Et elle souriait en plus!! La vache! Je ne voulais pas “profiter” de la situation et que le lendemain elle me le reproche en plus! Mais elle était juste… magnifique! Mais ce n’était pas elle, ce n’était la Taylor que je connaissais et même si je lui dis elle semblait bien s’en foutre. Ok l’alcool enlevait les inhibitions mais à ce point? Et rebelote le Philou sur le ton taquin, que je ne corrigeais même pas finissant par répondre à son baiser également. Les mêmes émotions vives, enivrantes remontèrent en moi. Mon cœur palpitait dans ma poitrine, mes mains voulaient glisser sur sa peau délicate mais j’arrêtais tout. Lucidité oblige et encore une fois, je ne voulais pas qu’elle me le reproche le matin venu. Je bafouillais, je tentais de faire appel à sa raison qui semblait noyé dans un bon bassin de vin. En gros j’étais la tête bien pensante en ce moment. Même son “Tais-toi” me prit de court et je ne trouvais rien à répondre.

Je retournai à ses lèvres, les pressant sur les siennes témoignant de mon envie. J’eus même le temps de lui dire que si elle changeait d’idée elle m’arrêtait quand elle voulait. Je fermai les yeux quand elle chuchota à mon oreille, je frissonnais quand ses doigts défirent ma chemise. Rapidement je me débarassai de mon manteau en le laissant choir au sol. Si je voulais lui faire l’amour… Mais tellement! Pas la baiser, pas la foutre dans son lit et juste sauter dessus. Lui faire l’amour, la découvrir, la sentir et… bien faire l’amour quoi! Je me laissai entraîner dans sa chambre ou là j'eus tout le loisir de glisser mes mains sur elle, m’imprégner de son parfum. Frissonner à ses caresses, perdre le souffle à son audace. Malgré l’envie qui était pressante, urgente même, elle fit attention, comme moi-même d’ailleurs. Fichu blessure de merde! Malgré tout, l’apothéose fut simplement… Magique! Elle était magnifique! Une déesse parfaite à la peau dorée. Terminant le tout dans une explosion parfaite, elle s’allongea à mes côtés pendant que je tentais - je dis tentais - de reprendre mon souffle. Je tournai la tête vers elle quand elle me posa la question et lui sourit doucement.

- Non je ne regrette pas. dis-je en souriant doucement.

Je m’étirais pour aller prendre ses lèvres doucement, mes doigts glissant dans ses cheveux. Je n’avais pas mangé mais étrangement, je n’avais pas faim. Je me contentais de fouiller son regard qui était un peu plus vert que d’habitude et sourire doucement. J’allais prendre sa main et la portai à mes lèvres en embrassant chacun de ses doigts. Je lui ouvrir mes bras pour qu’elle vienne s’y loger et je les refermai sur elle.

- Toi tu regrettes?

Pitié ne me dit pas oui… Là je vais me sentir minable! Mes bras refermer autour de son petit corps chaud, je le caressai des doigts et si elle me plaisait, je savais maintenant que c’était plus que ça. J’embrassai son front tendrement en soupirant de bien-être. C’était quand la dernière fois où je m’étais senti comme ça? Tellement longtemps que je ne m’en rappelais plus.

Il affirmait ne rien regretter et pourtant je me doutais que ce moment vivrait, un jour ou l'autre, d'un instant à l'autre. Je me sentais parfaitement bien, même après ça… Et malgré tout, je ne pouvais m'empêcher de redouter le moment où il réaliserait que c'était une erreur. J'en étais intimement persuadée, trop habituée à voir ma vie passer de catastrophes en catastrophes… Je ne pouvais imaginer qu'il puisse en être autrement cette fois.

– Non… Je ne regrette pas non plus, affirmais-je en souriant parce que je ne voulais pas qu'il puisse apercevoir le trouble qui régnait en moi.

Il semblait aller bien… Même plus que ça. Il m'embrassait encore en me ramenant contre lui.. Il ne me repoussait pas, non. C'était même tout le contraire… Il restait près de moi même après avoir obtenu ce qu'il attendait de moi. C'était bien ce qu'il sous-entendait par "attirance", n'est-ce pas ? Je me sentais si bien près de lui que cela me surprit énormément…

– Et maintenant ? On devient quoi ? lui demandais-je en relevant doucement la tête pour plonger mon regard dans le sien. Est-ce que tu vas partir ? Ou bien rester ?

Je n'osais lui dire que je voulais qu'il reste avec moi… Ne serait-ce qu'un tout petit peu. Je ne me sentais pas vraiment légitime, pas après avoir provoqué tout ça… Mince, je lui ai carrément sauté dessus…

J'avais beau ne rien regretter, cela ne m'empêcha pas de me sentir honteuse. Et s'il imaginait que j'étais une salope après ça ? Personne ne pourrait lui en vouloir vu mon comportement de tout à l'heure… Et merde… merde… merde et encore merde.

Je ne regrettais pas, j’étais même bien. Bon quelque part j’avais l’impression que j’avais profité de la situation. Quand je lui posai la question si elle regrettais je retenais presque mon souffle et répondit à son sourire soulagée qu’elle ne regrette pas. Je retournai l’embrasser, la ramenant contre moi et refermant mes bras autour d’elle. J’étais bien, détendu même. Ça faisait un bien de malade de se sentir ainsi que je continuais de me vautrer dans ce bien-être. Moment de plénitude qui fut coupé abruptement alors que mon regard fouillait le sien. Je tentais de comprendre ce qu’elle voulait me dire à travers ses questions, je tentais de voir si je ne trouvais pas une réponse dans ses prunelles qui me captivait. Mettant une mèche derrière son oreille je lui fis un sourire tendre.

- J’aimerais bien rester. Je suis bien, vraiment bien. Mais si tu veux que je partes…

Je ne le voulais pas nécessairement m’en aller. Preuve en est que le bout de mes doigts caressait sa peau encore chaude, mon regard rivé au sien ne voulant pas le lâcher de peur de manquer quelque chose.

- Tu veux qu’on devienne quoi? Parce que moi tu le sais, j’ai été assez franc il me semble. je fis une petite pause, Qu’est-ce qui se passe dans ta tête Taylor? On dirait que tu essaie de me dire quelque chose mais que tu n’ose pas…

Je me plantais peut-être mais je sentais que c’était ça. Autant elle était capable de me dire que j’étais un gros connard autant qu’aussitôt c’était quelque chose qui la touchait elle, ça devenait plus compliqué.

Il avait beau assurer qu'il se sentait bien, qu'il désirait rester, je peinais malgré tout à le croire. Je détestais penser cela. Ces fichues pensées parasites qui bondissaient constamment pour pourrir le plus beau des instants. Pourquoi fallait-il que je réagisse toujours comme ça ? Je doutais, encore et toujours, me persuadant bêtement que rien ne pouvait aller dans le bon sens… Je n'y avais peut-être pas droit après tout. Je ne saurais le dire… En tout cas, une chose était sûre :

– Non… J'aimerais que tu restes, enfin… Si tu le souhaites.

Mais merde ! Il venait de me le dire, qu'il voulait rester… Il n'avait aucun intérêt à mentir maintenant, pas après ce que nous venions de faire. Si la seule chose qui l'intéressait à mon propos était de coucher avec moi, il serait déjà parti ! Foutu cerveau stupide, fiche-moi la paix avec tes doutes complètement foireux !

– Je ne sais pas… soufflais-je contre son torse. Je voulais disparaître, me cacher… mais j'avais la sensation d'être l'éléphant qui se terre dans un trou de souris. C'est plutôt compliqué ce qui se passe dans ma tête, figure-toi, avouais-je malgré tout.

Comment lui expliquer tout ce fouillis que je ne comprenais même pas moi-même ? Enfin, si… Mes charmants psy m'avaient déjà expliqué la chose même si, bah non, je ne pouvais toujours pas saisir le fond du truc.

– J'ai juste du mal à accepter que les choses puissent bien se passer. C'est pas que je ne le veux pas, hein… Juste… J'ai l'impression de ne pas avoir droit aux moments agréables… Je n'ai pas le droit de me sentir bien… et encore moins heureuse.

Il pouvait bien me prendre pour une folle, je ne lui en voudrais certainement pas. C'est pas tous les jours qu'on tombe sur une femme persuadée que toute sa vie se doit d'être misérable… Encore heureux d'ailleurs. À sa place, je mettrais probablement les voiles…

– J'ai la fâcheuse tendance à paniquer quand on essaie de me prouver le contraire… Et que je manque d'arguments pour démentir… Je pense que tu as pu t'en rendre compte.

Pourtant, là… J'étais relativement calme, malgré les doutes. Devais-je mettre cela sur le compte de l'alcool, peut-être bien. Au moins, il m'avait permis de m'apaiser un peu, durant quelques minutes… Juste le temps de chasser mes craintes à grand coup de vin.

– Il paraît que cela résulte de mon traumatisme… En tous cas, c'est ce que semblent penser les psy que j'ai consultés. Je vie selon la loi de Murphy, en gros, précisais-je. En fait… Là, je suis persuadée que tu vas finir par regretter et que tu vas partir sans te retourner… Pas très joyeux, n'est-ce pas ?

Et elle me demandait si je voulais rester? Pourquoi j’aurais envie de partir? Depuis le temps que je lui tournais autour, je ne m’en irais pas, sauf si elle me disait le contraire. Quand elle affirma qu’elle voulait que je reste mon sourire s’élargit et je resserrais mon étreinte. Mais quand elle me demanda ce qu’on devenait, il me semblait que j’avais été clair. Cependant quelque chose brillait derrière son regard, une incertitude, un inquiétude… je ne savais pas trop mais assez pour que je m’inquiètes. Assez pour que je lui demande ce qui se passait dans sa petite tête. Il y avait tellement de choses qui semblait grouiller derrière son regard que ça devait être un fouillis pas possible. Elle ne savait pas, c’était compliqué dans sa tête… Ouais bien ça je pouvais le deviner en fait. Cependant je ne dis rien la laissant trouver les mots ou à tout le moins un semblant d’ordre. Je continuai de caresser la ligne délicate de son dos quand elle se mit à parler.

Quand elle se mit à parler, je demeurais attentif. Cependant qu’elle dise qu’elle avait l’impression de ne pas avoir droit au moment heureux, de sentir bien et heureuse, je fronçai les sourcils légèrement. Quelque part c’était triste qu’elle pense ça car tout le monde avait droit au bonheur même elle. Quand elle avoua avoir tendance à paniquer quand on tentait de lui prouver le contraire je fis un petit rire.

- J’ai cru apercevoir ça oui.

Je la laissai continuer en prenant une grande inspiration. fixant le plafond mais mes doigts son dos arrêtèrent leur montée et leur descente alors que je penchais la tête vers elle. Je relevais sa petite tête avec un doigt sous son menton et me plongeait dans son regard.

- La loi de Murphy n’est pas toujours mauvaise tu sais. Je n'essaierai pas de te dire les même conneries que tu as dû entendre mille fois comme quoi, il faut que tu prennes chaque petit moment de bonheur, que tu profites de la vie et je ne sais quelle autre connerie. Mais il y a une chose que je vais te dire: Tu as le droit comme tout le monde d’être heureuse, d’avoir du bonheur dans ta vie.

Je ne quittais pas son regard complètement plongé dedans, mon pouce dessinant son menton doucement. Je savais bien qu’elle ne serait jamais comme la plupart des fille à tomber pour un battement de cil, à jouer la nunuche pour un mec. Elle était droite dans ses bottes et oui elle avait eue la vie dure mais j’étais prêt à composer avec ça. Elle me plaisait pour l’ensemble de la personne qu’elle était. Oui elle me faisait chier, comme je devais la faire chier. Oui on pouvait se prendre la tête pour tout et rien mais au final… on était un bon binôme. On formait une belle équipe.

- Je ne regretterais pas, je n’ai pas tenté tout ce temps de te dire que tu me plaisais pour partir et juste… plus rien. Tu es une bonne personne Taylor… Attends avant de me dire le contraire! Tu es droite dans tes bottes, tu es honnête, franche et directe. Oui je ne cacherais pas que tu es belle à tomber mais ya pas que ça aussi. Tu a une tête sur les épaules, tu ne joue pas à faire la mignonne pour moi ou pour n’importe qui. Alors non je ne regrette pas que tu sois ma partenaire de boulot. Je ne regrette pas d’être ici et que tu sois dans mes bras.

Je lui souris doucement et retournai chercher ses lèvres tendrement et les pressant un peu plus pour lui signifier que, j’étais là et que non je ne partirais pas. Je me replaçais sur l’oreiller en soupirant d’aise.

- Tu sais, je sais bien qu’il peut y avoir de petites choses qui accrochent à cause de ton traumatisme. Mais j’ai été là quand tu paniquais, je suis resté parce que ça me fait mal au coeur de te voir comme ça. Mais c’est aussi ça mon boulot: Que tu ailles bien.

Ouais bon… pour ça ce n'était pas gagné mais un petit pas à la fois. Chaque petit pas allait être une grosse victoire. Mon ventre gargouilla me rappelant que je n’avais toujours pas manger je défis mon bras et lui donnai un baiser rapide.

- Là je vais chercher les burgers et on mange question que la bouffe imbibe tout ce vin. Et j’ai autre chose pour toi.

Je me redressai en grognant un “Putin de merde”. J’attrapai mon boxeur que je mis lentement et lui dit un

- Tu bouge pas je reviens

En même temps… elle était chez-elle, elle ne s’enfuirait pas quand même! Je ramassais mon manteau sur le sol en grimaçant et attrapai mes anti-douleur. L’arrêter pour ne pas qu’elle tue Jake, plus monter les escaliers et le round dans le lit… ce n’était pas tellement intelligent j’avoue. Mais bon, ça passera. J’avalais deux cachets, pris le petit sac contenant une clé USB dans ma poche et attrapai les deux boîtes. Je lui en tendit une et m’assied à ses côtés.

- Là tu manges. J’avais vu mieux comme rencard mais comme tu as bien aimé les burger lors de ton arrivée, j’ai été reprendre la même chose. dis-je en souriant doucement.

Ouais bon ce n’est pas EXACTEMENT le rencard que j’avais imaginé mais en fait depuis que je la connaissais, ce n’était jamais comme je l’avais pensé. C’est peut-être pour cette raison qu’elle avait quelque chose de spécial de plus que les autres à mes yeux. Je pris une bouchée de mon burger tiède et fit un “Hum…” de satisfaction.

- Et ça… dis-je en lui tendant le sac, c’est la clé USB du vol de dépanneur. Je suis arrêter avant de venir ici. Je me suis dit que ça te ferait plaisir de savoir que ton enquête ne sera pas jetée aux poubelles.

Oui bon en général les mecs on offrait des fleurs, du chocolat, un bijou… moi: Des preuves pour une enquête. On était ailleurs… Je lui souris doucement en haussant une épaule continuant de manger tranquillement. En fait je m’efforçais de ne pas engloutir mon repas simplement tellement j’avais faim.

- La vraie raison pourquoi je n’ai pas aimé que ce soit Jake ton partenaire c’est que… Oui bon c’est un abruti de première mais pas que ça non plus… je baissai le regard dans ma boîte en me mordant la lèvre. Elle avait été honnête alors c’était mon tour. J’étais jaloux, voilà. Jaloux à en crever. Oui c’est peut-être idiot, macho et tellement mâle alpha mais… c’est plus fort que moi. Peut-être que quelque part moi aussi j’ai un traumatisme et que j’ai une peur atroce de te perdre… j’en sais rien mais je voulais te le dire.

Je lui fis un rapide sourire un peu mal à l’aise d’avoir ouvert un pan sur moi-même.

- N’empêche que… il est vraiment belle gueule. Con mais belle gueule puis je vais devoir l’endurer pendant tes huits jours de vacances. Si tu pouvais éviter d’abuser du jus de raisin ça serait sympa. dis-je pour rigoler mon regard se perdant dans le sien. Au fait belle droite, rappelle-moi de ne pas trop te faire chier d’accord. Tu sais… avec mon côté gamin pourri…

Je lui souris doucement et je continuais de manger en espérant qu’au matin, si elle voulait de moi cette nuit, elle ne change pas d’idée.

– Elle le devient dès lors que tu remplaces les "si" par des "quand"... précisais-je en m'efforçant de sourire.

J'appréciais le fait qu'il cherche réellement à me comprendre tout en essayant de me rassurer. J'aimais entendre le son de sa voix résonner dans sa cage thoracique. Je la trouvais un peu plus grave que d'habitude, plus douce aussi. J'aimais sentir sa chaleur contre moi, son regard plongé dans le mien…

En revanche, lorsqu'il se mit à m'exposer cette vision qu'il avait de moi, toutes ces raisons qui le poussaient à s'intéresser à moi, la gêne et le malaise revinrent aussitôt m'étreindre. Mais peut-être l'eut-il senti… Puisque toutes ces émotions dérangeantes, il les chassa avec un nouveau baiser, plus court, plus ferme aussi… Comme une sorte de point final qui n'autorisait aucune contradiction.

– Tu prends ça pour un boulot ? pouffais-je contre son torse. Devrais-je te nommer Doudou en chef ?

Je souris en entendant son ventre crier famine. Cet appel de son organisme sembla même si fort qu'il fut totalement incapable d'y résister. Je m'écartais donc, pour le laisser se lever et courir jusqu'au salon pour récupérer les burgers qu'il avait apportés ainsi que cet "autre chose".

Je me redressais pour enfiler mes vêtements, je n'allais tout de même pas attendre à poil dans le lit… Ce n'était pas mon genre après tout. Il revint quelques minutes plus tard en me tendant un burger que je saisis avant de le remercier. Je souris en l'entendant parler boulot. Visiblement, il avait à cœur de poursuivre mon enquête et je lui en était reconnaissante. Au moins, je pouvais être certaine que mon travail ne serait pas abandonné.

Je manquais de m'étouffer en l'entendant m'expliquer les vraies raisons de sa reprise précipitée : la jalousie. Mais malgré mon amusement, je ne pu que me sentir touchée en l'entendant me dire qu'il avait eu peur de me perdre.

– Oui. Il a une belle gueule, mais c'est à peu près tout ce qu'il a pour lui, dis-je en souriant. Il n'a aucun respect pour les autres, qu'il s'agisse de ses collègues ou des victimes. Il se pense supérieur et se montre suffisant en toute circonstance sans prendre la peine de bouger le petit doigt. C'est un incompétent, un crétin fini qui ne doit sa place qu'à un concours de circonstances. Et toi, tu penses sincèrement que ce type-là aurait pu me plaire ? Qu'il aurait pu avoir la moindre chance ?

Quelque part, je me sentais un peu vexée. Cet homme pouvait bien être beau, il n'en restait pas moins écoeurant. Je me fichais bien de son apparence, ce genre de chose n'avait aucune valeur à mes yeux… Il ne s'agissait que d'une couche de surface extrêmement fine qu'il suffisait de gratter un peu pour voir l'horreur qui se cachait derrière. J'espérais tout de même valoir un peu mieux que ça.

– Tâche de ne pas succomber à son charme dans ce cas, raillais-je gentiment avant de lui donner un petit coup d'épaule. Comment va ta blessure ? Tu ne t'es pas fait mal au moins ?

Je tentais de comprendre ce qu’elle avait dans sa tête, comment elle vivait le tout et quelque part je la comprenais. Après que ma copine soit parti avec tout ce qu’il y avait dans l’appart et une simple note, j’ai été longtemps à ne pas vouloir de copine. Pour la simple et bonne raison que “Si c’est pour finir comme ça j’aime mieux être seul”. L’excuse pourrie pour ne pas avoir mal à nouveau. L’excuse pour ne pas tomber plus bas que terre. C’était idiot, j’en convenait maintenant mais c’était avant son arrivée, avant que je tentes par tout les moyens de m’en faire une alliée et même une amie. Bon là je pense qu’on peut dire qu’on avait un peu passer le stade d’une amitié il faut dire. Donc en lui disant comment moi je la voyais je vis bien son malaise mais c’était ça. Je la voyais tel quel. Ce n’était pas seulement une belle fille au poste, c’était une fille brillante, intelligente qui avait de quoi dans le crâne. Durement écorchée par la vie mais totalement humaine.

- Bien si tu veux de moi comme doudou moi je dis pas non. rétorquais-je moqueur.

Elle pouvait me prendre pour tout ce qu’elle voulait tant que je pouvais être là, à ses côtés. Revenant avec les burgers, je lui tendis la clé du dépanneur. Pourquoi? Simplement pour lui signifier qu’elle n’avait pas bosser pour rien, qu’on avait encore une chance de trouver le coupable. Je m’occuperais de Jake le lendemain. Après un temps, je lui dis la vraie raison de mon retour rapide et pourquoi ça m'avait fait chier que ce soit Williams son partenaire.Le penser dans ma tête c’était tellement logique et sensé mais maintenant à voix haute ça me semblait tellement ridicule et enfantin. Bien sûr Taylor ce dépêcha d’ajouter son grain de sel et visiblement elle le détestait

- Non! Enfin… logiquement je me disais que c’était déjà perdu d’avance avec lui je suis pas complètement stupide non plus. Mais je sais pas… mon côté insécure peut-être? J’en sais rien mais oui je rageais comme un con tout seul.

Ouais… c’était complètement stupide en fait. Même en le disant, même avec sa réponse. Elle aurait le dire simplement aussi un espèce de “Tu es idiot tu le sais ça?” et j’aurais totalement approuvé. Mais bon je devrais me le taper pendant sa suspension et tenter de ne pas l’étrangler à mon tour. Je pouffais doucement à sa réponse et mastiquai lentement ma frite.

- Aucune chance que je succombe à son charme, je t'ai dis que j'aimais pas qund sa pique. Je terminai mes frites pour m’attaquer au reste de burger, Ça va t’inquiète.

Je pris une bouchée et tournai la tête vers elle et… non, elle ne goba pas ma réponse de merde. Je poussai un soupir en finissant ma bouchée - énorme - de burger. C’est pas possible, aucun moyen de lui cacher quoique ce soit!

- Ça tire un peu mais j’ai pris des médocs. Ça va aller dans quelques minutes. C’est rien de grave je t’assure. T’en fais pas, je suis fais fort.

Bon je ne serais pas prêt à me battre mais c’était parce que j’avais un peu trop poussé aussi. J’allais me tenir tranquille dans les jours à venir alors ça irait.

- Dis, tu aimerais que Doudou en chef reste avec toi cette nuit. Tu sais… question que tu n’es pas froid ou peur. Puis on sait jamais j’aurais peut-être besoin d'une infirmière personnelle… dis-je avec un sourire en coin.

Ce sentiment d'insécurité, je ne pouvais que le comprendre. Je vivais avec le mien depuis si longtemps qu'il était devenu comme une sorte de seconde peau. Je le voyais chaque fois que je passais devant un miroir, chaque fois que je commettais une erreur, chaque fois que quelqu'un tentait de se rapprocher de moi. C'était usant, vraiment. Mais ce n'est pas comme si on pouvait simplement choisir de ne plus s'inquiéter ou d'avoir peur. On ne commande pas ce genre de choses.

Malgré tout, je ne pouvais que me sentir touchée en l'entendant me dire qu'il avait eu peur de me perdre. Cela signifiait donc que je comptais réellement pour lui… Ce n'était pas rien… Même s'il y avait un peu voire beaucoup de fierté derrière.

– Je ne suis pas une fille facile, Ford… Tu devrais pourtant le savoir, le taquinais-je en usant volontairement de son patronyme. J'ai pas trouvé que sa barbe piquait cela dit… ajoutais-je en prenant une moue perplexe. Bon… Peut-être parce que je l'ai touché avec le poing… Ça peut jouer, éventuellement.

Et comme ça, tout naturellement, l'ambiance reprit un ton un peu plus bon enfant. Enfin… Presque. Je m'inquiétais néanmoins pour l'état de sa blessure. Je l'avais vu se relever… Cela devait tirer un peu quand même, chose qu'il finit par confirmer.

–Dis, tu aimerais que Doudou en chef reste avec toi cette nuit. Tu sais… question que tu n’aies pas froid ou peur. Puis on sait jamais j’aurais peut-être besoin d'une infirmière personnelle…

Il voulait donc rester ? Je le regardais, un peu surprise de l'entendre dire qu'il voulait finir cette nuit à mes côtés. Cela me touchait aussi… Énormément…

– Tu peux, si tu le souhaites… Mais c'est seulement pour m'assurer que tu resteras tranquille et que tu te reposeras un peu. Ça veut dire plus de galipettes…

J'avais pris un air sérieux voire même sévère en disant cela, même si, bien-sûr, je plaisantais à moitié. Je ne regrettais peut-être pas que les choses aient dérapé entre nous mais… Peut-être aurais-je dû attendre quelques semaines avant de… enfin, vous voyez.
Je me couchais donc près de lui, en évitant soigneusement d'appuyer sur sa blessure. Il avait beau dire que la douleur ne tarderait pas à passer, je ne tenais pas pour autant à en rajouter.

Le lendemain, je m'éveillais bien avant lui… Mes placard et mon réfrigérateur étant désespérément vides, je descendis au coffee-shop en bas de ma rue pour acheter un petit déjeuner potable… Lorsque je remontais, je le trouvais bien réveillé et lui montrais le sac contenant le premier repas de la journée.

– Le point positif, c'est que j'ai du temps pour faire les courses… mon regard se posa alors sur la tonne de vêtements posés sur le sol. Et j'en profiterai pour rendre certaines choses. Bien dormi ?

Elle pouvait avoir de l’humour quand elle le voulait et ça, s’en était une. Ok… j’aimais pas qu’elle m’appelle Ford mais quelque chose me dit qu’elle n’hésiterais pas à s’en servir pour me gronder comme un gamin.

- Je peux faire des comparatif si tu veux, ou même un tableau de la barbe la plus piquante à la plus douce.

On continua de manger et je lui dit que oui ca faisait mal mais rien de malade. Des anti-douleur et ça passera dans quelques minutes, mais il fallait vraiment que je me tienne tranquille. Mais on faisait ça comment se tenir tranquille quand on a presque pas de vie sociale, qu’on bosse toujours? Je lui demandais donc si elle voulait que je reste avec elle cette nuit et son air surpris me fit sourire lentement. Elle pensait VRAIMENT que j’allais foutre le camp? Ouais bon… peut-être oui mais je n’étais pas tellement ce genre de gars. Oui il m’était arrivé de retourner chez-moi après avoir culbuté une fille mais à cette époque… je pense que je me foutais un peu de ce que la fille voulait en fait. Elle me fit donc ses recommandations sérieusement son regard planté dans le mien.

- Rah… quel rabat-joie tu peux être!

Dis-je faussement vexé. En vrai, je ne pense pas que j’aurais fait de galipettes le même soir sinon les points de sutures internes vont finir par sauter. Mais une fois les restes du repas débarrassés et dans la poubelle, on s’étendit et encore une fois je la gardais prisonnière des mes bras et… attendit que le médicament fasse effet pour enfin me détendre et simplement plonger dans les bras de Morphée. Je me réveillais le matin et en regardant l’heure je fus surpris de constater que je n’avais même pas eu besoin de mon cadran, mais j’étais seul dans le lit. Ça c’était moche par contre. Je rassemblais mes vêtements et sorti alors que je finissais de boutonner ma chemise froissée alors qu’elle revenait. Je riais doucement en me rapprochant d’elle.

- D’abord… Bon matin dis-je en allant l’embrasser, et tu peux peut-être garder quelques vêtements. Tu sais comme la tenue d’hier… tu étais splendide dedans.

Je pris le sac de ses mains lui volant un baiser rapide et allait m’asseoir à la table de la cuisine pour fouiller le sac et prendre un muffin.

- Ché déclichieux! dis-je la bouche pleine vraiment de bonne humeur et avalant ma bouchée, je vais faire le tour des dossiers ce matin. Je vais voir si on ne peut pas réchapper quelques enquêtes pendant que toi… bien visiblement tu vas aller reporter quelques vêtements. Ça m’étonne d’ailleurs, je ne pensais pas que tu étais le genre à dévaliser des boutiques.

Bon en vrai c’était pour me moquer parce que je savais qu’elle n’avait rien de la fille typique qui dévalise les magasins. En fait… elle était différente de celle que je connaissais et c’est sûrement ça qui avait attiré mon attention. Je terminai mon muffin et frottai mes mains ensemble pour enlever les miettes restantes. Je pris au moins le temps qu’elle finisse de manger m’approchant d’elle, mon menton dans ma main, et l’autre glissant sur sa cuisse.

- Tu veux que je reviennes ce soir? Promis une soirée bien platonique, pas de galipettes. Ou on se fait un vrai rencard, mais avec du jus de raisin avec modération. Tu aimerais quoi?

Est-ce que j’allais trop vite? Était-ce trop tôt? En même temps… avec ce qu’on a fait hier soir, ce qu’on c’est dit c’était la suite logique non?

– Pardon, bonjour monsieur, rétorquais-je en souriant… toujours aussi surprise de le voir m'embrasser avec autant de facilité. Tout cela paraissait si naturel pour lui, tandis que moi… Je ne sais pas. Disons que c'était probablement un peu plus compliqué maintenant que l'alcool ne circulait plus dans mon sang. Néanmoins, j'étais loin de détester cela, bien au contraire…

– J'espère que tu ne trouveras plus aucun "oubli"... ajoutais-je en soupirant. Je passe pour quoi après…

Une incompétente, évidemment… Quelle idée de faire confiance à un gars qui passe plus de temps à se pavaner qu'à bosser ?

– Bah figure-toi, qu'hier c'était la première fois que je faisais du shopping. Et… Bah je déteste ça. Surtout que, visiblement, je me suis bien laissée emporter…

Il pouvait bien me taquiner toute la journée à propos de ça. Cela ne me dérangeait pas le moins du monde… D'autant plus que j'avais parfaitement conscience du ridicule de la chose. Et je ne comprenais toujours pas pourquoi certaines femmes trouvaient cette "activité" réconfortante ou carrément amusante.

– Je rapporterai tout ! Je n'ai pas besoin de tout ça. Je suis même certaine que je ne pourrais même pas en porter la moitié…

Quelle idée stupide, n'est-ce pas ?

– Tu veux que je reviennes ce soir? Promis une soirée bien platonique, pas de galipettes. Ou on se fait un vrai rencard, mais avec du jus de raisin avec modération. Tu aimerais quoi?
– Tu veux revenir ? demandais-je par réflexe. Tu ne voulais pas attendre d'être parfaitement remis pour un rencard ?

Encore une question grotesque… Avec ce que nous venions de faire, il n'y avait plus vraiment de choses à craindre en organisant un rencard tout à fait normal. Décidément… Dans le genre gourde, je faisais fort.

– Surprend-moi ? lâchais-je finalement en haussant les épaules. Maintenant, file, tu vas être en retard… et mince, il devrait bosser avec les mêmes vêtements que la veille… Ça risquait fort de jaser au boulot.

Je commençais ma journée par rassembler tous les vêtements éparpillés tout en essayant de faire le tri pour ne pas me tromper de boutique… Ensuite, je commençais ma longue traversée de la honte où je passais de magasin en magasin, les bras de moins en moins chargés pour rendre tous ces achats bredouillant quelques excuses ridicules. Après cela, je téléphonais à mon frère afin de prendre de ses nouvelles. Il semblait aller mieux et cela me rassurait un peu. Finalement, je me décidais à me rendre à l'épicerie afin de faire quelques courses non alcoolisées, histoire de remplir mes placards et surtout, mon frigo.

Et je passais le reste de ma journée à m'ennuyer ferme… Je tournais en rond dans mon appartement… Je ne pouvais penser qu'au boulot. J'étais accroc à ce job, bon sang… C'était toute ma vie ...