A dix-neuf ans, Mackenzie, elle parlait déjà de ses conquêtes, de ses nuits passées avec X ou Y, de la lingerie qu'elle achetait en prévision d'une soirée où elle comptait aguicher un garçon. A côté, Lily, c'était la Sainte Vierge Marie. Toujours si sage, si rangée, lingerie classique, jupes au genou... Et surtout, aucune relation sexuelle. Du moins jusqu'à Abel. Quand il la qualifie de novice, elle s'empourpre légèrement et hausse une épaule. « Je suppose oui. » C'est sûr qu'une enfant ne ferait certainement pas ce qu'ils viennent de faire ce soir. Absolument pas. Elle finit par se décider à allumer le jet d'eau pour laisser la chaleur envahir la cabine, une fine couche de brume entourant progressivement Abel et Lily. Elle est prise d'émotions contradictoires : d'un côté, elle est particulièrement intimidée à l'idée d'être ainsi nue devant lui. De l'autre... elle aime le contact de sa peau contre la sienne. Quand il vient doucement savonner certaines parties de son corps, elle ferme les yeux malgré elle. Et elle sourit, en sentant qu'il évite chaque partie un peu trop intime de son corps, comme s'il ne voulait pas la brusquer. Et elle se détend peu à peu, Lily. Elle frissonne légèrement quand ses mains effleurent ses fesses, mais elle se surprend à apprécier ce contact. Probablement trop.

Elle saisit du savon à son tour pour s'occuper des zones plus sensibles, savonne sa poitrine, et se trouve presque gênée quand elle passe sa main sur sa zone la plus sensible, incapable d'oublier ce qu'Abel vient d'y faire dans leur chambre. Pourtant, son attention est à nouveau accaparée par le brun quand il la réprimande presque d'avoir employé le mot "pitié" la concernant. Elle lève les yeux vers lui, et hausse une épaule, avant de hausser cette fois un sourcil quand il semble vouloir dire quelque chose. Il semble presque gêné, cette fois, à éviter son regard, à chercher ses mots. Elle suit la trajectoire de ses doigts contre sa peau, et elle se surprend à ne pas en rougir. A simplement apprécier ce contact. C'est ce qui m'excite le plus. Elle lève les yeux vers son visage avec un petit air surpris, alors qu'il bafouille presque pour préciser sa pensée. Et Lily elle est à la fois intimidée et... heureuse de l'entendre dire ça. Doucement, quand il revient croiser son regard, elle se hisse sur la pointe des pieds pour atteindre ses lèvres du bout des siennes. « Je suis contente. » avoue-t-elle le plus simplement, le plus purement du monde, alors qu'elle vient timidement reprendre du savon entre ses mains, en glissant derrière son dos pour venir le savonner délicatement. Elle détaille les muscles de son dos, glisse le long de sa colonne vertébrale, elle découvre le corps d'Abel qu'elle n'a pu que trop peu toucher ce soir. Et elle se sent un peu plus courageuse, quand il ne la regarde pas, pour avouer à voix basse: « La prochaine fois... j'aimerais être face à toi. » Est-ce qu'elle vient clairement de mentionner elle-même une prochaine fois ? Oui. Dans quel état est-ce qu'il l'a mise ? Elle pivote à nouveau pour venir en face de lui, et savonne son cou, ses épaules, ses bras. Elle glisse ses mains le long de ses pectoraux, effleure son torse du bout des ongles, savonnant progressivement plus bas. Et le pire, c'est que sans s'en rendre compte, Lily, elle le dévore des yeux. Elle l'observe presque sans gêne, s'improvise exploratrice curieuse. « Je veux dire... j'étais frustrée de.. pas te voir. » Elle suspend ses gestes quand elle sent son bassin, sait qu'elle arrive trop bas. Et elle relève les yeux, sentant ses joues rosir. « Je crois que je devrais m'arrêter là. » S'il ne voulait pas partir sur un deuxième round en pleine douche. Mon dieu, depuis quand Lily pensait-elle à ce point à... ça?

Les mains de Lily qui passaient dans son dos, sur ses hanches, ses reins… Tout était fait pour le détendre. Il avait l’impression qu’on lui massait le corps sur des parties de son corps qui était douloureuse. En sans s’en rendre compte, il avait mal partout. Comme si l’amour qui n’arrivait pas à terme depuis tant de temps venait enfin de débarquer et son corps en accusait le coup. Il avait mal partout et les gestes de Lily l’apaisait comme jamais. Parce qu’un autre massage même plus professionnel n’aurait pas eu cet effet escompté sur son corps ankylosé. Abel regarda Lily d’un air tendre qu’elle annonça qu’elle voudrait être face à lui la prochaine fois. Il lui sourit amoureusement, avec plus de caresse dans un regard que dans tous les gestes du monde. Il finit de l’aider à lui laver le corps pour nettoyer les parties les plus intimes de son corps discrètement. Ce n’était pas les gestes les plus glamours qui soient, et il allait épargner ça à Lily. « La prochaine fois, je te laisse diriger. Tu me diras ou me montrera jusqu’où tu veux aller. » Il se pencha en avant pour l’embrasser sur les lèvres, le genre de baiser qui sous entendait beaucoup de chose. Il avait envie de la revoir dans cet état de perdition et de transe quand ils étaient dans la chambre, c’était tellement solide.

Il se mit à rire à nouveau quand elle dit arrêter là, et Abel acquiesça. « Je crois aussi. Et j’te propose qu’on aille se coucher, t’en penses quoi ? » Il sortit de la cabine de douche sur la pointe des pieds et il se mit à trembler. « Ouuuuh, on a pas mis le chauffage ! » Il attrapa une serviette épaisse qu’il enroula autour de sa taille, et il en prit une autre pour venir la mettre autour du corps pulpeux de Lily. Il l’enroule complètement de façon à ce qu’elle ne puisse plus bouger ses bras, histoire qu’elle n’ait pas froid. Ensuite, il partit allumer le chauffage et se mit devant en frottant le haut de son corps avec une serviette éponge. « Bon, tu sais que pour lutter contre l’hypothermie, il faut dormir nu l’un contre l’autre ? Comme nous ne sommes pas dans un état d’hypothermie, je dormirais en caleçon. Ce sera à toi de gérer tes hormones qui travaillent hein ! Je suis pur et innocent moi ! » Il fit un geste de la main, plein d’humour, comme si c’était Lily la plus déchaîné et la moins pudique. Il enfila un caleçon propre et ramassa les sous-vêtements de Lily, et son shorty noir était encore bien humide de leurs ébats précédents. Il n’en fit pas la remarque, et sans aucun gêne, le récupéra dans sa main pour le mettre dans le panier. Il fit pareil avec son caleçon. Puis juste après, il se dirigea dans la chambre, en venant se glisser dans son lit, sur le dos, une jambe repliée et un bras derrière la tête. Il s’enfonça complètement sur le côté du mur pour laisser la place à Lily de venir et il attendit patiemment.

Lily aux commandes ? Elle ? Malgré elle, la brune fronce le nez, anxieuse à l'idée d'être celle qui dirige la prochaine fois qu'ils iraient un peu plus loin tous les deux. Mais elle comprenait. Il fallait qu'elle s'affirme, et surtout, Abel la laissait choisir ses propres limites. Elle l'aimait d'avantage encore pour ça. Elle se rappelait d'Abel Silverstein, vantant ses ébats en plein amphithéâtre haut et fort, et là... là il n'y avait que de l'amour. Rien que de l'amour dans ses yeux, sur ses lèvres, dans sa façon d'être avec Lily. Elle répondit alors à son baiser, le sourire aux lèvres, hochant la tête avec douceur avant de susurrer tout contre lui. « Ca me va... » Et Lily, même si elle ne disait rien, même si elle avait toujours un peu peur, au fond, elle avait aussi hâte.

Quand il suggère d'aller - enfin - se coucher, la brune hoche doucement la tête en riant à son tour. Dire qu'ils étaient censés dormir depuis un moment déjà... Disons que les plans étaient un peu partis en vrille. La douche coupée, elle essorre ses cheveux et laisse Abel sortir le premier, avant de frissonner au contact de l'air frais de l'extérieur. « Je crois que je vais dormir dans la douche finalement. » dit elle en riant, avant de descendre à son tour pour vite se retrouver enveloppée dans une grande serviette, un sourire enfantin planant sur ses lèvres alors qu'elle lève le visage pour embrasser le nez d'Abel. Elle le suit vite dans la chambre, et libère ses bras pour venir ramasser par terre sa robe rouge, abandonnée tout à l'heure. Elle remettra cette robe. Définitivement. Elle n'avait rien d'extravagant, mais désormais, elle ne la verrait plus jamais comme avant. « Je rêve, tu oses parler de mes hormones ? Je sais parfaitement me contrôler ! » Est-ce qu'elle sait se contrôler ? Elle espère que oui. Et après avoir récupéré des vêtements dans sa penderie et mis sa robe rouge dans la panière à linge sale, elle enfile tout en gardant sa serviette son bas, et tourne le dos pour enfiler le haut. Ce soir, elle dormirait en débardeur à fines bretelles blanc, et en shorty bleu. Abel, lui, s'était déjà installé dans son lit, et Lily se promenait devant lui, rangeant sa serviette, ordonnant la chambre, comme un moyen de laisser l'anxiété derrière elle quand elle fit enfin face au lit du brun. Elle allait dormir avec lui. Doucement, la brune appuie un genou sur le matelas, puis une main, et son corps tout entier s'invite sur le lit de son petit ami, pour venir s'allonger près de lui. « Je sais même pas quelle heure il est... » Ou comment meubler pour combler sa gêne. Finalement, Lily, elle lève les yeux vers Abel, et elle rejette ses appréhensions en arrière. Il est là, allongé, à la regarder. A l'aimer. Et elle s'est battu trop longtemps pour ne pas profiter de cet amour. Alors doucement, elle s'étend à ses côtés, et rampe jusque ses bras. Se blottit tout contre lui, tête appuyée contre son torse, à sentir la chaleur de ses bras. Elle regrette presque de ne pas sentir d'avantage sa peau contre la sienne. Alors après une petite hésitation, elle glisse une jambe timide pour l'entremêler avec les siennes.

Pendant que Lily s’activait devant ses yeux, Abel la regardait passer, puis repasser, ranger, nettoyer, elle était hyper active. Elle voulait que tout organiser et nickel quand ils se lèveraient demain matin. Il ne cessait de la mater, de la tête aux pieds, sans aucune gêne. Il sifflait parfois quand elle passait trop près de lui, juste pour la faire rougir et réagir. C’était peut-être une gêne pour elle mais c’était un jeu pour Abel. Et il restait malgré tout le même. Il riait quand elle jouait les offusquées, comme si elle était capable de se contrôler. En passant un index et un pouce sur sa barbe naissante, Abel hocha la tête plusieurs fois, toute l’ironie du monde dans la voix. « Oh oui, tu sais te contrôler, je l’ai remarqué quand tu jouissais sur mes doigts. » Il le faisait exprès, d’employer des termes crus. Il voulait la sortir de sa zone de confort, il voulait la voir rougir, voir son innocence. Mon dieu son innocence… C’était bien trop excitant. Il attendit ensuite sagement qu’elle finisse son petit cinéma qui l’obligeait à retarder le moment où elle se coucherait avec Abel, puis, quand elle se décida enfin, Abel ouvrit un bras pour l’accueillir tout contre lui.

Il sentait la chaleur de son corps contre le sien et il s’apaisait complètement, le sommeil le fouettant complètement. Il se mit à bailler fortement, et enfonça son visage dans les cheveux encore humide de Lily pour respirer l’odeur de son shampoing. « Je crois qu’il est l’heure de dormir… » Il n’osait pas regarder l’heure non plus, et il sentait qu’il allait passer la meilleure nuit de sa vie. Le bras sur lequel elle était posée s’enroula autour de son corps, son avant-bras qui pendait au-dessus de la poitrine de Lily, il aida sa petite-amie dans sa démarche d’entre-mêlage de jambe et cette étrange position lui donnait l’impression d’être encore plus proche d’elle. Ils pouvaient se réchauffer au contact de l’autre et il embrassait plusieurs fois le sommet de sa tête. Il baillait une nouvelle fois, ses yeux brûlant de fatigue et son corps épuisé. « Bonne nuit, mon amour. » Il vint déposer un baiser sur ses lèvres en se tordant un peu pour l’atteindre, et il ferma ses yeux en se calant sur son bras. Et Morphée vint le kidnapper pour la plus belle nuit qu’il n’eut jamais passé.

C'est comme s'ils avaient trouvé un équilibre parfait entre ceux qu'ils étaient avant, et ceux qu'ils sont maintenant. Lily, elle reste la gamine un peu trop rigoureuse et ordonnée, Abel continue de la chercher, de la pousser hors de ses gonds. Quand il mentionne l'orgasme qu'il lui a provoqué, elle rougit si fort qu'elle pourrait en devenir violette sur le coup, et pivote vers lui avec de grands yeux écarquillés, lui lançant sa serviette dessus. « Abel ! » Il le faisait exprès. Bien sûr qu'il le faisait exprès, suffisait de voir ce sourire malin qu'il affichait devant la gêne manifeste de la brune, laquelle vint récupérer sa serviette en tirant la langue pour aller la ranger. Mon dieu, ce vocabulaire qu'il peut employer parfois... C'était à la fois très dérangeant et... et bref. Lily, elle secoue la tête, pense à autre chose, et se décide enfin à revenir près du lit, pour grimper jusque dans ses bras. Et le lit a beau être étroit pour deux personnes, ils sont si serrés l'un contre l'autre qu'elle n'est pas dérangée le moins du monde, Lily. Au contraire, quand Abel entour son corps de son bras pour la rapprocher de lui, elle se sent dans ce cocon de bonheur et de protection si propre à lui. Elle l'aime, c'est aussi simple que ça. Elle décrocherait la lune, pour vivre chacune de ses nuits de la sorte. « Plus que l'heure oui... » Murmure la jeune fille d'une voix endormie, tout en se pelotonnant d'avantage contre le brun. A chacun des baisers qu'il dépose sur le sommet de son crâne, elle sourit. S'enivre de l'odeur de sa peau et de son savon. De la chaleur qu'il dégage. Et elle réalise que "à la maison", c'est là. Ici, dans ses bras. « Je t'aime Abel.. » Qu'elle souffle finalement, répondant à son baiser avant de fermer les yeux, pour la première nuit paisible qu'elle passera depuis plus d'un an. Sans interruption. Sans mauvais rêves. Que de l'amour.