« Cela signifie que je suis en train de tomber amoureux de toi… » tels étaient les mots qu’il mourrait d’envie de lui dire en cet instant. Parce que c’était la vérité. Parce que c’était ce qu’il ressentait au fond de lui. Mais retentissait en fond une petite voix qui lui rappelait qu’il n’était que son meilleur ami à ses yeux. Son phare dans l’obscurité, comme il s’était plu à le penser durant de long mois après le décès de Roberto. Mais aujourd’hui, il y avait tant de choses qui avaient changés, en commençant par lui et sa capacité à aimer de nouveau. Il se sentait dorénavant prêt à aimer, mais seulement parce que c’était elle… Mais il était son meilleur ami, et elle n’avait eu de cesse que de le lui rappeler ces dernières semaines. Elle ne voulait pas aimer à nouveau. Pourquoi ça serait différent si c’était lui ?! Il avait donc prononcé des paroles plus prudentes « Je crois que je guéris et que je suis peut-être prêt à aimer de nouveau ». Il lui donnait les clefs, c’était à elle de décider si elle voulait refermer la porte à double tour, ou si elle tentait l’aventure avec lui. Elle était libre de considérer cette information comme elle l’aurait décidé. Tout du moins, maintenant elle savait qu’il était prêt à aimer de nouveau, et elle tout particulièrement. Il le lui confirma en lui confiant vouloir l’entendre lui demander de prendre sa soirée ou d’être présent durant le week-end pour être avec elle, parce qu’il lui manque, tout simplement. Victoria ne lui laissa pas le temps de répondre, ce qui le fit sourire avec amusement « Oui, j’en ai envie » confirma-t-il, même s’il n’avait pas voulu attendre sa réponse. Jacob se mit à rire ensuite, la voyant tirer la langue telle une enfant alors qu’il la taquinait ouvertement et de bon matin « Je te dirais ça ».

Jacob avait fait une nouvelle tentative pour faire entendre à Victoria qu’il voulait plus que cette amitié qui les liait, mais une fois encore, cette dernière tourna cela à la dérision. Devait-il considérer qu’elle voulait éviter tout malaise en s’imaginant dans le même bain moussant qu’avec lui parce que cette image d’eux deux lui semblait saugrenue « Normalement à deux, ça se déroule bien aussi… » répliqua-t-il simplement. La jolie brune ne s’était jamais laissée tenter, mais ce n’était pas son cas. Roberto avait jugé son goût pour les bains à sa manière, gérant quelque peu ses goûts au même titre que ses relations avec les hommes. Il espérait donc que l’homme qui tomber amoureux d’elle saurait en prendre soin comme à la prunelle de ses yeux. Toutefois, il ne s’était pas attendu à une telle réponse de sa part. C’était lui cet homme avec qui elle se sentait heureuse, épanouie et elle-même. Il resta interdit quelques secondes, la fixant de son regard brun, et finit par répliquer « Excepté le fait qu’on ne partage aucune intimité physique, et pour que ça change, il faudrait que tu tombes amoureuse de moi » et se mit à lui sourire avec douceur, avant de porter sa tasse de café à ses lèvres. En ce qui le concernait, c’était déjà fait et il en prenait conscience un peu plus chaque jour.

« J’ai toujours eu cette crainte aussi ! » et c’était pour cela qu’il ne s’était jamais laissé tenter à faire du ski ou du snowboard. Il laissait cela aux autres. Toutefois, il n’était pas contre l’idée de passer le jour de l’an dans un chalet en montagne « Je devrais avoir confirmation dans les deux prochaines semaines », et leva ses yeux en direction de la cuisine, avant de rire doucement « Oui ». Ils passèrent le reste de la journée à chercher des appartements, à prendre des rendez-vous, et le soir venu, c’était ensemble qu’ils se rendirent à la fête foraine. « Tu veux commencer par la grande roue ou les manèges qui font peur ? », et huma l’odeur des hot-dogs et des barbapapa « J’aime tellement cette ambiance ! J’ai l’impression d’avoir de nouveau vingt-ans » et ajouta « On reviendra là pour manger tout à l’heure » et se laissa enivrer par cette ambiance festive, ces musiques, les rires, les cris.

Bon d’accord, elle avait posé la question. Mais elle n’avait pas vu venir cette réponse. Il guérissait ! Prêt à aimer de nouveau. Ce n’était pas rien. Tout ce qu’elle trouva à dire fut : « -je suis contente de l’apprendre. » en penchant légèrement la tête sur le côté, le regard plein de tendresse. Elle avait toujours trouvé cela radicale et dommage pour l’homme qu’il était, de renoncer à l’amour. La peur dictait tout cela. La peur d’avoir mal de nouveau. Qu’est ce qui lui avait fait changé d’avis ? « -ne le dit pas à Eva d’accord ? » demanda Victoria avec sérieux. Elle n’avait pas du tout envie de voir sa sœur jouer à nouveau les entremetteuse. Si Jacob était prêt à aimer à nouveau, alors c’était à lui de décider comment vivre ça. S’il voulait faire des rencontres ou si il se laissait guider. La nouvelle bouleversa cependant la jeune femme. Cela remettait en perspective bien des choses. Est-ce qu’elle avait une chance d’être la future élue ? Il était tombé nez à nez avec son amant d’un soir, et avait entendu une bonne partie de leur ébats… il y avait peu de chance pour qu’après ça, il ait envie de plus qu’une amitié avec elle. Et puis, parfois elle était bien trop compliquée. Elle avoua : « -je ne m’attendais pas à entendre ça… tu semblais si catégorique. » mais c’était une bonne chose. Enfin…

Elle répondit simplement un : « -si tu le dis » concernant les bains à deux. Parce qu’elle voulait repousser les images qui ne cessaient d’envahir son esprit. Il appuya de nouveau sur cette idée qu’elle parvienne à trouver un homme bien. L’homme bien elle l’avait trouvé. C’était lui. De jour en jour, elle devait se rendre à l’évidence, elle éprouvait plus que de l’amitié pour Jacob. Et ce n’était pas qu’une attirance physique ou un besoin de sexe. Elle sourit devant sa réponse. « -méfis toi, ça risquerait d’arriver si tu m’offres des petits déjeuners comme celui-ci à longueur de temps. » roh que c’était dur de ne rien dire. C’était… une porte ouverte en grand ! Elle n’avait plus qu’à s’y engouffrer. Avouer et l’embrasser ! A l’instant, elle avait comme la conviction qu’il n’attendait que ça. Même si elle trouva l’idée débile quelques secondes plus tard. Est-ce qu’ils étaient deux aveugles ? S’il avait des sentiments pour elle, et qu’il n’avait plus peur de tomber à nouveau amoureux, pourquoi ne disait-il rien ?

Elle s’éloigna, c’était bien plus sage. Focus sur l’appartement et ce qu’ils voulaient pour ce nouvel espace. La journée se passa paisiblement, même si elle ne cessait de repenser à tout ça. Qu’elle tombe amoureuse de lui. Il avait insisté sur le fait qu’il ne l’aurait pas repoussé pour un baiser. Et cette histoire de bain à deux… il lui embrouillait l’esprit… la fête foraine était alors la bienvenue ! ça lui changerait les idées. « -oh non, je ne monte pas là-haut ! La maison hantée autant que tu veux, mais pas la grande roue. Je suis restée bloquer une fois étant gamine, depuis impossible… » elle grimaça : « -j’aurai dû t’en parler avant… » peut-être qu’il se faisait une joie de monter tout en haut. Et en soit, ça lui évitait de rester bloquer là-haut avec lui. « -je suis contente que ça te plaise. » avait elle répondu en souriant. « -oui évitons de vomir tout de suite ! » ils mangeraient après. « -je te laisse choisir ! » lança ensuite Vic qui était incapable de choisir. Elle avait mis sa condition, maintenant, à lui de voir où il voulait aller en premier.
 

À la suite de son divorce, de la perte de sa coéquipière, Jacob s’était résolu à l’idée de ne plus aimer, parce que c’était bien trop douloureux. Mais ses sentiments à l’encontre de Victoria avaient peu à peu changé, avaient évolué. Sa présence à ses côtés au quotidien, les nuits passées dans les bras de l’un et l’autre, leurs éclats de rires, et cette sensation de pouvoir être lui-même avec la jolie brune… Il était finalement tombé amoureux de Victoria. Il ne l’avait pas choisi. Ça aurait été moins compliqué de n’être que son ami. Et d’un autre côté, c’était si doux et si bon que de l’aimer elle… Et pouvoir espérer plus, Jacob avait décidé de lui avouer qu’il était prêt à aimer à nouveau. Il sourit avec douceur aux quelques mots qu’elle prononça, avant de rire discrètement « Non, n’ait aucune crainte là-dessus ». Parce qu’il ne voulait pas subir des rancards organisés. Il acceptait d’aimer à nouveau, mais pas n’importe quelle femme. Son cœur avait déjà fait son choix, et il plaisait à Jacob. « Je l’étais » confirma-t-il avant de poursuivre « Mais certains éléments ont changé ces derniers temps, et qui m’ont fait comprendre que ça pouvait être agréable d’aimer à nouveau » rétorqua-t-il en fixant l’intéressée. Il jetait une bouteille à la mer. C’était à elle dorénavant de faire le premier pas si elle se sentait prête aussi. Il savait qu’elle portait encore le deuil de Roberto au quotidien, et il savait aussi qu’elle avait peur de le perdre lui, leur amitié. C’était donc la seule à disposer de toutes les cartes. Si elle était prête à davantage, alors elle saurait faire ce premier pas. Dans le cas contraire, Jacob accepterait de n’être que son meilleur ami au quotidien, se promettant d’être plus dans une autre vie. Il fit toutefois une dernière tentative pour lui confier qu’il n’attendait qu’elle tombe amoureuse de lui pour faire évoluer leur relation, mais une fois encore, sa tentative fut vaine. Il se mit à sourire pour seule réponse. Un sourire qui se dissipa aussitôt qu’il cacha son visage derrière sa tasse de café. Jacob venait de comprendre qu’elle ne se sentait pas prête, ou que tout simplement, elle ne l’aimait pas lui…


La recherche d’appartement toute l’après-midi durant avait participé à mettre ses doutes et ses craintes dans un coin de son esprit, et tout autant lorsqu’ils se rendirent à la fête foraine. Un regard pour la grande roue, mais Victoria déclina bien vite l’invitation « Je pense pouvoir surmonter le fait qu’on ne fasse pas de grande roue bonito corazòn, je te rassure » répliqua-t-il en riant de bon cœur, et jeta un coup d’œil aux différents mets qui lui donnait grand appétit « Oui, tu as raison ». Il se mit à observer les différentes attractions et jeta son dévolu sur la maison hantée. Lorsqu’ils pénétrèrent dans l’obscurité, Jacob posa brusquement ses mains sur elle afin de lui faire peur, et finalement ce fut lui qui sursauta quelques secondes plus tard à l’arrivée d’un monstre dans un coin de l’attraction. Il se mit à rire de sa propre peur, et c’était le sourire aux lèvres qu’ils en sortirent. Il passa son bras autour de ses épaules « A ton tour de choisir ! », et ajouta « Au sujet de la grande roue, tu ne voudrais pas essayer avec moi ? Je veux dire, il y a peu de chances de te retrouver bloquée à nouveau » et précisa « Puis je serais là, je te rassurerais si jamais j’avais tort et qu’on se retrouve comme deux abrutis coincés là-haut par ma faute ».

« -ok… parfait… » mais elle se prenait pour qui à le mettre en garde contre sa sœur ? La réalité, c’était qu’elle n’avait pas moindre envie de le voir se rendre à des rendez vous avec d’autres femmes. Et en même temps, elle avait tellement peur de lui dire la vérité. Parce qu’elle redoutait de le perdre. Et en même temps si elle osait et qu’il était d’accord ? Ils avaient tout à gagner non ? Elle sortait d’où cette peur presque viscérale de le perdre ? Elle n’eut pas à chercher bien longtemps pour avoir sa réponse… Elle avait déjà perdu l’homme qu’elle aimait… elle ne supporterait pas d’en perdre un autre… même si cela signifiait perdre son amitié. C’était ça qui la retenait. Ça qui l’empêchait de lui dire qu’il n’avait aucun effort à fournir et que c’était déjà fait. Qu’elle était déjà tomber amoureuse mais qu’il semblait ne pas le voir. Est-ce qu’elle était si bonne actrice que ça ? Elle en doutait… Vic eut la sensation de ne faire que froncer les sourcils. Des éléments avaient changé ? La seule chose qui avait changé c’était son boulot. Il avait rencontré quelqu’un ? Une collègue qu’il appréciait ? La jolie brune ne voyait que cette explication. Elle préféra donc hocher la tête et répondre un simple : « -d’accord… » non, elle ne voulait pas en savoir plus. Elle ne voulait pas qu’il lui parle d’une femme qui lui plaisait. Pas là, pas maintenant. Elle serait incapable d’endosser le rôle de la meilleure amie.

Elle s’était concentrée sur la recherche d’appartement, même si parfois elle doutait à nouveau de cette idée. Et si elle repartait ? S’il rencontrait quelqu’un ou avait rencontré quelqu’un, ça serait… douloureux… et elle ne voulait pas être de trop dans le décor. Elle décida de vraiment chasser ses idées en profitant de la soirée à la fête foraine. Elle avait la sensation de se faire des nœuds au cerveau et elle détestait ça. Bon, elle avait oublié de préciser qu’elle ne monterait pas dans la grande roue. Léger traumatisme d’enfance. Heureusement cela ne sembla pas gêner Jacob. Direction la maison hantée. Elle poussa un premier cri, à cause de Jacob. Elle répondit en lui donnant un léger coup de coude. Un joyeux rire lorsque se fut à lui de hurler. A plusieurs reprise elle avait saisi son bras ou sa main. Mais ils ressortirent de là en riant. Vic leva les yeux sur Jacob. « -tu veux vraiment tenter le truc ? Coincé là haut avec moi en panique ? » il ne devait pas se souvenir exactement ce que ça donnait une Victoria Ruiz paniquée. Le Guatemala ne lui avait pas suffi ? « -pas tout de suite… » non, elle voulait d’abord profiter.

Ils firent quelques manèges à sensations, puis ils décidèrent de passer sur les stands plus calme. Elle passait une agréable soirée. Soudainement une petite main se glissa dans la sienne. Vic sursauta et baissa les yeux sur un petit garçon. « -Luis ? Mais… » elle tourna la tête à gauche et à droite. « -où sont papa et maman ? » elle jeta un regard à Jacob. « -je te présente mon neveu. » Le petit avait 4 ans, et ses parents devaient être mort d’inquiétude. « -viens, on va s’asseoir par là. J’essaie d’appeler ton père. » la jeune femme sortie son téléphone et lorsque son frère décrocha, elle s’adressa à lui en espagnol. Elle le rassura sur le fait que son fils était avec elle, lui indiqua où ils se trouvaient et qu’ils les attendaient. « -tu veux manger quelque chose ? » demanda la jeune femme au petit garçon qui n’avait toujours rien dit mais qui tenait sa main avec force. « -papa arrive, et tu es avec moi. Donc tout va bien d’accord ? Je comprends que tu aies eut peur… » elle prit le petit dans ses bras, qui se blottit contre son cou. Elle adressa un sourire à Jacob. Pas la peine qu’elle s’excuse. D’une elle n’y était pour rien, de deux, elle savait qu’il comprenait. Même si Luis n’avait pas été de sa famille, il n’aurait jamais laissé un gamin perdu comme ça, tout seul. « -tu sens mi amor, l’odeur des churros… » Luis sourit sans pour autant de décoller de sa tante. « -j’ai envie d’en manger… pas toi ? Et tu crois que mon ami Jacob il aime les churros ? » elle sourit à Jacob avec douceur.
 

Les hurlements provenant des manèges à sensation au loin, les petits éclats de rires, le brouhaha des conversations, l’odeur sucrée des barbapapa, ou salée des hot-dogs qui chauffaient à quelques mètres d’eux. Jacob savourait chaque seconde de ce moment. Cela faisait plus de dix ans qu’il ne s’était pas rendu à une fête foraine, et se souvint à quel point il aimait cette ambiance particulière, cette insouciance de l’enfance qui revenait l’accabler. Sans compter la présence de la jeune femme à ses côtés. Cette soirée s’annonçait sous les meilleures auspices, loin de ses interrogations concernant leur relation. Il avait décidé de laisser ses préoccupations à l’appartement et de profiter de chaque instant avec Victoria. Il avait rit en sentant son coude dans ses côtes, et avait vaciller entre sursaut et rit. Plus d’une fois, il avait sentit la main de cette dernière se poser sur son bras ou ses doigts, trahissant ses peurs dans ce petit manège à sensation. Lorsqu’ils en sortirent, Jacob proposa de se laisser tenter par la grande roue. Après tout, il était présent et saurait la rassurer si jamais ils venaient à se retrouver bloqués quelques minutes au sommet. Sourire aux lèvres, il acquiesça « Est-ce que je te semble apeuré face à cette idée ?! » et acquiesça « Quand tu voudras, j’attends patiemment ». En attendant, ils se laissèrent tenter par plusieurs manèges à sensations, quelques stands de tire à la carabine, ou la pêche aux canards. Jacob pliait proprement les tickets gagnés tout en rétorquant un « Tu vas devoir te choisir une peluche ! » lorsqu’il sentit la jeune femme réagir à ses côtés. Un froncement de sourcils et constata que son petit sursaut résultait de la présence soudaine d’un petit garçon apeuré. Au vu de la réaction et du prénom prononcé, Victoria le connaissait. Il se mit à chercher du regard avec elle, en quête de parents terrifiés d’avoir perdu leur petit garçon, et reporta son attention sur l’enfant « Enchanté Luis. Je suis Jacob » et lui fit un petit signe de main tout en souriant avec douceur.

Le médecin suivit la jolie brune et son neveu en silence, prenant place face à eux deux. L’enfant ne parvenait pas à se détacher de sa tante, devenu son point d’ancrage dans cette imposante foule. En l’entendant s’adresser à Luis, Jacob ne put s’empêcher de la couver du regard avec tendresse, pensant que si Dieu acceptait de la laisser être mère, alors elle serait parfaite dans ce rôle. Il se mit à acquiescer « J’adore ça ! » et se leva de table, « Tu veux venir en chercher avec moi ? » tout en tendant la main, mais le petit garçon refusa d’un signe de tête, ce qui le fit rire légèrement. Il passa sa main dans les cheveux de ce dernier pour les ébouriffer « Pas de souci mon grand », et posa sa main sur l’épaule de Victoria « Je reviens vite ». Il s’éloigna jusqu’au stand, demanda des churros avec du chocolat, ainsi que de quoi boire, et déposa le tout sur la table à son retour, prenant place aux côtés de Luis. Il cala la serviette dans le haut de ce dernier « Pour éviter de tâcher ton joli t-shirt » et lui tendit le churros « C’est chaud, attention », et en enfourcha un dans sa propre bouche « Il a couru plus vite que ton frère ? » rétorqua-t-il avec amusement, avant de remarquer tout le chocolat sur la bouche du petit, et l’essuya avec sa propre serviette « Vas-y mange, t’inquiète pas mon grand ». Il reporta son attention sur la jeune femme. D’un point de vue extérieur, ils devaient former une jolie famille tous les trois. Il débouchonna de l’eau et aida Luis à en prendre une gorgée « C’est réconfortant le chocolat, ça sèche les larmes des petits garçons qui se sont perdus » répliqua-t-il avec amusement à l’attention de Victoria.

Sincèrement, pour le moment, elle n’était pas vraiment partante pour la grande roue. C’était trop tôt dans la soirée. Avant de partir peut-être… Pour le moment, ils s’amusaient bien et elle voulait profiter de ça. « -non, mais tu as rarement peur de quoi que ce soit… » elle tourna la tête vers lui : « -tu étais flic et aujourd’hui tu es à nouveau chirurgien. Ça te classe haut dessus de la moyen dans bien des domaines et surtout pour la peur. » elle ne voulait vraiment pas se retrouver là-haut, dans l’obligation de se blottir tout contre lui parce qu’elle était terrorisée. Elle lui sourit avec douceur, comme pour le remercier. Au tir à la carabine, forcement elle ne fut pas la meilleure. Mais c’était tellement bon de rire. En l’observant tirer, elle se dit qu’elle devait passer à l’action. Soit tout avouer, soit tout étouffer. Parce qu’elle ne voulait pas mettre plus de distance physique entre eux. Et qu’il y ait des malaises toutes les trois minutes. « -oh compte sur moi pour ça ! » elle aimait la fête foraine parce que ça dépoussiérait l’âme d’enfant. Et après cette longue année, elle en avait besoin. Le fait de savoir que Jacob aimait aussi être ici, c’était un plus. Elle se sentait bien, en sécurité, souriante et sereine.

Jusqu’à ce sursaut lorsqu’on lui saisit la main. C’était Luis, le numéro trois d’un des frères de Victoria. Il s’était visiblement perdu et semblait terrorisé. Elle téléphona rapidement à Diego, et le rassura. En attendant qu’ils les rejoignent, même si ça n’allait pas durée très longtemps, la jeune femme proposa de manger quelque chose, juste occuper l’enfant afin qu’il pense à autre chose. « -merci… » souffla Vic alors que Jacob se portait volontaire pour les churros. Un sourire tendre en le regardant s’éloigner. « -tu sais, il est très gentil mon ami. » Luis resserra un peu plus ses bras autour de sa tante. « -on va manger et papa et maman vont arriver. Mais tu es avec moi donc tout va bien. Je sais que tu as eu peur… » elle embrassa le front du petit garçon, comme si c’était le sien. Puis elle le déposa afin qu’il puisse manger un peu. Elle resta debout afin que son frère puisse la voir de loin. « -il est pas descendu du bon côté du manège d’après ce que j’ai compris… » avait répondu Vic, avant de dire : « -hé mais et moi alors ! » en faisant mine de manger le churros de Luis. Elle réussit enfin à le faire rire. Voilà… le moment d’angoisse était passé. Toujours debout, elle mangea un churros tout en regardant du coin de l’œil Jacob qui jouait parfaitement son rôle de père. « -ça marche pas que sur les petits garçons. » avait elle commenté avant de faire un signe de la main.

« -hermano ! » Diego arriva en courant avec sa femme et leur deux autres enfants. Une fille de 8 ans et un autre garçons de 6ans. Le petit Luis fut serré dans les bras de tout le monde. « -quelle chance qu’il soit tombé sur toi. » « -lui c’est zacob et c’est le meilleur ami de tata Vic ! » commenta Luis avec de nouveau du chocolat jusqu’aux oreilles. Elle sourit : « -je vous présente donc Zacob… » elle adorait ce petit souci de langage qu’avait son neveux, cette langue qui des Z un peu partout. « -mon petit frère, Diego et sa femme Isabella. Alba et Adrian. » Diego serra la main de Jacob. « -heureux de te rencontrer Hermano. » Alba demanda si Vic pouvait l’accompagner pour un manège. Sa mère répondit : « -Un autre fois. Nous allons rentrer. » Elle remercia encore et encore Victoria et son frère lui fit un accolade avant de lui adresser un clin d’œil. Vic embrassa ses neveux et sa nièce, avec un gros câlin pour Luis avant de leur faire signe alors que la petite famille rentrait. « -merci… pour ta bienveillance… » souffla la jeune femme avec un regard tendre.

À entendre Victoria, l’ancien lieutenant n’éprouvait pas souvent la peur. Il suffisait d’examiner son parcours professionnel pour en prendre conscience. En tout cas, c’était son argument. Cela faisait rire Jacob qui marchait à ses côtés, en direction de la prochaine attraction « Bien sûr que j’ai des peurs ! Des grandes et des petites, mais je ne crains pas que tu sois apeurée là-haut, parce que je serais là, avec toi ». Depuis quelques temps, il avait su même survenir de nouvelles peurs chez lui, et elles concernaient toutes la jolie brune à ses côtés. Mais il passa cela sous silence, profitant des différentes attractions, de leurs éclats de rires aux différents stands. Il avait sourit à l’attention de Victoria en sentant son regard sur lui alors qu’il tentait de fixer toute son attention sur les ballons face à lui. Cette soirée était tout simplement à la hauteur de ses espérances quand elle avait parlé de cette fête foraine un peu plus tôt dans la journée. Et maintenant qu’il se trouvait avec une ribambelle de tickets, Victoria allait devoir jeter son dévolu sur une peluche. Sa réponse ne l’étonna guère, et le fit même rire « Une grande et imposante ! » qui allait prendre toute la place sur le lit et qui allait leur rappeler cette soirée tous les deux. Enfin… En partie tous les deux. C’était sans compter l’intervention de Luis, le jeune neveu de la jolie brune. Ce dernier était terrifié d’avoir perdu ses parents dans cette foule, et la jolie brune faisait preuve d’une empathie rare. Une véritable maman. Et il espérait que la vie lui donnerait la chance de le devenir un jour. En attendant, ils s’occupaient tous les deux du petit garçon. Jacob se chargeant d’aller chercher les churros qu’il ramena au petit garçon et à la tante de ce dernier quelques minutes plus tard.

Jacob se chargea de glisser la serviette en papier dans le haut du t-shirt de l’enfant et lui donna son premier churros tout en levant son regard sur Victoria qui attendait patiemment la venue de son frère « Je vois. C’est un rebelle » et s’adressa à Luis « Tu es un rebelle. J’aime bien » et se mit à rire en observant la jeune femme tenter de manger le churros de son neveu. Cela fit rire également le petit garçon qui se détendit peu à peu à leur contact « Je prends note » rétorqua-t-il en entendant le commentaire de Victoria, et ce, accompagné d’un regard qui en disait long. Le petit mot en espagnol signifiait que le papa était arrivé. Jacob tourna la tête en direction de la jolie petite famille qui s’approchait et fit un signe de main « Enchanté, je suis Zacob » tout en rendant la poignée de main à Diego « Yo Tambien Hermano (moi aussi frère) ». Jacob resta quelque peu en retrait, reprenant sa place sur le banc pour finir de manger ses churros tout en observant l’échange entre chacun des membres de cette jolie famille. Il releva son regard sur Victoria lorsqu’elle s’adressa à lui « Tu n’as pas à me dire « merci », c’est normal. Ce gamin a l’air adorable. Enfin, toute la petite famille » et ajouta « Je suis content d’avoir pu rencontrer un de tes frères ». Il lui tendit un churros « Tiens » avec un sourire et ajouta « Tu ferais vraiment une bonne maman… » tout en lui donnant un petit coup d’épaule « Ne met pas du chocolat partout comme ce matin ! ».

« -ok ok ! On fait le grande roue en dernier. » elle voulait bien réessayer. Il avait raison, puisqu’elle ne serait pas seule là-haut, mais avec lui, ça devrait bien se passer. Alors elle était d’accord pour tenter. Mais d’abord, c’était les plus petits stands. Aucun souci pour choisir une peluche. « -elle me tiendra compagnie quand tu seras absent ! » un sourire tendre à l’attention de Jacob, avant de se figer sur place en sentant une petite main dans la sienne. Son neveu Luis se tenait là, perdu et pétrifié de peur. Elle prit le temps de le rassurer en attendant que ses parents arrivent. Comme deux bons parents qu’ils ne seraient probablement jamais, Jacob et Vic offrirent des churros au petit garçon. Vic trouva adorable le comportement de Jacob, et elle trouva vraiment dommage qu’il ait renoncé à ses envies de paternité à cause de son ex-femme. Il était doué. Et ça lui allait vraiment bien. « -il fait son timide mais oui, en général une fois qu’il est en confiance, il peut faire partie des rebelles. » Diego, son frère prenait soin d’éduquer ses enfants pour qu’ils puissent être capable de faire face au monde qui les entourait. Tout en faisant preuve de tendresse et d’empathie. Il s’en sortait plutôt bien.

Elle aima sa façon de saluer Jacob et elle ne put s’empêcher de sourire. Après quelques mots, quelques bisous et avoir donner quelques churros aux enfants, elle se retrouva à nouveau seule avec Jacob. « -moi aussi, j’aurai aimé que ça soit dans d’autres circonstances. Mais tu les rencontreras tous à noël. Oh j’aurai pu leur en parler ! » ça serait pour une prochaine fois. Elle prit le churros qu’il lui tendait et elle sourit à son compliment. « -c’est facile avec des neveux. Je n’ai que les bons côtés. Mais je dois bien avoué qu’avec Luis on a une relation assez fusionnel. » sans doute parce que c’était le petit dernier. Elle prit le churros qu’il venait de lui donner et loupa sa bouche lorsqu’il lui donna son coup d’épaule. Elle se redressa légèrement en le regardant, ses yeux souriant autant de ses lèvres. « -la faute à qui ?! » s’amusa Vic avant de se pincer les lèvres, histoire d’en étaler un peu plus encore. Elle se tourna vers Jacob et dit en riant : « -embrasses moi ! Aller ne fait pas ton timide ! » elle tendit ses lèvres et son regard accrocha le sien. Elle demanda alors avec bien plus de sérieux et de l’envie de le regard : « -embrasses moi… » elle en mourrait d’envie… s’il osait, alors elle arrêterait de douter.

Jacob était parvenu à convaincre la jolie brune de retenter l’expérience de la grande roue. Après tout, elle ne serait pas seule là-haut, il serait présent lui aussi et saurait la rassurer si jamais ils venaient à stagner dans les airs. Il avait donc rétorqué un « Oh merci ! » avec enthousiasme. Oui, il la remerciait parce qu’il savait que ce n’était pas aisé d’affronter ses peurs. Ensuite, ils iraient chercher la peluche pour Victoria et qui allait lui tenir compagnie lors de ses longues absences « Il faut donc une peluche qui me ressemble ? » et désigna un singe frisé en passant devant un des nombreux stands « Comme celui-ci ? » et se mit à rire. Leur conversation fut interrompue par l’arrivée soudaine du neveu de Victoria, Luis. Un petit garçon qui passa quelques instants en leur compagnie en attendant ses parents. La jeune femme aurait fait une mère formidable, et quant à lui, il constatait qu’il aurait tant aimé tenir ce rôle au quotidien… « Oh ! On ne doit pas s’ennuyer alors ! » tout en posant son regard sur le petit garçon qui dévorait ses churros jusqu’à l’arrivée de Diego et de sa femme et leurs deux autres enfants. Une jolie famille. Une jolie famille qui ne resta pas plus de quelques minutes avec eux, décidant de rentrer tous ensemble, les laissant ainsi de nouveau seuls pour terminer les churros commandés un peu plus tôt. « Ne t’en fait pas, on a encore un peu de temps avant les fêtes de fin d’année » et donc le temps nécessaire pour tous les convier chez eux.

Il savait que le sujet était sensible, mais Jacob avait envie de lui confier qu’elle ferait une bonne mère. Elle était si douce avec les enfants, si empathique. Elle avait su faire rire rapidement ce petit garçon. Il se mit à sourire avec tendresse quand la jolie brune évoqua la relation fusionnelle qu’elle avait avec Luis « Oui, je m’en suis rendu compte. Tu as été sa bouée ! ». Le petit coup d’épaule qui suivit l’empêcha de mordre dans le churros, ce qui le fit rire alors qu’il mordait dans le sien tout en la fixant avec un petit sourire en coin. Il haussa les épaules « Ce n’est pas de ma faute si tu as ratée ta bouche ! » faussement innocent. Un nouveau rire résonna en la voyant étaler davantage le chocolat sur ses lèvres, tendant les lèvres en sa direction, lui demandant de l’embrasser, les lèvres entièrement recouvertes de la pâte à tartiner. Mais son rire s’estompa au moment où son regard s’accrocha au sien. Elle réitéra sa demande avec un sérieux déstabilisant, faisant croître peu à peu les battements de son cœur dans sa poitrine. Jacob détourna le regard pour se saisir de la serviette et essuya les lèvres de cette dernière sans mot dire. Il jeta vulgairement le bout de papier dans la boite de churros pratiquement vide sur la table, et se saisit délicatement du menton de Victoria, attirant son visage au sien, et déposa ses lèvres contre les siennes avec une infinie douceur. Il lâcha son emprise sur son menton, venant juste effleurer sa joue du bout de sa doigt, comme si elle était fragile. Lentement, Jacob se recula pour rouvrir les yeux avec tout autant de lenteur, se mit à sourire, et se rapprocha de nouveau, sa main se posant réellement sur sa joue dans une caresse et l’embrassa de nouveau avec davantage de conviction, et termina le baiser en souriant contre ses lèvres. Un sourire qui persista alors qu’il croisa les prunelles sombres de Victoria « J’ai bien cru que tu n’allais jamais me le demander… ».

Malgré la peur de la grande roue, qu’elle repoussait à plus tard, et la frayeur que leur avait occasionné Luis en se perdant dans la foule, Victoria passait une belle soirée. Une très belle soirée. Cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas apprécié un moment comme celui-ci. Malgré la foule qu’elle n’appréciait pas d’ordinaire, elle se sentait bien. Elle aimait voir Jacob heureux, et le fait qu’il ait pu rencontrer l’un de ses frères la réjouissait également. Le clin d’œil de Diego signifiait beaucoup de chose. Vic savait parfaitement que sa famille savait qui était Jacob, sa mère ne tarissant pas d’éloge à son sujet. Ils étaient tous au courant que leur grande sœur vivait avec cet homme, qu’elle considérait comme son meilleur ami. Il comptait beaucoup pour elle, il avait été présent dans les pires moments. Alors ce clin d’œil, c’était un peu comme un : je l’aime bien ou un maman à raison. Diego savait cerner les gens assez rapidement. Peut-être que sur une seule poignée de main, il avait été capable de se faire une idée. « -tu sais que j’ai un autre frère et deux sœurs. Qui ont aussi des enfants… enfin pas la dernières. Mais… ça va faire du monde à Noël… » ils allaient être serrés. « -c’est grand chez tes parents ? » parce que ça ne serait pas à l’appartement qu’ils parviendraient à faire rentrer tout le monde. Jacob avait raison, ils avaient encore un peu de temps pour organiser tout ça. Il faudrait déjà qu’ils soient tous d’accord pour cela. Ils verraient bien.

Elle qui avait eut envie de churros, finalement elle n’en avait mangé qu’un seul. Alors elle avait sourit lorsque Jacob lui en avait tendu un. Elle avait sourit de nouveau après avoir loupé sa bouche à cause de lui. La réflexion sur le chocolat sur ses lèvres la poussa à s’en remettre comme du rouge à lèvres et à tendre ses lèvres vers lui. En riant tout d’abord, et puis… et puis elle en mourrait d’envie. Alors elle lui avait demandé de l’embrasser avec bien plus de conviction, sans le quitter des yeux. Mais il avait saisit une serviette pour retirer le chocolat, et à ce moment précis, elle avait baisser les yeux. Pour elle le message était assez claire. Elle venait de demander quelque chose qui n’arriverait pas. Elle venait de franchir la limite qu’il ne fallait pas. « -excuses moi… je… » oui, elle était prête à lui demander pardon, à lui dire que c’était un moment d’égarement, qu’elle avait cru comprendre des choses mais c’était trompée.

Mais il saisit son menton, lui faisant relevé le visage. Et puis il approcha et il l’embrassa avec une grande douceur. Lorsqu’il recula, elle garda les paupières clauses quelques secondes. Est-ce que si elle les ouvraient à nouveau, elle réaliserait que c’était encore un rêve ? Elle tenta malgré tout… il était bien là. Il caressait sa joue et à nouveau il l’embrassa. Son cœur s’était emballée et son corps était venu se blottir contre celui de Jacob. « -quoi… » souffla la jeune femme en ne comprenant pas ce qu’il venait de dire. Elle sourit avec tendresse. « -je… » elle se mordit les lèvres et glissa sa main dans celle de Jacob. « -on va le faire cette grande roue ? » elle n’avait pas du tout envie de parler maintenant. Au milieu de tous ces gens. Elle ne cessait de sourire.