Alejandro n’avait eu besoin que de la présence de la blonde pour se souvenir de tout. Il s’était souvenu surtout des mots qu’il avait dit, avant de tomber dans l’inconscience. L’espagnol lui était venu naturellement, puisqu’il pensait en espagnol la plupart du temps. Et il n’avait aucune idée de ce qu’elle avait compris. Malgré tout, quand il avait fallu l’appeler, c’était la reine qui avait passé la barrière de ses lèvres, pas le « princesse ». Il avait bien sûr répondit à sa mère, qui le disputa à mi-mot quand il désira se relever un peu de sa place.

Ok. OK. Il allait rester couché jusqu’à la fin de sa vie. Il le promit en espagnol alors que son plus jeune frère aussi parlait comme il le pouvait. Alejandro fut un clin d’œil à Carlos. Il le connaissait assez pour savoir qu’il lui faudrait plus de temps. Il laissa le temps à tout le monde, même à sa reine qui n’osait bouger alors qu’il lui lança plusieurs sourires pour la rassurer. Quand la famille Fuentes se calma… il regarda la blonde s’approcher et se sentit obligé de se pencher pour la suivre.

- Jenny, fit-il doucement en lui prenant sa main et en la serrant un peu entre ses mains, Jenny je suis là, je vais bien, tout va bien.

Il ne savait pas ce qu’elle savait. Il ne savait même pas ce que sa famille savait. Pour le moment, il était juste conscient que tout le monde savait pour avoir pris deux coups de couteau dans l’abdomen. Il fit en sorte de se pousser sur son lit, lança un regard à Carlos pour qu’il l’aide alors que Luis amenait leur mère dehors. Carlos s’approcha doucement et bougea le lit pour que la blonde puisse avoir la place à ses côtés.

- Viens avec moi, il y a la place, proposa-t-il doucement alors que Carlos désapprouver totalement mais sorti aussi de la pièce pour les laisser seuls.

Il essuyait les larmes sur ses joues avec sa main disponible et lui faisait toujours ce sourire doux et calme. Ce sourire qui disait qu’il était en vie, voulait la rassurer sur son état … qui n’était pas critique puisqu’il respirait encore, n’est-ce pas ? Puis, sa mère ne l’aurait jamais laissé à la porte de la mort donc ….

- Tu n’as rien à te faire pardonner, mi reina, ce n’est absolument pas de ta faute.

Même si c’était bien Jake qui l’avait poignardé, ce n’était pas sa faute. Elle n’était pas responsable des actes d’un autre. Encore moins de ce mec. Et il espérait qu’elle ne devine jamais ce qui l’avait fait le suivre dans les vestiaires, même si Alejandro savait qu’il était un fourbe sans couille. L’idée que le Jake puisse avoir des photos et les montrer … Qu’il puisse la blesser elle. Il sentait encore la colère poindre le bout de son nez. Même le fait que la jeune femme s’excuse pour ça, alors que non, ça donnait envie d’aller le refroidir.

- Regarde. Je te l’ai promis, je ne t’ai pas laissé alors souris-moi.  

Encore bouleversée, Jenny s'assit sur la petite place que lui avait fait Carlos sur le lit d'hôpital. Tant de tubes, de bips, et cette odeur médicale qui lui emplissait les narines... Il paraissait si vulnérable et elle détestait ça. Pourtant, ses mots se voulaient forts et rassurants. Il porta sa main libre à ses joues pour essuyer les larmes qui y roulaient encore. La jeune fille se sentit un petit peu mieux.

A sa demande, elle lui sourit tristement. Elle n'arrivait pas à faire semblant. Le voir ainsi la bouleversait complètement. Mais elle lui était infiniment reconnaissante d'être encore là, avec elle. Et de garder cet éternel sourire sur son visage.

"- Merci, fit-elle d'une voix un peu plus apaisée. Merci Alex."

Elle laissa un silence lourd de sens s'installer tandis que sa main continuait à serrer la sienne. Peu à peu, l'immense sentiment de tristesse fut chassé par une colère noire. Profonde. Elle brisa alors la petite bulle de tranquillité qu'ils avaient créée autour d'eux.

"- C'est Jake n'est-ce pas, grinça t-elle entre ses dents. Cet abruti n'a même pas cherché à me le cacher.

Elle fronça du nez en se remémorant sa petite parade fier comme un coq avec Tessa à ses côtés. Il le paierait. Au centuple. Ce n'était plus une petite guerre d'égos qui se jouait, mais bien une véritable guerre à la mort.

- Je te promets qu'il le paiera cher, lui assura t-elle d'un ton sans appel. Je m'assurerai qu'il ne s'en relève jamais."

Elle en pensait chaque mot. Avec un bon avocat, Alejandro avait toutes ses chances. Malgré l'influence de la famille du footballeur, elle était convaincue qu'elle serait en mesure de lui dégoter un avocat suffisamment bon pour défendre sa cause. Car sa cause était la bonne. Il n'avait jamais été en tort. Son seul tort avait été de de pas être né avec une cuiller en argent dans la bouche. Il y a quelques temps encore, cela aurait suffit à ce qu'elle pense qu'il n'avait même pas le droit à une justice. Comme elle se trompait. Il n'y avait pas plus humain que ce grand brun qui était alité à ses côtés. Elle baissa le regard sur lui.

- "Je lui briserai tout, reprit-elle sur le même ton. Ses rêves, ses ambitions, son avenir. Ne pense pas que je le laisserai faire. Pas contre toi."

Désormais elle ne pleurait plus. Elle n'était plus abattue. Elle se sentait bouillir d'une rage incontrôlable, sans commune mesure. Il lui fallait agir, ou allait commettre un attentat. Frénétiquement, elle sortit son téléphone de sa pochette et envoya un texto à son père. Malgré l'heure tardive, celui-ci lui répondit immédiatement, avec en pièce-jointe les coordonnées de son meilleur avocat. La blondinette ne perdit pas une seule seconde et se mit rédiger un mail déterminé, qu'elle envoya dans la foulée.

"- On va t'assurer une défense en béton", fit-elle en tournant l'écran de son téléphone vers lui.

Elle essuya rageusement les traces de mascara qui avaient coulé tout le long de son visage. Désormais, sa mine horrible commençait à lui peser. Elle était prête à aller détruire le monde. Surtout avec le regard du grand brun rivé sur elle.

Alejandro avait tellement à dire, mais il ne savait même pas par où commencer. Il voudrait lui faire oublier la situation et la prendre dans ses bras, mais impossible face à son état. S’il venait à se lever encore, il avait l’impression que les points sur son buste allaient péter. Bon. Mauvaise idée donc. Alors il ne disait rien pour le moment, l’observant doucement de ses yeux calculateurs.

- De rien, tout pour toi, Jenny.

Il souriait parce qu’il était véritablement heureux. Il était en vie. Qui ne serait pas heureux d’être en vie. Il cherchait déjà comment lui rappelait qu’il l’aime, qu’il l’aimerait toujours et qu’il fera tout pour être digne d’elle quand elle le coupa avec une phrase. La phrase était cinglante comme un coup de fouet et emplit de colère. Alejandro n’avait aucune envie de se laisser envahir par la colère.

- Jenny, dit-il doucement mais elle ne semblait même pas l’entendre trop occuper à se sentir mal pour lui.

Il n’avait pas envie qu’elle se jete dans un combat perdu d’avance. Tout le monde dirait que c’était un mensonge. On allait dire qu’il manipulait la jeune femme pour avoir de l’aide. On dira qu’il fait ça pour l’argent ou pour x ou y autres raisons. On ne le croira jamais. Alejandro ne comptait pas faire de représailles à Jake, simplement parce qu’il serait en tort. La jeune femme avait-elle oublié qui il était ? Il essaya plusieurs fois de la stopper mais n’y arriva pas. Il posa sa main libre sur son téléphone et attrapa le menton de la jeune femme alors qu’il était franchement relevé cette fois.

- Jenny, calme-toi. La colère n’a jamais été bonne pour personne, fit-il.

Il n’osait pas lui dire, pour le moment, qu’il comptait laisser ça tomber. Elle était tellement colère qu’elle ne pourrait pas comprendre la désinvolture dont il faisait preuve. Oui, il avait envie de tuer Jake pour ce qu’il lui avait fait. Oui, il avait envie de tuer Jake pour les peut-être photos qu’il avait. Mais il ne pouvait pas laisser ce sentiment jouait contre la jeune femme. Il devait la protéger de ça.

- Je suis là, et il eu un frisson en réfléchissant comment continuer sa phrase, et … tu me l’a déjà dit, on n’est pas … du même monde, je ne veux pas que les gens penses que ce que je ressens pour toi puisse être simplement un désir d’utiliser tes ressources.

Il se plaça un peu mieux et approcha son front de celui de la blonde. Son cœur battait plus vite. Le bip le prouvait. Connard de traître.

- Je … Je suis vraiment … heu .. Ce n’est pas simplement pour le couronnement …

Il blêmit d’un coup en réalisant.

- OH merde ! Le couronnement ! Je suis désolé ! Il faut que tu ailles le dire que tu n’étais pas là par ma faute, ce n’est pas juste sinon…

"- Quoi tu rigoles, sois pas ridicule Alex c'est pas une question d'argent, ça crève les yeux de n'importe qui que Jake..."

Elle s'interrompit. Les yeux de n'importe qui ou les siens seulement ? Il y a quelques mois de ça, n'aurait-elle pas été aveugle elle aussi ? Volontairement ? Alejandro lui avait ouvert les yeux de force. Elle avait détesté. Mais maintenant elle comprenait.

Une ombre passa dans son regard. Pas pour longtemps. Le jeune homme venait de coller son front au sien et alors elle ne vit plus que ses yeux. Ses yeux calmes et apaisés. Comment pouvait-il en être autrement ? Il avait toujours été ainsi. Elle ressentit un picotement dans la poitrine. Elle porta la main à sa joue.

Puis il devint livide d'un seul coup, et la blondinette rompit le contact, alertée. Que venait-il de se passer ? Une rechute ? Les plaies s'étaient-elles rouvertes ? De l'aide ? Paniquée, elle allait se précipiter à l'extérieur de la chambre pour demander de l'aide, lorsque son cerveau se mit à connecter les informations. Couronnement. Il avait dit couronnement.

"- Oh," fit-elle simplement en se rasseyant lentement sur le lit.

Elle avait la mine dubitative. Cette fâcheuse course au trône lui était sortie de la tête depuis bien longtemps. A vrai dire, elle n'y pensait plus du tout. Cela ne lui faisait ni chaud ni froid. C'était simplement terminé. Et elle le constatait, comme si elle était parfaitement étrangère à la situation.

Elle en fut la première surprise. Comment en était-elle arrivée là ? Pourquoi sa couronne tant rêvée ne la faisait plus vibrer de l'intérieur ? La blondinette éclata soudain d'un rire sonore. Elle devenait folle à lier.

"- Si tu savais comme je me fiche de ce foutu couronnement", fit-elle avec un revers de la main.

Puis elle déposa un baiser bref sur les lèvres du jeune homme. C'était la chose la plus spontanée qu'elle ait jamais fait. Et elle ne regrettait pas.

"- Je n'ai plus besoin d'être la reine de ces abrutis", fit-elle pour toute explication en haussant des épaules.

Son téléphone se mit à vibrer soudain. Sans qu'elle s'en rende compte, il avait été mis de côté sur la couette un peu plus loin. Elle tendit le bras pour l'attraper. C'était Maggy. Voulait-elle s'assurer que tout allait bien ? Elle décrocha en articulant des excuses silencieuses au grand brun.

"- Jen, fit la voix blanche de son amie au bout du fil. Ils ont arrêté Jake.

- Quoi... ?

Comment était-ce possible ? L'avocat de son père avait-il déjà bouclé l'affaire seul de son côté ? Impossible. Pas en vingt minutes. Alors comment...?

- Ils disent que c'est lui qui a poignardé le boursier.

- Mais évidemment que c'est lui Mag ! s'emporta alors la blondinette. C'est pas ça qui me surprend enfin, comment est-ce qu'ils l'ont su ?

- C'est David. Il était là lui aussi et il a tout avoué juste après qu'on ait évacué le corps.

Le corps. Quelle drama queen. Il n'était pas mort. Mais elle ne fit aucun commentaire, bien trop soulagée d'apprendre la nouvelle.

- Tant mieux, qu'il crève en enfer.

- Mais Jen tu crois vraiment que..."

La jeune fille raccrocha. Elle avait entendu ce qu'elle voulait. Elle tourna un regard triomphant vers le grand brun, toujours alité à ses côtés.

"- Tu vois je t'avais bien dit. Le mufle s'est fait balancé par ses propres troupes. Elle soupira. Mon seul regret est de ne pas avoir vu sa tête quand il a compris que sa vie était foutue en l'air."

Tout est question d’argent. D’argent et de position. Et de réputation. Et de tout ce qui entoure le monde des riches pour ne rien laisser aux pauvres. Alejandro se souviens souvent de cette devinette stupide qui remettait le monde en place. « Qu’est-ce dont les riches n’ont pas besoin et que les pauvres possèdent pourtant ». Rien. Les riches n’ont besoin de rien et les pauvres ne possèdent rien. C’était une affreuse devinette pour ceux qui, en effet, n’avait rien. Puis, il se rappela le couronnement et s’en voulu de l’avoir laissé tomber… il ne voulait pas … la laisser tomber, pas du tout.

Il allait s’excuser à nouveau mais son téléphone sonna et elle avait un peu court-circuité son esprit avec le bref, mais doux, baiser qu’elle venait de lui donner. Il la regardait avec plus d’incrédulité qu’autre chose. Il avait bien senti ses baisers quand il était … en train de mourir, mais il pensait que c’était sur le moment … Et elle n’avait pas répondu à sa déclaration d’amour. Même en espagnol, « je t’aime » reste une déclaration.

Il sourit aux regards de la jeune femme et ne dit rien sur la suite de l’histoire. Même si un gars avait balancé, et il savait lequel des deux, il ne croyait pas à grand-chose. Il n’allait rien avoir. Il n’irait peut-être même pas en prison. Pas assez de place dans les prisons pour les riches quand des gangs couraient les rues.

- Comme je pense que tu vas être au courant … il faut que je te dise quelque chose …

Il lui prit sa main et l’approcha de ses lèvres dans un geste doux.

- Il dit avoir des photos de toi. Il m’en a montré. Je suis sûr que ce n’était pas toi, la femme sur la photo était bien moins jolie, mais il voulait ruiner ta réputation. Il faut que tu te protèges.

Parce que, pour le reste, il ne pensait pas que ça irait loin. Il ne pensait vraiment pas que l’homme aurait de quoi avoir peur. Il n’était rien. Elle était tout. Il remonta alors les yeux vers elle.

- Les gens risquent de penser que … que je t’utilise. S’il arrive à faire tourner les voix pour un coup monté du vilain boursier à cornes alors tu seras dans le milieu et je n’ai pas envie qu’il te fasse du mal.

Rien que l’idée qu’elle puisse être blessé … il eut un frisson.

Jenny blêmit un instant. Comment ce type... Impossible. Elle ne lui avait jamais donné de quoi la faire chanter ainsi. Mais ce simple bout d'information suffit à réveiller la rage qui s'était momentanément apaisée en elle. Elle darda un regard noir sur Alejandro.

"- Qu'il essaye", siffla t-elle. Tant qu'il s'attaque à moi je saurai me défendre. Et je sais que je n'ai pas de tort là dedans. Il n'a que du vent."

Elle était catégorique. Jake ne lui faisait pas peur. Il ne lui faisait plus peur. Elle n'avait rien à se reprocher à ce sujet. Il ne ferait que s'enfoncer encore plus bas qu'il ne l'était déjà, à essayer de l'entrainer dans sa chute. Il était risible.

Le reste des paroles du grand brun la fit virer au rouge. Oui, il était plus que probable que Jake tente de retourner l'affaire contre Alejandro. Le boursier. C'était si facile de s'en prendre à lui. Mais pas avec elle à ses côtés. Elle était furibonde.

"- Premièrement, fit-elle brutalement, il ne me fera jamais mal. Je sais me défendre, et j'en ai assez de me répéter. Je ne suis pas une petite chose fragile à protéger. Deuxièmement, je te dis que j'assurerai tes arrières alors bon Dieu fais moi confiance ! Si je te dis que je ne le laisserai pas faire, c'est que je ne le laisserai pas faire."

Elle souffla un grand coup pour faire redescendre la pression. Elle avait trop encaissé pour ce soir. Puis elle prit conscience un peu tard de la portée de ses mots. C'était avant tout la fatigue, la colère, et l'inquiétude qui avaient parlé. Elle posa un regard confus sur le jeune homme face à elle.

"- Excuse-moi, fit-elle plus calmement. Ce n'est pas après toi que j'en ai. Mais arrête de t'inquiéter de ça pour le moment, repose-toi, et laisse moi faire, d'accord ?"

Elle lui reprit la main qu'elle avait lâché plus tôt, et la lui serra doucement. Lui aussi, avait bien trop encaissé pour ce soir.

Il observait sa princesse et la rage dans ses yeux. Oh, il n’aimerait pas être contre elle … mais il ne lui ferait jamais assez de mal pour faire naître une telle rage dans ses yeux. Il comptait bien la choyer avec tout l’amour qu’il possède, puisqu’il n’avait pas l’argent pour lui donner le monde. Non. Il allait lui donner tout le reste, son temps, son amour, son absolue dévotion. Il la regardait simplement ainsi d’ailleurs, avec un petit sourire en coin, mais avec ce regard qui voulait dire qu’il était heureux.

- Je te fais confiance, mi reina, mais tu ne peux pas m’en vouloir de m’inquiéter pour toi. Je préfère mille fois me prendre des coups de couteaux que risquer ta vie, et ça même si je sais que tu es plus Xena la guerrière qu’Aurore.

WAHOU, est-ce quelqu’un pouvait l’applaudir sur ses références, s’il vous plait ? Parce qu’avec deux frères, il ne savait même pas comment il pouvait en connaître autant. Avoir un mémoire absolu, ça aider pour ce genre de chose. La main dans la sienne, il la porta à ses lèvres avant de sourire.

- Sinon, j’imagine que depuis le temps, tu me connais, fit-il avec un sourire qui voulait dire qu’il allait parler d’un autre sujet.

Un meilleur sujet. Quelque chose qui faisait augmenter à nouveau sa fréquence cardiaque.

- Tu sais, je te l’ai avoué, plusieurs fois, que j’avais envie de toi, ou envie de t’embrasser, entre autre. Mais je pense que je dois être tout à fait honnête, plus encore … parce que c’est ce que tu mérites et ça même si … Si on n’est pas du même monde.

Il jouait avec les doigts de la jeune femme sans trop oser la regarder. Il avait avoué avoir envie d’elle, physiquement, et lui avait dit « je t’aime » mais… Même s’il avait l’impression qu’elle lui donnait une réponse avec son baiser et sa main dans la sienne, il avait besoin d’être sûr… Vraiment certain. Sans le moindre doute… que le sentiment était partagé.

- Je t’aime…. Vraiment. Ce n’est pas simplement que j’ai envie de toi pour … coucher, et il eu du mal à ne pas s’étrangler en rougissant clairement, mais j’ai envie de toi dans ma vie de tous les jours. Alors dis-moi ce que je dois faire pour …

Même s’il devait se cacher pour que personne ne le sache, qu’il devait se faire passer pour le jardinier, s’il devait quitter son gang, s’il devait être major de promo, il ferait n’importe quoi pour avoir la chance d’être dans sa vie … Il ne finit par sa phrase et posa les yeux sur elle. Il l’aimait … Il l’aimait comme personne n’avait pu l’aimer avant lui. Comment quelqu’un aurait pu l’aimer à ce point et ne pas l’avoir contre lui à en ce moment ? Non. Personne ne pouvait l’aimer comme lui l’aime. Il en était sûr de ça, au moins.

Il lui sortit des références incompréhensibles, et Jenny finit par se dérider légèrement. Il avait cet effet là sur elle. Et ce n'était pas désagréable, devait-elle reconnaitre.

Puis comme à son habitude, il parla sans détour et la blondinette manqua d'air soudainement. Au moins, n'avait-elle pas un moniteur branché à son coeur qui retranscrivait en direct son rythme cardiaque. Alejandro n'avait pas cette chance et cela eut le mérite de la rassurer quelque peu. Elle n'était pas la seule à être entrain de perdre pied. Elle sentit une chaleur lui remonter jusqu'aux oreilles et ses joues prendre feu à la déclaration pour le moins torride du jeune homme. Elle le dévisagea, interdite. Ce n'était pas nouveau. Elle le savait déjà, en quelque sorte. Il ne le lui avait jamais caché. Il le lui avait déjà dit aussi. Mais en ce moment même, ses mots n'avaient pas la même portée. Quelque chose en elle y faisait écho. Elle mourrait d'envie d'y répondre. Mais d'y répondre quoi exactement ?

L'aimait-elle ? Elle n'en savait rien. Elle n'arrivait tout simplement à pas être honnête avec elle-même. Quelque part en elle, quelque chose résistait encore et toujours. Elle ne pensait pas n'avoir jamais connu l'amour avec un grand "A". Pourtant il fallait se l'avouer : quelque chose était différent avec lui. Quelque part, une barrière était tombée. Alors elle se fichait bien de savoir quel mot elle devait associer à son tourbillon d'émotions.

Son regard avait perdu toute trace d'animosité, de colère, et d'incertitude. Il ne restait qu'un masque de sérénité et peut-être pour la première fois de sa vie, était-elle réellement sincère. Son visage s'illumina d'un sourire apaisé. Enfin. Elle baissa le regard sur le grand brun, comme si elle le voyait pour la première fois. Son sourire se fit parfaitement radieux.

Le ton qu'elle employa était définitif.

"- Tu n'as rien à faire du tout, on les emmerde."


Trois mois plus tard.

Sur sa table de nuit, son téléphone vibra une fois, la tirant de son sommeil. Jenny entrouvrit un oeil. Quelle heure était-il ? Trop tôt. Elle voulut se rendormir lorsqu'une deuxième vibration se fit entendre. Elle grogna de mécontentement. Un troisième. Agacée, la jeune fille attrapa le téléphone d'un coup sec et força ses yeux à se concentrer sur l'écran qui s'allumait en continu. Qui pouvait bien avoir tant de choses à lui dire à une heure pareille ? A peine sept heures du matin, un samedi ?

Cass. Que diable faisait-elle levée à une heure pareille ? Jenny ouvrit le fil de discussion. Puis elle écarquilla des yeux. Le procès de Jake. Elle en avait eu les retours en avant-première, puisque que c'était finalement son avocat familial qui avait pris de relai, celui de Jenny étant moins expert dans les affaires criminelles. La blondinette descendit frénétiquement le long des messages interminables qu'elle avait reçu.

Il était déjà majeur au moment des faits, donc pas de clémence. Son coeur s'accéléra. Le jugement avait été sans appel : cinq ans derrière les barreaux pour tentative d'agression aggravée. Jenny ne put s'empêcher de tiquer. Agression était un bel euphémisme pour meurtre. Mais elle rayonnait de bonheur. Justice avait été faite.

"- Alex, murmura t-elle en se retournant dans le lit. Tu crois aux fins heureuses ?"