- Bien je t’aime aussi grand que l’univers, aussi fort que le soleil. En fait tu sais, je ne pense pas qu’il y a de mots assez fort pour te dire combien je t’aime.

Je la laissai se blottir contre moi et pour rien au monde je n’aurais bougé de là. Puis je ne sais pas si c’est le moment ou le fait que je sois plus… vulnérable? En tout cas plus ouvert après l’amour mais je lui dis que je me sentais complet depuis que j’étais avec elle. Sa réponse me fit rire doucement. C’est ce que j’aimais avec elle. C’était simple, fluide… elle semblait me comprendre mieux que je me comprenais moi-même. Je la serrais moi aussi contre moi profitant de moment de calme, de sérénité et d’amour et je souris tendrement quand elle dit ressentir la même chose que moi. Même son je t’aime était une telle mélodie à mes oreilles. Une mélodie que je voulais toujours entendre.

- Je t’aime aussi…

Le lendemain tenir Max tranquille était un défi… qu’est-ce que je dis là! C’était une mission impossible! Il mangea rapidement, se tortillait sur sa chaise, je du ajuste son pantalon et reboutonner sa chemise comme il faut tellement il faisait tout de travers. Quand il quitte je poussai un soupir las en me laissant tomber sur un banc aux côté de Stan.

- Il avait l’air bien énergique ce matin…

- Ouais. On va visiter une maison après l’école…

- Une maison? Est-ce que c’est le grand saut?

- On va juste la visiter Stan. Mais oui on a parlé de rester ensemble et Max est parfaitement d’accord. Je n’ai même pas eu à aborder le sujet, il a demandé à Jane de rester.

- C’est une bonne petite. Puis Max l’adore, ça se voit dans son regard. Il m’a parler beaucoup d’elle tu sais.

- Ah oui?

- Hum… il la trouve gentille, et drôle. Elle l’écoute et le console et en plus, et c’est les mots de ton fils, son papa est plus souriant, il rit plus souvent et il n’a plus l’air triste. Alors va visiter cette maison et laisse la vie te gâter Adam. Il est plus que temps que tu reçoive un peu de douceur.

Je le remerciai chaleureusement et on fit notre journée comme d’habitude. Je terminais même un peu plus tôt pour avoir le temps de me doucher et m’habiller convenablement avant le retour de Max et Jane. En arrivant il se rua sur moi en me disant qu’il avait décidé d’adopter Jane me faisant hausser les sourcils de surprise.

- Euh… d’accord…

Répondis-je ne sachant pas trop quoi répondre de plus. J’allais devoir parler avec Jane pour qu’elle éclaire ma lanterne. Mais ça c’était bien loin dans la tête de mon fils comparé à la maison qu’on devait aller visiter. Aussitôt que je le posai à terre il se rua sur la porte.

- Hé Microbe! Ça te dirais d’attendre que je m’habille?

- Oh…

- Et calme-toi je t’en prie. Elle va être encore là la maison.

Ah ah la bonne blague! Max et calme quand il était aussi électrique que la foudre en ce moment. Depuis quelques semaines j’avais une minivan gracieuseté du père de Jared qui me l’aurait donné si je n’avais pas insisté pour le payer. Max grimpa sur sa banquette, il s’attacha et on prit la route de la dite maison et on remontait les rues en passant devant la maison de Jane, les souvenirs qui affluaient en remontant ce quartier! Je me garai dans l’allée et je regardai la devanture.

- C’est magnifique…

- On peut y aller là?

- Avant, je veux que tu sois sage. On va devoir écouter ce que l’agent d’immeuble nous dit et on va avoir des questions. Alors si tu es trop énervé… on entendra pas bien. Tu comprends?

Il hocha la tête parce que j’avais adopté mon ton sérieux en plantant mon regard dans le sien. On descendit de la voiture et comme promis Max fut sage. Il se déplaçait de pièce en pièce avec nous. On posait les questions d’usage, et pour vrai… les dimension ça allait. La cuisine était grande sans être trop immense, les chambres était de la bonne grandeur, le salon, juste parfait. Le terrain devant était parfait et que dire de la cour arrière! Assez grand pour un petit Max qui avait besoin de se dépenser et un chien. D’ailleurs je la vis là la cabane. À croire qu’elle venait d’être construite!

- Papa… chuchota Max en me tirant la manche

- Je crois que tu veux aller voir la cabane? tu peux y aller si tu veux. dis l’agent immobilier

Comment vous décrire le regard de Max… je ne l’ai jamais vus aussi illuminé de bonheur! Je hochai la tête lentement et il détala comme un lapin et grimpa la petite échelle me faisant sourire doucement. L’agent quitta pour nous laisser “discuter entre nous” alors que j’avais le regard sur Max qui achevait son ascension.

- Écoute la maison….

- PAPA!! Elle est trop trop méga giga cool!!

- Bien… profites-en comme on est ici. dis-je alors qu’il retournai à sa cabane. Je pense qu’il aime la cabane. Comme je disais, la maison est… parfaite. Elle est bien située, un bon quartier. Un grand terrain ou Max et un chien vont pouvoir courir. Il n’y a rien à faire sauf la mettre à notre goût. Tu en penses quoi toi?

"Peut-on réellement tomber amoureux d'une maison ?" Voilà la question que je me posais en découvrant celle-ci. J'aimais les moulures au plafond, le parquet en chêne doré sur le sol. J'avais les étagères encastrées dans le salon en adoration. Mon cœur battait pour la cheminée et explosait totalement devant la cuisine et ses meubles en bois peints en bleu. Quatre chambres, deux salles de bains, une immense buanderie, un garage dans lequel pouvaient aisément tenir deux voitures. Le jardin n'était ni trop grand, ni trop petit, et une terrasse donnait sur la cuisine pour les soirées d'été…

En somme, je passais la visite à chercher les défauts de cette maison. Il y en avait forcément puisque rien ne pouvait être si parfait… Mais même les défauts n'en étaient pas vraiment… Une peinture vieillissante… Pas de soucis, il suffirait de redécorer à notre goût. Une moquette usée à l'étage, aucun problème, je rêvais de la voir disparaître au profit du sublime parquet qu'elle recouvrait.

– Je… Je l'adore, rétorquais-je un peu sonnée.

J'essayais de ne pas trop m'emballer, trop consciente que certaines choses sont beaucoup trop belles pour être vraies. Pourtant, je ne pouvais m'empêcher de lui décrire ce que j'imaginais pour cette maison… Où mettre le canapé, la table… Où serait posé le sapin de Noël… Les meubles que l'on pouvait ajouter, les objets de décoration…

– Bon sang, Adam… Je crois que je suis amoureuse de cette maison…Je pourrais même l'aimer plus que toi, le taquinais-je avant de préciser que la deuxième partie était totalement fausse.

Néanmoins, ce genre de décision ne se prenait pas à chaud. Il fallait en discuter, peser le pour et le contre avant de donner notre réponse. De retour chez les Collins, Max semblait tout aussi emballé que moi. Il avait déjà choisi sa chambre et même la couleur de ses murs.

– On va y vivre, pas vrai ? Tous les quatre, avec ma petite sœur… Je vais la demander au Père Noël !

J'éclatais de rire avant de me laisser tomber sur le canapé. J'étais totalement épuisée après tout ça.. Il me fallait reprendre quelques forces avant d'attaquer la préparation du dîner.

Cette maison était parfaite! Tout simplement parfaite! La peinture on pourrait la refaire sans problème. La moquette, je pouvais facilement l’arracher et ainsi le remettre sur le parquet et vernir le tout. Rien de magistral en fait. J’avais beau tenté de questionner l’agent pour le coincer sur un problème ou un réparation majeure mais… rien. Absolument rien! Même la cabane dehors semblait toute neuve. À croire qu’elle avait poussé ici sans qu’on s’en aperçoive. Même ma belle rouquine semblait sous le charme… ou sous le choc… ou les deux. Je souris doucement en la voyant complètement sonnée. Elle tentait bien d’être en contrôle et ne pas s’emballer mais je voyais bien à comment elle en parlait qu’elle était bien plus enthousiaste qu’elle ne voulait l’admettre.

- M’aimer moins qu’une maison… Oublie pas que c’est moi qui va devoir arracher la moquette moche. Je pourrais la laisser là aussi jusqu’à ce que tu m’aimes plus dis-je pour me moquer.

On retourna voir l’agent lui disant qu’on allait en discuter et qu’on l'appellerait rapidement. Max était fou de joie alors tenté de lui dire qu’on devait en parler, parce que c’est une grosse décision, c’était inutile voire même peine perdue. Bien sûr en arrivant Max revint sur la petite soeur en précisant qu’il allait la demander pour Noël. Je ris franchement parce que même ça c’était inutile de lui dire que ce n’était pas le moment tout de suite. Je fis signe à Max de venir nous voir et il me grimpa dessus.

- Si on décide de prendre cette maison on va rester là tout le temps. On ne sera plus au-dessus du gym.

- On va voir Stan et Ben encore? me demanda-t-il légèrement inquiet.

- Oui! Oui bien sûr, il pourront venir nous voir mais on ne sera plus ici. Tu comprends?

- Oui! Je vais pouvoir inviter des amis! Pleins pleins d’amis! On pourra jouer avec mon chien! Papa? Un chien ça monte dans une échelle?

Hé misère… je riais franchement et détendu que pour lui tout était tout bon.

- Non un chien ça ne monte pas dans les échelles.

- Oh… Pas grave tu le monteras toi. Tu as des gros muscles! Je vais jouer!

Il sauta sur le sol et alla dans sa chambre alors que je pouffais doucement de rire en secouant la tête.

- Tu sais que lui dans sa tête il est déjà dans cette maison? dis en lui souriant doucement. Et toi ma petite reine? Est-ce que tu te vois peindre dans cette maison? Avoir ton atelier?

Poser la question était lui répondre. Pour une rare fois dans ma vie, je me dit que la vie me donnait une belle chance et que je serais complètement stupide de ne pas en profiter.

- Tu sais, même le sous-sol je pourrais faire une belle salle de jeu pour Max, un petit coin entraînement pour moi. Puis… on sait que le quartier est sûr. Je pense qu’on serait stupide de ne pas sauter sur cette occasion. Mais je veux que tu sois à l’aise avec ça… je ne pourrais pas t’aider avec l’hypothèque. Pas maintenant du moins.

Je lui fis un sourire et tendit l’oreille pour m’assurer que Max était bien pris dans Apocalypse Flash 2.0 avant de parler.

- D’ailleurs c’est quoi ce truc que Max t’a adopté? Je n’ai pas trop compris puis avec la maison, la visite…

– M’aimer moins qu’une maison… Oublie pas que c’est moi qui vais devoir arracher la moquette moche. Je pourrais la laisser là aussi jusqu’à ce que tu m’aimes plu.

J'éclatais de rire avant de l'embrasser.

– Il me semble que vous me sous-estimez, monsieur Collins. Je peux très bien retirer cette moquette moi-même… Je le serrais dans mes bras avant de lui lancer un regard plus malicieux. Et tu sais bien que je t'aime déjà plus que tout.

En rentrant, je me vautrais sur le canapé, réellement épuisée par cette journée haute en couleur. Je laissais Max et Adam discuter, écoutant leur conversation d'une oreille indiscrète, le sourire aux lèvres.

– Tu sais que lui dans sa tête il est déjà dans cette maison? Et toi ma petite reine? Est-ce que tu te vois peindre dans cette maison? Avoir ton atelier?
– Hm… Je me vois faire bien des choses dans cette maison, rétorquais-je en lui faisant un clin d'œil laissant sous-entendre quelque chose de coquin… Juste pour la blague. Refaire la peinture, changer le plan de travail de la cuisine, les luminaires aussi…

J'éclatais de rire avant d'ajouter que je me voyais parfaitement vivre dans cette maison avec eux. Je l'écoutais me parler de l'aménagement du sous-sol avant qu'il ne dérive sur la question du financement. Je grimaçais aussitôt, n'osant pas lui rappeler que l'argent ne représentait pas un réel problème… Même avant mon divorce, j'avais largement de quoi me payer cette maison tout en finançant les quelques travaux à venir et son aménagement. Non, je ne lui dirais rien à ce sujet, hors de question de heurter sa fierté masculine de bon papa lion.

– Hm… Tant que tu cuisines une fois par semaine, c'est tout bon pour moi. Des fajitas, par exemple, déclarais-je avant de lui grimper sur les jambes pour lui voler un baiser.

–D’ailleurs c’est quoi ce truc que Max t’a adopté? Je n’ai pas trop compris puis avec la maison, la visite…
– Oh ! m'écriais-je tandis que je laissais échapper un petit éclat de rire.

Je lui parlais brièvement des interrogations de Max concernant la notion d'adoption avant de lui décrire mes explications.

– Je pensais qu'il cherchait juste à comprendre la situation de la petite Paula… Alors je lui ai expliqué comment se passait l'adoption d'un enfant en mettant l'accent sur l'amour plutôt que sur l'importance du sang dans la composition d'une famille… Que même si Paula n'était pas née de l'amour des Ridwell, elle n'en restait pas moins leur fille… Alors je ne sais pas trop ce qu'il a voulu dire en parlant de m'adopter moi. Je suppose qu'il veut simplement dire que je fais partie de sa famille, expliquais-je en haussant les épaules. Si tu veux en savoir plus, le mieux est encore de lui poser directement la question…

Je me voyais bien dans cette maison. Je prévoyais peut-être mais présentement je me donnais le droit de rêver. Max qui jouait dans la cour avec un chien, Jane qui peignait, moi qui m’occupait du terrain, repeindre la galerie ou simplement tondre le gazon. Une vie de famille bien banale, bien tranquille, bien normale. Pour une fois dans ma vie, je me permettais de me dire “Enfin…” J’aimais bien mon petit appartement mais que la vie, le destin m’offre ça c’était soulageant. Je haussai un sourcil au début de sa réponse pour rouler des yeux.

- Moi je vois bien d’autre chose que changer le luminaire.

Mais j’étais content de savoir qu’elle se voyait dedans, qu’elle NOUS voyait dedans. Je lui parlais ce que je pourrais aménager au sous-sol en lui disant que pour le moment je ne pourrais pas l’aider avec l’hypothèque. Je sais! Le fric n’était pas un problème, je le savais mais je voulais contribuer quand même un minimum.

- Je peux cuisiner autant de fois que tu voudras. Mais je fais d’excellent macaroni au fromage… Tu as oublié?

Je cuisinerais autant de fois qu’elle voudrait, je voulais vraiment faire de cette maison notre petit nid à nous trois. Notre foyer et enfin bâtir quelque chose de stable et de durable. Quand elle grimpa sur mes cuisses me voler un baiser, auquel je répondis, je lui demandai c’était quoi cette histoire d’adoption. J’écoutais donc ses explications et en soit c’était assez clair même pour un enfant. Je devrais demander à Max directement, lui seul savait ce que sa petite tête avait retenu. Pour le repas j’optais pour des sandwich bien simple. sandwich au fromage pour Max. Je grignotais mon sandwich et finissant par tourner mon regard vers le petit humain qui mangeait de bon appétit en battant des pieds sous la table.

- Max, je peux te demander pourquoi tu adoptes Jane?

Max me regarda en posant son sandwich.

- Bien… parce que Jane m’a dit que même si Paula n’était la “vraie” fille des Windell ils l’aimaient comme si c’était leur vraie fille. Bien Jane même si c’est pas ma vraie maman, je l’aime comme une vraie maman.

- Ah… je vois. Je me demandais parce que…

- Je peux pas l’appeler maman mais c’est pas grave. Jane je peux t’appeler “Mâ”?

J’avalais de travers en toussota en relevant le regard vers la rouquine. Ok… la maison, le bébé soeur et maintenant ça? Ça allait un peu vite mais encore là il devait avoir une logique derrière.

- Pourquoi tu veux l’appeler Mâ?

- Mais… parce que ma soeur va l’appeler maman… ça serait pas juste! me dit-il comme si c’était une évidence. Alors Jane je peux?

Je posai ma sandwich dans mon assiette en me passant une main au visage. C’est moi où ma vie était maintenant contrôlé par un gamin de 5 ans?

Ma bonne humeur me semblait totalement inflexible. Je ris de bon cœur lorsque Adam entra dans mon jeu, puis lorsqu'il me parla de ses macaronis au fromage… Comment aurais-je pu les oublier ?

Mais quand je lui racontais les explications fournies à son fils, quant au principe d'adoption, jamais je n'aurais pu imaginer la suite de la soirée.

Je restais silencieuse en observant l'enfant avec des yeux légèrement exorbités. Je me doutais bien, en connaissant Max, qu'il y avait probablement une explication logique derrière sa demande… Mais, je ne me sentais pas particulièrement à l'aise avec ça. À dire vrai, je mourrais même d'envie de me griller une cigarette alors que je ne fumais plus depuis une bonne décennie.

– Euh… Max, je ne sais pas trop quoi te répondre en fait … finis-je par lâcher avec franchise.
– Tu veux pas ?
– C'est pas ça … c'est juste que ça ne fait pas très longtemps que ton papa et moi sommes ensembles. On est ce que l'on appelle un "jeune couple". Et ça va déjà très vite entre nous, en quelque mois à peine on décide même d'emménager définitivement tous les trois. Tu ne t'en rends peut-être pas compte, mais c'est déjà énorme. Pour l'instant, tu n'as même pas à te soucier de comment ta "sœur" m'appellera parce qu'elle n'existe pas…

Le regard qu'il me lança à ce moment-là était empreint d'une certaine curiosité mais aussi d'une grande déception. Je m'en voulais de lui dire ça… Je veillais à rester calme, à parler lentement, avec douceur pour ne pas le brusquer, mais je savais aussi que mes propos restaient quand même brutaux.

– Mais tout ça, ça ne change rien pour moi. Même sans petite sœur, sans l'amour que je porte à ton papa, je t'aimerai quand même beaucoup parce que tu es un petit garçon exceptionnel, Max. Ça, je ne veux pas que tu l'oublies.

– J'aimerai juste que tu sois ma maman…

Je sentis mon cœur se serrer et je dus même détourner la tête pour contrôler les larmes qui menaçaient de couler. "Bordel… Cheryl, c'est pas normal ça !" me dis-je, sincèrement en colère contre cette idiote. Une mère, il en avait une. Elle était là, quelque part, en pleine santé et c'était vraiment triste de réaliser qu'il était prêt à adopter n'importe qui pour combler le vide qu'elle avait créé.

– En plus les gens disent que si Jane n'était pas partie, vous seriez mariés avec une dizaine d'enfants maintenant.

Allons bon…

– Ils parlent sans savoir, Max. Personne ne peut affirmer ce qu'il se serait réellement passé.

– Si t'étais pas partie, je serais ton fils, lança-t-il en baissant la tête.

– Ce n'est pas comme ça que ça marche, Max, rétorquais-je avec douceur. Pour faire un Max, il fallait un Adam et une Cheryl. C'était obligé ! Et tu imagines la tristesse de ce monde si ton papa et ta maman ne s'étaient pas aimés ?

Je me rapprochais de lui pour le serrer dans mes bras. Je ne savais plus vraiment quoi dire … Pourquoi ne m'étais-je pas contentée d'accepter sa demande de surnom ? Au fond, je me fichais bien qu'il m'appelle Mâ ou Patate, si cela lui faisait du bien.
Et puis, il était beaucoup trop jeune pour que l'on aborde ce sujet précis. Je lançais un regard suppliant à Adam pour qu'il m'apporte son aide. Je n'avais aucunement envie de créer un nouveau traumatisme chez son fils avec ma fichue maladresse.

Quand je dis que mon fils est surprenant c’était en partie ça. Si son explication était somme toute logique pour un enfant de son âge, le reste lui nous scia les jambes! Jane semblait tellement déboussolée que de mon côté je ne trouvais même pas les mots pour le stopper. Ça pouvait attendre un peu non? Même s’il l’appelait Jane il serait plutôt grand si son hypothétique soeur grandirait et qu’elle lui demanderait le pourquoi de la question. C’était hyper complexe comme explication même pour nous alors pour un gamin j’ose à peine imaginer. Le regard que Max lui jeta était à crever le coeur même des plus dur et des plus sans-coeur de ce monde. Quand il ajouta qu’il aimerait que Jane soit sa maman je sentis mon coeur exploser dans mon torse. Putin de merde la gâchis qu’elle avait fait! Jane luttait contre les larmes et moi contre le torrent d’information qui m’arrivait à la gueule. Elle s’approcha pour lui faire un câlin en me jetant le regard le plus désespéré du monde que je ne pouvais pas rester là simplement comme un con.

- Max, je comprends ce que tu veux dire tu sais mais… une maman tu en as une tu sais. Tu peux “adopter” Jane et c’est bien aussi mais c’est un peu tôt pour cette demande tu comprends?

- Mais quand alors?

- Je… je ne sais pas mais pas tout de suite. On va tous déménager ensemble on peut commencer par voir comment ça va tous ensemble. C’est un très gros pas pour Jane et moi tu sais. On doit apprendre à se connaître, à vivre ensemble, se faire une routine, connaître nos habitudes. Ça demande du temps ça aussi.

- Mais vous vous connaissez déjà!

Hé merde de merde! J’aimerais tant avoir sa simplicité!

- Oui on se connait mais on a des tas de choses à apprendre encore. Tiens un exemple: Quand tu es entré à l’école, tu savais écrire ton nom, le mien et celui de maman mais est-ce que tu aurais été prêt à écrire tout un roman?

- Mais non!

- Voilà! Il faut que tu apprennes à écrire d'autres mots, apprendre d’autre chose. Bien Jane et moi et toi aussi c’est comme ça. On se connait mais on doit apprendre d’autre chose sur nous tous. Donc en vivant tous ensemble, c’est comme ça qu’on va savoir. Donc pour le moment le bébé ce n’est pas encore décidé alors tu peux continuer d’appeler jane par son prénom. Elle ne t’aimeras jamais moins même si tu continue de l’appeler comme ça.

Les petits sourcils froncés de Max me fit comprendre qu’il réfléchissait à ce monde de grand qui était si complexe et si compliqué. Je croisai mes bras sur la table et lui sourit doucement.

- Puis ce que les gens disent c’est que des suppositions. Peut-être que ça ne serait jamais arrivé. En même temps.. Jane a raison. Tu ne serais peut-être pas mon petit Microbe. Tu serais peut-être une petite fille qui adore les princesses…

- Beurk! C’est moche et c’est bête des princesses!

- Ouais… je sais. Tu crois que tu peux attendre encore un peu… beaucoup même avant de demander à nouveau? Une chose à la fois d’accord?

Il poussa un grand soupir, aussi long que sa petite vie, le tout en pinçant les lèvres doucement. Il finit par hocher la tête lentement me soulageant par la bande. Merci mon Dieu! On termina de manger et j’allais laver les cheveux de Max alors que je lui demandais pourquoi il avait choisi “Mâ’ et l’explication failli me faire exploser de rire.

- Leah lis des Lucky Luke et elle m’a dit que la maman des Dalton s’appelait Mâ Dalton. J’ai trouvé ça beau et drôle.

- C’est… original oui… dis-je en me raclant la gorge. Allez tu peux jouer un peu.

Je devais sortir de là avant de lui exploser de rire au visage. Mais bon je savais bien que ça n’échapperais pas à Jane. Je fini par lui dire la voix entrecoupé de rire…

- Je pense qu’on a bien fait de lui dire d’attendre de t’appeler comme ça, il va sûrement trouvé beaucoup mieux.

Je ne sais pas si c'est la logique enfatine de Max qui me faisait rire ou juste la fatigue... probablement un mix des deux.

Je n'osais plus rien dire et me contentais de laisser Adam gérer la crise. Je comprenais la demande de Max, sincèrement… Sa mère l'avait tellement déçu, blessé qu'il en avait fait son deuil. Et c'était triste de constater qu'une telle chose était possible à un si jeune âge. Je crevais d'envie de courir chez Cheryl afin de lui parler de tout ça, pour la secouer, lui faire réaliser qu'elle était en train de perdre son fils pour de bon. Même si Adam obtenait sa garde définitive et exclusive, cette femme restait la mère de cet enfant, la seule et l'unique. Max avait besoin d'elle, bordel !

En attendant, j'écoute les explications d'Adam qui essayait, tant bien que mal, de faire comprendre à son fils que nous avions encore besoin de temps pour construire notre relation encore naissante. Tout allait déjà suffisamment vite, peut-être même un peu trop pour lui… Était-ce ce qui le perturbait finalement ?

Quelques minutes plus tard, le père accompagnait le fils dans la salle de bain… Pendant ce temps, je m'occupais comme je le pouvais, en faisant la vaisselle. Quand Adam revint, il semblait de bien meilleure humeur.

– Je pense qu’on a bien fait de lui dire d’attendre de t’appeler comme ça, il va sûrement trouvé beaucoup mieux.
– Tu crois ? lui demandais-je avant de m'asseoir à la table, la tête posée sur mes mains. Tu penses qu'on va trop vite ? Pour lui, je veux dire … Ça fait quelques mois à peine qu'on est ensemble, on parle déjà d'acheter une maison. Et si ça le perturbait plus qu'autre chose ?

J'étais sincèrement inquiète pour ce petit garçon. On lui imposait finalement beaucoup de choses, trop pour son jeune âge.

– Je suis… Tellement en colère contre Cheryl. C'est triste d'entendre ce genre de chose dans la bouche d'un gamin d'à peine cinq ans.

Je veillais à ne pas parler trop fort pour ne pas alerter Max qui jouait dans sa chambre, mais je ne pouvais pas rester sans rien dire. Pas après avoir entendu tout ça. Pas après avoir vu son regard triste.

– Là, honnêtement, je suis en train de lutter contre mon côté New-yorkais… Je rêve d'aller foutre un gros coup de pied au cul de cette foutue pimbêche. J'enrage, bordel.

Je pense que j’avais réussi à freiner son trop grand enthousiasme et surtout de se calmer comment nommer Jane. Je pense qu’il emmêlait des choses mais il sembla comprendre et j’étais plutôt soulagé en fait qu’il ne me bombarde pas trop de questions et qu’il accepte sagement. Mais en lavant ses cheveux et quand il m’expliqua pourquoi le “Mâ” j’ai dus me retenir pour ne pas exploser de rire. Si moi ça me faisait rigoler… visiblement pas elle. Mon sourire descendit et j’allais m’asseoir lentement à ses côtés en posant mon menton sur mes bras croisés.

- S’il n’avait pas voulu, il l’aurait dit Jane. Au pire je l’aurais vu. Max n’est pas aussi secret que tu crois. Tel père, tel fils tu te rappelles? Je ne pense pas que ça le perturbe, plus qu’il mélange plusieurs choses ensemble.

Quand elle dit qu’elle était en colère contre Cheryl, je fis un petit sourire triste. Si elle savait combien de fois j’avais frapper durement dans ce sac de sable! Si elle savait combien de fois j’avais eu envie de lui dire de foutre le camp sans revenir et que je m’occupe de Max seul. Quoique de ce côté, c’était pas mal ce que je faisais. Je comprenais sa colère, sa rage et son envie d’aller lui mettre une paire de claques. Je souris doucement en me redressant et je la tirai doucement à moi et une fois installé sur moi je refermai mes bras autour d’elle pour calmer sa rage sourde. Je pris un bon moment pour tenter de calmer sa colère.

- Je comprends comment tu te sens tu sais. Je suis passé par tout ça et même encore. Il n’y a rien que je ne lui ai pas dit pour la réveiller, pour lui dire qu’elle était entrain de perdre son fils. Pas plus tard que l’année dernière je lui ai presque dit de foutre le camp et que j’allais l’élever seul.

Je soupirais relevant son visage vers moi et caressai sa joue rouge et bouillante de colère. Je fouillai son regard brillant d’agacement.

- Je suis détruit quand je vois mon fils aussi peiné, inquiet et qui a peur que je fasse comme sa mère. D’un côté, je suis content qu’elle ne soit pas revenue après sa crise. ÇA. ça aurait perturbé Max. Je ne sais pas si un jour, elle à même déjà eu la fibre maternelle. Si tu n’avais pas une main fragile, je t’offrirais bien de frapper un sac de sable…

Je lui donnais un baiser tendre avant de la serrer contre moi pendant qu’elle se lovais contre moi. Ce qu’elle faisait comme bordel putin!

- Papa… s’interrompit Max en voyant Jane sur moi, Tu as de la peine?

- Non, Jane avait besoin de câlins. Tu veux en faire un avec moi?

- Ah! Ouais! Câlin de groupe! Mais après tu peux venir me lire une histoire papa?

Une fois la chose promise j’aidai Max à grimper sur nous et je le retint de mon bras. Câlin de groupe… ça aussi c’était une première…

Contrairement à moi, Adam semblait croire avec certitude que Max acceptait réellement cette situation. En soi, j'étais plutôt d'accord avec lui mais …

– Je ne suis pas dans sa tête, je ne suis pas non plus spécialiste de la psychologie infantile mais, je ne sais pas… Il y a quand même une belle différence entre ce dont on a envie et ce que l'on est réellement capable de supporter. Je crains quand même que nous soyons en train de le bousculer plus que nécessaire. En réalité, ça me fait peur.

Avec Adam, il était aisé de se laisser aller sans avoir à se poser la moindre question. Tout était si simple avec lui, comme une évidence. J'étais avide de cette vie avec lui et m'emballais comme un rien, le cœur gonflé d'amour pour cet homme merveilleux qui me faisait tourner la tête … Mais peut-être était-ce un peu trop pour le petit garçon qui vivait avec lui.

Cheryl ne semblait pas se préoccuper de ce petit "détail". Elle vivait pour elle et ses amours allant même jusqu'à oublier le petit être avait pourtant porté et mis au monde. Adam gérait tout sans assurance, subissant même les lubies de son ex et les longues absences de son fils lorsqu'elle se décidait à faire acte de présence dans sa vie. Le juste milieu, Max ne le connaissait pas. Il passait sans cesse du tout à rien… Quel bordel.

Dans un geste tendre, Adam me ramena à lui en me poussant à m'asseoir sur ses genoux. Tout naturellement, je me lovais contre lui… C'était purement instinctif et cela suffit à m'apaiser suffisamment pour cesser de fulminer.

–Je comprends comment tu te sens tu sais. Je suis passé par tout ça et même encore. Il n’y a rien que je ne lui ai pas dit pour la réveiller, pour lui dire qu’elle était entrain de perdre son fils. Pas plus tard que l’année dernière je lui ai presque dit de foutre le camp et que j’allais l’élever seul.
– Tu aurais peut-être dû préciser qu'elle ne revienne pas ensuite… rétorquais-je en déposant un délicat baiser sur sa joue, profitant un peu plus de cet instant de tendresse.

Il me parla ensuite de sa détresse quand Max se sentait triste et surtout quand il devait faire face à ses angoisses. Le petit garçon avait si peur de voir son père disparaître comme sa génitrice qu'il faisait de nombreux cauchemars. Malgré tout, il était rassuré de ne pas avoir revu Cheryl depuis son dernier passage ici…

– Si tu n’avais pas une main fragile, je t’offrirais bien de frapper un sac de sable…
– Je suis plus du genre à me défouler sur le papier qu'en cognant, rétorquais-je en souriant. Puis… Tes bras ont quand même un sacré pouvoir apaisant. Ça va déjà un peu mieux.

Max nous rejoint à ce moment-là et ne se fit pas prier lorsque son père l'invita à se joindre au câlin. Après ça, ce fut le moment pour lui d'aller se mettre au lit, non sans une histoire, évidemment. Pour ma part, je m'installais simplement sur le canapé où je m'assoupi quelques minutes, jusqu'à ce qu'Adam revienne.

– J'étais en train de me dire que nous devrions adopter une chienne. Au moins, d'une manière ou d'une autre, il l'aura sa petite sœur…