise. D’ailleurs quand mon neveux et ma nièce vinrent ce n’était pas rien pour la rendre encore plus à l’aise. Mais la question de ma soeur semblait se perdre dans la brouhaha de la maison, tellement que Rachel du répéter la question en riant doucement. En échangeant un regard elle sembla hésiter alors que je relevai un sourcil. À la réponse de Taylor j’ouvris grands les yeux en entrouvrant la bouche de surprise. Mes soeurs éclatèrent de rire.

- Ah bien… On reconnaît bien notre frère. Un vrai casse-pieds!

- Même pas vrai! On a… hum… de divergence d’opinions pas la même chose! C’est pas bien les mensonges Taylor!

Rachel et Andy me regardèrent en haussant un sourcil toujours le rire au fond de la gorge. Hé merde… je n’aurais AUCUN support de leur part. AU-CUN!

R- Un mot poli pour dire que tu te disputes. Je pensais qu’on avait appris comment agir avec une dame nous. Taylor, tu aurais droit à une médaille de patience just epour passer tes journées avec ce gros gamin.

A- Hum… je dirais plus un trophée en fait. Parce que déjà le supporter plusieurs heures par jour c’est un défi en soit.

Je posai ma nièce par terre en les toisant tour à tour.

- Vous êtes vraiment les pires pestes au monde vous le savez ça? Ne les écoute pas… c’est des mensonges je suis un bon petit frère. dis-je un sourire en coin.

Je terminai ma bière et allai voir ma mère si elle avait besoin d’aide mais elle refusa en me disant que tout serait prêt à temps. Je lui fis un sourire gentil et lui donna une bise sur la joue en lui disant de me le dire si elle avait besoin. Après un sourire elle me chassa poliment me disant d’aller tenir compagnie à Taylor. Je revins à la table et me tournai vers la jeune femme m’asurer que ça allait. On discuta encore un peu et elles en profitaient pour me chambrer joyeusement. Le fait que j’étais toujours rendu à tout balancer à ma mère alors que c’est moi qui faisait le tour pendable, que je prenais leur poupée pour jouer avec et mes G.I Joe. Les crises que je faisais parce qu’elles refusaient que je les suivent avec leur copines. En gros un portrait peu flatteur de ma personne. Je secouai la tête lentement en prenant une gorgée de mon autre bière en riant doucement. On tomba seuls quelques instants, le temps que mes soeurs aillent se chercher un verre de vin.

- Ça va? Je n’ai pas eu le temps de t'aviser qu’on était assez tactile dans la famille. Si tu n'es pas à l’aise, tu me le dis et je te ramène d’accord? dis-je en fouillant son regard

Je voulais qu’elle ai une belle soirée, pas une soirée où elle ne serait pas à l’aise et qu’elle se sentirait prise comme une souris dans une souricière. Mon père m’appela doucement parce que la partie de football commençait. Je lui fis un sourire et lui dis que si elle voulait venir nous rejoindre, elle le pouvait. Je me levai lentement et allai rejoindre mon père tout sourire alors que la partie commençait.

****************
Rachel et Andy revinrent à la table avec un sourire. Si la jeune femme ne plaisait pas à leur frère il le montrait mal! Quoiqu’il avait toujours été attentionné avec la gente féminine aussi peu flatteur qu’elles avaient pu le décrire.

R - Donc Phil est casse-pied? dit-elle en levant le regard vers son frère, en même temps il a toujours été gamin. Ne le prends personnel surtout, il s’en veut rapidement ensuite. J’imagine qu’il se montre plus… euh… repentant quand il s’excuse?

Le regard de Rachel se posa sur la jeune femme avec un sourire bienveillant.

R- Pour vrai on sait qu’il est casse-pied et qu’il peut être impulsif mais au fond c’est un gros gentil. Si je me fie à son caractère, je suis pratiquement certaine qu’il a voulu de “protéger” comme il dit pour “parer” les coups. Est-ce que je me trompe?

A- Ah ça vouloir protéger il a ça depuis qu’il sait parler. Il le faisait avec nous, maman… et pas mal toutes les femmes qui ont croisé sa route. Donc en prime, tu es sa partenaire flic… il doit se sentir muni d’une mission dit-elle avec un petit rire attendrit.

En réalité, je me retrouvais purement et simplement immergée au milieu d'un banc de Ford. J'étais l'intruse exposée au centre d'une fratrie taquine qui ne cessait de s'envoyer des pics en me prenant à partie.

– Ce n'est pas parce que ce que dis ne te plaît pas qu'il s'agit de mensonge, Ford, rétorquais-je en plissant les yeux.

Ses sœurs ne tardèrent pas à le réprimander gentiment en assurant qu'il faudrait me récompenser pour réussir à le supporter… Ce qui en soi était faux puisque nous ne nous supportions pas, lui et moi. Je les laissais échanger tout en observant avec attention sans réellement savoir où me mettre ou que dire… Plus particulièrement lorsqu'il me laissa seule avec ses frangines pour aller voir sa mère en cuisine. Et lorsqu'il revint, ce ne fut que pour entendre ses aînées m'exposer ses caprices d'enfants… allant même jusqu'à me parler des sous-vêtements féminins qu'il leur volait afin de les essayer en "secret". Je commençais à me dire que ses soeurs inventaient quelques-unes de ces fameuses anecdotes. Je doutais fort de la véracité de certaines d'entre elles… Même si cela ne m'empêcha pas de les écouter avec attention.

–Ça va? Je n’ai pas eu le temps de t'aviser qu’on était assez tactile dans la famille. Si tu n'es pas à l’aise, tu me le dis et je te ramène d’accord?
– Je pense que je peux y survivre… lui répondis-je en souriant. Tant qu'elles n'essaient pas de m'embrasser, ça devrait aller. Bon match.

Je ne restais pas seule bien longtemps. Andy et Rachel ne tardèrent pas à revenir, verre de vin en main.

– Il est comme il est. Je ne lui en tiens pas rigueur. Je pense simplement que nos caractères ne sont pas vraiment compatibles, rétorquais-je avant de boire une gorgée de bière.

Je ne savais pas vraiment quoi faire de leurs explications. À dire vrai, j'essayais surtout de ne pas y prêter trop attention. Je préférais généralement me fier à mes propres impressions pour construire mon opinion. Je n'aimais pas vraiment l'idée de pouvoir être considérée comme une sorte de mission étrange. Je ne tenais pas non plus à ce qu'il veuille me protéger. Heureusement pour moi, je n'eu pas à répondre à tout ça puisque mon téléphone sonna à ce moment précis. Le nom de Kristina Martinez s'afficha sur mon écran, ma mère.

– Oh, excusez-moi, dis-je en me relevant pour sortir afin de prendre l'appel sans déranger personne. Allô ?
– Bonjour ma chérie, c'est maman.
– Je sais, ton nom s'est affiché…
– Ah oui, c'est vrai. Comment vas-tu ?
– Je vais bien. Et toi ?
– Ça va… Que fais-tu ? Tu travailles ?
– Non, je suis dans la famille de mon collègue.
– Pour Thanksgiving ?
– Oui, il a eu pitié de moi et m'a invité.
– C'est gentil, je suppose.
– Oui. Écoute maman, je n'ai pas vraiment le temps de tourner autour du pot. Pourquoi tu m'appelle ?
– Toujours aussi brutale…
– Viens-en au fait, s'il te plaît.
– C'est au sujet de Luke.
– D'accord, au revoir maman, soufflais-je avant de raccrocher et d'éteindre mon téléphone.

Je pris une profonde inspiration et retournais à l'intérieur au moment où l'ensemble des Ford masculins se mirent à crier devant la télé. Je n'ai jamais rien compris au football aussi évitais-je très soigneusement le salon. Je retrouvais Rachel et Andy afin de répondre à leurs nombreuses questions au sujet de ma petite vie. Ne voulant entrer dans les détails, je me contentais d'effleurer la surface. Je parlais du métier de mes parents, de celui de mon frère. Je parlais de Détroit et des autres villes dans lesquelles j'ai pu passer. Puis voyant que je ne tenais pas particulièrement à parler de moi, la discussion dévia sur un peu tout et n'importe quoi…J'allais aider en cuisine, avant de mettre la table. Jusqu'à ce que madame Ford appelle tout le monde pour le repas. Je commençais tout juste à me détendre et souriait plus facilement.

Elle n’avait pas osé! Elle venait de m’appeler Ford devant ma famille? Cependant même ça, ça ne m’affectais pas. Qu’elle le fasse si ça l’amuse, moi j’étais juste content d’être parmi les miens. Cependant je sais que j’en aurais pour des mois à ce que mes soeurs me taquinent sur le “Ford”. Bien sûr mes soeurs se firent une joie d’exposer mes gamineries, mes petits caprices et cette histoire de sous-vêtements qui me firent donner un coup de chaud. Merde… elles n’avaient pas vraiment sortit un truc pareil devant Taylor! J’étais mort de honte, mais bon il fallait que je m’y attende aussi. Mes sœurs se faisaient une joie de montrer un côté de moi bien plus espiègle que je ne l’étais maintenant. Quand elles se levèrent pour aller se chercher un verre, j’en profitais pour m’assurer que Taylor allait bien et surtout m’excuser de ne pas avoir eu le temps de l’aviser pour les câlins. Quand elle me rassura avec un sourire, je souris à mon tour.

- Je suis rassuré alors. Mais tu me le dis si ça ne va pas.

J’allais voir le match avec mon père qui était resté quelque peu silencieux. En fait ce n’était pas tellement un bavard préférant observer que de dire des âneries. Bien sûr il en profit pour me demander comment ça allait au boulot, comment ça se passait avec Taylor ce qui me fit pousser un grand soupir.

- Disons que ça va bien si on est sur une enquête, sinon on passe le temps à se prendre la tête pour un oui ou pour un non.

- Ça va venir. Vous vous entendrez. Tu es seul depuis le départ de Bill, tu as perdu l’habitude de travailler en équipe. Je ne suis pas inquiet fils, vous finirez par bien vous entendre.

- Qu’est-ce qui te fais dire ça?

- Instinct de père.

Je ne savais pas trop ce que son instinct de père lui disait exactement mais j’espérais fortement qu’il ait raison, elle avait ce talent fou à me rendre dingue! Néanmoins, je sais qu’on faisait une bonne équipe et que malgré tout on bossait bien ensemble.La partie de football allait et on était vraiment emportée par celle-ci alors que les femmes discutaient tranquillement.La partie finie ma mère nous appela pour le repas, on s’approcha donc alors que ma mère peinais à prendre l’assiette de dinde. Je fini donc par la prendre et aller la poser devant mon père et finalement aller m’installer aux côtés de Taylor. Mon père s’occupa donc de couper la dinde alors que je passai les assiettes. Redonnant l’assiette à Taylor je lui fis un sourire gentil et prit les plats de patates sucrées relevées légèrement de muscade, les haricots cuits vapeur, la fare parfumée aux thym et romarin. Je passais les plats à Taylor pour qu’elle puisse se servir.

- Ça tu dois en prendre un peu, dis-je en lui passant le plat de farce, C’est la meilleure farce du monde.

- Philou, tu dis ça parce que je suis ta mère. Ne te sens pas obligée Taylor.

- Hum hum. Tu es la meilleure cuisinière maman.

C’était en toute objectivité bien sûr! Je pris le plat de sauce et arrosai ma dinde et mes pommes de terre avant de passer le tout et attendre que tout le monde soit servi. On commença donc à manger. Les enfants mangeaient dans le salon devant un film pour enfants et nous, on discutait de tout et de rien. Surtout pointés de rire et de taquineries.

R- Alors, avez-vous une anecdote sur une de vos enquêtes?

- Rachel, lâche ton frère un peu. Tu vas finir par effrayer Taylor.

R- Oh mais je demande juste! dis ma soeur en feignant une moue déçue, Puis si Taylor réussi à survivre à Phil elle va bien survivre à nous.

Je lançai un bout de pain à ma sœur pour rigoler et prit une bouchée de mes pommes de terre. J’en avais bien une mais ça serait jeter un malaise et LÀ j’aurais des fouines de soeurs qui me demanderait plus de détail et je n’y tenais pas particulièrement. Oui il y avait eu ce baiser que je n’arrivais pas à me sortir de la tête mais quand elle me sautait à la gueule disons que c’était la dernière chose que j’avais envie de faire. Je me tournai vers Taylor et lui fis un sourire en coin.

- Non pas d’anecdotes. On travaille bien ensemble et on boucle les enquêtes comme il se doit. Mais sinon le reste… je plissai le nez et ajoutai avec un ton moqueur, moche… super moche même. Et elle pu des pieds comme pas possible!

Ce fut au tour de Rachel de me lancer un bout de pain en me traitant d’idiot.

R- Je savais que j’aurais dû demandé à une personne doté d’intelligence. Taylor, tu dois bien avoir une petite anecdote à nous raconter non?

Je me tournai vers Taylor en mastiquant ma bouchée de haricots et levant un sourcil curieux de ce qu’elle allait dire. C’est moi où elle semblait plus détendue? Elle avait le sourire plus facile en tout cas.

– Et comment tu pourrais savoir si je pue des pieds au juste ? lui demandais-je en haussant les sourcils.

La seule fois où je m'étais retrouvée pieds nus en sa présence c'était lors de cette fameuse soirée au bar des Hernandez. Juste après cette histoire de baiser. Essayait-il de me faire passer un message à ce sujet ? Tenait-il vraiment à ce que j'évoque ce moment franchement gênant ? J'en doutais fort…

Voyant qu'elle ne pourrait rien tirer d'intéressant chez son frère, Rachel m'interrogea à mon tour. Devrais-je parler du baiser ? Naaaan. De son attrait nouveau pour les barbes de ses collègues ? Peut-être, cela pourrait être prometteur… Sauf que je ne connaissais pas encore suffisamment les membres de sa famille pour oser pareille blague. Évoquer son haleine ? Non plus … Je suis décidément beaucoup trop gentille.

– Non, je n'ai rien de plus à ajouter. Ça ne fait pas encore très longtemps que nous travaillons ensemble après tout.

– Et pourquoi tu l'appelles Ford ?

– Parce qu'il ne s'appelle pas Chevrolet, rétorquais-je avec un sérieux qui devait trancher avec la plaisanterie.

Il y eut un instant de silence durant lequel chaque membre de la famille se dévisagea l'un, l'autre… Puis finalement, le beau-frère éclata de rire, sitôt suivis par l'ensemble des Ford.

– Non, mais… Pourquoi ne pas l'appeler par son prénom ? Il t'appelle bien Taylor.
– C'est une coutume là d'où je viens. On n'utilise jamais les prénoms parce que… Bah, on fait un travail assez risqué et, parfois, certains d'entre nous manquent de chance… C'est un moyen détourné pour éviter de s'attacher à l'autre en cas de… manque de chance.

– Au cas où l'un de vous ne se fasse descendre ? Demanda le beau-frère.

Je me contentais d'acquiescer avant de féliciter madame Ford pour la qualité de sa cuisine. Tout était réellement délicieux.

– Et donc, tu ne veux pas t'attacher à lui ? M'interrogea la plus jeune, visiblement aussi surprise que déçue.

– Je préfère séparer ma vie professionnelle et ma vie privée. C'est beaucoup plus simple.

Dit la fliquette assise à une table au milieu de toute la famille de son collègue. Ouais, je sais, ça pouvait paraître hypocrite.

– Et tu as quelqu'un dans ta vie actuellement ? Renchérit Rachel.
– Non.
– Et ça fait longtemps que tu n'as personne? Ajouta Andy.

Je ne pus m'empêcher de sourire.

– Vous auriez dû être flic, vous deux, raillais-je gentiment. On peut dire que vous savez mener un interrogatoire. Ça fait quelques années que je suis seule.
– Années ? S'étouffa le gendre.
– Je travaille beaucoup.
– Mais… T'as pas de manque ?
– Non, pouffais-je. Mais c'est gentil de vous en inquiéter. Sinon, tout va bien pour vous ?