« -oh oui ! » avait répondu Abby en haussant les sourcils, hochant la tête. Oh que oui… et il fallait très vite qu’ils changent de sujet. Parce qu’elle se rendait compte qu’elle était restée sur un gout d’inachevé, ou de pas assez. « -ah voir qui gagne le pari maintenant ! » avait elle ajouté taquine. La regard dans le vague elle souffla : « -ouais c’est vrai… naturellement… » et surtout sans avoir bu une goutte d’alcool. Ça avait son importance. Il y avait une véritable attirance entre eux. C’était évident. Elle avait eut envie qu’il la soulève et qu’il la couche sur le lit… Enfin bref… Elle parla de sa mère, ça allait bien vite la clamer ça ! « -pour le moment ? Elle a pas prévu d’être moins chiante d’ici deux mois tu sais ! » s’amusa Abby. « -elle est pas horrible… je sais qu’elle veut bien faire et qu’elle se fait du souci pour moi. Elle est… envahissante. Et j’ai toujours l’impression d’avoir 15ans, de rien connaitre à la vie. Mais bon… je vais bientôt m’en coltiner 35, et je… » un haussement d’épaules. « -je sais qu’elle aurait voulu mieux pour moi. Qu’elle idéalise Josh. Qu’elle me tient comme fautive de la fin de notre relation. Mais elle… elle est pas au courant de tout. » oh non… si elle savait, peut-être qu’elle changerait d’avis. « -enfin… c’est compliqué de lui faire entendre raison, de se faire entendre tout court d’ailleurs. » elle grimaça : « -je sais… » et elle ajouta que s’il était là, elle pouvait peut-être avoir plus de force pour le faire. « -c’est vrai ? » s’étonna la blondinette. « -tu sais pas dans quoi tu t’engages. »

Les semaines avaient passé sans dérapage, sans gêne également. Ils passaient un peu plus de temps ensemble, surtout lorsque Kim et Chris étaient absent. Alors un café ensemble, juste le temps de faire une pause, c’était presque devenu normal. « -ba quoi ?! » il pouvait très bien avoir des amis ou je ne sais quoi d’autre. Surprise surprise ! C’était sa mère ! Abby avait parlé fort. Un peu comme pour laisser une chance à Seth de sauver sa peau. Contre toute attente, il vint serrer la main de sa mère et se présenta. « -oui… ba… ba voilà c’est ma mère. » bafouilla Abby encore un peu sous le choc de la visite. « -oui ! Oui, oui ! » elle se tourna vers sa mère et dit : « -installe toi dans le canapé, on arrive. » elle lui présenta les canapés un peu plus loin et rejoignit Seth en toute hâte. « -oh va s’y molo tu l’as connais pas encore, monsieur le fayot de service. Manque plus que le baise main ! » elle lui donna un coup de hanche pour prendre place devant la machine à café. « -ça va aller, retourne bosser. Si je fais le cri du hibou, c’est que je suis en train de craquer ! » elle grimaça : « -ou la mouette ? C’est plus reconnaissable la mouette ? Enfin c’est moins discrète. » elle lui sourit : « -ok j’arrête. Ça va aller ok ? ça reste ma mère, promis je l’égorge pas dans le salon. » Abby lui adressa un sourire complice avant de poser ses mains sur son torse et de le pousser légèrement : « -c’est bon va s’y. » ou elle n’aurait pas du faire ça… alors elle retira rapidement ses mains et appuya sur la machine à café.

Oui, l’issue de la soirée aurait pu être bien différente… Et maintenant, il ne restait plus que leur imagination pour fantasmer sur ce qu’aurait pu être cette nuit si Kim n’avait jamais frappé à la porte. Et la jeune femme avait raison en évoquant ce pari stupide qu’ils avaient fait à leur arrivée. Seth sentait que ses nuits allaient prendre une tournure différente, et que ses Démons ne seraient plus les seuls à venir lui rendre visite à la nuit tombée. La frustration de ne pas avoir pu poursuivre cette étreinte avait laissé des traces et il le sentait rien qu’en évoquant ce baiser échangé dans la chambre « Tu perdras avant moi » rétorqua-t-il alors avec une pointe de défi, tout en sachant pertinemment qu’il n’était pas à l’abri d’une défaite. Il fixa ensuite quelques instants Abigail quand elle reprit ses mots. Naturellement. Il n’était pas le seul que ça perturbait. Ils n’avaient pas consommé une goutte d’alcool et n’avait pas joué avec le feu durant des mois. Rien de tout cela. Seulement une attirance mutuelle et bien présente. Résister allait être difficile maintenant qu’ils savaient l’effet qu’ils avaient l’un sur l’autre. Enfin, Abigail trouva le sujet adéquate pour permettre à tout le monde de reprendre soudainement contenance. Elle voulait qu’il l’accompagne à un repas de famille. Pour le moment, comme il le lui confia, il n’avait pas envie de prendre ses jambes à son cou et sourit à sa remarque « Normalement, tu ne devrais pas me rassurer ? » répliqua-t-il sur un ton sceptique. « Et ça t’emmerde d’avoir ta mère sur le dos constamment et que tu aimerais être libre de tes faits et gestes ». Oui, il terminait sa phrase parce qu’ils avaient déjà abordé le sujet quelques jours après son arrivée dans la colocation. « Tu me vends un dîner de rêve Abigail » répliqua-t-il en prenant appui contre le dossier de la chaise. Il n’était pas certain de faire preuve d’une grande patience en présence de la mère de cette dernière, et apprendre qu’elle n’était pas le genre de femme à écouter, ça l’enchantait guère. Mais si ça pouvait permettre à la jeune femme de confronter sa mère, alors il acceptait la mission confiée. Sa mère était sûrement moins dangereuse que des talibans dans les rocheuses Afghanes. Il survivrait « Je prends le risque ».

Mais c’était avant de savoir que la mère de cette dernière débarquerait à l’improviste à l’appartement. Cela faisaient quelques jours qu’ils avaient eu cette conversation et ce dîner lui était presque sortie de la tête avec tout le travail qui l’accablait. Mais l’arrivée de la mère d’Abigail eut pour effet de lui rafraichir soudainement les souvenirs. Durant quelques secondes, Seth avait hésité à remonter en toute hâte jusqu’à sa chambre, mais il lui avait dit qu’il serait présent alors il vint à la rencontrer de la vieille femme, se présentant brièvement et retournèrent dans la cuisine pour préparer le café. Un froncement de sourcils en entendant les premières mots d’Abigail à son attention, et se mit à sourire « La baise, je préférerais que ça soit avec toi, et avec les mains » souffla-t-il, et désigna ensuite la mère de cette dernière « Je ne sais pas comment agir avec les gens, alors vaut mieux trop de politesse que pas assez ». Un petit sourire alors qu’Abigail le dégagea d’un coup de hanche, l’obligeant à se décaler légèrement pour boire son café et fronça un sourcil, soulevant l’autre, sceptique par la manière qu’avait Abigail de s’adresser à lui « Tu me fait peur » avoua-t-il et acquiesça « Si ça arrive, essaie de ne pas saloper le tapis s’il te plaît » et la fixa un instant lorsqu’elle posa ses mains sur son torse, et se recula pas après pas « Bien. Je suis à l’étage au cas où », et monta à l’étage sans mot dire. Il se remit au travail durant plus d’une demi-heure jusqu’à ce qu’une envie urgente d’uriner le stoppe dans ses recherches. Ce fut en revenant des toilettes qu’il marqua une pause près des marches, tendant l’oreille. La mère d’Abigail était revenue à la charge concernant sa vie sentimentale. Un soupir et un regard pour sa porte close donnant sur sa chambre. Il se décida à descendre les marches jusqu’au salon, et s’approcha d’Abigail, sa main dans son dos, il se pencha pour l’embrasser, et resta un instant interdit lorsqu’il se recula légèrement, son regard dans le sien. Le souvenir de leur dernier baiser lui revint en mémoire, mais ils n’étaient pas seuls. Il se redressa et croisa le regard de la vieille femme « Tout se passe bien ? », et se dirigea jusqu’à la cuisine pour se resservir un café.

« -et ba tu sais quoi, je suis pas certaine d’oser te contre dire. » et pas sur non plus que cela la gêne de perdre ce paris finalement. Au moins elle aurait la suite de ce qui aurait pu se passer. Seth avait accepté son invitation de merde. Le type aimait vraiment se coltiner les problèmes de la jolie blonde. Parce qu’il n’avait jamais vu sa mère, surtout pas en action. Mais Abby ne pensait pas que ça arriverait si tôt et surtout pas de cette façon-là. Nez à nez avec sa mère. Elle aurait pu prévenir. Un sms, un appel. Oui, enfin ça faisait des semaines qu’Abby évitait de répondre ou inventait des histoires pour ne pas la voir. Alors forcement en bonne mère intrusive qu’elle était, elle avait fait le déplacement. Ainsi elle pouvait également se rendre compte de l’appartement, des colocataires… et elle pourrait juger à sa convenance.

Seth n’avait pas prit ses jambes à son cou. Et pourtant il l’aimait cet escalier dont il remontait les marches deux à deux le plus rapidement possible, pour trouver refuge dans sa chambre. Mais non, il se présenta et salua la mère d’Abby. Abby qui accompagna son colocataire dans la cuisine pour servir du café. Abby ouvrit de grands yeux avant de se mettre à rire : « -Seth ! » elle ne l’avait pas vu venir celle-ci. « -je suis… » elle allait dire choqué mais forcement une connerie sortie plus rapidement de bouche : « -pourquoi tu fais comment sans les mains ? » avant de lui sourire. « -promis j’évite le tapis. » avait elle assuré avant de l’envoyer dans sa chambre. Elle allait survivre. Et sa mère aussi. Enfin… celle-ci ne mit pas très longtemps à lancer les sujets qui fâchent. Assise en face de sa mère, Abby pensa à ce qu’il avait dit à Seth. Au fait que sa présence pouvait l’aider à affronter sa mère. « -bon écoute maman. J’ai compris que tu appréciais pas cette histoire de colocation. Mais tu sais quoi, c’est pas mon problème. Je suis bien ici. L’appart est top, sans compter la terrasse. Je m’entends bien avec mes coloc et ça me fait du bien de voir du monde. Maintenant j’aimerais que tu arrêtes de critiquer mes choix. » la mère d’Abby resta muette quelques secondes, mais elle n’avait pas terminé. Alors elle lança le sujet célibat. Abby avait envie de se pendre.

« -maman… s’te plait… » commença Abby. Mais comment souvent, elle ne parvenait pas à en placer une. Visiblement, sa mère ne lui laisserait pas la chance de lui tenir tête une seconde fois. Elle adressa un léger sourire à Seth en le voyant s’approcher, alors qu’elle était morte de honte. Clairement elle était en train de se faire bouffer. Il se pencha, et il l’embrassa. Comme si c’était normal, ses lèvres avaient répondu. Elle eut du mal à revenir sur terre l’espace d’un instant. « -oui, très bien. » répondit Grâce en adressant un sourire à Seth. Un de ses sourires qui disaient tiens, je vais me pencher sur ton cas. « -Abby, tu m’avais pas dit… » La blondinette s’était pincée les lèvres en baissant légèrement la tête. « -et bien je… c’est assez récent… alors je voulais pas… » elle allait dire : te faire de faux espoir, mais finalement elle jeta un regard en direction de Seth et se ravisa : « -je voulais pas que tu t’en mêles. » voilà ça c’était dit. « -j’ai passé l’âge d’avoir droit à ta morale ou tes conseils qui n’en sont pas. » elle ajouta pour conclure : « -et par-dessus tout, je ne voulais surtout pas que compare Seth à Josh. D’ailleurs, je veux plus jamais que tu me parles de lui. Parce que c’était un connard et que finalement, il m’a rendu service en me quittant. Il faut t’y faire. Maintenant j’avance et voilà… » Grâce semblait sous le choc. « -et je pense que tu devrais y aller. » ajouta encore Abby. Elle raccompagna sa mère jusqu’à la porte et lorsqu’elle fut enfin refermée, elle se colla contre et poussa un long soupire de bien-être. Une sorte de soulagement incroyable venait de l’envahir.

Seth ne s’était pas attendu à l’arrivée inopinée de la mère de sa colocataire en cette fin de journée. Lui qui aspirait à une soirée dès plus tranquille, il s’était fourvoyé. Pourtant, au lieu de prendre ses jambes à son cou et remonter en toute hâte jusqu’à sa chambre, il alla à sa rencontre pour se présenter comme une personne civilisée. Mais à son retour en cuisine en compagnie d’Abigail, il prit conscience qu’il ne s’était pas réellement mesuré dans l’usage des politesses, alors il y remédia en renchérissant sur les mots employés par la jeune femme de manière quelque peu vulgaire. Cela eut l’effet escompté lorsqu’il entendit rire cette dernière. À la manière de prononcer son nom, lui aussi ne put retenir un petit rire discret et voilà qu’elle en bafouillait presque « Toute émoustillée ? Interloquée ? », mais ce fut à son tour de hausser les sourcils de surprise face à la question pour le moins surprenante d’Abigail, et répondit par un regard qui en disait long et un sourire en coin, préférant rebondir sur un autre sujet en lui demandant de porter une attention toute particulière au tapis en cas d’homicide. Sur ces mots, Seth retourna dans son antre sans prononcer le moindre mot à l’attention de la vieille femme, comme à son habitude. Sans une envie urgente d’urine, Seth n’aurait jamais su que la jeune femme était restée presque muette face aux reproches à peine dissimulée de sa mère. Il tendit alors une oreille indiscrète en direction du salon, et décida que la mascarade n’allait pas durer davantage. La jeune femme n’avait pas à subir les remarques de sa mère sur sa vie sentimentale. C’étaient pour ces raisons là que sa colocataire ne parvenait pas à se percevoir autrement que comme une femme nulle et pathétique, pour reprendre ces mots prononcés quelques jours auparavant.

C’était peut-être complètement aberrant comme réaction, mais Seth dévala les marches qui le séparait du salon et se dirigea en direction de la jeune femme assise sur le canapé, et déposa ses lèvres sur les siennes. Il ne resta pas insensible au goût de ses lèvres, mais ils n’étaient pas seuls et reprit rapidement contenance après un regard échangé avec Abigail. Un sourire à l’attention de la vieille femme et se dirigea jusqu’à la cuisine pour se servir un café sans pour autant détourner son attention des deux femmes. Il ne voulait plus entendre Grace juger ainsi la manière dont elle menait son existence. Elle devait se sentir libre de ses choix. En la voyant tourner la tête en sa direction, le trentenaire lui adressa un tendre sourire suivit d’un clin d’œil, la laissant poursuivre sans intervenir. Une espèce de fierté l’envahit alors qu’il entendit la jolie blonde tenir tête à celle qui l’avait mise au monde, la poussant presque dehors à l’issue de son monologue. L’agent de la CIA, qui n’avait pas quitté la cuisine, se mit à sourire toute contre sa tasse et lorsque la porte fut fermée, les laissant enfin seuls de nouveau, le trentenaire se mit à grimper les marches, comme si sa mission était accomplie et qu’il pouvait retourner à ses occupations, mais arrêta son ascension au milieu des marches, se penchant pour croiser le regard de la jeune femme « Je suis fier de toi Abigail, et tu peux l’être aussi », puis grimpa une marche avant de se reculer « Tu embrasses toujours aussi bien. Je tenais à que tu le saches » et lui fit un clin d’œil avant de porter sa tasse à café à ses lèvres tout en remontant les marches, retournant dans sa chambre. Il avait encore du travail.

Abby referma la porte derrière sa mère et colla son dos contre. Wahou ! Elle venait de le faire ! Elle avait tenu tête à sa mère ! Elle n’en revenait pas ! Pourtant, elle lui avait répondu, elle s’était affirmée et en plus elle venait de la mettre à la porte ! En revenant vers la cuisine, elle avait un immense sourire aux lèvres. Elle regarda Seth. Heureusement qu’il était dans les escaliers. Parce que sur ce moment d’euphorie, elle aurait été capable de lui sauter au cou et ça aurait été un nouveau déclencheur. Alors oui, c’était mieux qu’il prenne de la distance tout de suite. Elle glissa ses deux mains derrière sa nuque, et lui sourit un peu plus encore : « -t’as vu ça un peu ! » ouais, elle était plutôt fière d’elle. Même si c’était sa mère et que c’était possible qu’elle culpabilise un peu d’ici quelques heures. Il n’en restait pas moins qu’elle était contente d’avoir osé s’exprimer vraiment pour une fois. Un rire joyeux lorsqu’il parla du baiser, avant de le regarder regagner sa chambre. Le soir venu, elle frappa à la porte de Seth. Lorsqu’il ouvrit, elle lui dit : « -merci pour tout à l’heure. » un sourire suivit d’un : « -bonne nuit. Bosse pas trop tard. » avant de rejoindre sa propre chambre.

Deux semaines plus tard, Abby était dans la salle commune. Elle portait pour uniquement vêtement un haut de maillot de bain et un short. Le plus petit qu’elle avait trouvé. Il faisait une chaleur à mourir dans l’appartement. Dans les chambres c’était encore pire. Heureusement, Kim était absente jusqu’à ce soir, et Chris n’était pas là en journée. Elle avait vu avec Seth, ils partageaient le salon, histoire de pouvoir se partager le ventilateur et un peu de fraicheur. Les deux pieds sur une chaise, à moitié allongée, elle avait la tête en arrière : « -là j’ai chaud… là ça va… là j’ai chaud… là ça va… » elle n’en pouvait plus. Elle bossait sur les mises à jours des part feu d’un de ses clients et ça ramait ! Elle devait attendre. Seulement attendre. Et elle se faisait chier à mourir ! Alors au bout d’un moment, elle décida d’aller emmerder Seth à l’étage. Il n’avait pas voulu rester avec elle, soit disant il avait du mal à se concentrer. Elle voyait pas pourquoi. Sans frapper elle ouvrit la porte : « -un café frappé ça te dit ? On peut essayer non ? Je suis sur que je peux faire ça ! » elle lui fit un clin d’œil redescendit l’escalier en toute hâte sans avoir refermé la porte.

Contre toute attente, Abigail était parvenue à tenir tête à sa mère devant le regard fier de celui qui était devenu son petit-ami pour cette dernière, l’espace de quelques minutes. Alors, lorsqu’il monta les marches, il lui confia cette fierté qu’il éprouvait pour elle, parce que c’était la vérité et que c’était ce qu’il ressentait en cet instant. « Une étape de franchi ! » répliqua-t-il avant de reprendre son ascension des marches, mais s’arrêta sur la marche suivante pour seulement complimenter le baiser qu’elle lui avait rendu, puis avait disparu dans sa chambre le reste de la journée. Il avait presque perdu la notion du temps jusqu’à ce qu’Abigail ne vienne frapper à sa porte. Un coup d’œil à l’heure, il était tard. Seth se leva de son siège pour venir ouvrir et sourit avec douceur « Je t’avais dit que je serais présent. Je n’ai pas menti » et ajouta « Bonne nuit à toi aussi… » tout en la suivant du regard jusqu’à ce qu’elle s’éloigne, et referma lentement la porte, toujours ce sourire sur les lèvres. Il jeta un coup d’œil à son ordinateur portable qu’il ferma. Elle avait raison, il devait dormir. Il rejoignit alors les bras de Morphée, profitant de la fraicheur qu’offrait exceptionnellement cette nuit d’été. Il ne pouvait en dire de même deux semaines plus tard alors que le mercure atteignait des sommets. L’un des étés les plus chauds que New York avait connu. C’était ainsi que le journaliste avait décrit la chaleur de ces derniers jours. Quelle perspicacité !

Seth n’avait eu d’autres choix que d’opter pour un débardeur qui lui collait à la peau sous la chaleur et un short pour maintenir un minimum de tenue alors qu’il partageait le salon avec Abigail, profitant ainsi du ventilateur tour à tour. Mais c’était sans compter la tenue affriolante qu’elle portait, et qui déconcentrait Seth en plus de croître sa température corporelle. Sa poitrine enfermée dans ce si petit bikini, et ce ventre nue humide de sueur, sans parler de ses jambes interminables. Le trentenaire avait fini par abdiquer, préférant remonter dans la fournaise qu’était sa chambre, plutôt que d’affronter le corps presque nu de sa colocataire. Il devait maintenir ses distances pour ne pas succomber, mais elle ne faisait preuve d’aucune sollicitude à son égard en se pavanant ainsi dans cette tenue… Et voilà qu’elle entra dans sa chambre sans frapper, l’obligeant à verrouiller rapidement son écran « Qu’est-ce que je t’ai déjà dit Abigail sur ta manière d’entrer dans ma chambre ?! », et se concentra sur ce qu’elle disait, ou tenter tout du moins « Essayer quoi ? » demanda-t-il alors qu’il n’avait pas entendu le début « Faire quoi ? » et voilà que son esprit malmené se plaisait à imaginer le corps d’Abigail sur le sien, l’embrassant avec envie. Il se passa une main sur le visage et se redressa, comme si se lever de son siège allait alimenter correctement son cerveau en oxygène « Je te suis » alors qu’il avait enfin comprit qu’elle parlait de boisson rafraichissante. Il descendit donc avec cette dernière à l’étage inférieur, se calant contre l’établi à proximité sans trop l’être, son regard glissant sur la silhouette d’Abigail, avant de se baffer mentalement face à ses pensées peu catholiques « Tu n’avais pas plus de tissu à mettre ? » finit-il par demander.

Abby n’en pouvait plus d’attendre cette mise à jour. C’était trop long ! Et il faisait trop chaud ! Et elle s’ennuyait trop ! Du coup, elle ne pensait qu’à la chaleur et ça n’aidait pas. Seth avait déserté les communs, elle avait trouvé ça débile vu qu’elle n’était pas en ligne et qu’elle ne parlait pas ! Pour une fois qu’elle travaillait en mode silence, il préférait s’enfermer dans sa chambre. Au bout d’un moment, ne tenant plus, elle décida d’aller le chercher. Elle avait besoin de distraction et lui d’une pause. « -quoi ?! Je suis venue vérifié si tu étais toujours en vie dans ton étuve là ! » râla la jeune femme. Oui, d’accord elle n’avait pas frappé. « -pourquoi t’étais en train de faire quoi ? » demanda la petite blonde en plissant les yeux, sourire taquin sur les lèvres. Il avait très bien compris de quoi elle parlait. « -ouais bon sort de là, ton cerveau oxygène plus là ! » il semblait avoir du mal à capté ce qu’elle venait de dire. Un café frappé c’était pas compliqué comme mot non ?

La jeune femme redescendit rapidement à la cuisine. On notait une légère variation de température. Légère. Elle mit la machine à café en route, puis plongea le nez dans le congelo. « -ahhh… » soupira la blondinette avant de prendre la glace à la vanille. « -ça va pas non ! Je meurs déjà de chaud comme ça alors non ! » répliqua Abby avant de le pousser pour prendre une cuillère de le tiroir qui se trouvait derrière ses fesses. Puis d’un coup elle capta : « -ça te gêne ? Enfin je veux dire… » puis elle se mit à rire : « -il fait bien trop chaud pour avoir ce genre d’idée non ? » s’envoyer en l’air avec une telle chaleur. Ils allaient rester coller l’un à l’autre ! Elle lança le café, et commença à préparer ce dont elle avait besoin. « -en vrai, je mets un t-shirt, je te fais un concours de t-shirt mouillé ! J’en peux plus de cette chaleur. Je sais pas comment tu tiens là-haut. On devrait dormir sur le terrasse ce soir non ? » elle ajouta : « -enfin de façon séparé bien sûr ! » pour se foutre de sa gueule.

Elle vida le café dans le blender, ajouta la glace, plissa les yeux parce que ça en avait mit de partout. Puis elle dit : « -on devrait… » le bruit du blender masqua la suite de sa phrase : « -ensemble. » elle ajouta un peu de cacao et reprit : « -parce que franchement… - blender – bonne idée non ? » elle parlait d’acheter un autre ventilateur. Jusqu’à présent, ils avaient joué les radins, en se disant : on va en acheter un et il va se mettre à pleuvoir. Mais les températures ne cessaient de monter. L’air était chaud et un peu de courant d’air en plus étaient les bienvenu. « -voilà ! » chantonna Abby qui venait de verser les deux cafés frappés dans des tasses. Elle mit son index à sa bouche parce qu’elle en avait fait coulé à côté, puis tendit sa tasse à Seth. « -je sais pas ce que ça vaut, c’est une impro. »

La chaleur de sa chambre était étouffante malgré les tentatives vaines de parvenir à créer un semblant de vent avec la fenêtre ou encore la couverture rigide d’un dossier qu’il secouait à proximité de son visage. Seth suait rien qu’à être assis derrière son ordinateur, mais il ne pouvait s’en prendre qu’à soi-même. La tenue légère et affriolante de la jeune femme installée au salon, face au ventilateur, l’empêchait de se concentrer correctement. Il ne cessait de se remémorer ce baiser qu’ils avaient échangé, de ce désir qui lui avait brûlé les reins, et de ce fantasme qu’elle était devenue à compter de ce soir-là. Comme certains désiraient connaître la suite d’un film ou d’un bon bouquin, Seth souhaitait connaître la sensation de son corps contre celui de sa colocataire. Alors oui, le choix le plus judicieux était de rester enfermé dans sa chambre jusqu’à la fin de cette canicule improbable. Enfin, c’était sans compter la visite intempestive d’Abigail qui ne prit pas la peine de frapper à sa porte. Et comme à chaque fois que cela se produisait, il la reprenait sur son comportement à la limite de l’ingérence dans sa vie privée « Tu l’aurais su en frappant également » puis fronça les sourcils en ne comprenant pas immédiatement ce qu’elle sous-entendait, avant de faire un signe vigoureux de la tête lorsqu’il comprit les raisons de son air suspicieux « Je ne regardais pas un porno ! » et posa sa main sur l’ordinateur « Je travaillais seulement ». Puis son regard glissa sur la silhouette à peine couverte d’Abigail qui évoqua la réelle raison de sa venue ici, mais il n’écoutait plus réellement. Il finit par relever son regard à hauteur de son visage et acquiesça, la suivant hors de sa chambre. Il eut presque la sensation que le reste de l’appartement était étonnamment frais, mais cette impression fut de courte durée lorsqu’il s’habitua à la chaleur des autres pièces.

Le dos contre l’établi de la cuisine, les mains posées sur le meuble derrière lui, il profita de la vue que lui offrit Abigail avant de se baffer mentalement de la regarder ainsi, et détourna le regard tout en signalant à cette dernière qu’elle avait aussi la possibilité d’enfiler plus de tissus. En entendant sa question, Seth croisa les bras sur son torse, murmura pour lui-même « Moi aussi… », mais pas uniquement pour les mêmes raisons que cette dernière. Il se décala à sa demande silencieuse, osant un nouveau regard sur ses jambes interminables, puis croisa les prunelles claires d’Abigail « Non, ça me … Aaah ! Laisse tomber », mais elle comprit bien vite ce qu’il voulait dire « Ça dépend de l’endroit ». Sous une douche par exemple. Seth ferma les yeux avec force, se refusant de penser à la jeune femme de la sorte, et rouvrit les paupières pour regarder la jeune femme préparer son café frappé « On va dire que je n’ai pas d’autres choix qui s’offrent à moi ». Soit il travaillait dans le salon à ses côtés, mais se retrouvait à fantasmer sur son corps aux formes parfaites sur le sien, soit il s’enfermait dans la four qu’était actuellement sa chambre et il parvenait à travailler un tant soit peu. Il pencha la tête en affichant une légère moue alors qu’elle se moquait de lui « Je ne suis pas non plus un animal en rut, je sais me tenir. Mais oui, l’idée est plaisante ». En fait, elle était même plus que séduisante.

Seth parvint finalement à se concentrer sur la préparation de la jeune femme, non sans quelques regards pour ses fesses à peine couverte par son jean, sans parler de son dos nu. Bon, peut-être qu’il n’était pas si concentré que cela. Pourtant il fournissait les efforts nécessaires, mais Abigail n’était pas particulièrement d’une grande aide non plus, et d’autant moins qu’elle proposa l’idée, peut-être saugrenue, d’avoir une aventure avec lui. « Je croyais que tu voulais attendre, et que les aventures d’un soir ne t’intéressaient pas » ou avait-il mal compris le message de la fois dernière sur la terrasse. Un regard pour la boisson qu’elle faisait couler dans la tasse, et se saisit de celle qu’elle lui tendit avant de le porter à ses lèvres avec une once d’hésitation, mais fut surprit du goût « Hum… C’est bon ! Où as-tu appris à faire ça ?! ».

« -roh ça va, c’est pas si grave que ça ! » avait dédramatiser Abby, même si elle imaginait très mal Seth regarder ce genre de vidéo. Elle n'y avait pas songé à dire vrai. Mais bon, chacun avait des besoins et parfois les combler en solitaire faisait du bien tout simplement. Enfin, c’était amusant de voir Seth réagir ainsi. « -tu fais que ça, à longueur de temps ! » renchérit Abby avait de foncer à la cuisine. Café frappé ! Abby était dans son petit délire, et comme bien souvent, elle répondait de façon détaché ou à côté de la plaque. « -pourquoi ?! » demanda la jeune femme alors qu’il voulait qu’elle laisse tomber. Et puis elle capta. « -je vois que tu travaillais beaucoup là haut pour avoir de telles idées. » elle se foutait de lui. « -pourquoi ? Je bosse sans faire de bruit ! Je vois pas en quoi je te gêne. Je peux me mettre dans le canapé sinon, tu gardes la parti salle à manger. Chacun dans son coin et les moutons seront bien gardé. » dans l’esprit d’Abby l’envie soudaine qu’ils avaient eut l’un de l’autre était un moment d’égarement. Surtout pour Seth. Il m’avait dit haut et fort, il n’était pas intéressé. Logiquement Abby en avait également conclue que physiquement elle n’était pas son type. « -ah bah tu vois quand tu veux ! » Voila ! C’était validé, nuit sur la terrasse.

Elle poursuivit la conversation tout en cachant la moitié de ses phrase avec le blinder. Elle pensait Seth suffisamment proche pour entendre ce qu'elle racontait au sujet d’un nouveau ventilo. En versant les frappés, elle fronça les sourcils. « -ça peut aussi être une aventure de plusieurs soirs. Mais pourquoi tu le demande ça ? Je te parle du ventilo ». Elle lui cala sa tasse entre les mains et dit : « -on dirait que ça t’étonne toujours de pas crever juste après avoir avalé ma cuisine. Mais je cuisine bien tu sais ! » Elle fit tinter sa tasse contre celles de Seth, prit une gorgée avant de retourner voir son pc. « -je vais le remonter, je crois qu’il en a pour la nuit. » elle avait assez bosser comme ça. Et Seth aussi. Elle grimpa les marches et lorsqu’elle revint, elle portait une gros menteau d’hier et une échappe. « -ça va mieux comme ça ? » Demanda la jeune femme en descendant les escaliers tel un mannequin. Elle pouffa de rire et retira bien vite le tout. « -impossible ! » Elle allait tourner de l’œil. Mais en dessous elle avait tout de même enfilé un débardeur. Visiblement ça gênait Seth alors, elle faisait un effort. Elle reprit sa tasse et dit : « -et donc t’as vraiment cru que je te disais que ça serait bien qu’on couche ensemble ? » Elle me regardant avec son sourire en coin.

Un regard noir pour seule réponse alors qu’Abigail tentait de dédramatiser la situation. Seth n’était pas un adepte de la pornographie, et même si c’était le cas, il n’avait pas le temps pour cela. Il travaillait, comme il tint à le souligner à la jeune femme qui marqua à un point. Il ne faisait que cela. Toute sa vie tournait autour de la CIA et des missions confiées, jusqu’au jour où il ne reviendrait pas vivant de l’une d’elle « Et ça semble te déranger » souligna-t-il avant de suivre Abigail jusqu’à la cuisine. Une pause lui ferait le plus grand bien, même s’il constata bien vite que ses quelques heures passées dans la chaleur étouffante de sa chambre n’avait pas eu le moindre effet sur l’envie qu’il éprouvait pour Abigail. Il avait bien évidemment penser à elle ces dernières semaines, depuis ce baiser qu’ils avaient échangé, mais ça ne l’avait jamais hanté comme aujourd’hui. Était-ce la tenue légère qu’elle portait, cette chaleur éprouvante ou ces quelques mois passés sans avoir connu les caresses d’une femme, mais Seth était plus particulièrement perturbée par la présence de la jolie blonde à ses côtés. Toutefois, Seth était incapable de l’avouer à voix haute lorsqu’elle l’interrogea sur son envie qu’elle se vêtisse davantage. Enfin, elle ne rencontra aucune difficulté à comprendre par la suite, et lui lança un regard noir alors qu’Abigail semblait prendre un malin plaisir à se moquer de lui « J’essayais de travailler pour t’oublier » avoua-t-il avant de fermer les yeux, se baffant mentalement de faire preuve d’autant de franchise. Ce n’était pas toujours nécessaire d’être si honnête. « C’est ta tenue… Elle ne laisse pas vraiment place à l’imagination, et ça me fait remémorer ce baiser… » et son esprit faisait le reste. Finalement, une nuit à la fraicheur de la nuit sur la terrasse ne serait pas une mauvaise idée. Un nouveau regard noir à l’attention d’Abigail.

Alors que Seth tentait de maintenir son regard à une hauteur respectable, voilà que la jeune femme lui proposait de tenter l’aventure, rien que tous les deux. Il fut quelque peu déstabilisé. Son discours en cet instant était bien différent de celui qu’elle avait tenu quelques semaines plus tôt et voilà qu’elle évoquait une aventure de plusieurs soirs… Seth déglutit avec difficulté tout en observant le corps presque nu de la jeune femme avant de froncer les sourcils « De quoi ?! ». Comment ça elle parlait de ventilateurs ?! Il prit une gorgée du café frappé qu’elle lui tendit et fut surprit du goût. Agréablement surpris et sourit à l’attention d’Abigail « Je te complimentais seulement, tu sais » et reprit une gorgée avec gourmandise. C’était vraiment agréable à déguster, puis observa la jeune femme s’éloigner. Cette manière de se pencher pour attraper son ordinateur sur le canapé. Il ferma les yeux avec force, tentant de se raisonner, la laissant s’éloigner en attendant. Au bout de quelques minutes, en entendant la voix d’Abigail, le trentenaire se retourna en sa direction et simula un rire « Très drôle ! Je suis mort de rire ! » tout en découpant les derniers mots. Elle l’épuisait parfois ! Pour autant, il l’observa retirer l’épais manteau et l’écharpe pour laisser apparaître un débardeur. Il souffla alors un « merci » pour cette intention à son encontre « Vas-y ! Fous toi de ma gueule ! » et termina sa tasse avant de la laver, attrapant le blinder pour en faire de même et jeta de l’eau sur Abigail « Arrête de te moquer ! », et s’essuya vulgairement les mains avec le torchon tout en répondant, son dos contre l’évier « Oui, je l’ai vraiment cru. Tu es contente ?! » et posa le torchon sur le rebord de l’évier et se saisit du bas de son débardeur pour s’essuyer le visage, laissant apparaître son torse à la vue de la jeune femme « Je n’en peux plus de cette chaleur » et ajouta « Je suis désolé de t’imposer une autre épaisseur de tissu, tout ça parce que j’ai soudainement envie de toi » tout en enfouissant son visage entre ses mains, s’en voulant réellement.