J'ai 28 ans et je vis à Londres, Angleterre. Dans la vie, je suis enseignante en art et je m'en sors moyen. Sinon, grâce à ma malchance, je suis célibataire et je m'y suis habituée. - Fille unique, son père était un baron pingre et sa mère, une femme volage - Elle a un don et une passion pour la peinture et le dessin - Elle est passionnée d'astronomie - Elle a toujours entretenu une relation très distante avec ses parents - À 18 ans, elle rassura un jeune garçon terrorisait par la vue du premier saignement menstruelle de sa grande sœur - Quelques mois plus tard, à un bal, le père du même garçon la défigura et la châtia quand elle lui fit l'affront de refuser ses avances - Suite à cela, elle perdit l'usage de son œil gauche et sa joue droite garde une brûlure rouge vive depuis - L'assaillant a grassement payé ses parents pour acheter leur silence face aux séquelles de leur fille - Ses cheveux sont devenus blanc suite à son traumatisme - Le père d'Eurydice n'a jamais supporté sa lâcheté et a sombré dans l'alcoolisme avant de se pendre - Sa mère s'est remariée et a quitté la demeure familiale peu de temps après - Elle se réveille parfois la nuit à cause de douleurs fantômes - Elle enseigne l'art à des enfants défavorisés et gagne son pain en dépit de son statut noble - Elle gère seule les maigres terres de son défunt père - Aujourd'hui vieille fille répudiée et moquée par la haute société, sa vie se retrouve chamboulée quand Douglas Berrygreen, le jeune garçon désormais tout juste adulte, se présente à elle pour la courtiser.
Comment la situation avait-elle pu dégénérer à ce point ? Un instant, ils avaient presque nagé dans le bonheur et, la seconde d'après, ils étaient tous deux en train de se noyer. Tout cela n'était rien d'autre qu'un cauchemar éveillé. Il n'y avait pas d'autre explication possible. Ils allaient bientôt se réveiller, blottis l'un contre l'autre, à l'abri des regards et des murmures outranciers de la haute société, pas vrai ?
Tout s'était passé si vite qu'Eurydice Hodges avait à peine eu le temps de saisir la gravité de la situation. Un battement de cil confus ramena la jeune femme sur terre, l'ancrant dans cette réalité déplaisante, tandis qu'elle observait son aimé toujours acculé par Celeana. Son nez se retroussa et ses sourcils se froncèrent face à la colère froide qui embrasait son être. D'ordinaire, beaucoup de maîtresses superficielles auraient pu éprouver un sentiment de jalousie à la vue de son amant dans les bras d'une autre, pour peu que ce dernier soit enclin à batifoler à droite et à gauche. Or, et Eurydice en avait parfaitement conscience, Douglas Berrygreen n'était pas le genre d'homme à batifoler. L'Adonis était un exemple de galanterie et de bienséance. Il avait été élevé par deux parfaits gentlemen et, suite logique, il en était devenu un à son tour. Ainsi, l'ange n'éprouva nul sentiment de jalousie à la vue de Celeana désespérément pendue au cou du bel Apollon. Pourquoi éprouver de la jalousie quand celle-ci était injustifiée et malvenue ? Eurydice n'avait aucun doute sur son aimé. Douglas n'avait rien fait. Ils étaient ensemble dans la bibliothèque. Ils s'apprêtaient même à s'enfuir pour pouvoir dormir une nouvelle fois ensemble. Il était innocent ! Il fallait être sot ou bien prompt à juger beaucoup trop rapidement pour imaginer le contraire. Pas de jalousie, certes, mais un profond sentiment d'injustice ainsi que d'indignation.
Les larmes de Celeana parvinrent visiblement à convaincre l'ensemble de l'assemblée et, lorsqu'un homme saisit le cadet des Berrygreen par le col de sa chemise, Eurydice fit un pas en avant, l'air complétement affolé. Helen Minnegan eut la présence d'esprit de la retenir par le bras, le visage complétement fermé, tandis que ses yeux observaient sa petite sœur de bas en haut. L'ange se tourna vers son amie, le regard implorant, et elle lui saisit la main avec douceur pour essayer de lui faire lâcher prise - en vain. "Il n'a rien fait, Helen... !" bredouilla Eurydice. Lentement, la blonde hocha la tête sans piper mot avant de ramener la jeune femme auprès d'elle. Oh, monseigneur ! Je ne savais pas que vous me désiriez à ce point. Pardonnez-moi. Le corps tremblant d'une rage froide, l'aînée murmura. "J'en suis parfaitement consciente, ne t'inquiète pas. Je vous ai vu vous éclipser tous les deux. Mais si tu ouvres la bouche maintenant, Eurydice, tu ne feras qu'aggraver son cas." Vous allez l'épouser ! L'ange étouffa un cri horrifié qui fut noyé dans le brouhaha des invités. Épouser Celeana Minnegan ? Non, c'était tout bonnement hors de question.
- Avez-vous déjà vu pareil animal en rut ? Même mon chien saurait faire preuve de plus de retenue ! - Cela n'a rien d'étonnant venu du vilain petit canard de la famille...
Le regard blessé de Douglas, fragilisé par ces horribles mots, fit comme l'effet d'un électrochoc à Eurydice. Poussée par une détermination qui en ferait pâlir plus d'un, la jeune femme aux mèches argentés arracha son avant-bras de la poigne de fer d'Helen. Lorsqu'elle ouvrit la bouche pour défendre l'honneur et la réputation du seul homme qu'elle ait jamais aimé, Ethan Berrygreen se flanqua devant elle. Un bruit déplaisant parvint aux oreilles de l'ange, qui fronça les sourcils face à l'intrusion du deuxième fils dans son champ de vision. "De grâce, messire, venez-lui en aide !" supplia-t-elle tandis qu'il la faisait reculer avec une douceur que peu encore lui connaissait. Elizabeth Berrygreen, l'épouse de Benedict, accueillit dans ses bras une Eurydice au bord des larmes. Son regard, féroce, flamboyait autant que celui d'Ethan. Il n'était pas utile de connaître intimement Elizabeth Portman pour comprendre qu'elle était furieuse. En un seul coup d'œil, un homme balafré à la stature imposante traîna dehors l'effronté qui avait osé jeter un gant au visage de Douglas.
Toute la salle sembla trembler devant le grognement d'Ethan Berrygreen. Il m'a attaqué ! Helen, reculée parmi la foule, serpenta entre hommes et femmes en direction de Celeana tandis que cette dernière s'enfonçait de plus en plus dans son mensonge. Il me désirait et a abusé de moi ! "Petite idiote..." gronda son aînée entre ses mâchoires serrées.
Eurydice observa l'état physique lamentable dans lequel Celeana s'était mise afin de rendre ses accusations plus crédibles. Elle fut atterrée de réaliser jusqu'où la petite sœur de sa meilleure amie était prête à aller pour obtenir l'homme qu'elle convoitait. Alors, une réalisation la frappa de plein fouet. Celeana Minnegan n'était nullement faite pour Douglas Berrygreen. Si leur physique attirant faisait d'eux un beau couple aux yeux du monde, leurs personnalités étaient bien trop différentes pour que l'amour naisse entre eux. D'autant plus qu'aucune relation saine ne pourrait naître d'accusations aussi viles. Le mensonge ne mènerait à rien de bon. Leur mariage était voué à l'échec, car ils n'avaient absolument rien en commun — si ce n'est leur jeune âge. Oui, ils seraient tous les deux malheureux ensemble, Eurydice en était persuadée.
Au fond d'elle, une petite voix ravie lui susurra que jamais personne ne trouverait grâce à ses yeux pour devenir la femme de son aimé.
Personne, sauf elle.
Est-ce que vous êtes sûre que c'est Douglas qui vous a fait cela ? Celeana blêmit avant d'adresser un regard à Douglas. Elle n'avait pas prévu que l'on remette ainsi sa parole en doute et, pour être tout à fait honnête, Ethan Berrygreen l'effrayait. Les yeux foudroyants de sa sœur la clouèrent sur place alors qu'elle reculait d'un pas. Elle balbutia, le rouge lui montant aux joues. "J-J'étais seule dans le couloir avant qu'il n'apparaisse à son tour... D-De qui d'autre pourrait-il s'agir si ce n'est de Lord Berrygreen !" se défendit-elle, pivoine. Helen, visiblement profondément déçue et blessée par l'attitude de sa petite sœur, reprit son ascension jusqu'à cette dernière.
Ethan, qui semblait avoir la situation bien en main, congédia Douglas avant de s'adresser à Tomas Lockwood. Une fois de plus, les Berrygreen démontraient, aux yeux de tous, la haute position qu'ils occupaient dans la société. Peu d'hommes pouvaient se permettre d'ordonner subtilement la fin d'un bal dont ils n'étaient même pas l'hôte. "C'est toujours pareil..." sanglota une jeune femme derrière. "Les femmes sont toujours considérées comme des menteuses, ce n'est pas juste ! Pauvre Celeana !" Un jeune homme, qui paraissait féru de sport, s'offensa devant ces paroles. Il ne put s'empêcher de rétorquer. "Pauvre Douglas, plutôt, oui ! Qui ici peut prétendre ne pas savoir qu'il est éperdument épris de cette mystérieuse femme qu'il appelle mon ange ?!" Eurydice s'empourpra avant de se raidir en entendant un vieil homme. "Il a toujours été le pire des trois. Son père l'a constamment déploré - bien qu'il l'aimait profondément. Un homme bon et juste, je l'ai bien connu." Elizabeth Berrygreen foudroya l'homme grisonnant du regard qui bafouilla avant de disparaître dans la foule, le bras presque broyé par le même homme à l'imposante stature. "Ses frères doivent avoir honte de lui. Après tout, n'ont-ils pas attendu le dernier moment pour organiser ce bal ? Qui plus est, ils n'en sont même véritablement les hôtes ! Il est clair qu'ils ne voulaient pas célébrer l'entrée en société de leur petit frère, ne pensez-vous pas ?" La femme de Benedict Berrygreen n'était pas connue pour être patiente et cela avait bien failli causer sa perte quelques mois auparavant, mais chasser le naturel et il revient au galop... Lorsque Ethan les rejoignit, elle s'éloigna vers un premier groupe de commères qui blêmirent à vue d'œil.
Eurydice, elle, ne pensait qu'à une seule chose. Lui. Douglas. Comment allait-il après avoir entendu toutes ces horreurs ? Par tous les saints, elle mourrait d'envie de le rejoindre ! Elle voulait l'enlever pour l'emmener loin d'ici et lui faire oublier la cruauté humaine. Ethan, qui semblait lire aisément les pensées de la jeune femme, lui adressa un doux sourire. Oui, même s'il n'avait jamais eu le moindre doute jadis, il était désormais persuadé que son petit frère irait bien avec son ange à ses côtés. Grâce à elle, il surmonterait tous les chagrins. Eurydice panserait ses plaies avec une tendresse qu'elle ne réserverait que pour lui. Son géniteur était mort, ainsi, il ne pouvait plus faire de mal à personne. Alors, Benedict et lui se chargeraient de protéger leurs frères et sœurs des affres du reste du monde. Plus personne ne devait souffrir. Ils avaient des alliés de poids et leurs épaules étaient suffisamment larges et solides pour aider n'importe quelle personne de la famille à se relever. Elizabeth Portman, pour ne citer qu'elle, savait se montrer particulièrement redoutable. D'ailleurs, elle n'avait pas hésité à menacer indirectement Howard Berrygreen avec l'aide de Sir Gregor quand elle avait compris pourquoi la jambe de Benedict le faisait tant souffrir. Le sourire d'Ethan s'agrandit en revoyant mentalement la sueur perlant du front de son enfoiré de père. Ce souvenir était agréable, bien que les conséquences qui en aient découlé aient été pour le moins dévastatrices...
Eurydice Hodges balaya l'assemblée du regard, à la recherche de son aimé. Tout comme Ethan. Ils s'arrêtèrent tous deux quand un bruit assourdissant résonna dans la salle de bal. Un hoquet général se fit entendre et de nouveaux murmures indignés s'élevèrent face à la gifle magistrale qu'Helen Minnegan venait de décocher à sa petite sœur. "Helen..." souffla cette dernière, l'air ahuri. Ses doigts se portèrent sur sa joue en feu. "Comment oses-tu... ?! Ne m'as-tu pas entendu ? Je viens de me faire agresser !" Si Elizabeth Portman n'était pas une femme patiente, Helen Minnegan l'était encore moins. Elle asséna une nouvelle gifle à Celeana, qui tituba, avant de se tourner vers l'assemblée. Quand ses yeux rencontrèrent ceux d'Ethan Berrygreen, elle s'inclina aussi bas que possible en signe de respect et d'excuses. "Monseigneur, au nom de toute la famille Minnegan, permettez-moi de vous offrir mes plus plates excuses pour les vils mensonges de mon idiote de petite sœur." Helen, avec toute sa grâce naturelle, se redressa. "Lord Douglas Berrygreen est innocent. Je le jure sur l'honneur de ma famille." affirma-t-elle sans même ciller. Celeana blêmit et l'assemblée se raidit. Aucun ne trouva la force de dire à voix haute ce qui brûlait toutes les lèvres. Prouvez-le. "Il a sollicité mon aide tout à l'heure, car il avait besoin d'une chaperonne pouvant attester de la bienséance d'une discussion d'ordre privée." Le regard d'Eurydice Hodges se voila de gratitude. "Aussi, je ne l'ai pas quitté jusqu'à ce que nous ne revenions ici." se contenta-t-elle de dire en haussant les épaules. Une vieille femme aigrie s'offusqua. "Cela ne prouve rien ! Si vous voulez que nous vous croyions sur parole, indiquez-nous au moins avec qui cette conversation a eu lieu ! Autrement, vous ne faites que vous compromettre vous-même, Helen !"
Alors, une main tremblante et timide s'éleva délicatement dans les airs, attirant tous les regards de la foule sur elle. Eurydice Hodges sentit son corps se tendre devant les paires d'yeux braqués sur sa personne, mais elle tint bon, même quand des murmures moqueurs commencèrent à se faire entendre. Quand il était question de railler la jeune femme, plus personne ne faisait l'effort d'être discret. "Pff !" Une jeune fille pouffa avant d'exploser de rire. Une autre dissimula un rictus derrière son éventail. "Un rendez-vous intimiste avec la bête de foire... Balivernes. Cela n'a aucun sens." Un homme, dont l'hygiène était plus que douteuse, renifla avec dédain en reluquant sans aucune honte la jolie petite blonde au teint plus que blafard. Il porta son regard sur la jeune femme aux cheveux argentés une seconde avant de reporter son attention sur Celeana. Un sourire lubrique naquit sur ses lèvres avant qu'il n'éclate de rire à son tour. "Si quelqu'un ici ose affirmer haut et fort que Douglas Berrygreen préfère Eurydice Hodges à Celeana Minnegan, je mange mon haut-de-forme !" L'assemblée ria sans aucune retenue à ces paroles. Le ton cassant de la voix d'Helen Minnegan les fit taire promptement. Si certaines continuèrent de rire, le regard assassin de la jeune femme suffit à les faire taire. "Personne, ici présent, n'ignore la situation financière pour la moins... difficile dans laquelle se trouve la famille de mademoiselle Hodges." commença Helen non sans une pensée désolée envers son amie. "Lord Berrygreen a récemment servi de modèle artistique pour les cours de peinture de mademoiselle Hodges." La blonde se retourna vers un groupe de jeunes filles, des élèves d'Eurydice, qui eut un mouvement de recul parfaitement synchronisé devant le regard incandescent d'Helen. Elles hochèrent la tête à l'unisson. "O-Oui, c'est vrai... L-Lord Berrygreen est venu pour que nous puissions perfectionner nos croquis sur l'être humain..." Une des demoiselles, les joues rouges, ajouta même. "D'ailleurs, il a été absolument charmant avec nous, je dois dire ! Un véritable gentleman !" Eurydice Hodges s'avança au milieu de la foule en dissimulant ses doigts tremblants dans ses jupons. "Lady Minnegan et mes élèves disent la vérité." affirma-t-elle en balayant l'assemblée d'un regard assuré. "Nous nous sommes rencontrés à l'abri des regards pour convenir des modalités pour sa prochaine venue à l'atelier."
Celeana, ironiquement indignée par de tels mensonges, pointa un doigt rageur vers l'ange. "C'est faux ! Je les ai vus en train de s'embrasser !" Les convives échangèrent des regards atterrés avant de toiser l'ange. Cette dernière feignit l'ignorance et la surprise, un sourcil faussement relevé d'étonnement. "C'est la vérité ! Lord Berrygreen est amoureux d'Eurydice Hodges, je l'ai entendu le lui dire !" Des éclats de rire retentirent et certains pleurèrent même de rire en se tenant les côtes. Eurydice se tût, le dos droit et le menton haut face à l'hilarité générale que provoquait Celeana. Pour une fois, les réactions cruelles de la haute société servaient à une bonne cause. "Si vous avez réellement vu ce que vous affirmez, mademoiselle Minnegan, une question demeure... Pourquoi diable accusé Douglas Berrygreen de vous avoir compromise, dites-moi ?" demanda l'homme athlétique qui avait déjà pris la défense de Douglas plus tôt. L'assemblée reporta son attention sur Celeana, l'air de plus en plus sceptique. "Je... C'est que..." bégaya-t-elle, les larmes aux yeux. "Il ne peut pas l'aimer. C'est une vieille fille hideuse. Elle l'a forcément corrompu." bredouilla-t-elle, l'air confus. Elle referma les bras sur sa poitrine, une expression peinée sur le visage. "Elle abuse de lui, j'en suis certaine. J'ai voulu le sauver avant que quelqu'un ne les voie et ne les force à se marier... Je l'aime depuis le premier jour, mais il ne me laisse aucune chance... J'ai cru que-" De nouveaux rires hilares se firent entendre. "Ma petite, d'aucun ici ne croira qu'une personne aussi frêle et insipide qu'Eurydice Hodges soit en mesure de corrompre un homme comme Douglas Berrygreen, mettez-vous bien cela en tête ! Vous devriez avoir honte d'avoir causé un tel scandale ! Comment pouvez-vous ainsi salir la réputation d'un jeune homme aussi respectable ?"
Helen referma d'une main rageuse le châle autour de la poitrine bien trop exposée de sa jeune sœur. Celeana se mit à sangloter, humiliée par l'hilarité générale qu'elle avait provoquée. Cela ne faisait plus aucun doute pour personne. Cette dernière avait menti sur toute la ligne. "Comme vous le voyez, Lord Berrygreen, ma sœur est en proie à des divagations." conclut l'aînée avant de s'incliner devant Ethan. Elle força Celeana à faire de même en lui abaissant la tête de force. Dès demain, elle enverrait Celeana dans un pensionnat reculé à la campagne. "Si vous pouviez faire preuve d'indulgence face au tort que nous vous avons causé, ma famille et moi vous en saurions gré. Je vous jure que ma petite sœur ne salira plus jamais le nom de votre petit frère. Vous avez ma parole."
Le mystère étant résolu. L'atmosphère n'en fut pas moins tendue. Des jeunes filles aspirant à courtiser Douglas Berrygreen lancèrent des regards assassins à Celeana Minnegan. L'assemblée eut pour instruction de se dissiper, sur ordre de Tomas Lockwood. Le temps des mensonges, de la cruauté et de la mesquinerie était révolu.
Eurydice Hodges, qui était de retour aux côtés d'Elizabeth et d'Ethan Berrygreen, demeurait toujours à la recherche de son aimé. Un homme inconnu émergea de la foule — non sans détourner la tête sur le passage d'Helen Minnegan devant lui — avant de zigzaguer entre les convives jusqu'au trio. Eurydice cilla avant de pencher la tête sur le côté, l'air confus. Si cet homme était un ami de la famille, elle ne l'avait encore jamais vu.
Elizabeth Berrygreen, aussi élégante et gracieuse qu'à l'accoutumée, s'inclina devant Hunter Wood pour le saluer. Par tous les saints, elle adorait qu'on la présente au monde comme une véritable Berrygreen ! Son idiot de mari lui manquait terriblement. Son sourire s'élargit lorsque l'homme l'appela Lady Berrygreen et elle s'inclina une nouvelle fois en guise de respect. La conversation entre les deux hommes suivit son cours.
Et vous êtes ? Eurydice Hodges s'empourpra. Elle n'était ni une Berrygreen, ni une personne importante dans la haute société. Cette simple question suffisait à lui rappeler qu'elle n'était pas à sa place parmi tout ce beau monde, mais Ethan la devança avant qu'elle ne puisse répondre. Ah. L'ange. Le sang d'Eurydice s'embrasa et le feu lui monta aux joues. Est-ce que le monde entier avait connaissance de ce maudit surnom ? D'ailleurs... L'ange sursauta en écoutant le flot de paroles que débita soudainement Hunter. Ton frère pense qu'il te fait honte, que tu devrais épouser son ange à sa place. Ethan et elle échangèrent un bref regard incrédule et ils reculèrent tous deux d'un pas pour établir une plus distance entre eux, bien que celle-ci soit déjà plus que décente.
Elizabeth Berrygreen détourna le regard, l'air peiné, en entendant un nom familier. Elle fit une dernière révérence avant de se retirer. La lueur dans ses yeux s'était tarie, mais elle ne s'était pas éteinte. Néanmoins, Mary était un sujet extrêmement épineux à aborder pour Elizabeth. Elle ne parlait de sa défunte amie qu'avec Benedict et Douglas. Aussi, la jolie blonde n'avait plus qu'une idée en tête : se réfugier dans les bras de son mari, le ramener à la raison coûte que coûte pour pouvoir rentrer à la maison !
L'ange n'avait pas pu saisir tous les tenants et les aboutissants de la conversation d'Ethan et Hunter, mais elle avait compris l'essentiel pour agir aussi rapidement que possible. Si Douglas doutait et déprimait, alors elle le rejoindrait pour le consoler. CQFD. Prétextant une migraine pour se retirer à son tour, elle ne manqua pas de remercier chaleureusement Ethan pour son aide avant de s'éclipser en toute discrétion.
-
Il ne fut nullement difficile pour Eurydice Hodges de deviner vers où Douglas avait pris la fuite. D'ailleurs, le reste des Berrygreen le comprendrait bien assez vite, eux aussi, car quoi de mieux qu'une maison de campagne reculée quand on désirait fuir la société londonienne ? L'Angel Palace n'était-il pas l'endroit parfait ?
Ce n'est qu'en fin de matinée, après une nuit particulièrement difficile à parcourir les routes sinueuses serpentant à travers les champs, que l'ange parvint finalement à rejoindre la demeure secondaire des Berrygreen. Le sang sur le parvis fut la première chose que remarqua Eurydice et, bien que la calèche n'avait fait que ralentir sa course, l'ange sauta de la cabine avant de se mettre à courir en direction du hall d'entrée. Elle trébucha plusieurs fois et manqua de s'écrouler contre le gravier blanc quand une gouvernante lui adressa de grands signes, l'air visiblement paniqué.
Cette dernière se précipita dans sa direction avant d'empresser la jeune femme à avancer plus vite en la tirant par le bras, l'air suppliant et la voix tremblante. "L-Le jeune maître, mademoiselle !" La femme âgée, aux yeux exorbités, avait du mal à reprendre son souffle et à tenir un discours cohérent et clair."C-Cheval... Maître tout ensanglanté... Tôt ce matin !" Eurydice se mit à courir en direction de la chambre de son aimé, faisant fi de la domestique pantelante qu'elle laissait derrière elle. La boule au ventre, elle entendit néanmoins la voix de cette dernière au loin. "N-Nous avons immédiatement fait envoyer une missive urgente à monsieur Lockwood, mais il n'est pas encore arrivé !"
D'un geste paniqué, l'ange repoussa, à la volée, la porte de la chambre aux étoiles pour y découvrir un Douglas qui semblait presque baigner dans son propre sang tant il en était recouvert. Eurydice hoqueta à la vue de son aimé avant d'agir sans même prendre le temps de réfléchir. L'odeur métallique, horriblement familière, était si insoutenable qu'elle grimaça. Nul doute que Douglas aurait vomi face s'il avait été conscient. Alors, Eurydice fit entrouvrir immédiatement les fenêtres avant de rejoindre son chevet. Celle du plafond resta fermée à cause de la pluie qui faisait rage dehors.
"Apportez-moi de quoi le nettoyer, je vous prie." demanda-t-elle d'une voix aussi douce qu'une berceuse en repoussant les mèches ensanglantées qui collaient contre le front de son aimé. "J'ai également besoin de linge propre et de bandages en attendant l'arrivée du docteur Lockwood. Laissez-moi m'occuper de lui, de grâce." Aucun domestique n'osa s'opposer à la requête, pour le moins étrange, de la jeune femme, car si on l'avait déjà vu en compagnie de Douglas, personne ne savait réellement quel lien les unissait. Néanmoins, Eurydice Hodges était une femme de sang noble. Aussi, par ce simple fait, aucun membre du personnel de l'Angel Palace ne se permit de remettre en cause les demandes de la jeune femme.
Comme promis, l'ange ne quitta pas une seule seconde le chevet de son aimé. Après avoir fait ramener des livres de médecine, elle s'appliqua à changer le bandage de Douglas en suivant les instructions à la lettre avant de lui ôter ses vêtements pour mieux le débarbouiller de tout ce sang. Ensuite, la jeune femme le sécha avec douceur. Pour finir, on l'habilla d'un pyjama dans lequel il serait à l'aise. Tous ignoraient que la lettre qu'ils avaient fait envoyer à Logan Lockwood s'était perdue en chemin, balayait par les prémices d'une tempête qui s'annonçait particulièrement violente. Les routes n'allaient pas tarder à être impraticables.
Lorsque, leur travail terminé, les domestiques quittèrent la chambre aux étoiles, la carapace d'Eurydice se fissura tandis qu'elle s'allongeait aux côtés de Douglas. Doucement, la jeune femme posa la tête contre le torse de l'Adonis avant de se blottir contre lui, les épaules secouées de sanglots silencieux. Cette position lui rappelait toutes ces nuits chastes qu'ils avaient partagées. Ils en vivraient d'autres, n'est-ce pas ?
La nuit chassa le jour pour dévoiler les astres stellaires tapis dans l'ombre. Ainsi, les paupières lourdes, terrassée par la fatigue du juste car cela faisait plus de 24 heures que la jeune femme n'avait pas dormi, Eurydice Hodges tomba de sommeil au creux des bras de Morphée.
Logan Lockwood ne fut prévenu de l'état plus que préoccupant de Douglas Berrygreen que tardivement dans la nuit, alors que la tempête faisait toujours rage dehors. Personne ne pourrait rejoindre la maison de campagne d'aussi tôt.
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Clionestra
Sam 27 Juil - 12:51
Douglas Berrygreen
J'ai 18 ans et je vis à Londres, Angleterre. Dans la vie, je suis étudiant en médecine et je m'en sors bien. Sinon, grâce à ma chance, je suis amoureux d'un ange et je le vis plutôt mal tant qu'elle m'aimera pas en retour → Dernier fils du duc de Berrygreen. → Il est jovial, charismatique, marrant et enthousiasme. Ainsi qu’un peu enfantin. → Il a peur de son père et ne supporte pas la violence qui le renvoie à l’époque où il a vue son frère se faire frapper. → Il a une peur du sang → Pourtant, il aimerait être médecin, spécialisé dans l’accouchement et les saignements des femmes. → Sa nourrice est mort quand il avait 6 ans en accouchant dans leur manoir dans une marre de sang → Il est très têtu et n’hésite pas à faire plusieurs kilomètres pour trouver une réponse à une question. → Il n’hésite pas à dire ce qu'il pense. Il a toujours été protégé par ses frères, et il le sait. → Il aime tous les sports non violent. Comme la natation et l'escalade.
Heureusement pour tout le monde, Douglas n’avait pas été présent quand on avait osé rire de son amour pour Eurydice. On l’avait moqué et sous estimait. Mais ça, lui l’avait ignoré totalement. Il faisait confiance à sa belle-sœur favorite, pour le moment elle n’en avait qu’une, et à son frère pour la protéger… Lui ? Il n’avait plus envie de rester. Il sait ce qu’on pense de lui. Il sait qu’on le trouve étrange de vouloir s’occuper des femmes et de leurs maladies. Il avait toujours besoin de s’occuper des êtres. Il était un canard noir. Il était le mauvais garçon… et il pensait à l’insouciance de son état, quand il n’avait que six ans. Avant la mort de Mia. Alors que son ventre s’arrondissait et que Douglas posait la tête sur le ventre de la femme pour en sentir la vie y grandir.
- Je veux être maman, moi aussi, avait-il dit en caressant la rondeur d’un air rêveur. - Ce n’est pas possible ça. Tu es un garçon, tu seras un papa. - Je ne pourrais pas porter un enfant ? - Non. Ce n’est pas comme ça que le corps se fait. Un homme donne la graine par amour à une femme, et la femme grossit. - Mia, tu m’as promis de jamais me mentir. - Je ne te mens pas. - Si. Papa ne nous aime pas. Pourtant, mes frères et moi nous sommes là.
Mia avait gardé le silence de longues secondes en caressant la tête de son petit protégé. Elle avait sourit plusieurs fois. Elle était incapable de lui dire que l’enfant grossissant dans son ventre était aussi « un frère » ou « une sœur ». Howard l’avait violé. Une fois. Cela avait suffit. Mais Mia avait mit le hola. En réalité, c’était Benedict qui avait menacé de mettre fin à sa vie, dans l’horreur que cela avait créé à Mia, si Howard la touchait une fois encore. L’homme que Mia aimait, un valet qui travaillait avec eux, avec accepté la réalité sans se formaliser. Il était prêt à aimer l’enfant comme le sien. Dans le brouillard de ses pensées, il sentait la main reposant de Mia sur son front. Il avait mal. Il sentait le sang. Il n’appréciait pas cette odeur et fronçait le nez. Il se sentait mal.
- Mia, tu ne voudrais pas m’attendre ? Pour que je t’épouse, moi. Pas besoin d'Herman pour ça ! - Douglas, rit-elle avant de le relever pour embrasser ses joues, tu es bien trop jeune pour moi. - L’amour n’a pas d’âge. - L’amour n’a pas d’âge, répéta-t-elle, avec une petite limite, tout de même. Si je peux être ta mère, je ne peux pas être ta femme. - Ce n’est pas logique. Je ne peux pas être maman, je peux ne pas être ton époux. C’est nul.
Le sommeil l’aidait à supporter la douleur sur sa tête, comme la bosse qu’il avait eu ce jour là, en voulant grimper pour la première fois la devanture de la maison. S’il pouvait être un escaladeur professionnel, mot qui n’existe pas, il pourrait parfaitement protéger sa famille en frappant leur père quand il ne s’y attendait pas… enfin, s’il ne vomissait pas à le voir et à l’entendre proférer des menaces sur Ethan. Il resta dans le sommeil.
*
Ethan avait pardonné la famille Minnegan. Enfin. L’avait-il fait croire. Il n’était pas du tout comme ses frères sur ce point. Benedict aurait prit toute la faute sur ses épaules pour apaiser la situation, et Douglas l’aurait prise, faussement, avec humour avant de faire oublier tout ça. Lui ? Il ne pouvait pas oublier si facilement la mal qu’on venait de faire à son petit frère. Bien que moins démonstratif, il aimait sa famille avec une force tout aussi intense. Il lança un regard vers Helen.
- La jeunesse et l’immaturité se pardonnent. J’espère qu’elle aura la grâce d’en faire des excuses à mon petit frère, directement. C’est lui qui aura été le plus impacté lors de sa fête d’anniversaire.
Bien qu’il doute que Douglas désire la voir tout de suite. Helen régla le problème avec facilité… bien qu’Ethan fit un mouvement intéressant sur son visage quand on commença à se moquer d’Eurydice. Sa bouche se tordit, son nez se retroussa et ses sourcils se froncèrent. Il nota les imbéciles qui osèrent se moquer de l’amour de son frère. Bien qu’il ne trouve pas du tout que la jeune femme ressemble à un ange, il ne supportait pas qu’on se moque de son frère. Il savait, cependant, que son frère préfèrera ce mensonge rapide que risquer la réputation de son aimée. Ethan avait donc fait une moue indescriptible face à cette situation et avait préféré garder le silence jusqu’à l’arrivé d’Hunter.
Une fois tout ça posé, Ethan remarqua qu’Hunter avait posé les yeux sur Helen. Il ne la quittait pas des yeux. Quelque chose était en train de se noter dans l’esprit un peu étrange de son ami. Hunter était leur ami le plus étrange. Il avait deux enfants bien plus sociables que lui, pendant qu’il semblait toujours à part, hors du temps et de l’espace qui le compose. Il ne regardait que rarement les autres. En réalité, Ethan était presque sûr que s’il venait à prendre une deuxième tête, Hunter ne le remarquerait qu’une fois que quelqu’un lui aura fait remarquer.
*
Hunter voulait faire quelque chose. Pour une fois. C’était rare de sa personne. Il ne savait jamais faire les choses convenablement et commencer souvent une situation à l’envers de l’être vivant. Lui, il mangeait le dessert au début du repas, il préférait les jardins aux salles de bal et les animaux aux humains. Parfois, il avait l’impression de ne même pas aimer ses enfants… pas comme un père. Plus comme… une personne qui s’occupe d’enfants, quoi. C’était compliqué dans sa tête. Cependant, il savait deux choses. Il aimait bien Douglas et voulait le protéger… et il avait ressenti l’envie de faire l’amour avec la Dame Minnegan qui lui avait fait du mal. Dans son esprit, il ne voyait donc pas de mal à ce qu’il la courtise, la déflore, -bien que vue ce qu’elle avait fait, il doute qu’elle soit encore vierge-, et la renvoie pour venger son ami. Pour lui, tout était logique. Alors, il arriva avec des fleurs.
Il avait pris des roses avec du basilic. Beaucoup de basilic. Plantes qui signifiaient clairement la vengeance, mais personne ne pouvait le deviner sans connaître parfaitement les significations. Il avait pris le temps de se trouver une Zinnia qui était la preuve de sa pensée pour son ami Douglas. Il avait pris le temps de se laver, laissant une odeur de jasmin sur sa peau. Il était parfaitement courtois, bien qu’il soit toujours un être étrange. De sa taille et sa carrure, il en impose mais son regard qui n’observe que rapidement les êtres impressionnent plus encore. Il toque à la porte de la famille Minnegan.
- J’aimerais voir Lady Minnegan. - Celeana ne reçoit personne.
Y avait-il deux lady Minnegan ? Si cette « Celeana » ne reçoit personne, c’est qu’elle n’avait pu être, la veille, dans un bal par Tomas Lockwood, non ?
- Je viens voir celle qui était au bal, hier. - Voulez vous parler de Lady Helen Minnegan ? - C’est cela.
Il ne voyait pas comment ça ne pouvait pas être elle. Après tout, il venait déjà d’oublier l’existence même de la seconde, Celiana ? Cecilia ? Caleane ? Il ne sait déjà plus. Il s’en fiche. Son esprit décortique le nom d’Helen, à la place. La Cleome Helen Campbell était une fleur si belle et pure. Loin de ce qu’il pouvait imaginer pour une vile manipulatrice qui avait blessé son ami. Il aimait cette fleur, comme toutes les autres, mais à l’instant… il pensait que la fleur était plus intéressante que les autres. Il se fit mettre dans un petit salon, très personnel. Sans attendre, il posa les fleurs dans un vase vide et le remplit de l’eau d’une carafe. Puis, il sentit l’arriver d’un courant d’air et il se tourna.
Helen Minnegan était plus âgé que ce que sa fausse accusation le laissait espérer. Elle était plus droite, comme si elle s’attendait à recevoir une accusation tout de suite. Hunter n’était pas le genre. Sans attendre, il lui tendit les fleurs, dans le vase. Il posa alors le regard sur elle. Elle était belle. Âgé, mais belle. Ses cheveux blonds étaient tressés et entouraient sa tête pour lui donner une couronne… ou une auréole. Elle avait la peau lisse. Son regard était pénétrant et pourtant, il pouvait en voir une vulnérabilité qu’il ne pensait pas pouvoir comprendre. S’il avait appris à comprendre ses enfants, c’était quelque chose qui lui demandait toujours une certaine concentration de l’esprit au début. Les Berrygreen avaient été ses amis, acceptant ses divagations avec douceur. D’ailleurs, il avait été « accusé » d’aimer les hommes, puisqu’il préférait les plantes aux catins. Si une catin avait eu le regard si profond d’Helen Minnegan, son apparence de fleur délicate, il aurait été plus libertin que ça.
- Lady Minnegan, fit-il la révérence après quelques secondes bien que son visage avait très bien exprimé un choc parfaitement sincère devant la beauté à l’état pur, je viens pour vous courtiser.
Oui. Il venait de lui balancer ça comme ça. Sans filtre. Il était comme ça. Il ne pensait pas plus loin que ce qu’il avait à dire. Bien sûr, il ne dirait pas vouloir se venger. Mais… une petite voix dans sa tête se posa une question, qu’il repoussa : Pouvait-il réellement se venger d’une femme qui lui donne l’impression d’être la plus rare des plantes n’ayant jamais poussé sur le sol londonien ?
*
Douglas respira doucement. Sa respiration se fait plus calme. Il reste dans les bras de sa grande Mia. Il l’aimait comme une mère, et il ne voyait pas pourquoi il ne pouvait l’épouser. Ainsi contre elle, il pouvait l’entendre parler, chanter, fredonner. Il pouvait sentir ses mains sur son corps pour l’aider. Il rit un peu. Un sourire doux d’un enfant qui savait pouvoir faire toutes les espiègleries et continuer à être aimé. Il sentait le corps chaud contre lui. Quelqu’un le tenait dans ses bras. Il pouvait le sentir contre son corps. Il aimait cette chaleur émanant. Il y avait une bonne odeur de lavande, de propre, de vie. Il fit un sourire et ouvrit doucement les yeux. Il papillonna des paupières. Il savait que Mia avait besoin d’aide pour s’occuper de lui, son ventre arrondi l’empêchant d’être une nourrice à plein temps pour le petit singe qu’il était. Il papillonne des yeux, et tourna la tête. Contre lui, contre un corps qu’il trouva bien trop grand, il y avait…
- Un ange, murmura-t-il.
Il pouvait voir les cheveux blancs de la jeune femme qui l’entourer. Il passa son regard sur la cicatrice qu’elle possédait sur son visage. Il la trouvait douloureuse. Pas hideuse, du tout. Il avait plutôt l’impression que cette cicatrice faisait encore mal. Alors, comme l’enfant simple qu’il était, il se pencha et se mit à embrasser la peau de la jeune femme. Il l’embrassa doucement pour en faire partir la douleur.
- Douleur, douleur, envole-toi, chuchota-t-il encore, je couvrirais le mal de bisou.
Elle dormait toujours. Elle semblait épuiser… un ange épuisé… qu’avait-elle fait ? Doucement, il se sépara d’elle, glissant le long du lit pour toucher le sol. Il se leva. Et il tangua. Il observa le monde de sa hauteur. Il observe ses mains, ses pieds, ses jambes trop imposantes avant de retomber à la renverse sur le lit. L’ange bougea. Mia n’était pas là. Il fallait bien la réveiller… mais il n’était pas le genre d’enfant qui dérange les adultes. Alors, il se remet à ses côtés, et il caresse l’ange comme il le ferait pour un Mia. Il prend les cheveux et commence à faire des tresses plus ou moins bien faites dans la chevelure. Quand l’ange ouvre les yeux, il penche la tête sur le côté, et fait un large sourire. Il venait de rencontrer un ange. Cependant, il n’en était pas amoureux comme leur première rencontre, il fallait qu’elle parle pour ça.
- Bonjour, fit-il, comment vous vous appelez ? Mia m’a dit qu’elle aurait une remplaçante mais elle ne m’avait pas dit que c’était tout de suite ! Ce n’est pas très gentil.
Et il fit une moue adorable.
- Et je crois que j’ai eu un problème dans la nuit, je suis devenu super grand ! rit-il, ou alors je suis fou. Mia pourrait répondre à cette question… je me demande… si mon futur filleul est déjà arrivé !
Il ricane encore, parce que Douglas, quand il était bien chez lui, dans un milieu « protégé » était le genre d’enfant que l’on trouvait mignon et adorable plein de boue. Il ne connaissait pas la pièce dans laquelle il était, mais il sentait la fabrication Ethan dans la manière dont elle était agencée, et ça lui suffisait pour se sentir bien ! Normalement, après son réveil, seul, il monterait dans la chambre de Mia en train d'accoucher, pour être traumatisé à vie par ce qu'il y aurait vu.
J'ai 28 ans et je vis à Londres, Angleterre. Dans la vie, je suis enseignante en art et je m'en sors moyen. Sinon, grâce à ma malchance, je suis célibataire et je m'y suis habituée. - Fille unique, son père était un baron pingre et sa mère, une femme volage - Elle a un don et une passion pour la peinture et le dessin - Elle est passionnée d'astronomie - Elle a toujours entretenu une relation très distante avec ses parents - À 18 ans, elle rassura un jeune garçon terrorisait par la vue du premier saignement menstruelle de sa grande sœur - Quelques mois plus tard, à un bal, le père du même garçon la défigura et la châtia quand elle lui fit l'affront de refuser ses avances - Suite à cela, elle perdit l'usage de son œil gauche et sa joue droite garde une brûlure rouge vive depuis - L'assaillant a grassement payé ses parents pour acheter leur silence face aux séquelles de leur fille - Ses cheveux sont devenus blanc suite à son traumatisme - Le père d'Eurydice n'a jamais supporté sa lâcheté et a sombré dans l'alcoolisme avant de se pendre - Sa mère s'est remariée et a quitté la demeure familiale peu de temps après - Elle se réveille parfois la nuit à cause de douleurs fantômes - Elle enseigne l'art à des enfants défavorisés et gagne son pain en dépit de son statut noble - Elle gère seule les maigres terres de son défunt père - Aujourd'hui vieille fille répudiée et moquée par la haute société, sa vie se retrouve chamboulée quand Douglas Berrygreen, le jeune garçon désormais tout juste adulte, se présente à elle pour la courtiser.
Helen Minnegan était une femme dont la beauté n'avait d'égal que son intellect. Très jeune, elle avait compris plusieurs choses concernant la société. Premièrement, on ne dit pas non à un homme — encore moins quand celui-ci fait partie de la royauté. Deuxièmement, quand c'est Son Altesse Royale elle-même qui vous désire, on s'exécute sans broncher et avec le sourire, s'il vous plaît !
Helen reçut une éducation exemplaire, digne de son statut de jeune héritière. Elle maniait les mots avec une aisance hors pair et son don pour la flatterie était déconcertant. Ses traits séduisants et sa plastique de rêve attisèrent bien des convoitises avant même ses débuts en société. Alors, quand le roi lui-même arrêta son regard perçant sur la jeune Helen, tout juste âgée de seize ans, c'est une enfant naïve, intimidée et ingénue qui tomba sous l'emprise d'un homme adulte. L'actuel souverain d'Angleterre, le roi Georges III, courtisa Helen Minnegan comme personne d'autre ne pouvait se le permettre. Il lui promit monts et merveilles. Il l'enleva sur son fidèle cheval blanc pour l'emmener faire de longues balades à la campagne. Il lui offrit des présents à faire pâlir d'envie les princesses des autres continents. Des pierres précieuses, des bijoux, des livres rares, des toilettes hors-de-prix. Mais il y avait aussi des cadeaux bien plus simples, qui faisaient battre le cœur d'Helen avec plus d'ardeur encore que toutes les richesses que le monde pouvait offrir. Georges offrait un bouquet de fleurs à Helen à chacune de ses visites. Pas une seule fois, il n'arriva pas les mains vides. Jamais. Encore aujourd'hui, lorsqu'il convoquait Helen dans une demeure qu'il avait fait construire uniquement pour pouvoir lui faire l'amour à l'abri des regards indiscrets, le roi l'accueillait avec un bouquet de fleurs.
Tout cela avec un seul objectif en tête depuis toujours : la mettre dans son lit.
Vous rappelez-vous vos leçons ? On ne dit pas non au roi.
-
Celeana avait foutu un beau bordel au bal de Tomas Lockwood. Ouais, elle avait foutu un sacré beau bordel avec ses putains de mensonges à la con et Helen savait être dans la merde jusqu'au cou. Si les Berrygreen devenaient leurs ennemis, autant fuir le pays tout de suite. Helen, désormais adulte, avait appris de nouvelles choses en grandissant. Si le roi était un homme puissant et dangereux, les Berrygreen l'étaient au moins tout autant que lui. Howard était mort, certes, mais cela n'ôtait aucunement l'influence des trois fils dans la société. Bien au contraire.
Et Douglas avait été humilié, bordel. Ethan était furieux. Benedict, bien qu'absent, put compter sur sa femme pour exprimer toute sa colère. Celeana avait même vendu la mèche au sujet de la liaison d'Eurydice et du dernier fils des Berrygreen ! Fort heureusement pour les deux amants, personne n'y avait cru un seul instant. Eurydice avait subi d'ignobles moqueries pour protéger l'honneur de Douglas et Helen admirait la force de caractère de sa meilleure amie. La blonde se sentait tellement désolée pour tous ceux que son idiote de sœur avait blessés hier soir.
Helen n'aurait de cesse de faire amende honorable auprès des principaux concernés pour racheter les fautes de Celeana. Et cela commençait aujourd'hui.
Comme elle se l'était promis, Helen ne ferma pas l'œil de la nuit afin de faire envoyer Celeana dans un pensionnat pour jeunes filles dès le lendemain matin. Celeana la supplia de revenir sur sa décision, en larmes. Elle s'excusa mille fois, mais Helen refusa. La jeunesse et l'immaturité se pardonnent. C'était une punition, mais aussi une protection. Il était dangereux pour Celeana de rester à Londres avec le scandale qu'elle avait créé. Des hommes se permettraient bien des choses, à l'abri des regards, pour peu qu'ils la prennent pour une fille sans aucune vertu. Helen s'y refusait. Celeana ne finirait pas comme elle. Elle ne finirait pas vieille fille, car Helen ne supporterait pas de voir sa jeune sœur passer à côté de son avenir.
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Helen, bien trop absorbée par le dressage de son nouvel essai culinaire, n'adressa pas un regard à sa domestique. Néanmoins, elle était parfaitement consciente de sa présence. "Je vous écoute, Agatha. Parlez sans crainte." La vieille femme s'appuya sur sa canne, habituée aux excentricités de sa maîtresse. "Un homme demande à vous voir, milady." La blonde redressa la tête en se mordant la lèvre. "Merde ! Est-ce un membre de la famille Berrygreen ?" La femme de chambre secoua la tête avant de s'asseoir, les jambes tremblantes sous l'effort que lui demandait le simple fait de se tenir debout. "Vous en faites beaucoup trop. Laissez faire les plus jeunes et prenez votre retraite, vieille chouette." Agatha sourit avec douceur, bien qu'elle soit fatiguée. Elle ignora les commentaires de sa maîtresse et répondit à sa question. "Ce n'est pas un Berrygreen, milady." Une lueur d'espoir éclaira furtivement le regard d'Helen. "Est-ce qu'il s'agit de Georges ?" murmura-t-elle et les yeux d'Agatha se durcirent pour seule réponse. "L'inconnu vous attend au petit salon." Helen se renfrogna avant de lever les yeux au ciel en époussetant son tablier. S'il ne s'agissait ni d'un Berrygreen, et encore moins de Georges, alors qui diable pouvait débarquer aujourd'hui ? Elle n'avait pas que cela à faire, nom d'une pipe !
De la farine dans les cheveux et sur le visage, c'est avec un tablier recouvert de taches d'œuf et de beurre fondu qu'Helen débarqua au petit salon. Son regard se rencontra presque immédiatement celui de Hunter Wood et le souffle lui manqua un bref instant. Qu'est-ce qu'un homme aussi séduisant foutait ici ? S'était-il perdu ? Était-il là à la demande d'Ethan ? Allait-il la menacer ? Elle cilla lorsqu'il lui tendit un vase — qui lui appartenait — dans lequel se trouvait un bouquet de fleurs des plus insolites. Un bref instant, elle pensa à Georges et à tous les bouquets qu'il lui avait offerts avant de la mettre dans son lit. Elle grimaça une seconde avant de se reprendre. Lady Minnegan. Helen adressa une révérence gracieuse à Hunter, sans jamais quitter son regard ardent. "Milord." répondit-elle simplement, quelque peu troublée par l'intensité des prunelles de l'homme en face d'elle. Je viens pour vous courtiser. Qu'est-ce qu'il venait de dire ? Le choc remplaça le trouble apparent sur le visage de la jeune femme. "Je vous demande pardon ?" bredouilla-t-elle. Elle s'était attendue à beaucoup de choses aujourd'hui, sauf à ça.
Helen fronça les sourcils, l'air sceptique. Tout cela sentait le piège à plein nez. Elle croisa les bras sur sa poitrine avant de se renfrogner. "Permettez-moi de grandement douter de la sincérité de vos paroles, milord." Elle soupira en se pinçant l'arête du nez. "Écoutez, je ne sais pas pour qui vous me prenez, mais vous semblez clairement me sous-estimer. Je n'ai aucune idée de qui vous êtes, mais sachez que je me suis déjà excusée auprès de Lord Ethan Berrygreen, hier soir. Celeana ne causera plus d'ennuis à son frère. J'en ai fait le serment et j'ai tenu ma promesse." cracha-t-elle, quelque peu insultée qu'on puisse la croire assez fourbe pour ne pas tenir sa parole. "Si les Berrygreen veulent me jouer un mauvais tour en vous envoyant pour m'humilier, sachez qu'ils perdent leur temps autant qu'ils me font perdre le mien !" s'emporta-t-elle.
D'un geste vif, elle saisit Hunter par le bras et le guida jusqu'à la cuisine. Agatha avait disparu. Elle s'était certainement retirée dans sa chambre pour se reposer et cela était une bonne chose. Agacée, Helen retira délicatement un torchon propre qui protégeait les desserts faits maison qu'elle avait préparé en cadeau aux Berrygreen. "J'espère que vous aimez le flan aux coquelicots, car ils sont tout à vous ! Je suis navrée que vous avez perdu votre temps en venant jusqu'à moi." D'une main rageuse, elle arracha son tablier et le jeta au sol avant de s'asseoir à table pour se servir un verre de cognac, le regard voilé de larmes tant l'humiliation qu'elle ressentait était déplaisante. "Je n'ai rien à offrir aux gens qui me méprisent." marmonna-t-elle entre ses dents. Elle leva son verre haut dans les airs avant de le descendre cul sec. "Je me disais bien qu'un bouquet de roses avec du basilic était des plus étrange !" fulmina-t-elle en reposant dans un claquement sourd son verre contre le revêtement de la table en bois.
-
En libérant certaines hormones, les émotions négatives impactent le corps dans sa globalité et entravent la respiration. Le souffle devint court, le diaphragme se met en sous-régime et les énergies ne circulent plus : ce qui provoque un état de fatigue psychique et physique intense. Douglas et Eurydice, eux, respiraient en parfaite harmonie, comme s'ils n'étaient qu'un seul et même être.
La jeune femme était épuisée par toutes les émotions par lesquelles on l'avait forcée à passer ces dernières vingt-quatre heures. En premier lieu, il y avait eu le bal. Par tous les dieux, si elle avait soupçonné ce qui l'attendait là-bas, elle aurait écouté son instinct et ne serait pas venue ! Certes, se voir offrir la première danse de Douglas avait été un moment magique. Les baisers cachés dans la bibliothèque aussi. Mais à cause de tout ça, elle lui avait dit son tout premier je t'aime ! Rien que ça ! Ses défenses ne la protégeaient plus assez des assauts de Douglas. Il les avait toutes terrassées. Ensuite, il y avait eu Celeana. Ses vêtements arrachés. Le sang entre ses cuisses. Ses accusations grotesques. Le regard peiné de Douglas. La panique face aux menaces des uns. La tristesse face aux moqueries des autres. Puis, Celeana qui balance à tout le monde les avoir vus s'embrasser, causant l'hilarité générale des convives.
Eurydice n'avait pensé qu'à Douglas, piégeant ses propres émotions au fond d'un vieux tiroir qu'elle verrouilla à double tour. Rien ne comptait plus que lui. Sa détresse l'avait profondément touché. L'ange aurait suivi son bel Adonis si elle l'avait vu partir en courant. Elle l'aurait suivi si Ethan ne lui avait pas bloqué le passage. Oui, la balafrée aurait fait fi de la société et aurait accouru aux côtés de son aimé. Tu n'as pas su me protéger, Eurydice. Elle geint dans son sommeil, secouant la tête en murmurant des excuses incompréhensibles. J'étais seul. J'ai eu si peur. Tu n'es jamais venu me retrouver, pourquoi ? Elle pleura contre lui, en proie à des cauchemars dans lesquels la détresse de Douglas était immense, quand une caresse contre sa joue meurtrie vint apaiser ses tourments. Dans les méandres d'un sommeil profond, elle ne reconnut pas les lèvres de Douglas contre sa peau.
Douleur, douleur, envole-toi. Et cette simple formule suffit à transformer les cauchemars de l'ange en de doux rêves. Elle sourit contre lui, profondément reconnaissante pour ce moment de répit et elle dormit un peu plus longtemps du sommeil du juste.
Doucement, son esprit commença à reconnecter l'ange à la réalité. Il y eut du mouvement et quelqu'un lui caressa les cheveux d'une manière si douce et parfaite que cette personne fit naître des fourmillements agréables le long du crâne et de la colonne vertébrale de la jeune femme. Elle soupira d'aise, longuement, avant de blottir son nez contre le torse de son aimé pour respirer son odeur. "Douglas..." souffla-t-elle. Un premier œil hagard s'ouvrit, suivi du deuxième. Elle battit lentement des cils et étouffa une plainte devant la lumière aveuglante qui inondait la chambre aux étoiles.
Le sourire de Douglas, aussi éblouissant que le soleil, fit palpiter son cœur. "Dieu soit loué, tu es réveillé..." chuchota-t-elle fébrilement. Bonjour. Eurydice lui sourit. S'il allait bien, alors tout allait bien. Douglas était réveillé. Le monde sembla soudain bien plus beau.
Elle l'aimait à en mourir.
Comment vous vous appelez ?
L'ange fronça les sourcils en se redressant pour mieux le regarder. Cette plaisanterie était vraiment de mauvais goût. C'était forcément une plaisanterie, n'est-ce pas ? Eurydice tenta d'ignorer l'angoisse qui la prenait aux tripes. En vain. Elle l'écouta en silence, les yeux ronds, comme si le ciel venait de lui tomber sur la tête. Qui était Mia, déjà ? Les paroles d'Ethan lui revinrent en mémoire alors qu'il répondait à la même question de la part de Hunter Wood. Sa nourrice qui est morte. "Je m'appelle Eurydice." souffla-t-elle, l'air ahuri. "Eurydice Hodges... ?" précisa-t-elle d'une voix tremblante — comme si ce simple détail aurait pu être suffisant pour aider Douglas à se souvenir.
Aucune réaction trahissant la fin d'une mauvaise blague qui durait un peu trop longtemps. Aucun trouble visible non plus. Douglas la regardait avec des yeux innocents, comme s'il la voyait réellement pour la première fois aujourd'hui.
Le cœur de l'ange se brisa et une larme coula le long de sa joue meurtrie. Elle ne pouvait pas se permettre de laisser libre cours à sa tristesse maintenant. Pas ici. Pas devant lui. Alors, Eurydice essuya rapidement ses yeux. Elle trouvait bizarre que son œil mort puisse toujours verser des larmes pour elle. De l'incompréhension voilait le regard de son aimé.
Il l'avait oublié.
Complétement oublié.
Et cela faisait un mal de chien.
"Mia ne reviendra pas avant un moment, je le crains." souffla-t-elle en quittant le lit de Douglas. Elle s'inclina, confuse par ses propres gestes, avant de se présenter une nouvelle fois. "Eurydice, à votre service. Vous avez vu juste, messire, je suis ici en tant que remplaçante. N'ayez crainte, votre filleul est né sans encombre, mais Mia a besoin de repos. Elle n'est pas en état de travailler." Un doux sourire, quelque peu faussé, naquit sur les lèvres de l'ange. Ce sourire ne montait pas jusqu'à ses yeux, car elle n'avait nullement envie de sourire alors qu'il l'avait oublié, mais elle voulait le rassurer. Elle se devait de rassurer ce petit singe perdu. Logan pourrait l'aider. Il lui viendrait en aide et tout rentrerait dans l'ordre. Il lui suffisait d'attendre l'arrivée du médecin. Il ne devrait plus tarder. Après tout, on lui avait fait parvenir une missive urgente.
"Comment vous sentez-vous après votre chute d'hier, messire ?" murmura l'ange, le regard curieux, mais voilé d'une tristesse infinie. Elle se pencha en avant pour repousser en arrière les quelques mèches du jeune homme qui collaient à son front. Elle observa son bandage. L'effusion de sang s'était calmée. Cela était bon signe, non ? "Avez-vous mal quelque part, jeune maître ? Désirez-vous boire ou manger quelque chose ?" Eurydice s'assit sur le rebord du lit et prit la main de son aimé dans la sienne pour en caresser le dos. Cette fois, son doux sourire monta jusqu'à ses yeux. "Je ne suis pas encore très familière avec la maison Berrygreen, messire. Puis-je vous demander votre âge ?" Elle exerça une tendre pression sur sa main. "Vous ne devez pas quitter votre lit, aujourd'hui. Pas tant que le médecin ne sera pas venu pour vous ausculter, sommes-nous bien d'accord ?" L'espace d'un instant, l'ange songea qu'il lui faudrait revêtir un habit de servante au plus vite afin de ne pas perturber davantage le bel Adonis.
Il reviendra.
Il me reviendra.
... Pas vrai ?
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Clionestra
Dim 28 Juil - 3:11
Douglas Berrygreen
J'ai 18 ans et je vis à Londres, Angleterre. Dans la vie, je suis étudiant en médecine et je m'en sors bien. Sinon, grâce à ma chance, je suis amoureux d'un ange et je le vis plutôt mal tant qu'elle m'aimera pas en retour → Dernier fils du duc de Berrygreen. → Il est jovial, charismatique, marrant et enthousiasme. Ainsi qu’un peu enfantin. → Il a peur de son père et ne supporte pas la violence qui le renvoie à l’époque où il a vue son frère se faire frapper. → Il a une peur du sang → Pourtant, il aimerait être médecin, spécialisé dans l’accouchement et les saignements des femmes. → Sa nourrice est mort quand il avait 6 ans en accouchant dans leur manoir dans une marre de sang → Il est très têtu et n’hésite pas à faire plusieurs kilomètres pour trouver une réponse à une question. → Il n’hésite pas à dire ce qu'il pense. Il a toujours été protégé par ses frères, et il le sait. → Il aime tous les sports non violent. Comme la natation et l'escalade.
Hunter papillonna des cils. En un paragraphe, il fallait résumer tout ce qu’il passa dans sa tête, alors voilà : d’abord… il eut le choc. La beauté de la jeune femme était telle une fleur qui s’épanouit dans le jardin. Une fleur unique qui n’aurait pas du se retrouver dans ce parterre mais survint sans crier gare. Il ne l’avait regardé que furtivement la première fois, et trouver la jeune femme plus belle que l’ange de Douglas, pour ce qu’il en savait de ses critères. Puis, il eut l’incompréhension. La jeune femme doutait de ses paroles, alors qu’il avait été très sérieux. Hunter était rarement autre chose que sérieux. Puis, encore, l’incompréhension, quand il parla d’une Celeana dont il ne savait rien. Il pencha la tête. Ah. Si. On lui en avait parlé en rentrant. Où était-ce Celiana ? Il ne sait déjà plus, puisque cette information n’avait eu aucun rapport avec la raison de sa présence ici. Qui était de pouvoir la courtiser. Bien qu’il ne sache pas courtiser comme les nobles amis qu’il possédait. Les Berrygreen ne l’avait pas envoyé, ainsi toute la phrase fut éclipser de son esprit alors même qu’il avait pensé justement à venger son ami. Mais il n’en était pas là. D’abord offrir des fleurs. C’était le but. Ainsi, après le choc et le double incompréhension, il eut un moment de flottement où il se sentit lui-même incompris… Bien que cela arrive souvent, il n’appréciait pas. Il se laissa guider dans la cuisine sans se formaliser, il n’était pas le noble le plus strict des convenances et ça lui faisait ni chaud ni froid de se retrouver au milieu du monde des serviteurs. Il n’était que baron, en plus, et ne se formaliser que peu de la hiérarchie. Il avait fait un signe de tête pour dire qu’il aimait le flan et prit un pour le porter à ses lèvres avant de sourire simplement. Il semblait parfaitement heureux, maintenant qu’il se nourrissait de fleur, pendant que la jeune femme ragea dans son coin. Il ne la comprenait pas. Il ne fit pas semblant de la comprendre. Il pose un regard sur son bouquet et puis sur la jeune femme. Il finit son goûter et il tourna les talons… emportant avec lui les fleurs et le vase. Puisqu’elle n’aimait pas ce bouquet, il suffisait d’en faire un autre, c’était aussi simple que ça… Donc, il reviendra, dans une heure trente-sept minutes avec un autre… mais ça, c’est une autre histoire.
*
Douglas observait la jeune femme en face de lui, et pencha la tête d’une manière adorable qu’il savait faire craquer tout le monde. Personne dans la famille, hors de son père qui le considéré comme un meuble, ne pouvait dire non à cette bouille qu’il possédait. L’expression « donner le bon Dieu sans confession » venait très clairement du visage de Douglas quand il avait une telle expression. Il attendait de voir la présentation de l’inconnue alors qu’il suivait ses traits du regard avec douceur. Une douceur enfantine mais fasciné… Il sentait quelque chose qu’il ne pouvait pas savoir. Il sentait qu’elle était importante. Il sentait qu’elle était la plus importante de toute. Mais il ne s’en souvenait pas et sa pensée ne restait que dans des émotions primaires.
D’ailleurs, il fronça les sourcils. Si Douglas, six ans, était un petit que l’on apprécie et qu’on aime parler avec, c’était parce qu’il était malin comme un singe, en plus de savoir grimper aux murs et se cacher dans des coins improbables… Ainsi, il remarqua bien la différence de joie entre son réveil en tutoiement et son vouvoiement. Et cette manière qu’elle avait eu de se présenter, comme si elle attendait qu’il la reconnaisse. Il eut un peu mal à la tête alors que la migraine menacer de venir lui marteler l’esprit. Il fit une moue.
- Je m’appelle Douglas, fit-il en une moue adorable qui exprimer bien son opinion sur le « messire » qu’elle venait d’utiliser avant que sa moue se fasse encore plus profonde. Je peux aller la voir ?
Il eut un peu d’espoir mais quand il se releva, la douleur se fit plus forte. Il porta la main à son bandage avant de faire un juron parfaitement enfantin, -crotte de bique-, et regarder sa nouvelle nourrice pour le temps du remplacement. Il observe son regard si joli. Il avait envie de la toucher ou de la colorier. Pourquoi avait-il de la peinture orange sous ses paupières comme s’il existait une réminiscence subconsciente de l’image ? Oh, bien sûr, lui n’utilisa pas cette image. Il avait juste envie de faire passer un pinceau sur sa peau d’un gouache orange, c’est tout, sans vraiment de logique. Il refit une moue quand elle lui parle de sa chute.
- J’ai pas chuté ! se défendit-il, enfin, si. Mais ce n’était pas censé arrivé… on a rien dit à mon père, n’est-ce pas ? Ni à Benedict ! Benedict il va me disputer ! Il aime pas quand je tombe.
Logique. Il regarda la jeune femme à nouveau, alors que ses yeux avaient été détournés pour marquer la peine sur son visage. Il n’aimait pas du tout que la femme le vouvoie, ça l’agace alors qu’elle avait fait l’inverse à son réveille. Et ce « jeune maître ». Il croisa les bras sur sa poitrine.
- Je m’appelle Douglas, répéta-t-il. Pas jeune maître. Beurk. Je ne suis pas le jeune maître. Dou. Glas. Et je préférais quand je me suis réveillé, pourquoi que tu me tutoies plus ?
Il bougonnait avant de prendre la main de la jeune femme totalement dans la sienne et de s’amuser avec ses doigts. Il releva la main de la jeune femme, passa ses doigts sur son épiderme pour en comparer la taille avec douceur. Il prit même le temps d’enrouler ses doigts autour de ceux de la jeune femme.
- Je me souviens avoir six ans. Mais ma main, elle n’a pas six ans. Alors, c’est à toi de dire mon âge, non ? Ou alors je rêve ? Je suis dans un rêve et je rencontre un ange ? Il rigola un peu avant de se stopper pour reprendre : Au moins, je me ferais pas disputer par Benedict.
Il garde la main de Eurydice dans la sienne et continue de l’empêcher de partir. Il fit un sourire.
- Je t’ai attrapé, montra-t-il leurs mains avec un rictus joyeux, tu peux pas m’échapper.
Douglas, bien qu'ayant six ans en l'instant dans son esprit, savait pouvoir faire 1+1. Il avait toujours été intelligent. C'était aussi pour ça qu'il aimait apprendre un peu tout et n'importe quoi, sans s'arrêter sur un thème en particulier. Alors, sa taille plus sa main, il savait avoir grandi. On ne grandit pas comme ça en un jour. Alors il avait du dormir un peu... et ce qui signifie que Mia aurait du être là non? Il garda Eurydice emprisonné pour en apprendre plus. Et il sourit. S'il ne pouvait pas partir de ce lit à cause de sa convalescence, elle non plus.
J'ai 28 ans et je vis à Londres, Angleterre. Dans la vie, je suis enseignante en art et je m'en sors moyen. Sinon, grâce à ma malchance, je suis célibataire et je m'y suis habituée. - Fille unique, son père était un baron pingre et sa mère, une femme volage - Elle a un don et une passion pour la peinture et le dessin - Elle est passionnée d'astronomie - Elle a toujours entretenu une relation très distante avec ses parents - À 18 ans, elle rassura un jeune garçon terrorisait par la vue du premier saignement menstruelle de sa grande sœur - Quelques mois plus tard, à un bal, le père du même garçon la défigura et la châtia quand elle lui fit l'affront de refuser ses avances - Suite à cela, elle perdit l'usage de son œil gauche et sa joue droite garde une brûlure rouge vive depuis - L'assaillant a grassement payé ses parents pour acheter leur silence face aux séquelles de leur fille - Ses cheveux sont devenus blanc suite à son traumatisme - Le père d'Eurydice n'a jamais supporté sa lâcheté et a sombré dans l'alcoolisme avant de se pendre - Sa mère s'est remariée et a quitté la demeure familiale peu de temps après - Elle se réveille parfois la nuit à cause de douleurs fantômes - Elle enseigne l'art à des enfants défavorisés et gagne son pain en dépit de son statut noble - Elle gère seule les maigres terres de son défunt père - Aujourd'hui vieille fille répudiée et moquée par la haute société, sa vie se retrouve chamboulée quand Douglas Berrygreen, le jeune garçon désormais tout juste adulte, se présente à elle pour la courtiser.
L'ange ne savait pas comment réagir face à l'amnésie de son aimé. Non seulement Douglas semblait n'avoir aucun souvenir de son ange, mais il semblait carrément être retombé en enfance ! Face à toutes ces informations, Eurydice Hodges ne savait pas quoi faire. En silence, la jeune femme pria plusieurs fois Dieu pour que Logan Lockwood franchisse les portes de la maison, mais il n'arriva jamais.
Le visage innocent de Douglas et ses expressions juvéniles n'arrangeaient rien. Comment ne pas avoir envie de protéger un jeune homme aussi adorable et mignon ? Le moindre de ses sourires faisait palpiter le cœur de l'ange. Quand il pencha la tête sur le côté en la regardant, le souffle de la jeune femme vint à lui manquer. Lui, son bel Adonis. Lui, son dieu. Lui, son aimé. Ils s'observèrent tous les deux. Douglas, l'air naïf et curieux. Eurydice, l'air timide et incertain. Que pouvait-elle faire pour l'aider ? Que devait-elle faire ? Un instant, l'ange avait entendu une petite voix lui murmurer de s'enfuir, car cette amnésie n'était-elle pas le prétexte idéal pour mettre fin à leur relation sans qu'il soit blessé ? Mais l'image du regard peiné de Douglas revenant à lui et réalisant l'abandon de son ange l'avait empêché de fuir. Elle n'avait pas pu s'y résoudre pour cette raison, mais aussi pour ses sentiments amoureux grandissants pour lui. Elle l'aimait à mourir. S'il revenait à lui maintenant et la demandait en mariage, l'ange aurait accepté sans aucune hésitation. Elle aurait dit oui à n'importe laquelle de ses demandes pour peu qu'il revienne à lui. Il ne revint pas. Il ne reviendrait peut-être même jamais. Cette pensée lui glaça le sang.
Devait-elle prévenir les Berrygreen ? Elle le voulait, mais Eurydice savait que Douglas n'aimerait pas que ses frères s'inquiètent pour lui — d'autant plus que personne ne pourrait lui rendre ses souvenirs. Tout le monde, à part probablement Logan Lockwood, était impuissant face à la condition du jeune homme. Le dernier fils des Berrygreen fronça les sourcils et le cœur d'Eurydice s'arrêta une seconde. Était-il possible qu'il se souvienne de quelque chose ? Je m'appelle Douglas. L'ange papillonna des cils, l'air ahuri, avant de hocher la tête. Inconsciente de la demande implicite de son aimé, elle fut soulagée de voir qu'il n'avait pas oublié son identité propre.
Je peux aller la voir ? La jeune femme accourut à son chevet, l'air paniqué en le voyant se redresser. Il effleura son bandage du bout des doigts, l'air confus. "Je suis navrée. C'est... C'est impossible." Bredouilla-t-elle en secouant lentement la tête, l'air profondément peiné. Mia n'était plus de ce monde et Eurydice espéra que la mémoire revienne à Douglas avant qu'il ne comprenne une nouvelle fois la mort de sa nourrice.
J'ai pas chuté ! La jeune femme pencha la tête sur le côté, le regard quelque peu circonspect. Enfin, si. Elle ne put empêcher un rire léger, car cette scène lui rappelait comment Douglas s'était piètrement défendu après qu'elle l'a surpris en train de l'épier dans sa chambre. On n'a rien dit à mon père, n'est-ce pas ? Le regard d'Eurydice se voila et ses doigts effleurèrent sa cicatrice un bref instant. "Non." souffla-t-elle. "Votre père n'est pas au courant, n'ayez crainte, jeune maître." Sa main plongea tendrement dans les mèches emmêlées de Douglas et elle réarrangea ses cheveux pour lui dégager le front. "Allons, allons... Calmez-vous. Votre frère est sorti. Personne ne lui a encore rien dit, ne vous en faites pas." Son sourire était rassurant, et ses paroles firent écho à leur toute première rencontre, lorsque Douglas était encore âgé de huit ans. Eurydice n'avait que peu de souvenirs de ce jour. La similarité de ses mots n'était que pure coïncidence.
Douglas, rassuré, mais bougon, croisa les bras sur son torse. Je m'appelle Douglas. L'ange sourit en répondant par l'affirmative. Pas jeune maître. Beurk. Je ne suis pas le jeune maître. Eurydice battit des cils pour chasser l'incompréhension qui voilait son regard. Pourquoi tu me tutoies plus ? Sidérée, elle n'osa pas lui répondre qu'elle ne savait plus comment s'adresser à lui. L'Adonis attrapa la main de son ange pour l'observer et la comparer à la sienne. Ce simple contact la fit frissonner et légèrement perdre pied. "Je suis désolée, Douglas. Je ne te vouvoierai plus, je te le promets." Leurs doigts s'entrelacèrent et les yeux de la jeune femme se voilèrent de larmes devant l'innocence de ce geste. Je me souviens avec six ans. Il lui manquait donc 12 ans de sa vie. Il n'y avait rien d'étonnant à ce qu'il ne la reconnaisse pas, car ils ne s'étaient pas encore rencontrés.
Mais ma main, elle n'a pas six ans. L'ange sursauta, décontenancée par cette déduction scientifique et avérée. Alors, c'est à toi de dire mon âge, non ? Ou alors, je rêve ? Je suis dans un rêve et je rencontre un ange ? Eurydice ne savait plus que dire ou penser. Douglas, bien qu'amnésique, continuait de la voir comme un ange. Devait-elle s'en réjouir ou s'en attrister ? Étrangement, elle était partagée entre ces deux sentiments. D'un côté, il y avait la joie d'être toujours spéciale, ne serait-ce qu'un peu, à ses yeux. De l'autre, il y avait la tristesse grandissante de l'imaginer rester ainsi à tout jamais. "Tu as raison, Douglas. Ta main n'a pas six ans." Commença-t-elle doucement. Elle ne voulait pas lui mentir. Elle ne voulait pas lui cacher la vérité. Elle ne savait pas quoi faire d'autre avec lui. Elle ressentait le besoin d'être honnête et transparente. "Ton corps est celui d'un jeune homme de dix-huit ans, même si tu penses n'avoir que six ans. Tu es un grand, maintenant." Au moins, je ne me ferai pas disputer par Benedict. Ils rirent à l'unisson, comme si cette conversation était parfaitement normale. "Malheureusement pour to, être grand n'empêchera jamais un grand frère de gronder son petit frère, je puis te l'assurer."
Je t'ai attrapé. L'ange s'empourpra, le regard fuyant. Tu ne peux pas m'échapper. Oh, elle n'avait aucune envie de lui échapper. C'est bien pour cela qu'elle avait pris la première calèche disponible pour le rejoindre après le fiasco qu'avait été le bal des Lockwood. Elle avait ressenti ce besoin viscéral de le rejoindre. Elle l'aurait même rejoint bien avant si elle l'avait vu quitter les lieux ! Elle aurait tout laissé en plan, sans aucune explication, et aurait couru à sa suite. "C'est pourtant toi qui as essayé de m'échapper..." murmura-t-elle, l'air anéanti malgré elle. Comment avait-il pu croire qu'Ethan serait un meilleur parti pour elle ? Pourquoi n'était-il pas venu lui parler de ses angoisses ? Eurydice l'aurait écouté avec attention. Elle ne se serait pas moquée de lui et elle l'aurait rassuré.
Tu es belle. Le sourire ingénu du jeune homme lui arracha un sanglot, et l'ange essuya rapidement ses larmes. J'ai envie de te faire un câlin. Elle rit une nouvelle fois, décontenancée par l'honnêteté si caractéristique des enfants dont il faisait preuve. Alors, elle se glissa à côté de lui avant de l'attirer à elle avec une extrême douceur. Quand il blottit sa tête contre son épaule, elle l'enlaça et lui caressa les cheveux. "Douleur, douleur, envole-toi..." susurra-t-elle en lui baisant le front. Son étreinte se resserra autour de lui. "Douleur, douleur, envole-toi..." répéta-t-elle, cette fois, comme un mantra visant à apaiser la douleur dans son cœur.
Il leva un regard vers elle, un doux sourire sur les lèvres. Elle l'aimait. Elle l'aimait tellement. Elle voulait tant qu'il lui revienne, qu'elle parsema son visage de doux baisers, mais elle ne lui embrassa nullement les lèvres. Jamais. Premièrement, parce qu'elle ne s'en sentait plus le droit. Deuxièmement, elle trouvait cela étrange, mais aussi très mal étant donné l'âge qu'il pensait avoir. Alors, elle ne le fit pas.
"Douglas..." finit-elle par dire après lui avoir caressé les cheveux pendant un long moment. "Tu n'as rien bu ni mangé depuis très longtemps. Donc, je vais descendre te préparer quelque chose, d'accord ?" Elle lui baisa le front une dernière fois, non sans lui promettre qu'elle serait très bientôt de retour.
Et l'ange tint sa promesse.
Dans l'heure qui suivit, la jeune femme revint avec un plateau débordant de douceurs, mais aussi de fruits, d'un bol de soupe et de l'eau. L'état de Douglas semblait suffisamment stable, et cela rassura son aimée. Grâce à la surveillance avisée d'une domestique ayant l'âge d'être la mère du jeune homme, ce dernier n'avait pas bougé. Sa dernière fille, tout juste âgée de sept ans, s'était assise en face de Douglas, à même son lit, puisqu'il n'avait pas le droit d'en sortir. Quand Eurydice arriva, la petite fille était occupée à montrer à Douglas comment jouer à trois p'tits chats.
Adressant un coup d'œil entendu à l'étrange nouvelle maîtresse autoproclamée de la maisonnée, la domestique se redressa après avoir déclaré avec douceur. "Les enfants, je crains que la partie ne soit déjà finie." Les deux firent la moue avant que la petite fille ne coure dans les jupons de sa mère pour partir avec elle. En sortant, elle fit de grands signes au jeune homme en partant, l'air rayonnant. "À bientôt, Doudou !"
Eurydice, vêtue d'un uniforme de domestique qu'on lui avait fourni à sa propre demande, déposa le plateau sur le matelas avant de s'asseoir aux côtés de son aimé. "Très bien, jeune homme, à nous deux." dit-elle en relevant ses manches avant d'attacher ses cheveux en arrière.
Les doigts de la jeune femme attrapèrent une cuillère avant qu'elle ne la plonge dans le potage à la citrouille fumant qui trônait au milieu du plateau. Une main sous le couvert en argent pour éviter de brûler son aimé avec quelques gouttes malvenues, l'ange souffla elle-même sur le liquide pour le refroidir un peu, puis, elle le tendit à Douglas. "Aah ?" l'incita-t-elle, l'air innocent, mais aussi déterminé.
Elle le nourrirait elle-même pour s'assurer qu'il mange correctement
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Clionestra
Lun 29 Juil - 10:41
Douglas Berrygreen
J'ai 18 ans et je vis à Londres, Angleterre. Dans la vie, je suis étudiant en médecine et je m'en sors bien. Sinon, grâce à ma chance, je suis amoureux d'un ange et je le vis plutôt mal tant qu'elle m'aimera pas en retour → Dernier fils du duc de Berrygreen. → Il est jovial, charismatique, marrant et enthousiasme. Ainsi qu’un peu enfantin. → Il a peur de son père et ne supporte pas la violence qui le renvoie à l’époque où il a vue son frère se faire frapper. → Il a une peur du sang → Pourtant, il aimerait être médecin, spécialisé dans l’accouchement et les saignements des femmes. → Sa nourrice est mort quand il avait 6 ans en accouchant dans leur manoir dans une marre de sang → Il est très têtu et n’hésite pas à faire plusieurs kilomètres pour trouver une réponse à une question. → Il n’hésite pas à dire ce qu'il pense. Il a toujours été protégé par ses frères, et il le sait. → Il aime tous les sports non violent. Comme la natation et l'escalade.
Douglas, six ans, avait toujours été un petit singe intelligent. Oh, bien sur, il ne pourrait se comparer à ses frères, ni même à sa sœur qui le battait à plat de couture en savoir et connaissance, mais il n’était pas bête pour autant. Il avait toujours su analyser des informations simples et précises pour en faire des déductions logiques. Vers qui il devait venir pour demander un gâteau ? Qui lui laisserait monter debout sur son cheval ? Qui laisserait le petit singe grimper tout en haut de la maison sans tomber dans les pommes ? C’était des déductions logiques qu’il faisait, qu’il prenait grâce aux expressions de la personne, mais aussi face à ses actions et la manière dont sa voix chevronne et augmente en intensité.
La jeune femme était donc totalement analysé, et tout ce que le petit Douglas pouvait voir l’intriguer, le fasciner et l’attirer. Il avait envie de rester auprès de cette femme inconnue parce qu’il savait qu’elle était un ange. Son aura était tel qu’elle emplissait la chambre. Il n’avait pas peur, avec elle à ses côtés. Toutes les autres analyses pouvaient attendre.
Ou pas.
Sa main, son corps, sa taille, tout ça était des preuves qu’il avait « grandi » en peu de temps. Même s’il avait envie de croire pouvoir pousser comme une fleur en une nuit, il savait surtout que quelque chose manquait. Et donc, le temps avait du passé. Il fallait toujours du temps pour grandir. Mia était donc ailleurs et la peine de la jeune femme lui fit se taire. Oui. Même sans avoir vue la mort de deux des êtres qu’il aimait le plus, il savait quand quelque chose faisait de la peine. Il n’insista pas. Il le serait bien assez tôt, non ? Les deux autres informations étaient données. Son père ne savait rien, ce qui signifie que son ainé ne se fera pas battre à cause de lui… et son ainé n’est pas au courant non plus… Ce qui signifie qu’il n’allait pas se faire disputer non plus. Que de bonnes nouvelles en soi, même s’il se doute qu’il n’est plus aussi jeune qu’avant, il ne peut imaginer un univers ou Benedict et Ethan ne soient pas les frères parfaits qu’ils sont dans celui-ci. Il l’observe. Il voit son sourire. Et quand elle sourit, il le fit aussi de ses dents si blanches. Son ange était belle. Il n’avait pas à la tutoyer.
- Ne t’excuse pas, avait-il dit. J’ai juste l’impression que tu essaies de jouer un rôle, et les rôles c’est mal, surtout quand on est face à quelqu’un qui préfère le naturel.
Il disait cela avec sa main dans la sienne. Cette main si tendre, si douce, qui pourrait être une main qu’il garde. Il joue avec ses doigts de la manière la plus innocente qu’il soit, il caresse l’épiderme et profite de la chaleur qui se dégage.
- Dix-huit ans, réfléchit-il alors qu’un frisson remonte le long de sa colonne… je suis devenu un adulte. C’est affreux. Il y a aucune bonne raison à vouloir devenir adulte.
Sauf atteindre l’âge pour pouvoir rencontrer une jeune femme qui fait battre son cœur. Sauf quand il devait retrouver une femme, qu’il pense marier, pour l’aimer et la vénérer comme son cœur lui crie. Mais ça, il ne le sait pas. Pour le moment, il ne voit aucune bonne raison de devenir adulte. Il remonte son regard vers les yeux de la jeune femme. Elle était là. Elle était belle. Elle était sienne. Et la pensée qu’elle puisse être une personne différente pour son cœur lui fit battre plus vite. Benedict pourrait lui expliquer tout ça, après sa dispute bien sûr. Il continue d’emprisonner ses doigts. Il entendit ses paroles et les médita un peu.
- Peut-être avais-je peur de te faire du mal ? Je ne suis pas la calèche la plus stable d’Hyde Park, parfois je peux faire des bêtises qui blessent les autres. Alors si je fui c’est que je ne veux plus le faire.
Il le faisait souvent, pour protéger son frère Ethan… de fuir. Même si, il l’ignore, ça ne marche pas à tous les coups. Souvent, son ainé se faisait frapper pour la simple raison qu’il respirait trop d’air… mais ça, il ne le comprenait pas. Lui, il avait simplement compris que quand Ethan prenait la responsabilité des actes de Douglas, il se faisait frapper par Benedict… Et il savait que Benedict ne le voulait pas plus et souffrait de devoir le faire. Il y avait toujours du sang. Douglas n’avait jamais aimé le sang, et remercia silencieusement la jeune femme de l’avoir soigné pour que le sang ne se retrouve pas devant ses yeux à son réveil. Elle accepta le câlin, et il en profita. Il profita de cette chaleur qui grossissait déjà dans son cœur, dans son âme. Douglas Berrygreen, six ans, venait de tomber amoureux de cette femme. Il la laissa partir avant d’avoir pu lui dire.
Pendant l’heure, il se leva, plusieurs fois, disputé qu’il fut par une femme chargeait de faire sa garde malade. Ce ne fut que quand une petite fille, qui apparemment le connaissait déjà et en plus de ça jouer souvent avec lui, qu’il réussi à se calmer. La garde malade se permit même de faire des allers retours dans ses occupations pour aider de ci, de là, en faisant promettre aux deux enfants de rester sage et dans le lit. Chose qui était facilement acceptable quand on avait un plan. Une fois la seule personne adulte disparu de la chambre, Douglas se pencha pour parler à l’enfant en chuchotant.
- Tu me connais adulte ? - Oui, fit l’enfant en se penchant tout pareil comme pour énoncer un secret, grand et adulte. Tu m’as mise au monde ! - Moi ? Mais j’ai six…. Heu.. Dix-huit ans ! - Et j’en ai, la petite montra ses mains pour faire un six avant de froncer les sourcils et de hocher la tête comme si elle se parler à elle-même alors qu’elle se trompa d’une année. Et tu m’as promis de mettre au monde mon enfant ! Tu l’as promis à Sally.
La petite sortie un affreux bout de chiffon que Douglas prit dans les mains comme la plus précieuse des poupées. Il parla à Sally et à la petite fille sans honte des questions qu’il posait. La petite fille lui apprit alors plusieurs choses que les adultes n’avaient osés lui dire. Mia n’était pas connue ici, alors même que le lieu lui appartient. Ici, c’était Angel Palace. Officiellement appartenant à Howard Berrygreen jusqu’à ce que son frère Benedict lui achète. Douglas se souvient d’avoir fait le tour des propriétés du duché avec son frère quand il était encore plus petite, quatre ans et demie, et d’avoir été amoureux d’une des bâtisses à cause de ses lavandes qui remontent le long des murs, du lac et de la montagne. Il apprit aussi par l’enfant qu’il avait une amoureuse, -ce qui le dérange puisqu’il était amoureux de Eurydice maintenant-, et que son père était mort. Toutes ses informations, il les avait eu aux compte-gouttes, chaque fois que la mère de l’enfant disparaissait dans le couloir et qu’ils pouvaient parler librement.
Quand son ange revient après une heure de discussions enfantines, il lui sourit de toutes ses dents et lui apporte de la place. L’enfant le quitte, non sans faire un signe de silence pour dire de garder le secret, ce que Douglas fit à son tour. Ainsi, il aimait une femme, déjà, -puisque l’enfant n’avait pas eu la présence d’esprit de préciser que c’était une femme à la chevelure blanche et au visage un peu cassé-. Toutes les nouvelles informations données lui faisaient mal à la tête mais permettait de remettre de l’ordre. Douglas Berrygreen, à cause de son père, n’avait jamais été seulement un enfant insouciant. Doudou. Douglas aimait bien ce surnom que sa sœur aussi lui donnait. Il était comme une peluche que l’on peut câliner. Et c’était mieux que le meuble que son père voyait en lui.
Il regarde la jeune femme se préparer, se faisant une coupe différente qui libère son visage totalement. Il observe les traits de cette jeune femme. Et elle était belle. Il rit un peu. Qu’importe de qui il était amoureux avant, cette personne n’était pas là alors qu’Eurydice Hodges était là, et elle lui réchauffait le cœur comme personne n’avait jamais réussi à faire. Même Mia mettait plus de temps à le consoler ou le rassurer, quand il savait qu’avec son ange, il pourrait braver le feu des enfers. Docile, il ouvrit la bouche pour se faire nourrir mais il ne la quitta pas des yeux. Il en mangea une dizaine en silence.
- Ainsi, j’ai dix-huit ans, réfléchit-il alors qu’elle était en train de préparer une nouvelle cuillère.
Elle n’avait pas besoin d’acquisser. Il attrapa la main de la jeune femme et prit lui-même la cuillère en la regardant d’un œil critique. Il pouvait bien manger tout seul, alors. Puisqu’il était un grand. Et Rose était la seule à le prendre pour un poupon en le nourrissant comme le fainéant qu’il était. Il porte le couvert à sa bouche et la laisse à l’intérieur alors qu’il ne lâchait toujours pas la jeune femme des yeux. Doucement, il poussa le tout pour approcher sa main de sa cicatrice et la caresser doucement, curieusement presque mais avec une tendresse infinie.
- Mademoiselle Hodges, souffla-t-il conscient qu’il devait en théorie l’appeler ainsi bien que cette appellation dérange sa bouche. Je t'aime. Puisque j’ai dix-huit ans, pourquoi ne pas nous marier ?
Il venait de trouver une bonne raison à être adulte. Il ne pensait pas du tout à l’aspect conjugal dans cette demande. Il pensait juste au fait qu’elle était un ange, et qu’il voulait la protéger du monde. Il caressa cette joue et planta son regard dans ses yeux.
- Tu es un ange. Je suis sûr que même mes frères me traiteraient de sot s’ils apprenaient que j’ai trouvé une femme dont la chaleur me réchauffe le cœur et l’âme et que je m’enfuis. Je ne vois aucune raison de fuir une personne comme toi… Sauf si tu es amoureuse de l’un deux, bien évidemment. Pour le reste, bien que j’adore les amis de mes frères, je ne les trouve tout de même pas assez digne.
Oui. On n’oublie pas qu’il était l’ami d’Hunter et que… loin de le faire sans le comprendre, Douglas disait toujours les choses qu’il pensait. Toujours.
J'ai 28 ans et je vis à Londres, Angleterre. Dans la vie, je suis enseignante en art et je m'en sors moyen. Sinon, grâce à ma malchance, je suis célibataire et je m'y suis habituée. - Fille unique, son père était un baron pingre et sa mère, une femme volage - Elle a un don et une passion pour la peinture et le dessin - Elle est passionnée d'astronomie - Elle a toujours entretenu une relation très distante avec ses parents - À 18 ans, elle rassura un jeune garçon terrorisait par la vue du premier saignement menstruelle de sa grande sœur - Quelques mois plus tard, à un bal, le père du même garçon la défigura et la châtia quand elle lui fit l'affront de refuser ses avances - Suite à cela, elle perdit l'usage de son œil gauche et sa joue droite garde une brûlure rouge vive depuis - L'assaillant a grassement payé ses parents pour acheter leur silence face aux séquelles de leur fille - Ses cheveux sont devenus blanc suite à son traumatisme - Le père d'Eurydice n'a jamais supporté sa lâcheté et a sombré dans l'alcoolisme avant de se pendre - Sa mère s'est remariée et a quitté la demeure familiale peu de temps après - Elle se réveille parfois la nuit à cause de douleurs fantômes - Elle enseigne l'art à des enfants défavorisés et gagne son pain en dépit de son statut noble - Elle gère seule les maigres terres de son défunt père - Aujourd'hui vieille fille répudiée et moquée par la haute société, sa vie se retrouve chamboulée quand Douglas Berrygreen, le jeune garçon désormais tout juste adulte, se présente à elle pour la courtiser.
Si Eurydice jouait un rôle, c'était avant tout pour protéger Douglas Berrygreen de ses propres souvenirs. Oui, elle souhaitait le préserver de la dure réalité qu'il avait oubliée. Mais prendre des pincettes avec lui, puisqu'il s'était acharné à abattre chacune des défenses de la jeune femme avec ferveur, se révélait bien plus ardu qu'elle ne l'aurait jamais imaginé. L'ange pensa même que Dieu était d'humeur bien cruelle pour lui infliger un tel supplice. Elle s'en voulut presque immédiatement et demanda pardon au Très-Haut d'avoir eu de telles pensées à son égard.
Douglas était bien là, physiquement présent, mais son esprit semblait inatteignable, comme endormi. Son sourire, plus enfantin, reflétait toute son innocence dans sa beauté la plus pure. Ces petits détails ne faisaient que renforcer la distinction qui séparait Douglas Berrygreen, le jeune homme, du petit singe qu'Eurydice avait devant les yeux.
La jeune femme secoua la tête, ignorant les commentaires du petit homme sur ses préférences. Elle l'observa jouer avec sa main en silence, quelque peu fascinée par cette facette inédite qu'elle voyait de lui. Un sentiment de tristesse infinie la submergea en imaginant ce petit garçon innocent, traumatisé par son père au point de se mettre à vomir de peur à chaque fois — ou presque — qu'il était dans les parages. Howard Berrygreen avait été un bien piètre père, au-delà même de ce qu'Eurydice pouvait s'imaginer. Personne n'aurait pu imaginer le calvaire qu'une jeune femme innocente avait vécu pendant des années. Howard l'avait tellement brisé que la jeune femme avait développé un syndrome de Stockholm des plus inquiétants. Mais tout cela, c'était une autre histoire.
Les caresses maladroites de Douglas arrachèrent un sourire à l'ange qui pressa doucement ses doigts contre les siens. Dix-huit ans. Il frissonna tandis qu'Eurydice pencha légèrement la tête de côté en lui adressant un regard interrogateur. Je suis devenu un adulte. C'est affreux. Il n'y a aucune bonne raison de vouloir devenir un adulte. L'ange le contempla à travers ses cils, l'air stupéfait. Elle porta une main devant sa bouche avant de rire doucement. "Avec un corps plus grand et plus fort, ne peux-tu pas grimper plus haut encore ?" Un sourire tendre naquit sur les lèvres de la jeune femme. "En tant qu'adulte, tu es libre de faire tout ce que tu veux maintenant. Tu n'as plus à obéir à personne d'autre que toi-même – à l'exception de tes frères. Tu pourrais manger ton dessert en premier, avant même l'entrée, et ne consommer que ce que tu aimes sans que personne ne puisse plus te forcer à finir ton assiette." À part Benedict. Et Ethan. La jeune femme lui adressa un clin d'œil complice. "Tu es en âge d'escalader n'importe quel sommet - aussi longtemps que tu le voudras. C'est ça, le bonheur d'être grand."
Peut-être avais-je peur de te faire du mal ? Eurydice médita les paroles du petit homme, l'air pensif. "Tu as eu peur, c'est une certitude. Peur de quoi, en revanche..." se rappela-t-elle en revoyant son regard blessé et confus. Hunter Wood était venu jusqu'à l'étrange trio pour avertir Ethan des actions de son petit frère. Douglas avait douté de lui en observant son frère si proche de son ange. Il s'était imaginé qu'il pourrait être un meilleur amant que lui — car, oui, il était toujours hors de question pour l'ange d'épouser qui que ce soit. Elle lui ébouriffa les cheveux avec un sourire attristé et désolé. "Nous n'avons pas su te protéger ni te rassurer, je le crains." dit-elle en quittant le lit du jeune homme pour rejoindre la cuisine.
Oui, Eurydice regrettait de ne pas être intervenue plus tôt pour prendre la défense de Douglas. Elle n'aurait pas dû obéir à son regard implorant. Il avait voulu qu'elle se taise, pour la protéger, mais à quoi cela les avaient-ils menés ? Il était parti, paniqué. Il s'était grièvement blessé. Il l'avait oublié. Comment pourrait-elle se le pardonner ?
-
De retour auprès de son aimé, un sourire attendri naquit sur les lèvres de l'ange devant les regards et les gestes complices qu'échangeait son aimé et Sophia, la fille de la domestique, propriétaire d'une poupée appelée Sally — qu'Eurydice avait pris pour une vraie personne en entendant sa maitresse dire à Douglas qu'il lui avait brisé le cœur. Elle remarqua l'enfant intimer du doigt à son amant de garder leur conversation secrète, arrachant un petit rire à la jeune femme. Quelles cachotteries pouvaient bien se raconter deux enfants ? Eurydice secoua la tête à cette pensée avant de reprendre place à côté de Douglas pour le nourrir.
Ainsi, j'ai dix-huit ans. L'ange acquiesça en lui tendant une nouvelle cuillère de soupe. Les doigts de Douglas rencontrèrent les siens, l'arrachant à ses rêveries en la faisant sursauter. Son expression fâchée fit sourire l'ange qui lui adressa un regard désolé. Elle voulait simplement prendre soin de lui, mais les enfants étaient des êtres capricieux. Douglas ne voulait pas être nourri, puisqu'il était grand. Elle rit en le trouvant particulièrement adorable.
Quand il effleura sa cicatrice, son corps se raidit et ses yeux trahirent une bouffée de panique intense. Elle avait complétement oublié ses... particularités physiques. Peut-être que cela effraierait un enfant ? Elle n'y avait pas pensé. Elle se renfrogna en dissimulant son visage derrière des mèches de cheveux argentés. Mademoiselle Hodges. L'ange secoua la tête. "Eurydice." corrigea-t-elle en entortillant une boucle entre ses doigts pour jouer avec. "De grâce, appelle-moi Eurydice, pas mademoiselle Hodges." Elle ne le supporterait pas.
Je t'aime. Si le ciel ne lui était pas encore tombé sur la tête, ce fut tout comme. La jeune femme papillonna des cils, les yeux voilés par la surprise et l'incompréhension. Puisque j'ai dix-huit ans, pourquoi ne pas nous marier ? Elle grimaça de cette façon si singulière qu'elle avait de le faire à chaque fois qu'il la demandait en mariage. Elle se recula, l'air effaré quand il suggéra qu'elle éprouvait probablement des sentiments amoureux pour Ethan ou Benedict. "Non." le coupa-t-elle en levant une main en l'air pour ne pas en entendre davantage. "Je suis désolée. C'est impossible." bafouilla-t-elle en se relevant pour s'éloigner encore plus de lui. "Je ne peux pas. J'en aime un autre." avoua-t-elle avec un sourire d'une infinie tristesse. Oui, même si Douglas était physiquement bien là avec Eurydice, il n'était pas l'homme à qui elle avait déclaré ses sentiments quelques heures auparavant. Cet homme-là sommeillait en lui, quelque part, refusant de montrer le bout de son nez.
Son esprit lui joua des tours. Elle le vit, lui, souriant de toutes ses dents alors qu'il la faisait danser. Elle le vit, lui, la regardant avec amour tandis qu'ils s'endormaient dans les bras l'un de l'autre. Elle entendit son rire, la chaleur de sa voix. Elle pouvait presque sentir l'amour débordant de son regard avant l'accident... Tout cela lui manquait horriblement.
Alors, quand des larmes montèrent jusqu'aux yeux de la jeune femme, c'est sans réfléchir qu'elle se rapprocha de lui. Avec douceur et tendresse, elle attrapa son visage entre ses mains pour le lever vers elle. Il cilla et elle caressa son nez du sien, tels les inuits, avant de poser ses lèvres sur les siennes. C'était un baiser chaste, douloureux — presque — tant Eurydice luttait pour ne pas lui réclamer plus de contact. "Reviens-moi, je t'en supplie..." chuchota-t-elle contre ses lèvres avant de s'éloigner. Ses larmes avaient coulé sur les joues du bel Adonis. "Tu devrais te reposer." Doucement, elle posa une cloche sur la table de nuit après lui avoir nettoyé le visage. "Si tu as besoin de quelque chose, tu n'as qu'à faire sonner ceci. Une domestique viendra." Puis, elle disparut telle une apparition furtive en se maudissant d'être aussi faible. Elle ne laissa que la chaleur de ses lèvres derrière elle pour seule preuve de son passage.
-
Eurydice fut invitée à séjourner dans la chambre voisine de celle de Douglas. L'ange, perdue et nerveuse, décida de se détendre en prenant un bain. Elle enfila des vêtements plus confortables, persuadée que Douglas avait dû de nouveau tomber de fatigue. Ainsi, il ne pourrait pas la voir dans ses propres vêtements. Par l'immense fenêtre donnant sur le balcon, au loin, des lucioles virevoltaient dans le jardin, offrant un spectacle à couper le souffle.
La jeune femme sourit en attrapant son carnet de dessin et quelques fusains, l'air émerveillé. Elle se précipita dans l'immensité des espaces verts pour y esquisser de nouveaux croquis. Le temps défila rapidement, si bien qu'elle passa une heure et demie plongée dans ses dessins, avant de finalement relever son regard du papier. Elle apprécia la vue qui s'offrait à elle sans la dessiner quelques instants.
Ses doigts effleurèrent son collier, doucement, en pensant à la danse qu'elle avait partagée avec Douglas dans les jardins londoniens, entourés de lucioles.
Leur première danse.
Le début, ou presque, de leur histoire.
Son cœur se serra douloureusement.
Et s'il ne revenait jamais pleinement à lui, alors, que ferait-elle ? Que pouvait-elle faire contre ça ? L'idée de continuer à vivre sans lui la terrifiait, mais cela semblait nécessaire. Lui, qui avait réussi à s'immiscer au plus profond de son âme. Lui, qui avait laissé une marque en elle pour y rester à tout jamais. Lui, dont la place dans son cœur était si importante que l'idée de vivre comme deux étrangers lui paraissait insurmontable.
Pourtant, il le fallait, non ?
Cette amnésie était l'excuse parfaite pour sortir de sa vie sans faire de vague. Eurydice redeviendrait une inconnue. Une noble endettée, luttant pour sa survie. Une femme que l'on qualifiait d'ennuyeuse et de morne. Cette pensée lui arracha une grimace. Douglas avait mis tellement de couleurs dans sa vie... L'ange soupira, les larmes aux yeux. Elle sanglota en silence, à l'abri des regards indiscrets, ou non.
Il ne serait pas aisé de retourner à un quotidien dans lequel Douglas Berrygreen n'était qu'un étranger parmi tant d'autres.
Mais c'était nécessaire.
Et cela commençait maintenant.
-
Les jours qui suivirent, Eurydice demanda à une autre domestique, la mère de Sophia, de s'occuper de Douglas. L'ange veillait à ce qu'on lui apporte des repas chauds et consistants. Un médecin du village voisin, un homme qui connaissait bien la famille Berrygreen et Logan, rendait visite à Douglas tous les jours pour surveiller ses constantes et son état général .
Eurydice, elle, parvint à éviter le jeune homme en restant recluse dans ses quartiers, déterminée à attendre à l'Angel Palace uniquement jusqu'à l'arrivée de Logan ou d'un membre de la famille Berrygreen. Elle les avait tous prévenus par lettre.
Ensuite, l'ange prévoyait de se volatiliser pour ne plus jamais revenir.
Elle retournerait à son quotidien monotone et à sa vie de célibataire endurcie.
-
"Eurydice !" Une chaude après-midi, Helen Minnegan, étrangement escortée par Hunter Wood, débarqua de nulle part, une lettre à la main. Douglas, lui, était sorti pour jouer avec Sophia. L'ange papillonna des cils devant le couple inattendu avant d'accourir jusqu'à son amie — laissant sa surprise de côté. "Par tous les Dieux, Helen, que t'arrive-t-il ?"
Helen, haletante, commença par des explications sans queue ni tête, incapable de s'arrêter. Eurydice, l'air perdu, tenta de calmer Helen avant que les doigts de Hunter Wood contre la nuque d'Helen n'apaisent la jeune femme. Elle inspira profondément avant de baiser la joue de Hunter pour le remercier. "Ta mère est venue chez moi. Elle te cherchait." D'une main tremblante, la jolie blonde tendit la missive cachetée à son amie. Cette dernière ordonnait le retour d'Eurydice à Londres, prétextant une affaire familiale des plus importantes. "Cette immonde garce veut te vendre au duc de Hastings pour éponger vos dettes !" marmonna Helen en tapant du poids sur la table d'un geste rageur. Hunter effleura le dos de sa déesse pour lui dire de se calmer. L'ange blêmit avant de s'asseoir, l'air absent. Elle réfléchit à toute vitesse, mais Helen secoua la tête, l'air horrifié que son amie puisse sérieusement envisager une chose aussi insensée. "Eurydice, tu ne peux pas faire ça, tu m'entends ? Je m'y oppose !" La dulcinée de Hunter Wood s'agenouilla face à son amie pour lui prendre les mains. "Tu as déjà tant sacrifié..." Elle serra les doigts de l'ange d'une douce pression pour la ramener à la réalité, les larmes aux yeux. "Tu es enfin heureuse, Eurydice. Tu rayonnes ! Pourquoi refuser ta main à Douglas quand ta mère n'a aucun scrupule à te vendre au premier venu ?"
"C'est impossible, Helen. C'est trop tard." Eurydice secoua la tête longtemps, laissant libre cours à ses larmes avant d'expliquer la situation à Helen et Hunter en sanglotant.
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Clionestra
Sam 10 Aoû - 22:43
Douglas Berrygreen
J'ai 18 ans et je vis à Londres, Angleterre. Dans la vie, je suis étudiant en médecine et je m'en sors bien. Sinon, grâce à ma chance, je suis amoureux d'un ange et je le vis plutôt mal tant qu'elle m'aimera pas en retour → Dernier fils du duc de Berrygreen. → Il est jovial, charismatique, marrant et enthousiasme. Ainsi qu’un peu enfantin. → Il a peur de son père et ne supporte pas la violence qui le renvoie à l’époque où il a vue son frère se faire frapper. → Il a une peur du sang → Pourtant, il aimerait être médecin, spécialisé dans l’accouchement et les saignements des femmes. → Sa nourrice est mort quand il avait 6 ans en accouchant dans leur manoir dans une marre de sang → Il est très têtu et n’hésite pas à faire plusieurs kilomètres pour trouver une réponse à une question. → Il n’hésite pas à dire ce qu'il pense. Il a toujours été protégé par ses frères, et il le sait. → Il aime tous les sports non violent. Comme la natation et l'escalade.
Douglas était sorti… Comme il en avait l’habitude depuis toujours. L’escalade n’était pas seulement une passion, c’était une échappatoire. Ce garçon de huit ans mentalement savait qu’il avait besoin de sortir pour se vider la tête, pour tout remettre dans l’ordre et pour réfléchir posément. Il ne savait pas réellement ce qu’il était arrivé, mais il en avait besoin. Il avait attrapé le rebord de la fenêtre et était monté comme il le pouvait de ses membres qui ne lui appartenaient plus vraiment. Il s’habitua rapidement, cependant, à sa force et à sa puissance. Il monta en un temps record. Sur ça, au moins, Eurydice avait raison. Être grand, et fort, ça permettait de faire de l’escalade plus haut, et plus rapide… et s’il venait à tomber ? Il aurait certainement moins mal puisque tombant de moins haut. Une fois sur les tuiles de la maison, il regarda autour de lui. Il y avait là une montagne et une rivière qui serpente entre les reliefs en passant à côté de la maison. Il y avait un village, au loin, il y avait des champs cultivés, et il y avait une vie étrangement positive.
Cette maison appartenait réellement à sa famille ? Quand il l’avait vu, la seule fois où Benedict l’avait amené, le lieu était sombre, morne, presque aussi noir que l’était son père. Il se surprit à chercher les étoiles dans les cieux. Puis, il continua à laisser courir son regard vers la rivière, cherchant un lac qu’il savait pouvoir trouver à travers les arbres qui bloquaient pourtant le passage. Il savait qu’il y avait là un secret, un souvenir qui se bloquait dans son esprit telle un mystère. Un trésor dont aucune carte ne menait. Il réfléchit à l’ange qu’il avait rencontré. Celle qui l’avait embrassé alors même qu’elle en aimait un autre.
Lui-même ?
Il se posa la question alors que son regard se porta sur ses mains trop grandes. 18 ans. Il avait sauté douze ans de sa vie, mais il respirait bien. Il ne paniquait pas. Parce que la petite lui avait dit que ses frères allaient bien. Que son père était mort. Qu’il avait trouvé son ange. Le monde avait pris une tournure étrange. Et quand il essaya de mettre tout ça en place, une grande douleur remonta ses tempes et attaque son crâne pour le serrer comme un étau. Il grogna. Il resta une heure, là. Il pensa. Tout le long. Il ne fit que ça. Mettant ses maigres données les uns à la suite des ordres sans pouvoir les aligner totalement. Il n’avait que six ans.
Non. Il n’avait pas six ans. Il en avait dix-huit. Mais il ne se souvenait pas de sa vie qui l’avait amené jusqu’à cet âge honorable. Si l’annonce de sa liberté d’action, -il allait enfin pouvoir monter la montagne comme il en rêve maintenant-, c’était la suite qui l’avait perturbé. Ce baiser chaste mais doux. Ce baiser qui énonçait plus que ce qu’il ne dénonçait. Cette impression de normalité, d’habitude, de bonheur, qui avait emplit son cœur. Il la vit au loin, si belle dans sa simplicité, image même de l’ange qui serait tombé sur ce sol infâme. Il était content qu’elle n’ai pas vécu avec son père. Qu’elle ne le connaisse pas. Qu’il ne puisse jamais plus lui faire du mal. Une migraine arriva. Jamais plus. Les deux mots le dérangent sans qu’il comprenne pourquoi. Après avoir été toute à ses réflexions, il décida de revenir dans sa chambre sans un bruit… il se leva pour s’habiller, cachant les preuves de sa fuite. Il allait se souvenir. Il se le promet. Elle lui avait demandé, et il ferait en sorte que ça arrive, même s’il n’avait aucune idée de comment.
*
Dans les jours qui s’en suivent, il fit en sorte de se remettre physiquement en santé. Il laissa rapidement tomber de rester enfermer dans sa chambre, ça il savait que ça n’avait jamais été son truc, et il partait marcher avec la jeune femme, quand il arrivait à l’attraper. Il ne lui posa plus de question sur leur amour, ou leur baiser, ou même ce qui semblait lui faire du mal. Il ne voulait pas la blesser alors que toutes les nuits, il grimpait sur le toit et passait des heures à forcer son esprit à creuser dans la mélasse de ses souvenirs. Ce n’était pas possible ça. Il s’énerva plusieurs fois contre les étoiles, contre la lune et même contre la montagne. Avant qu’une idée, très conne, mais il n’a que six ans de réflexion, se fait dans son esprit. Il aimait cette femme. Eurydice. Il l’aimait et il le savait. Pas seulement cette version de lui-même qui n’avait que six ans… Il était certain que la version de dix-huit ans était éperdument amoureuse d’elle.
Mais il ne pouvait pas le prouver.
Il ne savait pas comment faire. Plusieurs fois, Sophia vient pour s’occuper de lui. Comme son bébé, disait-elle en rigolant, lui donnant des histoires du dehors. Elle lui raconta comment le monde changeait de couleur et faisait naître des poissons dans sa fenêtre, comment Sally avait eu la coquelicotique aïgue et avait été soigné en mangeant des œufs d’un oiseau rare, comment le fermier était en colère des loups garou qui venaient à la pleine lune entre autres histoires que le petit Douglas appréciait avec douceur… il savait être incapable de faire plus pour l’enfant que ce simulacre d’écoute « adulte ». Il essaya encore plusieurs fois de parler à son ange, mais elle était doué pour l’éviter, et jamais elle ne laissait une occasion comme la première journée de l’attraper dans un couloir pour lui demander de sortir ensemble se promener. Elle ne voulait pas de ce Douglas de six ans. Elle en voulait un autre.
Elle voulait celui qui avait encore la mémoire.
Alors il n’y avait qu’une solution pour retrouver la mémoire… mais il allait devoir faire ça sans l’aval de personne… mais il avait dix-huit ans, il n’avait plus besoin de demander à quiconque n’est-ce pas… Cela l’arrange de jongler entre les deux âges, il n’allait pas mentir. Surtout que la jeune femme, celle qui semblait le plus inquiet de son état, l’éviter… il pouvait le faire et revenir sans qu’elle ne remarque quoi que ce soit. Alors, un jour, il sortit pour jouer avec Sophia… Avant de la laisser à une personne qui n’était pas au courant de son état mais qui était ravi d’aider l’homme qui avait sauvé sa fille, deux étés plus tôt. Son plan était en marche.
*
Il ne rejoint pas la maison ce jour-là. Il ne remarqua même pas la calèche qui passa à côté, avec une femme en panique et un homme qui « jouait » le copain sans se rendre compte qu’il ne savait pas jouer la comédie. Douglas ne remarqua pas tout ça alors qu’il rejoint le bas de la montagne. Ses mains agrippèrent la paroi sans la moindre difficulté, il s’arrima à des points qu’il connaissait dans la roche, et il monta, monta, monta. Il pouvait toucher le ciel. Il eut un rire, qui se répercuta en écho dans la montagne comme s’il était le seul et unique maître des lieux. Il se sentit léger. Et son idée était d’autant plus imposante dans son esprit qu’il savait que ça allait fonctionner. Il remonte encore plus haut, arrivant sur une paroi plus abrupte encore. Il saute un passage, pose son pied sur un rebord qui lui servit d’appui pour un autre saut. Son corps se rappelait le passage. Il en était sûr. Son monde était en train de se remettre en place le chemin vers les souvenirs. Il le fallait. Il ne supportait pas de rester loin d’Eurydice. Elle l’évite et il devait faire tellement pour la voir, jusqu’à penser à passer par sa fenêtre pour la coincer dans ses bras. Il était un enfant de six ans en manque d’amour.. et il savait qu’il avait le droit de demander un câlin, et un baiser. Un autre.
La pensée du baiser lui fit louper son appui et un cri résonna encore, de douleur cette fois. Sa jambe venait de râper contre la roche, s’ouvrant sur une grande plaie rougissante. Pas grave. Il s’en fiche. Il avait un point à atteindre. Le graal se trouvait à plusieurs mètres au-dessus de sa tête. Un aigle s’approcha de lui et hurla dans le vent. Douglas sursauta et le regarda s’approcher en marchant sur les parois.
- Je ne veux pas de tes œufs, souffla-t-il.
Même si l’histoire de Sally qui se soigne de sa maladie imaginaire était noté dans son esprit, Douglas Berrygreen avait eu une idée plus expéditive encore… et bien plus dangereuse. Mais il n’avait que six ans… et il devait tenter le tout pour le tout.
De son côté, Hunter regarda par la fenêtre qui donner directement sur la paroi rocheuse. Il avait conscience de ne rien pouvoir faire de plus pour celle qu’il essayait d’amadouer « faussement ». Il avait essayé de contenir sa panique, sans comprendre. La seule chose qu’il savait été qu’elle œuvrait, comme la femme à la chevelure blanche, pour le bien de son ami. Il laissa son regard se porter sur une tâche, au loin. Douglas.
- En effet, bien trop tard. Il va mourir, énonça simplement Hunter comme s’il ne disait pas une chose lourde de sens.
Mais ses paroles avaient fait tourner la tête des deux jeunes femmes vers lui. Il pointa Douglas d’un doigt tendu. Le garçon était maintenant dos à la paroi, les deux mains écartés alors que son corps se levait et se baissait à un rythme rapide. Un aigle lui tournait autour prêt à prendre des bouts de lui. Il lança un bras pour le repousser alors qu’il perdit l’équilibre. Un juron passa, tout le monde pouvait le voir se former sur ses lèvres alors qu’il donna un nouveau coup « dans le vide » pour l’oiseau majestueux. L’aigle se mit plus loin, avant que Douglas ne se retourne à nous contre la paroi.
- C’est le moment de la ponte, les aigles n’aiment pas être embêter, Douglas le sait pourtant, remarque Hunter avant de remarquer qu’il était seul dans la pièce et que les deux femmes étaient déjà en train de sortir pour rejoindre la montagne.
Ce qui était inutile du point de vue de Hunter, il avait compris le plan de son ami avant même de le voir jouer avec l’aigle. Douglas monta encore deux grands mouvements avant de se tourner à nouveau. Il devait être sous le lac. Il allait sauter dans l’eau. La meilleure manière de tout remettre en place c’était d’avoir un nouveau choc équivalent ou supérieur… C’était comme ça qu’un ami a eu avait retrouvé la vue. Et ça, ça reste dans l’esprit. Hunter vit Douglas lâcher ses mains et un cri d’horreur de la part des femmes. Il devrait y aller, non ? Il demanda à faire le feu dans la chambre du maître. Et de prévoir de quoi se boucher les oreilles.
Douglas avait sauté. Il avait lâché ses mains. Et il avait prévu. Il allait faire en sorte de tomber « mal ». Il savait bien se jeter. Son frère le jetait souvent dans le lac derrière chez lui… ils avaient fait souvent des « plats » pour savoir qu’il ne valait mieux pas le faire. Et plus le saut venait de haut. Il sauta alors. Il entendit crier et vit Eurydice en train de courir vers lui avec une jeune femme de derrière les arbres. Parfait. Elle allait pouvoir le voir retrouver la mémoire. Le vide et la paix. Le fait de n’être plus relié à rien. Un saut dans le néant. Il était en paix pendant la musique que pris la chute avant qu’il ne rencontre un mur. Vue la hauteur de son saut et la vitesse de descente, l’eau était aussi dur que du béton, il sentit l’impacte contre son crâne… et le néant. Ah. Il n’avait pas pensé à ça. Il perdit connaissance en glissant au fond de l’eau.
Se fit comme un brouillard. Il sentit la douleur, puis le noir et l’eau qui s’inflitre en lui comme un vase qui avait des fissures, puis il se réveilla. Il était dans les bras de son ange. Eurydice. Elle et sa copine étaient trempées et peu vêtu. Au loin arriva un Hunter en marchant, il posa une serviette sur Helen, puis sur Eurydice, ce qui fit sourire de gratitude Douglas, avant qu’une autre serviette se porte sur lui. Il était sur les cuisses de son ange.
- Tu as nagé pour me sauver, remarqua-t-il avant de sourire de toutes ses dents, mon amour. Tu es revenu vers moi.