Glissant ses mains dans les siennes, Edward l’aida à se redresser sur ses jambes, tout en l’imitant, puis entoura ensuite son visage pour venir embrasser ses lèvres avec davantage de douceur « A ce soir la mia luce, je t’aime » et s’éloigna, le temps de quelques pas, puis rebroussa chemin pour venir l’embrasser de nouveau « Tu me manques déjà » et un nouveau baiser « A ce soir… » et finit par déposer ses lèvres dans son cou, puis quitta à contrecœur l’appartement, la mallette dans la main, et sa queue teintée du rouge de ses lèvres. C’était une belle journée qui s’amorçait.

Angie avait sourit en frottant son nez contre celui d’Edward. « -à ce soir mi amore. » répondit la jeune femme avant de le regarder partir, incapable de le quitter des yeux. Elle luttait pour rester dans la cuisine et éviter de le suivre jusqu’à la porte. Sinon, elle serait sans doute capable de dire que oups elle avait perdu la clé. Oh zut il était coincé… mais il avait du travail, et elle aussi d’ailleurs. Alors… elle devait le laisser partir. Même s’il revenait déjà vers elle. Angie sourit de plus belle en lui rendant son baiser : « -je serai là… » elle le couva d’un regard doux et ajouta : « -bonne journée. » elle rit en sentant ses lèvres dans son cou : « -va-t’en ! » le pressa Angie, préférant le mettre dehors plutôt que de se sentir encore plus frustrée qu’elle ne l’était déjà.

Elle resta quelques secondes à sourire bêtement à la porte d’entrée, puis elle décida de déjeuner. Elle mangea sur la terrasse, avant d’aller prendre une douche. Quelques minutes après, elle lança son téléphone et saluait ses followers pour la séance de yoga. « -coucou mes lapins ! » lança-t-elle joyeusement. « -j’espère que vous allez bien. Je suis contente de vous retrouver pour notre petite séance de yoga. Dites moi en commentaire si ce que je vous avais laissé ce weekend vous a plu. Si c’était trop dur ou pas assez. » elle s’était installée sur la terrasse, en tailleur. « -de mon côté, un superbe weekend. » elle continua de parler, comme elle le faisait à chaque fois. Evoquant les prises de conscience du séjour. Le besoin de se couper du monde parfois. De profiter du moment, sans penser à son téléphone. Seulement vivre, profiter, savourer. Elle avoua avoir fait pas mal de sport, et que la séance allait lui faire du bien, parce qu’elle était courbaturée. Cela la fit rire intérieurement.

A moment de la pause repas, elle retrouva Flynn pour une petite réunion. Elle lui raconta le Montana, le chalet mais rien de plus. Seulement qu’elle était ravie de son weekend, et qu’elle espérait que son petit nuage de bonheur allait duré. Elle ne parlait pas de l’idée d’Edward de quitter la politique. C’était trop tôt. Durant l’après-midi, elle prit le temps de finaliser la commande qu’ils avaient commencé la veille, tout en faisant l’amour. Elle en profita pour lui envoyer un message. Commande passée avec deux emoji aubergine et pêche. Elle travailla un bon moment durant l’après-midi, avant de prendre le temps de boire un thé, juste après que Yuma soit partie. Durant sa pause, elle décida de visionner la vidéo qu’elle avait faite hier. Lorsqu’Edward rentra, elle était dans la piscine à faire des longueurs.

« Veuillez prendre connaissance du graphique en page 36 relatif aux dépenses actuelles et prévisionnelles, tout en prenant en compte l’inflation et les projets à venir pour … ». D’un geste lent, Edward tourna les pages une par une, jusqu’à voir apparaître ledit graphique dont faisait mention Bethany Winthrop, l’actuelle conseillère financière de la mairie de New York. Une spécialiste en finance que le maire actuel avait débauché dès sa sortie de l’Université, pour lui offrir un poste prestigieux au sein de son Administration. Malgré la blondeur de ses cheveux et la voluptuosité de ses courbes qui accaparaient davantage l’attention de ces congénères attablés, que pouvaient le faire ses explications sur les bilans financiers passé, présent et à venir de la municipalité, la jeune femme ne rencontrait pas la moindre difficulté pour s’affirmer devant une assemblée composée majoritairement d’hommes qui la considérait, sans nul doute, pour une écervelée bien pourvue par la nature. En ce qui concernait Edward, il se contrefichait tout autant de son physique de starlette du petit écran, que ce dont elle faisait mention. Le compte à rebours était lancé et d’ici quelques jours, tout cela appartiendrait à sa vie passée. Mais dans l’attente de l’annonce officielle de son retrait de la vie politique, il n’avait que d’autres choix que d’être présent à chacune de ces réunions, observant avec accablement le comportement de ses pairs vis-à-vis de leur intervenante. Un soupir lui échappa et décida de s’intéresser plus à son téléphone qu’à l’objet même de cette réunion chronophage et insipide. Un petit sourire étira lentement ses lèvres quand il prit connaissance du message d’Angie, qui lui était adressé. Il pianota promptement sur ledit écran : Je suis pire qu’un enfant le soir de Noël. Et pressa la touche « envoyée » aussitôt. Sans le raclement de gorge qui se fit entendre de l’autre bout de la table, attirant ainsi l’attention de tous ses collaborateurs sur sa personne, il aurait probablement envoyé un nouveau message aguicheur à sa moitié. « Un problème Mademoiselle Winthrop ?! ». En chœur, les têtes se tournèrent d’un seul homme jusqu’à elle « Je trouve que c’est inconvenant d’utiliser son téléphone portable en réunion ». Sans mot dire, il rassembla l’ensemble de ses effets personnels sous le bras, contourna l’imposante table de réunion d’un pas trainant, jusqu’à parvenir à sa hauteur, la surplombant sans nul doute d’une vingtaine de centimètre « Je vais donc prendre congés dans ce cas » et s’approcha de la porte, avant de tourner des talons pour lui faire face « Mais pour votre information Mademoiselle Winthrop, aucun de ces hommes ne sont intéressés par vos rapports financiers. Ils essaient de vous imaginer nue. Quant aux moins irrespectueux d’entre eux, ils fabulent en tant que réalisateur de films pornographiques. Mais c’est probablement moins … inconvenant, que de répondre à un message » et quitta la pièce sous les contestations de ses pairs, dont une part rougissaient de honte, et sous l’hilarité du personnel féminin.

Une heure plus tard, le politicien releva lentement son regard sur la femme qui venait de pénétrer dans son antre, sans y être conviée, soulignant en silence la longueur de ses jambes apparentes et de ses courbes parfaitement moulées dans une robe tailleur crème, cintrée. Quand il croisa finalement ses prunelles d’un bleu digne des lagons de Bora Bora, il constata ses joues rosirent légèrement « Un souci Mademoiselle Winthrop ? » « Je voulais vous parler de tout à l’heure » « Vos excuses sont inutiles ». Elle émit un petit rire nerveux qu’il ignora, alors qu’il reportait tout son attention sur ses documents qu’il remplissait avec la plume délicate de son stylo Mont Blanc « Je ne venais pas m’excuser… Je… » « Ava ?! ». Ils se tournèrent l’un et l’autre en direction de la porte de son bureau toujours close. D’un geste, Edward relâcha la pression sur son stylo et contourna son bureau jusqu’à la jolie blonde « Qu’est-ce que vous voulez ? » « Est-ce que vous m’avez considéré comme tel tout à l’heure ? » « Comme ? » « Un morceau de viande » « Non » « Vous mentez ? » « Non ». Elle le jaugea du regard quelques secondes, incertaine face à son aveu, et acquiesça « Merci » « De ? » « De ne pas vous être comporté comme un salaud » et sur ces mots, déposa un baiser à la commissure de ses lèvres, laissant Edward interdit. Il repensa à cette matinée dans la cuisine, aux mots échangés avec Angie, à l’amour qu’ils se portaient l’un à l’autre, à son envie viscérale de rester à ses côtés, et à l’étrange sensation qui était en train de dévorer ses souvenirs chers à son coup… Lorsque la porte s’ouvrit sur Ava, Bethany prit la décision de s’éclipser après un timide signe de main et un sourire auquel il ne répondit aucunement, restant immobile à fixer l’espace qu’elle occupait encore une minute plus tôt. « Est-ce que j’ai interrompu quelque chose ? ». Après quelques secondes, il parvint à formuler un premier « Hum ? » « Bethany et toi » « Non » et se tendit aussitôt, sa voix devenant brusquement plus froide « Le dossier Jones ». Elle le souleva à hauteur d’yeux tout en l’agitant légèrement, et finit par le déposer sur le rebord de son bureau auquel il reprit place…

En franchissant le seuil de la porte, Edward se délesta aussitôt de sa mallette dans l’entrée et continua d’arpenter les derniers mètres jusqu’à la piscine, d’un pas trainant. Debout de toute sa longueur sur le rebord de la piscine, il observa la jeune femme faire ses longueurs le long de la piscine, jusqu’à ce qu’elle ne perçoive sa présence. Il ne lui adressa qu’un maigre sourire de convenance, les mains dans les poches de son costume « J’aimerais qu’on parle, mais j’ai besoin d’un verre, et tu en auras sûrement besoin d’un aussi ». Il s’éclipsa une minute tout au plus, suffisamment de temps pour verser le liquide ambré dans un fond de verre, et apporta les deux récipients sur la terrasse, tendant le sien à Angie et dégusta la première gorgée de son propre verre avant de se lancer « Une femme m’a embrassé aujourd’hui… ».

Angie avait adoré ces quelques jours passés uniquement avec Edward. Mais elle devait bien avouer qu’elle appréciait également reprendre le travail. Le yoga, la conversation a sa communauté comme s’ils étaient tous là devant elle. Et puis les projets, les bilans, Flynn. Elle adorait son job, vraiment. Et elle prit plaisir à replonger dedans. Flynn avait obtenu de beaux appels à projets, hyper motivant. Un shooting photo avait été planifié, ce qui réjouissait la jeune femme. Deux escapades découvertes également. Elle nota dans sa tête d’en faire part à Edward. Elle espérait qu’il ait passé une belle journée et qu’il serait de bonne humeur le soir venu.

Afin de se détendre, Angie avait enfilé un bikini et avait plongé dans la piscine. Elle mit un peu de temps à se rendre compte qu’elle n’était plus seule. Lorsqu’elle sortie la tête de l’eau, elle sourit à Edward. Mais étrangement, le sourire qu’il lui offrit ne lui indiqua rien de bon. Une seule journée de nouveau à travailler et il avait visiblement le moral en berne. Elle fronça les sourcils avant de lui avoir dit bonsoir. Elle marmonna un : « -génial… » en le regardant quitter le bord de la piscine, avant de faire trois brasses pour rejoindre les escaliers. Elle sortie de l’eau avec lenteur, prit le temps de se sécher, avant de prendre place sur l’un des canapés, jambe repliées sous elle. La belle rousse remercia Edward pour le verre. Elle n’en avait pas réellement envie là tout de suite, mais comment refuser… Elle lui laissa le temps, même si elle brûlait de savoir ce qu’il allait lui sortir.

Finalement, elle porta son verre jusqu’à ses lèvres, mais ce geste resta en suspens. Elle bloqua en entendant les paroles d’Edward et fut incapable de le regarder. Elle aurait pu faire de l’humour, lui dire que oui, ce matin, c’était elle qui l’avait embrassé. Mais ce n’était visiblement pas une blague de mauvais gout. Edward était sérieux. Angie prit le temps d’avaler une longue gorgée de son verre. Il avait raison, finalement, elle en avait besoin. Elle se pinça ensuite les lèvres, et souffla un : « -d’accord… » en hochant légèrement la tête. Elle ne savait pas exactement comment réagir. « -j’ai plusieurs questions qui me viennent à l’esprit. » commença la belle rousse. Un nouveau pincement de lèvres et elle reprit en posant son regard sur lui : « -pourquoi est-ce qu’elle t’a embrassé ? Comment se fait il qu’elle soit parvenu à cela ? Et son nom. » les derniers mots avaient été prononcés de façon bien plus froide. Elle avait d’autres questions, mais elle n’avait pas envie de douter de lui. A quoi bon lui demander ce qu’il avait ressenti, s’il y avait prit du plaisir, si elle embrassait mieux quelle… Après tout, Edward était bel homme… Angie savait que plus d’une femme devait le désirer. Mais d’où sortait cette femme, et comment est ce qu’elle était parvenue à l’embrasser ?!

Si ce soir Edward se révélait particulièrement préoccupé, ce n’était aucunement en raison des différents dossiers qu’il avait eu à gérer au cours de la journée. Il s’accommodait du surcroît de travail. C’était inhérent à sa carrière politique. Une autre femme s’était octroyée le droit de déposer ses lèvres à la commissure des siennes, et il n’était pas parvenu à amorcer le moindre mouvement de recul ou la moindre protestation face à son initiative. Il était resté interdit devant son geste, accablé par les ressentiments qu’il avait pu éprouver et les interrogations que ce simple geste avaient fait émerger dans son esprit. Chacune d’entre elles concernait Angelica. Le politicien avait mené une lutte intérieure à chaque seconde de la journée, jusqu’à ce qu’il parvienne au rebord de la piscine, le cœur alourdit par la culpabilité et les craintes. À maintes reprises, il s’était questionné sur la pertinence d’une telle révélation, sur les conséquences que cela pourraient engendrer sur sa relation avec la jolie rousse. Puis il était parvenu au désagréable constat que leur bonheur n’était que constamment éphémère… Ce n’était pas ainsi qu’Edward avait envisagé son retour, et décida de ne pas ménager sa petite-amie face à un tel aveu. Le verre de whiskey japonais affiné en fût de chêne, et plus âgé que lui, était fermement maintenu entre ses doigts quand il prit la décision d’avouer à la jeune femme qu’une autre femme qu’elle avait déposé ses lèvres sur les siennes.

Debout devant le rebord de la piscine creusée de sa terrasse, Edward était incapable de rester immobile sur le rebord du moindre mobilier qui occupait l’espace. Portant son verre à ses lèvres, il sentit son cœur s’étreindre dans un étau au simple mot prononcé par Angie. D’accord. C’était le présage d’une conversation qui serait probablement déterminante pour la suite de leur relation… Il tourna légèrement la tête en sa direction, et répondit un simple « Ok … » dans un souffle à peine audible. D’une seule traite, Edward avala le contenu de son verre en cristal, appréciant la chaleur du liquide ambré coulant le long de sa gorge, puis combla les minces quelques mètres qui le séparait de la jolie rousse, se délestant de son verre sur la table basse. Dressé devant elle, le politicien resta silencieux quelques instants à la suite de l’énumération des différentes questions que formula la jeune femme à voix haute. Après avoir déglutit avec lenteur, il se décida finalement à prendre place sur le rebord de la table basse, faisant ainsi face à l’influenceuse « Parce qu’elle a apprécié que je la considère comme une femme, et non comme un objet de désir comme la majorité des hommes qui siégeaient à cette réunion ». Il amorça un geste en sa direction, mais se ravisa en chemin, serrant le poing qu’il ramena jusqu’à sa propre cuisse « Pour te répondre, je l’ignore Angelica. Elle m’a prit au dépourvu et je suis resté … interdit… ». Un soupir lui échappa et glissa ses propres doigts dans ses cheveux bruns « Et pour finir de te répondre, elle se nomme Bethany Winthrop. Elle est à la mairie depuis deux mois environ. C’est une jeune diplômée de doctorat en finance que Jackson a choisi d’engager en tant que conseillère financière… ». Jusqu’alors, il ne la connaissait que de vue, mais apparemment, la jolie blonde avait jeté son dévolu sur sa personne bien plut tôt. « Je sais que tu as d’autres questions Angie, alors poses-les moi… ». Le politicien ne voulait pas qu’elle laisse son esprit obscurcir la confiance qu’elle avait pour lui, ou pire encore, les sentiments qu’elle lui portait. Il était entièrement disposé à mettre un terme à toutes ses inquiétudes… S’il en était capable, tout du moins.

La journée avait magnifiquement commencée, s’était déroulée à merveille et voilà qu’en l’espace de quelques secondes, l’humeur d’Edward avait assombri leur petit bonheur. Angie s’en voulu presque de ne pas avoir envisagé cela. Quelle idiote… c’était presque prévisible. Replonger dans son ambiance de travail toxique, se retrouver de nouveau écroulé sous des tonnes de tâches qui ne l’intéressaient plus. Elle était disposée à lui changer les idées, mais à sa façon de lui demander de parler et surtout d’insisté sur le fait qu’elle aurait besoin de ce verre… Angie n’avait pas la moindre envie de sortir de la piscine et d’écouter ce qu’il avait à lui dire. Et pourtant, elle finit par sortir, se sécher, et prendre place sur l’un des canapés. Son verre dans la main, elle écouta ce qu’il avait à lui dire et elle fit momentanément incapable de le porter à ses lèvres. Elle encaissa ce qu’il venait de dire, et répondit un simple d’accord, après avoir avalé d’un trait son verre. Non, elle ne pouvait pas dire quoi que se soit d’autre là tout de suite…

Et puis Angie finit par laisser sa langue se délier. Elle avait des questions. Même si elle ne les posa pas toutes. Un petit rire amer. Pour le remercie de ne pas la prendre pour un morceau de viande, elle venait l’embrasser. Normal… « -plutôt sympa comme manière de te remercier. » ironisa Angie, sans le regarder. « -tu es resté… » elle se mordit la lèvre inférieure et hocha la tête avec lenteur. « -un doctorat… » son sourire était amer, son cœur avait mal soudainement. Ce qui la faisait le plus souffrir c’était qu’Edward n’était pas été capable de réagir. Elle releva les yeux sur lui. « -je sais que tu es bel homme… je sais que tu plais… seulement… » elle se mordit de nouveau la lèvre inférieure. « -je n’aime pas la jalousie. Je n’aime pas être jalouse. Mais là ce n’est même pas ça. Je… je ressens une sorte de colère contre elle surtout. Mais aussi contre toi… pourquoi tu n’as pas réagi ? Pourquoi tu n’as rien dit ? Tu as répondu à son baiser ? » oui c’était peut-être la première question à poser finalement. Elle soupira : « -une seule journée… il aura fallu une seule journée… » elle maudit le travail d’Edward mentalement tout en se disant qu’Edward lui avait fait un scène monstrueuse alors qu’elle ne faisait que discuter avec Adam… ce qui la blessait le plus, était cet aveu de manque de réaction. Il aurait pu ou du la repousser. Lui dire qu’il avait quelqu’un dans sa vie. Que c’était impossible. Qu’elle se méprenait. Elle avait envie de se lever et de quitter la terrasse.

En aucune façon Edward avait souhaité faire le moindre mal à la jeune femme assise à quelques mètres à peine de lui et qui tenait, entre ses doigts fins et manucurés, le verre en cristal au fond duquel stagnait le whiskey japonais qu’elle affectionnait tant. Ce même liquide ambré qu’elle ne prit aucunement la peine de déguster, l’ingurgitant d’une seule et unique traite, comme pour annihiler sans délai tout ce qu’elle pouvait ressentir à la suite de son aveu. Le politicien ne la brusqua aucunement, la laissa prendre le temps qu’elle jugeait nécessaire pour endurer une telle révélation. Ce n’était pas ainsi qu’il avait envisagé son retour à la maison le soir venu. Pas après la matinée idyllique qu’elle avait participé à lui faire vivre… Parce qu’il se savait en tort en raison de sa passivité vis-à-vis d’un tel geste, Edward répondit à chacune de ses questions avec ce calme apparent qui le caractérisait tant. Cela ne signifiait pas pour autant, qu’intérieurement, il n’était pas accablé par les tourments de sa culpabilité et de ses craintes les plus profondes. Ce rire amer qui jaillit de la gorge d’Angelica n’était pas un présage de bonne augure. Son corps entier se tendit à ce simple son, sa mâchoire se crispant à son paroxysme, alors qu’il se contenta de prononcer un simple « Non » empreint d’une froideur certaine. Ce semblable de remarque acerbe laissait tout à penser que l’esprit d’Angelica était fertile en matière de scénario catastrophe dans lesquels il était le protagoniste, à l’instar de sa collaboratrice Bethany. Un soupir lui échappa alors qu’elle reprit à demi-mots ses propres termes, baissant la tête, tout en venant croiser ses doigts dans sa nuque. Il n’appréciait pas la tournure que prenait cette conversation. Les sourcils au milieu du front, Edward fut quelque peu stupéfait que sa petite-amie n’ait retenu que l’intitulé de son diplôme « Qu’est-ce que tu veux dire par là Angelica ?! ».

Toujours installé sur le rebord de la table basse, le politicien l’encouragea à l’accabler de toutes les interrogations qui torturaient actuellement son esprit tout autant que son cœur. Il était tout disposé à répondre à chacune d’entre elles. Mais contre toute attente, elle établit un simple constat sur sa personne. Il était bel homme et plaisait aux femmes. C’était un fait, et il n’allait pas la contredire sur cela. Toutefois, cela ne signifiait pas qu’il en jouait afin de diversifier ses conquêtes. Sa mâchoire se contracta davantage et se leva tout en balayant ses épais cheveux bruns d’un geste de la main « Non, bien sûr que non ». Il effectua quelques pas sur place, à proximité de l’eau chlorée sur laquelle se reflétait les lumières extérieures, et se retourna en direction d’Angelica « Je n’ai pas répondu à son baiser. Et si… Si… ». Il inspira profondément en fermant les paupières avec forces quelques secondes, suffisamment pour lui permettre de reprendre contenance, et posa de nouveau ses prunelles azurées sur la jolie rousse toujours assise sur le mobilier extérieur « J’ai été surpris devant un tel geste. J’ignorais comme réagir. Je… » et se rapprocha de l’influenceuse « J’ai commis une erreur… » et se pinça l’arête du nez avec force, se plongeant dans le noir jusqu’à ce que la voix d’Angie ne retentisse de nouveau. Avec lenteur, il abaissa sa main et rouvrit les paupières « Je suis sincèrement et profondément désolé Angelica. J’aurais dû la repousser et je ne l’ai pas fait… Tu as toutes les raisons de me détester… » déclara-t-il tout en reprenant place sur le rebord de la table basse, osant poser timidement sa main sur ce corps qu’il connaissait pourtant si bien « J’ai détesté la sensation de ses lèvres à la commissure des miennes, et plus encore ce que ça m’a fait éprouver. Je n’ai pensé qu’à toi, au mal que ça allait te faire… Mais je ne pouvais pas… Je n’avais pas le droit de te mentir ». Lentement, il retira ses doigts de sa peau « Dis-moi quelque chose Angie. N’importe quoi… Crie-moi dessus, frappe-moi… » parce que son calme apparent était plus meurtrier encore que des éclats de voix.

La femme qui s’était permis d’embrasser Edward, appartenait à son monde. Elle était sans doute belle, intelligente. Elle était diplômée d’un doctorat… Elle travaillait avec lui, comprenait l’importance de son métier, y accordait sans aucun doute de l’importance. Tout cela venait taper dans cette blessure émotionnelle que portait Angie. Ce sentiment de ne jamais être assez bien. Elle s’était imaginée qu’elle l’était, durant ce weekend, à force qu’il lui répète encore et encore qu’elle était parfaite à ses yeux. Angie s’était montrée naïve en acceptant ces compliments qui au départ la dérangeaient pourtant. Comment faire le poids face à cette femme. « -qu’elle est forcément mieux que moi. » répondit la jeune femme d’un ton neutre. Elle espérait qu’il n’allait pas renchérir, parce que le débat n’était pas là en réalité.

Il sembla outré qu’elle puisse formuler une telle question. C’était pourtant lui qui venait de lui demander de poser toutes ces questions. Forcement, celle-ci lui avait traversé l’esprit. Elle le regarda en haussant les sourcils, comme si elle attendait qu’il termine sa phrase. Si… si quoi ? « -tu ignorais comment réagir ? » reprit Angie. Il était sérieux ? Surpris ou non, la réponse à donner, était pourtant claire pour la belle rousse. La repousser, lui faire comprendre que son geste n’était pas le bienvenu. Lui expliquer qu’il était en couple. « -oui tu aurais dû. » reprit la jeune femme avec aplomb. « -je ne te déteste pas. » ajouta-t-elle ensuite sur le même ton de voix. Lorsqu’il évoqua à demi-mots ce qu’il avait éprouvé, elle aurait préféré qu’il se taise. Qu’avait-il éprouvé justement ?! Telle était la question, là tout de suite maintenant.

Elle leva les yeux au ciel. « -arrête de dire n’importe quoi. » comme si elle allait le gifler. Elle se mordit les lèvres et ferma les paupières quelques secondes, pour réprimer sa colère. « -c’est arriver… et ça arrivera sans doute encore… » elle posa son regard sur lui : « -j’aurai seulement aimé que tu la repousses, que tu réagisses. » ajouta Angie en haussant les épaules. « -que tu lui fasses comprendre que c’était déplacé, qu’elle se trompait sur tes intentions. » oui, elle aurait aimé qu’il mette des limites tout de suite. « -si tu n’as pas été capable de réagir, comment votre entrevue s’est terminée? » cette femme avait quitté le bureau d’elle-même en s’imaginant qu’elle avait embelli la journée d’Edward ? En pensant qu’il y avait un espoir de relation entre eux ? Puis elle lâcha avec le plus grand des sérieux: "-je veux qu'on officialise notre relation."