J'ai 22 ans et je vis à San Francisco, Californie. Dans la vie, je suis étudiante et je m'en sors bien, y a du boulot à rattraper. Sinon, grâce à ma malchance, je suis célibataire et terriblement amoureuse d'un comateux depuis un an. Informations supplémentaires ici.
Du bout des doigts, elle joue avec ses draps, tourne les yeux vers le plafond après avoir posé sa question. Elle n'a jamais su si Abel croyait au destin. Il croyait déjà difficilement aux fantômes et autres délires du même genre, mais le destin, ce petit truc qui fait qu'on aurait aucun contrôle sur certaines choses... Est-ce qu'il y croyait ? Elle tourna à nouveau la tête dans sa direction en entendant sa réponse. Et un sourire étira doucement les lèvres de Lily, tandis qu'il mentionnait le mythe japonais du fil rouge qui relierait deux âmes destinées l'une à l'autre. Peut-être qu'au fond, c'est pour ça qu'elle revient toujours vers lui. Qu'il revient toujours jusqu'à elle. « J'y crois.. » dit-elle simplement dans une évidence, avant d'ajouter « Je pense qu'y croire, c'est un moyen de rendre les choses un peu plus réelles. » Et tant qu'elle y croirait, Lily, elle abandonnerait pas Abel. Jamais.
Ca fait quoi d'être amoureux ? Elle inspire, la brune, passe une main dans ses cheveux, puis elle pivote à nouveau sur le côté. Les paupières closes, elle laisse un sourire vague planer sur ses lèvres, plongée dans ses pensées. « C'est... renversant. » Elle joue avec une de ses mèches de cheveux, tandis qu'elle continue « Une seconde, on croit qu'on ne dépend de rien en ce monde, qu'aucune attache n'est suffisante, et la suivante... ça te frappe : tu sais que tu donnerais ta vie pour cette personne, sans cligner des yeux. Sans réfléchir un seul instant. » Elle aurait tout donné pour Abel, Lily. Sans attendre une seconde. Elle déglutit, mord sa lèvre inférieure, avant de reprendre doucement : « Etre amoureux, ça donne envie d'affronter tous les obstacles, tant que l'autre est là. Se dire qu'on pourrait aller au bout du monde, tant que tu seras de l'autre côté, à me tendre la main. » Son utilisation des pronoms est si ambiguë, comme si elle parlait de lui, ou de n'importe qui. Elle ne s'en rend même pas compte. Elle réalise que sa voix tremble légèrement, et tousse légèrement, appliquant une pression de ses doigts sur ses yeux pour chasser des larmes, et elle reprend avec un sourire : « L'improbable devient probable, l'Enfer devient Paradis, l'amer prend un goût sucré. Et voir le monde au travers des yeux de l'autre devient plus qu'une envie : c'est une nécessité. » Elle souffle, fronce le nez, et se passe une main sur le visage. « Désolé, je me suis emballée. Je ne m'étais juste... jamais posé la question avant. » Jamais elle n'avait saisi l'ampleur de tout ce qu'Abel a changé chez elle, en lui volant son coeur.
Invité
Mer 19 Sep - 22:34
Abel Silverstein
J'ai 22 ans et je vis à San Fransisco, Californie. Dans la vie, je suis étudiant et je m'en sors mal. Sinon, j'ai perdu la mémoire et j'ai effacé de ma mémoire en me réveillant du coma la femme de ma vie.
Abel écoutait attentivement chacun des mots de Lily. Il eut l’impression d’avoir une vraie romancière dans les oreilles et son palpitant se mit à battre un peu plus vite. Pourquoi avait-il le sentiment qu’il avait déjà été amoureux mais qu’il était incapable de s’en rappeler ? Quand il avait sauté devant ce mec qui agressait Lily, c’était ce qu’elle décrivait par tu donnerais ta vie pour cette personne, sans cligner des yeux, Si cet homme avait eu un couteau, il aurait été capable de se prendre le coup pour qu’elle ne puisse pas être blessé. Mais c’était incompréhensible. Rien n’avait de sens, il ne connaissait Lily que depuis une semaine, mais elle connaissait Abel depuis plus d’un an. Il n’arrivait pas à mettre des idées claires sur les sentiments contradictoires qu’il éprouvait pour elle. Mais elle était tellement claire dans son explication que j’avais l’impression de sentir l’amour qu’elle dégageait. Le seul truc qui sort de ses lèvres, c’était une connerie qui portait la misère du monde. « Ton mec doit être chanceux, sérieux... » Et il soupira légèrement. Une pointe au ventre lui fit comprendre qu’il avait un sentiment encore inconnu auparavant -de la jalousie. Mais il ne savait encore pourquoi il ne pouvait imaginer un autre homme dans la vie de Lily, il ne la voyait qu’auprès de lui, dans cette petite chambre.
N’avait-il jamais connu le bonheur d’être au côté de quelqu’un qui lui décrirait son amour comme elle le faisait ? N’allait-il jamais le connaître ? Il se mit sur le dos, en croisant ses bras derrière sa tête. Il sentait ses yeux piquer légèrement. Les mots de Lily avait un effet sur lui… démentiel. Il sentait qu’il pourrait dormir, apaisé. « Merci, Lily, d’avoir partagé ça avec moi. » Il aurait voulu au moins l’embrasser sur le front, pour chercher un contact. Mais il ne fit rien de tout cela, préférant se contenter de fermer les yeux en passant sa langue entre ses lèvres. « Bonne nuit, Abernathy. Fais de beaux rêves. » Il laissa la lumière de la lune commencer doucement à dériver vers le corps de Lily, et sa silhouette se dessinait un peu plus clairement. Ses jambes étaient éclairés et c’était un spectacle magnifique. Il sentait Morphée planer au dessus de lui, lui balançant du sable dans les orbites pour le fatiguer encore plus. Il avait mit le portable de Lily en silencieux mais un réveil pour sept heures du matin. Il ne savait pas s’il allait se réveiller ou pas. Mais la perspective de la revoir, elle, rendait le temps un peu moins pénible. Au fur et à mesure que le sommeil d’Abel l’emportait sur sa raison, une image s’imposa face à lui, flou et embrumé : Lily acceptant d’embrasser Abel sur un balcon.
J'ai 22 ans et je vis à San Francisco, Californie. Dans la vie, je suis étudiante et je m'en sors bien, y a du boulot à rattraper. Sinon, grâce à ma malchance, je suis célibataire et terriblement amoureuse d'un comateux depuis un an. Informations supplémentaires ici.
Ton mec doit être chanceux, sérieux... Le sourire qu'affiche Lily, il est éclatant. Si éclatant qu'il pourrait presque voler sa place à la lune, ce soir. Si seulement il savait que le chanceux, c'est lui. S'il savait qu'il n'y a que lui qui puisse lui inspirer de telles émotions. Au lieu de quoi, elle hausse les épaules. « Peut-être. » Elle reste évasive, incapable de trouver les mots pour dire ce qu'elle pense vraiment. « Peut-être qu'un jour, il entendra tout ce que je viens de te dire. Je fais confiance au destin. » Pour ça, oui, elle a envie d'y croire. De croire qu'un jour il aura le déclic qui lui fera comprendre qu'elle est désespérément et irrémédiablement amoureuse d'Abel Silverstein, et qu'elle affronterait vents et marées pour ses yeux bleus.
Le silence retombe dans la chambre, et elle distingue la silhouette d'Abel qui roule sur le dos. Lily, elle, se blottit sur le côté, les bras passés sous son oreiller qu'elle serre tout contre elle. Un vague sourire sur les lèvres, elle hoche doucement la tête. « Merci à toi de m'avoir posé cette question. » Parce que ces derniers mois, l'amour, elle n'y croyait plus. Et en parler à voix haute ravivait son coeur endormi, à Lily. Elle étreint un peu plus son oreiller contre elle, et à son tour, elle ferme ses grands yeux noisette. « Dors bien, Abel... » Elle serait là dans le cas contraire. Elle sera toujours là. Et alors que le silence se plonge enfin dans la chambre, Lily se laisse doucement emporter dans le sommeil le plus paisible qu'elle ait pu avoir depuis plus d'un an. Un sommeil où, enfin, elle n'appelle pas désespérément Abel dans l'espoir qu'il la trouve. Une nuit au cours de laquelle elle rêve qu'il est là, à lui tendre les bras, prêt à l'accepter dans sa vie sans même savoir que lui, Abel, est toute sa vie à elle.
Invité
Jeu 20 Sep - 10:01
Abel Silverstein
J'ai 22 ans et je vis à San Fransisco, Californie. Dans la vie, je suis étudiant et je m'en sors mal. Sinon, j'ai perdu la mémoire et j'ai effacé de ma mémoire en me réveillant du coma la femme de ma vie.
Deux semaines plus tard. Chaque jour, Abel se levait le sourire aux lèvres, les cauchemars avaient cessé, les cours étaient intéressants, il prenait toujours ses médicaments, et le temps passait bien trop rapidement. Chaque soir, Lily lui chantait une chanson différente, mais il restait persuadé que la première fois qu’elle avait chanté, c’était ce jour-là qu’elle avait fait sa plus belle performance. C’était un matin comme un autre, aujourd’hui, et Abel avait rendez-vous à nouveau à sa mère mais il était en retard. Il se préparait en quatrième vitesse, enfilant un bonnet sur la tête parce qu’il ne faisait pas chaud et se précipita dans le restaurant où ils avaient pris rendez-vous. Il n’avait pas osé réveiller Lily qui manquait de sommeil ces derniers temps, sans en comprendre la raison. Peut-être que son petit-ami lui faisait la misère. Il secouait la tête pour effacer cette image de son esprit. Maintenant, il le savait. Lily et lui vivaient quelque chose d’hors du commun. Tous les jours passés avec elle, même s’ils n’en comptent que quatorze, il avait appris à la découvrir et c’était vibrant.
Il s’assit vivement sur la chaise, en enlevant bonnet et écharpe, puis posa sa veste sur le dossier. « Pardon Maman, je suis en retard, j’ai pris mon temps pour ne pas réveiller Lily. » - « Ne serait-il pas temps que vous vous mettiez ensemble tous les deux ? » - « On en est pas à ce stade, et puis… t’as vu qui je suis ? T’as vu qui elle est ? Qui veut d’un mec aussi paumé ?» - « Oh, je sais pas mon chéri… Peut-être… une fille qui prend soin de toi pendant un an sur ton lit d’hôpital ? » - « Ahah. Très drôle. » - [i« ]Abel, elle a fait ce que moi je n’aurais pas pu faire. »[/i] - « Maman, t’étais dans un centre de désintoxication, c’est excusable. » - « Oui, mais elle aurait pu ne pas le faire. Et elle l’a fait. Donc dis-lui ce qu’il se passe dans ta tête et dans ton cœur, tu vas voir. J’ai vu comment elle te regardait quand on s’est croisé dimanche dernier. Ce pull t’allait très bien. Ca ne m’étonnerait pas que c’est elle qui l’a choisi. » Abel baissa la tête, en rosissant légèrement. Il avait un petit sourire en coin en repensant à cette journée ravalement de la garde-robe d’Abel qui n’avait que ses vieilles fringues. « Ils embauchent au supermarché où je travaille, tu ne veux pas un petit boulot ? » - « Si, si… Je te dépose mon CV dans la boîte aux lettres en rentrant d’accord ? » Elle hocha la tête et ils continuèrent une discussion un peu plus légère sur les cours d’Abel et sur le nouveau petit-ami de sa mère. Abel avait appris à l’aimer, et il était heureux d’avoir pu renouer avec elle, quelque chose qu’il n’avait pas pu faire pendant toutes ces années. Il en avait bavé, mais il avait cette étrange impression qu’il sortait enfin la tête hors de l’eau…
▬ ▬ ▬ ▬
Il revenait alors vers la résidence en marchant tranquillement quand une voiture s’arrêta à son niveau. Il se tourna pour faire face à son interlocuteur et écarquilla les yeux comme deux ballons quand il reconnut… Tom. « Tom, Tom ! » - « Salut Abel, ça va ? » - « Tom, mais qu’est-ce que tu fais là ? » Il s’amusa à se tordre dans tous les sens pour me montrer sa cheville. Elle portait un bracelet qui clignotait légèrement. « Je suis sous liberté conditionnelle et je peux sortir seulement pour aller à mon travail que j’ai dégoté grâce à un maton qui m’a aidé… » - « Et comment ça va aujourd’hui ? Tu t’en sors ? » Mais il ne répondit pas à la question, Tom. Il fronça les sourcils. « Tu vas comment toi ? J’ai appris ce qu’il t’était arrivé ? Et Lily, ça va ? Je n’ai jamais osé venir m’excuser auprès d’elle… Tu es toujours en contact avec elle ? » En penchant la tête sur le côté, Abel essayait de comprendre les mots de Tom. Il ne comprenait rien et se gratta légèrement la tête. « T’excuser pour quoi ? » - « Frère, j’lui ai roulé dessus, la moindre des choses c’est d’aller présenter mes excuses hein ! » Et il leva les bras en l’air comme si c’était évident. Son cauchemar récurrent, cette voiture, cette femme qui ne bouge pas sur le bord de la route… Il secouait la tête. « Tu l’as percuté en voiture ? » - « Tu m’expliques ton délire ? Tu pleurais presque au parloir quand elle était dans le coma, tu te fous de ma gueule ? » - « Je dois y aller, envoie moi un message sur… ben sur le portable de Lily, s’il te plait. » Tom eut l’air perplexe en regardant Abel partir en courant, d’autant plus qu’il avait le portable de Lily, mais Abel marcha précipitamment vers la résidence universitaire. Il était maintenant treize heures trente. Il n’avait aucune idée de si Lily était toujours dans la chambre ou si elle était partie en cours. L’un ou l’autre, il devait parler avec elle. Mais il ne savait pas par où commencer.
J'ai 22 ans et je vis à San Francisco, Californie. Dans la vie, je suis étudiante et je m'en sors bien, y a du boulot à rattraper. Sinon, grâce à ma malchance, je suis célibataire et terriblement amoureuse d'un comateux depuis un an. Informations supplémentaires ici.
"Vous auriez tout aussi bien fait d'en racheter un, vous savez..." Il est 12h30, quand Lily récupère entre ses mains le téléphone d'Abel, réparé. Depuis un an, elle cherche le courage de le faire, gardant le mobile abimé dans un tiroir de sa table de chevet. Le lendemain de l'emménagement du brun dans sa chambre étudiante, elle avait pris la décision d'aller s'occuper du téléphone, pour le lui rendre. « Je sais. Mais à l'intérieur, il y a des choses qui me tiennent à coeur. » dit simplement la petite brune, avec un vague sourire enigmatique. Elle paya alors la réparation, avant de retourner à sa voiture sagement pour retourner vers le campus universitaire.
Au cours de la semaine passée, Lily avait peu à peu forgé sa routine aux côtés d'Abel. Chasser ses chaussures jusqu'à ce qu'il apprenne à les placer dans l'entrée, préparer son petit déjeuner quand il se levait après elle, faire en sorte de ne surtout pas le voir sortir de la douche, lui chanter une chanson tous les soirs avant de dormir... Jamais elle n'aurait cru pouvoir vivre l'Enfer et le Paradis en même temps. Elle était heureuse, Lily, et en même temps, totalement désespérée. Les souvenirs d'Abel ne revenaient pas, et petit à petit, elle se faisait à l'idée que peut être que le destin n'attendait d'eux qu'ils ne soient que des amis. Alors elle s'adapte, Lily. Ses nuits sont vite redevenues agitées, elle s'endort tard, se réveille beaucoup, tourne en rond avant de se recoucher... Elle se réveille souvent plus tard qu'Abel, qui a la délicatesse de lui préparer son café. Et Lily, elle se répète que ça lui va. Que si c'est le prix à payer pour le garder près d'elle... elle est prête à le payer dix fois.
Une fois arrivée dans sa chambre, elle s'installe en tailleur sur son lit, et sort doucement de sa poche le téléphone d'Abel, chargé et intégralement réparé. Elle sait qu'elle doit lui rendre. Mais avant... Elle allume le smartphone, qui sans grande surprise n'a pas un code bien compliqué : sa date de naissance. Un fond d'écran classique, une photo de bière, beaucoup de messages qui arrivent d'un coup pour prendre de ses nouvelles. Lily pince les lèvres, et glisse directement dans les messages jusqu'à trouver son prénom. Et le coeur lourd, elle appuie sur la conversation. Des dizaines et dizaines de messages s'affichent progressivement, tous rédigés par Abel. Et elle sait qu'elle doit tout supprimer, Lily, pour entretenir son absence. Pour qu'Abel ne se pose pas de questions. Mais avant... c'est plus fort qu'elle. Elle commence à lire. Refait le fil de leur conversation, d'un Abel perplexe qui lui rappelait qu'elle était morte à un Abel qui avouait spontanément être amoureux d'elle. Abel, ivre, qui lui répète qu'il l'aime. Abel qui critique la bibliothèque. Abel qui la supplie de rester auprès de lui... Et relire ces messages, c'est comme un coup de couteau entre les omoplates. Son coeur est lacéré, et Lily, elle ne peut pas s'empêcher de penser que jamais, jamais elle ne pourra aimer qui que ce soit comme elle l'aime lui. En larmes, elle relit chaque message, avant de se décider à tout sélectionner. Son doigt suspendu au dessus de la touche "effacer la conversation", elle sanglote silencieusement, incapable d'appuyer.
Jusqu'à ce que la porte de la chambre s'ouvre, laissant apparaître Abel sur le pas de la porte, devant elle. Elle cache le portable dans son dos, les yeux écarquillés. « Abel ? T'es pas... T'es pas censé être en cours ? » demande-t-elle la gorge serrée, baissant la tête en priant pour qu'il ne remarque pas qu'elle pleurait.
Invité
Jeu 20 Sep - 11:52
Abel Silverstein
J'ai 22 ans et je vis à San Fransisco, Californie. Dans la vie, je suis étudiant et je m'en sors mal. Sinon, j'ai perdu la mémoire et j'ai effacé de ma mémoire en me réveillant du coma la femme de ma vie.
Abel entre dans la chambre précipitamment. Il n’avait pas eu le temps de prendre ses médicaments, et il se jeta presque sur ceux contre l’anxiété que le médecin lui avait prescrit pour son sommeil. Il en prenait par quatre. La recommandation était de deux. Mais c’était plus fort que lui et Lily l’enguirlandait souvent pour ça, parce qu’il avait une posologie qu’il avait du mal à suivre. Elle le forçait à prendre ses cachets, lui rappelait quand c’était l’heure. Elle s’occupait de lui si bien… mais faisait plus d’un an qu’elle s’occupait de lui comme ça. Il prit la bouteille d’eau qui était posé sur la table pour avaler rapidement les petits bonbons blancs et bleus. Il se tournait vers Lily, qui avait les yeux rougis de larmes. Et d’un coup, Abel se détendit, oubliant presque la raison de sa venue soudaine. Mais ce tiroir, ce même tiroir dans lequel il avait rangé toutes ces questions, il commençait à s’user et à s’ouvrir. Alors, il regarda Lily, enleva veste, bonnet et écharpe, jeta ses chaussures en plein milieu de la pièce. Le regard de sa belle s’attarda sur ses pompes et il les récupéra pour les mettre dans l’entrée, toute odeur de pied disparaissant soudain. Dans sa table de chevet, il prit un cure dent qu’il fit rouler du côté droit au gauche de ses lèvres et inversement. Il avait ralenti la cigarette parce que le mélange avec les médicaments lui avait fait battre trop rapidement le cœur, et les cure-dents, c’était le seul remède qu’il avait trouvé. Il ne disait pour l’instant rien, ne répondant même pas à Lily.
Il se mit à faire les cents pas dans la toute petite pièce qu’il partageait, il ne savait pas par où il allait commencer, Lily s’impatientant et ne comprenant surtout pas ce qui lui arrivait. Il finit par ouvrir la bouche, mais il la fermait aussitôt. Comment lui dire qu’il avait lu les messages ? Comment lui dire qu’il avait des bribes en tête de souvenir ou de fantasme mais qu’il n’arrivait pas à faire la différence ? Comment lui dire qu’il avait croisé Tom et qu’elle ne lui avait jamais parlé de l’accident ? Il s’arrêta net et se tourna vers Lily. Il n’aimait pas être debout car cela donnait l’illusion qu’il était au-dessus d’elle et c’était faux. Alors, il s’installa sur son lit, en face de celui de Lily. « Raconte-moi tout. Depuis le début. S’il te plait. » Une part de lui espérait qu’elle comprenne ce qu’il voulait dire, mais Lily parut perplexe. Plutôt effrayée. Il n’en savait rien. Alors il argumenta. « J’ai lu les messages que tu m’as envoyé pendant mon coma. J’ai des images en tête, et je ne sais pas si ce sont des fantasmes ou des souvenirs. Je vois un balcon, un défi, un baiser, je vois une voiture, une fille qui se fait renverser. Je vois cette même fille qui m’engueule dans une bibliothèque. » Il déblatérait, c’était un moulin à parole et il ne s’arrêtait pas. Le trop plein de ses nombreuses questions qui restaient en suspens depuis autant de temps. « Je viens de voir Tom, Lily. Il m’a parlé. » Il n’en disait pas plus. Maintenant, il allait lui laisser le temps d’accuser le coup. Il attendait une réponse. Ou pas. Il voulait comprendre mais la relation qu’il entretenait avec elle était tellement belle qu’il avait peur de tout gâcher avec ses questionnements. C’était plus de la curiosité que de l’envie de se rappeler. Mais peut-être qu’un détail allait lui rappeler ce qu’il s’était passé. Il avait besoin de connaitre la vérité. Parce qu'il se souvenait d'une chose : Il y avait trois choses qui ne pouvaient restés cacher bien longtemps : le soleil, la lune et la vérité.
J'ai 22 ans et je vis à San Francisco, Californie. Dans la vie, je suis étudiante et je m'en sors bien, y a du boulot à rattraper. Sinon, grâce à ma malchance, je suis célibataire et terriblement amoureuse d'un comateux depuis un an. Informations supplémentaires ici.
Il faisait les cent pas, devant elle, si bien qu'elle en oublia ses yeux rougis par les larmes, le téléphone coincé derrière elle, les messages d'Abel, qu'elle n'a toujours pas supprimé. Il était là, et sans un mot, il arpentait la pièce. Prenait trop de médicaments. Elle voulait le réprimander, mais aucun mot ne franchit ses lèvres. Rien d'autre qu'un « Abel..? » qui vaut mille questions. Parce qu'elle sait qu'il s'est passé quelque chose. Et ça lui fait peur, à Lily. Terriblement peur.
Quand finalement, il s'arrête d'arpenter la pièce, il s'installe juste en face de Lily, sur son propre lit. Et les sourcils froncés, elle n'avait pas boufé d'un pouce depuis cinq bonnes minutes, à le fixer. Du moins, jusqu'à ce qu'il lui demande de "tout raconter". Un éclair de peur, d'inquiétude lui traverse le visage. « De.. de quoi tu parles ? » qu'elle demande, choquée, prête à trouver la première issue pour fuir, comme elle le fait chaque jour pour se préserver. Puis les mots tombent. Il a lu ses messages. Elle avait oublié. Comment avait-elle pu les oublier ? Son regard s'écarquilla sous la surprise, et pire encore lorsqu'il évoqua des souvenirs. Non Abel, pas des fantasmes, ce sont bien des souvenirs. Et elle reste bouche bée, incapable de sortir un mot. Si elle lui parle, est-ce qu'il va la croire ? Est-ce qu'il va croire sur parole une inconnue qui a veillé sur lui pendant un an ? « Je ne suis pas sûre que... » - Je viens de voir Tom, Lily. Les mots tombent comme une pierre au milieu de la pièce, débarquent avec fracas. Elle reste là, à le regarder, à la fois confuse et tétanisée. Elle a une chance sur deux qu'il la croie. Une chance sur deux qu'il lui accorde la même confiance que celle dont elle a fait preuve il y a un an, quand il lui a ouvert les yeux de son côté. Et après une éternité à ne savoir quoi dire, elle finit par glisser à son tour jusqu'au bord de son lit, ses mains jointes devant elle, devant Abel. « Dans ce cas, je vais te demander de croire sur parole tout ce que je vais te dire. Même si ça peut te sembler parfois absurde, improbable, totalement fou. » Elle laisse couler un silence avant de dire « Toi et moi Abel... On se connaît depuis quatre ans. »
Elle laisse planer un nouveau temps sans un mot, avant de reprendre la parole, nerveusement. Ses mains sont crispées sur ses genoux, mais malgré tout, le reste de son corps tremble. « On était dans la même classe, et on passait notre temps à... se chamailler. Pour un oui, pour un non. Un peu comme tu le fais assez naturellement depuis ton réveil, à vraie dire.. » Elle pince les lèvres en un sourire fin, et s'efforce de ne pas s'arrêter. « Mais tout a vraiment commencé il y a un an et demi... Pendant la soirée chez Tom. » Elle se risque à un regard vers lui. Son coeur bat de plus en plus fort. Et elle prend sur elle, Lily, pour que sa voix ne tremble pas quand elle parle du soir où elle est tombée sous son charme. « Je cherchais Mackenzie, ma meilleure amie. Je sais pas si tu vas te souvenir d'elle. J'ai jamais été une adepte des soirées, j'étais fatiguée, je voulais rentrer. En fouillant la maison, j'ai fini par tomber sur toi. Tu fumais sur le balcon, à l'étage. » Elle jauge sa réaction à la mention du balcon. Et quand elle passe sa langue entre ses lèvres, elle cherche le courage de tout déballer. « Tu t'es toujours moqué de mes manies et de mon côté trop lisse, alors t'as voulu jouer. Tu m'as promis de me laisser tranquille une journée si je tirais sur ta cigarette. Je l'ai fait. » Elle s'est étouffée, mais elle l'a fait. « Tu m'as promis de me laisser une semaine si je terminais ton verre. Je l'ai fait. » Elle sentait parfois encore le goût du citron sur le bout de sa langue, l'alcool qui brûlait sa gorge. Et elle manque d'air, Lily, elle baisse les yeux quand elle finit par dire « Tu m'as promis de me laisser un mois, si je t'embrassais... » Elle relève les yeux, rive son regard dans le sien, quand elle achève sa phrase d'un « Je l'ai fait. Tu l'as fait. Sauf que j'connaissais ta réputation Abel. Alors j'ai pris peur quand tu m'as dit que tu ne voulais plus jouer. Que t'étais sérieux avec moi. Et comme une idiote... J'ai pris la fuite. J'ai pas su affronter mes sentiments, et j'ai préféré te laisser planter là. » Elle baisse les yeux, honteuse, les mains serrées l'une contre l'autre, jointes, si bien que ses phalanges étaient blanches. « C'est aussi ce soir là, alors que je rentrais à pied, que Tom m'a renversé. » Deuxième élément dont il semblait se rappeler : son accident. Assez étrange d'ailleurs, sachant qu'il n'y avait pas assisté, mais probablement son subconscient tenait-il à le lui rappeler.
« C'est pour ça que je connais si bien les médicaments, les régimes, les rééducations... J'ai été dans le coma pendant trois semaines. » Le pire est à venir, le pire est à expliquer. Elle mord sa lèvre inférieure, et se tasse au fond de son lit. Sa main se pose au passage sur son téléphone, qu'elle prend sur ses jambes, le faisant tourner autour de ses doigts. « Ce qu'on a jamais compris, toi comme moi, c'est que pendant ce coma, je pouvais parler avec toi. » Elle ferme les yeux, incapable de regarder Abel qui affiche probablement une mine déconfite, et doit la prendre pour une folle. « Je sais que c'est fou, moi même j'y croyais pas à mon réveil, mais c'est vrai, Abel. Tu savais des choses sur moi que.. personne d'autre que moi ne pouvait te dire. De ma manie de chanter sous la douche, à ma soeur aînée qui étudie à Harvard. Tu savais tout de moi, et tu m'as aidé à découvrir la vérité. » Trois choses ne pouvaient rester cachées trop longtemps : le soleil, la lune, la vérité. « Quand tu m'as appris que Tom avait causé l'accident, je me suis réveillée. J'ai mis un moment à me remettre de mes blessures. Quand je suis sortie du coma, tu étais là. Ta main dans la mienne. Ton regard rongé par l'inquiétude rivé sur moi. Sauf que je ne me souvenais de rien. La soirée, nous deux, les messages. Alors tu as décidé de t'éloigner. D'agir comme si on avait rien vécu tous les deux. » Pourquoi est-ce qu'il a fait ça ? Longtemps, elle s'est posé la question. Jusqu'à ce qu'elle fasse elle-même la même chose.
D'un revers de la main, elle chasse quelques larmes qui sont venues, naturellement, glisser le long de ses joues. « Je me souvenais de rien, et je m'en veux encore tellement... parce que j'ai peur d'être responsable de ce qui t'es arrivé il y a un an. » Elle ferme les yeux, crispe ses mains autour du téléphone à s'en faire mal. « Mais toutes les nuits... Toutes les nuits, je me réveillais en t'appelant. Je me réveillais en te cherchant. J'étais incomplète, et je ne comprenais pas pourquoi de toutes les personnes proches de moi, c'était toi, toi qui me méprisais, que je voulais plus que tout au monde. J'avais besoin de toi, sans savoir pourquoi. » Elle se redresse de son lit pour aller à la fenêtre, incapable de tenir en place plus longtemps. « Cette fille qui t'a engueulé dans la bibliothèque... C'était moi. Je voulais des réponses. Mais tu m'as dit de rester loin de toi pour mon bien. C'est la dernière fois que je t'ai vu avant ton accident. Tu voulais partir. Tu voulais partir, et ce matin là, certains souvenirs m'étaient revenus, alors j'ai tout fait pour pouvoir t'appeler. » Elle consulte l'historique des appels d'Abel. A cinq heures du matin, le dernier appel affichait son prénom : Lily. Doucement, sans oser le regarder, elle lui tend le téléphone. « Tu t'es enfin décidé à tout me dire. Je t'ai traité de fou, au début. Puis j'ai décidé de te faire confiance. Et les souvenirs sont revenus, graduellement. Mais tu ne voulais pas revenir... je sais pas pourquoi, tu... » Un sanglot suspend ses mots, au souvenir de ses supplications envers Abel, jusqu'à ce qu'il raccroche. A ses derniers mots, ce "Je t'aime" qu'elle avait attendu, désespérément. « Je t'ai cherché pendant des heures dans la ville, avant de te trouver devant la prison. Mais tu étais si froid... tu ne bougeais plus... » Et enfin elle se retourne pour regarder le brun. Pour regarder cet homme dont elle était folle amoureuse. « Je suis désolée Abe...Tout est ma faute... »
Invité
Jeu 20 Sep - 14:38
Abel Silverstein
J'ai 22 ans et je vis à San Fransisco, Californie. Dans la vie, je suis étudiant et je m'en sors mal. Sinon, j'ai perdu la mémoire et j'ai effacé de ma mémoire en me réveillant du coma la femme de ma vie.
«…je vais te demander de croire sur parole tout ce que je vais te dire. » Bien sûr qu’il allait la croire. Pourquoi le contraire ? Pourquoi ne pas croire ses mots ? Tant que ça ne parlerait pas de vampire ou de morts qui reviennent à la vie, évidemment qu’il allait la croire.
« On se connaît depuis quatre ans. » Abel fronçait les sourcils. Il n’en avait aucun souvenir. Depuis quatre ans ? Mais pourquoi Diable n’arrivait-il pas à se rappeler qui était Lily ? C’était un point de départ, et il ne comprenait pas pourquoi il n’y arrivait pas. Elle paraissait perturbée, bien trop droite, et bien trop propre. Elle était nerveuse et c’est tout ce qu’Abel voyait. Se remémorer tous ces souvenirs lui faisaient du mal. Il n’aurait jamais dû la confronter à ce passé qu’elle tentait, peut-être, d’oublier.
« Tu m'as promis de me laisser un mois, si je t'embrassais... » C’était son genre à Abel de faire des paris comme ça. Mais celui-là avait un côté doux-amer inexplicable. Il espérait qu’elle l’ait fait, parce que même s’il ne s’en rappelait pas, à l’heure actuelle, c’était tout ce qu’il avait envie de lui faire. Il voulait l’embrasser, partout, la réconforter, la prendre dans ses bras, soulager ses peines. Mais rien ne venait, rien. Une migraine commença à pointer le bout de son nez, juste à la surface de son crâne. Il regardait Lily, qui fuyait son regard par-dessus tout, mais il ne pouvait détacher ses orbites d’elle. Son corps parlait à sa place, ses émotions se lisaient dans sa gestuelle.
« … quand tu m'as dit que tu ne voulais plus jouer. Que t'étais sérieux avec moi. » Les images du balcon lui revenaient en tête par bribes. Quelque chose manquait encore et il savait maintenant ce que c’était : la réalité. Il la croyait. Parce qu’elle connaissait ce qu’il se passait dans sa tête, mais c’était comme un rêve ou une histoire qu’il avait lu enfant. Rien ne le ramenait à lui-même et c’est ce qui le frustré le plus. Il ne savait pas ce qu’il fallait faire pour débloquer ce tiroir qui narguait tout son esprit par son impossibilité à être déverrouillé.
«…Tom m'a renversé. » Et Abel secoua la tête, comme pour tenter de se remettre les idées en place. Mais pourquoi rêvait-il qu’il était conducteur ? Pourquoi voyait-il Lily dans cet état-là alors qu’il n’était pas directement responsable de son accident ? C’est incompréhensible. Son cerveau lui jouait des tours monstrueux, il n’arrivait plus à rien. Peut-être devait-il consulter un neurologue.
« … J'ai été dans le coma pendant trois semaines. » Elle aussi ? Mais pourquoi ne lui a-t-elle pas dit ? Ils auraient pu discuter, partager, comprendre ensemble ce qui arrivait à Abel, parce qu’elle avait des réponses à lui apporter.
«…je pouvais parler avec toi. » Quoi ?
« Tu savais tout de moi, et tu m'as aidé à découvrir la vérité. » Cette vérité. Celle qu’il manquait à chaque fois. Ces trois choses qu’on ne cache pas, et qui sont toujours révélé. Cette phrase lui revenait en tête constamment depuis le début de la journée. Avait-elle un lien ?
« Ta main dans la mienne. Ton regard rongé par l'inquiétude rivé sur moi. Sauf que je ne me souvenais de rien. » Elle l’avait vécu elle aussi, ce trou noir. Elle avait vécu l’oubli et aujourd’hui, c’était Abel l’amnésique. Il ne se rappelait pas ce que c’était les sentiments de l’autre par l’oubli, parce que malgré tout, aucun souvenir ne venait éclairer sa mémoire. Il se frottait les doigts nerveusement, l’un contre l’autre. Le puzzle s’assemblait de manière tellement désordonné que ça en devenait presque un Picasso.
« D'agir comme si on avait rien vécu tous les deux. » C’était horrible. Ce qu’Abel lui avait fait subir. Elle revenait vers lui, elle avait tenté de se rappeler avec ferveur et il était parti. Il sait une chose : il était trop brisé pour elle. Et se connaissant, c’est pour ça qu’il avait dû fuir. Mais sans certitude, il ne comprenait pas grand-chose. Il se rappelle d’une prison, vaguement, légèrement. Il se rappelle d’un froid qui l’enveloppe entièrement et qui l’emporte dans un autre monde. Il se rappelle qu’en fermant les yeux, il avait prononcé mot merveilleux à entendre. Il ne se rappelait pas lesquels.
Abel récupéra le téléphone pour commencer à lire les messages. Des centaines et des centaines de message pendant plusieurs jours, des mots d’amour qu’il prononce à Lily sans même se rappeler. Il avait chaud Abel, il transpirait énormément, il avait besoin d’une douche glacée histoire de mettre une pause dans tout ça. C’était tordu et épuisant. Il levait la tête vers Lily mais elle se levait pour rejoindre la fenêtre. Elle ne le regardait plus. Il avait besoin qu’elle soit toujours là, toute sa vie.
Elle l’avait cherché pendant des heures et elle l’avait trouvé. Lily avait trouvé Abel. Elle le trouverait toujours, même au bout du monde. Il restait un instant bouche bée face aux messages. Cette blague récurrente sur le fait d’être maté sous la douche, une proposition qu’il n’avait cessé de lui faire depuis deux semaines juste pour rire, le fait qu’elle chante sous la douche, et qu’il avait voulu qu’elle le fasse tous les soirs. Ca ne pouvait pas être une coïncidence. C’était trop cohérent, mais à la fois, ça relevait d’une magie bien au-delà de tout. Il se releva. Il avait besoin de prendre une douche. Il lui fallait une douche froide, quelque chose pour le calmer, parce qu’il se sentait prêt à exploser. Il prit une inspiration, ne dit strictement rien. Il ferma les yeux une seconde. Sa migraine se faisait de plus en plus intense. Douche, douche, douche.
Au fond de lui, dans ce tiroir fermé à double-tour, il y avait l’amour d’Abel pour Lily. Dans ce tiroir, il y avait les sensations qu’il avait éprouvé pour elle la première fois qu’il l’avait embrassé. Dans ce tiroir, il y avait la douleur qu’il avait éprouvé la croyant morte. Dans ce tiroir, il y avait l’incompréhension de ces messages échangés pendant des jours alors qu’elle était incapable de bouger. Dans ce tiroir, il y avait tous les souvenirs qui lui manquaient de sa fuite, et le dernier mot d’amour qu’il avait prononcé pour Lily…
Il poussa la porte de la salle de bain et se déshabilla complètement pour entrer dans la cabine de douche. Il mit l’eau au plus froid et se glissa dessous le jet d’eau qui lui donna un frisson qui partait du bout de ses orteils jusqu’en haut de sa tête. Il pencha son bras hors de la cabine et alluma son portable pour démarrer la chanson qu’elle lui avait chanté le premier jour. I get to love you. Il avait laissé la porte entrouverte, juste pour qu’elle entende le son. Juste pour qu’elle puisse venir si elle le voulait. Une invitation à prendre une douche. Juste une douche.
J'ai 22 ans et je vis à San Francisco, Californie. Dans la vie, je suis étudiante et je m'en sors bien, y a du boulot à rattraper. Sinon, grâce à ma malchance, je suis célibataire et terriblement amoureuse d'un comateux depuis un an. Informations supplémentaires ici.
Quand elle prononce ses derniers mots, elle hésite entre ne plus bouger, ou partir en courant loin de cette chambre, loin de lui, loin de tout. Les larmes glissent encore le long de sa peau, de ses joues, sans qu'elle ne puisse les arrêter. Sans être capable de plonger ses yeux dans ceux d'Abel, qui n'a pas bougé, n'a pas dit le moindre mot. Est-ce qu'il la déteste ? Est-ce qu'il pense qu'elle est complètement folle ? Elle voit qu'il consulte son téléphone, après qu'elle le lui ai tendu. Observe les messages, qu'elle n'aurait jamais pu écrire elle-même. Tout semblait si fou, si improbable, si étrange. Et pourtant, pourtant Lily avait fini par y croire, aidée par des souvenirs confus. Se pouvait-il qu'Abel finisse par faire de même ?
Quand il se redressa sans un mot pour filer jusque la salle de bain, elle resta plantée là, immobile, le regard dans le vide. C'est peut-être pire que la colère, pire que des questions. Il se contentait de la fuir. Comme si ses mots l'avaient effleuré, et qu'il avait pris la décision de simplement les repousser d'un revers de la main. Pouvait-elle seulement l'en blâmer ? Ses paroles n'avaient pas de sens pour les autres. Mais il lui avait demandé de tout raconter. Et Lily, elle aimait trop Abel pour lui mentir, quitte à le perdre pour de bon. Alors elle reste debout au milieu de la pièce, la gorge nouée, le coeur ravagé, balayant simplement d'un revers de la main ses larmes qui furent rapidement remplacées par d'autres.
C'est là qu'elle l'a entendue. Les premières notes de piano, la voix qui s'élève, ces paroles qu'elle lui a chanté le coeur lourd, le premier soir. I get to love you, it's the best thing that I'll ever do. Elle garde les yeux rivés sur la porte ouverte de la salle de bain, avant de faire un pas, puis un autre dans sa direction. Elle suit la musique, elle suit son coeur, tout simplement. A pas de loup, elle entre dans la salle de bain, et se penche simplement pour retirer son jean et son pull. Elle est toujours en sous vêtements simplement couverts d'un tee shirt blanc, quand elle pousse le rideau pour faire un pas à l'intérieur de la douche. Elle a les yeux encore rougis par les larmes, mais aussi les joues embrasées, quand elle lève les yeux pour croiser le regard d'Abel à travers l'eau froide qui coule sur son corps. Et murmurer d'une voix serrée par les larmes, par delà la voix de la chanteuse : « Forever I’m yours, forever I do. » Elle avance d'un pas. Se fiche du jet qui s'abat sur elle, à moitié habillée. Me repousse pas Abel. Me repousse pas cette fois.
Invité
Jeu 20 Sep - 15:16
Abel Silverstein
J'ai 22 ans et je vis à San Fransisco, Californie. Dans la vie, je suis étudiant et je m'en sors mal. Sinon, j'ai perdu la mémoire et j'ai effacé de ma mémoire en me réveillant du coma la femme de ma vie.
Il n’avait que son boxer blanc sur lui. C’était le seul habit qu’il s’était autorisé à garder au cas où Lily le rejoindrait. Il ne voulait pas l’effrayer ni la laisser croire qu’après ce qu’il venait de se passer, il n’avait envie que de son corps. C’était faux. Enfin… c’était vrai, mais son corps, son cœur et sa tête allaient ensemble. Il attendait, patiemment. Il augmentait légèrement la chaleur car le froid glacial lui brûlait la peau, la rendant rouge par l’hypothermie. Il fermait les yeux, l’eau s’écoula sur son visage et sur ses cheveux. Il était bien, dans cet instant. Il serait mieux dans quelques secondes.
Et toujours les yeux fermés, il entendit la porte de la cabine de douche s’ouvrir, la voix de Lily s’élevant pour couvrir les mots de cette chanteuse. Il gardait les yeux fermés, comme pour savourer encore une seconde cet instant. Puis il ouvrit les yeux, pour croiser ceux de la cette femme qui voulait tout donner à Abel. Il passa sa langue entre les lèvres, la tête légèrement penchée en avant pour soutenir ses yeux. Les gouttes perlaient sur leurs visages respectifs mais le silence était d’or. Tout se disait dans ce regard. Il avait l’impression qu’autour de lui, une cascade d’eau dans une île paradisiaque leur tombé dans le dos, et ce n’était plus les murs blancs de la salle de bain mais une forêt dense et ombragée. Il se sentait dans un coin de paradis. « The way you love, it changes who i am… » C’était tellement vrai. La façon qu’elle avait de l’aimer, de l’appréhender, de lui parler, c’était tous ces petits gestes qu’elle faisait pour le faire tomber amoureux. Une nouvelle fois…
Il releva ses mains pour les poser sur les épaules de Lily, les glissant le long de ses bras pour arriver à ses poignets. Il les tenait. Il ne voulait pas les lâcher, comme s’il avait peur qu’elle parte, qu’elle s’envole ou qu’elle s’évapore. Mais ses yeux ne lâchaient pas les orbites rouges et embuées de larmes qu’elle montrait à Abel. Elle avait offert sa vulnérabilité sur un plateau, et Abel l’avait saisi. « Lily… » Il prononça son prénom dans un souffle, seulement respirant l’air qu’elle lui offrait. Il remonta sa main droite vers son épaule, puis vers sa nuque. Du bout des doigts, il sentit des cicatrices sortir de sa peau. Son accident. Elle aussi, elle avait vécu l’enfer. Elle aussi, elle avait beaucoup trop souffert.
Alors, dans un geste familier, comme s’il l’avait toujours fais, il se pencha un peu plus. Une main sur sa nuque, l’autre son poignet, il posa ses lèvres sur les siennes. Et le monde s’était arrêté de tourner.