[Another World] What if... Mia never die ? (avec Rein)
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Crédits : Moi
Univers fétiche : Fantastique
Préférence de jeu : Les deux
Clionestra
Dim 4 Aoû - 18:50
Douglas Berrygreen
J'ai 18 ans et je vis à Londres, Grande-Bretagne. Dans la vie, je suis étudiant en médecine et je m'en sors bien. Sinon, grâce à ma chance, je suis tombé sur un ange et j'attend qu'elle me fasse tomber amoureux d'elle.
→ Dernier fils du duc de Berrygreen. → Il est jovial, charismatique, marrant et enthousiasme. Ainsi qu’un peu enfantin. → Il a peur de son père et ne supporte pas la violence qui le renvoie à l’époque où il a vue son frère se faire frapper. → Il a une peur du sang → Pourtant, il aimerait être médecin, spécialisé dans l’accouchement et les saignements des femmes. → Sa nourrice est comme sa mère. Il considère les filles de cette femme comme ses soeurs (Daisy 11 ans, et Lily 5 ans) → Il aime tous les sports non violent. Comme la natation et l'escalade.
On disait toujours qu’il était le moins bon des frères. Celui qui pourrait être oublié. Son père le disait. Il n’était qu’un meuble, un moins que rien, un être qui n’aurait pas du voir le jour. S’il avait un jour été un enfant joyeux, ce n’était qu’en présence de ses frères.
Frères qui l’avaient élevé pour être une bonne personne. Et là… Il n’avait pas été une bonne personne. Il avait laissé la luxure prendre possession de lui pour prendre de la jeune femme sans rien lui donner. Et le fait que ça soit elle qui l’avait obligé ? Il n’y pensait plus. Mary était innocente et ne savait pas ce qu’était le sexe avant qu’il ne lui montre. Il avait cru quand lui présentant le désir charnel, elle arriverait à atteindre son cœur qui n’avait pas d’amour… mais non. Il avait fait l’inverse. Il avait rendu la jeune femme ardente, et elle était toujours amoureuse, et lui était devenu qu’un pervers. Il posa sa main sur son visage.
Brodie avait sous estimé l’importance qu’il avait à donner sans prendre. Il posa un regard désolé vers Mary. Il l’écoute et se rhabille sans plus lui parler. Il ouvrit la bouche, la ferma, la rouvrit pour parler mais secoua la tête alors qu’il passa la dernière couche pour sortir par la fenêtre. Si Mary lui parla, il ne l’entendit pas. Il secoua la tête plusieurs fois pour chasser l’image qu’il avait de lui-même. Un homme qui avait perverti une innocente au lieu de laisser l’innocence le convertir à l’amour. Il n’était rien. Rien du tout. Il n’était qu’une merde. Il se tourna pour voir la jeune femme toujours dans son drap, les yeux inquiets peut-être… ou était-ce simplement ce qu’il voulait voir ? Peut-être avait-il cru réellement lui demander de le faire tomber amoureuse d’elle mais avait-il simplement joué avec elle ? Est-ce qu’il était monstrueux à ce point.
Comme son père.
Il eut un hoquet de respiration, comme s’il avait oublié de respirer un instant et qu’il avait besoin d’ouvrir la bouche pour y faire entrer l’air. Il avait les yeux humides de cette révélation. Il n’était pas une bonne personne. Et il venait de prendre quelque chose à la jeune femme, au lieu de lui donner. Il venait de… Il se dégoûtait. Ainsi était-il ainsi ? Avait-il augmenté les désirs d’une servante amoureuse pour une raison de perversion ? Il était ainsi ? Il plissa les lèvres, l’inférieur trembla un peu.
- Je… Je suis vraiment désolée, Mary. Tu mérites mieux.
Une unique larme coula le long de sa joue avant qu’il ne saute de la fenêtre pour atteindre les doigts d’une maison à côté qui lui servait de support. Il partit avec le cœur en miette. Il était affreux.
Dans la journée, alors que le monde avait repris son cours, Logan Lockwood apparu dans le salon de la demeure de Elizabeth Portman. Quand il était allé voir dans la demeure de Benedict Berrygreen, on lui avait annoncé que Douglas n’était pas là, mais pouvait hypothétiquement se trouver ici. Il demande au majordome qui sembla tout de suite en colère contre cette question. Logan ne pensa pas à demander à Mary et repartit. Il alla toquer chez Wanda, mais ne la trouva pas plus. Il passa vers les demeures de leur ami en commun. Tous demandèrent ce qu’il y avait, mais Logan n’avait pas le temps de parler. Il était urgent pour lui de trouver Douglas, tout de suite.
Il finit par le localiser… Et Logan se demanda un instant s’il n’avait pas fumé ou pris une quelconque drogue à son insu. Douglas était dans une auberge malfamé et venait de mettre violement à terre un homme qui avait le nez cassé. Il donna un coup dans la gorge d’un autre, écrasant son larynx avec une gerbe de sang.
- DOUGLAS ! hurla Logan qui arriva pile à temps pour voir l’arme d’un troisième larron.
Mais Douglas le vit aussi et attrapa la main assaillante pour lui tordre, faisant ressortir l’os dans un craquement qui ne devrait pas être possible. Logan arriva et fit partir les assaillants avec qu’un homme n’arrive. Propre et bien sur lui, l’inconnu lui expliqua que Douglas avait parié une forte somme qu’il pouvait tous les battre. Ce qui fut le cas. Depuis le début de la matinée, Douglas avait combattu ainsi douze hommes qui avaient fini dans des états plus ou moins lamentable. Logan attrapa son ami et prit une chambre dans l’auberge pour le faire s’asseoir sur le lit et le calmer. Douglas ne parlait pas. Douglas… Douglas qui n’avait jamais aucune violence en lui. Douglas qui ne supportait pas le sang hors du corps. Douglas qui n’était pas le genre à frapper pour rien. Ce Douglas là venait de frapper presque à mort plusieurs hommes. Logan l’observa, immobile comme si une partie de son esprit s’était envolé. Qu’est-ce qu’il avait bien pu se passer ? Douglas remonta ses yeux de cette question silencieux.
- Je suis comme mon père, souffla-t-il. - Quoi ? Mais pas… - Je pensais ne pas l’être ! Ce matin, je me suis dis que si je n’arrivais pas à faire souffrir des inconnus, alors je ne serais pas comme lui… mais c’est si simple Logan ! Je sais exactement où frapper, comment frapper, et avec quelle force. Je suis comme mon père, je suis un monstre qui peut faire souffrir les autres sans rien ressentir à son tour !
Il ne pourrait jamais être amoureux de Mary… parce qu’il n’avait pas de cœur. C’était là le problème en réalité. Il avait manqué de cœur. Ses frères et sa sœur lui avaient donné un semblable de vie… mais il n’était rien. Il n’était qu’un petit Berrygreen… Et il était celui qui psychologiquement, ressemblait le plus à son père. Et des larmes coulèrent encore.
- Douglas, ton père ne pleurerait pas de savoir qu’il est… comme lui-même.
Logan le prit dans ses bras, et Douglas s’y plongea en larmes. Il ne savait pas ce qui avait pu lui faire croire ça, mais c’était si profond que Logan s’en voulait un instant de ne pas l’avoir cherché pour le voir… au lieu de pour autre chose. Il remonta le visage de Douglas, tuméfié par des coups qu’il avait reçu, strié de larmes de douleur et de cernes de fatigues.
- J’ai besoin de toi. Tu pourrais m’aider ? - Je suis là pour toi, répondit-il du tac au tac.
Logan ne précisa pas que Howard Berrygreen n’était là pour personne. Il soigna les blessures de Douglas, il avait un phalange pété ainsi que plusieurs coupures d’armes blanches. Il lui expliqua :
- Tu te souviens de l’épidémie dont je t’ai parlé, il eut le droit à un hochement de tête, elle a augmenté, elle est devenu incontrôlable et, comme elle est mortelle et dans une région reculé, la société des médecins de Londres ne veulent pas y envoyer trop d’aide… Je nous ai proposé. - On part quand ? - Quand tu peux. - Alors tout de suite, je n’ai pas envie que mes frères me voient comme ça.
Logan pouvait comprendre. Il fit un signe de tête et lui dit de rester là. Il rejoint la maison des Berrygreen pour y faire faire une valise pour le jeune.
- Logan, l’arrêta Benedict alors qu’il allait partir, tu peux me dire ce qu’il se passe. - Ton frère et moi on est appelé à l’aide de l’autre côté de l’Angleterre. - Comment ça ? - On doit partir rapidement, on reviendra aussi vite que possible.
Il allait partir à nouveau avant que Benedict ne l’arrête en posant cette fois la main sur son épaule pour le retenir.
- Est-ce que ça ira ? - Je ne peux pas te le certifier. Cela reste une épidémie… mais on peut faire quelque chose. On doit sauver les personnes que l’on peut aider.
Benedict savait qu’il ne pourrait pas avoir mieux.
- Est-ce qu’il va bien ? J’ai appris que tu avais retourné tout Londres pendant presque sept heures avant de ne plus avoir de nouvelle de tes recherches. - Il va comme il peut. - Logan… - Il va…, il soupira, je ne sais pas ce qui s’est passé, mais il ne va pas bien du tout. J’espère que je pourrais l’amener avec moi et le faire souffler son esprit. - Merci.
Il partit avec les affaires de Douglas et Benedict rejoint sa femme. Il ne contredirait jamais sa femme… mais il se mettait à douter qu’ils avaient bien fait de mettre Mary aussi loin de lui. Peut-être aurait-il dû faire autrement ? Il explique tout à sa femme, sans rien omettre et finit dans le bureau pour faire une lettre à chaque membre de sa famille restant pour les tenir au courant.
Pendant une semaine et demie, soit dix jours, Logan et Douglas n’eurent pas le temps de faire quoi que ce soit. Entre la traversée et l’arrivée dans le village… Ce fut un concours du combattant. Il avait créé un système de poulies pour envoyer des nouvelles entre la zone saine et eux. Dix jours sans dormir, ou si peu. Et sans parler d’autres choses que la maladie qui faisait vomir les hommes sans pouvoir s’arrêter. Depuis leur arrivée, la mise en place de nouvelles mesures avaient calmé la maladie. Elle ne se rependait plus. Il y avait de moins en moins de malade et de mort… mais ils n’arrivaient toujours pas à les soigner. Ils avaient presque tout essayé.
- Douglas, va te reposer. - Je ne suis pas fatigué. - Alors va répondre à nos lettres en retard !
Douglas, qui sentait en réalité fatigué comme jamais, arriva dans la tente qu’il partageait avec Logan. Il partit se laver dans le lac froid et essuya ses mains dans de l’alcool bon marché, mais qui avait le mérite de débouché le nez, la gorge et de laver les mains… et de dissoudre certaines plantes, il ne fallait pas demander. Il rejoint le petit bureau pour y trouver deux lettres datant de cinq jours après leur arriver. La première était pour Logan, de la part de son cousin, Tomas, et de la femme de ce dernier certainement. La seconde était de la part de Benedict.
« Cher petit frère,
Tu nous manques. Depuis ton départ, rien n’est pareil ici. Même si je me doute que le travail là-bas est important, j’ai hâte que tu rentres auprès de moi pour te soutenir mais surtout te surveiller comme le grand-frère poule que je suis. J’ai dis à tout le monde de me faire passer leur doléance pour que je te les écrive en une fois, évitant les innombrables lettres. Ainsi les voilà :
- Elizabeth se porte bien. Elle me demande de tes nouvelles, bien qu’elle sache que je n’en ai pas. Elle s’inquiète pour toi, me rappelant inexorablement et à chaque instant pourquoi je l’aime de tout mon cœur. Elle est une Berrygreen. - Ethan ne dit rien mais achète tous les journées qui portent des informations sur l’avancée de la maladie. On a réalisé alors que les gens intelligents de Londres n’en savent pas plus que nous, ce qui nous inquiète. - Mia, Daisy et Lily me demandent aussi de te ramener parce qu’elles n’ont pas eu de câlin depuis longtemps. Oui, même Daisy. Mais je me demande si c’est pas plutôt à cause de ton départ sans le moindre au revoir. - Rose sait que tu es parti, mais elle a refusé de répondre à ma lettre. Elle a préféré répondre qu’à Ethan pour lui dire qu’elle priait pour toi. - Wanda est marié, elle a dit qu'elle devait t'en parler de toute urgence même si elle était escorté par trois hommes. - Mary vient voir Elizabeth tous les jours. Elle n’ose rien demandé, mais je sais qu’Elizabeth lui dit tout ce que je lui dis. Je ne sais pas pourquoi, elle semble désireuse de te parler d’une chose en particulier. - Brodie est là aussi. Me demande pas pourquoi. Il squate la maison et disparaît toujours avec l’ami de Mary. Oh. Je crois que j’ai compris. En faite, j’ai compris. Mais il semble aussi qu’il ai envie de te demander pardon. - Et un homme est venu dans la semaine pour te rendre ton gain. Une femme est ensuite arrivé pour rencontre le cousin de Brodie avec un bébé… Je lui ai donné ce gain et je l’ai invité, elle et son bébé, à rester à la maison le temps de l’arriver. Elle m’a expliqué qui tu étais pour elle. Son ange. Son sauveur. Ce que tu es mon frère. Tu es un protecteur et un soigneur. N’oublie jamais ça. Ton cœur est bien plus pur que ce que tu sembles ne le penser.
Ton frère qui t’aime.
Ps – Mary est revenue pour tenir compagnie à Elizabeth. Je m’éclipse souvent pour ne pas être dans les pattes des femmes, alors si tu veux lui envoyer une lettre, glissa dans la mienne. Je ne la lirais pas. »
Douglas pleurait devant cette feuille. Benedict était son frère. Et il l’aimait. Il n’était pas son père. Malgré les pensées qui vibraient en lui, il savait que Benedict n’aimerait pas une personne comme son père. Ni qu’Ethan ne s’inquièterait pour lui. Il était aimé par ses frères et ça lui réchauffer l’âme. Il répondit en remerciant tout le monde pour l’inquiétude mais qu’il n’y avait pas à s’en faire. Même si cela avait été difficile, tout est sous contrôle. Il allait cacheter la lettre, sans avoir rien écrit pour Mary, mais il s’arrêta. Il observa la lettre, puis l’extérieur dont même l’air semblait lourd. Il reprit une page blanche et commença. Après plusieurs essaies, il cru trouver des choses à dire. Il avait le cœur battant la chamade.
« Ma petite fée,
Je suis terriblement navrée d’avoir dû te quitter sans la moindre annonce préalable. Logan est venu me chercher pour une situation désespérée et je sais que ton grand cœur m’aurait poussé à le suivre. Nous sommes dans une ville de l’autre côté de Londres, en plein cœur d’une épidémie qui ne semble pas pouvoir se calmer. Nous avons essayé des nouvelles techniques à notre arrivé, et nous attendons encore d’en voir les bienfaits.
Je ne dors pas beaucoup, moins de trois heures par nuit, et je passe le plus clair de mon temps dans les miasmes, mais je pense à toi. Pas malade. Juste à ce que tu ferais avec moi.
Tu m’as souvent posé des questions sur la médecine, et tu as toujours écouté, même quand je mettais au monde un enfant au lieu de nous amuser dans ce labyrinthe, alors pour m’occuper l’esprit et le dissocier de l’horreur, je pense à mes explications pour toi.
Ce n’est pas comme cette semaine où tu m’as privé de ton sourire. Là, je sais que tu es protégé et en sécurité loin de ce monde de noirceur éthéré. J’aimerais pouvoir sauver tout le monde. J’aimerais sauver chaque malade. Mais pour le moment nous n’avons que réussi à diminuer la propagation et à soulager les douleurs, pas à sauver. On ne désespère pas.
Nous réussiront à sauver ceux qui le peuvent encore. Et je rentrerais.
La dernière fois que nous nous sommes vues, j’ai été un monstre, égoïste et pervers, pas une bonne personne. Je n’ai pas pu te regarder dans les yeux en partant à cause de ça. Cependant, je n’ai pas envie de perdre notre relation. Accepterais-tu que nous sortions ensemble ? Je suis encore désolée de ce que j’ai fais. Je me ferais pardonner.
Douglas. »
Il relit. Il savait qu’il ne devrait pas dire tout ça… mais il avait besoin de dormir. Il finit de fermer la lettre et l’envoya. Puis, il alla dormir un peu. Demain, il avait d’autres actions à faire.
Trois jours plus tard, Benedict reçu la réponse de Douglas. Cela faisait treize jours que Douglas était parti. Il ouvrit sa lettre et remarqua tout de suite la lettre pour Mary à l’intérieur. Il se leva pour rejoindre sa femme et Mary dans le salon principal. Il embrassa sa femme et tendit la lettre à Mary avec un sourire.
J'ai 22 ans ans et je vis à Londres, Angleterre. Dans la vie, je suis une domestique et je m'en sors bien. Sinon, grâce à ma chance, je suis célibataire et j'ai bon espoir de vivre une idylle avec mon prince. - Elle est au service de la famille Portman depuis sa plus tendre enfance - Elle a grandi avec sa maitresse, Elizabeth, et elles ont toujours été très proches - Elle aime coudre et tricoter pour se détendre - Elle n'a aucune expérience en amour - Elle ne sait pas bien lire, ni écrire - Elle est amoureuse de Douglas Berrygreen, et donnerait tout pour qu'il la regarde
La déception qu'elle avait lue dans son regard l'avait ramené à la réalité. Si elle avait eu l'impression d'atteindre les étoiles, sa chute avait été d'autant plus rude. Elle s'était écrasée contre le sol, qui s'était fendu en deux avant de la plonger dans les tréfonds de l'enfer. La tristesse dans ses yeux lui avait glacé le sang. Alors, elle l'avait fixé sans oser dire un mot, les iris dilatés par l'horreur en réalisant avoir dépassé des limites qu'il avait pourtant très clairement fixées.
Douglas avait soupiré. Le genre de soupir qu'une personne pousserait après avoir été profondément blessée par une autre — ou déçue. Puis, il s'était redressé sans un mot ou un regard envers la jolie rousse. Son silence était surprenant, éloquent, déconcertant et effrayant. Alors, Mary avait esquissé un pas vers lui, mais la tristesse qu'elle déchiffra dans son regard quand il posa enfin les yeux sur elle l'immobilisa. Les lèvres du jeune homme se fermèrent et s'ouvrirent plusieurs fois, trahissant un conflit interne féroce. Il chercha ses mots, ne les trouva pas et abandonna. Il avait préféré abandonner, plutôt que de lui parler. Tout comme il avait préféré s'enfuir, la dernière fois, plutôt que de lui tenir compagnie. "Douglas, je-" Il hoqueta, les yeux voilaient de larmes. Il n'avait eu de cesse de secouer la tête, de cet unique geste qui trahissait son désaccord sur ce qu'il s'était passé. Mary crut mourir de le voir aussi désemparé. Sa détresse lui coupa le souffle. Elle se retrouva incapable d'articuler le moindre mot, une boule se formant dans sa gorge et menaçant de remonter si elle parlait.
Je... Je suis vraiment désolé, Mary. Tu mérites mieux.
La petite fée papillonna des cils, l'air stupéfait. Elle esquissa un nouveau pas vers son beau prince en voyant une larme roulait sur sa joue, mais il sauta par la fenêtre avant qu'elle ait la chance de parler ou de l'atteindre. Alors, il prit la fuite pour être loin d'elle, loin de ce qu'elle lui avait fait, loin de ce qu'ils représentaient tous les deux. Il fuyait loin d'eux-mêmes. Mary étouffa un sanglot avec sa main. L'odeur de lavande de Douglas, toujours présente dans l'air et sur sa peau, lui rappela douloureusement ce qu'elle avait osé lui faire. La jeune femme se raidit, une main posée contre le mur en guise d'appui. Elle inspira de longues minutes pour s'empêcher de vomir.
Elle était une femme immonde. Un monstre qui méritait de croupir en prison. Non, elle méritait la potence. Elle méritait qu'on l'amène sur une estrade pour lui passer la corde autour cou. Devait-elle se dénoncer ? Il lui fallait démissionner, car elle ne pourrait plus jamais lui faire face. Elle était indigne de lui. Indigne d'Elizabeth, aussi, qui avait souffert entre les mains du marquis. Comme cet ignoble personnage, la domestique avait profité de la faiblesse d'un moment pour assouvir ses propres désirs en faisant fi de ceux du jeune homme. Douglas ne l'avait pas repoussé, alors, la rousse avait pris son consentement pour acquis. Elle s'était affreusement trompée. Elle ne valait pas mieux que ces raclures des bas-fonds de Londres qui violaient les femmes et les enfants.
Cette pensée lui fit l'effet d'un électrochoc.
Elle venait d'abuser de Douglas Berrygreen.
Et ça, ce n'était pas de l'amour, mais un péché.
-
Charles s'était attendu à beaucoup de choses aujourd'hui. Il savait qu'il lui faudrait nettoyer les écuries et panser les chevaux de la maison Berrygreen. De plus, Kyle Stanford lui avait demandé d'abattre une de ses montures en fin de vie. Le double duc, d'une bonté d'âme surprenante pour une personne de son statut, ne supportait plus de voir sa pauvre bête agoniser. Ainsi, il avait demandé à Charles de l'aider à mettre dignement fin à ses souffrances. Entre deux corvées, Charles espérait retrouver Brodie pour évacuer le stress que cette journée allait lui causer.
La première partie de journée s'était déroulée exactement comme il l'avait imaginé : nettoyage des écuries, pansage des chevaux... Puis, Brodie avait réussi à l'attraper pour le distraire à l'aide de baisers et de caresses passionnés. Oui, le jeune homme s'était attendu à beaucoup de choses, excepté à l'arrivée de Mary Bennett tandis qu'il conversait avec Elizabeth et Benedict Berrygreen au sujet d'un cheval dont les démangeaisons ne faisaient qu'empirer.
Mary, les traits tirés et les yeux rougis de larmes, tremblait si fort que Benedict s'imagina le pire des scénarios. Un instant, qui ne dura qu'une seconde à peine, il vit les griffes de son père se refermer sur l'amie de sa femme. Il put presque voir le corps et l'esprit brisé de Mary, son dos en lambeaux, dégoulinant de sang. Puis, ses yeux bleus, d'ordinaire si vifs, qui s'éteindraient dans les bras de Douglas sans que personne puisse faire autre chose que pleurer. Alors, il se leva d'un bond, faisant fi de la douleur qui faisait battre le sang à tout rompre dans sa maudite jambe. Titubant, avec l'aide de Charles, il réussit à emprisonner la femme dans ses bras, le visage blême et l'air totalement paniqué. Elizabeth accourut quasiment en même temps que son mari, la peur au ventre. D'un geste tendre, elle caressa le dos de son mari pour le rassurer.
Mary fut incapable de prononcer le moindre mot pendant de longues minutes. Elle hoqueta contre Benedict, agrippant sa chemise en reniflant, les épaules secouées de sanglots. "Mary..." osa finalement Elizabeth avant que cette dernière ne secoue la tête. "Que t'arrive-t-il ? Es-tu blessée ?" Benedict, habitué à prendre les choses en main et à gérer les situations de crises, fit asseoir la jeune femme sur le divan en attendant patiemment qu'elle se calme. Elizabeth prépara du thé, caressant les cheveux de son amie par moment, et elle servit tout le monde avec une grâce qui n'appartenait qu'à elle. Benedict sourit en observant sa femme. N'importe qui aurait pu voir les regards débordants d'amour que les deux jeunes mariés s'échangeaient.
"Douglas-" souffla-t-elle en secouant la tête frénétiquement. "Je lui ai fait du mal-" lâcha-t-elle en tremblant. Benedict prit la main de Mary dans la sienne avant de la serrer d'une douce pression pour l'apaiser. Elle leva un regard infiniment triste vers lui. Elle semblait au comble du désespoir. Alors, Benedict parla. Il posa des questions, à la recherche d'informations et d'indices pouvant l'aider à mieux comprendre la situation. L'idée que Mary ait pu blesser son frère lui paraissait tout à fait absurde, mais il devait s'assurer du bien-être de Douglas avant tout. Mary hoqueta, peinant à trouver les bons mots pour expliquer leur proximité. Elle n'omit aucun détail. Elle raconta sa déclaration amoureuse à son beau prince. Elle parla de Wanda, de leur liaison dans le salon. Elle parla des baisers qu'elle avait échangés avec lui dans le bureau avant l'arrivée d'Ethan. Elle mentionna les leçons de danse, le festival aux lanternes, l'accouchement clandestin, l'adoption, leurs conversations, les rires échangés et le cruel manque d'intérêt amoureux de Douglas envers elle malgré tout. Benedict, touché que l'amie de sa femme lui fasse suffisamment confiance pour se confier à lui, analysait la situation avec pragmatisme. Mary, incapable de s'arrêter, continua son récit jusqu'au moment de sa dernière rencontre avec Douglas — quelques heures plus tôt. Elle parla de Brodie, de la pommade, du massage et de tout ce qu'il s'était passé après.
Benedict, silencieux, semblait perdu dans le flot de ses propres pensées. Alors, quand Mary s'agenouilla devant lui pour lui demander pardon en lui présentant sa lettre de démission, il écarquilla les yeux en secouant la tête, l'air peiné. Sa femme, Elizabeth, décida d'intervenir quand elle comprit qu'il comptait se mettre à genoux à son tour. L'air renfrogné, elle lui administra une gentille claque à l'arrière de la tête. "Si tu ne veux pas que je me fâche, n'y pense même pas." gronda-t-elle avant de s'adoucir en posant les yeux sur son amie. "Mary, je t'en conjure, redresse-toi." Elizabeth ne lui laissa pas le choix, forçant sa douce servante à se rasseoir à leur niveau. "Je pense que tu as mal interprété la réaction de Douglas après votre... moment intime." marmonna-t-elle, les joues rouges. Elle avait envie de tordre le cou à Douglas pour avoir fait des cochonneries dans son propre lit. Benedict hocha la tête pour confirmer les dires de sa femme. "Certes, nous ne pouvons pas parler en son nom et affirmer qu'il est amoureux de toi... Mais je puis t'assurer que tu n'as pas abusé de lui. Tout au plus, vous avez simplement... perdu le contrôle." Benedict insista auprès de Mary pour lui rappeler que Douglas était un gentleman. Il l'avait éduqué ainsi. Il lui rappela que, dans l'esprit d'un gentleman, il était impensable qu'un homme puisse prendre à une femme sans lui retourner la faveur. Si Douglas n'avait rien dit pendant l'acte et avait pleuré après, c'était sûrement par culpabilité. Benedict s'abstint de rajouter que la culpabilité de son frère devait être d'autant plus forte si ce dernier n'éprouvait aucun sentiment amoureux à l'égard de Mary.
La jolie rousse pleura à chaudes larmes, toujours aussi confuse par le comportement de Douglas malgré les explications de Benedict. Elle n'arrivait pas à oublier la douleur sur son visage. Elle n'arrivait pas à oublier la tristesse dans son regard. Il n'avait pas parlé, jusqu'à son départ. Je... Je suis vraiment désolé, Mary. Tu mérites mieux. Foutaises, la petite fée ne désirait que lui depuis toujours. Elle essaya d'essuyer ses larmes, en vain. Alors, Elizabeth enlaça son amie avant de l'attirer contre elle pour lui caresser les cheveux avec tendresse.
Benedict et Charles choisirent de les laisser seules et de se retirer. Ce dernier, d'ailleurs, aida son maître à quitter la pièce sans qu'il ne s'appuie trop sur sa jambe meurtrie. Il lui en fut reconnaissant. Lorsqu'il prit finalement congé, Charles fulminait, bien décidé à botter le cul de son amant.
Bordel de merde, Brodie allait passer un sale quart d'heure.
-
Les jours passèrent lentement. Très lentement. Trop lentement. Mary, qui n'arrivait plus à rester sagement à ne rien faire dans la demeure de sa maîtresse dès lors qu'elle avait appris le départ de Douglas pour l'autre bout du pays, s'était réinstallée au manoir des Berrygreen. Son cœur s'était serré à l'idée qu'il ne lui ait même pas dit au revoir, et cela avait suffi à renforcer le sentiment de mal-être qu'elle ressentait depuis leur séparation abrupte. Elle avait souhaité lui faire plaisir, mais elle l'avait blessé en reniant tout ce qu'il était. Benedict lui avait parlé plusieurs fois en prenant le temps de lui expliquer l'éducation qu'il s'était appliqué à offrir à ses frères. Elizabeth ne s'était pas immiscée entre eux, car elle estimait que Douglas avait droit à un minimum de respect concernant sa vie privée. Désormais, Mary connaissait les principes et les fondements qui régissaient son beau prince. Dieu, qu'elle avait été égoïste. Terriblement égoïste. Son cœur était lourd de culpabilité.
Elle s'en voulait horriblement.
Presque deux semaines après le départ de Douglas, Mary et Elizabeth cillèrent à l'unisson tandis que Benedict, qui avait failli se perdre dans les baisers tendres de sa femme, tendit une enveloppe à la petite fée avec un sourire doux et confiant.
Les doigts de la jeune femme, tremblants, effleurèrent le papier sur lequel l'écriture de Douglas figurait. Soudain, plus rien d'autre ne sembla compter pour Mary que cette simple lettre. Elizabeth, dans sa grande clairvoyance, entraîna son mari en dehors du petit salon pour le forcer à s'éclipser avec elle, car son amie avait besoin d'un peu d'intimité et de calme pour lire les mots de son aimé.
Les mains moites, Mary ouvrit la lettre en silence. Elle eut besoin d'un temps considérable, plus important que la moyenne, pour déchiffrer les mots de Douglas. Elle avait fait des progrès en lecture ainsi qu'en écriture, grâce à lui, mais aussi à Elizabeth, pour autant elle était encore loin d'avoir l'aisance de son entourage.
La jeune femme sourit en constatant que son beau prince l'appelait toujours par le surnom affectueux qu'il aimait lui avoir donné. Un sentiment de fierté naquît en elle au fur et à mesure qu'elle lisait. Oui, l'homme qu'elle aimait avait grand cœur. Il avait tout laissé pour suivre son mentor et l'assister dans cette horrible épidémie. Je pense à toi. Mary rougit, les yeux embués de larmes. Il ne l'oubliait pas. Malgré la maladie, malgré la mort qui rôdait autour d'eux... Il pensait à elle. Son cœur, qui avait presque cessé de battre depuis leur séparation, palpita à nouveau.
La jolie rousse secoua la tête en déchiffrant la fin de la lettre. Il fallait qu'elle lui réponde sans tarder. Elle avait tant de choses à lui dire.
Son écriture était mal assurée, quelque peu brouillon. Les arrondis, par exemple, étaient tremblants. Ils manquaient de précision, comme les enfants.
À mon beau prince,
Voilà bientôt deux semaines que nous sommes séparés et je puis vous assurer que mon cœur saigne d'être si loin de vous.
Votre absence me pèse.
Ne pas avoir le plaisir de vous voir est une torture que je ne souhaite à personne — pas même à Wanda.
Je prie chaque jour pour que vous me reveniez sain et sauf.
De grâce, mangez convenablement et dormez plus, car vous ne serez plus en mesure de sauver quelqu'un si vous tombez malade à votre tour. Alors, vous auriez été loin de moi tout ce temps pour rien.
En votre absence, j'ai commencé à étudier la médecine en assistant une infirmière de l'hôpital St Leonard. Le travail est dur, mais enrichissant. J'apprends beaucoup à ses côtés — grâce à la dissection, notamment.
Le corps humain est fascinant.
J'espère pouvoir l'aider à soigner des patients, un jour. Non, j'espère pouvoir vous aider à soigner des patients, un beau jour.
J'attends votre retour avec impatience, dans l'angoisse de ce qu'il pourrait vous arriver.
Notre dernière nuit ensemble a été catastrophique, mais vous n'avez strictement rien à vous reprocher. Je n'aurais jamais dû suivre les conseils de-
Je n'avais pas conscience de tout ce qu'impliquait être un gentleman. Votre frère Benedict a eu la bonté de m'expliquer les fondements de votre éducation. Je regrette profondément d'avoir bafoué vos principes. Vous n'êtes ni un monstre, ni un pervers et encore moins un égoïste.
Je suis celle qui a été cruelle en s'imposant à vous de la sorte. J'espère que vous saurez me pardonner d'avoir dépassé les limites.
J'espère que vous trouverez la force de me pardonner.
Je n'étais pas moi-même.
N'ayez crainte, cependant, nous ne danserons plus ensemble. Ainsi, je serai certaine de ne plus jamais vous blesser dans votre cœur.
Pour autant, acceptez-vous de rester mon ami ? Je sortirai avec vous avec plaisir, si vous voulez toujours de moi pour amie.
Vous n'avez rien à vous faire pardonner. Moi, oui.
Je me languis désespérément de votre retour.
PS : Si vous tombez malade, je viendrai jusqu'à vous pour veiller sur vous.
Mary
La rédaction de cette lettre lui avait pris une bonne partie de la nuit. Elle baisa le papier, juste à côté de sa signature, inconsciente de la légère marque que son rouge à lèvre orangé laissa derrière lui. Au petit jour, ce n'est qu'après avoir glissé dans l'enveloppe des dessins de Daisy et Lily que Mary fit partir le courrier.
Il lui fallait se rendre à l'hôpital au plus vite, car elle était déjà en retard. Là-bas, la petite fée vidait sans broncher les pots de chambre des malades, le jour, et elle s'exerçait à la chirurgie sur des cadavres, la nuit.
La jolie rousse pria pour que Douglas lui revienne. Elle pria pour qu'il lui pardonne ses bas instincts. Pour finir, elle supplia Dieu de protéger son aimé — non, son ami.
Trois jours plus tard, la missive parvint jusqu'à Douglas, dans un village rongeait par la maladie.
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Clionestra
Mar 6 Aoû - 23:29
Douglas Berrygreen
J'ai 18 ans et je vis à Londres, Grande-Bretagne. Dans la vie, je suis étudiant en médecine et je m'en sors bien. Sinon, grâce à ma chance, je suis tombé sur un ange et j'attend qu'elle me fasse tomber amoureux d'elle.
→ Dernier fils du duc de Berrygreen. → Il est jovial, charismatique, marrant et enthousiasme. Ainsi qu’un peu enfantin. → Il a peur de son père et ne supporte pas la violence qui le renvoie à l’époque où il a vue son frère se faire frapper. → Il a une peur du sang → Pourtant, il aimerait être médecin, spécialisé dans l’accouchement et les saignements des femmes. → Sa nourrice est comme sa mère. Il considère les filles de cette femme comme ses soeurs (Daisy 11 ans, et Lily 5 ans) → Il aime tous les sports non violent. Comme la natation et l'escalade.
Le travail était éreintant. Il en avait vraiment ras le casque. Une femme vomi le contenu de son estomac sur ses chaussures. Ce n’était pas l’odeur et la douce sensation sous son talon qui le dérange… Non. Il en avait ras le casque parce qu’il savait qu’une fois les premiers vomissements de sang commencé, la jeune femme irait de plus en plus mal. La maladie était inconnue. Avec Logan, ils passaient plus de temps à chercher qu’à soigner. Ils faisaient en sorte de trouver des ouvrages et avaient testés des dingueries… Logan avait même accepté de faire une saignée, alors même que ni l’un ni l’autre ne trouvaient cela réellement utile. Que cela soit la saignée, les bains de glaces, les bains chauds, les mettre à l’air chaud ou à l’air froid… rien n’y faisait. Il avait essayé un peu tout. Logan aussi. Deux vérifications avaient été, sauf dans le cas de la saignée qui fut un test de désespoir.
Les malades commençaient par être fortement fatigué, maigrissait à vue d’œil, avait des plaques qui apparaissait sur des zones divers du corps, jamais la même. Puis, il y avait la fièvre qui rendait fou. Puis, il y avait les vomissements qui créer encore plus de difficulté à nourrir les patients. Une obstruction de leur voix orale, un gonflement de leur veine et une folie parfois. Suivi, souvent, rapidement, par une obstruction des voix respiratoires et d’un suffoquement. Les patients finissaient par convulser en cherchant de l’air que leur narine ou leur bouche n’arrivait plus à leur renvoyer. Ils suffoquaient, et ils relâchaient leurs nerfs dans un dernier soupir. Cela prenait entre neuf jours et douze pour les plus forts de constitution. Les enfants mettaient moins de cinq jours parfois. Et le vomissement arrivé le jour avant la mort.
- Logan, va dormir, fit Douglas alors que son ami se sentit perdre pied.
Il était debout depuis plus que quatre-vingt heure et ne tenait qu’avec de minuscule force d’un entêtement tout à fait médicale. Logan finit par fait un signe de tête. Cette nuit-là, Douglas du enterrer et mettre le feu à trois nouveaux corps, dont celui de la jeune femme. Il fit les sacrements bien qu’il ne soit pas habilité à le faire. Il ne croyait pas en Dieu. Si Dieu existait, Il leur donnerait la possibilité de sauver les hommes et les femmes. Au moins les enfants. Comment dire que Dieu était bon et miséricordieux alors qu’il laissait la jeunesse disparaître dans d’atroce souffrance ? Il réveilla Logan cinq heures plus tard. Logan n’allait pas bien non plus. Il sortit du lit en lançant un juron qu’il n’aurait jamais osé dire d’ordinaire. La miniature de la femme de son cousin trônait sur sa petite table de chevet. Douglas, lui, n’avait pas pensé à prendre le visage d’une quelconque aide psychologique. Logan partit pour sa tournée. Il reviendrait pour parler de leurs nouvelles idées, bien qu’ils n’en avait plus depuis un petit moment.
- Tu as une lettre, énonça-t-il avant de partir. - Tu as maigri. - Toi aussi, mon frère. - Ne tombes pas malade. - Toi non plus.
Mais ça, ils ignoraient que ça serait le cas très prochainement. En deux semaines ils n’avaient pas eu l’occasion de savoir la méthode de diffusion du virus. Ils ne trouvaient rien. Ils devenaient fous. Il prit place sur la paillasse et attrapa sa lettre, plus grosse que la première fois. Chaque personne avait eu le droit à son billet. C’était peut-être mieux qu’une miniature, c’était l’écriture et l’âme de chaque personne, coincé dans des feuilles de papier.
« Est-ce que ça peut t’aider ? » demanda Ethan en laissant une feuille qui racontait comment une épidémie aurait eu lieu dans une zone reculée de l’Afrique. Apparemment, la maladie avait été endiguée en laissant les gens boire des oranges. Dans sa fatigue, Douglas repoussa le papier sur un coin pour plus tard. « J’ai peur pour toi » disait Rose dans le sien alors même qu’il venait de la pension pour fille d’où elle devrait être protégé de toute cette histoire. « Doudou ! Tu me manques !!!!!!! » avait écrit la petite Lily avec un dessin de Douglas et elle-même en train de grimper sur le muret derrière la maison. « Doudou, tout le monde est malheureux sans toi, n’oublie pas de revenir avant mes premières périodes… j’ai besoin de toi » suppliait Lily qui avait peur d’avoir ses règles sans Douglas pour la rassurer, même si sa mère était là. « Douglas… reviens-nous » nota simplement Mia d’un petit message doux et clairement trop distant pour Douglas, mais il savait qu’elle n’oserait jamais le traiter comme son fils, même s’il en rêvait. Il sourit et prit les deux plus grosses lettres.
« Mon frère, tu ne liras cette lettre QUE si tu as le temps. J’ai eu une discussion avec Mary, longue, fastidieuse et… intime. Plus que ce que je n’aurais pensé avoir d’une parfaite inconnue en réalité dans l’environnement de mes connaissances. Elle a peur pour toi. Et de ce qu’elle a pu te faire. Je lui ai dis que tu ne lui en voulais pas, mais je doute qu’elle m’écoute. De grâce, choisi tes mots avec attention. » Il suffisait d’un Benedict pour lui rappeler la maison avec plus de force que n’importe qui. Est-ce que son ainé savait que ce message ferait naître un sourire radieux sur le visage de son frère ? Possible. Benedict savait des choses que personne ne savaient. Il devinait plus facilement que n’importe qui. Il avait appris à manipuler pour le bien commun. Et là ? Cela était le cas aussi. Douglas n’en doutait pas. Il arrivait à faire sourire son frère, même des kilomètres les séparant. Il sentait ses lèvres sauter de fatigue d’un tic tout à fait nerveux et qu’il n’arriva pas à empêcher. Il prit la lettre de Mary.
Avant, il se leva pour rejoindre le bar qui contenait quelques alcools de mauvaises factures. Il avait besoin d’un verre. Il remplit le liquide dans un verre et revient à sa place. Et il prit à nouveau les lettres de Mary. Il aimait son écriture, bien que difficile à relire parfois, et en plein évolution, il sentait qu’elle serait de celle qui font des formes sur ses lettres clairs et précis, sans artifice mais qui mène à ce qu’il faut. Parfaite pour les prescriptions et les modes d’emploi que tout le monde pouvait lire. Il ouvrit la lettre. Il ne se souvenait plus réellement de ce qu’il avait écrit dans sa première lettre pour elle, il devait l’avouer. Mais il était légèrement moins fatigué que la première fois. Même si un bain et un peu de sommeil serait salutaire avant l’arrivé de Logan. Mais il avait prit le temps de répondre à chaque billet et commença celui de la jeune femme, sa réponse à côté pour ne rien oublier alors que des sueurs de fatigue tomber sur ses paupières.
« Ma petite fée, Ne te sens pas triste d’être loin de moi. Je n’aimerais pas te savoir ici. La souffrance et la tristesse marquent même le visage des survivants. Logan et moi ne sont pas de bonnes compagnie, barbe longue et cheveux dans la nuque est devenu notre lot de tous les jours. Tu ne me reconnaîtrais pas. Je reviendrai comme tu m’as connu, peut-être légèrement plus maigre vue le labeur que nous mettons à l’ouvrage par ici. Nous mangeons et dormons comme nous le pouvons. Ces hommes et femmes n’ont que nous pour les soutenir, je ne peux pas les laisser. Nous avons des masques, des gants et même des tenus de protection pour ne pas être contaminé par l’air. Quand nous rentrerons, je pourrais devenir ton professeur pour une autre sorte de leçon alors. Cela me ferait plaisir de pouvoir t’apprendre plus sur le corps humain. Sans jeu de mot ou proposition graveleuse. Une de nos contraintes, à Logan et moi, quand nous soignons des femmes, c’est qu’elles ne nous font pas confiance. Notre dernière nuit ensemble est une image qui me réchauffe le cœur malgré moi. Ne te sens pas mal de ce que tu as fais. Tu m’as donné du plaisir. Je ne t’ai pas rendu la pareille. C’est ce qui me blesse. Je n’aime pas prendre sans donner à mon tour. Tu n’es pas fautive de mes pensées et de mes incapacités. Toi, tu as été parfaite. La personne coupable c’est moi. Ce que je suis est ce que je suis. Egoïste je le suis, puisque ton image entre mes cuisses, a été celle qui m’a permis les meilleurs moments de solitude de ses derniers jours. N’en doute pas. Tu m’as donné un cadeau que je ne peux te rendre, mais je suis un être égoïste, je ne peux pas refuser ce cadeau et le dénigrer. De grâce, ne le dénigre pas, toi non plus. Je veux toujours la même chose de toi, Mary. Je n’ai pas changé d’avis. Je t’en supplie toujours. Si je tombe malade, ne vient pas. Cela ne serait que meurtrir ton cœur et risquait la maladie aussi, je le refuse.
Douglas, l’imbécile, très souvent »
Il mit la lettre dans l’enveloppe. Alors qu’il alla prendre son verre pour le boire d’un coup, -vue la pinasse, c’était mieux de pas trop attendre que le goût s’incruste dans la bouche- il remarqua une vibration sur la surface du liquide, mais n’y fit pas plus attention que ça. Il embrassa les lèvres de la jeune femme, imaginant sa bouche contre la sienne. Quel homme stupide il était. Il réfléchit avant de prendre la plume et écrire sur une feuille volante quelques mots « Je t’aime, Mary ». Il regarda les traits avant de secouer la tête. Il finit par mettre la déclaration à côté des papiers de son frère sur l’orange. Il disait vraiment n’importe quoi. Il parti prendre une douche, inconscient que pour la troisième fois depuis leur arrivé ici, un volcan souterrain avait vibré, laissant sortir à travers même l’eau un virus qui s’immisçait bien plus lentement dans la peau que ce qu’il n’y avait cru.
Le soir même, Logan et lui étaient dans un tel état qu’il n’était plus possible de nier l’évidence. La lettre n’avait pas été envoyée encore, il manquait les nouvelles observations des deux médecins sur la journée… et celles-ci ne s’annonçaient pas bonnes. La fatigue était normale pour eux, maigrir aussi, même les plaques s’expliquaient par leur tenue de protection… mais quand la fièvre frappa Douglas, le faisant tomber alors même qu’il essuyait le front d’un patient, Logan savait qu’il ne fallait plus hésiter.
Il se déplaça vers le drapeau rouge qui annonçait une zone en pleine épidémie et le changea pour celui, noir, de la mort qui tuera l’entièreté de la population. Il n’y avait plus qu’une centaine de personnes saines pour le même nombre de personnes agonisantes. La plupart n’était qu’à un petit stade, la fatigue et l’amaigrissement… mais si même Douglas était malade, Logan savait l’être aussi, certainement. Il laissa le drapeau, rajouta la lettre à la couronne et à son cousin.
Trois jours plus tard, ce fut un Tomas Lockwood en panique qui débarqua chez Benedict alors que tout le monde mangeait à table. Il ne laissait pas le temps au Berrygreen de comprendre quoi qu’il attrape Benedict par le col et le traita de tous les noms. Ethan vient l’arrêter, attrapant son corps pour le mettre au sol alors que Tomas Lockwood, bien plus fort que toutes les personnes présentes le repoussa. Tomas parlait de choses sans queue ni tête en disant qu’il fallait en parler, mais qu’il le détestait, qu’il devait trouver quelqu’un coupable ! Le majordome arriva avec les lettres et Tomas les attrapa sans leur demander.
- C’est Douglas ? qu’il hurla en ouvrant les lettres et les survolant pour les laisser tomber.
Tomas Lockwood, grand ours mal léché, plus effrayant, s’effondra.
- Il vous ment ! Douglas vous ment dans ses lettres expliqua-t-il en tremblant et il tendit la lettre de son cousin alors que des larmes coulèrent.
Malgré tout ce qu’il doutait sur son cousin, malgré la colère et le ressentiment… Logan était son frère plus que son cousin. Il pouvait frapper le roi pour lui. Il ne pourrait jamais lui faire de mal. Bien qu’il dise l’inverse. Benedict laissa Ethan ramassé les lettres et les rendre à qui de droit. Lily et Daisy suivirent le majordome avant que Mia, qui observait Benedict, ne craque.
- Pitié, Benedict, dites-nous ce que cette missive raconte.
Benedict tourna la tête, et dans son regard il y avait le même effroi qui touchait Tomas Lockwood, toujours sur le sol. C’est ce dernier qui répondit.
- « Mon cher cousin. Si je t’envoie cette lettre, ce n’est pas de gaieté de cœur. Je donnerais tout pour ne pas le faire et annoncer cette horrible nouvelle. La ville où j’officie est maintenant sous quarantaine Black. C’est une manière de dire qu’ils vont fermer la ville jusqu’à ce que la maladie disparaisse d’elle-même, en nous laissant à l’intérieur. » Il renifla alors qu’il se releva avec l’aide d’Ethan qui avait déjà un œil noir du coup porté. « Douglas est malade. Il commence à avoir de la fièvre. Je sais qu’il est le genre à se battre, mais la maladie a tué bien plus puissant que nous. Nous avons tout essayé, vraiment tout essayé, mais la maladie a eu raison de nous. Nous allons mourir ici. Je sais que Douglas partage mon sentiment d’avoir fait ce qui était juste pour la société, essayant de sauver cette ville. Ne pleure pas trop ma mort. J’aurais aimé avoir l’occasion de te dire ceci plus tôt. Tu es mon cousin, mais mon frère de cœur. Je meurs avec la certitude que ta vie sera protégée de ces maux qui nous entoure. Je dois cependant te demander un service, ne dis rien à la famille de Douglas…. Tu connais les Berrygreen, ils seraient cap de venir, et je doute que Douglas rêve de voir sa famille alors qu’il ne voit plus que la mort qui le course le long d’un dédale de souffrance. Je n’en veux pas plus. Adieu, mon frère ».
C’était assez étrange de voir un homme de cette carrure en train de pleurer à chaude larmes. Benedict tendit la lettre a qui voulait la lire et observa Tomas.
- On va y aller, conclut Benedict. - QUOI ? Voulez-vous tous mourir ? s’insurgea le majordome. - Mon frère se meurt. - Et votre frère ne voudrait pas que toutes les personnes qu’il aime meure pour venir le voir mourir, aida Mia qui était d’accord avec le majordome. - Il faut faire quelque chose ! coupa Benedict. On est là, on est tous là. On les a laissé réfléchir tout seul contre cette épidémie, mais si on s’y met on pourrait les sauver. - Arrêtez ! tonna Mia en s’approchant. Nous ne pouvons tous y aller. Même si cela serait de l’espoir, la ville est fermée. - Pas pour Kyle, fit valoir Ethan.
Trois mots qui firent écho dans la pièce. Benedict réfléchit rapidement. Il n’aimait pas choisir… mais il savait déjà qu’il mettrait Londres à feu pour son frère. Et qu’il sacrifierait autant de personne que besoin.
- Ethan, trouve moi des personnes capables d’aller dans cette ville. Je vais prévenir Kyle… - Je suis là, énonça l’homme en arrivant alors qu’il était habillé sobrement, une femme magnifique à ses côtés… qui n’était autre que la reine, elle-même.
Elle eut un sourire à tout le monde avant d’expliquer.
- Je n’autoriserais pas dégré royal que deux personnes dans la zone incriminé. - Deux ? Ce n’est pas assez, fulmina Tomas. Logan risque de mou… - Chut, fit-elle en levant sa main gantée d’un blanc immaculé. Nous avons peut-être une solution grâce aux observations de votre cousin, et de Douglas Berrygreen. Ils ont abattu le travail de dix chercheurs et nous ont permis de trouver une alternative possible. On ne peut pas se permettre de perdre plus de personne. - J’irais alors ! hurla Tomas. - Non, coupa Benedict. Tu n’iras pas. - Et pourquoi pas ? fit-il prêt à le frapper, mais Benedict avait déjà fait deux pas pour se retrouver à sa hauteur. - Est-ce que tu sais soigner les malades ? Ou préparer des onguents ? Ou simplement ce qu’il faut faire pour une fièvre ? Est-ce que tu as un héritier pour ne pas laisser ton duché à notre roi fou, sans offense ma reine. - Je n’ai rien entendu, sourit-elle. - Alors, reprit-il. Tu ne partiras pas. - Alors qui ? Toi ? - Non.
Benedict se retourna vers Mary qui avait lu, ou pas, sa lettre pour elle. Il lui fit un sourire franc.
- Elle. Et Hunter Wood. - Hunter va te tuer. - Kyle ! Va me chercher Hunter. - Oui, chef. Quand je pense que je suis le plus proche de devenir roi et qu’on m’envoie chercher un homme qui traine avec les chevaux.
Mais la vérité c’était que Hunter et Kyle s’entendaient bien. Hunter savait soigner les chevaux et autres animaux avec les plantes. Il n’était pas médecin, n’aimant pas les humains assez pour ça… mais Douglas ? Il ferait un effort, et pas qu’un peu.
De leur côté, Douglas cria quand il se fit attacher dans lit par des personnes saines. L’odeur de la transpiration des hompmes lui prenait le nez et remonter à son cerveau.
- Je veux Mary, pleura-t-il alors que la crise de haine passa pour remplacer celle plus simple de la folie. Je veux Mary. Je la veux. Je la veux.
Il pleurait tellement que ça mouillé les draps aussi certainement que sa sueur. Il entendit vaguement que les gens n’avaient plus le droit de s’approcher du lac, puisque le campement était à côté du lac, les malades y furent regrouper. L’eau pour se laver, boire ou nettoyer, devait venir du puit, qui lui était saint… mais ça personne ne le savait. Ils savaient juste avoir vue Logan Lockwood vomir au lac et en avait peur. Douglas continua de délirer. Une femme l’aidait à boire doucement.
- Mary ? - Je ne suis pas Mary, avait-elle dit. - Je veux Mary. - Qui est Mary ? Votre amoureuse ? essaya-t-elle de lui faire parler en gardant un ancrage. - Je crois que je l’aime, souffla-t-il. Je ne peux pas imaginer ma vie sans elle. Je ne veux pas imaginer ma vie sans elle… je ne peux pas.
Il s’endormit dans une souffrance de feu. Il pu seulement entendre le juron de Logan qui demandait à ce qu’on le laisse tranquille tant qu’il ne commençait pas à convulser ou à vomir. Il semblait en meilleur forme… d’ailleurs, Douglas le vit se lever plusieurs fois pour comparer leur constance et comparer leur état. Douglas avait pris un bain dans le lac deux heures avant que Logan y aille aussi. Mais pour le moment, il était trop fatigué pour voir réellement les choses qui s’imposent.
J'ai 22 ans ans et je vis à Londres, Angleterre. Dans la vie, je suis une domestique et je m'en sors bien. Sinon, grâce à ma chance, je suis célibataire et j'ai bon espoir de vivre une idylle avec mon prince. - Elle est au service de la famille Portman depuis sa plus tendre enfance - Elle a grandi avec sa maitresse, Elizabeth, et elles ont toujours été très proches - Elle aime coudre et tricoter pour se détendre - Elle n'a aucune expérience en amour - Elle ne sait pas bien lire, ni écrire - Elle est amoureuse de Douglas Berrygreen, et donnerait tout pour qu'il la regarde
L'hôpital St. Leonard était un établissement aussi insalubre que froid. Le chirurgien en chef, un ami d'Howard Berrygreen, n'était qu'un charlatan qui ne devait sa place qu'à ses relations haut placées. L'homme, un ivrogne et un bon à rien qui préférait amputer ses patients de leurs membres plutôt que de chercher à les guérir de leurs maux, refourguait d'innocents jeunes filles — toutes sans famille — au géniteur des Berrygreen en échange d'une importante contrepartie financière. L'appétit d'Howard pour les très jeunes filles ne l'avait jamais rebuté, pourri qu'il était. Leur accord, aussi simple qu'un jeu d'enfant, n'observait qu'une seule règle : pas de question. Le Dr. Ashworth s'engageait à ne pas se mêler des affaires d'Howard avec les très jeunes filles et, en contrepartie, Howard restait aveugle au trafic d'organes clandestin de son collaborateur.
Mary Bennett, à mille lieux d'imaginer toute l'étendue de l'horreur dont l'humanité était capable, faisait tellement d'aller-retours dans les couloirs de l'hôpital que les muscles de ses cuisses la brûlaient atrocement. Son mentor, une infirmière en âge d'être à la retraite, n'épargnait aucune tâche ingrate à la jeune femme — mais Mary ne s'était jamais plainte. La petite fée, à l'adorable sourire et à la bonne humeur contagieuse, avait obéi à chaque ordre de madame Fowler. Chaque jour, elle avait lavé les patients, y compris lorsque ces derniers s'y étaient fermement opposés. On l'avait insulté, on l'avait frappé et on lui avait même craché dessus, mais elle ne s'était pas découragée. Elle avait souri avant de tendre sa deuxième joue dans l'attente d'un autre coup. Si cela pouvait soulager d'un poids ces pauvres malheureux, qu'ils la frappent. Elle ne leur en voudrait pas. Mais aucun d'eux n'osa plus jamais lever la main sur elle, touchés par l'humanité et la gentillesse de la jeune femme. Mary se retrouva gratifiée d'un nouveau surnom : Sa Sainteté. Chaque jour, cette dernière changeait les bandages des patients. Elle pansait leurs plaies. Madame Fowler lui avait enseigné de quelle manière inciser des abcès purulents afin d'en drainer le pus. L'odeur était tout bonnement insoutenable, mais Mary n'avait pas vomi. Elle avait l'estomac bien accroché, une qualité recherchée dans ce corps de métier.
Lorsqu'elle avait le temps, c'est-à-dire jamais, mais elle le trouvait quand même, Mary s'attelait au nettoyage des chambres. Aidée par sa mentor, elle vidait les pots, les désinfectait avant de remplacer les draps souillés de sang, de pus, d'urine et d'excréments par du linge propre.
Lors de son premier jour à St Leonard, quand l'infirmière lui avait fait la visite de l'hôpital, Mary avait blêmi en constatant la crasse environnante dans laquelle le Dr. Ashworth laissait pourrir ses patients. Logan et Douglas auraient été furieux de constater un tel manque d'hygiène d'un de leurs confrères. Ainsi, l'arrivée salvatrice de Sa Sainteté avait considérablement amélioré les conditions de vie des patients. Sans le savoir, Mary avait contribué à rallonger l'espérance de vie de certains uniquement en assainissant les lieux. L'après-midi même de son arrivée, la domestique avait tiré les rideaux, laissant filtrer les doux rayons du soleil avant d'ouvrir les fenêtres pour renouveler l'air, chassant l'épais brouillard de la maladie, de la dépression et de la mort qui régnait. À la place, un vent nouveau, annonciateur d'espoir, avait commencé à souffler sur St. Leonard.
Oui, Mary ne rechignait pas à la tâche. Elle quittait la demeure des Berrygreen au petit matin et ne rentrait que bien après la nuit tombée, complétement épuisée par le rythme effréné de ses journées.
Pas une fois, cependant, elle ne se coucha sans prier pour le retour sain et sauf de Douglas.
Le beau prince n'avait jamais quitté l'esprit de la petite fée depuis bien longtemps. Il était là, tapi dans un coin, se rappelant à elle par de doux baisers et des rires qui réchauffent les cœurs. Oui, il ne se passait pas un seul jour sans que Douglas ne hante les pensées de Mary. Souvent, elle avait soupiré en se languissant de lui. Si elle ne s'était jamais plainte de sa quantité colossale de travail, madame Fowler l'avait souvent vu regarder par la fenêtre quelques secondes, l'air lointain, avant de se reprendre en secouant la tête.
- Comment s'appelle-t-il ? questionna l'infirmière un beau jour, tandis qu'elle observait Mary soudre les os d'un cadavre en guise d'entraînement pratique. - Qui ? répondit la petite fée sans sourciller. La vieille chouette fut fière de constater que ses mains ne tremblaient pas. - Celui qui fait battre ton cœur. Mary jura entre ses dents serrées, fronçant les sourcils, le regard fixé sur la broche qu'elle était en train de glisser sur le tibia du macchabée. Madame Fowler corrigea sa posture avant d'ajouter qu'elle n'appliquait pas assez de pression pour pouvoir correctement enfoncer la tige de métal dans la moelle. Il y eut un silence, non pas parce que Mary ne souhaitait pas répondre à la question, mais parce qu'elle était trop concentrée sur son travail. - Douglas. Souffla-t-elle finalement, non sans s'être assurée d'avoir correctement rectifié son geste. - Douglas ? répéta l'infirmière avant de se renfrogner. Comme Douglas Berrygreen, le fils du bienfaiteur de l'hôpital pour lequel tu travailles ? Douglas, comme Douglas Berrygreen, le frère cadet du mari de ta maîtresse ? - Celui-là même ! s'agaça Mary en la fustigeant du regard. La jolie rousse sutura la plaie avec une aisance déconcertante — sans doute liée à son don pour la couture. La vieille chouette haussa les épaules d'une manière nonchalante. - Vous n'avez aucun avenir ensemble, en as-tu seulement conscience ? - Oui. Se contenta-t-elle de répondre, les yeux embués de larmes. - Qu'en est-il de ses sentiments pour toi ? demanda madame Fowler d'un ton plus doux en remarquant la détresse de Mary. - Il ne m'aime pas. - Ah. Il y eut un nouveau silence, étrange et plombant. Beau travail, Mary.
Marielle, car tel était le prénom de la mentor de Mary, jugea qu'il était temps de cesser toutes ses questions indiscrètes. La jeune femme lui en fut reconnaissante.
-
Un dimanche, seul jour où Mary n'était pas prise avec sa formation à St. Leonard, un homme fit irruption au beau milieu du repas que partageaient les Berrygreen. Mary sursauta, en retrait derrière Elizabeth, avant d'éloigner sa maîtresse de table quand Tomas Lockwood souleva Benedict par le col de sa chemise. Le corps d'Elizabeth se raidit et une rage froide l'envahit avant qu'Ethan ne plaque Tomas par terre pour lui faire lâcher prise. Il s'en défit avec une aisance effrayante et Elizabeth rejoignit les bras de son mari pour le protéger. Personne ne remarqua l'arrivée du majordome au milieu de toute cette agitation. Ce n'est que lorsque Tomas arracha les lettres des mains du pauvre homme que tous réalisèrent qu'il y avait du courrier.
Il vous ment ! Douglas vous ment dans ses lettres ! "Douglas n'est pas un menteur." cracha la jolie rousse malgré elle. Elizabeth hocha la tête pour approuver son amie, un rictus sur les lèvres. Le cœur de Mary s'emballa quand Ethan lui tendit une lettre de son beau prince. Elle se recula contre le mur pour la déchiffrer sans attendre, mais la voix de Benedict la stoppa.
Elizabeth blêmit au fur et à mesure des paroles de son mari, Mia manqua de s'évanouir et dû s'asseoir, les frères Berrygreen, eux, affichaient une expression indéchiffrable. Douglas est malade. Les jambes de Mary cédèrent sous son poids, incapable de la maintenir debout après cette terrible nouvelle. Nous allons mourir ici. Il ne voit plus que la mort qui le course le long d'un dédale de souffrance. La petite fée secoua la tête, chassant les larmes qui obstruaient sa vue. En vain. Elle ouvrit l'enveloppe en reniflant, les épaules secouées de sanglots.
"Il ne peut pas-" murmura-t-elle au fur et à mesure de sa lecture. "Non, il ne peut pas mourir. Il n'en a pas le droit..." Je veux toujours la même chose de toi, Mary. Je n'ai pas changé d'avis. Je t'en supplie toujours. Ses larmes vinrent à moitié effacer certains mots du jeune homme. Si je tombe malade, ne viens pas. Cela ne serait que meurtrir ton cœur et risquer la maladie aussi. Je le refuse. Comment pouvait-il oser lui demander de rester sagement ici ? Jamais.
On va y aller.
Mary releva la tête, une lueur d'espoir dans le regard en direction de Benedict. Elle écouta la conversation en silence, échangeant des regards confus avec Elizabeth. "On ne peut tout de même pas le laisser mourir !" cracha cette dernière à l'intention du majordome et de Mia. Elle ne voulait pas réellement élever la voix, mais cette discussion la tendait au plus haut point.
Kyle fit irruption dans la pièce, la reine à son bras, et tout le monde cilla avant de s'incliner prestement. Le cerveau de Mary allait à toute allure. Elle ne pensait qu'à une chose en maintenant sa révérence : courir au chevet de Douglas, avec ou sans l'accord des autres. Elle était prête à s'opposer à la reine elle-même et à partir en exil pour mourir à ses côtés. Voilà à quel point elle l'aimait.
Est-ce que tu sais soigner les malades ? Ou préparer des onguents ? Ou simplement ce qu'il faut faire pour une fièvre ? Mary se releva d'un bond, prête à intervenir quand son regard croisa celui de Benedict Berrygreen. Son sourire sincère lui enleva un poids des épaules. Ils se comprirent et la jeune femme hocha la tête avant même qu'il ne la désigne pour lui signifier qu'elle était complétement d'accord avec sa décision. Elizabeth protesta, l'air complétement paniquée, mais Benedict lui baisa le front en lui murmurant que tout irait bien. Elle pleura en serrant Mary dans ses bras. "Je t'en prie, ne meurs pas..." lui susurra Elizabeth à l'oreille. "Ramenez-le et revenez-nous sains et saufs."
Hunter Wood, à dos de cheval sur lequel plusieurs sacs étaient déjà attelés, arriva quelques heures plus tard. Mary et lui se toisèrent quelques instants avant qu'il ne lui tende la main pour l'aider à monter derrière lui. Ils n'échangèrent presque aucun mot, bien trop préoccupés par l'image de Douglas se mourant.
Ils firent au plus vite, mais le voyage dura trois jours.
Durant ce laps de temps, ils dormirent et mangèrent très peu. Juste assez pour pouvoir tenir éveillé à cheval.
-
"Vous ne pouvez pas y aller. C'est du suicide !" tonna le médecin en chef de la zone saine. "Nous avons assez de morts et de personnes contaminées pour que vous en rajoutiez ! Si vous voulez nous aider, restez ici et mettez la main à la pâte." cracha-t-il d'un air dédaigneux. Hunter, dont les émotions étaient illisibles, se contenta de montrer le décret royal pour preuve de bonne foi, n'arrachant qu'un reniflement agacé au médecin. "Je me contrefous des ordres de Sa Majesté. Nous avons un protocole à respecter- Mais qu'est-ce que vous foutez ?!"
Mary, qui n'avait pas quitté des yeux la zone de quarantaine depuis son arrivée, était restée silencieuse, telle l'ombre qu'elle savait être. Elle avait profité que l'attention du médecin soit portée sur Hunter et le décret royal pour glisser les sacs par-dessus les remparts boisés du village sans se faire remarquer, avant de les escalader. Ce n'est qu'une fois derrière les piquets que le médecin la remarqua en dehors de la zone saine. "C'est du suicide ! Vous venez de vous condamner, jeune imprudente !" La jeune femme l'ignora royalement. Elle essaya de répartir le poids des sacs de manière équitable sur son corps avant de se retourner une dernière fois vers Hunter. "On se retrouve là-bas."
Le corps encombré de sacs beaucoup trop nombreux pour elle, mais terriblement nécessaires, Mary entreprit la descente jusqu'à la zone de quarantaine. La traversée lui prit une heure. Une heure où ses pieds s'enlisèrent dans la boue. Une heure où elle manqua de se tordre la cheville plusieurs fois. Une heure où elle s'écroula au sol en grognant. Si certaines personnes pensaient marcher vers une mort certaine, Mary, elle, ne pensait qu'à Douglas. Elle n'arrivait pas à ralentir la cadence de ses pas. Au contraire, plus elle se rapprochait, plus vite encore, elle avançait. Elle ne souhaitait qu'une chose : le retrouver.
C'est à la tombée de la nuit, couverte de boue jusqu'aux genoux, que la vaillante petite fée arriva finalement à rejoindre la tente dans laquelle Logan et Douglas avaient élu domicile. Doucement, elle écarta les pans de tissu pour pénétrer à l'intérieur, arrachant un sursaut à Logan qui écarquilla les yeux de voir se tenir devant lui la domestique d'Elizabeth Portman, mais Mary le remarqua à peine.
La jolie rousse, à l'allure quelque peu négligée après trois jours de voyage et une traversée fastidieuse, laissa lourdement échouer sur le sol ses sacs. Ses yeux rencontrèrent presque immédiatement ceux de Douglas et elle se précipita à son chevet, les larmes aux yeux. "Douglas..." souffla-t-elle en serrant sa main dans la sienne. Un sourire sincère naquit sur les lèvres du jeune homme et Mary pleura de le voir aussi désorienté. Elle lui caressa la joue, les doigts tremblants. La petite fée ne portait aucun vêtement de protection. À quoi bon ? Elle ne comptait pas repartir d'ici sans lui. S'il mourait, alors elle mourrait avec lui. S'il devait vivre, alors elle survivrait, elle aussi. Elle était là, avec lui, tout simplement. Elle n'irait nulle part. Elle serait là jusqu'à la fin, et plus encore.
Au même moment, une femme pénétra dans la tente avec de la nourriture et de l'eau. Elle tressaillit devant Mary, les yeux exorbités. L'inconnue était couverte des pieds à la tête. "Vous n'avez rien à faire ici ! Avez-vous perdu l'esprit ?!" cracha-t-elle, l'air paniqué à l'idée que l'épidémie se propage, mais Mary se redressa en l'ignorant royalement. "Et pourtant, me voilà." finit-elle par répondre, un doux sourire sur les lèvres. "Vous devriez aller vous reposer. Je m'occupe de lui." L'inconnue cilla, l'air hagard, avant d'adresser un regard confus à Logan qui grogna pour seule réponse. Elle se retira en laissant le plateau sur un meuble adjacent.
Alors, Mary mit de l'eau à bouillir sur le feu. Elle rassembla ses boucles emmêlées et les remonta en une queue avant de sortir un remède à base de plantes de son sac — spécialement concocté par Hunter. Il n'avait donné aucune explication à la jeune femme — ou alors très peu. Sur le bocal, un simple mot : fièvre. La petite fée se lava les mains avant d'ouvrir la chemise de Douglas pour lui éponger le torse. Elle appliqua un onguent à base d'herbes sur les rougeurs de Douglas, puis, avec l'aide de Logan, elle lava le reste de son corps. Ils lui changèrent ses vêtements, mais aussi les draps.
Le visage débarbouillé et les mains propres, Mary s'assit sur le lit du bel Adonis pour l'aider à boire le remède dont l'amertume pouvait retourner l'estomac. Il grimaça. Elle rit en lui caressant la joue avec une douceur infinie tandis qu'il se rallongeait. Elle s'allongea à ses côtés et prit ses mains dans les siennes pour entrelacer leurs doigts. "Je suis venue te rejoindre, mon amour, comme promis dans ma lettre." murmura-t-elle. "Tu n'as pas le droit de m'abandonner, Douglas. Je te l'interdis." dit-elle en collant son front contre le sien. Ses larmes échouèrent dans le cou du jeune homme. "Je t'en prie, rentrons à la maison... Tu dois guérir." chuchota-t-elle. "Je ne peux pas imaginer ma vie sans toi..." ajouta-t-elle avant de s'endormir blottie contre lui. La fatigue et le stress des derniers jours l'avaient bien vite rattrapé maintenant qu'elle l'avait enfin retrouvé.
Hunter Wood, silencieux et droit, débarqua dans la tente dans la soirée, faisant frôler l'arrêt cardiaque à Logan Lockwood — qui jura dans sa barbe.
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Clionestra
Jeu 8 Aoû - 12:07
Douglas Berrygreen
J'ai 18 ans et je vis à Londres, Grande-Bretagne. Dans la vie, je suis étudiant en médecine et je m'en sors bien. Sinon, grâce à ma chance, je suis tombé sur un ange et j'attend qu'elle me fasse tomber amoureux d'elle.
→ Dernier fils du duc de Berrygreen. → Il est jovial, charismatique, marrant et enthousiasme. Ainsi qu’un peu enfantin. → Il a peur de son père et ne supporte pas la violence qui le renvoie à l’époque où il a vue son frère se faire frapper. → Il a une peur du sang → Pourtant, il aimerait être médecin, spécialisé dans l’accouchement et les saignements des femmes. → Sa nourrice est comme sa mère. Il considère les filles de cette femme comme ses soeurs (Daisy 11 ans, et Lily 5 ans) → Il aime tous les sports non violent. Comme la natation et l'escalade.
La nuit, les sensations ressortent et se transforment. La nuit, chaque bruit, chaque vent, chaque feulement deviennent des hurlements. Logan tremble du froid alors même qu’il sait que Douglas en a besoin. La lassitude des semaines se percute sur son corps tel un ouragan et l’emporte dans le sommeil. Douglas n’est pas mieux, souffrant de la douleur de la fièvre ainsi que tout ce qui fait qu’un corps s’embrase de la maladie. Leur tente est silencieuse, la nuit l’est beaucoup moins. Et il pense. Il pense à son cousin, resté à Londres dans une demeure qui ne connaîtra pas les maux. Il pense à la promise de son cousin, qu’il aime depuis toujours sans avoir pu approcher ses mains pour lui avouer ses travers. Il pense à la famille Berrygreen, dont il venait d’amputer un membre, le plus jeune, pour la frivolité de la médecine. Comment avait-il pu croire qu’il arriverait à soigner un village alors que d’autres plus savants avaient fait des tests avant eux ? La différence étant qu’eux n’avait pas hésité à venir vivre à proximité pour en aider plus profondément. Entre le lac et la montagne, ils avaient trouvé un havre de paix rempli de maux dangereux. La lassitude eut raison de lui, la nuit aussi, et il tomba de sommeil dans un déluge de culpabilité qui l’emporte.
Quand il ouvrit pour la première fois les yeux, il vit Mary. Cette femme que Douglas pensait avoir loin du cœur. L’amour de Douglas pour Mary n’avait pas été comme le sien pour la promise de son cousin. Douglas avait glissé dans l’amour dès leur rencontre, se déplaçant pour être plus proche d’elle, pour lui parler, pour la faire sourire sans en connaître la raison précise. D’amis, ils sont devenus amants, et c’était cet amour là qui comptait. Parce qu’après tout, une fois un ami devenu amant, il ne reste plus grand-chose à faire pour devenir amoureux. Elle était venue et l’avait fait sursauter au bord la soirée, quand la nuit commençait à peine à étendre son nuage de noirceur sur le ciel. Elle était venu pour voir un Douglas dans la fièvre, mais qui s’était endormi ensuite. Parce que comme lui, la nuit le tenait en respect.
Même l’arrivée, tout aussi saugrenue, de Hunter n’arriva pas à percer sa brume d’incompréhension. Il lui fallait du temps. Au cœur de la nuit, quand le monde sembla, à nouveau, endormi, Logan grogna avant de se lever. Il marcha vers la table au milieu de la tente et s’assit. Hunter, réveillé et toujours attentif, le regarda prendre une bougie, un papier et une plume pour y écrire les observations tel un zombie. Ce n’était pas la maladie qui le mettait dans cet état, mais le désespoir qui l’avait attrapé au sol et le retenait de ses mains squelettiques. Il fit les observations.
« Jour sept depuis premier symptômes de Douglas : pas de vomissement. Fort fièvre. Arrive toujours à manger et à boire sans forcer. »
Il se leva à peine, se déplaça vers Douglas pour lui prendre la main et chercher ses constantes. Ce dernier suait comme jamais auparavant. Et Logan se laissa à nouveau entrainé dans le désespoir d’avoir tuer un homme bon. Hunter vient l’attraper quand il fit un pas en arrière, déséquilibré par la pression qu’il se mettait maintenant.
- Toi tu vas dormir pour de vrai, marmonna son ami avant de lui faire boire une tisane.
Dormir pour de vrai ? Il n’avait pas fait plus de trois heures complète d’affilé sans que ses songes et ses pensées ne viennent pour l’étouffer. Comment pourrait-il dormir ? La réponse fut quand sa tête reposa sur l’oreiller. Hunter l’avait endormi avec un traitement pour cheval, littéralement. Et l’homme décida qu’il était temps de continuer les opérations alors que la jeune servante dormait à côté de Douglas.
Ce dernier dormi mal. Il sua et se réveilla d’un coup en hurlant. Il avait des douleurs qui n’étaient que psychosomatique mais qu’il ressentait à l’intérieur même de ses os. Il n’avait pas conscience d’avoir poussé la jeune femme, ou même de sa présence. Il n’avait plus conscience de cela. Quand il l’avait vue arriver, il avait simplement pensé à un ange qui prendrait l’apparence de la jeune femme pour l’emmener au paradis sans qu’il ne lutte. Cependant, l’ange n’avait rien demandé de tel. Au contraire, l’ange, qu’il préférait voir en petite fée mais c’était une autre histoire, lui avait demandé de tenir.
Sauf que la douleur était vive dans son esprit et la fièvre difficile. Dans la nuit, il la poussa donc sans ménagement, inconscient qu’elle était là, dans ses bras. Il hurla pour dire qu’on le libère avant qu’Hunter arrive dans son champ de vision. Voir Hunter à la place de Logan ne le perturba même pas alors qu’il se débattait et que des mots qu’il ne devrait sortir de ses lèvres y passe comme un torrent.
- Il faut le tuer ! Il faut le tuer ! Il faut le tuer ! Il va lui faire du mal ! Il détruit l’innocence et pervertis les gens. Il va faire du mal à Rose ! à Elizabeth ! à Mary !
Hunter réussi à l’attraper pour le calmer alors qu’il lascérait ses mains pour se libérer. Il finit par pleurer à grosses larmes à l’idée de ce que pourrait faire son père. Dans les bras de Hunter, il posa un regard sur un spectre, une Mary présente avec lui, dans cet enfer. Il tend la main.
- Pitié, ne meure pas. Pitié, je ne le supporterais pas.
Il finit par cracher ses poumons, pas littéralement cette fois, et on le replaça dans le lit alors qu’il sua. Logan, qui avait été endormi, ne vit rien de tout ça, bien que son expertise aurait pu servir. Personne ne suait autant, sauf quand une maladie était combattu avec les bonnes armes. Douglas fut déshabiller par la jeune femme, bien qu’il se réveillant et s’endormant à intervalle irrégulier. Il attrapa une mèche de cheveux. Son corps s’embrasant de la maladie mais ses yeux voulant la retenir encore entre ses mains.
- Je suis désolé, se confia-t-il à la mèche orange qu’il attrapa. Je suis tellement désolé.
Il fut déshabiller, laver, changer, et les draps aussi dans une maîtrise qu’il loua. Il reposa sur le lit alors qu’un poids se fit contre lui. Machinalement, presque comme un réflexe, il entoura le corps de la jeune femme de ses bras pour la ramener vers lui. Une odeur d’orange monte à son nez. L’onguent était toujours là, présent dans l’air et le faisant respirer. L’orange. Il avait toujours aimé ce fruit. Il le dit, et la jeune femme sembla en mettre dans ses décoctions et même son baume sur le corps. L’orange emplit rapidement l’air autour d’eux, chassant la maladie. Le lendemain passa, pour Douglas, sans être vue, il fit plusieurs réveils qu’il oublia presque instantanément. Son esprit se calibrant sur le soleil, qu’il pouvait voir toute la journée, il ne chercha pas plus loin. Il affubla la jeune femme, qu’il voyait comme un fantôme ou le prix de son imagination, de centaines de surnom mignon. Mon ange, mon soleil, mon étoile, mon chat, ma princesse, ma douce, et autres. Mais jamais « mon amour », comme un filtre qu’il gardait encore dans son esprit conscient.
Le troisième jour, il vomit, même si l’onguent repoussait la maladie, il vomit tout de même d’un cauchemar qu’il fit… la jeune femme, le corps détruit par un monstre qui n’avait pas hésité à la souillé. Il n’avait pas besoin de voir le visage du démon pour savoir qui il était. Son esprit était toujours embrumé de milliers de pensées incohérentes.
À l’aube du quatrième jour, qui était son neuvième jour de maladie pour lui et donc celui de sa mort en théorie, un nouvel arrivant débarqua. L’homme, connu par Hunter seul, avait été appelé par celui-ci. Douglas était trop malade pour le regarder, et l’homme trop accaparé par ses pensées pour le remarquer. Logan remarqua cependant que Douglas allait bien. Le nouveau venu, Daniel Alistor, marquis et original comme pouvait l’être son cousin éloigné, ne s’occupa que du lac et de la montagne à côté, demandant à tous les villageois restant des preuves de l’existence de lave sous-terraine. Il avait été appelé grâce aux observations de Douglas et ne pensa qu’à son lac et ses eaux qu’il faisait dilué dans des erlenmeyers et autres contenant pour les faire tout à la fois évaporer et revenir sous forme de liquide étrange.
Le cinquième jour, Douglas ne vomit toujours pas. Son réveil fut aussi plus doux. La place de la jeune femme était dans ses bras, et il la tenait fermement contre lui quand il papillonna des yeux calmement. Le monde était lumineux, claire et sans la moindre once de douleur en lui. Il papillonne et tourne la tête lentement pour voir la belle endormie à ses côtés. Il était faible, si faible qu’un sourire seul naquit sur ses lèvres alors même qu’il voulait se déplacer pour la prendre plus fermement dans ses bras. Et l’embrasser. Il retourne dans ses songes.
Avant d’ouvrir grand les yeux et de sursauter, sortant du lit en la réveillant encore et s’étalant de tout son long sur le sol inégale. Logan, Hunter et Daniel étaient dehors en train de faire Dieu sait quoi, et lui était là. Il écarquilla les yeux de la présence de sa petite fée.
- Mary ! Qu’est-ce que tu fais là ? Tu risques de tomber malade ! hurla-t-il malgré la douleur dans sa gorge, preuve qu’on avait commencé à le nourrir et l’abreuver de force à cause de l’obstruction de ses voies.
Il essaya de se relever tout seul mais se fracassa à nouveau par terre dans une cacophonie d’instruments. Il observa autour de lui pour trouver un soutien. Mary… ici… dans la maladie. Il ne pouvait pas le supporter. Il finit par se relever, lui intimant d’un geste de s’éloigner alors qu’elle veut l’aider.
- Non ! Je ne serais pas l’instrument de ta mort, marmonna-t-il avant de voir son reflet dans un miroir qui avait été mis dans un coin. Le coin toilette.
Il posa sa main sur son visage, il n’y avait plus de marques sur son visage. Les plaques rouges et les boutons blancs avaient disparu. Il remarqua être nu comme un ver mais n’y fit pas attention alors qu’il prenait le temps de vérifier son corps. Il s’approcha de la table avant de voir les informations de Logan, ainsi qu’Hunter dont il reconnaissait l’écriture et une écriture inconnue.
- Qu’est-ce que… ?
Il se sentit à nouveau fragile. C’est ce qui arrive quand quelqu’un qui ne s’était pas levé depuis presque neuf jours se lève d’un bond. Il perd l’équilibre, se sent soutenu par la jeune femme et retourne dans le lit, où il s’endort sans avoir entendu la voix de Mary. Il la prit dans ses bras, conscient d’être sain. Et dans ce soupir d’extase, l’impression d’être où il fait, il savait ce qu’il avait envie de lui dire. « Je t’aime ». Mais il ne le dit pas. Il ne pouvait lui dire ainsi. Son esprit lui rappela qu’il avait déjà failli mourir une fois, sans avoir eu l’occasion de lui dire.
Dans la nuit de cette même journée, il se réveilla à nouveau. La jeune femme toujours dans ses bras, il prit le temps de regarder ses longs cils à la lumière de la lune. Trois hommes dormaient de l’autre côté de la tente, mais il s’en fichait totalement alors qu’il commença à faire de tendre caresse sur le bras de la jeune femme.
- Mary, souffla-t-il en caressant de son nez son visage, réveilles-toi, s’il te plait.
Une fois les yeux ouverts de la jeune femme, il s’approcha pour l’embrasser. Il ne voulait pas l’embrasser dans son sommeil, de peur de paraître comme un goujat, encore. Il l’embrassa tendrement, lentement, conscient que ses lèvres étaient gercés par ce qui avait dû être une très très mauvaise fièvre. Il l’embrasse et la tient contre lui. Il finit par poser son front contre le sien.
- Mary, murmura-t-il encore, m’aimes-tu encore ?
Ses yeux répondirent, alors, il se pencha, cueillit ses lèvres à nouveau contre les siens et il se sentit d’un coup plus heureux que jamais. Il repoussa les mèches qui parsemaient son visage de tension et d’attention. Il sourit, doucement.
- Je suis terriblement en colère que tu sois venu, ma petite fée… mais je suis terriblement ravi que tu sois à mes côtés. Revenir des enfers pour voir celle qu’on aime, c’est le plus beau des sentiments.
Maintenant, il la laisse faire son analyse de la phrase en la regardant.
J'ai 22 ans ans et je vis à Londres, Angleterre. Dans la vie, je suis une domestique et je m'en sors bien. Sinon, grâce à ma chance, je suis célibataire et j'ai bon espoir de vivre une idylle avec mon prince. - Elle est au service de la famille Portman depuis sa plus tendre enfance - Elle a grandi avec sa maitresse, Elizabeth, et elles ont toujours été très proches - Elle aime coudre et tricoter pour se détendre - Elle n'a aucune expérience en amour - Elle ne sait pas bien lire, ni écrire - Elle est amoureuse de Douglas Berrygreen, et donnerait tout pour qu'il la regarde
La peur de perdre Douglas l'avait fait vriller. Alors, Mary lui avait dit n'importe quoi. Une fois de plus, la petite fée lui avait ouvert son cœur. Elle lui imposait ses sentiments. Elle dépassait les bornes. Qui était-elle pour interdire au beau prince de mourir ? Qui était-elle pour lui dire qu'elle n'imaginait plus sa vie sans lui ? Elle n'était pas quelqu'un d'important. Non, Mary n'était personne. Elle n'était qu'une ombre parmi tant d'autres. Une employée que l'on appréciait, mais dont on pouvait se passer. Du moins, c'était l'image qu'elle avait d'elle-même. Elle, la domestique que l'on salue au détour d'un couloir. Elle, la domestique à qui l'on confie son linge sale. Elle, qui s'était déclarée à un noble sans aucun espoir, et pourtant...
Et pourtant, des semaines après, Mary était toujours auprès de lui, plus proche même qu'ils ne l'avaient jamais été auparavant — blottie au creux de ses bras. Il ne l'avait pas repoussé. Il avait accepté ses sentiments, mais sans les lui rendre. Ce cadeau était à la fois une bénédiction et une malédiction. Chacun de ses baisers l'avait rendu folle. Chacune de ses caresses l'avait poussé au bord d'un doux précipice et lorsque sa langue l'effleurait, Douglas réussissait à la faire arrêter de penser. Ils n'étaient pas amants. Non, ils étaient amis, tout au plus, avec quelques petits bénéfices... Mais ils n'étaient pas amants, et encore moins amoureux.
Les jours qui suivirent furent particulièrement éprouvants. Douglas ne dormait pas bien — très peu, en vérité, et son sommeil n'était nullement réparateur. Il souffrait de crises parfois violentes, non pas dans ses gestes à proprement parler, mais dans la réactivité surprenante de son corps. Il se tendait à s'en déchirer les muscles. Ses hurlements étaient bouleversants. Ils prenaient aux tripes et trahissaient une souffrance bien réelle.
Forte de son expérience à St. Léonard, Mary avait parfaitement conscience que son beau prince n'était pas dans son état normal. Aussi, elle n'avait nullement été blessée dans son cœur lorsqu'il la repoussa sans ménagement. Elle lui avait souri, simplement, restant en place en levant les mains pour lui montrer qu'elle ne voulait pas lui faire de mal. Si Mary n'avait pas pleinement conscience du monstre qu'était Howard Berrygreen dans cet univers — où elle était encore en vie pour l'avoir évité jusque-là - ; elle fut bien la seule des proches de Douglas à ne pas comprendre immédiatement à qui il faisait référence.
Lorsque Hunter entoura Douglas de ses bras pour le maîtriser, Mary accourut à ses côtés pour lui venir en aide. Doucement, elle essuya les larmes de l'Adonis en lui susurrant des mots de réconfort. "Rose et Elizabeth vont bien, Douglas. Elles sont en sécurité..." L'entendre prononcer son nom la fit rougir. Quand il tendit la main vers elle en un geste désespéré, Mary l'agrippa pour la poser contre son cœur qui battait la chamade. "Je suis là, avec toi." répondit-elle avant de porter ses doigts à sa bouche. Elle les parsema de tendres baisers. "Je ne mourrai pas. Je te le promets." La petite fée était bien inconsciente de son sort funeste dans cet autre monde. Là-bas, Howard lui ferait vivre un enfer. Il ne prendrait même pas la peine de l'achever. C'est dans les bras de Douglas, épris d'un ange, qu'elle rendrait son dernier souffle. Si Howard n'arrivait pas à ses fins, ici, il était toujours possible qu'il vienne les hanter d'une autre manière... Un frisson d'effroi, qu'elle ne pouvait ni expliquer ni comprendre, descendit le long de son échine. Elle chassa ce mauvais pressentiment, souvenir d'une autre vie, en secouant la tête.
La domestique débarrassa son aimé de ses vêtements trempés avec un sourire aux lèvres."Il transpire." fit-elle remarquer à Hunter alors qu'ils rallongèrent le jeune homme sur son lit. Ce dernier lui adressa un regard dubitatif, dénué de jugement, mais quelque peu perdu. "C'est bon signe..." souffla-t-elle, l'air ravi. Elle s'agenouilla au sol et entrelaça ses doigts avec ceux de Douglas avant de les serrer. "Il se bat." bredouilla-t-elle avant de sangloter, pleine d'espoir. S'il avait la force de se battre... Alors, il survivrait. Mary voulait le croire.
Le rythme des jours suivants fut étrange. Le temps semblait ralentir sa course lors des crises de Douglas. Il s'allongeait, prolongeant ses souffrances et les tortures que lui imposaient son esprit et son corps. Mais, lorsqu'il dormait, le temps défilait à ce moment-là à une vitesse folle, rappelant que tout n'était qu'une course contre-la-montre. Dans quelque temps, son état empirerait... La jolie rousse, les sens en alerte, veilla sur Douglas nuit et jour. Si Douglas aimait le parfum des agrumes qui se dégageait de Mary, cette dernière, inconsciente qu'il parlait de sa propre odeur, ajouta des zestes d'orange à tous les baumes et pommades qu'ils avaient en réserve. La douce odeur sucrée avait fini par embaumer la pièce, absorbant les effluves de la maladie pour les chasser au-dehors. Elle avait fait tout son possible pour apaiser les afflictions dont il souffrait et une sorte de routine s'était installée. Chaque jour, la petite fée avait assisté Logan Lockwood en l'aidant à s'occuper des malades les plus touchés — car Douglas dormait la plupart du temps. Alors, elle effectuait des soins basiques tels que panser leurs plaies ou changer leurs bandages — allégeant la charge de travail du médecin autant que possible. Mary mettait un point d'honneur à faire leur toilette, inquiète qu'un manque d'hygiène puisse faire empirer la situation. Certains mourraient, trop affaiblis, d'autres se battaient comme des forcenés pour rester en vie.
Si Douglas bougeait un peu ou émettait le moindre bruit, la jolie rousse se précipitait immédiatement à son chevet, une mine inquiète sur le visage. Mary prenait sa température, essuyait son front et le forçait à s'hydrater fréquemment, faisant fi de ses geignements. Elle transpirait elle-même beaucoup, car la chaleur dans la tente en journée était difficilement supportable au vu de l'activité intense et du monde qui défilait. Aussi, elle avait fini par laisser Douglas entièrement nu, mais recouvert d'un simple drap pour préserver sa dignité.
Quand elle était trop épuisée pour s'occuper efficacement des malades, Mary se couchait aux côtés de Douglas. À chaque fois, comme s'il sentait sa présence, il l'enveloppait de ses bras et elle sombrait dans un sommeil agité de cauchemars. Comme pour Logan, son sommeil n'était nullement réparateur.
Lorsque les choses se calmaient un peu en journée, Mary retournait immédiatement auprès de son beau prince pour veiller sur lui. Entre deux crises, elle avait trouvé la patience et le temps de le raser et de lui couper les cheveux — non pas par souci d'esthétique, mais uniquement pour qu'il ait le moins chaud possible. Douglas, lui, divaguait par moment. Il affublait Mary de surnoms charmants, la faisant affreusement rougir alors qu'elle s'était promis d'être son amie et rien que son amie. Elle essaya de ne pas y prêter d'attention. La maladie devait le rendre fou pour qu'il dise des choses pareilles. Elle n'était pas l'ange, le soleil, l'étoile, le chat, la princesse et la douce de Douglas. Elle ne le serait jamais. Avec un sourire doux, mais marqué par la tristesse, elle lui caressait les cheveux avant de le forcer à boire à nouveau pour qu'il se taise.
Au bout de 72 heures, Douglas vomit. Logan et Mary, occupés à amputer un homme d'une jambe nécrosée, échangèrent un regard déchirant avant de pâlir en l'entendant vider le contenu de son estomac. Le médecin fit un signe de tête à la petite fée, lui signifiant qu'il s'en sortirait seul et qu'elle pouvait y aller. Alors, Mary s'était précipitée à ses côtés. Elle avait nettoyé le dégueulis sans broncher avant de recommencer l'intégralité de la toilette de Douglas. Ses mains tremblèrent tout du long, car une petite voix anxieuse et irrationnelle dans son esprit n'avait de cesse de lui répéter inlassablement que la fin était proche.
Mary, elle, refusa d'y croire.
Ce soir-là, elle pleura.
-
L'arrivée inopinée de Daniel Alistor décontenança toutes les personnes encore capables de réfléchir — toutes, à l'exception de Hunter Wood. Mary, épuisée et à bout de nerfs, ne quittait plus le chevet de Douglas. Cela faisait presque dix jours que Douglas avait contracté les premiers symptômes, et peu de personnes vivaient au-delà... L'inquiétude de la petite fée était si forte qu'elle en oubliait de se nourrir et de s'hydrater. Logan, tout comme son assistante, faisait les cent pas entre son ami et ses autres patients. L'anxiété était palpable. Mary, contrairement à Logan, était incapable de se concentrer sur le monde qui l'entourait. Elle n'avait pas l'expérience et le recul nécessaires pour faire fi de ses propres sentiments et continuer de venir en aide à Logan alors que Douglas était à l'article de la mort. C'était au-dessus de ses forces. Mary l'ignorait, mais son manque de concentration était dû en particulier au manque de sommeil et à sa sous-alimentation de ces derniers jours.
-
"Mary." La voix de Daniel tira la fée d'un sommeil bien trop léger. À genoux sur le sol, les mains entourant nerveusement celle de Douglas, elle cilla, l'air confus, en tournant son visage vers l'ami de Hunter Wood. L'homme invita la jeune femme à se relever avant de la ramener là où Logan et Hunter étaient réunis. Ils écoutèrent les explications du scientifique en silence. Mary, trop épuisée et moins bien érudite que les autres hommes, ne comprit pas l'enthousiasme de Daniel alors qu'il parlait d'un volcan sous-lacustre en pleine éruption. "C'est absolument fascinant. Le volcan est sur le point d'exploser ! Ce qui explique les micro-secousses que Douglas a ressenties auparavant." commença-t-il avant d'épingler un immense croquis détaillé sur un tableau. "Des explosions en provenance de ce dernier surviennent fréquemment — bien que nous soyons incapables de les ressentir puisque le volcan est situé bien trop profondément dans l'eau." Il entoura une partie de ses dessins. "Ces explosions libèrent du gaz, mais aussi des cendres. Cela pollue l'eau, car les gaz peuvent ensuite se dissoudre, entraînant une acidification du lac." Mary cligna des yeux en penchant la tête sur le côté, l'air perdu. "Autrement dit." reprit-il en réfléchissant un instant à des termes plus simples à comprendre pour la jeune femme. "L'eau du lac est empoisonnée. Si les morts ont diminué ces derniers temps, c'est parce que les villageois ont arrêté de s'y baigner et de la consommer." Logan se leva d'un bond, apostrophant Alistor plusieurs fois pour être certain de l'exactitude de ses propos. Ce dernier hocha la tête avec un grand sourire. "Oui, Logan, j'en suis certain. Tes patients seront tirés d'affaire tant qu'ils continueront à ne pas s'approcher du lac." Daniel posa une main sur l'épaule de Mary en un geste maladroit, qui se voulait rassurant. Elle pleurait de soulagement avant même qu'il ne reprenne la parole. "Douglas va s'en remettre, Mary. Il est hors de danger." La petite fée s'effondra dans les bras du marquis, le souffle coupé et les jambes tremblantes. Daniel la soutint en s'effondrant au sol avec elle.
Curieusement, il se demanda pourquoi son cœur battait si fort d'avoir la jeune femme au creux de ses bras.
-
Cette nuit-là, Mary retourna se coucher auprès de Douglas aux premières lueurs du jour. Après l'euphorie que l'annonce de Daniel avait causé, ils avaient tous bu plus que de raison. Tous, à l'exception de la domestique qui préférait rester lucide pour veiller sur son aimé. Allongée aux côtés de son beau prince, Mary sombra dans le sommeil avant même que Douglas n'ait le temps de l'attraper pour l'attirer à lui. Malgré elle, elle sourit à son contact.
Son repos fut de courte durée. Il y eut un sursaut, qui fit également tressaillir Mary — que l'on arrachait à de doux songes. Douglas, l'air paniqué, repoussa son étreinte et trébucha hors du lit en s'éloignant de sa petite fée. Mary, les yeux chargés de sommeil, mais les sens en alerte, se releva à sa suite en battant des cils pour chasser les nuages qui embrumaient son esprit.
Qu'est-ce que tu fais là ? La jeune femme s'immobilisa, le regard fuyant et l'air peu assuré. Tu risques de tomber malade ! Mary secoua la tête en esquissant un pas vers lui, mais Douglas l'arrêta d'un mouvement de la main. Je ne serai pas l'instrument de ta mort. "Personne ne va mourir." souffla-t-elle avec douceur, un sourire fatigué sur les lèvres tandis qu'il s'examinait dans le miroir. "De grâce, calmez-vous, monseigneur. Vous êtes trop faible-"
Douglas tituba, rien d'étonnant pour un jeune homme sans aucune activité physique depuis près de dix jours. Son corps était amaigri, car il n'avait pas beaucoup mangé. Ses forces, elles, étaient encore amoindries par les restes de l'empoisonnement. Mary accouru pour le soutenir et lui éviter une nouvelle chute. Elle le guida à nouveau dans le petit lit de fortune du campement. "Vous avez encore besoin de repos." indiqua-t-elle avant qu'il ne l'attire tout contre lui. Il sombra de nouveau dans le sommeil en soupirant d'aise contre ses boucles rousses. La jeune femme, incapable de résister à son beau prince, se laissa tomber dans les limbes d'un repos bien mérité à son tour.
-
Mary.
La petite fée grogna en secouant la tête. Non, elle ne voulait pas se réveiller. Elle se sentait bien, là, dans les bras de celui qu'elle aimait. Le monde semblait plus doux, plus beau et plus chatoyant. Elle aurait aimé en profiter encore un peu. Son visage se nicha entre le cou et la clavicule de Douglas. Elle geint lorsqu'il l'appela une nouvelle fois.
Réveille-toi, s'il te plaît.
La jeune femme obéit, bien plus attirée par la voix de son beau prince que par l'étreinte de Morphée. Elle papillonna des cils, lentement, avant d'écarquiller les yeux quand Douglas se pencha vers elle pour l'embrasser. Son cœur parut s'arrêter une seconde avant de s'emballer délicieusement dans sa poitrine. Elle l'accueillit avec joie, trop heureuse de retrouver les lèvres qui lui avaient tant manqué pour se raisonner.
Mary, m'aimes-tu encore ?
Son regard s'adoucit à cette question qu'elle trouvait candide. Comment pourrait-elle ne plus l'aimer ? La tendresse dans ses yeux chassa la surprise pour déborder de cet amour ardent qu'elle ressentait pour lui. Il l'embrassa une nouvelle fois et leurs souffles fébriles se mêlèrent.
Oui, elle l'aimait encore.
Elle n'avait jamais cessé de l'aimer.
Elle l'aimerait à tout jamais.
Douglas sourit contre ses lèvres et Mary en fit autant, caressant sa bouche de la sienne. Il pouvait être « terriblement en colère » de sa venue s'il le souhaitait, Mary n'en avait que faire, car il était hors de danger. Si elle n'était pas venue le rejoindre, elle l'aurait regretté toute sa vie — qu'il survive ou non. Le rire de Mary résonna dans la tente en entendant Douglas changer d'avis pour affirmer qu'il était ravi qu'elle soit ici avec lui.
Revenir des enfers pour voir celle qu'on aime, c'est le plus beau des sentiments.
Oh, Mary aurait pu faire une analyse de cette phrase et en tirer ses propres conclusions si, au même moment, Dieu n'avait pas décidé d'être un tant soit peu taquin. Une ancienne patiente de Douglas, qu'il avait sauvée in extremis grâce à une trachéotomie improvisée, entra dans la tente pour ramener des vivres envoyés par la zone saine. La jeune femme, mariée — mais ça, Mary l'ignorait — écarquilla les yeux de voir Douglas enfin conscient. Elle étouffa un cri de joie avant de se précipiter à son chevet pour le harceler de questions sur son bien-être. L'euphorie de Franny, contagieuse, tira les autres hommes de leur sommeil de plomb. Logan essuya des larmes de soulagement en vérifiant les constantes de Douglas et son état général. Hunter lui tapota l'épaule avec un sourire. Daniel, lui, resta en retrait devant la mine confuse de Mary.
Revenir des enfers pour voir celle qu'on aime, c'est le plus beau des sentiments.
La petite fée, qui s'était relevée avant que Franny ne se jette aux pieds de Douglas pour le questionner, attrapa une plume et du papier à lettres dans une illumination qui la frappa en voyant le soulagement sur les traits de tous. Daniel lui adressa un regard curieux, inquiet face à son teint blafard. Elle lui sourit avant de griffonner quelques mots à l'attention d'Elizabeth, car elle ignorait si quelqu'un avait pensé à prévenir les Berrygreen que la situation était maintenant sous contrôle.
Lorsque Daniel remarqua l'incompréhension qui voilait le regard de Mary en regardant Douglas, une idée germa dans son esprit, bien que son cœur n'était pas en joie à l'idée qu'il allait proposer. Il s'éclaira la gorge, attirant l'attention de tous avant de s'incliner devant Douglas pour le saluer. "Lord Berrygreen." commença-t-il. "Certes, vous êtes hors de danger, mais votre santé demeure fragile." Il regarda Hunter, puis Logan avant de désigner Mary du menton. "J'aimerais l'isoler des autres afin de libérer de l'espace pour les malades les plus touchés." expliqua-t-il en pointant du doigt une tente neuve. "Je ne peux que vous conseiller d'observer une période de repos stricte - à l'abri des autres contaminés. Ainsi, vous pourrez renforcer votre corps de manière progressive — jusqu'à votre guérison complète. Si je puis me permettre, Mary me parait être la personne idéale pour vous assister." Cette dernière sursauta, les yeux écarquillés, tandis qu'elle regardait Daniel et Douglas à tour de rôle.
-
On ne laissa aucun libre arbitre à Mary et Douglas quant à leur déménagement dans une tente un peu plus isolée du reste de la zone de quarantaine. Sous les ordres de Daniel, les hommes montèrent le campement en un temps record. Le maire du village contaminé, reconnaissant d'être en vie et que ses habitants soient tirés d'affaires, fit même don d'un vrai lit pour l'occasion. Il s'agissait là du lit d'ami personnel du maire lui-même, rien que ça.
Daniel déclara que Douglas était encore sous quarantaine, lui aussi, et que seule Mary était autorisée à veiller sur lui jusqu'à leur retour à Londres. Logan soupira en confiant ses notes au petit singe afin qu'il puisse lire les rapports de l'évolution de la situation de ces derniers jours.
Ce qu'il fit alors que Mary s'évertua à préparer un bain fumant pour son beau prince. Il se baigna seul, sans aide autre que pour entrer dans l'eau et en ressortir. La domestique n'était jamais loin.
Le soir-même, tandis qu'une fête autour d'un immense feu de joie battait son plein pour célébrer la fin de l'épidémie, Mary préparait une soupe de légumes et de poulet, l'air songeur au-dessus de la marmite. Le feu la faisait transpirer et la chaleur étouffante suffisait à elle seule à la faire haleter.
Revenir des enfers pour voir celle qu'on aime, c'est le plus beau des sentiments.
Elle fronça les sourcils en jurant entre ses dents. Les propos de Douglas n'avaient eu de cesse de la torturer. Elle y avait pensé toute la journée. Elle avait d'abord cru qu'il parlait de Franny avant de la voir sauter au cou de son mari. Mais dans ce cas, de qui parlait-il ? Qui aimait-il ? L'angoisse de le perdre, un maigre espoir et la fatigue la firent légèrement saigner du nez.
Elle réfléchissait beaucoup trop et cela la rendait complètement folle.
D'un pas hésitant, elle s'approcha du bel Adonis qui était assis à table et semblait être plongé dans les notes de Logan. Debout derrière lui, elle se pencha pour enlacer son cou. "Monseigneur..." souffla-t-elle en frottant son nez contre son cou. Il se raidit imperceptiblement. La voix de la jeune femme trembla lorsqu'elle osa finalement lui demander. "Si vous êtes revenu des enfers pour voir celle que vous aimez... Qui est-elle ?" Son étreinte se resserra fébrilement, égoïstement même, autour de lui. "Nous sommes amis, n'est-ce pas ?" murmura-t-elle, confuse. Son visage trouva refuge entre son cou et sa clavicule pour dissimuler l'incompréhension de son regard. "De grâce, répondez-moi. Il faut que je sache."
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Clionestra
Sam 10 Aoû - 20:52
Douglas Berrygreen
J'ai 18 ans et je vis à Londres, Grande-Bretagne. Dans la vie, je suis étudiant en médecine et je m'en sors bien. Sinon, grâce à ma chance, je suis tombé sur un ange et j'attend qu'elle me fasse tomber amoureux d'elle.
→ Dernier fils du duc de Berrygreen. → Il est jovial, charismatique, marrant et enthousiasme. Ainsi qu’un peu enfantin. → Il a peur de son père et ne supporte pas la violence qui le renvoie à l’époque où il a vue son frère se faire frapper. → Il a une peur du sang → Pourtant, il aimerait être médecin, spécialisé dans l’accouchement et les saignements des femmes. → Sa nourrice est comme sa mère. Il considère les filles de cette femme comme ses soeurs (Daisy 11 ans, et Lily 5 ans) → Il aime tous les sports non violent. Comme la natation et l'escalade.
Douglas avait laissé le temps couler. Il n’avait pas eu de réponse de la jeune femme… pourtant, elle avait bien dit continuer de l’aimer, non ? Est-ce qu’il avait pu se fourvoyer totalement ? Malgré la fête qui faisait rage à proximité, il n’avait aucune envie de les rejoindre. Il voulait… Il voulait rester avec Mary. Profiter de la dernière fois où ils seront ensemble ? Ne pas savoir le dérange, mais il ne pouvait pas s’en occuper tout de suite. Parce qu’elle avait toutes les cartes en main, elle avait toutes les données… et maintenant, il n’avait plus qu’à abdiquer.
Il avait perdu. Il n’aurait jamais dû lui demander de la faire tomber amoureux de lui… parce qu’elle n’avait pas réussi. Il n’était pas tombé. Elle s’était glissée dans son cœur avec une douceur incroyable pour que son cœur ne puisse que battre pour elle. L’idée qu’elle aurait pu en mourir, de cette foutue épidémie… voilà pourquoi il était sur la table en train de lire la quantité astronomique de nouvelle. Il y avait là les remarques de Logan, d’Hunter et de Daniel. Et les trois pouvaient attester dans les marques, que la résurrection de Douglas était au départ un mystère, avant de comprendre. L’orange. C’était Mary qui venait de sauver toutes les personnes malades de cette ville. C’était Mary qui l’avait sauvé, lui, en venant avec son orange à mettre partout. Elle avait fait nourrir les gens de la même manière qu’elle le faisait.
Il se rappelle avoir réclamé de l’orange, et les observations de Logan étaient claires : il ne savait pas comment Douglas avait pu comprendre que c’était la vitamine D des oranges qui pourraient les sauver, aussi simple que ça… mais Douglas n’en savait foutrement rien. Lui, ce qu’il avait voulu, c’était Mary. C’était elle l’orange juteuse qu’il avait aimé sucer dans son esprit, boire à la source, mordre, sentir contre lui. C’était elle qu’il réclamait, pas une quelconque solution divine dans son délire. Il ne savait pas s’il devait le dire.
Peut-être que s’il avouait à la jeune femme son implication dans son esprit, et le quiproquo qui en avait été créé, alors elle comprendrait les doux sentiments qui l’animent… Il déteste ne pas être apte à lui faire l’amour, tout de suite. Il l’aimait. Il l’aimait comme un fou et il voulait la faire sienne, définitivement… et ensuite il l’épouserait. Oui. Il allait lui faire l’amour une fois en état, et ensuite leur mariage. Dans l’esprit de Douglas, l’acte de se donner totalement sera équivalent à une demande en mariage, et à son acceptation, alors il n’avait plus aucun doute. Après tout, la jeune femme voulait qu’il lui fasse l’amour, non ?
Mais pour cela, il fallait qu’elle l’aime encore. Ce qui était le cas, apparemment, même si elle ne réagissait pas à ses paroles. Il baragouina dans sa barbe alors que ses yeux papillonnèrent de fatigue. Il devait comprendre tout ça, et faire part de ses explications à ce cher Logan qui avait dû devenir fou face à cet étrange revirement de situation. Un village sauvé parce qu’un fou d’amour avec une forte fièvre réclamer de manger la femme dont il était éperdument amoureux. Cela devait se savoir. Il voulait que tout le monde sache que Mary Bennett était la sauveuse de ce village, mais aussi de la région… parce que Daniel avait bien expliqué que les secousses avaient dû fragiliser des plaques dans le sol et risquait de se répercuter sur d’autres lacs. Il fallait maintenant trouver une solution contre ça, mais Douglas, et Logan, laisseraient ce travail au géologue et autres homologues. Alors qu’il allait parler, il sentit Mary venir contre lui. Enfin, fit une petite voix qui le réveilla totalement.
- Douglas, le réprimanda-t-il doucement quand elle l’appelle encore « Monseigneur ».
Il n’avait jamais aimé qu’on l’affuble de ce nom pompeux. Il préférait le simple « Douglas » ou même « Doudou », ou même « petit singe », tant qu’on ne l’appelle pas « Milord » « Seigneur » ou autre… encore moins elle, qui était la femme de sa vie. Il prit ses bras sans ses mains et en caressa la peau. Elle était chaude à force de faire trop de chose. Mais bientôt, si elle l’aime encore, elle n’aura plus besoin de transpirer. Plus jamais. Sauf pour faire leur bébé… Il la sent, contre lui, et il attend la suite. Il essaie de la rassurer avant qu’elle ne pose la question la plus… absurde de l’univers. « Qui est-elle ? ». Il la laisse prendre du courage dans leur étreinte avant de se tourner vers elle lentement. Il caresse sa joue et remonte des cheveux derrière ses oreilles. Il n’avait jamais aimé sa coiffe qui cache ses cheveux. Il l’enlève, la renvoie au loin.
- Oui, nous sommes amis, fit-il doucement en plongeant ses doigts dans ses cheveux pour les démêler, mais sans la lâcher. Et nous sommes amants… et nous sommes amoureux.
Il approche ses lèvres tendrement des siennes. Il l’embrasse, passe les lèvres sur la bouche de la jeune femme, attends un aval pour pouvoir prendre possession d’elle. Il se tourne complètement, avec la chaise et la fait s’asseoir sur lui. Il rit contre leur lèvre.
- Mary Bennet… C’est elle la femme que j’aime. Elle pour qui j’ai tenu même enfer. Elle qui, alors même que je ne le méritait pas, continua de m’aimer. Elle qui a eu la patience de m’aimer, quand je n’étais qu’incapable de savoir ce que cela pouvait signifier. Mary, tout ce que tu m’as dis sur l’amour… ça corresponds à ce que je ressens pour toi. Plus que ça, alors même que je savais mourir, tu étais la seule que je voulais voir, une dernière fois. Tu étais l’image que je voulais dans mes rétines pour mon dernier soupir, la femme que je voulais dans mes bras. Je compte te caresser, ma princesse, te caresser tellement que je pourrais en sculpter ton corps les yeux fermés, et même alors, je continuerais de vouloir apprendre tes contours. Je pourrais noter les données chromatiques de tes yeux de tête, et vouloir continuer à m’y perdre.
Il la retient et vient cacher sa tête dans son cou aussi… là, il savait exactement où il était. Il lui avait fait un suçon, jadis, une marque pour prouver qu’elle ne rêvait pas. Alors, de la même manière, il poussa le tissu pour attraper la peau et il se mit à sucer l’épiderme avec une délectation nouvelle. Parce qu’il était en vie, il le pouvait. Il suça alors que sa main retenait la jeune femme. Quand il lâcha sa peau, il retrouva ses lèvres, caressa sa joue et essuya les larmes (//S'il y a).
J'ai 22 ans ans et je vis à Londres, Angleterre. Dans la vie, je suis une domestique et je m'en sors bien. Sinon, grâce à ma chance, je suis célibataire et j'ai bon espoir de vivre une idylle avec mon prince. - Elle est au service de la famille Portman depuis sa plus tendre enfance - Elle a grandi avec sa maitresse, Elizabeth, et elles ont toujours été très proches - Elle aime coudre et tricoter pour se détendre - Elle n'a aucune expérience en amour - Elle ne sait pas bien lire, ni écrire - Elle est amoureuse de Douglas Berrygreen, et donnerait tout pour qu'il la regarde
Mary avait eu peur de la réponse de Douglas.
Non, peur n'était pas un mot assez fort.
Elle l'avait redouté, à vrai dire.
Cette simple phrase qu'il avait murmurée dans la nuit avait suffi à faire chavirer son cœur. Elle avait eu si peur à l'idée que ses maigres espoirs ne se brisent une nouvelle fois qu'elle n'avait pas pu se résoudre à lui poser la question plus tôt. Mais le besoin de savoir de la jeune femme avait été plus fort que tout, bien plus fort que ses peurs et ses angoisses les plus primaires. Un instant, Mary s'était imaginé une romance digne des plus grands romans romantiques. Le beau prince, médecin, arrivant dans un village au bord de la ruine pour y apporter son aide. Et là, une magnifique jeune femme, ardente et bien vivante, chamboulant le cœur du noble comme personne ne l'avait jamais fait auparavant. Leur romance se développerait au fil des chapitres, face à des épreuves difficiles, du sang, de la sueur et des pertes humaines. Un peu comme... Non. Mary se refusait à terminer sa phrase. L'imagination débordante de la domestique ne l'aidait pas à réfléchir de manière sensée. Il lui fallait calmer ses pauvres nerfs malmenés. Ainsi, elle fit l'une des choses qu'elle savait faire le mieux : le ménage et la cuisine.
Après une journée entière passée à assainir l'air stagnant de la tente, à l'aide d'encens à base d'agrumes, suivi d'un bon coup de propre, Mary s'attela à préparer un repas léger pour Douglas, car il était encore trop faible pour ingérer des aliments solides.
Revenir des enfers pour voir celle qu'on aime, c'est le plus beau des sentiments.
Du moins, c'était ce que la petite fée avait prévu avant que son esprit ne recommence à la torturer en boucle avec la phrase du bel Adonis. Elle avait besoin de savoir. Elle avait la sensation qu'elle ne trouverait plus le sommeil avant d'obtenir une réponse à sa question. Pire, elle se sentait incapable de se concentrer dans son travail tant qu'elle n'avait pas eu de réponse.
Il fallait qu'elle sache.
Elle avait besoin de savoir.
Ainsi, Mary s'était glissée derrière Douglas pour l'enlacer en silence. Du moins, au début, juste avant de lui poser la question qui lui brûlait les lèvres. Douglas. Douglas.Douglas. Mary sourit contre la peau du bel Adonis. Elle ne voyait pas de mal à l'appeler monseigneur, car c'était la pure vérité.
Il était son Seigneur.
Le maitre de son cœur.
Il la caressa avec une douceur qui la fit frissonner. Quand il se tourna légèrement pour la regarder, elle eut le souffle coupé. Cet homme était une œuvre de Dieu lui-même. Son visage avait été sculpté dans le plus pur des granites. Un homme aussi splendide, alors même qu'il avait passé presque 10 jours alité, était insensé. Il était encore à l'article de la mort hier ! Non, il n'en était que plus beau ! Il semblait tel un phénix renaissant de ses cendres. Ses caresses remontèrent jusqu'à ce qu'il libère la chevelure de Mary de son entrave. Ses boucles rousses retombèrent en cascade sur les épaules du beau prince, une mèche plus rebelle que les autres, elle, lui chatouilla le nez.
Amis. Amants. Amoureux. Une seule larme coula le long de la joue de la petite fée tandis que Douglas l'attirait sur ses genoux pour prendre possession de ses lèvres. Elle hoqueta contre sa bouche, le souffle court, presque entièrement coupé par ces quelques mots. Le rire de Douglas lui réchauffa les entrailles. Ce son suffisait à faire vibrer son être et à la prendre aux tripes.
Sa déclaration arracha des soupirs pantelants à Mary, qui peinait à reprendre son souffle tant sa gorge se serrait. Elle secouait la tête en se tenant la poitrine. Son cœur, de plus en plus lourd, semblait sur le point d'exploser. Elle n'était pas habituée à être aussi heureuse. C'était dangereux, bien trop dangereux. Était-elle seulement autorisée à se sentir aussi bien ? En avait-elle le droit ? Douglas descendit ses lèvres dans le cou de sa petite fée, lui arrachant une plainte fébrile. Il ne fallait pas qu'elle arrête de penser. Pas maintenant. Elle se raidit en sentant son souffle contre sa peau. Son corps trembla lorsqu'il emprisonna sa peau entre ses lèvres pour l'aspirer. Ce contact lui arracha un gémissement, la faisant se cambrer contre lui. Elle parvint à articuler entre deux gémissements. "Cette Mary Bennett est certainement la femme la plus chanceuse du monde pour qu'un homme aussi extraordinaire que vous soit amoureux d'elle..." souffla-t-elle entre ses mâchoires serrées. Elle riait et pleurait en même temps, submergée par des émotions qui l'ébranlaient. "Douglas, je-" Au creux de son cou, une ecchymose rougeâtre commençait déjà à se former. La petite fée se tut un instant. Elle chercha ses mots, mais elle se sentait incapable d'autant d'éloquence que son aimé.
Mary Bennett, je t'aime. M'aimes-tu toujours ?
"Oui !" murmura-t-elle contre ses lèvres en attirant son visage à elle. "Je n'ai jamais cessé de vous aimer." confia-t-elle en baisant ses lèvres une première fois. "Je vous ai aimé hier." Elle l'embrassa une seconde fois, un peu plus intimement. "Je vous aime aujourd'hui." Il y eut un troisième baiser. Sa langue passa sur sa bouche un bref instant, mais Mary refusa d'approfondir leur baiser. À la place, elle prit la main de Douglas pour la poser contre sa poitrine — à l'endroit exact là où battait son cœur. "Et je vous aimerai davantage demain." conclut-elle avant de pleinement prendre possession des lèvres du bel Adonis.
"Je vous aime." souffla-t-elle entre deux baisers. "Non." La jeune femme secoua la tête avec un sourire avant de se reprendre. "Je t'aime, Douglas. Mon cœur ne bat que pour toi. Tu es mon oxygène. Tu es à la fois une bénédiction et une malédiction. Quand je lève les yeux vers toi, tout mon monde tremble. Tu as transpercé mon âme de tes doux rayons. Je t'offre mon cœur, qui t'appartient encore plus totalement que lorsque tu me l'as volé la première fois à Londres. J'aime tout de toi. J'aime la manière dont tu marches. J'aime la manière dont tes fossettes ressortent lorsque tu ris. J'aime chacun de tes regards. J'aime chacun de tes gestes. Je t'aime à en mourir - complétement et entièrement."
Elle gémit contre sa bouche — de cette caresse si intime que semblait devenir chacun de leurs baisers. "Douglas Berrygreen, je t'aimerai jusqu'à mon dernier soupir. Et même après, quand je rejoindrai les étoiles, je t'aimerai toujours. J'étais prête à mourir pour que tu vives. Je le suis toujours, d'ailleurs." Elle sourit avant d'essuyer ses larmes qui refusaient de s'amoindrir. Non, elle n'arrivait pas à arrêter de pleurer. Son cerveau était encore incapable d'accepter cette nouvelle réalité - pourtant si douce...
Tout ça paraissait bien trop beau pour être vrai.
Douglas était guéri.
Douglas l'aimait.
Ils allaient rentrer à Londres ensemble, main dans la main.
Et ils allaient s'aimer – à tout jamais.
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Clionestra
Dim 11 Aoû - 1:18
Douglas Berrygreen
J'ai 18 ans et je vis à Londres, Grande-Bretagne. Dans la vie, je suis étudiant en médecine et je m'en sors bien. Sinon, grâce à ma chance, je suis tombé sur un ange et j'attend qu'elle me fasse tomber amoureux d'elle.
→ Dernier fils du duc de Berrygreen. → Il est jovial, charismatique, marrant et enthousiasme. Ainsi qu’un peu enfantin. → Il a peur de son père et ne supporte pas la violence qui le renvoie à l’époque où il a vue son frère se faire frapper. → Il a une peur du sang → Pourtant, il aimerait être médecin, spécialisé dans l’accouchement et les saignements des femmes. → Sa nourrice est comme sa mère. Il considère les filles de cette femme comme ses soeurs (Daisy 11 ans, et Lily 5 ans) → Il aime tous les sports non violent. Comme la natation et l'escalade.
Cette proximité n’était pas nouvelle, en théorie. Douglas avait terriblement conscience qu’il avait eu des contacts intimes plus proches encore que celui de maintenant… surtout en termes de centimètre de distance. Pourtant, alors qu’elle se laisse aller dans ses bras, acceptant la marque intime qu’il était en train de lui imposer sur sa peau, il savait qu’il n’avait jamais été aussi proche d’elle. Leur cœur, dont il pouvait sentir le pouls sous sa langue et ses lèvres, était au diapason avec le sien. Ils vibraient en même temps, de ce tambour assourdissant mais pourtant vital. Ils avaient le rythme de la vérité, l’harmonie de l’union, la symphonie du destin qui atteint son apothéose dans la vérité qui se dévoile enfin.
Elle était la lumière cachée derrière l’éclipse. Il y avait une planète de noirceur et d’incertitude pour la voir, pour comprendre ce qu’il se cache derrière. Il y avait eu le néant et elle l’avait comblé d’un amour si pur que la lumière avait finit par apparaître, malgré la distance avec la Terre ou son obstacle qui en caché la lueur. Elle était la femme la plus incroyable du monde. Il l’avait vue. Ce premier jour. Elle était arrivé pour aider sa maîtresse, elle avait le visage de l’amitié et de la tendresse, un regard qu’elle posait sur Elizabeth et dont Douglas avait senti la profondeur. Et ce jour là, il avait eu envie d’être ainsi regardé. Il savait qu’il y avait plus d’espion dans leur demeure de Londres que de personnes loyales. Ils ne pouvaient rien y faire, pris dans les lierres étouffantes de son père.
Et elle, elle était là. Rousse et droite. Amicale et franche. Rafraichissante et incroyablement belle. Elle souriait et n’hésitait jamais à dispenser son aide ou sa bonne humeur comme si c’était naturel pour elle. Comme si elle n’en avait pas réellement besoin. Si Douglas était souvent enjoué, ce n’était pas toujours parce qu’il ressentait de la joie, loin de là. Parfois, il le faisait simplement pour que l’on détourne le regard de ses frères. Son caractère presque hyperactif et à la limite de l’inconscience faisait que l’on remarquait moins le caractère morne voir meurtrier d’Ethan, ou le caractère assez doux pour être manipuler de Benedict. Il ne voulait pas que ses frères soient victimes de quelqu’un qui arriverait à toucher leur cœur… et sa présence toujours dans leur histoire faisait qu’on avait plus de facilité à se souvenir du « petit singe » que des deux ainés. Et le contraste était tel que l’on ne se demandait pas pourquoi les deux grands étaient si « silencieux et vides » mais pourquoi le plus jeune semblait toujours avoir besoin de parler et de compagnie.
Sauf quand il était avec elle.
Dès qu’il l’avait vue, il voulait que Mary le regarde pour qui il était, pour lui-même. Il s’était montré gentil et courtois, mais il ne le faisait plus pour avoir une comparaison avec ses frères, simplement pour être le destinataire d’un sourire. Ce qu’elle fit. Plusieurs fois. Elle étira ses lèvres et elle lui laissa un visage radieux, comme si elle était heureuse de le voir, réellement. Jusqu’à cette annonce qui lui avait brisé le cœur et rendu la vue à la fois. Il voulait l’aimer, comme elle l’aime, parce qu’elle était seule capable cette prouesse. Il n’avait aucune doute la dessus. Personne ne pouvait l’aimer comme elle. Et personne n’était aussi pur que ce qu’elle pouvait l’être. Il lâcha sa peau. Il était l’homme le plus chanceux du monde. Il n’était extraordinaire que pour qu’elle le remarque, le voit. Pour lui, toutes les choses qu’il faisait en tant que médecin ne comptaient pas réellement. Il aidait parce qu’il le pouvait, mais il n’était pas comme elle. Il ne serait jamais aussi bien qu’elle. Cette femme qui n’avait pas hésité un instant à prendre la route pour une ville contaminée par la maladie, et qui l’avait sauvé. Simplement sa présence avait suffit. C’était elle qui avait permis sa guérison. Il sourit. Il souriait à chaque baiser qu’elle lui accorda… et il le su quand elle se pencha pour lui promettre son amour éternel, il continuera de sourire à chaque baiser qu’elle lui prodiguera à l’avenir… il était impossible qu’il en soit autrement.
Et cela, même si une petite voix la disputa de son utilisation encore du « vous » qui l’agaçait prodigieusement, mais il aurait le temps dans sa dispute qu’il allait lui faire, il pensa même un instant à la fessée comme disait Brodie, en sachant qu’il parlait d’une pratique sexuelle, avant de se rappeler que le Douglas qu’elle aime n’était pas violent. Elle n’aimerait pas le Douglas qui avait eu besoin de se battre pour prouver pouvoir le faire sans même en ressentir de la gêne. Il caresse la zone où le cœur palpite. C’était son cœur, désormais. Elle était sienne. Elle ne pourrait plus jamais changé d’avis, le savait-elle ? Il décida que ça, en revanche, il pourrait ne jamais lui dire. Quand elle décida de passer au tutoiement, un sourire si clair, si complet, si parfaitement heureux apparu sur son visage qu’elle pouvait comprendre sans la moindre parole que ça lui faisait plaisir. Elle continua de l’embrasser et il aimait ce qu’elle lui disait.
Cependant…
Il stoppa leur baiser et posa une main entre eux. Il la regarda dans les yeux, bloquant leur étreinte par la même occasion. Il avait mis une main derrière elle, dans son dos, pour la tenir contre lui, et l’autre entre leur visage, bien qu’il prenne le visage de la jeune femme entre ses doigts.
- Nous en reparlerons plus tard de ça. Mais sache que je refuse que tu refasses une chose aussi dangereuse. Mon amour, mon tendre amour, je suis un homme qui ne pourrais survivre de te savoir en danger. Si tu viens à mourir, je ne le supporterais pas. Mais si je viens à mourir, alors j’aurais besoin de toi, de ton cœur si pur. J’aurais besoin que tu rappelles à ma sœur que je l’aime, malgré qu’elle soit loin, que tu soutiennes mes frères qui n’avoueront jamais leur malheur, que tu soutiennes Wanda, même si tu as encore des idées stupides dans la tête entre elle et moi. Mon amour…. Promet moi de ne plus te mettre en danger, je t’en supplie.
Il l’embrasse doucement en faisant durer le baiser. Il sait qu’il n’aura pas cette promesse, mais en scellant leurs lèvres, il scelle lui la promesse de la protéger. Qu’importe la personne. Une image de son père apparait devant lui. Oui. Même s’il n’avait jamais su tenir dans la même pièce que son géniteur sans avoir un goût de vomi dans la bouche, il savait pouvoir défendre Mary, même de lui.
- Nous en reparlerons, fit-il sans lui laisser répondre sur la promesse qu’il n’attendait pas de suite, avant il faut que je te dise quelque chose… C’est important.
Il prit le papier et lui tendit, il lui montra des graphiques et des notes très clairement mal écrite par un Logan au bord de la mort par fatigue. Douglas savait traduire par habitude.
- Ce document prouve, mon amour, que malgré mon interdiction de venir… tu as bien fait de venir. Et je t'en remercierais jamais assez. Tu as sauvé tout le monde, Mary. Ta venue a permis de sauver tout le monde. L’orange que tu as mis dans l’air, dans l’eau, dans la nourriture, c’était ce qu’il me fallait pour survivre.
Il l’embrassa quand elle fait mine de parler, il ne voulait pas être contre dit.
- Je ne demandais rien du tout, moi-même. Pendant tout ce temps, celle que je voulais c’était toi. J’ai compris t’aimer alors que je répondais à ta seconde lettre. J’ai compris être amoureux et ne pas pouvoir vivre sans toi. Et quand je suis tombée malade, je ne pensais qu’à toi, à te dire mes sentiments… et quand tu es apparu, tu es devenu mon fruit défendu, mon orange à moi, il se mit à lui embrasser le cou pour remonter vers ses oreilles, et c’est toi qui a mis le fruit. Tu nous as tous sauvé quand moi je ne pensais qu’à t’avaler tout cru pour te garder égoïstement avec moi.
Il rit, tranquillement, doucement, avant de la pousser à peine, juste à peine pour la faire se lever et qu’il se lève avec lui. Il laisse toutes les affaires en plan, il s’en fou. Il se jette dans le lit et rigole alors qu’il l’avait embarqué avec lui.
- Mary. Je t’aime. Je t’aime. Je t’aime, et il avait ponctué sa trentaine, -parce que je l’ai pas écrit autant de fois- de déclaration par un baiser, sur son nez, sur ses cils, sur ses paupières, sur ses pommettes, sur son visage et même plus bas dans son cou dont la marque se trouver, triomphe de son combat.
Il avait tout gagné. Il avait eu le trésor le plus inestimable qu’il soit. Il était amoureux d’une femme incroyable, et chose surprenante, elle l’aimait en retour.
J'ai 22 ans ans et je vis à Londres, Angleterre. Dans la vie, je suis une domestique et je m'en sors bien. Sinon, grâce à ma chance, je suis l'amoureuse de mon beau prince. - Elle est au service de la famille Portman depuis sa plus tendre enfance - Elle a grandi avec sa maitresse, Elizabeth, et elles ont toujours été très proches - Elle aime coudre et tricoter pour se détendre - Elle n'a aucune expérience en amour - Elle ne sait pas bien lire, ni écrire - Elle est amoureuse de Douglas Berrygreen, et donnerait tout pour qu'il la regarde
Mary se sentait flotter. Là, emprisonnée au creux des bras de Douglas, la petite fée avait l'impression qu'elle pourrait mourir de bonheur. L'idée de rendre son dernier soupir, dans un moment aussi parfait, ne la dérangeait absolument pas. Il n'y aurait pas eu une once de souffrance. Ses yeux se seraient fermés pour ne plus jamais s'ouvrir et elle se serait éteinte contre lui, satisfaite d'avoir pu l'entendre lui déclarer son amour.
Pour autant, la jeune fille était bien vivante. Son cœur palpitait dans sa poitrine qui, elle, se soulevait à un rythme effréné. Sa respiration saccadée se répercutait en écho contre le tissu de la tente. Au loin, l'odeur de la soupe ronflante sur le feu embaumait l'espace confiné. Au-dehors, des gens dansaient et célébraient la vie en harmonie avec le son d'instruments de fortune.
Oui, c'était indéniable. Mary était en vie. Douglas l'était, lui aussi, tout autant. Cette pensée fit déborder son cœur d'amour et la petite fée ne put résister à l'envie d'embrasser son aimé. Son aimé. Avait-elle réellement le droit de le considérer ainsi ? Lui appartenait-il ? Mary, elle, savait appartenir à Douglas depuis toujours... Mais qu'en était-il de lui ? Ses lèvres caressèrent les siennes après même qu'elle ait décidé de rompre leur baiser. Douglas lui avait volé son cœur d'un simple sourire. Il l'avait enfermé dans un coffre pour le conserver jalousement à l'abri des regards. Ce sourire, qui avait évincé tous les autres, était devenu la seule chose que Mary voulait voir jusqu'à la fin de ses jours. Elle n'avait jamais aimé un homme avant lui, et elle n'en aimerait jamais un autre. Auparavant, son monde ne tournait qu'autour d'Elizabeth et de son travail de domestique. Et puis, il était arrivé. Charmant, souriant, serviable... Il l'avait charmé. Il l'avait fait rire. Il s'était soucié de son bien-être... Ils avaient ri. Ils s'étaient amusés, en secret, à s'asperger d'eau alors même que Mary était de corvée de linge sale dans la laverie. Souvent, la petite fée l'avait écouté parler de son travail. Elle se souvenait même du nom de certaines patientes qui semblaient avoir marqué Douglas par la complexité de leur cas. Lorsqu'il paraissait au plus bas, la jeune femme l'accueillait toujours dans l'arrière-cuisine. Là, elle lui préparait un chocolat chaud avant de lui servir des pâtisseries tout juste sorties du four. C'était ainsi, d'ailleurs, qu'elle avait retenu que la tarte au citron meringué était son péché mignon. Ce timing absolument parfait donnait l'impression que la jeune femme l'attendait, comme si elle avait senti son malaise et s'était affairée à tout faire pour lui rendre le sourire. Ce qui était vrai. Elle ne savait pas l'expliquer, mais elle le sentait quand il n'allait pas bien.
La petite fée, ardente, fit la moue alors même que le prince la privait d'un nouveau baiser. Ses yeux, voilés par la confusion, cherchèrent les siens. Un soupir d'extase lui échappa pendant qu'elle frottait lentement sa joue contre ses doigts. Elle avait besoin de contact avec lui. Elle en avait été privée si longtemps. Lorsque Douglas se mit à lui faire la leçon, qui n'était pas une leçon de danse — au plus grand regret de Mary, la petite fée accentua une moue déjà boudeuse. Mon amour. Mon tendre amour. La jeune femme s'empourpra. Elle essaya de dissimuler son visage dans le cou de Douglas, mais il l'en empêcha avec un sourire taquin. Alors, elle rougit davantage avant d'avoir l'air franchement en colère en entendant un nom qu'elle détestait. Wanda. Elle leva les yeux au ciel et croisa les bras sur sa poitrine pour exprimer son désaccord. Mary ouvrit la bouche pour répondre, mais Douglas la devança d'un baiser.
Elle rit contre ses lèvres. Elle rit à l'idée qu'il serait furieux de savoir qu'elle recommencerait à braver trois jours de chevauchée aride avec Hunter Wood pour le retrouver. Avec ou sans Hunter, d'ailleurs, elle aurait trouvé le moyen d'arriver jusqu'à lui. Si Douglas ne pouvait survivre de la savoir en danger, alors, il devait parfaitement comprendre pourquoi Mary était face à lui aujourd'hui. Elle n'aurait jamais pu le laisser mourir seul, ici. Jamais. Elle était prête à mourir avec lui. Elle était prête à mourir pour lui. N'importe quoi — pour peu qu'il vive. Douglas, d'ailleurs, semblait sous-estimer l'amour que lui portait Mary s'il s'imaginait qu'elle pourrait continuer à vivre sans lui. Elle n'aurait pas été en état de soutenir qui que ce soit. Quant à Wanda... Elle n'avait pas envie de l'aider. De plus, elle n'avait clairement pas les fonds nécessaires pour empêcher Wanda de retourner faire le trottoir. Tout au plus, elle pourrait demander à Elizabeth de l'engager comme domestique pour la sauver de la perversité des hommes londoniens... Mais cette idée n'enchantait pas du tout la petite fée. Fort heureusement pour eux tous, cela n'arriverait jamais.
Mary pencha la tête sur le côté alors qu'elle observait Douglas attrapait un tas de papiers trônant au milieu de la table. Ses yeux parcoururent brièvement les notes avant qu'elle ne secoue la tête, l'air désolé. Elle était incapable de déchiffrer et de comprendre tout ça aussi vite que lui. Il le comprit.
Tu as sauvé tout le monde, Mary.
La petite fée écarquilla les yeux, les joues rosées et l'air affreusement gêné. Elle essaya de se reculer, mais la main de Douglas la retint contre lui. Alors, elle geint en posant les doigts sur sa bouche pour le faire taire, mais il ne cessa pas ses explications. Un nouveau baiser volé lui arracha une plainte et sa résolution de s'éloigner pour ne plus l'entendre la complimenter sembla fondre comme neige au soleil. Les lèvres du bel Adonis descendirent dans son cou, faisant naître un délicieux frisson descendant jusqu'au creux de ses reins.
Tu nous as tous sauvé quand moi je pensais qu'à t'avaler tout cru pour te garder égoïstement avec moi.
"Douglas-" La jolie rousse eut à peine le temps de comprendre ce qu'il se passait quand le bel Adonis se releva. L'instant d'après, elle se retrouva dans le lit avec lui. "Est-ce que je peux enfin te répondre, à la fin ?" s'agaça-t-elle en riant. Doucement, elle plaqua le jeune homme contre le lit, les sourcils froncés et une moue boudeuse sur le visage. "Je ne suis pas aussi noble de cœur que vous paraissez le croire, mon beau prince. Je ne suis venue ici que pour te rejoindre, toi. Certes, j'ai aidé Logan avec ses patients, mais c'était uniquement pour ne pas devenir folle en attendant ton réveil. Crois-moi, à chaque fois que tu étais lucide, je me précipitais à ton chevet sans un regard pour les autres." Elle rit en embrassant le coin de ses lèvres. "Je suis ravie que les oranges aient pu aider autant de gens. Je suis ravie qu'ils soient tous hors de danger, et j'aurais aimé arriver plus tôt pour en sauver davantage... Mais je ne les ai intégré dans les remèdes que j'avais en ma possession uniquement parce que tu me l'as demandé..." Son nez effleura les pommettes de Douglas avec tendresse. "Dans un sens, tu es celui qui a sauvé tout le monde." Ses lèvres caressèrent le lobe de son oreille. "Si tu n'avais pas voulu m'avaler tout cru pour me garder auprès de toi, rien de tout cela ne serait arrivé." Leurs rires se répercutèrent dans la tente avant que Mary ne se blottisse contre Douglas, les paupières lourdes de sommeil... Son beau prince, lui, préféra lui déclarer sa flamme une grande partie de la nuit... avant que Mary ne lui réponde avec la même ardeur en le couvrant de baisers et de caresses chastes.
-
Durant la quarantaine imposée de Douglas, il y eut des hauts et des bas. Certains jours, au début, le pauvre homme était si faible qu'il devait garder le lit. Mary y veillait de manière stricte et aucune entorse à la règle n'était tolérée. Oh, Douglas avait essayé d'y échapper en la charmant avec des baisers, et la jeune femme ne l'avait jamais repoussé, au contraire, mais elle avait refusé d'arrêter de penser.
Douglas demeura alité sous l'œil impitoyable de sa douce. Bien qu'ils soient amoureux — ça, Mary l'avait bien compris, elle s'imaginait toujours être au service d'Elizabeth Berrygreen et donc, par extension, de Douglas lui-même. Alors, elle s'occupa de lui comme une épouse le ferait, mais avec l'impression de faire son travail de domestique plutôt que d'avoir l'audace de se considérer comme l'égal de la perfection incarnée. Quand Douglas se sentait suffisamment bien, ils prenaient leur bain ensemble. Auquel cas, Mary le lavait elle-même. Elle continua de le raser et de couper les mèches trop longues. La jolie rousse s'attelait aussi à la préparation de leurs repas. Elle l'aida à se nourrir la première fois où elle réintégra des aliments solides à son alimentation. Cette douce torture ne dura qu'un temps.
Douglas, grâce aux soins et à l'amour de sa douce, reprenait du poil de la bête progressivement. Tous les jours, ils recevaient la visite de Logan. Une première fois, tôt dans la matinée et une deuxième fois, tard dans la soirée. Il auscultait le jeune homme avec un visage bien plus reposé et serein que lorsque Mary était arrivée et cela la rassura. Douglas parut en être ravi lui aussi. La jeune femme pouvait sentir le lien qui unissait les deux hommes. Ils s'aimaient comme des frères.
Parfois, la nuit, les choses dérapaient un peu... Cela commençait par de douces caresses, suivies de baisers chastes qui se transformaient peu à peu en une danse plus sensuelle. Douglas avait été très clair avec son amoureuse. Oh, ils allaient danser, mais une fois qu'il serait entièrement remis. Plus tard, ma petite fée, lui avait-il murmuré. "Tu ne peux pas m'avaler tout cru pour le moment, Douglas, mais rien ne m'en empêche, moi..." avait-elle rétorqué avec un sourire taquin avant de descendre entre ses cuisses pour le vénérer de sa bouche.
Mary Bennet n'était pas un ange.
-
Mademoiselle,
J'espère que vous vous portez bien.
Ici, l'ensemble du campement est désormais tiré d'affaire. La zone de quarantaine va bientôt être levée et nous allons pouvoir nous mettre en route pour Londres.
Lord Alistor a quitté le camp avant nous, car il semblerait qu'une réunion des plus importantes avec ses confrères doit prochainement avoir lieu. Sa présence étant requise, il s'est hâté de rentrer.
M. Wood est resté pour observer la faune et la flore locale. Il semble ravi de ses découvertes et quelque peu déçu qu'il nous faille bientôt lever le camp.
M. Lockwood, lui, n'a jamais cessé de s'occuper des autres. Je pense qu'il s'est oublié lui-même avec tout ça. Aussi, j'ai été obligé de le gronder avant de le forcer à prendre un peu de repos amplement mérité.
Puisque Douglas va mieux, nous avons pris la relève afin de permettre à messire Lockwood de dormir plus de 3 heures d'affilée. Figurez-vous qu'il ne s'est réveillé que 24 heures plus tard !
Douglas a ri avant de le gronder — lui aussi.
L'entendre rire est la plus belle chose du monde, mademoiselle.
N'ayez crainte, tout le monde va bien.
Nous serons de retour avant la fin de la semaine.
Vous me manquez.
J'ai beaucoup de choses à vous raconter.
PS : Je suis infiniment reconnaissante envers Lord Berrygreen pour m'avoir autorisé à rejoindre son petit frère. Comment pourrais-je jamais le remercier ?
Affectueusement,
Mary
-
Le jour du départ, Mary avait disputé Douglas en le voyant grimper à dos de cheval alors qu'une calèche confortable trônait derrière lui. À l'intérieur, Hunter Wood concoctait de nouveaux baumes tandis que Logan Lockwood mettait de l'ordre dans ses notes. La petite fée, elle, ne comprenait pas pourquoi le jeune homme préférait passer trois jours à cheval plutôt qu'au chaud dans une cabine. "Tu es encore faible ! Ce n'est vraiment pas raisonnable... De grâce, laisse-moi au moins tenir les rennes ?" Douglas avait répondu par un magnifique sourire éblouissant et taquin à la domestique avant de lui tendre la main.
Le cœur de Mary s'arrêta de battre une seconde en l'observant, lui, son beau prince sur le magnifique cheval blanc de Hunter Wood. Cela lui coupa le souffle et l'envie de le gronder davantage. Elle jura en grimpant à sa suite. Lorsqu'elle enveloppa le bel Adonis de ses bras pour s'accrocher à lui, elle sourit.
"Fort bien, tu as gagné. Rentrons à la maison."
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