Bon effectivement j’aurais pu choisir un autre plat plus “santé” mais disons que ça entrerait dans mon “cheat day”. D’ailleurs quand elle me fit la liste des plats plus “sain”, je plissai le nez en secouant la tête.

- Trop santé…

Puis bon, c’est pas comme si je restait inactif cet après-midi. Ben venait se préparer pour son tournoi alors ça éliminerait le surplus de calories. Néanmoins, même si je voulais éviter le sujet j’en fus incapable et elle le savait en plus. Elle savait me faire parler sans même que je le veuille vraiment. Sauf que cette fois, je répétais que j’avais besoin de temps. J’avais autre chose à gérer avant… avant ça. Je sais qu’elle ne m’obligeais à rien, qu’elle ne me traînerais pas de force non plus, de toute façon elle n’était pas assez forte pour le faire alors… Ok je pouvais le jeter, le brûler, le manger même si je le souhaitais mais quelque part, je savais qu’elle l’avait fait pour une raison: Elle s’inquiétait pour moi. Je ne sais pas de quoi, mais elle s’inquiétait et j’aurais pu le chiffonner là-devant ses yeux mais je ne l’avais pas fait peut-être pour la simple et bonne raison que je savais moi-même que j’avais besoin de quelqu’un pour m’aider à voir un peu plus clair. Tout ça je le savais, tout ça je le comprenais aussi. Cependant je voulais rattraper le coup, qu’on passe un bon moment ensemble et je trouvais la seule chose qui me vint à l’esprit: La décoration de la maison. Malgré mon effort - pitoyable - je n’eus pas la réaction que je pensais. Sa réaction me fit hausser les sourcils de surprise et me fit dire que j’aurais pu choisir un autre sujet que ça…genre ce qu’elle comptait faire du reste de sa journée par exemple.

- Jane ce n’est pas ça….

Elle se leva et quitta simplement, me laissant seul à la table sous le regard des autres clients qui nous dévisageait. Je baissai le regard sur mon assiette avec le goût amer de l’humiliation. Certes elle n’avait pas lever le ton, elle ne s’était pas emportée mais je pense que j’aurais préférer. Je me forçai à manger devant l’assiette de Jane et j’en mangeai la moitié avant de me lever à mon tour et payer l’addition. Je pris un temps pour marcher un peu en sortant la liste de ma poche. J’allais voir les différents cabinets sans y entrer juste me donner une idée de leur position avant de revenir au gym. J’allais dans mon bureau et y pendit ma veste alors que Stan vint me voir en haussant un sourcil. Je lui expliquais la raison pourquoi j’arrivais plus abattu qu’à mon départ et il poussa un long soupir en secouant la tête.

- Quoi?

- Petit, tu n’as pas compris qu’elle s’inquiète pour toi?

- Mais oui! Mais je veux juste du temps! Je dois parler à Max, veiller à ce que le gym roule et…

- Et tout un tas d’excuses que tu te trouves pour éviter de penser au plus important: Toi.

Je m’appuyais sur mon bureau en penchant la tête et soupirant longuement.

- Adam, on s’en fait tous pour toi. Oui peut-être que tu as besoin de temps mais pourquoi? Pour mieux trouver une raison à ne pas penser à toi? Je te connais mieux que personne et tu as toujours tout fait pour faire au mieux et c’est bien honorable de ta part. Tu as été un bon boxeur, mais là ce qui s’en vient c’est un tout autre combat. C’est un autre ring que tu ne connais pas et si tu n’es pas fort là, dit-il en tapotant ma tempe, tu vas t’effondrer et ce ne sera pas le moment. Fais comme tu veux Adam, mais n’oublie pas que tu as une copine et ton fils a porter à bout de bras.

Je ne dis rien mais fouillais les yeux sombre de mon ami un moment avant de me relever en entendant Ben arriver, enfin dévaler les escaliers. Je mis ça de côté et allai entraîner mon protégé qui avait fait des progrès considérables ce qui me rendait fier. Quand la journée fut terminée, je fermai les lumières avant d’aller chercher mes affaires et encore une fois la feuille tomba sous mes yeux comme un rappel constant de la divine providence à prendre une décision. Je pris mon téléphone et textai à Jane

* Je vais arriver un peu plus tard. Tu peux le dire à Max stp? Je devrais arriver avant le souper. Je t’aime ton ours*

Je rangeai mon téléphone et pris le volant pour rouler dans les rues de la ville et me stationner devant un cabinet qui me semblait plutôt bien. Je coupais le contact et restai un moment dans la voiture à regarder la porte comme si elle allait m’exploser au visage. J’avalai difficilement en descendant de la voiture et la contournant me méfiant presque qu’elle s’ouvre par magie. Je restai un moment les mains dans les poches à tergiverser entre entrer ou juste retourner à la maison. Je me mis donc en marche et entrai lentement, voulant presque me fondre dans le tapis pour ne pas qu’on me remarque. Quoique à ma grosseur… difficile de me manquer. Même en parlant à la réceptionniste, je tentais presque de ne pas me faire entendre alors qu’elle me dit de m’asseoir que quelqu’un viendrait rapidement.

Non! Je ne voulais pas m’asseoir, je voulais qu’on me parle maintenant avant que je décide de fuir, de m’en aller et ne jamais revenir. De juste oublier toute cette connerie et…

- M. Collins? Vous voulez me suivre?


Merde… je ne pouvais plus fuir. Je me levai lentement et suivit le psy en ayant l’impression d’avoir quatre ans et que j’avais fait une bêtise. Ce n’était pas un rendez-vous à proprement parler, juste une prise de contact comme il me le disait si bien. De prime abord je lui dis que c’était ma copine et mon ami qui m’avait dit que ça serait bien que je vienne voir un professionnel pour m’aider dans la suite d’évènement qui allait atterrir dans ma vie. Ce fut rapide, très même mais je devais venir le lendemain pour débuter la session. Je me levai et serrai sa main. Avant de quitter je lui demandais ce que je pouvais dire à mon fils par rapport à la demande de garde légal pour “abandon” et ce qu’il me répondit me soulagea et je pus retourner à la maison l’esprit tranquille. À peine descendu de voiture je fus accueilli par mon fils qui jouait dehors et avait les joues toutes rouges. Je le fis entrer pour qu’on puisse aider Jane pour au moins mettre la table. En entrant je me sentis affreusement coupable de la tournure de notre dîner qui se voulait joyeux. J’allais la rejoindre en posant mon sac sur le comptoir et allai l’embrasser en prenant son visage entre mes mains. Je me tournai et lui tendit le sac.

- Ça c’est pour me faire pardonner pour se midi…

Dans le sac se trouvait une petite orchidée et je lui fis un petit sourire. Tout au fond se trouvait une petite carte ou j’avais griffonné:

“ Tu m’as dit un jour de ne pas couper les racines des fleurs, alors je t’en offre une avec ses racines. Tu es comme cette orchidée, les racines bien plantées en terre qui peut être belle et gracieuse. Mais tu es aussi celle qui me ramène sur terre quand il le faut et à qui j’ai horreur de faire de la peine. Désolé pour ce midi, ton ours XXX”

J’attendis sa réaction un peu mal à l’aise et haussant une épaule.

- Je n’ai pas voulu te vexer ce midi Jane, je voulais juste… juste qu’on ai un repas sympa. Je m’y suis mal pris…

Je détestais la simple idée de me disputer avec lui. Ce n'était pas le bon moment mais… Mince, il avait grandement besoin d'un coup de pied au derrière. Seulement, j'ai toujours eu la violence en horreur, qu'elle soit physique ou verbale d'ailleurs. Il me fallait le secouer oui, mais en douceur… et je n'ai rien trouvé de mieux que de le laisser là sans avoir à contrôler la colère qui commençait doucement à poindre.

Je ne voulais pas le brusquer, seulement lui faire prendre conscience de la situation. Il était tellement buté et focalisé sur un point précis qu'il en avait oublié d'observer le tout dans son ensemble. Pour cela, il fallait encore pouvoir prendre le recul nécessaire mais… Adam en était parfaitement incapable pour l'instant. A ce niveau-là, je savais que je ne lui serais d'aucune utilité. Rien de ce que je pourrai dire ou faire ne saurait l'aider. Et c'est une sensation atroce de devoir rester là à l'observer, à essayer de le soutenir mais en vain.

Alors, je suis partie. J'ai pris mon après-midi pour flâner un peu. Je décidais de téléphoner à mon amie Daph'. Cela faisait un moment que je ne l'avais pas eu et elle commençait à me manquer. Si nous étions à New-York, on se serait rejoints au Cherry's pour bavarder autour d'une bière ou deux. Un petit moment entre filles, loin des problèmes du quotidien. Je lui parlais un peu de notre situation actuelle, de l'avocat, de notre pseudo dispute…

– Rah la la, ma Janette, vous êtes déjà un vieux couple. C'est pas croyable, me dit-elle, hilare.
– Ça veut dire quoi ça ?
– Et bien, ça fait juste quelques petits mois que vous êtes ensembles et vous avez déjà vécu pas mal de choses… Des choses rarement plaisantes d'ailleurs…
– C'est vrai que dit comme ça…

Je ne pouvais pas vraiment le nier. En six mois, nous avions déjà vécu l'équivalent de plusieurs années en matière de problèmes… Heureusement, il n'y avait pas que cela entre nous… Mais, le constat reste désagréable à entendre.
– Tout va très vite entre vous. Je ne sais même pas comment vous faites pour ne pas avoir le tournis.

Bonne question. Je supposais que le fait d'être précisément au milieu de toutes ces histoires aidait à rester bien ancrés…

– Tu penses que nous allons trop vite ?
– Un peu ? pouffa-t-elle. C'est comme si vous essayiez de rattraper les vingt dernières années en quelques mois… Je m'attends à t'entendre m'annoncer votre mariage ou une grossesse à tout moment… Peut-être même les deux !
– Et tu crois que ce que tu me racontes peut m'aider parce que… ?
– Ah non, non, je me contente de te donner mon avis.

Que répondre à cela en dehors d'un très long et très profond soupir. Impossible pour moi de savoir quel était réellement son avis sur la question. Était-ce positif ou négatif ? Difficile de le savoir avec elle. Je l'entends pousser un long soupir.

– Ça va aller, ma belle. Vous vous aimez tous les deux et c'est le plus important. Tu as fait ce qu'il fallait… lâcha-t-elle finalement. Maintenant c'est à lui de se prendre en main. Il va bien finir par comprendre qu'un pilier bancal ne peut rien soutenir du tout et qu'il est grand temps pour lui de faire ce qu'il faut pour s'aider lui-même.
– Espérons-le…

Je raccrochais juste avant de récupérer Max à l'école. C'est en rentrant que j'ai reçu le message d'Adam auquel je répondis par un simple "Ok. Je t'aime." Je dû ensuite expliquer la situation à Max avant de lui offrir une occupation pour détourner quelque peu son attention. A l'évidence, lui aussi aurait grand besoin de consulter un spécialiste… Le trouble qui animait l'enfant à chaque retard de son père semblait s'intensifier par moment. Le pourquoi du comment restait difficile à identifier.

Lorsqu'il se sentit un peu mieux, Max décida d'aller jouer dans le jardin. Je pouvais le surveiller depuis la cuisine tandis que je me chargeais de préparer le souper… Je lavais la salade lorsque la voiture d'Adam se gara dans l'allée. Je me sentais… aussi soulagée que perdue. Que pourrais-je lui dire après tout ça ? Je n'eu pas vraiment besoin de me torturer davantage l'esprit puisque ce fut lui qui vint briser la glace à grand coup de baisers et…

– Un cadeau ? demandais-je très surprise.

Je découvris la fleur, une belle orchidée papillon dans son joli pot. Je la trouvais évidemment magnifique mais, le plus beau restait encore ce mot incroyablement touchant.

–Je n’ai pas voulu te vexer ce midi Jane, je voulais juste… juste qu’on ai un repas sympa. Je m’y suis mal pris…

Parfois, les explications sont inutiles et c'était  le cas cette fois-là. Je décidais donc de clore le sujet avec un baiser reflétant tout l'amour que j'avais pour lui.

– Moi aussi, je suis désolée, soufflais-je en me lovant dans ses bras. Je ne cherche pas du tout à te brusquer Adam… Tu sais que tu peux me parler de ce qui te perturbe, tu peux tout me dire… Mais je préfère encore que tu me demandes de changer de sujet plutôt que de te mettre à évoquer des banalités qui laissent sous-entendre que je ne suis que ta colocataire.

Nous avions décidé de vivre ensemble, de mêler nos existences pour n'en former plus qu'une. Il n'y avait peut-être rien officiel comme l'aurait été un mariage, même s'il ne s'agit que d'un vulgaire bout de papier sans réelle importance… Mais nous avions tout de même cette maison en commun… des projets à court comme à moyen terme. Ce n'était tout de même pas rien.

– Est-ce que tu te sens piégé dans notre relation ? Penses-tu que nous allons beaucoup trop vite ?

S'il le fallait, j'étais tout à fait prête à déménager pour lui laisser tout le temps et l'espace nécessaire à son épanouissement. Tout ce que je demandais, au fond, c'était que les choses soient claires. Rien de plus.

– As-tu besoin que l'on ralentisse un peu ?

C’est chiant quand les gens autour de vous, vous comprennent mieux que vous-même. Stan, quelque part, n’avait pas vraiment tort. C’est clair que j’aurais fini par trouver une excuse bien pourrie pour éviter d’aller consulter quelqu’un. En même temps, je n’avais pas tellement envie qu’on me voit “faible” alors que j’étais tout le contraire. Néanmoins j’avais rendez-vous le lendemain et si je voulais en parler une fois entré, mon idée fut rapidement relégué plus loin quand Max se précipita sur moi les joues rouges. Une fois entré et dévêtu, Max alla dans sa chambre le temps que je donne le cadeau à Jane après l’avoir embrassé tendrement. Je m’excusais aussi d’avoir été aussi maladroit, je voulais juste qu’on passe un bon moment pas qu’on se prenne la tête… enfin… si on pouvait dire qu’on se prenait la tête. Le fait qu’elle vienne se lover dans mes bras me rassura à un point que je sentis les muscles de mes épaules ses détendre.

- Je sais que tu ne veux pas me bousculer et je ne te prends pas pour ma coloc. Alors c’est noté la prochaine fois j’évite de faire ça.

Je resserrai mes bras autour d’elle en me promettant de faire vraiment attention la prochaine fois. Clairement je devais me refaire une estime de moi plus solide que maintenant au lieu de me taper sur la tête à chaque fois qu’un truc comme ça arrive. Oui mes parents n’avaient pas été trop présent, ma relation avec Cheryl avait été des montagnes russes entre les crises et les ton mielleux. Peut-être pour cette raison que je ne savais jamais sur quel pied danser ayant peur de la réaction de Jane… alors qu’elle était bien plus simple que le caractère de princesse de Cheryl. Cependant je ne pus tergiverser longtemps quand Jane me surpris par ses questions me faisant froncer les sourcils d’incompréhansion. Ok… et ça sortait d’ou toutes ses inquiétudes soudainement? Est-ce que j’avais fait voir un moment ou un autre que ça allait trop vite? Je regardais par-dessus son épaule m’assurer que ma petite fouine ne soit pas proche.

- Euh… non je ne me sens pas piégé. Même loin de là. Puis chaque décision on a peser le pour et le contre et on a parler à Max si lui aussi serait confortable, puis je te l’aurais dit si je n’aurais pas été confortable. Je repoussai une mèche de son front en la mettant derrière son oreille et lui sourit doucement, Puis pour se qui est de ralentir… on prend déjà le temps. On prend le temps d’en discuter, de réfléchir et tu le sais que si Max aurait trouvé à redire je n’aurais pas bouger. Alors ça va, je t’assure.

Mais pourquoi ses questions soudainement? Je fouillai son regard un petit moment et lui fit un sourire rassurant.

- Est-ce que je t’ai fait sentir que je me sentais piéger ou que c’était trop rapide? Parce que si c’est le cas… je t’assure que non.

Il est souvent difficile d'exprimer correctement le fond de nos pensées, plus particulièrement quand tout se bouscule dans notre tête.

Je n'avais pas réalisé à quel point les choses s'étaient rapidement enchaînées entre nous. Au fond, mon retour à McCall ne datait que de huit mois à peine. Je venais de signer mon nouveau contrat à l'école. Nous étions ensemble depuis six mois … Et nous vivions sous le même toit depuis quatre ou cinq mois… Alors, certes, mon agression et ma convalescence avaient grandement précipité les choses… Et même si nous avions respecté les désirs et les craintes de Max, nous ne pouvions fermer les yeux sur le temps écoulé.

Je ne regrettais rien du tout, le problème n'était pas dans mes propres ressentis… Mais je m'inquiétais tout de même pour Adam qui avait cette fâcheuse tendance à se reposer uniquement sur le bien-être de son enfant. Mais est-ce que les désirs de Max étaient vraiment raisonnables ? Probablement pas. En réalité, quand on commence à observer les détails, on se rend compte de certaines choses…

Cet enfant de cinq ans ne savait pas vraiment ce que signifiait avoir une famille aimante. Sa mère le rejetait depuis sa naissance et l'abandonnait régulièrement. Adam se sacrifiait constamment pour son enfant, que ce soit pour une question financière ou sentimentale. Avant mon retour, ses relations amoureuses avaient été toutes plus chaotiques les unes que les autres… Et Max assistait à tout cela, s'accrochant tant bien que mal au seul repère un tant soit peu solide : son père. Et c'est là dessus que je suis arrivée, comme un cheveux sur la soupe. Max nous a bien observé, son père et moi… Il m'a même carrément analysé avant de… m'adopter et de faire de moi sa "maman" de substitution. En sommes, nous adultes, nous lui avions laissé la possibilité de décider de notre avenir à tous… De créer cette famille idyllique dont il a toujours rêvé, dans cette maison merveilleuse avec sa cabane dans le jardin… Et maintenant, à ses yeux, il ne manquait plus que la petite sœur pour terminer le tableau.

Alors, en prenant conscience de tout ceci, j'étais totalement en droit de me demander si Adam était réellement à l'aise avec tout ça. Je ne doutais pas de son amour, pas plus que de mes propres sentiments à son égard… Seulement… Mince, je ne saurais réellement décrire ce que tout ceci me faisait ressentir.

– Est-ce que je t’ai fait sentir que je me sentais piéger ou que c’était trop rapide? Parce que si c’est le cas… je t’assure que non.
– Non mais… Je ne sais pas… Mais ça m'inquiète quand même un peu.

Et ce fut là-dessus que Max vint nous rejoindre, une feuille de papier à la main et sourire aux lèvres.

– Papa, Mam… Jane ! se corrigea-t-il en secouant ses petites mèches brunes. Regardez ce que j'ai dessiné !

Et voilà qui vint confirmer mes craintes. Ce n'était pas la première fois que Max se trompait en m'appelant. Cela arrivait même de plus en plus souvent, surtout la nuit, lorsqu'il venait me chercher après un cauchemar. Au début, j'avais trouvé cela mignon, même si je le corrigeais toujours. J'y voyait le signe de son bien-être en ma présence… De mon intégration… Mais à présent, je ne pouvais m'empêcher de trouver cela anormal et inquiétant.

– Il est superbe ce dessin !

Dessin qui représentait la maison, avec sa jolie façade bleue… Adam, Max et Moi, accompagnés d'un chien…

L’inquiétude se lisait dans le regard de ma belle rouquine et pourtant je me sentait confortable,bien et même si je savais que j’avais du mal à accepter de l’aide je tentais de plus en plus de corriger cette…habitude? Enfin ce trait qui avait mené à une dispute silencieuse. Même sa réponse semblait mal assurée, il y avait quelque chose qui la tracassait et qu’elle peinait à me dire, ou à tout le moins trouver les mots. J’allais lui demander d’éclaircir sa pensée mais ce fût ce moment que Max choisi pour arriver avec une feuille en main tout sourire. Bien sûr le fait qu’il appelle Jane maman au début avait quelque chose de mignon mais maintenant je m’inquiétais un peu car c’était plus fréquent. Cependant je cachais le tout en souriant devant son dessin.

- Hé mais c’est super ce dessin!

- Je peux le mettre sur le frigo?

- Bien sûr! je me tournai vers Jane et lui fis un petit sourire, On en reparle plus tard d’accord? Je m’occupe du repas avec Max.

Je lui donnai un baiser rapide et demandai à Max de venir m’aider ce qu’il fit à sa plus grande joie et je refusais même que Jane nous aide à mettre la table. Le repas se passa plutôt bien mais je savais que je devais parler à Max avant même de signer les papiers. Quand son bain fut terminé je lui avais préparé une collation et je l’attendais à la table. Je le laissai grimper sur sa chaise et jetai un coup d’oeil à Jane avant de commencer.

- Max, il faut que je te parle sérieusement. Tu te rappelle le monsieur que tu as vu il y a quelques mois? Paul? j’attendis qu’il hoche la tête avant de continuer en croisant mes mains devant moi. Il est revenu me voir pour que je signe des papiers pour que tu reste avec nous.

Son regard bleu se planta dans le mien pour se tourner vers Jane et revenir dans le mien. Il déposa on quartier de pomme dans son bol et ne dit rien pendant une seconde.

- Je voulais savoir, tu n’as pas demandé pour voir maman depuis des mois et… je jetai un autre coup d’oeil vers Jane comme si je pouvais trouver tout les mots du monde. Est-ce que tu aimerais aller chez maman des fois parce que…

- Je pourrais plus rester ici?

Hé merde…

- Mais oui tu resterais ici mais je pourrais demander que maman te prenne quelques fois. Par exemple un week-end ou une semaine sur deux mais tu resterais ici. Avec Jane et moi.

- Est-ce que maman veut?

- Je ne sais pas, je ne sais pas où elle est…

- Si elle ne part plus j’aimerais bien…

Ouais…là ça allait être difficile de lui promettre un truc pareil car sa mère avait toujours été tête folle courant après un idéal dont elle seule avait l’image.

- Je peux lui dire quand je la verrais Microbe.

- Sinon je veux pas, ça me fait toujours trop de peine. J’aime mieux rester ici toujours si elle s’en va tout le temps.

Je lui fis un sourire rassurant en passant une main dans ses cheveux. Il demanda pour Jane pour le border et lui raconter une histoire et quelque part je pouvais comprendre: J’étais le porteur de mauvaises nouvelles. J’allais quand même lui donner son câlin et son bisou de la nuit quand il m’arrêta sur le pas de la porte.

- Papa? Tu sais pourquoi je veux rester avec toi toujours?

Je me rapprochai et m’assied sur son lit en haussant les épaules.

- Parce que toi tu es jamais parti. Et moi j’aime beaucoup Jane…

- Je sais Microbe mais Jane n’est pas ta maman, même si tu le voudrais très fort. Mais elle t’aime beaucoup tu sais. Jne est un peu comme... une amie adulte.

Un sourire plus tard et il me donna un câlin le plus fort qu’il pouvait.

- Pourquoi tu es arrivé en retard?

- Oh… ça. Bien j’avais un rendez-vous mais je vais bien. Je t’en reparlerais une autre fois, maintenant, c’est l’heure de dormir.

Je le bordeaux de nouveau et descendit pour rejoindre Jane et m’assied à ses côtés en soupirant un moment et la serrai contre moi en fermant les yeux et inspirant longuement. C’était une journée… bizarre. Bizarre et pleines de rebondissements.

- J’ai rendez-vous avec un psy demain matin.

Je le dis simplement et quand elle me regarda je hochai la tête lentement pour lui assurer que j’étais sérieux.

- Toi qu'est-ce qui t'inquiètes? Tu avais l'air de chercher tes mots tout à l'heure...

Je les avais laissés préparer le repas, mettre la table… De toute façon, protester semblait bien inutile avec ces deux-là. Ils ne me laissèrent pas le choix.
Alors, durant pratiquement toute la soirée, je me suis mise en retrait. Le père et le fils avaient bien des choses à se dire et je ne tenais pas à interférer d'une manière ou d'une autre. J'observais, tout simplement en écoutant leur conversation jusqu'à ce que ne vienne l'heure du coucher.

La détresse et l'instabilité de Max m'apparurent plus clairement. Cet enfant avait également besoin d'aide… Besoin de parler, de vider sa petite âme de ce poids devenu bien trop lourd pour ses petites épaules. Adam faisait de son mieux et même plus encore, mais ce n'était clairement pas suffisant. Les craintes de l'enfant étaient clairement gravées dans ses os…

Je les avais laissé afin de remplir le lave-vaisselle et nettoyer la cuisine. Il fallait que je trouve une occupation pour éviter de me torturer le cerveau davantage. Adam me rejoint et me prit dans ses bras.

–J’ai rendez-vous avec un psy demain matin, m'annonça-t-il, de but en blanc.
– Vraiment ?

Il acquiesça d'un simple hochement de tête, l'air plus déterminé que résolu. Tant mieux.

– Toi qu'est-ce qui t'inquiète? Tu avais l'air de chercher tes mots tout à l'heure…
– Oh… Non, c'est juste que… marmonnais-je avant de soupirer et de m'éloigner pour m'asseoir sur l'îlot. Tu insistais sur le fait d'avoir besoin de temps… Et je me suis rendue compte que, finalement, on n'a jamais pris notre temps, toi et moi.

Tout est allé très vite entre nous, personne ne pouvait le nier. Nous avions pris de grands raccourcis et même si Max semblait parfaitement à l'aise avec tout ça, je commençais à me demander si nous avions eu raison de nous fier à son bien-être avant le nôtre.

– Regarde où nous en sommes… dis-je en écartant les bras pour désigner cette maison que J'AI voulu acheter. Si Nate n'avait pas…. bref, sans cette histoire, nous n'en serions pas là. Nous aurions réellement pris notre temps… Alors, forcément, je me demandais si tu étais vraiment à l'aise avec ça. Si tu étais vraiment heureux… Si Max l'était aussi. Il y a quand même un fossé entre ce dont il a envie et ce dont il a besoin…

J’avais été rejoindre Jane car nous avions encore à discuter de certaines choses, au moins se rassurer l’un l’autre car mine de rien la question qu’elle m’avait posée, m’intriguait et de plus ceci semblait l’inquiéter. Je la serrai contre moi comme si un câlin pouvait mettre un baume sur cette journée un peu bizarre. J’en profitais même pour lui dire que j’avais un rendez-vous le lendemain et opiner de la tête pour lui signifier que j’étais sérieux. Donc quand je lui demandais ce qui la tracassait je senti son inquiétude monter un peu alors qu’elle s’éloignait de moi pour grimper sur l’ilôt.

Je la laissai parler appuyé sur le comptoir en face d’elle, les mains dans mes poches de jeans. Oui bon on avait peut-être été rapide mais si je n’avais pas voulu je lui aurais dit que je voulais attendre. On avait quand même passé quoi… quatre mois environ à vivre sous le même toit. Je fini par m’avancer entre ses jambes en fouillant son regard et fini par prendre son visage entre mes mains.

- Hé…hé… Quand je t’ai dit que je voulais du temps, c’était pour réfléchir à ce que tu m’avais dit. Pas plus pas moins.

Je fouillais son regard un moment en caressant ses joues de mes pouces.

- Je suis bien et tu me rends heureux je ne veux même pas que tu en doutes une seconde. Max aussi il l’est. Il est plus jovial, plus dégourdi, il fait de moins en moins de cauchemar même si je sais que chaque retard fait monter sa nervosité et pour ça que je vais trouver quelqu’un pour qu’il fasse le ménage dans sa petite tête.

Je déposai un baiser tendre sur ses lèvres et entourai sa taille, mon regard retournant dans le sien.

- Je me doute que pour certain tout ceci peut sembler rapide et précipité, cependant il n’y a que toi, moi qui savons ce que nous voulons. Je ne me justifierais jamais d’être là, maintenant avec toi. On  vécu beaucoup en peu de mois j’en suis conscient. Pourquoi? J’en sais rien, ça devait arriver et c’est tout. Je pense, bien sincèrement, que c’est ce qui fait notre force. Je suis bien, je suis très heureux et je t’aime plus fort que tout. Je te fais une promesse…

Je lui fis un petit sourire rassurant avant de parler.

- S’il y a quoique se soit, je te promets de te le dire et fais-en de même avec moi. Comme je vais tenter de parler un peu plus quand ça ne va pas. Est-ce que ça te va?

Je ne pouvais nier le fait que tout ceci m'inquiétait. Je ne voulais pas être considérée comme une source de tracas ou de problèmes supplémentaires, pour le père comme pour le fils. Je craignais que notre empressement à être ensemble n'ait un peu trop précipité les choses et qu'une oppression en ressorte chez Adam. Alors certes, toutes les décisions prises ont été réfléchies en amont… Mais l'ont-elles été suffisamment ? Je ne saurais le dire, pas en me trouvant au centre de toute l'histoire.

–Hé...hé… Quand je t’ai dit que je voulais du temps, c’était pour réfléchir à ce que tu m’avais dit. Pas plus pas moins.
– Je sais oui… Mais… soupirais-je en posant mes mains sur les siennes. Je me demandais si je te laissais le temps à la réflexion de manière plus… générale. J'ai peur que tu en viennes à le regretter, c'est tout.

Il me parla de son bien-être, affirmant se trouver heureux avec moi… Mais n'est-ce pas le cas pour tous les jeunes couples du monde, encore en pleine Lune de Miel amoureuse ? Si, justement. Nous étions encore au beau milieu de cette période du "tout beau, tout rose", où tout allait parfaitement dans le meilleur des mondes… Du moins, tant que nos ex respectifs ne venaient pas mettre leur grain de sel.

Je pensais de plus en plus à l'avenir, une chose que je ne faisais jamais. Je me l'interdisais. En premier lieu parce que l'inconnu m'a toujours inquiété. Mon insouciance me manquait cruellement… Du temps où je ne me préoccupais que de moi et où demain n'avait pas la moindre importance. À présent, je passais mes journées à m'inquiéter pour eux deux. Je pensais à leur bien-être, me prenant la tête pour quelques menus détails comme les repas, le linge… Il me fallait tout prévoir, tout anticiper. Ce n'était pas toujours facile, mais je le faisais de bon cœur, par amour pour ces deux-là.

Alors oui, avec tout ce qui lui tombait sur le nez ces derniers temps, mon inquiétude grandissait d'autant plus. Je m'efforçais d'être un soutien pour lui, pour son fils, sans réellement savoir comment m'y prendre. Je ne supportais plus les conseils des uns ou des autres, même s'ils ne pensaient certainement pas à mal .. Mais j'avais l'impression que c'était mon incapacité à agir correctement qu'ils pointaient du doigt… Stan en particulier. Je savais parfaitement que le vieux coach aimait Adam comme s'il était son propre fils. Il le connaissait par chœur, probablement plus que moi… Mais je n'aimais pas l'entendre me dire comment m'y prendre avec lui. C'était stupide de ma part, j'en avais parfaitement conscience… Mais je pouvais faire autrement, c'était plus fort que moi.

– S’il y a quoique se soit, je te promets de te le dire et fais-en de même avec moi. Comme je vais tenter de parler un peu plus quand ça ne va pas. Est-ce que ça te va?

J'acquiesçais simplement, posant mon front contre le sien tandis que mes bras entouraient tendrement ses épaules.

– Je vais essayer. Mais ce n'est pas gagné, avouais-je finalement. En tout cas… Je suis très fière de toi et de ta décision d'entamer une thérapie… Je suis vraiment très fière de toi.

Elle s’inquiétait pour moi et je m’en voulais d’être une source d’inquiétude. J’allais vraiment faire tous les efforts possibles pour ne plus l’être… enfin le moins possible. Elle était là, elle me supportait depuis le tout début, il n'en tenait qu’à moi de ne pas la perdre encore une fois. Je souris doucement quand elle me demanda si elle me donnait assez de temps pour réfléchir justement.

- Tu me donnes le temps Jane. Puis si tu n’avais pas insisté, je t’aurais sûrement trouvé des excuses bien pourries pour ne pas y aller et c’est là où j’aurais pu te perdre. Je haussai les épaules lentement en fouillant son regard, des fois il me faut de bons coups de pied au derrière et ça je ne regretterais jamais que tu le fasse. Je sais que je peux être long à prendre une décision, j’en suis conscient mais dans ce cas-ci… c’est ok que tu l’es fait. J’en avais vraiment besoin.

J’étais heureux, pour vrai et j’étais sincère quand je lui dis. Peut-être que j’étais encore dans cette bulle merveilleuse avec elle, cette période toute magnifique j’en sais rien. Mais j’étais tellement… bien. Je ne me sentais plus torturé par en-dedans, je me sentais…. je ne saurais le décrire mais j’étais plus paisible. Si les autres regardaient notre relation en la jugeant, je m’en foutais tellement. Je savais ce qui était bon pour moi, pour mon fils, pour nous. Si j’avais eu le moindre doute, je ne serais pas ici en ce moment. Je ne voulais pas qu’elle s’inquiète pour le suite, je devrais gérer et pour ça je devais me préparer à toute éventualité. Je lui fis donc cette promesse ultime: Je lui parlerais quand ça n’irait pas. Mon front collé au sien, je la sentis un peu plus calme, moins inquiète et ça me rassurait.

- Ça ne sera pas plus facile pour moi mais c’est pour ça qu’on est une bonne équipe, on se soutient. Merci de m’avoir botté les fesses.

On passa une soirée calme, bien lové l’un contre l’autre pour mieux aller se coucher et prendre un moment justement pour se retrouver tout les deux et mieux s’endormir dans les bras l’un de l’autre. Le lendemain matin, j’étais tendu, nerveux et inquiet car pour la première fois quelqu’un allait fouiller dans ma tête. Mais je ne rebroussai pas chemin arrivé au bureau du psy, je n’étais pas plus à l’aise mais je me disais que je le faisais pour ma famille. Pour être plus fort,plus solide. Somme toute c’était pas trop mal et j’en ressortis à la fois vulnérable et léger. Je rejoins même mon avocat demandant d’enlever la clause de pension et que si elle voulait une garde partagée j’étais ouvert à l’idée. Je doutais fort qu’elle accepte mais bon… on ne pourra pas dire que je n’aurais pas tout tenté. Je fini ensuite par signer les papiers et… je devrais attendre.

J’en parlais avec Jane qui devait se demander pourquoi une mère était si peu présente. Pourquoi j’en étais rendu là mais en même temps je lui dis pour la clause de la pension et que j’étais prêt à discuter avec elle d’une garde partagée. Mais présentement, j’étais surtout nerveux à l’arrivée de mes parents. J’avais revisité le menu mille fois, changeant d’idée au moins le même nombre de fois pour finalement opter pour un bon gros rôti de boeuf, des légumes frais cuit dans le bouillon de rôti et des pommes de terre pilées. Max s’affairait à faire une énième oeuvre d’art bien campé dans l’atelier de Jane. De mon côté j’avais sauté dans le douche. me rasai de près, m’aspergeai de parfum et allai enfiler mon costume trois pièce qui traînait dans le fond de ma penderie. Je descendis une fois ma cravate nouée et que je la plaçai comme il faut pour mieux refermer mon veston.

- Alors tu en penses quoi? dis-je en fouillant son regard.

C’était pas possible d’être aussi tendu et nerveux. Je me sentais encore comme ce gamin qui devait en faire des tonnes pour que ses parents le remarque.

- Dis-moi que ça va bien aller et que tout va bien se passer.

J’avais besoin de l’entendre, même si c’était un mensonge. Juste pour calmer mon coeur en panique, mes nerfs en boules et taire tous les scénarios catastrophes que mon esprit bâtissait depuis ce midi. Heureusement Max était habillé tout propre d’une chemise aussi bleu que ses iris et un petit nœud papillon qu’il avait tenu à mettre ainsi qu’une petite veste sans manches presque dans les mêmes tons que mon habit.

Habit d'Adam

– Alors tu en penses quoi?
– Tu es très beau… mais je pense que tu en fais beaucoup trop, rétorquais-je en plissant les yeux.

Je comprenais la nervosité d'Adam mais là… Bon sang, cela prenait des proportions mirobolantes… Un costume, il avait enfilé un costume juste pour souper avec ses parents… Alors certes, les Collins avaient de l'argent… Ils en avaient même beaucoup, mais de là à se mettre sur son trente-et-un pour les recevoir…Non merci.

– Dis-moi que ça va bien aller et que tout va bien se passer.
– Et si ça se passe mal, qu'est-ce que ça peut faire ? lui demandais-je en lui retirant sa cravate. Tout se passera bien… Sois juste toi-même, Adam…

Je soupirais un grand coup. Pour ma part, je voulais bien faire des efforts, mais certainement pas en reniant ma personnalité. Je portais donc un simple pantalon noir et une tunique émeraude sans aucun froufrou ni fioritures inutiles.

– Et puis, on ne t'as jamais dit que l'habit ne fait pas le moine ? ajoutais-je en haussant les sourcils. Tu es parfait au naturel. Laisse-leur la possibilité de s'en rendre compte au lieu de te déguiser en fils prodigue...

Je récupérais la cravate et la roulais proprement avant de la ranger dans ma poche. J'y trouverai bien une utilité, plus tard, quand nous serons seuls dans notre chambre. Pour l'heure, l'on sonnait à la porte. J'allais donc ouvrir en affichant mon plus beau sourire. Monsieur Collins me salua gentiment, me tendant un bouquet de fleurs… Je le remerciais poliment, même si je détestais voir ces pauvres fleurs ainsi coupées…  Mais qu'importe, je les déposais dans un vase avant de les guider jusqu'au salon où l'on avait préparé un petit apéritif.

– J'aime beaucoup ce que vous avez fait de cette maison, nous lança madame Collins en se saisissant d'un petit four. Ce tableau est magnifique !
– Merci beaucoup, dis-je en l'observant se lever pour mieux admirer la toile suspendue au-dessus de la cheminée.
– Oh ! Elle est signée JW. Nous avons justement visité une galerie qui exposait ses œuvres à New-York… N'est-ce pas chéri ?
– Oui, nous avons beaucoup apprécié… Mais, je suis sceptique… Les toiles que nous avons vu coûtaient une petite fortune…
– Ah ?
– Oui, c'est vrai… De mémoire, nous avons laissé plus de quinze-mille dollars à cette galerie… Comment ?
– Nous ne l'avons pas payé.
– Comment cela ? Demanda monsieur Collins en nous dévisageant, son fils et moi.
– Je suis JW… Alors, cette toile, c'est moi qui l'ai peinte… Mais, merci beaucoup pour vos achats, rétorquais-je en reposant le plateau de hors-d'œuvre. Que soutenez-vous boire ?