J'ai 22 ans et je vis à San Francisco, Californie. Dans la vie, je suis étudiante et je m'en sors bien, y a du boulot à rattraper. Sinon, grâce à ma malchance, je suis célibataire et terriblement amoureuse d'un comateux depuis un an. Informations supplémentaires ici.
Un an, c'est long. Terriblement long quand on attend la personne qu'on aime sans assurance de la revoir un jour. Bon nombre de fois, les médecins lui ont recommandé de débrancher Abel. Chaque fois, Lily, elle disait non. Égoïstement, elle voulait s'accrocher à l'espoir de le retrouver un jour, que ce soit physiquement... ou autrement. Elle a arrêté de vivre à partir du moment où Abel a fini dans cette chambre d'hôpital. Elle va à l'université, elle étudie, elle rentre dans sa chambre et s'y enferme. Mackenzie ne la voit plus que lorsqu'elles sont entre deux cours. Sa famille parvient à la traîner à la maison pour les anniversaires, pour les fêtes. Mais les fêtes ont toutes des allures de funérailles pour Lily sans Abel. Tous les jours, elle allait le voir à l'hôpital. Tous les jours, elle tenait sa main dans la sienne en le suppliant de venir jusqu'à elle. Elle avait perdu tant de poids, Lily, elle semblait toujours si fatiguée. Les infirmières n'avaient parfois même plus la force de lui dire que les heures de visite étaient fini. On empêche pas un amour d'une telle force, qu'elle a entendu une infirmière murmurer une fois, sans vraiment l'écouter.
Souvent, elle s'endormait recroquevillée dans ce fauteuil, ou la tête appuyée contre son lit. Pourtant, il a fallu qu'elle soit en cours le jour où l'hôpital a tenté de la joindre pour lui annoncer un miracle. Une chose que plus aucun médecin n'attendait. Et c'est sans attendre une seconde de plus qu'elle se lève au milieu de l'amphithéâtre sous les regards choqués des autres étudiants, qui n'ont jamais vu Lily si vive en un an, pour quitter la salle en courant et prendre sa voiture en direction de l'hôpital.
Un an, c'est long. Et quand Lily arrive dans le couloir où se trouve la chambre d'Abel, elle se prépare mentalement à ce qu'il l'ait oubliée. A ce qu'il ne se souvienne plus d'elle, d'eux. Est-ce qu'il avait de lourdes séquelles pour un tel coma ? Les médecins parlaient de miracle.. qu'est-ce qu'ils voulaient dire, parlaient-ils seulement de son réveil inespéré ? Quand elle pousse la porte, elle tremble, Lily. Elle tremble et elle a les larmes aux yeux quand elle l'appelle. « Abel...? »
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Lun 17 Sep - 14:14
Abel Silverstein
J'ai 21 ans et je vis à San Fransisco, Californie. Dans la vie, je suis étudiant et je m'en sors mal. Sinon, grâce à ma chance, je suis célibataire et je le vis plutôt bien.
Le cerveau d’Abel était embrumé d’une nappe glaciale. Il avait mal à la tête, ça tambourinait dans son crâne et il avait envie de hurler. Il avait l’impression que son cerveau était mis à vif par de milliers de petites lames de rasoir qui le glaçait, et c’était insupportable. Il avait autour de lui des milliers de mains qui l’aspiraient au fond d’un trou noir dont il avait le devoir de sortir, et cet effort lui prenait toute son énergie. Abel n’avait plus le temps de tergiverser, il fallait qu’il se réveille et qu’il la retrouve. Elle. Celle qui lui donnait la force de se réveiller et de se relever. Il savait qu’elle serait là parce que cet ange qu’il avait eu l’impression de sentir, c’était elle. C’était Lily. Là jusqu’au bout du monde, elle avait pris les décisions car sa mère aurait été incapable de le faire, elle avait été une femme grandiose et il voulait se réveiller pour l’embrasser, lui dire à quel point il l’aimait et à quel point il avait envie de rester avec elle jusqu’à la fin des temps. Il aurait été capable de trouver un remède d’immortalité juste pour rester l’éternité à ses côtés. C’est dire à quel point il était fou d’elle. Alors ses milliers de mains se mirent à travailler sur lui et il commençait à retrouver des sensations, son cerveau un peu moins embrumé, il avait enfin l’impression que quelque chose le tirait vers le haut.
Et soudain. Le déclin. Il vit une jeune femme pénétrer dans sa chambre pour l’appeler par son prénom. Il fronçait les sourcils, confus. Qui était-elle ? Il recula légèrement, impossibilité de bouger car son corps se réveillait lentement. Il chercha des yeux une montre une date. D’une voix rauque, comme si ses cordes vocales n’avaient pas été utilisées depuis plusieurs jours il demanda. « Quelle heure est-il ? »« 9h39, monsieur Silverstein. »« Quel jour on est ? »« Le 17 septembre monsieur. » Il ne comprenait pas, quelque chose clochait. Il se tournait vers la fille et la regarda, perplexe. « Quelle année ? » « 2019 monsieur. » Sans réagir plus que ça, il toussa légèrement pour retrouver un semblant de voix. « Et elle, c’est qui ? »
J'ai 22 ans et je vis à San Francisco, Californie. Dans la vie, je suis étudiante et je m'en sors bien, y a du boulot à rattraper. Sinon, grâce à ma malchance, je suis célibataire et terriblement amoureuse d'un comateux depuis un an. Informations supplémentaires ici.
Elle s'était préparé à tout, Lily. A ce qu'il la déteste à nouveau. A ce qu'il ne se souvienne plus de son amour pour elle, de son amour à elle, pour lui. Mais elle ne s'était pas préparé, jamais elle n'aurait pu se préparer au regard vide qu'Abel lui retournait. C'était peut-être pire que la guerre qu'ils se menaient à l'université. Il interroge les médecins, devant une Lily figée. Les mains crispées autour de son sac, elle lutte contre les larmes quand il la désigne et sort les mots fatidiques, qu'elle attendait déjà : Et elle, c'est qui ? Ca la frappe si fort qu'elle en a le souffle coupé. L'indifférence est pire que la haine, pire que tout. Lily elle était effacée de sa vie, et elle n'avait pas la moindre idée de comment faire pour le retrouver.
Elle s'avance doucement, tandis que les médecins hésitent à répondre, n'ayant jamais réellement su quel lien exact existait entre le patient et la petite brune qui ne s'était pas décrochée de lui au cours de l'année passée. Sans un mot, Lily, elle s'installe sur un siège, son siège, celui sur lequel elle a campé pendant toute l'année. « Je m'appelle Lily. » Elle a la gorge si serrée que les mots peinent à sortir. Elle humidifie ses lèvres, et regarde les médecins un bref instant, avant de demander : « Quels sont tes derniers souvenirs...? »
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Lun 17 Sep - 14:50
Abel Silverstein
J'ai 22 ans et je vis à San Fransisco, Californie. Dans la vie, je suis étudiant et je m'en sors mal. Sinon, grâce à ma chance, je suis célibataire et je le vis plutôt bien.
Il sentait son corps faible mon dieu. Lui qui avait toujours fait en sorte de paraitre plutôt vaillant, aujourd’hui, il était minable. On venait lui prendre sa tension, un médecin écoutait son cœur, on ajustait une perfusion, et ce mal de crâne incessant qui ne voulait pas partir, c’était l’enfer sur Terre. Il respirait lentement. « On peut pas éteindre la lumière là ? » Il n’avait pas envie d’être agréable. Il voulait juste le moins de lumière possible. Il avait passé un an dans les ténèbres, il devait s’y être habitué maintenant. Alors pourquoi il avait tant besoin de rester dans cette noirceur ? Elle était devenue familière, et c’était la seule réponse plausible.
Et elle, elle restait là. Il voyait qu’elle était perturbée, qu’elle était étrange, qu’elle avait l’air épuisée. Qu’est-ce qu’elle était maigre mon dieu ! Mais il fallait qu’elle mange ! Depuis quand Abel en avait quelque chose à faire ? Il fallait qu’il rentre chez lui. Sa mère avait besoin de lui. « Tu veux quoi toi ? » Il ne la connaissait pas, il n’allait pas répondre à ses questions. Il cherchait un téléphone, une information à laquelle se raccrocher et qui lui paraîtrait cohérente. Mais le regard insistant de la jeune fille le fit flancher légèrement. Elle était au bord des larmes, et malgré tout, un côté gentleman l’obligea à répondre. « Je me rappelle que j’allais voir Tom en prison. Il y est toujours ? J’crois qu’elle est morte la nana qu’il a renversée non ? Ce mongolien là… » Il levait les yeux au ciel. Il fallait qu’il voie sa mère. « Où est ma mère ? »
J'ai 22 ans et je vis à San Francisco, Californie. Dans la vie, je suis étudiante et je m'en sors bien, y a du boulot à rattraper. Sinon, grâce à ma malchance, je suis célibataire et terriblement amoureuse d'un comateux depuis un an. Informations supplémentaires ici.
La réponse cinglante que lui retourne Abel la frappe en plein coeur, plus aiguisée qu'une lame de rasoir. Elle en bascule dans son siège, immobile, silencieuse. « Je... » Mais non, rien ne vient. Rien d'autre que les larmes qui menacent au bord de ses yeux, à mesure qu'elle réalise l'ampleur de la chose. C'est toujours son Abel, à l'exception qu'elle ne fait plus partie de sa vie, comme gommée, dégagée hors du tableau. Effacée. Quand il se décide à lui répondre, elle réalise que c'est pire encore. Pour lui, la victime de Tom est morte. Voilà ce qu'elle est, à ses yeux. Une inconnue, morte sous les roues de son meilleur ami. Et alors qu'elle s'apprête à lui dire que non, elle n'est pas morte, qu'elle est là, à côté de lui, il l'interrompt en réclamant sa mère. Et à nouveau, sa bouche devient sèche, les mots lui manquent.« Je ne sais pas. Aux dernières nouvelles, tu ne voulais plus la voir. » Qu'est-ce qu'elle peut faire ? S'annoncer comme étant l'amour de sa vie ? Alors qu'il ne sait même plus qui elle est, ce qu'ils ont traversé, les années qu'ils ont passé ensemble ? Qui était-elle à présent pour décider de sa vie ? Elle baisse les yeux, Lily. Et sort son téléphone de sa poche pour le lui tendre. « Si tu veux l'appeler, tu peux prendre mon téléphone. » Et après ça, qu'est-ce qu'elle fera ?
Invité
Lun 17 Sep - 15:16
Abel Silverstein
J'ai 22 ans et je vis à San Fransisco, Californie. Dans la vie, je suis étudiant et je m'en sors mal. Sinon, grâce à ma chance, je suis célibataire et je le vis plutôt bien.
Abel ne comprend pas. Elle dit qu’il ne voulait plus voir sa mère. C’était incompréhensible, son seul travail était de ne pas la faire sombrer, alors pourquoi ne plus voir la voir ? Et pourquoi Diable disait-elle ce genre de chose, cette Lily ? Il lui arrachait le téléphone des mains sans la remercier. Abel le trou du cul dans toute sa splendeur. Il composait en vitesse son numéro et tenta de la joindre. Messagerie. Nouvel appel. Messagerie. Encore une fois. Messagerie. « Elle répond pas. » Il rendit le téléphone à sa propriétaire et il serra les dents. Il se sentait étrangement en forme maintenant, et l’infirmière venait de baiser la lumière pour qu’elle soit un peu plus tamisée. Il faisait sombre dans cette petite pièce qu’il remplissait avec cette inconnue qui ne cessait de le regarder comme s’il était un fantôme revenu d’entre les morts. « Pardon mais, t’es qui ? Pourquoi tu dis que JE t’ai dit que je ne voulais plus voir ma mère ? J’comprends pas là. » Il bougeait ses doigts dans tous les sens, comme des tocs, il les frottait les uns contre les autres, comme s’il pianotait. Il sentait des tensions dans son cou, et il pencha la tête légèrement sur le côté.
Rien n’avait de sens, c’était épuisant. Alors qu’il s’efforçait de chercher le visage de cette fille parmi les gens qu’il connaissait, il se rendit bien compte qu’elle n’apparaissait sur aucun tableau. L’infirmière se pencha vers Abel, et lui dit, amusé : « Votre petite amie est restée avec vous toute cette année. Faut la garder, celle-là ! » Et Abel la regarda, interloqué. Et il éclata de rire. Un rire franc, comme cet Abel d’il y a quelques années, cet Abel qui n’arrivait pas à penser avec autre chose que sa bite. « Ma petite amie ? Le jour où j’me mettrais en couple moi, j’vous jure, c’est que j’serais PD. » Il se mit à rire à nouveau. « Désolé ma belle hein, mais j’sais pas qui tu es. Merci d’être resté là, c’est cool, j’savais pas qu’il y avait des sociétés qui payaient des gens pour tenir compagnie aux comateux mais là… un an ? Tu t’es pas trop ennuyé ? » Et il riait encore. La pauvre. Mais au moins, elle devait bien gagner sa vie.
J'ai 22 ans et je vis à San Francisco, Californie. Dans la vie, je suis étudiante et je m'en sors bien, y a du boulot à rattraper. Sinon, grâce à ma malchance, je suis célibataire et terriblement amoureuse d'un comateux depuis un an. Informations supplémentaires ici.
Elle reste assise, silencieuse, écoute les tonalités qui émanent de son propre téléphone pendant qu'Abel tente de joindre sa mère, en vain. Elle récupère son mobile sur ses genoux, les mains crispées, encaisse les questions plus dures les unes que les autres venant d'Abel. Elle entend le médecin derrière eux, confus, qui murmure à l'infirmière "Il affronte visiblement un cas sévère d'amnésie à l'encontre de cette jeune femme." et l'infirmière de chuchoter en retour "pauvre gamine...". Lily, elle, ne savait juste plus quoi dire. « Tu étais en train de le dire à un copain, au téléphone, avant ton accident. Tu voulais te "casser loin de cette ville de merde après avoir vu Tom", je cite. Je crois que vous vous êtes disputé. » Qu'est-ce qu'elle fout Lily ? Elle reste dans l'ombre, tout simplement. Elle aide à s'effacer.
Sauf qu'évidemment, l'infirmière n'aide pas, et brise tout ce qu'elle voulait faire en la qualifiant de "petite amie" du jeune homme. Elle ne peut pas la blâmer. Toute l'année, c'est l'infirmière qui l'a le plus souvent vue ici, au point parfois de venir couvrir ses épaules quand elles s'endormait près d'Abel. Et le rire de ce dernier achève définitivement la brune qui reste figée comme s'il venait volontairement de la gifler en plein visage. Chaque parole est plus difficile encore. Jusqu'à ce que ce soit trop. Elle se redresse d'un coup, les mains tremblantes. Le médecin s'apprête à parler, mais Lily le coupe. « Je suis juste... celle qui t'a trouvé dans la rue le jour de ton accident. » Elle force un sourire, sourire qui sonne faux à travers ses larmes. A quoi bon lutter ? Il semblait si vif, si heureux comme il était avant elle. Quand il n'avait aucune préoccupation. Quand il ne rêvait pas de sa vie avec elle. « Ton téléphone est cassé. Garde le mien jusqu'à réussir à joindre ta mère. Les médecins ont mon adresse et mon autre numéro, ils m'appelleront pour le récupérer. » L'infirmière tente de l'interrompre, et d'un regard, Lily la fait taire. Elle ne saurait pas en encaisser plus. C'était déjà trop. Elle se dirige vers la sortie, et lance un dernier regard vers Abel Silverstein. « Bon rétablissement Abel. » Elle l'aime. Elle l'aime tellement que ça la déchire. Et dès lors qu'elle passe la porte pour rejoindre le couloir, Lily, elle s'évanouit.
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Lun 17 Sep - 15:57
Abel Silverstein
J'ai 22 ans et je vis à San Fransisco, Californie. Dans la vie, je suis étudiant et je m'en sors mal. Sinon, grâce à ma chance, je suis célibataire et je le vis plutôt bien.
Abel écoutait attentivement la façon dont elle l’avait trouvé, cette Lily. Heureusement qu’elle avait été là, il serait surement mort à l’heure qu’il est. Il était vivant, et c’était une bonne nouvelle. Mais la Lily se leva en lui donnant son téléphone, lui expliquant qu’il pouvait le garder en attendant. « Merci. » Il haussa les épaules et se contenta d’essayer de rappeler sa mère. Finalement, la jeune fille s’en alla de sa chambre, et Abel n’eut même pas le temps de lui dire au revoir. Tant pis. Elle avait l’air perdue, cette fille. Il n’avait certainement pas le temps pour les chiens errants qui venaient le voir. Même ceux qui avaient réussi à le sauver. Il se contenta d’appeler inlassablement ce numéro de téléphone qu’il connaissait maintenant par cœur.
▬ ▬ ▬ ▬ « Mr. Silverstein, vous pourrez rentrer chez vous dans une semaine mais avec une surveillance médicale accrue. Une infirmière viendra vous voir tous les jours. Nous n’avons aucune explication à vous donner concernant votre coma, ni comment vous en êtes sortis. Mais tous les résultats sont revenus concluants. Nous avons quand même besoin de garder quelques jours de plus, histoire d’être rassuré. »« Pas de soucis, vous mettrez ça sur la note de qui ? »« Votre mère a déjà tout réglé depuis longtemps. » « Ma… ma mère ? » Et là, Abel ne comprenait toujours pas. Il soupirait et prit le portable de la jeune fille pour feuilleter un peu les choses qu’il avait manqué durant cette année. Une élève de sa promo était tombée enceinte, un chanteur qu’il aimait beaucoup était mort, un attentat avait tué plus de soixante personnes aux USA, bref, la routine. Et là, il ne rêvait que d’une chose : sortir prendre l’air. Il repéra les habits sur le côté de son lit et les enfila. Il demanda à l’infirmière s’il pouvait sortir et elle lui donna le feu vert. Cinq minutes, pas plus. Il lui fallait cinq minutes pour fumer une cigarette. Il posa ses pieds sur le sol, et sentait qu’il avait perdu tous ses muscles et que son corps le portait à peine. Il avançait à pas lents, quelque chose de difficile comme exercice, un pied après l’autre.
▬ ▬ ▬ ▬
Il était dehors, et un membre de la famille d’un patient lui fila une clope. Il avait mal aux jambes. Ses muscles n’avaient pas travaillé depuis un an. Il fumait enfin, mais s’étouffait. Il ne pouvait pas arrêter de fumer, c’était sa libération. De toute façon, une fois dehors, personne ne pouvait l’observer ni lui interdire quoique ce soit. Il s’assit donc sur le sol pour fumer sa première clope depuis un an.
J'ai 22 ans et je vis à San Francisco, Californie. Dans la vie, je suis étudiante et je m'en sors bien, y a du boulot à rattraper. Sinon, grâce à ma malchance, je suis célibataire et terriblement amoureuse d'un comateux depuis un an. Informations supplémentaires ici.
Une semaine d'arrêt. Voilà avec quoi elle s'en tire, Lily. Rattrapée de justesse par le médecin, celui-ci l'a rapidement entraînée jusque son bureau pour l'examiner, et il lui fallu peu de temps pour établir son diagnostic. "Vous êtes épuisée, mademoiselle Abernathy. Aussi bien physiquement que moralement." La brune grelotte, resserre les pans de son gilet autour d'elle, le regard vide. « Rien que je ne puisse gérer, ne vous en faites pas pour moi. » Elle lutte constamment contre l'épuisement. Maintenant, elle allait aussi devoir lutter contre elle-même et son besoin d'être auprès d'Abel. Le docteur réajuste ses lunettes sur le bout de son nez, tout en l'observant d'un oeil soucieux. "Ce n'est pas un conseil, c'est une affirmation et un ordre. Vous avez besoin de repos. Ne me forcez pas à contacter vos parents, j'ai toujours votre dossier médical." Pourquoi diable fallait-il que ce soit le même médecin qui s'est occupé d'elle un an plus tôt ? Elle lève une main et se redresse tout en prenant son ordonnance. « Je me reposerais. Est-ce que j'ai le choix de toute façon ? » Elle est éteinte, sa lumière à Lily. Ecrasée dans la main d'Abel dans cette chambre d'hôpital. Perdue en même temps que ses souvenirs. Et alors qu'elle s'apprête à quitter la pièce, le médecin l'interpelle une dernière fois. "Votre compagnon. Son amnésie est probablement temporaire, due à sa longue période de coma. Ne perdez pas espoir." Elle fait un sourire, Lily. Elle sourit parce qu'elle constate que maintenant, même les médecins ont plus d'espoir qu'elle.
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Quand elle passe la porte de l'hôpital, c'est avec la conviction qu'elle n'y mettra plus les pieds avant longtemps. Depuis trois mois déjà, Lily avait entièrement terminé sa rééducation suite à son accident. Les médecins lui avaient alors recommandé quelques mois de thérapie supplémentaires, inquiets de son état psychologique, mais la jeune femme avait refusé, et convaincu ses parents qu'elle n'en avait plus besoin à grand renfort de sourires et de fausse bonne humeur. Elle ferme les yeux, laisse le vent caresser son visage, et sort de son sac à main un paquet de cigarettes. C'était son nouveau vice, depuis un peu plus d'un mois. Un moyen comme un autre de se rapprocher d'Abel, de l'avoir un peu avec elle quand elle n'était pas à l'hôpital. Une fois allumée, elle aspire une large bouffée de fumée, qu'elle recrache en se décidant à avancer. C'est là qu'elle le voit. Installé par terre, une cigarette entre les lèvres. Son coeur se compresse à nouveau. Mais cette fois, elle s'efforce de rester de marbre quand elle passe à côté de lui. Malgré tout, elle s'arrête à son niveau. « Tiens, j'ai ça. Je crois que c'est à toi. » Elle le sait pas, elle en est sûre. Elle l'a récupéré avec le reste de ses affaires personnelles après son transfert à l'hôpital. Elle fouille dans sa poche pour en sortir un briquet, et le lui tendre. Un premier pas pour tenter de lui laisser sa vie d'avant.
Invité
Lun 17 Sep - 19:57
Abel Silverstein
J'ai 22 ans et je vis à San Fransisco, Californie. Dans la vie, je suis étudiant et je m'en sors mal. Sinon, grâce à ma chance, je suis célibataire et je le vis plutôt bien.
Abel n’était pas plus lui-même. Quelque chose avait changé, et il ne savait pas ce que c’était. Avant, c’était un petit connard suffisant, aujourd’hui, il avait l’impression qu’il s’en foutait du monde qui l’entourait, il voulait juste profiter. C’était bien trop complexe pour lui et il savait que ça dépassait la médecine moderne. Alors, tout en fumant cette cigarette, il repensait à sa mère et à ce qu’elle représentait pour lui. Bizarrement, il voulait la revoir par acquis de conscience mais pas par envie. Il ne comprenait pas ce qu’il se passait. Il avait de l’affection pour Tom mais ne voulait pas le voir. Il avait envie de sortir, de s’amuser, de boire, de profiter… Mais il n’avait aucune idée du pourquoi il avait ces envies. C’était un fêtard, mais là, c’était au-delà de tout, au-delà de la fête et des épreuves qu’il avait pu traverser.
Cette fille prénommée Lily s’approcha de lui pour lui rendre un briquet. Ce dernier était marqué d’un petit A pour signifier qu’il était à lui. Mais qui était elle ? Il n’arrivait pas à mettre une connaissance sur son visage, c’était incompréhensible. Mais pourquoi ? Elle était présente, apparemment plus que de raison. « C’est pas beau une fille qui fume. » Il récupéra son briquet et l’enfonça dans sa poche. C’était un geste presque naturel qu’il venait d’avoir. Il se posa une centaine de question mais une seule venait l’habiter réellement, parce que sincèrement, il avait l’impression d’être un clochard. « Est-ce que tu sais où j’habite ? » Il fronçait les sourcils, tentant de s’en souvenir. Aux dernières nouvelles, il voulait se barrer. Sa mère était une dépravée vers qui il ne voulait plus se tourner et il tentait tant bien que mal de comprendre ce qui avait bien pu se passer. Il ralluma une autre clope après l’avoir gratté à un interne en médecine qui ne savait même pas que c’était un patient et il avala la fumée de la cigarette. Encore une semaine dans ce trou à rat, mais pour retrouver quoi ? Un taudis ? Autant aller vivre dans les résidences universitaires, peut-être que ce serait la solution pour assouvir son besoin incessant de se vider la tête. Il voulait faire tous les interdits, prioritairement à tout le reste. Sa survie ne dépendait plus de machine, mais d’un besoin irrépressible de s’alcooliser.