Je n’avais plus vraiment l’habitude de sortir dans les bars mais quelques fois pourquoi pas! Il y avait même un long moment que je n’avais pas danser ça je devais me dérouiller un peu. Mais pour les balades alors là je serais assez bon j’étais même certain.

- Arrête, j’étais plutôt pas mal avec les balades. dis-je avec un petit sourire taquin.

Bon en vrai ce n’était pas compliqué, on tournaient en rond et l’avait plus souvent passé à s’embrasser qu’autre chose en fait. Mais j’aimais bien les petites fêtes avec les potes, les danses d’école. Quand elle me demanda si j’aimais ce genre de sortie, je haussai une épaule en lui jetant un regard en coin.

- Pas toujours mais quelques fois oui. Ça change de la routine, c’est pas trop mal en fait. Mais bon depuis Max je sors bien moins souvent.

En même temps je ne pouvais pas trop me permettre de dépenser non plus et passer mon argent en boisson et autre folie. J’avais un fils à m’occuper et comme j’étais visiblement le seul parents responsable… Nos commandes arrivèrent et… c’est moi ou la serveuse me faisait un peu de rentre dedans en ce moment? Ouais… c’est ce qu’elle faisait en m’exposant le décolleté sur sa poitrine généreuse. Je me redressai et m’adossais à mon banc et lui tendit les billets en la remerciant poliment. Un suave “Vous aussi” glissa de ses lèvres mais qui me semblait plus adressé qu’à nous deux. Je haussais les sourcils et me tournai vers Jane.

- C’est moi ou elle me draguait là? dis-je encore surpris de l’attitude de la jeune femme.

Ce fut une voix qui coupa court à toutes autres questionnement de ma part alors que je me retournai alors que Justin me saisit les épaules.

- Tu m’avais dit que tu ne serais pas là!

- On a pu s’arranger à la dernière minute.

J’étais vachement content qu’ils aient pu se libérer! J’avais un peu senti ma surprise foirer quand Justin me dit qu’il ne pourrait pas être là. Donc pour le coup, j’avais retourné ça en un truc qu’on avait jamais fait. Ils étaient toujours aussi rigolos la preuve est qu’il blaguait sur une possibilité d’un quatrième gamin s’il étaient trop près l’un de l’autre. La petite bande des quatre qui étaient de nouveau ensemble, comme au bon vieux temps. Je relevai le regard vers Jane et lui sourit doucement. C’était tellement beau de la voir aussi heureuse, le regard pétillant et le sourire collé au visage.

- C’était ça aussi ma surprise…

Et se fut le retour de la plantureuse serveuse pour prendre les commandes de Justin et Stacey et… un regard qui glissa vers moi alors que je lui fis un sourire poli mais vachement mal à l’aise. Pourquoi elle faisait ça? Elle avait bien vu que j’étais en couple non? Justin ne dit rien mais le coup d’oeil qu’il me jeta ne m’échappa pas. Je préférais faire comme si de rien n’était même quand elle revint, je l’ignorais mon regard tourné vers les jeunes femmes qui renouaient leur amitié. Quand elle fut plus loin Justin me poussa de l’épaule en riant comme un gosse.

- J’ai pas rêvé là… la serveuse te fait du rentre dedans.

- Justin… s’il-te-plaît, elle a aucune chance. je tournai mon regard vers Jane et lui fis un sourire en coin, j’ai bien plus belle qu’elle.

En fait Jane était juste parfaite, et je ne voulais pas d’autres femme. Je l’avais elle et je n’étais pas le genre à foutre le bordel dans ma vie.

Stacey:- D’ailleurs, Max qui le garde?

- Stan. Il l’a prit pour le week-end. Il était fou de joie d’ailleurs.

Stacey: - Oh je suis contente qu’il se plaise avec Mr. Robbins! D’ailleurs comment vous avez renouer?

Je relevais le regard vers Jane et lui fis signe de se lancer dans le récit.

J'adorais cette petite surprise ! Les voir tous les deux, retrouver cette vieille complicité aussi facilement, mais quel plaisir ! Stacey n'avait rien perdu de son humour, de cette joie de vivre totalement contagieuse qui se diffusait autour de nous comme une sorte de vapeur pleine de bonne humeur. Je m'amusais à observer le manège de la serveuse… Ce pauvre Adam était si mal à l'aise que je dus carrément le signaler à la demoiselle… Tout en lui expliquant qu'il était inutile d'ouvrir son chemisier à ce point… À force, il n'y aurait plus aucun bouton à défaire. Vraisemblablement, je l'avais vexé mais je ne pu m'empêcher de trouver ça drôle… Même si, pour le reste de la soirée, je décidais de commander nos boissons directement au barman que je gardais à l'œil.

C'est quand je dû raconter notre histoire à Stacey que je réalisais qu'il s'était passé beaucoup de choses en quelques mois.

– C'est incroyable… me dit-elle à la fin de mon récit. Vous deux, c'était écrit…
– En gros… Vous avez perdu vingt ans, ajouta Justin en levant sa chope.
– Hm… Non. Je ne suis pas d'accord, précisais-je. Sans cette séparation, Adam n'aurait pas vécu tout ça. Max n'en serait jamais venu au monde et son gym n'existerait pas.
– C'est vrai pour Max… Mais peut-être pas pour la boxe.
– Tu rigoles ? Je l'aurais quitté au premier bleu. Je ne supporte pas qu'on lui cogne dessus.

J'étais tout à fait sérieuse. Jamais je n'aurais pu accepter qu'il se lance là-dedans. L'idée même de le savoir sur un ring me rendrait malade … je l'acceptais à titre d'entraînement, avec ses jeunes. Là, ça ne me posait aucun problème. En revanche, il n'en allait certainement pas de même lors d'un combat rémunéré.

– Pour Cheryl, un gros chèque permettait d'oublier les cocards…
– Au cas où tu n'as pas remarqué, je ne suis pas Cheryl.
– Ça, c'est certain ! me lança Stacey avant de me prendre dans ses bras pour la … je-ne-sais-combien de fois de la soirée. Le fait que tu sois là me donne envie de revenir vivre ici…

J'éclatais de rire.

– Du coup… Vous vivez ensembles ?

J’étais vraiment content qu’ils aient pu se libérer et qu’ils soient là. On se voyaient si peu souvent et je pouvais comprendre. Les deux avaient de belles carrières et en plus de leur enfants et moi… toujours un peu trop juste sur l’argent pour aller les voir. Mais bon c’était la vie. C’est donc en discutant qu’on raconta nos vies et Jane le récit de notre rencontre, ponctué de quelques phrase moi aussi, quelques regards et sourires complices. C’est vrai qu’en quelques mois nous avions traversé plusieurs étapes. Je les écoutais discuter riant doucement quand Jane avoua qu’elle m’aurait quitté au premier bleu.

- Tu m’aurais laissé blessé et tout? Tu n’aurais pas été ma petite Adrienne? dis-je en me moquant

Quoique quelque part si elle avait été là je n’aurais peut-être pas été dans la boxe, j’aurais eu quelqu’un qui pouvait me garder un peu les pieds sur terre. Enfin on était pas là, la vie avait décidé autrement pour nous mais au final, on était encore là ensemble. Je donnais un coup de coude à Justin quand il amena Cheryl sur le tapis. Nah mais… ce n’était même pas à comparer! Jane et Cheryl c’était le pole nord et l’Afrique! Le jour et la nuit même! Je pris donc ma chope et pris une gorgée mais ma chope se figea sur mes lèvres à la question de Stacey. Je relevai le regard vers Jane et fini ma gorgée avant de pose rma chope doucement.

- Bien des évènements ont fait que Jane a dû rester chez-moi mais… enfin…

Ah merde… Non pas de bafouillage Adam!

- On a survolé le sujet en fait. Il faut aussi en parler à Max, on ne veut pas le brusquer alors lui apporter ça d’une manière douce et bien expliqué.

Justin:- Ça fait combien de temps que vous “demeurez pas vraiment ensemble”?

- Bien quelques semaines… ça va bientôt faire un mois. Je ne me trompe pas? demandais-je à Jane

Stacey:- Et tu veux parler à Max si ça lui dérangerait que vous restiez tout les trois ensembles? dit-elle en haussant un sourcil

- Bien… oui…

Justin et Stacey éclatèrent de rire et je ne compris pas vraiment tout de suite. Il n’y avait rien de mal à ce que j’en discute avec mon fils non?

Justin: - Ton fils doit déjà vous avoir mis sous le terme “Famille” depuis des semaines. Pour lui c’est clair et ça tombe sous le sens. Donc lui parler de peut-être un éventuel déménagement ok mais rester ensemble… il est déjà habitué.

Euh… j’ai jamais dit qu’on voulait déménager. J’en avais manqué un bout ou il était devenu devin soudainement?

Justin:- Donc avez vous parlé d’avoir des enfants ensembles?

–Tu m'aurais laissé blessé et tout? Tu n’aurais pas été ma petite Adrienne? me lança-t-il sur le ton de la plaisanterie.
– Adam… Je ne sais même pas qui est Adrienne…

Bon, j'exagérais juste un petit peu. Je n'avais certes regardé aucun des films Rocky, mais comme tout le monde, j'en avais beaucoup entendu parler à leurs sorties… Assez du moins pour acquérir quelques références qui, évidemment, ne me servaient pas à grand-chose dans la vie de tous les jours… Enfin, en dehors du fait de pouvoir taquiner Adam.

La curiosité de nos vieux amis ne tarda pas à se transformer en indiscrétion et je commençais à craindre que cela gêne notre ancien boxeur. Pour preuve, il bafouillait déjà…

– Pour Max, il était clair dès le départ que je ne devais rester chez eux que le temps d'aller mieux. Et, c'est le cas… je vais mieux.

Je n'ai jamais réellement cherché à empiéter sur leur territoire. Mes vêtements étaient toujours rangés dans mes valises, sous le lit. Mes affaires de toilettes ne sortaient de leur pochette que lorsque je les utilisais… Je ne vivais pas chez eux, je n'étais qu'une invitée temporaire et rien dans mon attitude ne pouvait laisser supposer le contraire.

– On veut juste éviter de brusquer Max…Et puis, il n'y a que lui pour savoir à quoi il est réellement habitué ou non.

J'attrapais ma chope de la mauvaise main et manquais presque de la lâcher. Heureusement, je me contentais de seulement renverser un peu de bière sur le comptoir que je m'empressais de nettoyer.

– Donc avez vous parlé d’avoir des enfants ensembles?
– Pas plus que ça… Mais euh… C'est pas bientôt fini les questions indiscrètes là ? finis-je par lâcher sur un ton qui se voulait plus amusé que réellement réprobateur.
– Pardon, pouffa-t-il nerveusement. On est juste content de vous voir ensemble, tous les deux.
– J'entends bien… Mais par pitié, laissez-nous avancer à notre rythme.
– Vingt ans ! s'écria Stacey avant de me saisir les mains pour me forcer à me lever… Vingt ans !
– Je pense qu'on a entendu, raillais-je.
– Viens danser !

Comme si elle me laissait réellement le choix…

 Jane m’avoua ne pas savoir qui était Adrienne.Je fis une mine faussement horriffiée et posait ma main sur mon coeur.

- Elle ne sais pas qui est Adrienne…. dis-je en regardant Justin,On va devoir revoir ça!

Bon je me moquais bien sûr. Moi je les vis vu et revu, je les connaissais par coeur. L’histoire je la trouvais tout simplement touchante et humaine. Mais je n’allais pas obligé Jane à les regarder non plus. La curiosité de nos amis par contre, elle, ne se fit pas attendre! Je ne savais pas trop jusqu’au je pouvais aller ne voulant pas mettre l’ex mari dans le portrait. Donc je donnais une réponse polie. On en avait parlé mais on voulais en discuter avec Max. Il est vrai que Jane lui avait dit que c’était le temps qu’elle aille mieux et il était bien au fait mais le commentaire de Justin me rendit pensif quelques minutes. Et s’il avait raison? Si pour Max c’était maintenant une évidence? Il ne serait pas impossible que mon fils se dise que Jane ne partirait jamais et qu’elle resterait avec nous. Pas que ça me dérange bien au contraire! je serais même enchanté qu’on soit tout les trois ensemble. Je m’étais habitué à notre routine, à l’avoir autour de nous. Mais bon pour le moment ils coupèrent court en nous demandant si on avait pensé à faire des bébés. Mais c’était pire que des flics! Jane rectifia le tir rapidement en leur demandant de nous laisser le temps.

C’est une Stacey beaucoup trop contente qui entraîna Jane sur la piste de danse. Je lui volai un baiser au passage mais je me rappelais que danser n’était pas trop son truc.

- Dis-moi, comment Cheryl a réagit?

- Pour nous deux? dis-je en haussant un sourcil, Faudrait déjà qu’elle soit en ville pour le savoir. Mais elle m’a pété une crise quand elle a vu que Jane était en ville donc tu t’imagine qu’elle ne sautera pas de joie.

- Ouais… j’imagine. Combien de temps qu’elle est partie?

- Presque 4 mois. Max va beaucoup mieux. Presque plus de cauchemars, il semble plus calme et rassuré et il adore Jane.

- Tout comme le père à ce que je comprends.

Je lui souris doucement et portant mon regard sur les filles sur la piste de danse.

- Je me sens vraiment bien avec elle. Je ne pense pas avoir été aussi bien depuis longtemps. Elle est belle, intelligente, lumineuse et tellement compréhensive. Je suis vraiment content que le destin l’ai remis sur ma route, je tournai un regard vers Justin, Je ne bousillerais pas ma chance cette fois. Je vais tout faire pour que ça fonctionne mais… tout est facile avec elle.

- Je suis content mon vieux. Sincèrement, tu le mérites et Max aussi.

Je lui fis un sourire reconnaissant et on discuta un peu mais en posant mon regard sur la piste de danse je fis un petit rire en voyant les filles. Je fini ma chope en me levant.

- Tu viens? On va arrêter le désastre?

Je pris la direction de la piste de danse et évitait soigneusement la serveuse plantureuse pour aller rejoindre les filles. Si danser n’était pas trop le truc de Jane. moi je me défendait pas trop mal. Ok je n’étais pas souple et svelte comme un danseur professionnel mais je n’étais pas un manche non plus. Quelques rythmes endiablées, des rythmes plus suaves et chaud en somme on s’amusait bien. On resta sur la piste de danse jusqu’à ce que le DJ donne une petite pause en mettant une balade. Je tirait doucement Jane à moi et passai mes bras autour de sa taille.

- Ça c’est le type de danse où je suis excellent. dis-je en frottant mon nez au sien, Mais c’est vrai que la danse n’est pas ton truc

Je me moquais, parce que moi c'était clairement le dessin. Aussi bonne qu’elle était, même adolescente, autant pour moi c’était une torture! Mais chacun ces forces et ses faiblesses. Je me penchai vers elle et prit ses lèvres la serrant un peu plus contre moi. J’étais bien, j’étais fou amoureux et nous étions seuls au monde.

Dire que je détestais la danse serait un vilain euphémisme. En réalité, depuis l'enfance, je ne possédais aucune coordination des membres. J'étais même très mauvaise simplement pour courir, sauter et j'en passe… Bref, j'ai toujours été une très mauvaise sportive. Le moindre enchaînement exigeait une grande concentration de ma part et il ne me fallut pas longtemps pour me sentir totalement épuisée.

Heureusement, au bout d'un temps que je jugeais interminable, le DJ se décida enfin à passer quelques musiques bien plus douces…Le genre où je pouvais enfin me reposer sur Adam pour me guider sans prendre trop de risque.

– Ça c’est le type de danse où je suis excellent. me lança-t-il d'un ton légèrement railleur. Mais c’est vrai que la danse n’est pas ton truc.
– Hey ! C'est pas ma faute si mes jambes ne sont pas entièrement reliées à mon cerveau… grognais-je gentiment. Mais il y a bien une danse pour laquelle il me semble que tu me trouves plutôt douée… Sauf que c'est pas le genre que l'on pratique en public.

Je lui volais un baiser malicieux avant de ponctuer mes propos d'un clin d'œil pas très discret. Je me lovais tendrement contre lui, laissant la musique suivre son cours… Puis une fois que le DJ – cet être déchaîné que je trouvais de plus en plus diabolique décida de reprendre ses boom-boom – je quittais la piste pour retrouver le bar.

– Vous êtes vraiment adorables tous les deux, me dit Stacey en venant me rejoindre.
– Je te renvoie le compliment, rétorquais-je en souriant.
– J'aurais tant aimé t'avoir auprès de moi pour notre mariage…
– J'aurais tant aimé y assister…

À elle aussi je devais quelques excuses… Je les lui offris aussitôt, lui expliquant les raisons de ma disparition soudaine… Stacey semblait bien choquée d'apprendre que, moi aussi, j'avais vécu une grosse période de rébellion.

– Pour la peine, je veux être ta demoiselle d'honneur pour ton mariage !
– Mon mariage ? répétais-je en manquant presque de m'étouffer avec ma bière. Je ne sais même pas si on en viendra jusque-là…
– Pourquoi pas ? Vous êtes fous l'un de l'autre…
– Qui vivra verra, chère Stacey… Qui vivra verra.

Nous nous séparâmes quelques heures avant l'aube. Cela faisait des années que je n'étais pas sortie aussi tard… L'on se promit, bien-sûr, de se revoir très bientôt, Stacey affirmant qu'elle travaillerait son mari au corps pour revenir vivre à McCall.

– Gaffe au quatrième ! m'écriais-je, hilare.

Elle éclata de rire avant d'ajouter que je serais sa marraine.

Ce fut main dans la main que nous retrouvâmes la voiture. Une fois seuls, j'en profitais pour voler un baiser à cet homme merveilleux que j'aimais si intensément.

– Merci pour cette surprise… Je t'annonce que Stacey a programmé notre vie pour les dix prochaines années.

C’est vrai qu’elle n’avait jamais eu le talent en sports voilà où on se complétait. Je riais doucement en la serrant contre moi en grognant de plaisir.

- Hum…il va falloir que je me rafraîchisse la mémoire…

Je la laissais la jeune femme se lover contre moi alors qu’on se laissait porter par la mélodie qui appelait aux rapprochements et à la douceur. C’était bien de se sentir seuls au monde, de la faire prisonnière de mes bras le temps de quelques mélodies. Enfin jusqu’à ce que le Dj remette des rythmes endiablés nous arrachant violemment à ce moment de tendresse. On regagna nos sièges et je vis le regard de Justin plutôt content de voir que j’étais bien,même très bien. Quand Stacey parla de son mariage et que Jane avoua avoir aimé y être je me plaisais à penser que je n’aurais peut-être pas été très longtemps avec mon ex. Quand elle avoua qu’elle aimerait être à notre mariage je m’étouffais avec ma gorgée de bière. J’étais loin de la demande, encore fallait que son divorce soit prononcé et ensuite… ensuite on verrait.

- Tu as oublié que Jane ne faisait pas de projet futur Stacey. dis-je en me tournant vers la rouquine en lui faisant un clin d’oeil, on verra.

On passa encore un bon moment en leur compagnie, enfilant quelques verres,quelques shooters pour Justin et moi. Il fallait que je ralentisse la cadence sinon je ne serais plus en état de conduire…en fait je pense que je ne l’étais plus depuis un petit moment. Finissant par sortir du bar main dans la main, alors qu’elle s’écria de faire gaffe au quatrième. On arriva donc à la voiture et je m’appuyais les fesses sur le capot, répondant à son baiser je ris doucement.

- Hum… et je t’annonce que Justin est devenu devin. D’abord le déménagement, le bébé et le mariage, il voit même dans la tête de mon fils. Puis moi j’ai rien contre te garder toute ma vie même si tu ne fais pas de plans.

J’étirais les bras, et la rapprochai de moi. J’étais légèrement éméché, la tête me tournant légèrement. J’étais juste assez bien pour être de bonne humeur pas assez pour vomir partout.

- Je pense que je ne suis pas tellement en état de conduire… dis-je en fouillant dans ma poche et lui donnant les clés, voilà tu seras ma chauffeuse. Mais ca te dis d’aller manger un truc ou… juste aller dormir… Ou autre chose que tu ne veux pas faire dans un lit

– Devin de rien du tout, pouffais-je en venant l'embrasser tendrement. Commençons déjà par rentrer… Ça, c'est un bon plan… Tu vois qu'il m'arrive d'en faire, ajoutais-je sur le ton de la plaisanterie.

Nous avions tous les deux un petit coup dans le nez. Pour moi, ça allait encore, je n'avais pas vraiment abusé sur les verres et je veillais toujours à boire de l'eau tout en grignotant à côté. Je détestais l'ivresse ou toute autre sensation capable de me faire perdre pied. J'avais suffisamment joué avec ces états parallèles étant plus jeune, suffisamment pour en faire le tour et ne plus jamais vouloir me retrouver dans cet état là. En revanche, pour Adam… Il semblait évident que mieux valait le mettre au lit au plus tôt.

– Tu vas avoir mal aux cheveux demain matin, raillais-je en récupérant les clés. Allez, monte. Tu vas aller faire un bon gros dodo. Tu pourras toujours faire des câlins à Morphée si tu veux.

Je nous conduisis à bon port, veillant à rouler lentement pour ne pas trop forcer sur ma main… Et aussi pour éviter de lui donner la nausée. Je songeais à ces deux là, Stacey et Justin… Dire qu'ils étaient ensemble depuis le lycée… Ils semblaient toujours aussi complices tous les deux. Je trouvais cela extrêmement touchant…

– Tu crois qu'on aurait fini comme eux ? lui demandais-je, curieuse. Mariés, des tas de gosses… Et toujours aussi amoureux l'un de l'autre?

J'avais beaucoup de mal à imaginer tout ça… Déjà parce que je ne ressemblais en rien à la gamine que j'étais autrefois et puis parce que je pensais que le miracle avait déjà eu lieu pour eux. Il ne pouvait y en avoir deux au même endroit… N'est-ce pas ?

– Toi qui aime planifier… Que vois-tu exactement pour nous ?

C’était mieux si je lui confiais les clés, on était sûrs d’arriver à bon port. Récupérant mes clés elle me dit que j’allais avoir mal aux cheveux le lendemain et en prime elle ajouta que j’allais faire un gros dodo et faire des câlins à Morphée. Je grognai de mécontentement mais montai dans la voiture sagement. Je veillais à ne pas regarder le paysage défiler me contentant de prendre sa main, la bécoter amoureusement jusqu’à ce que nous arrivions enfin à la maison. Je me dévêtis avec la lenteur d’une tortue et me glissai sous les couvertures en soupirant d’aise. Je la laissais se lover contre moi refermant un bras autour d’elle. Sa question me fit ouvrir les yeux lentement et je tournai la tête vers elle avec un sourire.

- Je pense que oui. dis-je franchement. Je ne sais pas comment le décrire mais tout au fond de moi, je sentais que tu étais la famme de ma vie. C’est peut-être un rêve de gosse mais tu étais la seule qui me gardait les pieds sur terre. Tu sais que mes parents avaient plus à coeur leur carrière que leur ado qui semblait être une déception. Je refermai mon autre bras autour d’elle en soupirant. Donc je suis presque certain qu’on aurait été encore ensemble, marié sûrement. Des tonnes de gosses… peut-être mais pas une vingtaine.

Je déposai un baiser sur son front en humant l’odeur de ses cheveux

- Et toujours aussi amoureux aussi, parce que mis à part mes potes, tu étais la seule qui comptait pour moi et comme j’aimais te voir rougir, j’aimais encore plus te voir sourire et entendre rire.

C’était quelque chose que j’aimais imaginé. Des choses que je me suis mille fois imaginé pour tenter d’amoindrir ma peine de coeur bien recroquevillé au fond de mon lit. Peut-être que non, mais je ne me m’étais jamais senti aussi bien qu’avec elle. C’est comme si elle complétait une partie de moi. Elle renchérit avec une autre question en me demandant ce que je voyais exactement pour nous. C’est moi où elle en profitais parce que j’étais un peu plus volubile?

- Bien ce que je vois… je pris une inspiration avant de parler, J'ai la garde complète de Max et je me vois te marier mais quelque chose qui nous ressemble. Pas une grosse noce, quelque chose d’intime. Nos amis, quelques membres de notre famille, Max bien sûr. Ensuite… hum… un enfant… peut-être deux.

Je fixai le plafond ne me demandant pas si j’en disais trop alors que les mots affluaient de ma bouche.

- J’aimerais bien que Max ai un frère ou une soeur. J’en ai toujours voulu un et tu n’as pas idée comment parfois ça m’aurait aidé. On aurait une jolie maison, tu aurais ton atelier de peinture où tu pourrais peindre pendant des heures. Ou même enseigner à nos enfants et Max les rudiments de l’art. Une belle grande cour où je pourrais jouer avec eux. Et vieillir ensembles heureux, amoureux et comblés…

Je laissai échapper une grande inspiration avant de me tourner vers elle.

- C’est ça que je vois pour nous. Oh bien sûr mon gym gagne en popularité et je deviens super riche et je n’ai plus besoin de bosser… ça aussi ça serait cool. dis-je avec un sourire

La tête posée au creux de son épaule, je fermais doucement les yeux pour mieux l'écouter me livrer ce que son imagination avait construit dans sa tête. Je fus surprise de l'entendre me dire qu'à l'époque il me voyait déjà comme la femme de sa vie. Je trouvais cela particulièrement touchant. Nous étions si jeunes en ce temps-là. Personne ne prenait réellement notre petit couple au sérieux. À quinze ans, on ne connaît strictement rien à la vie, à l'amour.

J'essayais de me souvenir de ce que moi je ressentais pour lui à cette époque… Je l'aimais déjà énormément, assez pour me voir incapable d'imaginer mon présent sans lui. En ce temps-là, Adam représentait tout mon univers. C'était pour lui que je me levais chaque matin, à lui que je pensais chaque soir avant de m'endormir. Mais, pour autant, j'étais bien incapable d'imaginer le moindre futur entre nous. C'est une chose que je n'ai jamais vraiment su faire…

Malgré tout, j'aimais l'entendre affirmer avec autant de certitude que si la vie ne nous avait pas séparés à ce moment-là, rien n'aurait pu le faire. Pour lui, nous aurions pu être comme Stacey et Justin… Et je trouvais cela apaisant.

Je laissais ma main errer tendrement sur son torse, me pressant un peu plus contre lui comme si cette proximité entre nous ne me suffisait pas. Je lui demandais ensuite de me décrire l'avenir qu'il voyait pour nous… J'appréciais tellement cette vision si idéaliste qui était la sienne… Si rafraîchissante, si douce… Si rassurante.

Il se voyait donc obtenir la garde exclusive de Max… Puis notre mariage. Une cérémonie intime, sans chichis inutiles… Oui, cela nous ressemblait plutôt bien. Puis un ou deux enfants… Cela semblait lui tenir vraiment à cœur, ce que je compris juste ensuite lorsqu'il me parla du manque qu'il avait ressenti plus jeune.

Il décrivit ensuite un lieu de vie que je jugeais parfait… Un atelier dans lequel je pourrais travailler, un jardin… Un endroit où l'on pourrait vivre et vieillir heureux. Tout allait toujours très bien dans son imagination. Adam avait beau ressembler à un roc infaillible, il n'en était pas moins innocent par moment. Un être extrêmement doux et sensible qui avait le don de réveiller mon cœur meurtri en lui apportant cette chaleur qui m'avait tant manqué. Il acheva son beau récit par un trait d'humour qui m'arracha un éclat de rire… C'était parfait car il  n'y avait pas meilleure manière de terminer cette histoire.

– Tu vois… C'est pour ça que je t'aime, lui dis-je avant de me redresser pour l'embrasser. Je me sens tellement chanceuse de t'avoir dans ma vie, tu n'imagines même pas à quel point… Mais je suis un peu jalouse… Tu vois, quand je serai grande, je voudrai être comme toi, raillais-je gentiment avant de m'emparer tendrement de ses lèvres … Bonne nuit, conclus-je, taquine.

Le lendemain fut une journée pluvieuse. Le genre de journée que l'on aime passer devant un bon film, un bol de pop-corn à la main. Je me levais la première et en profitais pour filer sous la douche avant de préparer le petit déjeuner. Je prenais cela comme une sorte d'exercice visant à rééduquer ma main. Cela me prit un temps fou, mais je parvins tout de même à préparer des pancakes sans avoir à seulement vider une boîte de préparation industrielle. Je m'apprêtais à faire cuire la première poêlée lorsque l'on frappa vivement à la porte… Surprise, je regardais l'heure… Max ne devait pas rentrer avant le milieu d'après-midi… Et puis, s'il y avait eu le moindre problème, Stan aurait téléphoné à Adam…

Sans doute aurais-je dû m'y attendre… Mais j'étais l'une de ces filles naïves qui oublient facilement les problèmes dès lors qu'elles sont heureuses…

– Qu'est-ce que tu fous ici toi ? me dit-elle en me lançant un regard noir. Honnêtement, si ses yeux avaient été armés, je serais morte sur l'instant.
– Bonjour Cheryl, ça faisait longtemps.
– Où est mon fils ? Et Adam ?!

Elle me poussa purement et simplement pour entrer… Bah oui, pourquoi donc attendre une invitation.

– Adam ! gronda-t-elle en ouvrant la porte de la chambre.
– Y'a quand même mieux comme réveil, tu sais ?
– Ferme-là toi… Espèce de garce… T'es revenue pour me pourrir la vie, c'est ça ? T'en as pas assez fait peut-être ?!
– Et qu'ai-je donc fait pour te pourrir la vie, Cheryl ? Tu veux un café, hm ?
– Va crever !
– Ok… Donc pas de café pour toi, soupirais-je. Et donc, qu'ai-je fait ?
– C'est de ta faute si ma famille est brisée, si mon fils doit grandir avec des parents séparés.
– Alors là… C'est pas mal. Comment puis-je être responsable d'une telle chose sans avoir été là ?
– Oh que si, tu étais là… Comme une sorte de fantôme qui rôdait toujours autour d'Adam.
– De mieux en mieux… Tu es sûre que tout va bien, Cheryl ?