Quoi ? Mais, Alex n'a rien à voir là dedans… ! Lançais-je, surpris.

Je l'entend alors, affirmer qu'elle pouvait quitter les lieux si je voulais Faire venir une fille ou juste rester seul, affirmant ne pas être sous notre responsabilité.
J'écoute tour ça d'un air un peu surpris et quelque peu dépassé. Je secoue brièvement la tête pour me remettre les idées au clair.

Alors, tu ne me dérange pas en étant ici, je ne te vois pas comme une responsabilité et je n'ai pas envie que tu te sentes obligée de quitter l'appartement…

Dis-je en l'aidant à mettre le drap.

Si je te propose de passer du temps ensemble, c'est parce que j'en ai envie, pas parce que je m'y sens obligé. Je t'aime beaucoup Hailey, alors franchement, je n'ai pas envie que tu quittes l'appartement. Avouais-je alors que je coinçais un coin de drap sous le matelas. Tu me plais, alors n'imagine pas que tu me déranges ! Plaçais-je finalement afin d'être totalement certain qu'elle ne pouvait plus ignorer ou ne pas comprendre ce que j'essayais de lui faire comprendre depuis deux jours.

–Quoi ? Mais, Alex n'a rien à voir là dedans… !
– Si tu le dis, pouffé-je, certaine d'avoir raison.

Il m'explique alors ne pas me voir comme une responsabilité et que ma présence ne le dérange en rien. Tant mieux, ça me rassure. Je n'ai jamais aimé avoir l'impression d'occuper plus de place que je ne le devrais.

–Si je te propose de passer du temps ensemble, c'est parce que j'en ai envie, pas parce que je m'y sens obligé. Je t'aime beaucoup Hailey, alors franchement, je n'ai pas envie que tu quittes l'appartement.
– Ah, d'accord, je rétorque, un peu surprise.

Après tout, nous n'avons passé que très peu de temps ensemble. Deux heures, en tout et pour tout si l'on devait mettre ce temps-là bout à bout. On ne se connait finalement pas et je ne sais pas moi-même ce que je pense de lui en dehors de "il est sympa".

–Tu me plais, alors n'imagine pas que tu me déranges !

Ah…Ouais là, c'est autre chose.

– Pourquoi ? je demande par réflexe, les yeux probablement exorbités. T'es au courant qu'on ne se connait pas hein? Je veux dire… T'es du genre coeur d'artichaut, c'est ça ?

Je souris à sa réaction, à moitié amusé et à moitié anxieux. Après tout, je viens de dire à la sœur de mon ami qu'elle me plaisait, ce nest pas une situation simple.

J'ai dis que tu me plaisais, pas que j'étais fou amoureux. En revanche, j'aimerais beaucoup passer plus de temps avec toi pour, justement, apprendre à se connaître. Dis-je avec un sourire.

Finissant de positionner le drap, je relevais la tête vers elle, assumant la probable petite rougeur qui avait pu prendre possession de mes joues.

Au moins, ça te donne une petite explication supplémentaire du pourquoi je t'ai photographié autant.

– Euh…

Ouais bon, je ne sais vraiment pas quoi répondre à cela… Enfin, pas sans être vexante quoi. Et même si ce qu'il me raconte ne me plait pas vraiment, je n'ai pas spécialement envie de heurter le meilleur ami et colocataire de mon frangin.

– Pourquoi me le dire au juste ?

Sans doute parce que je lui ai donné l'impression de me défiler. Enfin, avec une bonne excuse, d'autres explications, j'aurais forcément fini par accepter parce que, jusque-là, j'appréciais sa compagnie. Là, maintenant… La situation me semble plutôt compliquée.

– Écoute, tu es le meilleur ami de mon frère… je soupire avant de m'asseoir en tailleur sur le lit déplié. Ça te donne un statut particulier, mais pas celui que tu imagines… Puis, connaissant Alex, ce n'est pas vraiment quelque chose qu'il apprécierait.

Certainement pas même. Je me souviens d'un incident survenu il y a quelques années avec l'un de ses amis…Enfin, devrai-je plutôt dire ancien ami. J'aime autant que cela ne se produise pas.

Je reste immobile, l'écoutant m'éconduire avec, j'imagine, autant de douceur que possible. Naturellement, je suis l'ami de son frère en plus d'être son colocataire, voici une excuse facile. Au je ne remets pas en cause ce point de vue, je me rends simplement compte que j'avais cet obstacle sous le nez depuis le début et que je ne l'avais jamais pris en compte. En fait, je ne la voyais pas comme “la sœur de” mais plutôt comme…une colocatrice.

Je comprends. Dis-je en souriant, même si c'était un sourire un peu maussade. Désolé si c'est un peu soudain, j'ai essayé de laisser des indices avant, mais je n'ai pas été très doué.

Je frappais son oreiller pour lui redonner forme convenable avant de poursuivre.

En tous cas, j'aimerais bien qu'on passe un peu de temps ensemble, qu'on apprenne à se connaître. Tiens, je pourrais t'emmener au Lynn Canyon. Si tu n'y est jamais allée, c'est un superbe canyon avec cascades et forêt et un pont suspendu pour le traverser. C'est un des trucs à voir dans le coin. Il y a moyen de faire un belle petite randonnée et il y a de superbes points de photogra… vue ! Corrigeais-je à la fin, un peu exprès pour détendre l'atmosphère devenue un peu moyenne.

Honnêtement, je pense que sans cette histoire de colocation et d'amitié avec mon frère, les choses auraient pu être différentes. Matthew m'a tout l'air d'être un type bien. Il est gentil, serviable et respectueux… On ne peut pas vraiment dire que ce genre de mec coure les rues. Sinon ça se saurait.

Mais voilà… La situation est ce qu'elle est et j'ai du mal à comprendre ce qui pourrait lui plaire chez moi alors que nous ne nous connaissons que très peu. Enfin… Si, mais je ne suis pas certaine que cela me plaise réellement. Je ne le connais que depuis quelques jours… Moins d'une semaine même. Il y a donc fort à parier pour que son intérêt à mon propos ne soit basé que sur des critères physiques et… Je n'aime pas spécialement cette idée.

Bref…

– Je connais oui, dis-je. Je viens du coin à la base, tu sais ?

Mon père adorait les randonnées, le camping… Nous avons probablement parcouru maintes fois tous les spots du coin. On faisait même du patin sur le lac Rice en hiver. C'était la belle époque.

– Écoute… On en discute demain ? Là je t'avoue que je suis beaucoup trop fatiguée pour ça…

Puis je n'aime pas dire non sans vraiment prendre la peine de réfléchir. Après tout, je n'aurais rien contre l'idée de sortir de la ville pour prendre un peu l'air. À voir. Dans tous les cas, il est beaucoup trop tard pour envisager une randonnée dès le lendemain. Quoique, vu l'heure, on peut carrément dire "le jour même".

– Bonne nuit, Matthew.

Crétin !
Je me maudissais d’avoir oublié ce détail. Évidemment qu’elle connaissait le canyon ! Alex m’avait dit qu’ils avaient grandi dans le secteur. Du coup, je passe pour une bille à lui proposer une sortie qu’elle doit déjà connaître par coeur.
Finalement, elle me propose d’en discuter le lendemain, après une nuit de sommeil dont elle avait besoin. Moi aussi, visiblement, si je voulais arrêter de me ridiculiser.

Oui, c’est vrai, il est tôt. On verra ça plus tard et puis si ce n’est pas ce week-end, ce sera une autre fois. Dis-je en souriant avant de poser son oreiller sur son lit.

Bonne nuit, Hailey ! Répondis-je en rejoignant ma chambre.


Je m’extirpais de mon lit en bâillant, m’étirant avant d’enfiler un pantalon de toile léger. Je me glissais silencieusement dans la cuisine, veillant à faire le moins de bruit possible, et fis du café pour nous deux avant de retourner dans ma chambre pour faire mon sport.
Ceci fait, je mis un débardeur pour descendre chercher quelques viennoiseries pour le petit déjeuner.
A mon retour, Hailey semblait toujours dormir, en tout cas, elle ne bougeait pas des masses dans son lit, quand bien même il y avait cet éternel pied fuyant le drap et défiant la gravité.
Je souriais à chaque fois que je voyais cela. Heureusement que nous n’avions pas de chien, elle serait chaque jour réveillée par une grosse langue sur la plante de pied.
Armé de mon ordinateur et de mon mug, j’allais sur la terrasse pour profiter du soleil et consulter mes mails.
En parallèle, je regardais les parcours de randonnée faisables dans le secteur, quelques-uns s’étalant sur deux jours avec un bivouac. Cela pourrait être amusant, en plus d’être l’occasion de ressortir mon matériel de camping.

Je me réveille avec cette étrange impression de ne pas avoir fermé les yeux de la nuit. C'est faux, bien-sûr, j'ai dormi de bout en bout sans que mon sommeil ne soit contrarié. Mais nous sommes dimanche, alors je suppose que mon cerveau associe cette journée avec grande fatigue et envie de traîner au lit …

Je ne sais pas quelle heure il est exactement, mais je me doute que la journée est bien avancée. Je me lève en m'étirant, les yeux encore englués par le sommeil. La fenêtre donnant sur le balcon, alors je suppose que Matthew s'y trouve…

Les souvenirs de la veille me reviennent et… je lui en veux. Pourquoi m'a-t-il dit que je lui plaisait ? C'est stupide… Je ne sais même plus comment me comporter avec lui, maintenant que je suis au courant. Il aurait mieux fait de garder cela pour lui ! Il a tout gâché !

"Font chier les mecs a toujours vouloir ouvrir leur bouche là", me dis-je en me dirigeant vers la cuisine avec l'intention de me faire un café… Sauf que, le café est déjà prêt et des viennoiseries traînent sur la table… "Ouais… c'est gentil…"

Je soupire bruyamment tout en regagnant la salle de bain pour m'habiller. Peut-être devrais-je sortir et prendre mon petit déjeuner dehors… Ouais, bonne ou mauvaise, ça reste une idée…

"C'est chiant…" je souffle, devant le miroir.
Ou alors… Je pourrai en profiter pour rendre visite à ma mère. Alex a bien dû lui dire que j'étais chez lui. Elle va donc finir par m'appeler pour râler… Ouais, mais ça, je m'en cogne. Je n'ai pas la moindre envie de la voir et puis… J'ai bloqué son numéro alors…

– Raaaaah, mais pourquoi a-t-il fallut qu'il l'ouvre, bordel ?!

Oups, ces mots, je les ai crié devant le miroir… J'espère qu'il n'a rien entendu.

Je termine de me préparer et je rejoins le balcon pour le prévenir.

– Salut, j'ai des courses à faire alors… À plus tard?

Je relève la tête de mon écran en entendant crier depuis la salle de bain. Si j’entends les mots, je suis bien incapable de savoir ce qui la fait râler à ce point.
Tout ce que j’espère, c'est que je ne sois pas la source de cette colère. Je réfléchis rapidement, essayant de me remémorer si j’aurais pu, par mégarde, ouvrir un truc ne m’appartenant pas, mais non. Rien ne me vient.

Lorsqu’elle passe par le balcon, elle me semble tendue. Elle m’annonce avoir des courses à faire, me demandant alors si l’on se verrait plus tard.

Euh, ok, pas de problème. Répondis-je avant de lui montrer mon téléphone. Tu veux prendre mon numéro au cas où ? Proposais-je avant de réfléchir.

Sinon, cela te dirait que l’on se retrouve quelque part après tes courses ? Je ne sais pas, un bar de plage ? Un parc ? Un magasin de guitares ? Un truc qui te plairait ?

Après tout, nous avions évoqué l'idée de se connaitre un peu plus et je n'avais aucune idée de ce qu'elle aimait en dehors de son boulot et de la musique.

– Pourquoi faire ? je demande, un peu par réflexe, lorsqu'il me demande si je ne voudrais pas prendre son numéro de téléphone.

J'avoue me sentir un peu bête de réagir ici. Il ne s'agit que d'un simple numéro après tout … Je me souviens de l'époque où je pouvais encore utiliser la fameuse excuse "j'ai plus de place dans mon répertoire". Ce qui, bien-sûr , a toujours été faux. Et si la pensée me fait sourire, l'idée ne me viendrait même pas de l'utiliser avec lui. Après tout, je l'apprécie, malgré tout.

Alors je lui donne mon numéro, lui demandant de m'envoyer un message pour que je puisse enregistrer le sien après. C'est une sorte de preuve de bonne foi, même si mon premier choix reste de prendre la fuite… Parce que c'est l'ami de mon frère et que je sais que se rapprocher plus que nécessaire risque fort de devenir un problème.

Aussi, lorsqu'il me demande si nous ne pouvions pas nous rejoindre quelque part, la première idée qui me vient est de se donner rendez-vous dans une bande d'arcade. Le genre rétro gaming, mon préféré. Il n'y a rien de trop intime là-dedans et puisque j'adore les vieux jeux vidéos, c'est aussi un moyen pour lui d'apprendre à me connaître… Et possiblement de se rendre compte à quel point je suis une gamine. En tout cas, c'est ce que pense mon frère.

– Rejoins-moi à dix-huit heure à cette adresse… dis-je en griffonnant sur un bout de papier.Et avant que tu ne te poses la question : non, ce n'est pas une erreur.

N'ayant plus rien à ajouter, je quitte finalement l'appartement. Puisque nous sommes dimanche, je n'ai techniquement rien à faire dans les rues. Il y a bien quelques boutiques ouvertes, mais rien qui ne m'intéresse réellement. Je m'arrête à la laverie pour m'occuper de mes machines. Je sais que les garçons ont ce qu'il faut chez eux, mais je préfère ça… ça me laisse un peu de temps pour écrire. Allez savoir pourquoi, le bruit des machines m'inspire toujours. Je bois la moitiés d'un café franchement dégueulasse et un muffins chocolat et groseilles et ce sera probablement mon seul repas avant le soir.

Une fois ma lessive sèche et pliée, je range le tout dans le coffre de ma voiture. Je marche un peu, sans autre but que celui de profiter du calme et de la solitude. Bon… on est loin de la paix qui réside dans les bois, mais c'est plutôt agréable de se retrouver seule avec soi-même.

À dix-huit heure, je suis bien sur les lieux du rendez-vous… Je suis curieuse de voir sa tête… Très curieuse même.