D’ordinaire Abby n’était pas méchante. Mais là, la situation devenait vraiment chiante. En faite elle était frustrée. Tout simplement. Et pas seulement parce qu’ils venaient de passer à deux doigts de s’envoyer en l’air ! Elle en avait marre de voir Tom à longueur de temps et que ça soit lui qui occupe tout le temps de Seth. Elle avait trop prit l’habitude de leur petits moments rien qu’à deux. Leur discussion lui manquait. Il lui manquait. C’était un peu comme si Seth l’oubliait et… et c’était quelque peu douloureux. « -je m’en fou. » avait elle râlé pourtant en lançant un regard noir à Seth qui prenait la défense de Tom. Assise sur le rebord du lit, elle soupira en le voyant remettre ses vêtements. « -je sais… » souffla Abby qui s’en voulu directement de lui faire porter la responsabilité de la situation. Puis elle fronça les sourcils et tourna la tête pour regarder Seth. « -qu’est ce que tu racontes ? » demanda Abby alors que les mots de Seth faisaient son chemin dans sa tête. Elle le retint par la main lorsqu’il se leva avec son idée de rejoindre l’escalier de secours. « -attends… » souffla Abby en lâchant la main de Seth. « -c’était quoi ça ? » oui, elle voulait savoir. « -je sais que je lui parle mal. Mais… mais il me tape sur les nerfs. » et non, elle n’allait pas dire à voix haute qu’il lui manquait. « -c’est juste que… tu peux me dire combien de temps on a passé ensemble, juste toi et moi depuis qu’il est là ? » elle s’en foutait de la réponse exacte. Trop peu ! « -je crois que je m’étais trop habituée à prendre un café avec toi en milieu d’après midi ou… tu viens même plus courir ! » elle voulait qu’il fasse le constat par lui-même. Il avait changé de comportement depuis l’arrivé de Tom. « -j’irai lui présenter des excuses. » finit elle par lâcher avant d’ouvrir son pc. « -fermes la porte en sortant s’il te plait. » elle avait du travail.

Elle avait furieusement envie d’un café. Mais rien qu’en sachant Tom en bas dans la cuisine, elle se concentra sur ce qu’elle avait à faire. Au bout d’une demi-heure, elle se décida tout de même. Elle n’arrivait pas à bosser. Lorsqu’elle descendit dans la cuisine pour trouver un appartement totalement vide, elle soupira. « -ok… » souffla Abby pour elle-même. Encore une fois, elle se retrouvait seule… Elle s’accrochait à quoi au juste ? Seth était un solitaire. Et elle… et bien elle devait avancer. Ce n’était pas en s’embourbant dans une telle relation que ça irait mieux. Un nouveau soupire derrière sa tasse de café fumante. Kim rentra à ce moment là et Abby demanda après les banalités d’usage : « -on sort boire un verre ce soir ? » elle avait besoin de sortir d’ici et de penser à autre chose. « -un truc tranquille, entre nana. » oui, elle n’avait pas non plus envie de se lancer dans une soirée de drague débile. Kim accepta et une heure plus tard, Abby descendait de sa chambre, habillée pour la soirée. Elle croisa Tom dans le salon : « -hey… excuses moi pour tout à l’heure. Je suis un peu à cran en ce moment à cause du boulot. » il hocha la tête en lui souriant. « -c’est rien t’en fait pas. »

Abigail ne s’en rendait peut-être compte, mais elle adoptait peu à peu le comportement du trentenaire qui le constata lors de son échange avec Tom. Pendant quelques secondes, il avait eu la sensation de s’entendre parler, et elle le lui prouva une fois encore alors qu’il tentait de justifier le comportement de son collègue. Elle s’en foutait. C’étaient ses mots. Il l’avait alors fixé quelques secondes sans mot dire, et décida qu’il était temps pour lui de se revêtir. L’effervescence du moment était passé de toute manière. Tout en terminant de remettre son jean, Seth lui rappela que son opinion n’avait pas été la seule à être prise en compte au moment de décider de qui serait le nouveau colocataire. De toute manière, le trentenaire avait l’impression que cette histoire n’aurait pas une issue favorable. En tout cas pour eux deux. « C’est seulement que la seule personne avec qui tu as agis de la sorte avant aujourd’hui, c’était moi. C’est ce qui nous a rapproché, et je me dis que tu finiras peut-être par te rapprocher de lui à l’issue également ». Il émit un petit rire nerveux tout en précisant « Tu avais peur que je partage la même relation si c’était une femme qui venait remplacer Chris. Je n’ai pas envisagé que le cas contraire se produise ». Il avait été naïf sur ce coup, et maintenant, c’était trop tard pour faire machine arrière. Un regard pour la main qu’Abigail venait de poser sur son poignet pour le retenir à elle. Il la laissa parler, exprimer ce qu’elle reprochait à Tom, et surtout les conséquences que sa venue avait engendré sur leur relation « Je sais ». Pour autant, ils devaient se montrer discret. Ils étaient parvenus à éveiller les soupçons de Kim qui était absence une bonne partie de l’année, alors il n’avait aucun doute que Thomas mettrait bien moins de temps à réagir. Un hochement de tête quand elle lui fit part de sa décision concernant leur nouveau colocataire et referma la porte derrière lui à sa demande.

Et voilà qu’il se retrouvait à marcher aux côtés de Thomas dans les rues de New York après leur altercation au sujet de la jolie blonde. « Tu es amoureux d’elle ? » avait finit par demander l’analyste à l’agent de terrain « Je tiens à elle ». Thomas l’observa quelques secondes alors que son ami fixait l’horizon comme s’il était seul en cet instant à arpenter le trottoir de la 5ème avenue « Tu sais que si l’agence l’apprend, ils te renverront à Washington et affecteront un nouvel agent sur la mission. Après l’affaire d’Inaya, ils ne te font plus confiance Seth… ». L’intéressé resta impassible face aux mots de ce dernier. Il le savait tout ça. Il savait que cette mission à New York avait la saveur de la dernière chance. Le Yémen avait été un fiasco qui avait coûté la vie au frère d’Inaya et qui aurait bien pu lui coûter la sienne, ainsi que celles des hommes qui l’avait accompagné là-bas. En se montrant imprudent, en se prenant cette balle, Seth savait qu’il avait raté son galop d’essai. S’il ratait également cette mission, il resterait cloitrait dans un bureau de 6m² jusqu’à la fin de sa carrière. « Je n’ai pas choisi d’aimer Inaya… Ça nous ai tombé dessus » « Et toute cette affaire t’a foutu en l’air. Tu es devenue une véritable tête de con. Qu’est-ce qui se passera s’il arrive la même chose à ta jolie copine ? ». Un soupir s’échappa des lèvres du trentenaire « Je… Je ne sais pas ». La main de Tom se posa à hauteur de la nuque de son collègue, comme signe de soutien. « Tu es dans de beaux draps mon salaud ». C’était le moins que l’on puisse dire. Ils finirent cette excursion dans les rues de la Grosse Pomme en silence et en rentrant, Seth constata que la tenue des deux femmes avaient soudainement changé. Silencieux, il laissa Abigail présenter ses excuses à Tom qui les accepta volontiers, et échangea un regard avec le trentenaire derrière lui avant de s’éclipser. L’agent de terrain laissa son regard glisser sur sa silhouette affriolante, et profitant de l’absence de Kim, souffla un « Tu es très jolie », puis demanda « Vous sortez toutes les deux ? ».

« -non mais t’entends ? » avait elle répliqué en plissant les yeux. « -je ne vais pas me rapprocher de Tom. J’en ai pas envi et je vois même pas pourquoi je le ferais. » il avait peur de quoi exactement ? Qu’elle décide de changer de partenaire de relation bancale et merdique ? « -woh ! Stop ! C’est moi la romancière ici. Donc tu arrêtes de te faire des films. Je lui parle mal parce que depuis qu’il est là, y’a plus de place pour moi. » pour nous mais elle ne le dit pas. Elle avait presque la sensation qu’il était en train de lui faire une sorte de crise de jalousie silencieuse. Mais c’était pas elle qui passait son temps avec Tom ! Elle essaya de lui faire ouvrir les yeux. Sa réponse fut simple. Il savait. Abby eut mal d’entendre ça. Cela voulait dire qu’il était complètement conscient de ce qui se passait, de la distance, des silences, de l’absence. Est-ce que c’était la fin ? Est-ce que c’était ce qu’il voulait finalement et qu’il n’osait pas lui dire ? Peut-être que sans sexe, finalement il n’en avait rien à faire d’elle… Penser cela lui fit d’autant plus mal.

Un pincement au cœur supplémentaire lorsqu’elle fit le triste constat d’être à nouveau seule à l’appartement. Alors elle se mit à se poser des questions. Les bonnes questions sans doute. Est-ce qu’il fallait continuer ainsi ? Elle allait souffrir à la sortie, c’était certain. Prendre de la distance. C’était ce que Seth faisait. Alors elle devait peut-être arrêter d’espérer avoir une petite place dans son emploi du temps. Kim trouva qu’elle avait une sale tête. Abby lui confia qu’elle se prenait la tête sur un dossier pour le boulot. Hors de question qu’elle parle de Seth ou encore de Tom. Elle lui présenta d’ailleurs des excuses, comme elle l’avait prévu. Mettant ses sautes d’humeurs sur le compte du travail. Ensuite elle récupéra son sac et sa veste. Elle vérifia avoir son porte feuille et son portable, avant de se redresser en entendant Seth juste à côté d’elle. Abby ne releva pas le compliment. Elle lui en voulait. Parce que tout cela était en train de le faire passer de la colère et la frustration, à une sorte de tristesse. « -oui. » répondit Abby avec un léger sourire triste. « -j’ai besoin de sortir d’ici. » ajouta la jeune femme avant que Kim n’arrive et ne l’entraine par le bras. Elle ne se retourna pas pour souhaiter une bonne soirée à Seth. C’était inutile. S’il ne faisait pas d’effort pour qu’ils gardent ce qu’ils avaient, elle n’en ferait pas non plus. Parce qu’elle s’était jurée d’aller mieux, de reprendre sa vie en main et d’avancer. Il l’avait dit depuis le début de toute manière, ça ne serait pas avec lui.

Elles furent sages, passant la soirée à siroter quelques cocktails tout en discutant. Principalement du métier de Kim, de ses voyages. Histoire de changer les idées d’Abby, de la faire rêver d’ailleurs. Elles abordèrent également le fait que Kim avait de plus en plus envie de trouver quelqu’un pour partager sa vie. Sérieusement. Un dernier câlin de copine dans le couloir menant aux chambre. Elles avaient passé une belle soirée. Sans excès, sans drague, sans prise de tête. Abby ne chercha à plus à trouver des moments à partager avec Seth. Elle passa également la majeur partie de son temps dans sa chambre à bosser. Elle avait ajouté à son emploi du temps du soir, une séance de sport à la salle, avec Kim lorsqu’elle était présente. Sinon, elle s’y rendait seule. Un soir pourtant, trois semaines plus tard, sa voiture ne voulu pas démarrer. Elle n’avait pas prit de porte feuille, par conséquent, impossible de prendre un taxi. A contre cœur, elle composa le numéro de Seth. « -c’est moi. Enfin c’est Abby. Je te dérange surement mais… j’ai un souci de voiture et je… j’ai rien sur moi pour payer un taxi alors est ce que… est ce que tu pourrais venir me chercher ? » ça lui arrachait la bouche de devoir lui demander ça. Mais il était tard, et elle n’avait pas envie de rentrer à pieds. Vraiment pas.

« Parce qu’il est différent ! » répliqua aussitôt Seth en haussant le ton et ferma les yeux en s’en rendant compte par lui-même. Ils n’étaient pas seuls dans l’appartement. Un soupir et posa ses yeux bleus sur Abigail assise sur le rebord du lit dans lequel ils seraient en train de faire l’amour sans l’intervention de Tom. Quand elle évoqua les raisons de son comportement à l’encontre de ce dernier, l’agent de terrain ouvrit la bouche mais aucun son n’en sortit, alors il la referma tout en fixant la jeune femme devant lui. Plus de place pour elle. Ça lui faisait mal d’entendre ces mots. Si ça ne tenait qu’à lui, il passerait son temps à ses côtés, et c’était cette pensée qui lui faisait peur et l’encourageait à rester à distance « Je suis également responsable, tu sais… ». Thomas ne le menaçait pas d’un couteau sous la gorge pour venir travailler avec lui. Mais elle ignorait tant de chose… Comme le fait que la CIA n’hésiterait pas à l’enfermer dans un bureau jusqu’à sa retraite si jamais il arrivait malheur à Abigail au cours de sa mission, et qu’ils apprenaient qu’ils entretenaient tous les deux une relation charnelle. Qu’il avait commis bien trop d’erreurs de parcours depuis son entrée à l’agence, et qui avait coûté la vie à la femme qu’il aimait. Elle ignorait tout cela, et c’était pour son bien. Il tentait de s’en convaincre, mais c’était douloureux, et la mise en garde de Tom n’arrangea rien. Au moins maintenant, ce dernier savait qu’il ne voulait pas qu’il se rapproche de la jolie blonde. Le reste de leur promenade dans les rues de New York se fit en silence parce que Seth n’avait plus envie de parler soudainement, et les mots prononçaient par Abigail en rentrant furent douloureux à encaisser. Il était resté sans mot dire, observant les deux femmes quitter l’appartement.

Si le mois qui venait de s’écouler avait été difficile pour Seth, ce ne fut rien comparé aux trois semaines qui suivirent. La distance était différente. Ils ne s’adressaient plus le moindre mot et chaque regard était douloureux pour le trentenaire qui finissait par s’isoler davantage, y compris de Thomas qui ne posa pas de questions. Il suffisait seulement de les observer. Cet éloignement avait permis au nouveau venu de se rapprocher de Kim certains soirs. Un film ou simplement un verre sur la terrasse du toit lorsque le temps s’y prêtait en cette période automnale, comme ce soir. Enfermé dans son antre, en solitaire, Seth fut quelque peu surpris de recevoir un appel d’Abigail. Pas un mot et la laissa parler de l’autre côté du téléphone « J’arrive » fut le seul mot prononcé avant de raccrocher. En arrivant au salon, il ne trouva pas âme qui vive. Il lui semblait pourtant que ses colocataires étaient présents ce soir. Peu importe. Il fouilla dans la veste de Tom et récupéra les clefs de sa voiture, et conduisit jusqu’à la salle de sport devant laquelle attendait la jeune femme. Il se pencha pour ouvrir la portière et la laissa prendre place sur le siège passager « J’ai fait au plus vite » souffla-t-il avant de reprendre la route. Le début du trajet se fit dans un silence de plomb. Après quelques regards pour la jolie blonde à ses côtés, Seth décida de faire un détour et s’arrêta à quelques rues de là où il l’avait récupéré « Tu as déjà mangé ? » avant de désigner le restaurant au coin de la rue « On y mange très bien… ». Pour autant, il ne sortit pas de la voiture, ses doigts tapotant contre le volant, et finit par le lâcher, les posant sur ses cuisses « Tu me manques ». Voilà, c’était dit ! « Je ne parle pas du sexe. Je parle de toi ». Il voulait que les choses soient claires entre eux sur ce point « Il fait également à emporter si tu préfères ».

Abby lança un regard à Seth pour lui demander de la fermer. Ou en tout cas de baisser d’un ton. Il n’était pas censé être là. « -on dirait presque que tu as peur que j’apprécie un autre homme. » souffla Abby. « -il y a quelques mois je n’étais pas prête pour ça, et je ne pense pas l’être aujourd’hui non plus. » elle reprit : « -et puis c’est Tom ! » comme si c’était totalement absurde. Rien ne l’attirait chez lui. Rien de rien ! Abby avait la sensation que Seth voulait la retenir à lui. Pourtant ce n’était pas explicite. « -toi et moi c’est en train de changé. Non, ça a changé depuis qu’il est là. » autant ne pas se voiler la face. Ils n’étaient plus que des colocataires. Malgré l’envie qu’elle pouvait éprouver de passer du temps avec lui et l’affection qu’elle lui portait. C’était différent. Et elle n’appréciait pas ça. Mais que pouvait-elle faire ? S’il n’était pas capable de lui accorder du temps, alors elle se retrouvait impuissante face à tout ça. Il était responsable également… à nouveau elle eut un pincement au cœur. Il ne fournissait donc aucun effort pour qu’ils se rapprochent de nouveau.

Abby décida d’en faire de même. Elle prit de la distance, ne chercha plus à lui adresser la parole, même pour des conneries. Ça lui faisait mal, mais elle ne voyait pas pourquoi elle ferait des efforts s’il n’en faisait pas. Visiblement il vivait très bien ainsi. Alors elle avait blindé son emploi du temps, et elle essayait de sortir un maximum de l’appartement pour prendre l’air et se vider la tête. Sauf que ce soir, sa voiture avait décidé de l’abandonner elle aussi. A contre cœur, elle avait composé le numéro de Seth. Rapidement, elle lui avait expliqué la situation et lui avait demandé s’il pouvait venir la chercher. « -je t’envoi l’adresse par message. » avait elle ajouté sans le remercier. Elle resta dans sa voiture en l’attendant, légèrement stressée de devoir se retrouver avec lui. Elle espérait qu’il allait prendre un taxi. Ainsi ils ne seraient pas en tête à tête.

Loupé. Il arriva au volant de la voiture de Tom. Abby verrouilla sa voiture après avoir prit son sac et monta côté passager. « -merci. » souffla la petite blonde avant de mettre sa ceinture. Silence radio. Presque pesant. Mais elle n’avait pas envie de faire la conversation. Que pouvait elle lui dire de toute façon ? Un froncement de sourcils lorsqu’il gara la voiture. « -non, je sors de la salle. » avait elle répondu en lui jetant un bref regard. Elle ne connaissait pas le resto, mais ne dit rien. Avant, elle aurait demandé le menu, comment il l’avait connu. Comment il allait aussi. Mais elle essayait de garder un minimum de détachement. C’était difficile et douloureux. Elle se voyait mal manger avec Seth en tête à tête. Plus maintenant. L’idée l’aurait pourtant séduite avant. Il semblait stressé. Rien qu’à voir ses mains pianoter sur le volant. Un léger rire ironique, presque imperceptible. Elle lui manquait… première nouvelle. Elle décida de ne rien répondre. A quoi bon ? « -à emporter c’est très bien. » voilà ce qu’elle avait répondu en sortant de la voiture. Elle commanda pour elle, régla et dit : « -je t’attends dans la voiture. » ça sentait bon. Ça lui donnait faim. Et l’odeur couvrait le parfum de Seth, ce qui lui allait très bien. Un message. Elle prit le temps de répondre un léger sourire sur les lèvres. Elle avait envie de rentrer, de manger et d’aller dormir. Surtout pas de parler pendant des heures ici.

Peur qu’elle rencontre un autre homme ? Non, il savait que ça se produirait tôt ou tard. Lorsqu’elle se sentirait prête à confier son cœur à un homme qui saurait prendre soin d’elle, ou qui serait assez agile pour le lui faire croire. Non, les craintes de Seth étaient d’un autre ordre « J’ai peur que tu te rendes compte du connard que je suis et que tu te rappelles que tu mérites mieux » répliqua-t-il à voix basse pour ne pas attirer l’attention de Tom qui le croyait à l’extérieur. C’est Tom. Ces quelques mots rassurèrent le trentenaire. Qu’elle en choisisse un autre, mais pas l’analyste. Il la fixa un instant, mais resta silencieux, comme il le faisait souvent lorsqu’il considérait qu’il n’avait pas à répondre. Pour dire quoi de toute manière ?! Qu’il était désolé, mais que rien n’allait changer ?! En finalité, il se serait trompé. Parce que leur relation changea encore bien davantage par la suite. Il n’était plus seul à leur imposer une distance, Abigail également. Plus un mot ne fut échangé. Quelques regards de temps à autre. Cet éloignement était draconien, mais surtout bien plus douloureux. Si la jeune femme avait la sensation qu’il s’éloignait le mois précédent, Seth était convaincu qu’il venait de perdre la jeune femme définitivement les jours qui suivirent. Alors quand son portable sonna en fin de soirée, il fut surprit de voir son nom s’afficher sur l’écran, mais ne se fit pas prier pour répondre. Si elle l’appelait lui, c’était qu’elle était désespérée ou bien en danger. Finalement, ce n’était qu’une panne de voiture. Pour lui, c’était peut-être aussi l’opportunité de changer sa relation avec la jolie blonde. Il récupéra alors les clefs de la voiture de Thomas sans l’avertir et conduisit jusqu’à l’adresse indiquée par message.

Un silence de plomb envahit rapidement l’habitacle lorsqu’Abigail monta côté passager et qu’il tenta de briser par une invitation à dîner. Il gara la voiture sur le bord du trottoir en désignant le petit restaurant de quartier. Pas un mot. Le silence complet à l’exception de ses doigts tapotant nerveusement le volant devant lui. Il finit par lui avouer qu’elle lui manquait. Le rire discret qu’elle émit lui fit mal. Elle n’en croyait pas un mot… Renfermé dans son mutisme, il l’accompagna jusqu’au restaurant où ils commandèrent et l’observa retourner à la voiture sans lui « Elle est en colère la Dame » répliqua le serveur qui patientait à ses côtés. Seth lui lança un regard noir suivit d’un « De quoi je me mêle ?! » et récupéra sa commande avant de rejoindre la jolie blonde dans la voiture. Il posa le sac aux pieds d’Abigail, mais ne démarra pas la voiture immédiatement « Que veux-tu que je te dise ? Que je suis désolé d’avoir autant travaillé avec Tom ?! De t’avoir délaissé ? Que moi aussi ça m’a fait mal de ne plus partager de temps avec toi ? Alors si c’est ça, je suis désolé Abigail ! Mais soit un peu adulte et dis-le putain au lieu de m’ignorer comme tu le fais ! » répliqua Seth en haussant le ton. Cette situation commençait à l’agacer « J’ai merdé et j’en ai conscience, mais il y a trop de facteurs qui rentrent en ligne de compte. Tom est au courant pour nous deux, puis il y aussi le fait que je déteigne sur toi, dans ton comportement. Je ne veux pas de ça. Je ne veux pas que tu deviennes une tête de con comme je le suis. Ok ?! Tu es drôle, douce, bienveillante, tu aimes les gens, tu … tu te soucies des autres… De moi… Je n’ai pas envie que tu deviennes une solitaire qui envoie chier le monde entier parce que la vie l’a foutu en l’air à un moment ou à un autre ! Tu comprends ?! » et donna un coup dans le volant « Cette situation commence littéralement à me faire chier Abigail ! ».

« -que je mérite mieux que quoi ? » avait demandé Abby. Mieux que lui ? « -on est pas ensemble Seth. On est seulement des… des amis avec un avantage en nature. » elle le fixait du regard en disant cela, n’arrivant pas à saisir pourquoi il lui faisait tout un sketch. « -alors oui, forcement un jour il y aura un autre homme. » ça arriverait, surtout si il ne faisait aucun effort pour la garder. Le temps qu’elle ne passait pas avec lui, elle allait l’investir ailleurs. « -mais ça sera pas Tom. Et ça sera pas demain. » si ça pouvait la détendre et le rassurer cinq minutes. Sauf qu’Abby décida de ne pas entretenir cette amitié à son tour. Elle était fatiguée d’être énerver ou triste à longueur de temps. Elle voulait reprendre sa vie en main. A la base, elle pensait que Seth serait présent pour l’aider. Il n’avait pas de temps pour elle, pour eux. Alors elle avait décidé d’avancer quand même, seule. Silence et regard neutre. Abby faisait taire petit à petit la flamme. C’était difficile. Mais c’était nécessaire.

Que dire alors à Seth lorsqu’il gara la voiture pour venir la chercher devant la salle de sport. Elle l’avait appelé lui parce qu’elle n’avait personne d’autre sous la main. Kim lui avait dit passer la soirée avec Tom. Elle n’avait pas voulu la déranger. Ou alors c’était une excuse bidon pour pouvoir le voir. Une excuse toute faite dans son esprit. Facile à mettre en place. Repas commandé, elle revint dans la voiture pour l’attendre. Pour un type qui d’ordinaire n’était pas bavard, il l’était pourtant ce soir, alors que c’était elle qui ne voulait pas parler. « -j’ai pas demandé à ce que tu me parles. » avait elle soufflé alors qu’il l’interrogeait. Ok il avait gagné. Il voulait une dispute, pas de souci. Elle se tourna vers lui et lança amer : « -non j’ai pas envie d’entendre ça ! Je veux que tu le dis parce que tu le penses ! » s’il voulait lui faire des excuses, elle les voulait sincère. « -et pour l’ignorance, c’est toi qui a commencé. Je ne fais que suivre ton exemple. » sa voix était neutre, et elle se tourna de nouveau vers la route. Qu’ils n’avaient pas reprise pour le moment. « -quoi ?! Comment ça il est au courant pour nous deux ? » ça sortait d’où ça ? « -tu pourras lui dire que c’est fini. » ironisa la jeune femme. « -à parce que toi tu as le droit d’être un gros con mais pas moi ?! C’est réservé à ta personne ? C’est nouveau ça ? » rah qu’est ce qu’il pouvait lui taper sur le système. « -j’ai le droit d’être en colère, d’être triste ou contrarié. J’ai le droit d’envoyer chier la terre entière si j’en ai envie ! ok ?! » elle venait d’écraser son index dans le torse de Seth. « -et devines quoi moi aussi la situation m’emmerde ! J’en peux plus de vous voir h24 collé ensemble tous les deux ! J’en ai marre de la coloc. C’est pas ce que je cherchais. Je voulais plus être seule, finalement c’est peut-être pire qu’avant. » alors elle songeait à déménager. Pour aller de l’avant. Seth devait être un allié dans sa vie, pas un problème en plus. Et actuellement, clairement ce n’était plus le cas.

Seth avait froncé les sourcils alors que la jeune femme se méprenait sur le sens de ses mots « Merci de me le préciser, je suis un peu con ! » et renchérit par un « Je parlais dans le sens ami avec avantage en nature. Non mais pourquoi je précise moi ?! » en levant les bras, comme si c’était stupide de préciser alors que tout était limpide autant pour l’un que pour l’autre. Il la fixa un instant et souffla un « C’est tout ce que je te souhaite ». Il espérait seulement qu’elle aurait plus de jugeote pour trouver le prochain homme dans sa vie qu’elle avait pu en avoir par le passé. Elle était bien assez détruite comme cela, et ce n’était pas utile de tomber amoureuse d’un Josh en second. Enfin, il n’avait pas son mot à dire sur cela. Parce qu’il n’était personne. Il n’était même plus son ami… Il en prit conscience au moment où elle ne prit plus la peine d’échanger un mot avec lui les semaines qui suivirent. La confirmation, il l’obtenu dans la voiture après un appel en fin de soirée pour lui demander de venir la récupérer en bas de la salle de sport. Elle ne voulait pas parler. Elle. Mais ce n’était pas le cas de Seth ce soir. Ils devaient communiquer, même si c’était en se hurlant dessus. Ils devraient crever l’abcès qui s’était créé entre eux à la suite de l’arrivée de Tom au sein de la colocation. « Peu importe ce que je pourrais dire, même en le pensant, tu n’en auras rien à foutre ! » rétorqua-t-il en se tournant à son tour dans sa direction. Peu importe la sincérité qu’il pourrait mettre dans ses mots si elle ne voulait pas les entendre.

« Je travaillais ! » rétorqua-t-il tout en continuant de hausser la voix. Enfin, c’était la raison officielle. Il avait continué à garder cette distance à la suite des arguments tenus par Tom concernant sa relation avec la jolie blonde. Parce que oui, il avait fini par savoir pour eux deux, et il avait omis de prévenir Abigail pour ne pas croître le fossé qui s’était creusé entre eux. Enfin, jusqu’à ce soir parce qu’il venait de bel et bien lui avouer la vérité « Oui ! Il pensait que tu étais intéressée par lui, il m’a dit qu’il était certain que tu baisais bien entre autre chose, je lui ai foutu mon poing dans la gueule, et il m’a avoué qu’il avait reconnu mes chaussettes dans ta chambre… ». C’était aussi simple que cela dans les faits. Un regard pour Abigail quand elle lui annonça que tout était terminé entre eux. Ce fut donc sur un ton sarcastique qu’il répliqua « Heureusement que tu me le dit, je ne m’en étais pas rendu compte ! ». Ils suffisaient de les observer depuis pratiquement deux mois. Leur relation déclinait à vue d’œil. « Tu le fais exprès de ne rien comprendre ?! Juste pour m’emmerder ?! ». Il se pensait clair pourtant dans les propos qu’il tenait à l’encontre d’Abigail. Il avait la sensation de tout comprendre de travers dans l’unique but de briser ce qui restait à briser de leur relation. Il baissa les yeux sur l’index qu’elle enfonçait dans son torse, lui reprochant la tournure que prenait cette colocation par sa faute.

Il releva ses yeux bleus sur cette dernière et finit par quitter la voiture en claquant violemment la porte. Il fit quelques pas sur place, grognant de colère, puis se passa les deux mains sur le visage. Un regard pour la voiture qu’il contourna et ouvrit la portière d’Abigail « Je suis désolé ! Désolé de t’avoir lâchement abandonné alors que je tenais à toi et à ce qu’on partageait. Je suis désolé d’avoir pris mes distances de la sorte. Seulement… Je n’ai pas envie que tu deviennes comme moi Abigail » et s’accroupit pour être à sa hauteur « Un con qui a tout perdu, qui est seul et qui n’a que son travail dans sa vie. J’aspire à mieux pour toi parce que tu le mérites. Tu mérites de rester pleine de vie, d’aimer, de savourer chaque instant de la vie… Et je sais maintenant que je m’y suis mal pris avec toi ces dernières semaines. Excuse-moi… ».

Rah qu’est-ce qu’il pouvait l’agacer ! « -parce que t’es un peu con ? » avait elle répliqué toujours à voix basse pour éviter que Tom ne se fasse des idées à leur sujet. Même si elle avait la sensation que ça allait être pire que Kim de ce côté-là. Abby se calme directement lorsqu’il avoua lui souhaiter de trouver un homme bien. Pourquoi est ce que ça lui faisait si mal d’entendre ça ? Parce qu’elle aurait voulu que ce soit lui ? Qu’il soit volontaire pour tenter sa chance de ce côté-là ? Non mais elle s’attendait à quoi ? A ce qu’il change d’avis ? Il avait pourtant été des plus claire. Alors Abby lui avait demandé de sortir en fermant la porte. Puis elle avait prit de la distance elle aussi. Il n’avait pas de temps pour elle, donc pas envie de la voir. Très bien. Elle considérait que ça ne serait plus à rien qu’elle s’accroche ainsi. Mise à part pour passer pour une pauvre fille. Elle vivait très bien sans lui avant. Enfin… elle n’avait pas besoin de lui avant. Alors elle allait aller de l’avant sans lui également.

« -pourquoi est ce qu’aujourd’hui tu aurais envie de parler ? Hein ? Pourquoi d’un coup parce qu’on est enfermé dans une voiture ensemble tu as envie de me dire ce que tu as sur le cœur ? » c’était la seule occasion qu’il avait trouvé ?! « -non sans blague ?! C’est vrai ?! » avait elle répliqué avec la même colère. « -tu fais que ça Seth : Travailler ! a longueur de temps ! T’es prof ! Qu’est ce qui peut être aussi important pour ne pas avoir cinq ou dix minutes pour discuter et boire un café ?! Tu sauves pas le monde bordel ?! » sérieusement comment est ce qu’il pouvait lui sortir ça comme excuses ! Et voilà qu’il lui balançait que Tom était au courant pour eux deux. Alors ça c’était la meilleure. « -putain de chaussettes ! » râla Abby en ayant pourtant bien entendu que Seth avait prit sa défense alors que son collègue la traitait presque de trainer. Mais là tout de suite, elle n’allait pas le serrer dans ses bras pour le remercier. Elle était en colère ! « -vu ta petite tentative bidon avec tes tu me manques, laisse-moi en douter ! » c’était petit, mais c’était le jeu ! Oui, il n’existait plus grand-chose entre eux. Clairement. C’était désolant et douloureux d’en arriver là. Mais c’était la vérité.

« -quoi encore ?! Je suis blonde t’es pas encore au courant qu’il faut m’expliquer longtemps ?! » elle détestait quand il lui parlait comme ça. Autant qu’elle adorait ça. Depuis le début… Là dans cette voiture, c’était presque comme s’ils étaient en train de se retrouver. Elle termina en lui enfonçant son index dans le torse, lui exposant qu’il n’était pas le seul à en avoir marre de tout ça. Et voilà qu’il sortait de la voiture. Abby serra les poings. Lorsqu’il ouvrit la portière elle ouvrit la bouche mais il commença avant elle. Voilà qu’il s’excusait et qu’il revenait à nouveau sur cette histoire de devenir comme lui. Abby soupira et lui demanda : « -montes dans cette voiture s’il te plait Seth. » ils étaient devenu comme un spectacle pour les passants et elle n’avait pas envie de ça. « -maintenant. » lorsque se fut chose faite, elle le laissa mettre le contact et prendre la route, une lourd silence enveloppant l’habitacle. Puis au bout de dix bonnes minutes, elle lâcha enfin : « -t’avais pas que ton boulot. Tu m’avais moi aussi. On avait une belle relation. Alors je sais pas ce qui c’est passé, ce que Tom t’as dit ou si t’es devenu ninja ou super héros, mais… » elle lui jeta un rapide coup d’œil. « -prends par là. » elle lui indiqua un parcking qui s’élevait sur plusieurs étages. « -montes au dernier. » ils n’en avaient pas terminé. A l’appartement il y avait Kim et Tom. Ici, ils seraient seuls et personne ne serait présent pour les entendre se hurler dessus. A peine le moteur éteint, elle sortie de la voiture. Elle avait besoin d’air. Mais elle récupéra sa bouffe au passage. Elle avait super faim. Alors autant faire les deux à la fois.

Ce qui n’aurait dû être qu’un aller-retour entre la salle de sport et l’appartement venait de tourner en dispute dans la voiture de Tom, garé dans une ruelle à proximité d’un restaurant de quartier dans lequel il avait souhaité l’inviter à dîner, en vain « Parce que c’est le seul moment où nous sommes enfin seuls ! ». Seth avait vu dans cet appel, une opportunité de pouvoir communiquer à nouveau, mais la seule chose dont ils étaient capables l’un et l’autre, c’était de se disputer jusqu’à en perdre haleine. Il avait entendu, une fois, au détour d’un reportage, que les gens se criaient dessus au cours d’une dispute parce que leurs cœurs étaient trop éloignés pour pouvoir entendre convenablement. Pourtant, ce soir, dans cette voiture pratiquement volée à son colocataire, le trentenaire avait l’impression que le cœur d’Abigail n’avait plus envie de l’entendre… Ce ne fut pas pour autant qu’il cessa de hausser le ton alors que la jeune femme lui reprochait, une fois encore, qu’il travaillait bien trop. En cet instant, il eut envie de lui crier que oui ! Oui, il sauvait le monde. Il était celui qui empêchait que des attentats se déroulent sur leur territoire et les plongent dans la terreur et la souffrance d’avoir perdu un membre cher comme cela avait été le cas pour des milliers d’américains à la suite des attentats du 11 septembre 2001, ou des centaines de français lors des attentats du Bataclan le 13 novembre 2015. Mais lui dire, c’était également la mettre en danger. Il se tut donc sur ce secret qui était en train de nuire à leur amitié, et rétorqua un « Tom a besoin de moi pour des recherches ! ». Tom qui était également averti de leur relation, malgré eux. Si les chaussettes ne l’auraient pas trompés, ça aurait été le poing dans la figure qu’il lui avait mis qui l’aurait fait.

Seth lança un regard noir à la jeune femme alors qu’elle trouvait opportun de lui rappeler que c’était terminé entre eux, que ça soit leur avantage en nature ou encore leur amitié. Tout était de sa faute à lui. Il le savait. Mais il s’accrochait encore au mince espoir qu’elle puisse le comprendre et accepter ses explications, ainsi que ses excuses « Tu voulais de la sincérité, je t’en ai donné et tu vois comment tu me traites ?! ». Il haussa davantage le ton pour lui faire entendre raison, mais une fois encore, elle ne comprenait pas, et il n’hésita pas à le lui faire remarquer à sa manière « Non mais à ce stade, tu aurais besoin que je te fasse un dessin ! ». Ce qu’elle ajouta le fit sortir de la voiture brusquement. Il avait besoin de respirer l’air frais de ce milieu d’automne, de calmer sa colère à l’égard de la jeune femme. Lorsqu’il retrouva un tant soit peu de calme, il ouvrit la portière d’Abigail et ce fut d’une voix plus posée qu’il s’exprima. Il n’avait jamais autant parlé que ce soir, et tout cela pour quoi en finalité ?! Si elle ne voulait rien entendre, il aurait beau crier sur tous les toits ce qu’il avait à lui dire, elle n’écouterait rien. Un froncement de sourcils aux mots de cette dernière, puis tourna la tête en direction de la rue. Ils étaient devenues un spectacle pour les passants. « Oui, oui, c’est bon ! J’ai compris ! » et referma la porte pour prendre place derrière le volant, démarrant la voiture dans un lourd silence. Seth ne savait pas où ils se rendaient, et n’osa pas ouvrir la bouche à nouveau.

Ils restèrent donc dans un silence de plomb durant dix longues minutes avant qu’Abigail ne décide de prendre à nouveau la parole. Un regard pour cette dernière qui laissa le reste de sa phrase en suspens pour lui indiquer le sommet d’un parking où ils auraient la paix pour poursuivre leur conversation. Ledit parking était désert et Seth imita la jeune femme en sortant de l’habitacle « Tu n’as pas fini ta phrase Abigail. Mais quoi ?! » et poussa un soupir « Je me suis excusé avec sincérité, je t’ai expliqué les raisons de mon comportement, mes craintes à ton égard. Que veux-tu que je fasse de plus ?! » et ajouta en donnant un coup de pied à un cailloux « Eh merde ! ». Il posa ses mains sur ses hanches, tout en se tournant fasse à Abigail « Ravi de constater que notre dispute ne t’a pas coupé l’appétit ». Lui, si. « J’ai mis mon poing dans la gueule de Tom pour toi… Pour te défendre… Alors je crois que peu importe la couleur de mes chaussettes, il aurait su pour nous deux… Parce que quand on s’est rencontré, le premier jour, je lui ai dit que Chris et Kim avaient adopté une chienne… Et ces mots m’ont dérangé. Je l’ai frappé. J’ai changé. Tu m’as changé, et ce n’est pas possible Abigail. Tu comprends ?! Tu ne peux arriver dans ma vie comme ça et me changer ! Si je suis comme ça, c'est parce que c'est nécessaire». Il la fixa quelques instants et rétorqua « Pourquoi on est ici d’abord ? » en se rendant compte que maintenant qu’ils étaient au sommet d’un parking sans raison.